Un Djihad* de l'armée israélienne ?
Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël... écrit Jonathan Cook.
Les extrémistes religieux sortent du rang
Les rabbins extrémistes et leurs adeptes, voulant à tout prix faire leur guerre sainte contre les Palestiniens, prennent furtivement le pouvoir dans l'armée israélienne, selon des critiques.
Dans le même temps, un historien militaire parle de la « théologisation » rapide de l'armée israélienne, il y a maintenant des unités entières composées de soldats combattants religieux dont beaucoup sont basés dans les colonies de Cisjordanie. Ils répondent à la ligne dure des rabbins qui appellent à la création d'un Grand Israël comprenant les territoires occupés palestiniens.
Leur influence dans la formation des objectifs et des méthodes de l'armée commence à se faire sentir, selon des observateurs, alors que de plus en plus de diplômés des écoles d'officier sortent de la population religieuse extrémiste. « Nous somme arrivés au point où un nombre décisif de soldats religieux essaient de négocier avec l'armée comment et à quelles fins la force armée doit être utilisée sur le champ de bataille » dit Yigal Levy, sociologue politique à l'Université Open, auteur de plusieurs livres sur l'armée israélienne.
Ce climat a été évident dans « la force excessive » employée lors de la récente opération de Gaza, indique le Dr Levy. Plus de 1 300 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, des milliers ont été blessés et des quartiers entiers de Gaza ont été rasés. « Quand des soldats, dont certains laïcs, sont imprégnés d'idées théologiques, cela les rend moins sensibles aux droits humains et à la souffrance de l'autre partie. »
Le rôle accru des groupes religieux extrémistes dans l'armée est apparu clairement la semaine dernière quand on apprit que le rabbinat de l'armée avait remis une brochure aux soldats qui se préparaient pour les 22 jours d'offensive contre Gaza.
Selon Yesh Din, groupe israélien de défense des droits de l'homme, le matériel contenait des messages « à la limite de l'incitation raciste contre le peuple palestinien » et pourrait avoir encouragé les soldats à ignorer le droit international. La brochure cite abondamment Shlomo Avinrer, un rabbin d'extrême droite qui dirige un séminaire religieux dans le quartier musulman de Jérusalem-Est. Pour lui, les Palestiniens sont les Philistins, l'ennemi biblique des Juifs. Il conseille : « Quand vous montrez de la clémence à l'égard d'un ennemi cruel, vous vous rendez cruels à l'égard des soldats purs et sincères... Il s'agit d'une guerre contre des assassins. » Il cite également l'interdiction biblique de « rendre un seul millimètre » du Grand Israël.
La brochure a été approuvée par le grand rabbin de l'armée, le général de brigade Avichai Ronsky, qui serait déterminé à grandir les « valeurs de combat » de l'armée après son échec à écraser le Hezbollah au Liban en 2006.
Le général Ronsky a été nommé il y a trois ans dans une démarche qui devait conduire, selon les médias israéliens, à calmer les éléments religieux de la ligne dure au sein de l'armée et de la communauté des colons. Le général Ronsky, lui-même colon de la communauté d'Itamar en Cisjordanie, près de Naplouse, est proche des groupes d'extrême droite. Selon certains articles, il rend régulièrement visite à des membres emprisonnés des groupes terroristes juifs ; il a offert sa maison à un colon qui a été mis en résidence surveillée pour avoir blessé des Palestiniens ; et il a introduit des officiers supérieurs auprès d'un petit groupe de colons extrémistes qui vivent au milieu des 150 000 Palestiniens d'Hébron. Il a encore radicalement réformé le rabbinat, fondé à l'origine pour proposer des services religieux aux soldats religieux et leur garantir la possibilité d'observer le sabbat et de manger casher dans les cantines de l'armée.
Au cours de l'année passée, le rabbinat a en réalité repris le rôle des corps d'éducation de l'armée par le biais du Département de la conscience juive, qui coordonne ses activités avec Elad, une organisation de colons active à Jérusalem-Est. En octobre, le quotidien Ha'aretz citait sans le nommer un officier supérieur qui accusait le rabbinat de faire subir aux troupes un « lavage de cerveau » religieux et politique. Selon le Dr Levy, le pouvoir du rabbinat de l'armée se renforce en même temps que gonflent les rangs des soldats religieux.
