L’Irak, loin de la normalisation présentée par Washington
Bagdad . Les victimes civiles de ces derniers mois et l'augmentation des pertes américaines soulignent combien le pays est éloigné de la stabilisation invoquée par Washington.
Les Irakiens n'avaient sans doute pas la tête hier à la fête de l'Aïd qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan. Ce mois sacré, aussi bien chez les sunnites que les chiites, qui a pris fin le 30 septembre, n'a pas failli à la tradition : il a été particulièrement meurtrier. Selon l'ONG Irak Body Count (IBC), 572 civils, dont 29 enfants, ont été tués entre le 1er et le 30 septembre. En comparaison, 631 personnes ont été tuées en août et 592 en juillet.
4 175 GI et marines tués depuis 2003
Certes, par rapport aux années 2006-2007, le nombre de victimes civiles est en baisse. Mais, quoi qu'en disent les responsables irakiens et américains, le niveau de violence demeure élevé. Et l'ex-chef des forces américaines en Irak, le général David Petraeus, qualifie d'ailleurs les progrès qui auraient été accomplis sur le terrain sécuritaire de « réversibles » et de « fragiles ». Ainsi, après avoir enregistré 13 soldats tués en juillet, le nombre de militaires américains tués au combat est reparti à la hausse en août (23 morts) et en septembre (25 morts), portant à 4 175
GI et marines le nombre de militaires tués en Irak depuis avril 2003.
Bien sûr, en comparaison avec les pertes subies mensuellement en 2006 - une moyenne de 50 morts par mois - et même en 2007, les forces américaines ont enregistré moins de pertes en 2008. Toutefois, cette baisse s'explique non par une diminution du nombre d'attaques des insurgés, mais par celle du nombre d'opérations militaires des forces d'occupation sur le terrain. Afin de minimiser leurs pertes, les forces américaines se contentent du service minimum. Présentes néanmoins sur les théâtres d'opérations, elles se bornent pour l'essentiel désormais à s'appuyer sur les forces irakiennes, à qui elles apportent un soutien logistique et surtout aérien.
Qui plus est, les clivages apparus entre les insurgés islamistes se réclamant d'al Qaeda et les insurgés nationalistes expliquent, pour une bonne part, la baisse du nombre d'attaques contre les forces d'occupation. Le djihadisme meurtrier d'al Qaeda contre les civils a fini par dresser contre eux les insurgés sunnites d'obédience nationaliste, lesquels ont décidé, avec ou sans l'appui des États-Unis, de les chasser d'Irak. Autrement dit, l'aveuglement meurtrier d'al Qaeda, qui n'est pas étranger au basculement d'une partie des sunnites du côté des forces américaines, est l'un des paradoxes de cette guerre.
Bien sûr, en comparaison avec les pertes subies mensuellement en 2006 - une moyenne de 50 morts par mois - et même en 2007, les forces américaines ont enregistré moins de pertes en 2008. Toutefois, cette baisse s'explique non par une diminution du nombre d'attaques des insurgés, mais par celle du nombre d'opérations militaires des forces d'occupation sur le terrain. Afin de minimiser leurs pertes, les forces américaines se contentent du service minimum. Présentes néanmoins sur les théâtres d'opérations, elles se bornent pour l'essentiel désormais à s'appuyer sur les forces irakiennes, à qui elles apportent un soutien logistique et surtout aérien.
Qui plus est, les clivages apparus entre les insurgés islamistes se réclamant d'al Qaeda et les insurgés nationalistes expliquent, pour une bonne part, la baisse du nombre d'attaques contre les forces d'occupation. Le djihadisme meurtrier d'al Qaeda contre les civils a fini par dresser contre eux les insurgés sunnites d'obédience nationaliste, lesquels ont décidé, avec ou sans l'appui des États-Unis, de les chasser d'Irak. Autrement dit, l'aveuglement meurtrier d'al Qaeda, qui n'est pas étranger au basculement d'une partie des sunnites du côté des forces américaines, est l'un des paradoxes de cette guerre.
la sécurité n'est pas pour demain
Selon le commandement américain, ils sont une centaine de milliers de miliciens sunnites anti-al Qaeda, pour la plupart d'ex-insurgés, organisés en brigades appelées « Sahwa » (éveil en arabe), qui combattent désormais leurs anciens alliés d'al Qaeda, sans pourtant, expliquent des chefs de tribus sunnites comme les Doulaymi, renoncer à ce que les forces d'occupation quittent le pays !
Il n'en reste pas moins que cette stratégie d'« iraki- sa- tion » de la guerre, préconisée depuis fort longtemps d'ail- leurs par le général Petraeus et qu'il n'a pu mettre en oeuvre que lorsqu'il a pris le commandement des forces américaines, n'a pas pour autant diminué de façon significative le niveau de la violence et permis de s'assurer du contrôle du territoire irakien.
Que ce soit Bagdad, où la semaine passée 25 soldats et policiers irakiens ont trouvé la mort dans une embuscade, ou les régions situées au nord de la capitale. Le moins qu'on puisse dire est que celles-ci échappent encore au contrôle de l'État irakien. De plus, le fait que les institutions irakiennes - siège du gouvernement et des ministères, Parlement, ban- ques… - sont situées en zone verte, séparées du reste de la capitale par une ceinture en béton, et que les différentes communautés - chiite, sunnite - vivent repliées dans leurs quartiers respectifs, séparés également par des murs en béton, dénote pour le moins que la sécurité et la stabilité ne sont pas pour demain ni dans quelques semaines. Tout ce contexte explique d'ailleurs le maintien des forces américaines sur le terrain à quelque 146 000 hommes.
Hassane Zerrouky / le 2 octobre 2008 / humanite.fr/http://basta.20six.fr/basta/art/110605911/
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