Le droit de résister
Attaque de tanks israéliens à Rafah, le 17 mai 2003 Rafaftoday
Occupation militaire et oppression israélienne
Les Palestiniens ont le droit légitime de résister par les armes contre les agressions des soldats et des colons juifs israéliens, armés et très offensifs. Nous, hommes et femmes qui défendons la justice, avons le devoir de les soutenir dans leur lutte inégale.
8.11.07 18:57
Ce petit texte, écrit l’été 2003, nous paraît demeurer d’actualité. Pendant que les Etats-Unis préparent la conférence d’Annapolis, qui se présente comme un enième piège pour les Palestiniens, Israël poursuit ses exécutions sommaires "ciblées" à Gaza dans l’indifférence du monde.
Les Palestiniens ont bon dos. Vraiment ! En 55 ans d’occupation (depuis 1948) et au moins 67 plans de paix, ils ont fait de multiples concessions. Mais ils n’ont jamais rien obtenu en retour.
Israël ne respecte rien. À commencer par les Conventions de Genève qui font référence aux traitements des civils sous occupation et à l’autorisation d’observateurs à témoigner.
La Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, a maintes fois rappelé Israël à la raison et n’a pas manqué de lui signifier que son pays viole toutes ces Conventions, par l’implantation de colonies juives illégales en territoire occupé, par l’exécution de Palestiniens appelés « terroristes »-alors qu’il s’agit d’honorables patriotes- par les punitions collectives, les bouclages, etc.
Israël, qui n’entend aucune critique, campe sur ses positions et n’a de cesse de réaffirmer de manière spécieuse que la Cisjordanie et la Bande de Gaza « ne sont pas des territoires occupés » mais des « territoires disputés » et que par conséquent les Conventions de Genève ne s’y appliquent pas.
On parle en leur nom. On négocie en leur nom. On nomme des ministres en leur nom. On fait des conférences en leur nom. Les Palestiniens aimeraient y croire ; mais le coeur n’y est plus.
Les autorités israéliennes n’ont aucune intention de lâcher du lest. Chaque fois qu’Israël fait mine de retirer quelques colons de quelques colonies, d’autres colons et d’autres colonies font leur rapide apparition.
Rien de neuf sous le soleil de Sharon. Pendant que les Palestiniens, le couteau sous la gorge, se plient une énième fois aux exigences de ce piège redoutable que leur tend la « Feuille de route » -une mascarade de plus- et en respectent strictement le calendrier, Israël, lui, continue à se montrer intraitable et à multiplier rafles, assassinats, destructions de maisons, de cultures, et de tout ce qui fait qu’une vie est une vie.
Les Palestiniens, usés par des décennies de lutte et de privations, veulent la paix de toutes leurs forces. C’est leur intérêt. Les Israéliens, eux, ont pour intérêt de gagner du temps et de grignoter toujours plus de terres.
Israël veut leurs terres et leur peau. Il exige de M. Mahmoud Abbas ce qu’il a exigé de M. Yasser Arafat hier : l’impossible. C’est-à-dire le désarmement de son peuple, qui, il faut le préciser, tente de se défendre contre des tanks, des bulldozers, des canons, des avions, des missiles, avec des armes dérisoires. Quelques armes légères contre un impressionnant arsenal d’armes lourdes.
Israël veut diviser et pousser les Palestiniens à se battre entre eux. Or, aussi longtemps qu’Israël les prive de toute possibilité matérielle d’exister, les Palestiniens n’ont aucune raison de déposer les armes, sauf à vouloir se suicider. Résister contre ses agresseurs est un devoir pour tout peuple militairement occupé.
Tout peuple opprimé a le droit de défendre son territoire et de se battre pour sa survie. Pourquoi donc les Palestiniens, victimes d’une guerre d’occupation et de dépossession, seraient-ils privés de ce droit ? Ces hommes du mouvement Hamas et du Jihad, qu’Israël qualifie de « terroristes » et assassine « préventivement », sont dans leur grande majorité des patriotes, de bons pères qui défendent leurs familles et leur dignité comme ils peuvent.
