mercredi, juillet 11, 2007

La semaine Maroc

Liberté d'expression. Les mots pour le dire
C'est un rapport saisissant qu'a établi le CPJ (Comité de protection des journalistes) sur la liberté de la presse au Maroc. Intitulé "le Maroc de façade", le document décrit fidèlement les contradictions d'un pouvoir qui veut indiscutablement s'ouvrir, mais sans renoncer pour autant à l'envie (au besoin ?) de museler la presse indépendante. "En dépit de l'amélioration par rapport aux années 90, le CPJ conclut que la liberté de la presse a régressé notablement au cours des cinq dernières années", lit-on dans ce document très intéressant. Et pour cause, les rédacteurs ont rencontré toutes les parties concernées : presse, membres du gouvernement et ONG. Le résultat a été une analyse très documentée sur les procès intentés à la presse, l'implication secrète du Palais et de Fouad Ali El Himma et "une justice hostile d'avance à la cause de la presse". Pour info, El Himma "n'était pas en mesure de recevoir le CPJ", contrairement à ses collègues Driss Jettou et Nabil Benabdellah, qui se sont expliqués sur le sujet. Il en est ressorti des passages édifiants, comme celui où Benbadellah dit croire à la logique de la punition "contre une presse anarchiste, violant la loi et diffamant tout le monde sans s'en rendre compte". Le rapport relève d'autres outils de pression sur les journalistes, tel le boycott publicitaire. "Le Maroc a fini par compter sur un système feutré de contrôle judiciaire et financier, pour continuer à tenir sous surveillance les journalistes entreprenants", dixit le document. C'est tellement vrai !

Moulay Hicham. Sur le billard
Le plus célèbre cousin de Mohammed VI vient de subir une délicate intervention chirurgicale à cœur ouvert dans un hôpital du New Jersey, où il est installé depuis 2002 avec sa petite famille. L'opération en question, un triple pontage coronarien qui a duré pas moins de huit heures, nécessitera deux mois de convalescence. Joint par téléphone, Moulay Hicham, entouré actuellement de son épouse, de ses deux filles ainsi que de sa mère Lamia Solh et de son frère Moulay Ismaïl, n'a rien perdu de son humour : "Ne vous en faites pas pour moi. Je suis comme une Ferrari roulant à 350 km/h et qui, d'un coup, fait une sortie de piste avant de revenir très vite dans la course".

DGST. Karaté Kids aux services
La DGST a pratiquement vidé les salles de sport dédiées aux arts martiaux de ses éléments les plus brillants. Sélectionnés et recrutés sur la base de propositions particulièrement alléchantes, ces pros de la castagne reçoivent actuellement un entraînement intensif à Témara. Au menu, entre autres, le maniement des armes et les techniques de filature. Rappelons que depuis le départ de Mediouri du Palais, l'option de recruter des champions en arts martiaux avait été abandonnée par les services. L'ancien garde du corps personnel de Hassan II était un champion en arts martiaux et président de la Fédération royale Marocaine de Tækwondo.

Nadia Yassine. "Je suis une opposante importante"
Nadia Yassine a accordé une interview à Spiegel Online – l'édition électronique du newsmagazine allemand Der Spiegel – dans laquelle elle se dit favorable à une Constitution basée sur la Charia, "si c'est la volonté démocratique du peuple". En même temps qu'elle prend ses distances avec les salafistes, la fille de Cheikh Yassine dit "comprendre leurs motivations". "C'est pourquoi je suis considérée comme dangereuse, je suis une opposante importante du roi", affirme-t-elle. Revenant sur son opposition à la réforme de la Moudawana, elle enfonce le clou : "Le roi a passé une loi pour les femmes qui vont à l'Université, pas pour les petites gens de la campagne". Et son diplôme en sciences politiques, elle l'a trouvé dans un œuf Kinder ?

Première. El Himma à la télé
La télévision régionale de Laâyoune a réalisé un scoop. Pour son journal du 30 juin, Laâyoune TV a décroché le premier passage télévisé de Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l'Intérieur. Jusque-là, l'homme a toujours refusé que la télé retransmette ses interventions ou ses déclarations. Mais il a fini par faire une exception pour la chaîne sahraouie, qui a ainsi pu diffuser trois passages du discours prononcé par El Himma devant les chioukh de tribus, les élus et des représentants de la société civile. El Himma y parle dans une darija fluide et accessible, avec un accent marrakchi prononcé. Ses messages sont clairs : "Il faut absolument que vous réussissiez les élections de 2007 dans la légalité et la transparence. Vous donnerez ainsi la preuve que vous êtes capables de gérer l'autonomie". Monsieur le ministre sera-t-il entendu ?

Presse. Le Journal Hebdo à vendre ?
Elle court, elle court la rumeur sur la vente du Journal Hebdomadaire. Et elle souffle deux nouveaux noms : ceux de Hassan Mansouri, un ancien de la maison et familier des affaires royales, et de Mohamed Chahid Slaoui, haut cadre de l'Ona. Tous deux seraient intéressés par un rachat en commun de l'hebdomadaire. "Le Journal n'est pas à vendre", dément Ali Amar, le directeur de la publication. La rumeur est pourtant persistante, puisque Mansouri et Slaoui viennent de rejoindre la liste des acquéreurs possibles, annoncée depuis quelques semaines dans la presse, où figurent Hassan Alaoui, patron du mensuel Economie&Entreprises et Anas Sefrioui, le boss du groupe Addoha.

