lundi, avril 09, 2007

Revue de la presse russe du 9 avril

MOSCOU, RIA Novosti

LISTE NOIRE / 09/ 04/ 2007 / http://fr.rian.ru/
Gazeta.Ru
La Russie impliquée dans l'escalade de la crise iranienne
Dimanche, Téhéran a décidé d'envenimer un peu plus les relations avec la Russie et l'Occident en menaçant de produire lui-même du combustible nucléaire, indépendamment de la réalisation ou non du projet de Bouchehr. Les autorités iraniennes ont également laissé entendre que la centrale nucléaire de Bouchehr, dont la construction serait, selon elles, freinée par Moscou, pourrait être totalement gelée.
Cette démarche de l'Iran fait écho aux pressions exercées par Moscou qui exige d'accélérer le financement de la construction de la centrale. A la mi-janvier l'Iran avait, d'après les atomistes russes, gelé ce financement. A la fin du mois de mars, Atomstroïeksport (maître d'oeuvre du chantier de la centrale) avait déclaré que Téhéran avait réglé une petite partie de la somme due. Le 3 avril, le directeur de Rosatom (Agence fédérale russe de l'énergie atomique), Sergueï Kirienko, avait tenu des propos optimistes, selon lesquels il espérait "un retour prochain de l'Iran au calendrier du financement" de la centrale de Bouchehr. D'après lui, durant le premier trimestre de 2007, la Russie a reçu de l'Iran 15 millions de dollars, dont 10 à la fin du mois de mars.
Le danger d'une violation des ententes passées avec les Iraniens a incité la partie russe à entreprendre des actions résolues. Une délégation de spécialistes d'Atomstroïeksport s'envolera dès aujourd'hui de Moscou à destination de Téhéran.
Le dialogue promet d'être très tendu. Pour les observateurs, deux possibilités seulement s'offrent à la Russie: soit faire des concessions à l'Iran et accepter des arrérages (versés au moment de la réception définitive de l'ouvrage à Bouchehr), soit exiger des règlements dans les délais impartis.
La dernière version est lourde de désagréments ultérieurs pour les deux parties. La Russie pourrait perdre de l'argent investi à Bouchehr tandis que l'Iran serait soumis à une pression beaucoup plus forte de la part de l'Occident sous prétexte de la volonté de Téhéran de rendre son programme nucléaire le plus opaque possible. Dans ce cas les Iraniens risqueraient de se priver du soutien de la Russie, y compris au Conseil de sécurité où Moscou dispose du droit de veto.
La centrale nucléaire de Bouchehr avait été mise en chantier en 1975 par l'Allemagne et les travaux avaient été placés sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). En 1995, la Russie et l'Iran avaient signé un contrat concernant l'achèvement de la construction du premier réacteur de la centrale. Le montant du marché est estimé à plus d'un milliard de dollars.

