Briser la volonté de Gaza ? Un fantasme israélien...
Rassemblement organisé par le mouvement Hamas le 20 janvier 2009 à Gaza - Photo : Al-Zanon/MaanImages
Mon petit garçon de 3 ans, Sammy, est entré sans y être invité dans la pièce où j'étais, alors que je triais une nouvelle série de photos récentes de Gaza.
J'étais à la recherche d'une photo précise, une qui humaniserait les Palestiniens en les montrant dans leur vie de tous les jours, comme des êtres humains normaux, ni masqués ni mutilés. Mais c'était en vain.
Toutes les photos que j'avais reçues parlaient de la réalité qui est celle de Gaza aujourd'hui, de maisons, d'écoles et infrastructures civiles bombardées au delà de ce qui est descriptible. Tous les visages étaient des visages de personnes mortes ou mourantes.
J'ai marqué un temps d'arrêt en tombant sur une photo effroyable montrant les corps d'un jeune garçon et de sa soeur déposés sur un simple chariot à hôpital, attendant d'être identifiés puis enterrés. Leurs visages étaient noircis comme s'ils l'avaient été au charbon de bois et leurs yeux sans vie étaient encore agrandis par l'horreur qu'ils avaient éprouvée alors qu'ils étaient lentement brûlés par un obus au phosphore blanc.
C'était juste au moment où Sammy est entré dans la pièce où j'étais, cherchant partout un jouet manquant. « Qu'est-ce que c'est, papa ? » a-t-il voulu savoir.
Je me suis dépêché de cliquer sur cette terrifiante image, mais uniquement pour me retrouver face à une autre, non moins choquante. Fébrile, j'ai éteint l'écran, puis je me suis tourné vers mon fils alors qu'il restait perplexe. Ses yeux bougeaient avec curiosité tandis qu'il essayait de donner un sens à ce qu'il venait de voir.
Il avait besoin de savoir au sujet de ces enfants dont les petit corps avaient été brûlés au point de ne plus être reconnaissables.
« Où sont leurs mamans et papas ? Pourquoi sont-ils tous tellement brûlés ? »
Je lui ai expliqué qu'ils sont Palestiniens, qu'ils avaient été « un peu » blessés et que leurs « mamans et papas seront bientôt de retour ».
La réalité est que ces enfants, et des milliers d'autres comme eux dans la bande de Gaza, ont connu la douleur la plus profonde, une douleur que de toute notre vie nous ne pourrons jamais comprendre.
« Je pense que la bande de Gaza est maintenant utilisée comme laboratoire d'essai pour de nouvelles armes », a déclaré à Oslo Mads Gilbert, un médecin norvégien qui a quitté il y a peu de temps la bande de Gaza.
« Il s'agit d'une nouvelle génération de petits engins très puissants qui explosent avec une grande puissance, laquelle se dissipe ensuite dans une zone de cinq à 10 mètres. »
« Nous n'avons pas pu voir les blessures des victimes touchées directement par ces bombes, car elles sont anormalement mises en pièces et ne survivent pas, mais nous avons constaté un grand nombre de très graves amputations. »
Ces armes terribles sont connues sous le nom de DIME ( Dense Inert Metal Explosives), une sorte d'explosif expérimental, mais une arme seulement parmi la série des nouvelles armes qu'Israël a utilisées dans la bande de Gaza, la zone au monde la plus densément peuplée.
Israël ne pouvait trouver de meilleur endroit pour expérimenter les DIME ou l'utilisation du phosphore blanc que les zones d'habitations civiles dans la bande de Gaza.
Les habitants laissés sans secours dans le territoire ont été simplement niés. Le pouvoir des médias, les politiques de coercition, d'intimidation et de manipulation ont diabolisé cette nation emprisonnée et luttant pour sa vie dans les minuscules espaces qui représentent tout ce qui reste de leur terre.
Il n'est pas étonnant qu'Israël ait refusé de tolérer la présence de journalistes étrangers dans la petite enclave et ait bombardé sans aucune honte ce qui restait de présence internationale dans Gaza.
