samedi, mars 25, 2006

Cyril FEREZ : L’homme assis


C’est ainsi que cela se passe
Tu marches et tu décides de t’arrêter
La foule est dense et indomptée
Tu es en queue de manifestation
Ton walkman sur les oreilles pour ne plus entendre
Les mugissements des animaux sauvages
Casqués, masqués, harnachés
Matant et piégeant les graines de rébellion
Tu t’assieds
La fatigue t’assaille
Trop de grenades lacrymogènes en transes
Et ce brouillard de fumée
Qui plonge la lumière dans l’obscurité
Balayant les ombres floues
En un ballet syncopé
Tu n’as pas peur
Tu n’es pas seul
D’autres marchent à tes côtés
D’autres partagent la même colère
Légitime
Envers un futur aux arabesques précaires
Place de la Nation
Sur le terre-plein central
Tu t’assieds
La fatigue t’assaille
Tu reprends ton souffle
L’odeur est âcre
Elle sent le fauve, la sueur, la matraque
Le feu
Et puis tu les vois
Ils chargent
Les animaux sauvages aux pas robotisés poussent
Leur hurlement bestial
D’autres s’éloignent en éventail
D’autres rejoignent des rives plus clémentes
Alors ils se dirigent vers toi
Ta carcasse te fait défaut
Tu ne peux esquisser un geste
Tétanisé par cette vague de violence
Déferlant sur ton corps
Ils te piétinent, te tabassent
Leurs poings à rythme régulier
Puis t’encerclent
Puis s’éloignent
Te laissant comme un vulgaire
Sac sur la chaussée
Alors tu bouges les pieds
Juste pour te prouver que tu es encore de ce monde
Mais ta tête explose
Et ce n’est plus la musique qui habite tes oreilles
Mais le bruit de tes propres os
C’est ainsi que cela se passe

mardi 21 mars 2006, par Franca Maï
oulala.net/Portail/article.php3?id_article=227

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