L’Irak à la veille du sixième anniversaire de l’invasion américano-britannique !
Les américains et leurs alliés ont envahi le pays de la Mésopotamie sous le prétexte fallacieux de le libérer de la dictature et de le transformer en une oasis de prospérité. Des flots de sang, un million de morts, 5 millions d’orphelins, 4 millions de déplacés et de réfugiés, 3 millions de veuves et 25 millions de mines
Et voilà le résultat cinq ans après l’opération de libération de l’Irak : un million de morts irakiens, quatre millions d’émigrés et de déplacés qui ont dû quitter leurs maisons détruites par les explosions qui n’en finissent pas, cinq millions d’orphelins ayant perdu les leurs, trois millions de veuves, un chômage au taux dépassant les 50%, en plus des vingt cinq millions de mines représentant le quart des mines qui infestent la surface du globe.
Ainsi, après cinq ans d’occupation, les destructions, les meurtres et l’absence de sécurité constituent toujours le lot quotidien des irakiens. Les pertes humaines irakiennes avoisinent le million de personnes selon les sources les plus sérieuses, même si d’autres sources les minimisent sans aucun fondement statistique.
Ainsi, le dernier rapport publié par l’organisation Britannique « iraqbodycount », estime que ce chiffre ne dépasserait pas les 100.000 morts depuis le début de la guerre, dont 12.000 policiers et militaires irakiens. Ce chiffre ne convainc personne, pas même les sources américaines qui estiment que le chiffre des pertes irakiennes dépasserait le million d’âmes.
Un communiqué de l’agence de presse allemande, DPA, rappelle que « cinq après l’occupation de leur pays et les malheurs indélébiles qu’ils ont subis durant de longues années de violences inouïes après la chute du régime de Saddam Hussein, les irakiens n’ont d’autre souci que d’assurer leur propre sécurité ». Ajoutant que « les données actuelles sur le terrain, avec leur lot de conflits politiciens, sont de nature à faire perdurer cette tendance ».
Les irakiens qui n’ont pas quitté leurs foyers et se trouvent confrontés en permanence au spectre de la mort et de la violence, n’hésitent plus à parler de leurs conditions de sécurité. Ainsi cette jeune femme irakienne rappelle avec une profonde tristesse, le sort qui a été fait à son mari « qui a échappé à la mort par les américains mais qui a perdu la vie dans une attaque d’éléments armés, tout de suite après. Elle déclare que le souvenir de la chute de Saddam Hussein n’a aucun sens pour elle parce qu’elle vit toujours depuis l’occupation, une profonde angoisse suite à l’absence de sécurité ».
La violence permanente a fini par faire désespérer les irakiens que leur pays se transforme en quelque chose de différent, après que le régime de Saddam ait échoué au bout de trente cinq ans de pouvoir à faire de l’Irak un État doté d’institutions démocratiques. Et les irakiens estiment que leur situation n’est pas meilleure après l’occupation.
Et la même jeune femme d’ajouter « les américains ont fait de notre pays un champ de bataille pour la liquidation d’Al Quaida sans se soucier de notre sécurité, de nos intérêts et de notre souveraineté, si bien que nous nous sommes transformés en victimes des stratégies des deux belligérants. La pire conséquence de l’occupation américaine a été cette violence interconfessionnelle qui aurait pu se transformer en guerre civile par suite de l’échec des américains et des nouveaux dirigeants irakiens à lutter efficacement contre les origines de la violence ». Le plus dur commentaire sur ces cinq années d’occupation a été celui d’un chroniqueur français à l’AFP : « après cinq années d’occupation américaine, devrant conduire normalement à l’émergence d’un État moderne en Irak, les conflits ethniques et confessionnels continuent à dominer, au risque de conduire, selon certains observateurs, au démantèlement de ce pays stratégique aux confins du monde arabe, de l’Iran et de la Turquie. »
Des orphelins et des mines
L’une des conséquences de « la libération de l’Irak », que relève les organisations humanitaires, est la montée astronomique du nombre des orphelins à près de 5 millions ce qui a conduit des délégations arabes et étrangères à s’enquérir de la réalité auprès du ministère des affaires sociales. Le ministère ne s’est pas contenté des les éconduire mais a empêché leur porte parole, Hussein Echikhli, de pénétrer dans le ministère.