Aussi longtemps qu'il n'y aura pas de témoins des crimes de guerre commis dans la bande de Gaza, Israël est convaincu qu'il pourra continuer de vendre au reste du monde le même produit selon lequel il est comme toujours la victime, celui qui a été terrorisé et, assez étrangement, celui qui a été diabolisé.
Le Jerusalem Post a cité le 15 janvier dernier les propos de Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères.
« Livni a déclaré qu'il s'agissait de temps difficiles pour Israël, mais que le gouvernement avait été contraint d'agir dans la bande de Gaza en vue de protéger les citoyens israéliens. »
« Elle a ajouté que la bande de Gaza était gouvernée par un régime terroriste et qu'Israël devait dialoguer avec les modérés en même temps que lutter contre le terrorisme ».
Le même genre de message a été envoyé par le premier ministre israélien Ehud Olmert, alors qu'il annonçait le 17 Janvier le cessez-le-feu [israélien] unilatéral.
Aucune importance que le « régime terroriste » ait été démocratiquement élu et ait respecté un accord de cessez-le-feu avec Israël durant six mois, sans rien recevoir en retour si ce n'est un siège meurtrier ponctué de meurtres et destructions.
Livni n'est pas aussi perspicace et astucieuse que les médias américains l'imaginent. Ehud Barak avec ses propos si abrupts et Mark Regev avec sa face rigide ne sont pas vraiment convaincants dans le rôle de sains d'esprit. Leur logique est tordue et ne passerait pas le test de la santé mentale.
Mais ils ont un accès illimité aux médias, où ils ne sont jamais remis en cause par les journalistes qui savent bien que la protection de leurs concitoyens ne nécessite pas de violer les lois internationales et humanitaires, ni que l'on prenne pour cible les travailleurs médicaux, ni que des tireurs embusqués tirent sur des enfants et que soient démolies des maisons avec des familles entières piégées à l'intérieur. La sécurité de vos frontières ne nécessite pas d'emprisonner et de faire mourir de faim vos voisins et de transformer leurs maisons en tas de décombres fumants.
Olmert veut « briser la volonté » du Hamas, c'est-à-dire celle des Palestiniens, et ce depuis que le gouvernement du Hamas a été élu et soutenu par la majorité du peuple palestinien.
Soixante ans de souffrance et pour survivre ne sont-ils pas suffisants pour convaincre Olmert que la volonté des Palestiniens ne peut pas être brisée ? Combien de tas de décombres et de corps mutilés faudra-t-il encore pour convaincre le premier ministre [israélien] que les peuples qui luttent pour leur liberté seront soit libres soit seront prêts à mourir ?
Le politicien d'extrême extrême-droite Avigdor Lieberman, une étoile montante en Israël, n'est pas encore convaincu. Il estime que davantage peut être fait pour « sécuriser » son pays qui a été créé en 1948 sur les ruines des villes et villages palestiniens détruits. Il a un plan.
« Nous devons continuer à lutter contre le Hamas, comme les États-Unis l'on fait avec les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le chef parti Yisrael Beitenu de l'opposition ultra-nationaliste.
En lecteur sélectif de l'histoire, Lieberman ne peut que penser aux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Mais autre chose s'est passé durant ces années et que Lieberman a soigneusement omis. Cela s'appelle l'holocauste, un terme que nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser pour décrire les massacres israéliens dans la bande de Gaza.
Il est étrange que les idées les plus répandues en Israël imposent encore que « les Arabes ne comprennent que le langage de la force » Si cela était vrai, alors ils auraient concédé leurs droits après les premiers massacres en 1948. Mais après plus de 60 années saturées de massacres, anciens et nouveaux, ils continuent de résister.
« La liberté ou la mort » est un mot d'ordre palestinien populaire. Ce ne sont pas simplement des mots, mais une loi pour laquelle les Palestiniens vivent et meurent. Gaza en est la preuve et les dirigeants israéliens ont encore à le comprendre.
Mon fils a insisté. « Pourquoi les Palestiniens sont-ils tout le temps couverts de fumée, papa ?"