Vedomosti
Le gaz et la haine
Le dialogue énergétique mondial devient de plus en plus politisé et agressif. Un forum des pays exportateurs de gaz se tiendra aujourd'hui à Doha, capitale du Qatar. Les déclarations sur la création éventuelle d'une OPEP du gaz, organisation regroupant les grands exportateurs de gaz, ont déjà rendu l'Occident nerveux.
L'idée n'est pas nouvelle, mais la Russie n'y avait jamais manifesté un grand intérêt. Les officiels continuent à nier la possibilité de participer à un cartel. Le ministre de l'Industrie et de l'Energie Viktor Khristenko l'a répété à la veille de la conférence. Mais il est significatif que la délégation russe soit cette année pour la première fois imposante: aussi bien Viktor Khristenko que le président du directoire de Gazprom Alexeï Miller seront présents à Doha.
Le Congrès américain a déjà parlé "d'extorsion et de racket", les journaux occidentaux abondent en prévisions alarmantes. Les experts rassurent le public occidental en affirmant que l'influence de l'OPEP du gaz sera bien moins importante que celle de l'OPEP, tout d'abord parce qu'il n'existe pas de marché global du gaz. A la différence du pétrole, le gaz est transporté, pour l'essentiel, par tubes: les producteurs et les consommateurs dépendent beaucoup les uns des autres et le gaz extrait est habituellement déjà acquis par les acheteurs aux termes des contrats. Dans le secteur du gaz, le prix dépend non pas de l'offre et de la demande de combustible bleu, mais du prix courant du pétrole fixé à la bourse.
Tout cela est vrai, mais le rôle du gaz dans la consommation mondiale d'énergie ne cesse de s'accroître: de 1974 à 2005, sa consommation a doublé, atteignant 90.000 milliards de m3, et son accroissement vertigineux se poursuit. La technologie de production de gaz liquéfié (GNL) qu'on peut transporter comme le pétrole se développe également: d'après les prévisions du CERA, vers 2020, la part du GNL dans l'exportation mondiale du gaz atteindra 17%.
Un autre fait apparaît important: l'OPEP du gaz n'est en rien obligée de fonctionner absolument comme sa cousine pétrolière. Les pays exportateurs de gaz ne doivent pas obligatoirement s'entendre sur la réduction ou l'accroissement de l'extraction, élevant ou baissant ainsi les prix. On peut en revanche s'entendre sur autre chose: par exemple, partager les marchés d'écoulement ou concerter le niveau de l'élévation des prix lors de la conclusion de contrats à long terme. Le marché du gaz n'existe pas? C'est très bien comme cela: par conséquent, les mesures administratives prises pour influer sur les prix peuvent s'avérer efficaces.
Cependant, en ce qui concerne la Russie, compte tenu de l'absence d'accroissement de l'extraction à Gazprom et de l'augmentation de la consommation à l'intérieur du pays, il est moins important de s'allier aux producteurs qu'être en bons termes avec les consommateurs. Pour s'assurer des possibilités d'exportation, la Russie doit investir dans l'extraction et la production de gaz liquéfié. Par conséquent, elle ne peut se passer des pays consommateurs qui sont les principaux investisseurs dans le secteur énergétique mondial.

Nezavissimaïa Gazeta
L'Europe prie Poutine de rester
Le site officiel du Kremlin a fait part mardi soir dernier d'un entretien téléphonique qui venait d'avoir lieu entre Vladimir Poutine et son "ami" Romano Prodi. Mercredi matin, le consortium composé des compagnies italiennes Eni et Enel déboursait 5,83 milliards de dollars pour acheter plusieurs actifs de Ioukos. Un marché qui ne profite pas seulement aux Italiens, car la plupart de ces actifs seront revendus à Gazprom.
L'époque où les pays occidentaux critiquaient l'Etat russe pour avoir démantelé l'empire de Mikhaïl Khodorkovski est révolue. Aux enchères de mars dernier portant sur la vente de plusieurs actifs de Ioukos, la compagnie publique Rosneft a fait équipe avec TNK-BP. Avant les enchères, comme le veut la vieille tradition russe, les dirigeants du pétrolier russo-britannique ont été reçus au Kremlin. A présent, c'est le premier ministre italien qui passe un coup de fil. Lors d'un entretien informel, à la question de savoir si des leaders européens évoquaient avec Vladimir Poutine l'éventualité d'un troisième mandat consécutif, un haut fonctionnaire de la présidence russe a avoué: "Evoquer, ce n'est pas le mot. Ils le prient même de rester".
"Nous devrions éviter de nous soucier de la démocratie russe plus que le font les Russes eux-mêmes", a déclaré le parlementaire américain Tom Lantos, et ses propos semblent résumer les raisonnements d'une bonne partie de la classe politique occidentale. Or, les Russes défendent leur démocratie d'une manière quelque peu inhabituelle: ils créent deux partis pro-Kremlin pour les mettre aux prises, et les quelques cicatrices reçues dans cette terrible guerre de positions sont médiatisées, tels des témoignages du triomphe de la démocratie. Si certains éléments viennent perturber le tableau général, car les "mécontents" sont peu convaincants, tous les Occidentaux ne sont pas prêts à les dénoncer.
En octobre 2005, quand le sherpa russe pour le G8, Igor Chouvalov, avait pour la première fois proposé d'échanger des actifs, son initiative s'était heurtée à une levée de boucliers. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Qu'ils soient éprouvés par l'expérience amère de Sakhaline-2 ou simplement conscients que l'ours russe est prêt à offrir une bonne partie de ses ressources en échange d'actifs en aval, les leaders occidentaux et les patrons des grandes compagnies commencent à jouer activement selon les règles du jeu établies par Vladimir Poutine. La démocratie russe est certes loin de la norme classique, mais cela ne semble préoccuper personne. Un nouveau jeu commence. Certains dirigeants jouent cartes sur table, d'autres, en redoutant l'opinion publique et les médias libres de leurs pays, préfèrent éviter des déclarations retentissantes.
Or, il serait naïf de croire que la légitimité des élections parlementaires et présidentielles à venir en Russie dépende, aux yeux des leaders occidentaux, de l'accès équitable à la télévision ou du nombre de fraudes constatées dans les bureaux de vote. La question de savoir si le successeur respectera les ententes conclues par Vladimir Poutine inquiète nos collègues pragmatiques plus que la démocratie russe quelle qu'en soit la définition exacte.