La « communauté internationale » se doit d’apporter son clair et franc soutien à toute la population et à toutes les forces politiques en lutte contre l’occupant israélien. Elle se doit également d’obtenir d’Israël la décision de retirer ses troupes et ses colons des Territoires Occupés, comme préalable à toute négociation. Aussi longtemps que ce retrait n’est pas effectif et qu’Israël n’a pas reconnu aux Palestiniens leur droit à exister dignement et en toute sécurité sur leur terre, aucune paix juste n’est possible.
Les Palestiniens sont des êtres extraordinairement patients. Ils ont attendu durant 55 ans que justice leur soit rendue. Dans ce combat inégal de David contre Goliath, ils sont jusqu’ici les grands perdants. Ballottés, depuis des lustres, entre Accords d’Oslo, que les gouvernements israéliens successifs ont torpillés, et « processus de paix », que ses alliés américains leur ont glissés comme peaux de bananes sous les pieds, les Palestiniens, dans leur désespoir lucide, ont toutes les raisons d’être très pessimistes quant à leur devenir. Ils ont même de quoi se sentir floués de tous côtés ; à commencer par la légèreté avec laquelle les médias présentent une « feuille de route » que les autorités israéliennes se sont empressées de paver de réserves.
Floués aussi par le crédit que le monde accorde à ces ballets diplomatiques trompeurs dont on connaît d’avance la supercherie et les jeux truqués. Ballets destinés à occulter, aux yeux de l’opinion, la gravité de l’occupation israélienne en Palestine et ses effets dévastateurs sur sa population. Les Palestiniens ont de quoi se sentir d’autant plus inquiets que l’ONU est prise en otage par les États-Unis et que les Etats européens, incapables d’avoir une politique extérieure commune, sont absents du débat.
Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils considèrent que les États-Unis, qui arment Israël et lui donnent le feu vert pour violer le droit international, ne sont pas des partenaires crédibles. En quoi ils ont raison. Les intentions de l’administration américaine sont des plus cyniques : elles n’ont rien à voir avec les intérêts des peuples, leur liberté et la justice. Bush entre dans cette comédie macabre de la fausse paix que mène Israël depuis des décennies, uniquement pour défendre les intérêts de ce pion essentiel sur l’échiquier d’un Moyen-Orient dont il convoite le pétrole. Bush a donc comme unique motivation de liquider tout ce qui fait obstacle au projet d’expansion de l’État d’Israël et à sa domination impériale. Et cela passe forcément par la liquidation de la résistance palestinienne.
Les Palestiniens sont aujourd’hui apparemment sans espoir. Victimes oubliées d’une immense injustice historique, ils ont de quoi se sentir humiliés par la complaisance incompréhensible du monde occidental à l’égard d’hommes, fussent-ils chefs d’État, qui se conduisent, au vu et au su de tout le monde, non comme des démocrates mais comme des chefs de bandes ; des hommes sans foi ni loi, qui commettent des crimes odieux, écrasent des peuples, sur une échelle jamais imaginée. Et nous, citoyens atterrés par tous ces crimes et les souffrances qu’elles entraînent, de nous demander ce qu’attendent nos élus de gauche comme de droite pour sanctionner les acteurs de cet innommable carnage ?
Chaque fois que ces véritables chefs de gang - incarnés aujourd’hui notamment par George Bush, Richard Perle, Ariel Sharon, Paul Wolfowitz, Shimon Perez, Shaul Mofaz, pour ne citer que les plus en vue - se sentent en passe d’être par trop démasqués, voire simplement contrés par l’opinion, ils se drapent aussitôt dans l’étendard de la paix. Oh ! Pas pour longtemps.
Voilà à quoi sert la diplomatie qui occupe la une des journaux : à servir les intérêts du plus fort, à diviser les faibles et à se les asservir pour mieux les dominer. Et quand ces chefs d’État et ces diplomates si peu reluisants tombent sur un adversaire qui leur résiste, qui ne se plie pas à leurs diktats, ils n’hésitent pas à frapper des peuples entiers au prix de millions de victimes. Vous avez vu l’Irak, la Serbie, l’Afghanistan. Toutes guerres illégales. Ce n’est pas peu. On a fait subir à leurs peuples ce que les dirigeants israéliens –de gauche et de droite- font subir depuis des lustres aux Palestiniens.
