Une justice des Blancs ?
Le mandat d’arrêt contre Al-Bachir suscite une vive polémique. Il s’agit en Afrique et dans le monde arabe d’une justice sélective, car les Etats-Unis à Abou-Ghraib ou à Guantanamo, et Israël au Proche-Orient ont commis, eux, des crimes en totale impunité.
« Aujourd’hui, la chambre préliminaire a émis un mandat d’arrêt contre le président du Soudan Omar Al-Bachir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », c’est par ces mots que la Cour Pénale Internationale (CPI) annonçait sans grande surprise sa décision. Le procureur de la CPI avait accusé Al-Bachir de génocide, mais, selon la porte-parole de la Cour, « les éléments présentés par l’accusation ne fournissaient pas de motifs raisonnables de croire que le gouvernement soudanais a agi dans l’intention spécifique de détruire, en tout ou en partie, les groupes Four, Zaghawa et Massalit ».
Dans le monde mais aussi au Soudan, on s’attendait à ce premier mandat d’arrêt contre un chef d’Etat en exercice. On s’y attendait, la colère a été pourtant vive. « Un dangereux précédent », dit-on, qui illustre le paroxysme de la contradiction de la justice internationale. En Afrique ou dans le monde arabe, on dénonce « la justice des Blancs ». Une justice sélective qui ne juge que des affaires africaines. La CPI ne s’est saisie à ce jour que de conflits africains où crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont pu être commis. En Ouganda, au Congo-Kinshasa, en République centrafricaine et au Darfour. Car les autres pays, commettant des crimes internationaux, ne reconnaissent pas la légitimité de la CPI, justifie-t-on simplement. Il n’y a aucune raison que George Bush, qui a autorisé la torture, ne soit pas arrêté. Il n’y a aucune raison non plus qu’Ariel Sharon ou Ehud Barak ne soient pas poursuivis en justice pour leurs crimes de guerre en Palestine ou au Liban. La CPI semble peu préoccupée par ces victimes.
De quoi renforcer les arguments de ceux qui aujourd’hui parlent de l’impérialisme occidental ou du néocolonialisme judiciaire. Mais cela justifie-t-il en soi le refus de coopération avec la CPI ? Pourquoi la justice internationale est-elle perçue de cet angle restreint ? Pourquoi les victimes du Darfour ne sont-elles pas vues indépendamment des autres ?
S’il est vrai que la communauté internationale a tenté de manipuler le conflit au Darfour, s’il est aussi vrai que le lobby juif aux Etats-Unis a tout fait pour médiatiser et gonfler la crise, sur le fond, ni l’un ni l’autre n’ont créé la situation sur le terrain. Selon les rapports les plus équilibrés, au moins 30 000 Soudanais ont été tués dans cette région et des millions ont été déplacés. La priorité ne devrait-elle pas être accordée aujourd’hui au Soudan et non à un chef d’Etat qui a violé les droits de l’homme. La paix et la stabilité du Soudan ne devraient-elles pas plutôt primer sur la simple personnalité de Bachir. Paix ou justice, laquelle prime ? C’est la question qu’avancent beaucoup d’observateurs. Pour la CPI, c’est la justice et rien que la justice, mais pour l’Union Africaine (UA), c’est la paix et la stabilité avant tout. Avec ce mandat d’arrêt, les troubles risquent d’être ravivés dans le pays du Nil bleu. Les négociations de paix avec le Mouvement pour la justice et l’égalité, principal groupe rebelle du Darfour, sont déjà compromises. La guerre civile risque d’éclater à n’importe quel instant et le sort des forces de maintien de la paix de l’Onu présentes sur le terrain n’est pas très clair. C’est pourquoi l’UA et les Arabes demandent un moratoire d’un an à l’Onu. Selon l’article 16 du Traité de Rome, fondateur de la Cour, cette suspension est renouvelable pendant trois ans. Rien n’est acquis, mais le processus d’arrestation risque d’être lent. Une demande de coopération pour l’arrestation de Bachir sera transmise au Soudan, aux Etats membres de la CPI et aux membres du Conseil de sécurité.
