mardi, mai 30, 2006

Couvre-feu et patrouilles militaires à Kaboul

L'armée afghane a patrouillé dans les rues de Kaboul mardi et le couvre-feu a été reconduit pour une seconde nuit consécutive au lendemain d'émeutes sans précédent dans la capitale afghane depuis le renversement du régime taliban fin 2001.
Même si ce déploiement militaire a ramené la calme à Kaboul, de nombreux Afghans ne cachent pas leur mécontentement face à l'attitude de l'armée américaine, dont un camion a provoqué lundi un accident mortel de la circulation dans la capitale, ce qui a déclenché ces émeutes.
"Ils ne se préoccupent que de leur propre sécurité. Ils ne s'occupent que d'eux", s'est plaint Abdul Karim, qui impute toutefois les violences de la veille à des criminels.
La désillusion s'est emparée de nombreux Afghans, qui constatent que les milliards de dollars déversés par la communauté internationale en plus de quatre ans n'ont pas amélioré leur niveau de vie.
Dans le même temps, les taliban semblent reprendre des forces dans le sud et dans l'est du pays, où les violences ont fait plus de 350 morts en quelques semaines.
Le commandant des forces de l'Otan en Europe a assuré mardi que les effectifs de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) étaient pour l'instant suffisants.
COUVRE-FEU POUR UNE "COURTE PÉRIODE"
"De mon point de vue, la mission est actuellement dotée de manière appropriée", a déclaré le général James Jones lors d'une réunion de l'assemblée parlementaire de l'Otan à Paris.
L'Otan a approuvé en avril un plan visant à porter à environ 32.500 d'ici août le nombre de soldats étrangers déployés en Afghanistan, soit le niveau le plus élevé depuis l'intervention militaire sous commandement américain fin 2001.
L'accident de la circulation provoqué par un camion militaire américain a vu le véhicule percuter une dizaine de voitures entraînant la mort d'au moins cinq civils.
Selon un communiqué de l'état-major américain, une foule en colère s'est aussitôt rassemblée autour du convoi, jetant des pierres et explosant des vitres. Toujours d'après cette version, des soldats américains encerclés auraient tiré en l'air pour se dégager, imités par la police afghane arrivée sur place.
Des coups de feu ont ensuite été tirés sur la foule mais on ignore encore par qui.
D'après Jamil Junbish, chef de la police, sept personnes, dont un policier, sont mortes dans ces émeutes et 138 autres ont été blessées. Le ministère de l'Intérieur a fait état de 140 arrestations.
Junbish a également annoncé que le couvre-feu nocturne resterait en vigueur pour "une courte période" à Kaboul.
"TOUT EST DE LA FAUTE DES AMÉRICAINS"
L'ambassadeur des Etats-Unis, Ronald Neumann, a exprimé ses regrets pour la mort de civils. Dans un communiqué, il a imputé l'accident à une défaillance des freins du camion américain.
Ces explications ne calment pas la colère des Afghans.
"Tout est de la faute des Américains", s'emporte Tahir Murad, qui dit avoir été témoin de l'accident et des émeutes. "Ce genre d'incident renforce l'animosité des gens à l'égard des Américains."
Les émeutes ont tourné à la manifestation de colère contre la présence des forces étrangères en Afghanistan. Les Etats-Unis ont été conspués, des "Morts à l'Amérique" ont été scandés tandis que des groupes de manifestants tentaient de s'approcher de l'ambassade des Etats-Unis.
Le président Hamid Karzaï a également été critiqué par la foule. L'état de grâce du président, porté au pouvoir après le renversement des taliban fin 2001 et élu fin 2004, appartient au passé. Ses détracteurs le présentent comme le "maire de Kaboul" pour railler son impuissance à imposer l'autorité du pouvoir central dans le reste du pays.
Mardi matin, deux blindés de l'armée afghane étaient en position sur le principal axe routier reliant le centre de Kaboul au lieu de l'accident de lundi. Des soldats et des véhicules blindés ont été déployés aux principaux carrefours de la ville, dont les rues ont repris leur agitation habituelle après une période de calme, les habitants ayant apparemment attendu d'observer l'évolution de la situation.
L'Isaf est étroitement associée à la coordination de ce déploiement, mais les soldats de cette force placée sous le commandement de l'Otan se sont fait moins visibles.
"Nous patrouillons, mais nous avons adopté un profil bas à la demande du gouvernement", explique le commandant Luke Knittig, un des porte-parole de l'Isaf.
Lexpress
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