Vremia novosteï
La gauche russe délaisse la société civile au profit d'un Etat fort
Six mois avant les élections législatives, les hommes politiques essaient de trouver des appâts idéologiques pour s'attirer les faveurs de l'électeur russe. Les sociologues observent la mise en place de ces tentatives dans la société russe.
Leonti Byzov, chef du service analytique du VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique): "Les tendances de gauche se sont accrues depuis la fin des années 1990 et cette dernière année. La part des citoyens qui s'orientent vers la gauche a augmenté de 3 à 4%, dépassant les 40%.
Notre idée de la gauche est tournée non pas vers la société civile, comme c'est le cas en Occident, mais vers un Etat fort capable de mettre de l'ordre. Les gens estiment que seul un Etat fort - un régime politique fort capable d'instaurer la justice sociale - est en mesure de matérialiser cette idée.
L'orientation vers "l'ordre et la justice" caractérise pratiquement tous les groupes, y compris ceux qui ont voté jadis pour les partis de droite. On peut dire que c'est aujourd'hui l'orientation principale de la Russie politique.
La démarcation nette entre la droite et la gauche propre aux années 90 s'est estompée. Les gens ont cessé de considérer les partis comme porteurs de telles ou telles idées, les débats idéologiques semblent vides de sens. Les gens ne voient pas de leaders capables de faire quoi que ce soit, et, sans leader, le parti n'est plus qu'un ensemble de slogans".
Entre-temps, les libéraux de droite fondent leur espoir sur la "vieille garde". Un "tournant à gauche" dans la tactique du SPS (Union des forces de droite) pourrait entraîner des changements au sein de sa direction, a déclaré dimanche une source proche du parti. "Des discussions à ce sujet ont lieu dans le parti", a-t-il dit.
Selon lui, les libéraux du parti ont l'intention de corriger l'orientation à gauche, c'est pourquoi il est prévu de faire revenir dans la vie politique active l'ex-leader du SPS Boris Nemtsov. "Certains membres du parti estiment qu'il est temps de s'attirer la vielle garde qui pourra persuader les entrepreneurs et notre électorat de l'absence de glissement à gauche", explique-t-il.
Boris Nemtsov affirme que sa décision de reprendre le travail dans le parti peut être expliquée par la "perte d'identité du SPS". "En ce moment, le parti est réellement menacé de perte de son identité dans l'espace politique", estime l'ex-leader.
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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