Elections. Partis politiques, levez-vous !
La Fondation Friedrich Ebert organise un deuxième round des face-à-face entre les partis politiques et la société civile, à l'approche des élections. Le 10 juillet, deux panels seront organisés à Rabat sur la politique économique et la liberté culturelle. Les priorités des partis correspondent-elles à celles de l'électeur ? Quelle place accordent les partis à la liberté d'expression, de parole et de création ? Le volet économique (Quelles marges de manœuvre dans la conception et l'exécution des programmes ?) sera débattu, entre autres, par Lahcen Daoudi (PJD), Najib Akesbi (PSU), Ali Belhaj (ADL). Dans la culture, interviendront Mohamed El Gahs (USFP) et Mohamed Yatim (PJD). ça promet !

Sacralités. Le mois de la colère
Il aura fallu peu de temps à l'hyperactive INSAD (Instance nationale de solidarité avec les détenus du 1er mai) pour faire parler d'elle. Créée au lendemain de la vague d'arrestations qui avait touché sept militants syndicalistes et membres d'associations, pour "atteinte aux valeurs sacrées du royaume", la coalition a d'abord appelé à la tenue de mini-grèves de la faim et de sit-in sévèrement réprimés par les Forces auxiliaires. Aujourd'hui, l'Instance récidive et lance "le mois de la colère", du 1er juillet au 6 août. "Dans ce cadre, nous avons initié une campagne internationale de solidarité visant à recueillir un million de signatures", lance Samira Kinani, membre du secrétariat de l'INSAD.

Politique. Les vœux (et rêves ?) du PPS
Mardi dernier, les grands pontes du PPS ont levé le voile sur le programme du parti pour les prochaines élections. Outre la lutte contre la corruption et la valorisation de la femme, les "camarades" se sont engagés à créer 400 000 emplois par an, à réduire la population pauvre à moins de trois millions de citoyens et le taux d'analphabétisme à 15%. Le tout, financé par de prochaines privatisations et la "re-fiscalisation" de l'activité agricole, entre autres. Sur le plan politique, le PPS souhaite "une répartition claire des prérogatives de l'institution monarchique", ce qui impose une "révision de la Constitution, basée sur des critères internationaux de respect des droits de l'homme, avec une réelle indépendance de la justice". Ambitieux, les camarades !

Nabyl Lahlou. Empereur au féminin
Trente-quatre ans après son baptême du feu, la pièce de théâtre L'Empereur Schrischmatury (attention à l'orthographe !) sera donnée pour la première fois… en langue arabe, fruit de sa traduction, il y a deux ans, par son auteur, Nabyl Lahlou (qui, interprétait aussi le rôle principal). La première représentation se déroulera au théâtre Mohammed V de Rabat le 12 juillet. "À 21 heures, insiste Lahlou, car nous fermons les portes 5 minutes après !". La comédienne Sophia Hadi, qui succède à son époux sur scène, interprétera le rôle masculin de l'empereur. Une raison suffisante pour aller jeter un œil… à 21 heures tapantes !

Italie. Examen royal
Les étudiants en arabe de l'Université des langues de Turin (Italie), dont quelques Marocains, n'auraient jamais pu imaginer ce qui les attendait comme sujet d'examen en cette fin d'année. Le Jour J, Madame le professeur leur a demandé de traduire, de l'italien vers l'arabe, une lettre signée Mohammed VI, dans laquelle le souverain la félicitait pour son travail de traduction effectué sur les célèbres "Voyages d'Ibn Battouta". Une traduction que la chercheuse aurait mis plusieurs années à peaufiner et dont elle avait envoyé un exemplaire au souverain. Plutôt sympa.

Ansar Al Mahdi. Pas de caméras, svp
Le procès de la cellule Ansar Al Mahdi est en train de tourner à la farce, après l'audience du vendredi dernier. Dès l'ouverture de la séance, deux avocats de la défense, Mustapha Ramid et Mohamed Tarek Sbaï, ont exigé le retrait des caméras, installées à l'intérieur de la salle d'audience, à l'insu des avocats eux-mêmes et des 52 personnes poursuivies dans l'affaire. Pourtant, selon l'article 303 du Code pénal, "le président d'audience peut, après avoir eu l'avis du Parquet, ordonner l'utilisation de tout appareil photo ou d'enregistrement" lors des audiences. Rendez-vous est pris le 29 septembre prochain, date de la prochaine audience.

Maroc-Israël. Svp, pensez à Abbas !
Les Israéliens aimeraient bien voir Mohammed VI rendre visite au président palestinien, Mahmoud Abbas, dans son quartier général à Ramallah. C'est du moins ce que rapporte le Jerusalem Post, qui explique que l'Etat hébreu, comme les Etats-Unis, voudraient ainsi légitimer la présidence d'Abou Mazen, qui n'a pas encore l'appui formel de tous les pays arabes. Le quotidien israélien précise aussi que le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Aaron Abramovitch, avait effectué en mai dernier une visite de vingt-quatre heures à Rabat, pour avoir une réponse. ça devait être non.

Sécurité. Marhba FBI, CIA, etc.
Robert Mueller, le directeur du FBI, a effectué une visite particulièrement remarquée à Rabat le vendredi dernier. Le patron du bureau fédéral, qui dispose d'une antenne à Rabat depuis 2003, a rencontré les ministres Mohamed Bouzzoubaâ et Chakib Benmoussa. Avec le premier, Mueller a abordé des questions sensibles, comme la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé transnational. Même topo avec Benmoussa, qui a examiné avec le responsable américain les moyens de "favoriser les échanges d'informations et d'expertise et de poursuivre les personnes recherchées", selon la communication officielle. La visite du patron du FBI succède à celle, effectuée il y a quelques mois à peine, par le patron de la CIA, Michael Hayden. Que nous vaut cet intérêt manifeste des deux grands services américains ?
(TNIOUNI / NICHANE) N° 281 / Telquel / La semaine Maroc

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