vendredi, mars 31, 2006

Taylor fait peur. Le juger en Europe?

Des tractations internationales sont en cours pour le juger à La Haye. On craint un coup de force de ses partisans pour le délivrer.
Alors que la nouvelle présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf, venait de demander au Nigéria, où il était exilé, l'extradition de son ex-allié et prédécesseur Charles Taylor, accusé de crimes de guerre et contre l'humanité, les partisans de ce dernier annonçaient un «chaos» au Libéria si cette demande était exaucée.
Alors que le président du Nigéria n'accédait qu'à demi à cette requête - et permettait ainsi la fuite de Taylor, un cafouillis sur lequel M. Obasanjo ne s'est toujours pas expliqué - les partisans du fugitif annonçaient que celui-ci accepterait d'être jugé par la Cour Pénale internationale (CPI) de La Haye, mais pas par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), mis sur pied par un accord entre ce pays et l'Onu.
Taylor a été rattrapé mercredi et incarcéré dans les cellules du TSSL, à Freetown. L'ex-chef d'Etat libérien est coupable de très nombreuses exactions dans son pays mais celui-ci est encore trop peu stable pour le juger. Taylor a également soutenu des mouvements armés en Guinée-Conakry et en Côte-d'Ivoire voisines et aurait accueilli dans son pays les auteurs d'attentats islamistes contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es Salaam en 1998. Enfin, il est accusé d'être un des principaux responsables de la guerre civile de dix ans en Sierra Leone, en soutenant son ancien lieutenant, le Sierra Leonais Foday Sankoh (mort en prison en 2003) et en entraînant et équippant les troupes de celui-ci en échange de diamants.
Des conditions
Mais en raison de la peur d'un coup de force de ses partisans pour le délivrer - directement ou en suscitant des violences, dans des pays convalescents de terribles guerres civiles, qui permettraient de négocier sa libération - des tractations sont en cours pour que Charles Taylor soit jugé en Europe. Le Libéria, les Etats-Unis (principal bailleur de fonds de ce dernier), le TSSL et l'Onu discutent avec les Pays-Bas d'un procès conduit par le TSSL mais dans les locaux de la CPI à La Haye.
Le gouvernement néerlandais est d'accord sur le principe mais à certaines conditions: qu'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu en ce sens soit adoptée; qu'un accord formel soit passé entre le TSSL et les Pays-Bas; que le TSSL négocie lui-même avec la CPI l'utilisation des locaux de cette dernière; enfin, que Taylor quitte les Pays-Bas dès que le verdict sera rendu.
Selon le procureur du TSSL, il faudra «
plusieurs mois» avant que débute le procès de Taylor.
© La Libre Belgique 2006

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