Le peuple irakien n’avait rien demandé. Les Américains y sont allés. Or, les choses ne se sont pas passées comme les Etats Majors l’avaient escompté. Elles ont même pris une bien mauvaise tournure. Tarek Aziz - dont nul ne se soucie de savoir où les Anglo-américains l’ont jeté - les avait avertis. « Venez, vous verrez ce que vous verrez. L’Irak n’est pas l’Afghanistan ». Ils n’en ont pas tenu compte. Les voilà empêtrés. L’échec est des plus cuisants pour l’administration Bush et pour les conseillers pro-israéliens qui l’y ont fortement poussé.
Alors que le rapport de force issu de l’offensive militaire menée contre l’Irak paraissait des plus défavorables aux voisins d’Israël, Palestiniens en tête, les choses se sont sensiblement renversées. L’occupation militaire en Irak tourne au désastre. Exposé à la critique, fragilisé aux yeux du monde qui l’observe, Bush veut rebondir. Il devrait, pour convaincre l’opinion de ses bonnes intentions, prendre quelque distance avec les Israéliens.
Quand ils ont vu Abou Mazen en compagnie de Bush à la Maison Blanche - le Premier ministre d’un État qui n’existe pas, que l’administration américaine a choisi, imposé, sans leur demander leur avis, mais c’est sa conception de la démocratie qui le veut - les Palestiniens ne savaient plus s’ils devaient rire ou pleurer. Puis, quand ils ont entendu Bush dire quelques vérités jamais dites à l’encontre de leurs colonisateurs israéliens, ils ont sursauté. Les temps sont durs pour Bush. La cause palestinienne pourrait servir momentanément ses intérêts, l’aider à se refaire une virginité.
Tout reste à faire. Cette fausse paix, sur fond de vraie guerre et de fossé infranchissable, a toujours fait l’affaire d’Israël. Sharon, qui a passé sa vie à combattre les Arabes et à rêver d’un grand Israël ethniquement pur, appuyé par des gouvernements formés d’extrémistes et par tous ceux qui, chez lui, crient « mort aux Arabes », peut-il vouloir une paix juste et durable ?
Sauf à s’aveugler, nul ne peut croire en la sincérité d’un madré soudard. Mais la pantomime continue. Israël accable systématiquement les Palestiniens de reproches. À l’entendre, tout est de leur faute. « C’est la faute des Palestiniens si Oslo et Camp David ont capoté... c’est la faute d’Arafat s’il n’y a plus de camp de la paix en Israël... »
Nous avons longtemps cru ce que disait Israël. Or, tout ce qu’Israël nous avait rabâché durant des années s’est avéré totalement faux. Il convient donc de rétablir quelques vérités, quitte à se répéter. Tous les plans de paix ont échoué parce que les négociateurs israéliens n’ont jamais voulu qu’ils aboutissent. Les hommes qu’Israël dépêchait à la table des négociations avaient pour tâche de mener les Palestiniens dans un bourbier, de les tromper et de tirer les choses en longueur. Les négociateurs palestiniens, Yasser Arafat en tête, se sont fait systématiquement et lamentablement piéger. La tentation de la corruption a fait le reste. Une fois compromis, ces derniers n’avaient plus aucune marge de manœuvre, De rencontres en négociations avec les Israéliens, ils s’enfonçaient chaque fois un peu plus.
C’est Israël qui mène le bal. Les accords d’Oslo ont échoué parce que le gouvernement israélien les a torpillés : ses troupes ont mis cinq ans pour se retirer de 5% du territoire et le nombre de colons a doublé. Après quoi Ariel Sharon a fini le « travail », si on peut dire : il s’est servi de ces accords pour balayer l’Autorité palestinienne et, ensuite, liquider les cadres de la résistance.
Les pourparlers de Camp David ont échoué parce que le travailliste Ehud Barak –un homme très brutal- n’a pas fait « l’offre généreuse » brandie par la propagande israélienne, et que les médias ont servilement relayée. Bien au contraire. Il s’est montré intraitable sur la question des réfugiés et de Jérusalem.