Pour sa part, le journaliste britannique, Robert Fisk, écrit dans The Independent que « il est devenu tellement facilement de faire des orphelins en Irak dont on ne peut atténuer les souffrances et encore moins secourir, et c’est souvent le fait d’un attentat suicide dans un marché bondé de monde ou d’un aviateur américain qui bombarde une maison par erreur, dans un village par erreur. Fisk ajoute à ces deux catégories de fabricants d’orphelins, une autre catégorie, celle des mercenaires occidentaux ». Ainsi il est arrivé à l’un d’entre eux a tiré plus de 40 balles sur une femme, mère de 3 fillettes.
La victime est une veuve irakienne de 48 ans, criblée de balles par des mercenaires d’une « société de sécurité privée australienne », quand sa voiture s’est approchée d’un engin militaire américain. Les trois orphelines sont parties par la suite en Jordanie pour y obtenir des visas de l’ambassade Britannique afin de rejoindre leur oncle qui habitait l’Irlande du nord. Elles ont été refoulées par les autorités jordaniennes malgré l’insistance de leur oncle à les rencontrer.
Des champs semés de mort
Les mines aussi sèment la mort. La ministre irakienne de l’environnement, Nermine Othman, a révélé que les mines qui infectent le territoire irakien, de Zakho au nord à Basra au sud, représentent le ¼ de l’ensemble des mines dans le monde, sans compter les obus et les munitions qui n’ont pas éclaté.
La ministre s’est engagée à réunir les études et les informations relatives au déminage du territoire, en accord avec les Nations Unies et les ministères du transport et de l’électricité et de procéder à des études de terrain avant d’engager des travaux de déminage en accord avec des entreprises internationales spécialisées. Ajoutant que la pose d’une mine ne coûte pas plus de 5 dollars, mais que sa destruction coûterait plus de 300 $, sans compter les risques de blessures ou de mort qui l’accompagnent.
Les émigrés et les chômeurs.
L’invasion américano-britannique a eu pour autre conséquence l’émigration de plus de quatre millions d’irakiens hors de leur pays. A la fin de 2007, l’agence des nations unies pour les réfugiés a estimé que plus de 50.000 irakiens quittaient l’Irak chaque semaine par suite des explosions, des attentats et des massacres. Le plus grand nombre de ces émigrés se trouve en Syrie, plus de 1,5 million, en Jordanie, plus de 750. 000 et enfin en Egypte, plus de 100.000.
Les organisations humanitaires considèrent que la tragédie des émigrés irakiens est la plus grave parmi celles qui bouleversent le monde. La communauté internationale pour sa part s’est focalisée sur les bouleversements internes en Irak et quelque peu négligé les aspects humanitaires notamment à propos des millions d’émigrés et des déplacés qui vivent dans des conditions très précaires et même de dénuement total dans les pays d’exil : absence de structures scolaires et de santé.
Le journal The Guardian a publié un rapport sur une page entière sur l’Irak et ses millions de réfugiés et rappelé que les États-Unis n’en a accepté sur leur sol que quelques centaines. Il a fallu à ces chanceux, dont tous ont une grande maîtrise de l’Anglais et avaient servi comme traducteurs dans les troupes américaines, d’avoir de solides amitiés pour obtenir un visa et le droit de vivre en sécurité dans ce pays. En fait ce droit a été obtenu essentiellement pour service rendu.
Les conditions de vie sous l’occupation américaine peuvent être résumées dans ces quelques chiffres : le taux de chômage dans un pays qui compte plus de 26 millions d’habitants varie entre 25 et 50%, l’eau et l’électricité sont coupées régulièrement et nombre de quartiers de Bagdad en sont privés totalement, les services de santé et de l’éducation sont en panne et on n’enregistre nulle part des travaux de reconstruction, signe d’une reprise économique.
L’Irak se trouve toujours au milieu du gué au bout de 5 ans d’occupation américaine. Le citoyen irakien est privé de sécurité pour lui-même et les siens et surtout, comme le déclare l’un d’entre eux à l’agence de presse allemande « l’Irak manque de leaders politiques forts, capables d’aimer leur pays et son peuple et des les servir. Il n’a jusqu’ici que des politiciens véreux qui courent derrière les postes et les charges, détournent l’argent public par tous les moyens », mais en contrepartie, « les irakiens ont démontré qu’ils étaient plus unis que jamais et qu’ils aimaient leur pays bien davantage que leurs leaders qui donnent le plus mauvais exemple dans la défense de leur pays. Ceux-ci ont failli et il est temps qu’ils déguerpissent ! »
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