samedi, juin 20, 2009

Israël a-t-il réellement le droit d’exister ?

Flics et soldats israéliens en pleine action...
Suite au discours politique très attendu de Netaniyahou, politiciens et journalistes, comme des automates sans cervelle, se sont mis à seriner ce mantra israélien tant ressassé « que les Palestiniens devraient reconnaître le droit d’existence d’Israël ».
Alors que l’OLP et l’Autorité Palestinienne se sont pliées à cet appel grotesque non pas une fois, mais quatre. Et sans oublier qu’Israël a toujours dénié le droit d’existence de la Palestine, non seulement en tant que nation, mais en tant que personnes cherchant une vie digne dans leur propre patrie.
Qui s’intéresse au fait qu’Israël est le seul pays sur la planète à coltiner partout cette incessante exigence : que chacun reconnaisse son droit d’exister ! Etant donné que nous, Palestiniens, sommes ceux qui ont été dépossédés, occupés et opprimés, on pourrait s’attendre que nous soyons ceux qui posent une telle demande. Mais ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que notre droit d’exister en tant que nation va de soi. Nous sommes les autochtones de ce pays ! Nous savons que nous avons ce droit. Le monde le sait.
C’est pourquoi la Palestine n’a pas besoin qu’Israël ou tout autre pays reconnaisse son droit d’exister. Nous sommes les héritiers légitimes de ce pays et cela peut se vérifier juridiquement, historiquement, culturellement voir génétiquement. Et en tant que tels, la seule véritable légitimité qu’Israël aura jamais doit venir de nous, abdiquant notre héritage, notre histoire et notre culture en faveur d’Israël. C’est pour cela qu’Israël insiste pour que nous déclarions qu’il a le droit de s’emparer de tout ce que nous avons possédé un jour - depuis la maison et la propriété, les cimetières, les églises et les mosquées jusqu’à la culture, l’histoire et l’espoir.
Israël est un pays fondé par des Européens venant de Palestine et qui ont formé des bandes terroristes auteurs d’un nettoyage ethnique systématique des Palestiniens natifs chassés de leurs maisons, sur 78% de la Palestine Historique en 1948. Ces Palestiniens et leurs descendants dépérissent toujours dans des camps de réfugiés. Israël a tenté un scénario similaire en 1967 quand il a conquis le reste de la Palestine, mais là les Palestiniens n’ont pu être délogés aussi facilement de leurs maisons.
Cela reste vrai malgré les 40 années d’occupation militaire violente et opprimante par Israël de la Cisjordanie et de Gaza. Malgré les maisons détruites, les terres confisquées, les voraces colonies réservées aux seuls juifs, les interminables postes de contrôle, les assassinats ciblés, les écoles, hôpitaux, bâtiments municipaux et centres commerciaux bombardés, les barrières et les dénis ; malgré les abus massifs en termes de droits humains, l’emprisonnement et la torture d’hommes, de femmes aussi bien que d’enfants, la séparation de familles, les humiliations quotidiennes, malgré les assassinats massifs - les Palestiniens demeurent.
Nous résistons toujours. Nous vivons, nous aimons, nous avons toujours des bébés. Autant que nous le pouvons, nous reconstruisons ce qu’Israël détruit. Voilà des droits !
Les droits sont inhérents et justes en soi, comme le droit de vivre dans la dignité et d’être maître de sa propre destinée. C’est un droit humain que de ne pas être persécuté ni opprimé parce que le hasard vous a fait appartenir à telle religion et non à telle autre.
Que les Israéliens s’emparent de biens appartenant aux Palestiniens n’est pas un droit. C’est un vol.
Qu’Israël coupe la circulation des vivres, des médicaments et d’autres produits de base vers la Bande de Gaza, provoquant une malnutrition massive, un effondrement et une misère économique parce que les Palestiniens ont élu des dirigeants particuliers, ce n’est pas un droit. C’est un affront à l’humanité.
Qu’Israël fasse pleuvoir la mort tombant du ciel sur Gaza déjà exsangue et affamé, tuant plus de 3.000 êtres humains et mutilant des milliers d’autres en un seul mois, ce n’est pas un droit. C’est un crime de guerre.
Qu’Israël ait utilisé toutes les tactiques impérialistes pour soumettre, humilier, briser et chasser une nation entière, essentiellement des civils désarmés, en raison de leur religion, ce n’est pas un droit. C’est de l’obscénité morale.
Que tout juif d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Australie soit en droit d’avoir la double nationalité, une dans son pays d’origine et une en Israël, alors que les héritiers légitimes du pays végètent en réfugiés sans aucune nationalité où que ce soit, ce n’est pas un droit. C’est un outrage.
Je suis sûre que mes mots seront déformés pour laisser entendre que je plaide pour « pousser les Israéliens à la mer » ou autre revendication idiote. Alors permettez-moi d’être explicite : nous avons tous le droit d’exister, de vivre, d’être maîtres de notre propre destin. Nous avons tous le droit de ne pas être opprimés par les autres. De tels droits sont inhérents à toute personne vivant dans ce pays : juive, musulmane ou chrétienne.
Mais les Israéliens n’ont pas le droit de créer une démographie religieuse particulière en causant la mort des autochtones pour être un état juif (ou musulman ou chrétien), où les privilèges sont accordés à ceux qui sont d’une religion précise, aux dépens de ceux qui ne le sont pas, ce n’est pas un droit.
Une nation qui discrimine et opprime ceux qui n’appartiennent pas à un groupe religieux, racial ou ethnique particulier n’est pas une lumière parmi les nations. C’est une plaie. Et reconnaître un tel racisme comme un droit humain ou national va à l’encontre de toute la norme du droit international. Cela défie le sens commun, selon lequel la valeur d’un être humain ne devrait pas se mesurer à sa religion, pas plus qu’elle ne devrait se mesurer à la couleur de sa peau ou de la langue qu’il parle.

* Susan Abulhawa est l’auteur de « Les Matins de Jénine » (éditions Buchet-Chastel 2008), « Shattered Illusions » (2002) et « La Cicatrice de David » (2006) http://www.scarofdavid.com, et la fondatrice de l’ONG Playgrounds for Palestine, http://www.playgroundsforpalestine.org ligne-mediane
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19 Juin 2009 / Susan Abulhawa - Palestine Chronicle / Alterinfo
Journée mondiale des réfugiés : la feuille de route palestinienne de l’espoir
Lorsque Yasser Arafat était dans le bateau qui quittait Beyrouth l’été 1982, un journaliste lui a demandé où il allait : “En Palestine,” a répondu Arafat en souriant. Le journaliste l’a regardé sans comprendre ; Arafat prononçait les mots d’espoir cultivés par les Palestiniens pendant leur histoire tragique. Il n’est pas allé en Palestine pendant l’été 1982, mais il a fini par y revenir.
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