Le peuple palestinien a payé très cher ce marché de dupes. Affaiblis par leur leader, Yasser Arafat, qui les a désarmés et ensuite laissés à la merci d’une armée qui les a massacrés, les Palestiniens - surtout ceux qui croupissaient dans les camps de réfugiés - n’avaient plus rien à perdre. La deuxième Intifada était la seule chose qui pouvait faire obstacle - et qui a fait obstacle - à leur écrasement. Atteints dans leur fierté, les Palestiniens n’attendent plus rien de leurs chefs. Aujourd’hui, bouclé comme dans une cage dans son quartier général de la Moukata, Yasser Arafat est totalement inopérant. Mahmoud Abbas, un homme de paille, qu’Israël tient entre ses mains, n’a pas la confiance des Palestiniens.
Trahis par les leurs, les plus déshérités doivent se débrouiller comme ils peuvent. Fort mal.
Nous ne le dirons jamais assez. Les Palestiniens sont victimes d’une injustice colossale : ils n’ont pas d’État, ils n’ont pas d’armée, ils n’ont pas le droit de vivre libres sur leurs terres. Après tant d’années où ils ont cru à la paix, à la justice et à la légalité internationale, où ils ont cru à la coexistence, où ils ont espéré sortir de leurs ghettos, ils ont perdu toute confiance. Il ne faut donc plus leur parler de « feuille de route » ou d’autres fariboles du même acabit. Ils désapprouvent, aujourd’hui comme hier, toute idée de négocier quoi que ce soit avant qu’Israël ne retire son armée de leurs territoires.
Les politiciens immoraux, dont la vocation est de mentir, cherchent à faire croire ceci et cela. Les Palestiniens ont beau être optimistes par nature, mais là, ils ont de quoi être très inquiets. La feuille de route - qui était, au départ, une initiative européenne - est aujourd’hui entre les mains de ceux qui ne connaissent que le langage de la force et de l’injustice, et risque de mener vers de nouvelles catastrophes.
Les Palestiniens sont sensibles et humains, comme nous. Ils n’aiment pas la mort. Ils voudraient pouvoir combler leurs enfants de sécurité et de mille bonheurs. Quand Israël les provoque, il ne faut pas croire qu’ils se battent de gaieté de coeur. Je n’ai jamais rencontré un Palestinien sensé qui se réjouisse de savoir qu’il y a, parmi son peuple, des enfants désespérés au point de se résoudre à mourir d’une mort atroce. Ce n’est ni la religion, ni l’extrémisme, ni leur nature, ni leur culture, qui ont poussé certains des leurs à se suicider. Les parents inconsolables de ces enfants vous disent, avec tristesse, avec nostalgie, avec conviction, que si Israël n’avait jamais envahi leurs quartiers et leurs écoles, n’avait jamais saccagé leur vie, n’avait pas détruit leur famille, nul enfant n’en serait jamais venu à cette extrémité.
Affirmer, après coup, que ces enfants, détruits par la violence d’Israël, ont commis « un crime contre l’humanité » - comme l’ont fait Amnesty International et Médecins du monde - est facile à dire, quand on n’a pas grandi sous la violence de l’occupation israélienne.
Les attentats palestiniens contre des civils sont, certes, à tous points de vue, un mauvais moyen. Mais il faut le dire haut et fort : ces enfants que la brutalité des soldats d’Israël a poussés vers la mort méritent notre compassion. Nous qui vivons dans des pays libres, sommes mal placés pour les blâmer. Ils ont déjà payé de leur jeune vie le mal que les cruautés d’Israël ont fait à leur entourage. Leur sacrifice a quelque chose qui nous dit leur refus de la tyrannie.
Tous les malheurs qui frappent les Palestiniens, et les occupants israéliens dans une bien moindre mesure, découlent précisément de l’occupation militaire israélienne et de l’implantation des colonies au coeur de la Palestine.
Israël commet des crimes d’État contre des populations civiles. Ne rien dire, c’est y consentir. Le seul rempart que peuvent ériger les Palestiniens face à l’oppresseur, est leur résistance. Nos gouvernements doivent rappeler Israël à la légalité : exiger la fin de l’occupation israélienne, reconnaître le droit des Palestiniens à posséder des armes et à résister aussi longtemps que les forces d’occupation les martyrisent.
Se taire quand Israël assassine les cadres de la résistance -ceux qu’on nous présente comme des « activistes » ou des « terroristes », mais qui sont d’abord des êtres humains et des résistants- hurler avec le loup quand Israël criminalise les mouvements du Hamas et du Jihad, qui sont des composantes majoritaires dans la lutte pour l’indépendance, c’est mépriser les droits des peuples à exister et à décider par eux-mêmes de leur destin.