"Quand tu grandiras, tu comprendras."
J'étais à la recherche d'une photo précise, une qui humaniserait les Palestiniens en les montrant dans leur vie de tous les jours, comme des êtres humains normaux, ni masqués ni mutilés. Mais c'était en vain.
Toutes les photos que j'avais reçues parlaient de la réalité qui est celle de Gaza aujourd'hui, de maisons, d'écoles et infrastructures civiles bombardées au delà de ce qui est descriptible. Tous les visages étaient des visages de personnes mortes ou mourantes.
J'ai marqué un temps d'arrêt en tombant sur une photo effroyable montrant les corps d'un jeune garçon et de sa soeur déposés sur un simple chariot à hôpital, attendant d'être identifiés puis enterrés. Leurs visages étaient noircis comme s'ils l'avaient été au charbon de bois et leurs yeux sans vie étaient encore agrandis par l'horreur qu'ils avaient éprouvée alors qu'ils étaient lentement brûlés par un obus au phosphore blanc.
C'était juste au moment où Sammy est entré dans la pièce où j'étais, cherchant partout un jouet manquant. « Qu'est-ce que c'est, papa ? » a-t-il voulu savoir.
Je me suis dépêché de cliquer sur cette terrifiante image, mais uniquement pour me retrouver face à une autre, non moins choquante. Fébrile, j'ai éteint l'écran, puis je me suis tourné vers mon fils alors qu'il restait perplexe. Ses yeux bougeaient avec curiosité tandis qu'il essayait de donner un sens à ce qu'il venait de voir.
Il avait besoin de savoir au sujet de ces enfants dont les petit corps avaient été brûlés au point de ne plus être reconnaissables.
« Où sont leurs mamans et papas ? Pourquoi sont-ils tous tellement brûlés ? »
Je lui ai expliqué qu'ils sont Palestiniens, qu'ils avaient été « un peu » blessés et que leurs « mamans et papas seront bientôt de retour ».
La réalité est que ces enfants, et des milliers d'autres comme eux dans la bande de Gaza, ont connu la douleur la plus profonde, une douleur que de toute notre vie nous ne pourrons jamais comprendre.
« Je pense que la bande de Gaza est maintenant utilisée comme laboratoire d'essai pour de nouvelles armes », a déclaré à Oslo Mads Gilbert, un médecin norvégien qui a quitté il y a peu de temps la bande de Gaza.
« Il s'agit d'une nouvelle génération de petits engins très puissants qui explosent avec une grande puissance, laquelle se dissipe ensuite dans une zone de cinq à 10 mètres. »
« Nous n'avons pas pu voir les blessures des victimes touchées directement par ces bombes, car elles sont anormalement mises en pièces et ne survivent pas, mais nous avons constaté un grand nombre de très graves amputations. »
Ces armes terribles sont connues sous le nom de DIME ( Dense Inert Metal Explosives), une sorte d'explosif expérimental, mais une arme seulement parmi la série des nouvelles armes qu'Israël a utilisées dans la bande de Gaza, la zone au monde la plus densément peuplée.
Israël ne pouvait trouver de meilleur endroit pour expérimenter les DIME ou l'utilisation du phosphore blanc que les zones d'habitations civiles dans la bande de Gaza.
Les habitants laissés sans secours dans le territoire ont été simplement niés. Le pouvoir des médias, les politiques de coercition, d'intimidation et de manipulation ont diabolisé cette nation emprisonnée et luttant pour sa vie dans les minuscules espaces qui représentent tout ce qui reste de leur terre.
Il n'est pas étonnant qu'Israël ait refusé de tolérer la présence de journalistes étrangers dans la petite enclave et ait bombardé sans aucune honte ce qui restait de présence internationale dans Gaza.
Aussi longtemps qu'il n'y aura pas de témoins des crimes de guerre commis dans la bande de Gaza, Israël est convaincu qu'il pourra continuer de vendre au reste du monde le même produit selon lequel il est comme toujours la victime, celui qui a été terrorisé et, assez étrangement, celui qui a été diabolisé.
