dimanche, avril 29, 2007

Mettez fin à l’occupation, maintenant !


Mairead Corrigan Maguire
Pris Nobel de la Paix, Mairead Corrigan Maguire a participé à la Conférence internationale sur la résistance non violente à Bil’in. Elle y a été blessée par les forces d’occupation israéliennes. Elle témoigne.
publié le dimanche 29 avril 2007 France-Palestine

Le 20 avril 2007, mon amie Ann Patterson et moi avons rejoint le Comité Populaire de Bilin, un groupe de pacifistes palestiniens (basé à l’extérieur de Ramallah) pour participer à leur manifestation non violente et marcher jusqu’au Mur d’Apartheid.
Nous avons été rejoints par des pacifistes israéliens et environ 200 activistes venant de plus de 20 pays dont la France, les Etats-Unis, Puerto Rico, l’Espagne, la Suisse, l’Irlande, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Iralie, la Nouvelle Zélande, le Canada et l’Inde.
Avant la manifestation pacifique, j’avais participé à une conférence de presse avec le Ministre palestinien de l’Information, Mustafa Barghouti.
Le Ministre Barghouti s’est réjoui des manifestations non violentes organisées par la population de Bilin et de la résistance non-violente de nombreuses personnes dans toute la Cisjordanie.
Il a déclaré que le mouvement de résistance non violente à Bilin était un modèle et un exemple pour tous. Il a appelé à un arrêt de la construction du Mur et au respect des droits des Palestiniens conformément au droit international.
J’ai soutenu son appel et j’ai remercié la population de Bilin. J’ai offert mon soutien à la résistance non-violente au Mur puisqu’il viole le droit international et entre autres la décision de la Cour Internationale de Justice à La Haye.
J’ai également appelé à une fin de l’occupation en Palestine qui commémorera ses 40 ans en juin, et à une complète reconnaissance du gouvernement palestinien par la communauté internationale, ainsi qu’à une restitution des droits économiques et politiques à ce peuple.
Le Dr Barghouti et moi avons appelé à la libération du journaliste de la BBC, Alan Johnston. J’ai également appelé à la protection des journalistes dans le monde entier, dont la capacité à relater la vérité est piétinée quotidiennement
Pendant la conférence, des véhicules de l’armée israélienne ont franchi la principale porte pour entrer sur le territoire palestinien. Des soldats israéliens l’ont également franchie. Ils ont cerné les journalistes et nous ont avertis que si nous ne partions pas, ils attaqueraient dans les cinq minutes.
Le Dr. Barghouti et moi avons condamné cette menace comme étant un abus de la liberté de la presse, de la liberté de parole et du droit des peuples à protester pacifiquement.
Pendant la conférence de presse, un activiste de San Paulo est monté jusqu’en haut de la tour de surveillance et y a déposé un drapeau palestinien. Il avait prévu d’y rester 2 jours.
Donc, nous sommes revenus au village et nous avons joint la manifestation pacifique. Nous avons descendu la route en direction du Mur. Plusieurs centaines de personnes ont participé à la marche. Des Palestiniens et des Palestiniennes menaient la marche. Les jeunes Palestiniens sont souvent arrêtés et frappés lors de ces manifestations hebdomadaires.
J’ai marché avec mon interprète palestinien qui m’a expliqué que sa maison était de l’autre côté du Mur. Ses 6 hectares de terre ont été confisqués par les autorités israéliennes et ses oliviers vieux de 400 ans ont été déracinés, emmenés à Jérusalem et plantés dans une nouvelle colonie israélienne.
Alors que nous étions à mi-chemin, les soldats israéliens ont commencé à tirer sur nous un gaz mystérieux et des balles en plastique. Plus tard, ils ont utilisé des canons à eau. Nous n’avions aucune arme. C’était un rassemblement pacifique et non-violent.
Cette violente attaque contre des civils par les soldats israéliens était totalement non provoquée.
Les soldats ont bloqué la partie supérieure de la route, empêchant ainsi le Dr. Barghouti et certains Palestiniens de rejoindre le gros de la manifestation. Puis, ils nous ont arrosés de gaz lacrymogène.