Les Parlementaires européens (y compris les parlementaires progressistes) ont voté, en 2004, une Résolution qui assimile le mouvement Hamas, et les actes de résistance des Palestiniens contre l’occupation israélienne, à des actes « terroristes ». Voir l’article de Silvia Cattori "L’union européenne c’est couchée".
Les Palestiniens ont bon dos. Vraiment ! En 55 ans d’occupation (depuis 1948) et au moins 67 plans de paix, ils ont fait de multiples concessions. Mais ils n’ont jamais rien obtenu en retour.
Israël ne respecte rien. À commencer par les Conventions de Genève qui font référence aux traitements des civils sous occupation et à l’autorisation d’observateurs à témoigner.
La Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, a maintes fois rappelé Israël à la raison et n’a pas manqué de lui signifier que son pays viole toutes ces Conventions, par l’implantation de colonies juives illégales en territoire occupé, par l’exécution de Palestiniens appelés « terroristes »-alors qu’il s’agit d’honorables patriotes- par les punitions collectives, les bouclages, etc.
Israël, qui n’entend aucune critique, campe sur ses positions et n’a de cesse de réaffirmer de manière spécieuse que la Cisjordanie et la Bande de Gaza « ne sont pas des territoires occupés » mais des « territoires disputés » et que par conséquent les Conventions de Genève ne s’y appliquent pas.
On parle en leur nom. On négocie en leur nom. On nomme des ministres en leur nom. On fait des conférences en leur nom. Les Palestiniens aimeraient y croire ; mais le coeur n’y est plus.
Les autorités israéliennes n’ont aucune intention de lâcher du lest. Chaque fois qu’Israël fait mine de retirer quelques colons de quelques colonies, d’autres colons et d’autres colonies font leur rapide apparition.
Rien de neuf sous le soleil de Sharon. Pendant que les Palestiniens, le couteau sous la gorge, se plient une énième fois aux exigences de ce piège redoutable que leur tend la « Feuille de route » -une mascarade de plus- et en respectent strictement le calendrier, Israël, lui, continue à se montrer intraitable et à multiplier rafles, assassinats, destructions de maisons, de cultures, et de tout ce qui fait qu’une vie est une vie.
Les Palestiniens, usés par des décennies de lutte et de privations, veulent la paix de toutes leurs forces. C’est leur intérêt. Les Israéliens, eux, ont pour intérêt de gagner du temps et de grignoter toujours plus de terres.
Israël veut leurs terres et leur peau. Il exige de M. Mahmoud Abbas ce qu’il a exigé de M. Yasser Arafat hier : l’impossible. C’est-à-dire le désarmement de son peuple, qui, il faut le préciser, tente de se défendre contre des tanks, des bulldozers, des canons, des avions, des missiles, avec des armes dérisoires. Quelques armes légères contre un impressionnant arsenal d’armes lourdes.
Israël veut diviser et pousser les Palestiniens à se battre entre eux. Or, aussi longtemps qu’Israël les prive de toute possibilité matérielle d’exister, les Palestiniens n’ont aucune raison de déposer les armes, sauf à vouloir se suicider. Résister contre ses agresseurs est un devoir pour tout peuple militairement occupé.
Tout peuple opprimé a le droit de défendre son territoire et de se battre pour sa survie. Pourquoi donc les Palestiniens, victimes d’une guerre d’occupation et de dépossession, seraient-ils privés de ce droit ? Ces hommes du mouvement Hamas et du Jihad, qu’Israël qualifie de « terroristes » et assassine « préventivement », sont dans leur grande majorité des patriotes, de bons pères qui défendent leurs familles et leur dignité comme ils peuvent.
La « communauté internationale » se doit d’apporter son clair et franc soutien à toute la population et à toutes les forces politiques en lutte contre l’occupant israélien. Elle se doit également d’obtenir d’Israël la décision de retirer ses troupes et ses colons des Territoires Occupés, comme préalable à toute négociation. Aussi longtemps que ce retrait n’est pas effectif et qu’Israël n’a pas reconnu aux Palestiniens leur droit à exister dignement et en toute sécurité sur leur terre, aucune paix juste n’est possible.
Les Palestiniens sont des êtres extraordinairement patients. Ils ont attendu durant 55 ans que justice leur soit rendue. Dans ce combat inégal de David contre Goliath, ils sont jusqu’ici les grands perdants. Ballottés, depuis des lustres, entre Accords d’Oslo, que les gouvernements israéliens successifs ont torpillés, et « processus de paix », que ses alliés américains leur ont glissés comme peaux de bananes sous les pieds, les Palestiniens, dans leur désespoir lucide, ont toutes les raisons d’être très pessimistes quant à leur devenir. Ils ont même de quoi se sentir floués de tous côtés ; à commencer par la légèreté avec laquelle les médias présentent une « feuille de route » que les autorités israéliennes se sont empressées de paver de réserves.
Floués aussi par le crédit que le monde accorde à ces ballets diplomatiques trompeurs dont on connaît d’avance la supercherie et les jeux truqués. Ballets destinés à occulter, aux yeux de l’opinion, la gravité de l’occupation israélienne en Palestine et ses effets dévastateurs sur sa population. Les Palestiniens ont de quoi se sentir d’autant plus inquiets que l’ONU est prise en otage par les États-Unis et que les Etats européens, incapables d’avoir une politique extérieure commune, sont absents du débat.
Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils considèrent que les États-Unis, qui arment Israël et lui donnent le feu vert pour violer le droit international, ne sont pas des partenaires crédibles. En quoi ils ont raison. Les intentions de l’administration américaine sont des plus cyniques : elles n’ont rien à voir avec les intérêts des peuples, leur liberté et la justice. Bush entre dans cette comédie macabre de la fausse paix que mène Israël depuis des décennies, uniquement pour défendre les intérêts de ce pion essentiel sur l’échiquier d’un Moyen-Orient dont il convoite le pétrole. Bush a donc comme unique motivation de liquider tout ce qui fait obstacle au projet d’expansion de l’État d’Israël et à sa domination impériale. Et cela passe forcément par la liquidation de la résistance palestinienne.
Les Palestiniens sont aujourd’hui apparemment sans espoir. Victimes oubliées d’une immense injustice historique, ils ont de quoi se sentir humiliés par la complaisance incompréhensible du monde occidental à l’égard d’hommes, fussent-ils chefs d’État, qui se conduisent, au vu et au su de tout le monde, non comme des démocrates mais comme des chefs de bandes ; des hommes sans foi ni loi, qui commettent des crimes odieux, écrasent des peuples, sur une échelle jamais imaginée. Et nous, citoyens atterrés par tous ces crimes et les souffrances qu’elles entraînent, de nous demander ce qu’attendent nos élus de gauche comme de droite pour sanctionner les acteurs de cet innommable carnage ?
Chaque fois que ces véritables chefs de gang - incarnés aujourd’hui notamment par George Bush, Richard Perle, Ariel Sharon, Paul Wolfowitz, Shimon Perez, Shaul Mofaz, pour ne citer que les plus en vue - se sentent en passe d’être par trop démasqués, voire simplement contrés par l’opinion, ils se drapent aussitôt dans l’étendard de la paix. Oh ! Pas pour longtemps.
Voilà à quoi sert la diplomatie qui occupe la une des journaux : à servir les intérêts du plus fort, à diviser les faibles et à se les asservir pour mieux les dominer. Et quand ces chefs d’État et ces diplomates si peu reluisants tombent sur un adversaire qui leur résiste, qui ne se plie pas à leurs diktats, ils n’hésitent pas à frapper des peuples entiers au prix de millions de victimes. Vous avez vu l’Irak, la Serbie, l’Afghanistan. Toutes guerres illégales. Ce n’est pas peu. On a fait subir à leurs peuples ce que les dirigeants israéliens –de gauche et de droite- font subir depuis des lustres aux Palestiniens.
Le peuple irakien n’avait rien demandé. Les Américains y sont allés. Or, les choses ne se sont pas passées comme les Etats Majors l’avaient escompté. Elles ont même pris une bien mauvaise tournure. Tarek Aziz - dont nul ne se soucie de savoir où les Anglo-américains l’ont jeté - les avait avertis. « Venez, vous verrez ce que vous verrez. L’Irak n’est pas l’Afghanistan ». Ils n’en ont pas tenu compte. Les voilà empêtrés. L’échec est des plus cuisants pour l’administration Bush et pour les conseillers pro-israéliens qui l’y ont fortement poussé.
