mercredi, août 16, 2006

Israël, cavalier de l’Apocalypse...


Droit de réponse à « Israël, sentinelle de notre liberté » de Mischaël MODRIKAMEN paru dans la très mal nommée « Libre Belgique ».

On reconnaît la qualité d’un penseur à la qualité de sa dialectique et à l’usage qu’il fait des faits. Et force est de constater que monsieur Modrikamen use et abuse de la reductio ad hitlerum, la plus piètre des rhétoriques. On dénombre dans son texte prés de dix occurrences du terme « nazi », seul ou accompagné... Cette tactique polémique, plutôt triviale, vise à disqualifier, à exclure une personne, une organisation, un pays, du « champ politique », par la comparaison intempestive à un personnage répulsif du passé, tout en évitant un débat de fond avec ceux-ci. Ou sur ceux-ci. Et pourtant cette rhétorique est comme une mise en abyme, de la politique Israélienne de ces soixante dernières années.Comme un schème d’intelligibilité.

Voici un Etat qui bafoue toutes les lois internationales, car Israël est au dessus des lois, au point ou l’ONU n’a plus de raisons d’être aujourd’hui, et ce depuis bientôt cinquante ans ; qui qualifie tout ce qui lui résiste de terroriste en s’arrogeant le droit de vie et de mort à son encontre ; qui porte le terrorisme d’Etat à son paroxysme sous le regard bienveillant d’une « communauté internationale » fantomatique. Et qui se prétend aujourd’hui le bouclier et le modèle de la « civilisation occidentale » (sic), rien de moins. Mais là où monsieur Modrikamen dit juste c’est qu’aujourd’hui Israël fait effectivement le « sale travail », elle en a l’habitude voyez la Palestine, car ces obus sanctifiés par de rabbins israéliens produisent bien chaos et désolation en terre libanaise (meurtres de civils, destruction de l’infrastructure du pays, marée noire en méditerranée...). Ont-ils oublié ces rabbins, les propos du prophète Samuel sur ce roi tant attendu qui finira par leur manger la laine sur le dos... Ces « mains sales » cependant ne servent nullement à la défense d’une quelconque civilisation judéo-chrétienne (existe-t-elle seulement ?). Et très peu les intérêts d’Israël, qu’ils soient à moyen ou à long terme, cette guerre ne lui est en rien bénéfique. Sans parler des juifs de la diaspora, c’est-à-dire la majorité... Et si l’ennemi d’Israël est l’Iran, pourquoi Israël ne s’en prend-il pas à son ennemi directement ? Deux cents têtes nucléaires qui pointent sur Téhéran, n’est ce pas assez ? Ces « mains tachées de sang » sont plus prosaïquement l’instrument, « les petites mains » supplétives des volontés de puissance américaines au Proche-Orient, c’est-à-dire, tout à la fois « petit gendarme » et contremaître du « Nouveau Moyen-Orient » souhaité par les faucons de Washington . Ce « Nouveau Moyen-Orient » est le dernier avatar des aventures coloniales du XIXème siècle, un jeu de domino qui jusqu’ici a tourné au fiasco dans la région. Ainsi par « Israël a le droit de se défendre », il faut entendre « a le devoir de défendre son maître ». Tout cela est bien moins épique que la lutte à mort contre « l’axe du mal », la magie du verbe a aussi ses limites... Et son maître en a bien besoin, lui totalement empêtré en Irak. Car le conflit israélo-libanais est en même temps une diversion visant à faire oublier le fiasco irakien (l’inénarrable « guerre contre le terrorisme » des néo-conservateurs) et une guerre par procuration contre l’Iran et la Syrie, ce qui ne manquera pas, croit-on bizarrement à Washington, de retourner la situation en Irak. Mais à Washington on n’a pas fini de croire ! D’où l’obligation de résultat, de retour sur investissement, dans cette guerre au Liban, coûte que coûte et le permis de tuer octroyé, vaille que vaille, et le temps qui faudra, par le grand frère américain, qui décide de qui est dans « l’axe du bien » et qui ne l’est pas. Aussi quelle « disproportion » y a-t-il ? « Si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde en toi » disait Nietzsche. Car qui n’avance pas recule, même au bord du précipice, n’est-ce pas monsieur Modrikamen ?... Le malheur est qu’Israël partage avec son maître un rapport déréalisé au monde. Ainsi qualifier des mouvements de résistance d’ « islamistes » ou de « terroristes » pour pouvoir invoquer un vaste complot mondial et aussitôt sonner le tocsin pour la civilisation occidentale en attendant le prochain attentat est épuisant de sottise. Et cela fait près de cinq ans que cela dure. Les cerveaux aliénés et enfiévrés d’experts en tous genres sont trop aveuglés par leur propre aveuglement et l’arrogance qui va avec pour s’en apercevoir. Cette vision du monde n’a de cesse pourtant de renforcer continuellement ces mêmes forces de résistance, notamment en les agrégeant en un front du refus. Rien n’illustre mieux ce décalage face au réel que la stratégie de guerre technologique qu’Israël partage également avec son maître. Jusqu’ici avec les mêmes résultats désastreux ! D’où l’obligation d’opération terrestre et de ranger le « zéro mort » aux oubliettes, car « la réalité, c’est ce qui fait mal quand on éteint l’ordinateur. » Mais la folie d’Israël et de son maître, comme toute les folies, est communicative. On a vite fait de passer du statut de naufragé à celui de naufrageur. Ainsi depuis peu, un pays est en ligne de mire. La « communauté internationale » à la sensibilité à géométrie variable, comme on le sait, a fait son choix. Cela avait été l’Irak, il y a peu ; aujourd’hui c’est l’Iran. Car le pays le plus menacé aujourd’hui, ce n’est pas Israël, c’est l’Iran. Si les discours excessifs sont en Iran, les armes de destruction massive sont en Israël. Allez savoir pourquoi, à l’ONU, on préfère les discours. Brossons le contexte : des mouvements de troupes U.S aux frontières (Irak, Afghanistan...), des ogives nucléaires pointées sur son territoire et une des plus grandes réserves d’hydrocarbure de la planète... Un interdit pourtant : l’impossibilité de se munir tant en nucléaire civil qu’en nucléaire militaire, traité de non-prolifération oblige. En un mot, se résoudre à devenir une seconde Arabie Saoudite, chiite certes, mais docile, heureuse... et américaine, comme il se doit. L’Iran ne s’y résout pas ! On est au pays de Mossadegh... Mais l’Iran est un très gros morceaux, on y entre pas comme dans un moulin : gigantesque territoire, population importante (70 millions d’habitants) niveau culturel élevé (75% de personnes alphabétisées), influence sur ses coreligionnaires chiites de l’extérieur... Cela réclame des moyens importants, en infanterie notamment, puisque les guerres ne se gagnent plus par les cieux. Les Etats-Unis sont embourbés en Irak, Israël est très peu peuplée et très occupée... Aussi voit-on apparaître en Europe, ici et là, la rhétorique du « choc des civilisations » et toutes ces billevesées : Nous l’Occident etc. Il s’agit de préparer les opinions publiques, de chauffer les foules, bientôt il va y avoir du sport... Car ce discours de l’irréductibilité des cultures, insidieux, lancinant et dans toutes les têtes, ne nous y trompons pas, équivaut à répondre à cette si belle annonce, de la beauté de la mort : Cherchons désespérément un troisième cavaliers de l’Apocalypse, pour en finir... L’Europe est-elle prête pour une folie à trois ? Parce que, monsieur Modrikamen, sans nul doute, lui l’est...
Jamal Es samri
YABASTA

BASTA

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