jeudi, août 24, 2006

Téhéran divise les membres du Conseil de sécurité

Iran . Paris et Washington restent intransigeants sur la suspension de l’enrichissement de l’uranium. Moscou et Pékin prônent le dialogue.

Après avoir qualifié mardi soir la réponse iranienne de « document très long, très complexe » et affirmé que Paris allait se donner « quel- ques jours » pour examiner la réponse iranienne à l’offre du Conseil de sécurité plus l’Allemagne pour régler la crise du nucléaire, la France a finalement réagi plus vite que prévu. « Le retour à la table des négociations est lié à la suspension de l’activité d’enrichissement de l’uranium (...) Les règles du jeu sont connues et la part des Iraniens et de suspendre d’abord les activités nucléaires sensibles », a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avant d’ajouter : « Dès maintenant, nous avons demandé une réunion avec nos partenaires européens, en particulier les membres de l’UE-3 (France, Grande-Bretagne, Allemagne) et également Javier Solana (haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure). Nous devons réagir au dossier nucléaire iranien avec fermeté. » Une chose est sûre, la réaction française ne peut que satisfaire ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis qui projettent de déposer une résolution imposant des sanctions à l’Iran si sa réponse n’était pas jugée satisfaisante.

En revanche, Moscou et Pékin ont fait entendre un autre son de cloche et paraissent ne pas vouloir fermer la porte au dialogue avec l’Iran. « La Russie va continuer à chercher un règlement politique par la voie de la négociation », a indiqué Mikhaïl Kamynine, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, estimant que « c’est très important de comprendre les subtilités, de trouver des éléments constructifs » dans la réponse iranienne. « La Chine a toujours pensé que rechercher une résolution pacifique sur la question nucléaire iranienne par le biais de discussions diplomatiques est le meilleur choix », a fait savoir hier le ministère des Affaires étrangères chinois dans un communiqué.
En attendant, la réunion du Conseil de sécurité, fixée au 31 août, devra entendre le directeur général de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), qui doit présenter un rapport de ses inspecteurs faisant le point sur le programme nucléaire iranien. Si l’AIEA spécifie dans son rapport que l’Iran poursuit son programme d’enrichissement d’uranium susceptible d’être utilisé à des fins militaires, le Conseil de sécurité examinera dès lors une résolution imposant des sanctions à l’Iran. D’autant que sur le terrain - sorte de « remake » du scénario irakien sur les armes de destruction massive -, le bras de fer a commencé avec les inspecteurs de l’AIEA.

Certains d’entre eux ont été empêchés d’accéder le week-end passé à une installation souterraine à Natanz, dans le centre de l’Iran, qui devrait accueillir des dizaines de milliers de centrifugeuses d’enrichissement d’uranium. L’Iran suspecte l’un des experts d’espionnage !
Pour l’heure, l’Iran fait montre d’une tranquille assurance, persuadé que la situation au Liban et en Irak, deux pays où existent de fortes communautés chiites, a modifié la donne au Proche-Orient. L’échec israélien dans le sud du Liban, celui des États-Unis en Irak où, y compris George W. Bush, tout le monde craint désormais qu’il ne bascule dans la guerre civile, donnent le sentiment au régime iranien que le contexte n’est plus celui d’il y a un an lorsque le locataire de la Maison-Blanche pouvait marteler à propos de l’Iran : « Toutes les options sont sur la table. » Au point que, dans un rapport publié mercredi à Londres, l’Institut royal des relations internationales conclut que la guerre contre le terrorisme déclenchée par Washington a surtout permis à l’Iran de renforcer sa position au Proche-Orient et que ce pays « est tout simplement trop important - pour des raisons politiques, économiques, culturelles, religieuses et militaires - pour être pris à la légère ».

Article paru dans l'édition du 24 août 2006.
http://www.humanite.fr/

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