Alors que le rapport de force issu de l’offensive militaire menée contre l’Irak paraissait des plus défavorables aux voisins d’Israël, Palestiniens en tête, les choses se sont sensiblement renversées. L’occupation militaire en Irak tourne au désastre. Exposé à la critique, fragilisé aux yeux du monde qui l’observe, Bush veut rebondir. Il devrait, pour convaincre l’opinion de ses bonnes intentions, prendre quelque distance avec les Israéliens.
Quand ils ont vu Abou Mazen en compagnie de Bush à la Maison Blanche - le Premier ministre d’un État qui n’existe pas, que l’administration américaine a choisi, imposé, sans leur demander leur avis, mais c’est sa conception de la démocratie qui le veut - les Palestiniens ne savaient plus s’ils devaient rire ou pleurer. Puis, quand ils ont entendu Bush dire quelques vérités jamais dites à l’encontre de leurs colonisateurs israéliens, ils ont sursauté. Les temps sont durs pour Bush. La cause palestinienne pourrait servir momentanément ses intérêts, l’aider à se refaire une virginité.
Tout reste à faire. Cette fausse paix, sur fond de vraie guerre et de fossé infranchissable, a toujours fait l’affaire d’Israël. Sharon, qui a passé sa vie à combattre les Arabes et à rêver d’un grand Israël ethniquement pur, appuyé par des gouvernements formés d’extrémistes et par tous ceux qui, chez lui, crient « mort aux Arabes », peut-il vouloir une paix juste et durable ?
Sauf à s’aveugler, nul ne peut croire en la sincérité d’un madré soudard. Mais la pantomime continue. Israël accable systématiquement les Palestiniens de reproches. À l’entendre, tout est de leur faute. « C’est la faute des Palestiniens si Oslo et Camp David ont capoté... c’est la faute d’Arafat s’il n’y a plus de camp de la paix en Israël... »
Nous avons longtemps cru ce que disait Israël. Or, tout ce qu’Israël nous avait rabâché durant des années s’est avéré totalement faux. Il convient donc de rétablir quelques vérités, quitte à se répéter. Tous les plans de paix ont échoué parce que les négociateurs israéliens n’ont jamais voulu qu’ils aboutissent. Les hommes qu’Israël dépêchait à la table des négociations avaient pour tâche de mener les Palestiniens dans un bourbier, de les tromper et de tirer les choses en longueur. Les négociateurs palestiniens, Yasser Arafat en tête, se sont fait systématiquement et lamentablement piéger. La tentation de la corruption a fait le reste. Une fois compromis, ces derniers n’avaient plus aucune marge de manœuvre, De rencontres en négociations avec les Israéliens, ils s’enfonçaient chaque fois un peu plus.
C’est Israël qui mène le bal. Les accords d’Oslo ont échoué parce que le gouvernement israélien les a torpillés : ses troupes ont mis cinq ans pour se retirer de 5% du territoire et le nombre de colons a doublé. Après quoi Ariel Sharon a fini le « travail », si on peut dire : il s’est servi de ces accords pour balayer l’Autorité palestinienne et, ensuite, liquider les cadres de la résistance.
Les pourparlers de Camp David ont échoué parce que le travailliste Ehud Barak –un homme très brutal- n’a pas fait « l’offre généreuse » brandie par la propagande israélienne, et que les médias ont servilement relayée. Bien au contraire. Il s’est montré intraitable sur la question des réfugiés et de Jérusalem.
Le peuple palestinien a payé très cher ce marché de dupes. Affaiblis par leur leader, Yasser Arafat, qui les a désarmés et ensuite laissés à la merci d’une armée qui les a massacrés, les Palestiniens - surtout ceux qui croupissaient dans les camps de réfugiés - n’avaient plus rien à perdre. La deuxième Intifada était la seule chose qui pouvait faire obstacle - et qui a fait obstacle - à leur écrasement. Atteints dans leur fierté, les Palestiniens n’attendent plus rien de leurs chefs. Aujourd’hui, bouclé comme dans une cage dans son quartier général de la Moukata, Yasser Arafat est totalement inopérant. Mahmoud Abbas, un homme de paille, qu’Israël tient entre ses mains, n’a pas la confiance des Palestiniens.