Alors que j’aidais une Française, j’ai été touché à la jambe par une balle de caoutchouc. Le soldat israélien m’a tiré dessus depuis une distance de 20 mètres. Cela est illégal parce que ces armes mortelles, selon la loi de l’armée israélienne, ne doivent pas être utilisées à cette distance.
Deux jeunes femmes, une Américaine et une Néo-Zélandaise, m’ont aidée à aller jusqu’à une ambulance.
Une mère palestinienne était transportée sur une civière vers une autre ambulance. Elle avait été touchée dans le dos par une balle de caoutchouc.
J’ai vu un homme dont le visage était couvert de sang, il avait perdu connaissance en raison du gaz lacrymogène. Environ 20 personnes ont été blessées.
Après, Ann et moi sommes retournées dans la manifestation tandis que les gens étaient toujours attaqués violemment par des balles de caoutchouc et du gaz neurotoxique. Cette fois, je me suis évanouie. Mon nez saignait terriblement et j’ai encore été transportée jusqu’à une ambulance où j’ai été soignée.
Le personnel médical nous a conseillés de retourner à la manifestation, donc nous ont été obligés de quitter nos amis qui essayaient toujours héroïquement de s’approcher du Mur.
Sur la route à l’extérieur du village, nous avons vu deux enfants palestiniens qui jouaient dans leur jardin, inconscients en raison du gaz neurotoxique que le vent avait porté jusqu’à leur maison.
Le gaz imprègne leurs vêtements, leurs poumons et leurs vies, et la question que l’on peut se poser, c’est : Dans quel état de santé seront-ils dans quelques années ?
C’est non seulement un abus des droits de l’homme et du droit international mais c’est une question sanitaire et environnementale. Nous avons tous été traumatisés par l’attaque israélienne.
Avec le gaz dans l’air, je me suis souvenue des paroles d’un médecin palestinien, que disait : "Après 40 ans d’occupation, l’ensemble du peuple palestinien est traumatisé. Il est temps que la Communauté internationale agisse et mette fin à cette souffrance et à cette injustice."
Je suis d’accord. Ca suffit !
Il est temps d’agir pour forcer le gouvernement israélien à entrer dans des discussions sans conditions pour mettre fin à cette tragédie pour ces Palestiniens bons et gentils.
Mettez fin à l’occupation, MAINTENANT !
A Bil’in chaque semaine, les manifestations anti coloniales contre le mur d’annexion sont réprimées avec violence par les soldats d’occupation

Lors de la manifestation hebdomadaire à Bil’in le 25 avril, les troupes d’occupation ont encore tiré et blessés les manifestants pacifiques :
"Trois manifestants ont été blessé, dont un pacifiste français et un citoyen a été arrêté, hier, pendant la manifestation hebdomadaire de Bil’in contre le mur de séparation construit illégalement qui dévore les terres du village de Bil’in en Cisjordanie.
Selon des sources locales, la manifestation a démarré après midi, et les participants ont exprimé leur refus du mur de séparation illégal et d’expansion coloniale, installé sur les terres des citoyens palestiniens .
Un grand nombre des participants ont levé des bannières et des drapeaux palestiniens, en assurant leur refus de la continuation de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Les participants -des citoyens palestiniens, des pacifistes israéliens et internationaux- ont défilé dans les rues du village jusqu’à leur arrivée au mur de séparation, où les soldats israéliens leur ont interdit le passage.
Comme d’habitude, les forces israéliennes ont ouvert le feu contre les participants, en utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, ce qui a provoqué des heurts entre les forces israéliennes et les participants qui ont juré la continuation de leur lutte jusqu’à la défaite de l’occupation.
En conséquence, trois participants ont été blessé, dont un pacifiste français et un citoyen a été arrêté. [1]

[1] voir IPC http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp ?name=19058
29.4.07 22:38

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