Le groupe Briser le Silence, projet conduit par des soldats qui veulent faire connaître le comportement de l'armée à l'égard des Palestiniens, a déclaré que la brochure remise aux soldats dans la bande de Gaza avait vu le jour chez les colons d'Hébron. « Le document y existait depuis au moins 2003 » dit Mikhael Manekin, 29 ans, l'un des dirigeants du groupe, et lui-même pratiquant religieux. « Mais ce qui est nouveau, c'est que l'armée se soit faite le sous-traitant de la promotion des opinions des colons extrémistes auprès de ses soldats. »
Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël, dit le Dr Levy. Et il souligne que les coopératives rurales, connues sous le nom de kibboutz et qui étaient jadis le lieu de vie des classes moyennes d'Israël et produisaient la majeure partie de ses corps d'officiers, étaient en régression depuis le début des années 1980. « Le vide laissé par leur retrait progressif de l'armée a été comblé par les jeunes religieux et les enfants des colonies. Ceux-ci dominent aujourd'hui dans de nombreuses branches de l'armée. » Selon les chiffres cités dans les médias israéliens, plus d'un tiers de tous les soldats combattants d'Israël sont des religieux, ainsi que plus de 40% des diplômés des écoles d'officier.
L'armée a encouragé cette tendance en créant des yeshivas hesder, séminaires dans lesquels les jeunes peuvent combiner les études bibliques avec le service militaire dans des unités religieuses séparées. Beaucoup des yeshivas sont basées en Cisjordanie où les étudiants sont formés par les rabbins extrémistes des colonies. Ehud Barak, ministre de la Défense, en a très vite étendu le programme l'été dernier, approuvant 4 yeshivas, dont 3 sont basées dans les colonies. 10 autres seraient en attente d'approbation.
Mr Manekin, cependant, a déconseillé d'imputer la responsabilité de la violence contre les civils à Gaza à la seule influence des extrémistes religieux.
« L'armée en Israël reste toujours dirigée par des élites laïques et elles ont toujours été négligentes à l'égard de la sécurité des civils quand elles font la guerre. Le nationalisme juif qui justifie les morts palestiniens est tout aussi dangereux que l'extrémisme religieux. » * (Pris par l'auteur au sens de "guerre sainte"
Les rabbins extrémistes et leurs adeptes, voulant à tout prix faire leur guerre sainte contre les Palestiniens, prennent furtivement le pouvoir dans l'armée israélienne, selon des critiques.
Dans le même temps, un historien militaire parle de la « théologisation » rapide de l'armée israélienne, il y a maintenant des unités entières composées de soldats combattants religieux dont beaucoup sont basés dans les colonies de Cisjordanie. Ils répondent à la ligne dure des rabbins qui appellent à la création d'un Grand Israël comprenant les territoires occupés palestiniens.
Leur influence dans la formation des objectifs et des méthodes de l'armée commence à se faire sentir, selon des observateurs, alors que de plus en plus de diplômés des écoles d'officier sortent de la population religieuse extrémiste. « Nous somme arrivés au point où un nombre décisif de soldats religieux essaient de négocier avec l'armée comment et à quelles fins la force armée doit être utilisée sur le champ de bataille » dit Yigal Levy, sociologue politique à l'Université Open, auteur de plusieurs livres sur l'armée israélienne.
Ce climat a été évident dans « la force excessive » employée lors de la récente opération de Gaza, indique le Dr Levy. Plus de 1 300 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, des milliers ont été blessés et des quartiers entiers de Gaza ont été rasés. « Quand des soldats, dont certains laïcs, sont imprégnés d'idées théologiques, cela les rend moins sensibles aux droits humains et à la souffrance de l'autre partie. »
Le rôle accru des groupes religieux extrémistes dans l'armée est apparu clairement la semaine dernière quand on apprit que le rabbinat de l'armée avait remis une brochure aux soldats qui se préparaient pour les 22 jours d'offensive contre Gaza.
Selon Yesh Din, groupe israélien de défense des droits de l'homme, le matériel contenait des messages « à la limite de l'incitation raciste contre le peuple palestinien » et pourrait avoir encouragé les soldats à ignorer le droit international. La brochure cite abondamment Shlomo Avinrer, un rabbin d'extrême droite qui dirige un séminaire religieux dans le quartier musulman de Jérusalem-Est. Pour lui, les Palestiniens sont les Philistins, l'ennemi biblique des Juifs. Il conseille : « Quand vous montrez de la clémence à l'égard d'un ennemi cruel, vous vous rendez cruels à l'égard des soldats purs et sincères... Il s'agit d'une guerre contre des assassins. » Il cite également l'interdiction biblique de « rendre un seul millimètre » du Grand Israël.
La brochure a été approuvée par le grand rabbin de l'armée, le général de brigade Avichai Ronsky, qui serait déterminé à grandir les « valeurs de combat » de l'armée après son échec à écraser le Hezbollah au Liban en 2006.
Le général Ronsky a été nommé il y a trois ans dans une démarche qui devait conduire, selon les médias israéliens, à calmer les éléments religieux de la ligne dure au sein de l'armée et de la communauté des colons. Le général Ronsky, lui-même colon de la communauté d'Itamar en Cisjordanie, près de Naplouse, est proche des groupes d'extrême droite. Selon certains articles, il rend régulièrement visite à des membres emprisonnés des groupes terroristes juifs ; il a offert sa maison à un colon qui a été mis en résidence surveillée pour avoir blessé des Palestiniens ; et il a introduit des officiers supérieurs auprès d'un petit groupe de colons extrémistes qui vivent au milieu des 150 000 Palestiniens d'Hébron. Il a encore radicalement réformé le rabbinat, fondé à l'origine pour proposer des services religieux aux soldats religieux et leur garantir la possibilité d'observer le sabbat et de manger casher dans les cantines de l'armée.
Au cours de l'année passée, le rabbinat a en réalité repris le rôle des corps d'éducation de l'armée par le biais du Département de la conscience juive, qui coordonne ses activités avec Elad, une organisation de colons active à Jérusalem-Est. En octobre, le quotidien Ha'aretz citait sans le nommer un officier supérieur qui accusait le rabbinat de faire subir aux troupes un « lavage de cerveau » religieux et politique. Selon le Dr Levy, le pouvoir du rabbinat de l'armée se renforce en même temps que gonflent les rangs des soldats religieux.
Le groupe Briser le Silence, projet conduit par des soldats qui veulent faire connaître le comportement de l'armée à l'égard des Palestiniens, a déclaré que la brochure remise aux soldats dans la bande de Gaza avait vu le jour chez les colons d'Hébron. « Le document y existait depuis au moins 2003 » dit Mikhael Manekin, 29 ans, l'un des dirigeants du groupe, et lui-même pratiquant religieux. « Mais ce qui est nouveau, c'est que l'armée se soit faite le sous-traitant de la promotion des opinions des colons extrémistes auprès de ses soldats. »
Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël, dit le Dr Levy. Et il souligne que les coopératives rurales, connues sous le nom de kibboutz et qui étaient jadis le lieu de vie des classes moyennes d'Israël et produisaient la majeure partie de ses corps d'officiers, étaient en régression depuis le début des années 1980. « Le vide laissé par leur retrait progressif de l'armée a été comblé par les jeunes religieux et les enfants des colonies. Ceux-ci dominent aujourd'hui dans de nombreuses branches de l'armée. » Selon les chiffres cités dans les médias israéliens, plus d'un tiers de tous les soldats combattants d'Israël sont des religieux, ainsi que plus de 40% des diplômés des écoles d'officier.
L'armée a encouragé cette tendance en créant des yeshivas hesder, séminaires dans lesquels les jeunes peuvent combiner les études bibliques avec le service militaire dans des unités religieuses séparées. Beaucoup des yeshivas sont basées en Cisjordanie où les étudiants sont formés par les rabbins extrémistes des colonies. Ehud Barak, ministre de la Défense, en a très vite étendu le programme l'été dernier, approuvant 4 yeshivas, dont 3 sont basées dans les colonies. 10 autres seraient en attente d'approbation.
Mr Manekin, cependant, a déconseillé d'imputer la responsabilité de la violence contre les civils à Gaza à la seule influence des extrémistes religieux.
« L'armée en Israël reste toujours dirigée par des élites laïques et elles ont toujours été négligentes à l'égard de la sécurité des civils quand elles font la guerre. Le nationalisme juif qui justifie les morts palestiniens est tout aussi dangereux que l'extrémisme religieux. » * (Pris par l'auteur au sens de "guerre sainte"
Nazareth, le 4 février 2009 - Counterpunch - (Image en-tête SIPA) - traduction : JPP
http://nul.20six.fr/nul/art/163164015/Une-Paix-sans-Justice
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