Trahis par les leurs, les plus déshérités doivent se débrouiller comme ils peuvent. Fort mal.
Nous ne le dirons jamais assez. Les Palestiniens sont victimes d’une injustice colossale : ils n’ont pas d’État, ils n’ont pas d’armée, ils n’ont pas le droit de vivre libres sur leurs terres. Après tant d’années où ils ont cru à la paix, à la justice et à la légalité internationale, où ils ont cru à la coexistence, où ils ont espéré sortir de leurs ghettos, ils ont perdu toute confiance. Il ne faut donc plus leur parler de « feuille de route » ou d’autres fariboles du même acabit. Ils désapprouvent, aujourd’hui comme hier, toute idée de négocier quoi que ce soit avant qu’Israël ne retire son armée de leurs territoires.
Les politiciens immoraux, dont la vocation est de mentir, cherchent à faire croire ceci et cela. Les Palestiniens ont beau être optimistes par nature, mais là, ils ont de quoi être très inquiets. La feuille de route - qui était, au départ, une initiative européenne - est aujourd’hui entre les mains de ceux qui ne connaissent que le langage de la force et de l’injustice, et risque de mener vers de nouvelles catastrophes.
Les Palestiniens sont sensibles et humains, comme nous. Ils n’aiment pas la mort. Ils voudraient pouvoir combler leurs enfants de sécurité et de mille bonheurs. Quand Israël les provoque, il ne faut pas croire qu’ils se battent de gaieté de coeur. Je n’ai jamais rencontré un Palestinien sensé qui se réjouisse de savoir qu’il y a, parmi son peuple, des enfants désespérés au point de se résoudre à mourir d’une mort atroce. Ce n’est ni la religion, ni l’extrémisme, ni leur nature, ni leur culture, qui ont poussé certains des leurs à se suicider. Les parents inconsolables de ces enfants vous disent, avec tristesse, avec nostalgie, avec conviction, que si Israël n’avait jamais envahi leurs quartiers et leurs écoles, n’avait jamais saccagé leur vie, n’avait pas détruit leur famille, nul enfant n’en serait jamais venu à cette extrémité.
Affirmer, après coup, que ces enfants, détruits par la violence d’Israël, ont commis « un crime contre l’humanité » - comme l’ont fait Amnesty International et Médecins du monde - est facile à dire, quand on n’a pas grandi sous la violence de l’occupation israélienne.
Les attentats palestiniens contre des civils sont, certes, à tous points de vue, un mauvais moyen. Mais il faut le dire haut et fort : ces enfants que la brutalité des soldats d’Israël a poussés vers la mort méritent notre compassion. Nous qui vivons dans des pays libres, sommes mal placés pour les blâmer. Ils ont déjà payé de leur jeune vie le mal que les cruautés d’Israël ont fait à leur entourage. Leur sacrifice a quelque chose qui nous dit leur refus de la tyrannie.
Tous les malheurs qui frappent les Palestiniens, et les occupants israéliens dans une bien moindre mesure, découlent précisément de l’occupation militaire israélienne et de l’implantation des colonies au coeur de la Palestine.
Israël commet des crimes d’État contre des populations civiles. Ne rien dire, c’est y consentir. Le seul rempart que peuvent ériger les Palestiniens face à l’oppresseur, est leur résistance. Nos gouvernements doivent rappeler Israël à la légalité : exiger la fin de l’occupation israélienne, reconnaître le droit des Palestiniens à posséder des armes et à résister aussi longtemps que les forces d’occupation les martyrisent.
Se taire quand Israël assassine les cadres de la résistance -ceux qu’on nous présente comme des « activistes » ou des « terroristes », mais qui sont d’abord des êtres humains et des résistants- hurler avec le loup quand Israël criminalise les mouvements du Hamas et du Jihad, qui sont des composantes majoritaires dans la lutte pour l’indépendance, c’est mépriser les droits des peuples à exister et à décider par eux-mêmes de leur destin.
Les Parlementaires européens (y compris les parlementaires progressistes) ont voté, en 2004, une Résolution qui assimile le mouvement Hamas, et les actes de résistance des Palestiniens contre l’occupation israélienne, à des actes « terroristes ». Voir l’article de Silvia Cattori "L’union européenne c’est couchée".
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