jeudi, mars 30, 2006

Fin du Grand Israël

défaut d'avoir modifié en profondeur les données du conflit israélo-palestinien, la seconde Intifada, lancée en septembre 2000 et qui a déclenché cinq ans d'affrontements, a bouleversé la carte politique interne des deux protagonistes. Dans les territoires conquis par Israël en 1967, les islamistes du Hamas ont balayé les représentants historiques du nationalisme palestinien, le Fatah. Du côté israélien, les élections législatives du 28 mars ont dessiné une représentation parlementaire totalement inédite.
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Lancé peuavant son accident cérébral par Ariel Sharon, un parti "centriste", Kadima, même s'il réalise un score inférieur à ses espérances, a mis fin, pour la première fois, à l'hégémonie des deux grands courants historiques du sionisme - le travaillisme et la droite nationaliste - qui ont alternativement dirigé l'Etat juif depuis sa création en 1948. Or non seulement Kadima s'est explicitement engagé à mettre en oeuvre de nouveaux retraits territoriaux "unilatéraux" israéliens en Cisjordanie, après celui conduit par Ariel Sharon à Gaza en août 2005, mais, surtout, le parti d'Ehoud Olmert prône la coexistence, à terme, de " deux Etats-nations" sur l'espace que les Israéliens nomment "Eretz Israël", la Terre d'Israël.
En plaçant Kadima et les travaillistes en tête, l'électorat israélien a massivement consacré la déroute des partisans du Grand Israël et des adhérents à la mystique d'Eretz Israël. L'alliance Union nationale-Parti national religieux (PNR), àdeux, obtient un score inférieur à sa représentation précédente. Quant au Likoud, il s'effondre littéralement. Désormais, les opposants au retrait israélien de territoires occupés ne représentent plus que le sixième de la Knesset.
Ainsi, en se retirant de Gaza et en lançant Kadima, Ariel Sharon a su à la fois accompagner et accélérer une évolution profonde de la société israélienne. Les élections l'ont en effet démontré : il ne fait plus de doute, pour une immense majorité d'Israéliens, que la préservation d'un Etat juif et démocratique l'emporte sur l'ambition territoriale.
Cela induit l'abandon de la domination sur une population palestinienne occupée, et donc de nouveaux retraits territoriaux. C'est si vrai que, dans le camp ultranationaliste, le parti Israël Beiténou (Notre maison Israël) est passé devant le Likoud et le PNR. Or cette formation laïque, qui prône la "séparation" la plus radicale qui soit avec les Palestiniens, n'est pas attachéeau Grand Israël. Son credo peut se résumer ainsi : un Etat juif le plus vaste possible mais avec le moins d'Arabes possible en son sein.
La voie souhaitée par les Israéliens est désormais tracée : instaurer une frontière qui les libère du poids de l'occupation des Palestiniens et garantisse leur sécurité. Reste à savoir si, après l'accession du Hamas au pouvoir dans le camp d'en face, cette frontière pourra s'établir "unilatéralement". Beaucoup, y compris en Israël, en doutent.

Article paru dans l'édition du 31.03.06
LE MONDE 30.03.06 13h20 •

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