La CPI pourrait saisir l’Onu si elle constatait l’inefficacité du mandat d’arrêt. Ce dernier pourrait donc être interpellé et arrêté dès qu’il se trouve à l’étranger. Ceci dépend pourtant avant tout de la volonté politique de l’Etat dans lequel il se rendrait, puisque la CPI ne dispose pas de forces de police propres. Après interpellation, Al-Bachir devrait passer devant plusieurs chambres avant d’être jugé. Du temps que les Soudanais devraient plutôt exploiter pour obtenir un accord de paix au Darfour.
Dans le monde mais aussi au Soudan, on s’attendait à ce premier mandat d’arrêt contre un chef d’Etat en exercice. On s’y attendait, la colère a été pourtant vive. « Un dangereux précédent », dit-on, qui illustre le paroxysme de la contradiction de la justice internationale. En Afrique ou dans le monde arabe, on dénonce « la justice des Blancs ». Une justice sélective qui ne juge que des affaires africaines. La CPI ne s’est saisie à ce jour que de conflits africains où crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont pu être commis. En Ouganda, au Congo-Kinshasa, en République centrafricaine et au Darfour. Car les autres pays, commettant des crimes internationaux, ne reconnaissent pas la légitimité de la CPI, justifie-t-on simplement. Il n’y a aucune raison que George Bush, qui a autorisé la torture, ne soit pas arrêté. Il n’y a aucune raison non plus qu’Ariel Sharon ou Ehud Barak ne soient pas poursuivis en justice pour leurs crimes de guerre en Palestine ou au Liban. La CPI semble peu préoccupée par ces victimes.
De quoi renforcer les arguments de ceux qui aujourd’hui parlent de l’impérialisme occidental ou du néocolonialisme judiciaire. Mais cela justifie-t-il en soi le refus de coopération avec la CPI ? Pourquoi la justice internationale est-elle perçue de cet angle restreint ? Pourquoi les victimes du Darfour ne sont-elles pas vues indépendamment des autres ?
S’il est vrai que la communauté internationale a tenté de manipuler le conflit au Darfour, s’il est aussi vrai que le lobby juif aux Etats-Unis a tout fait pour médiatiser et gonfler la crise, sur le fond, ni l’un ni l’autre n’ont créé la situation sur le terrain. Selon les rapports les plus équilibrés, au moins 30 000 Soudanais ont été tués dans cette région et des millions ont été déplacés. La priorité ne devrait-elle pas être accordée aujourd’hui au Soudan et non à un chef d’Etat qui a violé les droits de l’homme. La paix et la stabilité du Soudan ne devraient-elles pas plutôt primer sur la simple personnalité de Bachir. Paix ou justice, laquelle prime ? C’est la question qu’avancent beaucoup d’observateurs. Pour la CPI, c’est la justice et rien que la justice, mais pour l’Union Africaine (UA), c’est la paix et la stabilité avant tout. Avec ce mandat d’arrêt, les troubles risquent d’être ravivés dans le pays du Nil bleu. Les négociations de paix avec le Mouvement pour la justice et l’égalité, principal groupe rebelle du Darfour, sont déjà compromises. La guerre civile risque d’éclater à n’importe quel instant et le sort des forces de maintien de la paix de l’Onu présentes sur le terrain n’est pas très clair. C’est pourquoi l’UA et les Arabes demandent un moratoire d’un an à l’Onu. Selon l’article 16 du Traité de Rome, fondateur de la Cour, cette suspension est renouvelable pendant trois ans. Rien n’est acquis, mais le processus d’arrestation risque d’être lent. Une demande de coopération pour l’arrestation de Bachir sera transmise au Soudan, aux Etats membres de la CPI et aux membres du Conseil de sécurité.
La CPI pourrait saisir l’Onu si elle constatait l’inefficacité du mandat d’arrêt. Ce dernier pourrait donc être interpellé et arrêté dès qu’il se trouve à l’étranger. Ceci dépend pourtant avant tout de la volonté politique de l’Etat dans lequel il se rendrait, puisque la CPI ne dispose pas de forces de police propres. Après interpellation, Al-Bachir devrait passer devant plusieurs chambres avant d’être jugé. Du temps que les Soudanais devraient plutôt exploiter pour obtenir un accord de paix au Darfour.
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