jeudi, août 17, 2006

Le Liban a encore besoin de résistance

Hussein Haj Hassan est l'un des quatorze députés du Hezbollah élus au printemps 2005 au parlement libanais. Il précise les positions du Parti de Dieu sur le désarmement et sa relation à Israël.

La résolution 1701 des Nations unies demande que le gouvernement libanais étende son autorité sur l'ensemble de son territoire et qu'aucune autre autorité que la sienne ne s'y exerce. Le Hezbollah est-il prêt à retirer ses combattants de la zone tampon qui va de la frontière libano-israélienne au fleuve Litani ?
-Il n'y a pas de relation entre le déploiement de l'armée et le retrait de la résistance. L'armée peut se déployer librement dans la région frontalière. Elle sera bien reçue. Elle ne rencontrera aucun obstacle. L'essentiel, c'est que la résistance soit présente dans la région et que l'armée puisse s'y déployer sans aucun inconvénient.

La résolution stipule que le Hezbollah doit désarmer...
-Nous discutons actuellement de cette question, et nous allons continuer à en discuter au sein du gouvernement. Il s'agit d'une question intérieure libanaise. Maintenant, j'aimerais juste poser une question. Pourquoi parle-t-on toujours de désarmer la résistance ? On ferait mieux de penser à comment défendre notre pays qui a toujours été agressé par Israël.

Vos combattants pourraient-ils être intégrés dans l'armée libanaise ?
-C'est une possibilité dont on doit discuter.

Des ministres de la majorité parlementaire vous demandent avec insistance d'abandonner votre arsenal. Qu'allez-vous faire ?
-C'est leur opinion, et ils peuvent penser ce qu'ils veulent, mais ils devraient être un peu moraux. Les fermes de Chebaa sont toujours occupées, les prisonniers ne sont pas revenus, nous n'avons pas les cartes des mines dans le sud. Il y a aussi l'armée israélienne qui est toujours sur le terrain, et les combattants résistent encore. Et ils posent la question du désarmement ! Vous croyez que c'est moral ? Est-ce que lorsque le gouvernement de Vichy était à Paris, on parlait de désarmer la résistance française ?

Quelle confiance accordez-vous à la Force intérimaire des Nations unies (Finul) au Liban ?
-Nous nous fions aux actes. Pendant des années, la Finul n'a rien pu faire et n'a même pas pu défendre ses propres soldats tués au Liban. Nous espérons une Finul renforcée qui puisse arrêter les agressions israéliennes. Mais il faut qu'elle soit active. J'entends par-là qu'elle défende le Liban, pas Israël, et qu'elle ne fasse rien avec Israël.

Pensez-vous que les hostilités soient réellement finies ?
-Je l'espère. Mais si les Israéliens recommencent à tuer nos civils, nous répliquerons.

Comment allez-vous financer l'aide que vous avez promise aux déplacés ?
-Ne vous en faites pas. Nous avons tous les moyens nécessaires. Nous sommes bien aimés par notre population, et nous avons beaucoup d'amis. L'Iran, si vous voulez, entre autres, mais si la France veut aussi nous aider un peu, pourquoi pas ?

Que pensez-vous du rôle de la France pendant ce conflit ?
-La France a mal commencé, et elle a fini moyen. Au début, elle était avec les Israéliens, et, après, elle s'est rendue compte que ce qu'ils faisaient était atroce. Plus largement, je pense qu'il n'existe rien, aujourd'hui, que l'on puisse qualifier de «politique de la France dans le monde arabe». Où est la politique française en Palestine, en Arabie Saoudite, en Egypte, en Irak, en Algérie ou au Maroc ?
Depuis plusieurs semaines, au Liban, nous voyons beaucoup votre ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. Il va, il vient. Mais il n'a pas de politique. Il ne peut rien faire sans les Américains, et les Américains ne donnent rien. Ni aux Français ni aux autres. J'aimerais que la France redevienne ce qu'elle était avant, un pays de premier plan.

QUOTIDIEN : Jeudi 17 août 2006
Liberation

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