Le Jerusalem Post a cité le 15 janvier dernier les propos de Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères.
« Livni a déclaré qu'il s'agissait de temps difficiles pour Israël, mais que le gouvernement avait été contraint d'agir dans la bande de Gaza en vue de protéger les citoyens israéliens. »
« Elle a ajouté que la bande de Gaza était gouvernée par un régime terroriste et qu'Israël devait dialoguer avec les modérés en même temps que lutter contre le terrorisme ».
Le même genre de message a été envoyé par le premier ministre israélien Ehud Olmert, alors qu'il annonçait le 17 Janvier le cessez-le-feu [israélien] unilatéral.
Aucune importance que le « régime terroriste » ait été démocratiquement élu et ait respecté un accord de cessez-le-feu avec Israël durant six mois, sans rien recevoir en retour si ce n'est un siège meurtrier ponctué de meurtres et destructions.
Livni n'est pas aussi perspicace et astucieuse que les médias américains l'imaginent. Ehud Barak avec ses propos si abrupts et Mark Regev avec sa face rigide ne sont pas vraiment convaincants dans le rôle de sains d'esprit. Leur logique est tordue et ne passerait pas le test de la santé mentale.
Mais ils ont un accès illimité aux médias, où ils ne sont jamais remis en cause par les journalistes qui savent bien que la protection de leurs concitoyens ne nécessite pas de violer les lois internationales et humanitaires, ni que l'on prenne pour cible les travailleurs médicaux, ni que des tireurs embusqués tirent sur des enfants et que soient démolies des maisons avec des familles entières piégées à l'intérieur. La sécurité de vos frontières ne nécessite pas d'emprisonner et de faire mourir de faim vos voisins et de transformer leurs maisons en tas de décombres fumants.
Olmert veut « briser la volonté » du Hamas, c'est-à-dire celle des Palestiniens, et ce depuis que le gouvernement du Hamas a été élu et soutenu par la majorité du peuple palestinien.
Soixante ans de souffrance et pour survivre ne sont-ils pas suffisants pour convaincre Olmert que la volonté des Palestiniens ne peut pas être brisée ? Combien de tas de décombres et de corps mutilés faudra-t-il encore pour convaincre le premier ministre [israélien] que les peuples qui luttent pour leur liberté seront soit libres soit seront prêts à mourir ?
Le politicien d'extrême extrême-droite Avigdor Lieberman, une étoile montante en Israël, n'est pas encore convaincu. Il estime que davantage peut être fait pour « sécuriser » son pays qui a été créé en 1948 sur les ruines des villes et villages palestiniens détruits. Il a un plan.
« Nous devons continuer à lutter contre le Hamas, comme les États-Unis l'on fait avec les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le chef parti Yisrael Beitenu de l'opposition ultra-nationaliste.
En lecteur sélectif de l'histoire, Lieberman ne peut que penser aux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Mais autre chose s'est passé durant ces années et que Lieberman a soigneusement omis. Cela s'appelle l'holocauste, un terme que nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser pour décrire les massacres israéliens dans la bande de Gaza.
Il est étrange que les idées les plus répandues en Israël imposent encore que « les Arabes ne comprennent que le langage de la force » Si cela était vrai, alors ils auraient concédé leurs droits après les premiers massacres en 1948. Mais après plus de 60 années saturées de massacres, anciens et nouveaux, ils continuent de résister.
« La liberté ou la mort » est un mot d'ordre palestinien populaire. Ce ne sont pas simplement des mots, mais une loi pour laquelle les Palestiniens vivent et meurent. Gaza en est la preuve et les dirigeants israéliens ont encore à le comprendre.
Mon fils a insisté. « Pourquoi les Palestiniens sont-ils tout le temps couverts de fumée, papa ?"
"Quand tu grandiras, tu comprendras."
(*) Ramzy Baroud est l'auteur de "The Second palestinian Intifada : A Chronicle of a People's Struggle" et rédacteur en chef de "PalestineChronicle.com"
Ramzy Baroud / 29 janvier 2009 / Info-palestine
http://basta.20six.fr/basta/art/162224883/
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil