lundi, avril 10, 2006

La paix!


On oppose souvent ces deux termes « guerre » et « paix », mais nous le savons, la paix n’est ni l’antidote à la guerre, ni sa solution. Elle est une qualité particulière de la vie caractérisée par de la confiance, de l’harmonie, de la compassion envers soi et envers les autres. Faire la paix, être en paix me semble être la résultante d’une démarche personnelle, c'est à dire d'un travail d’éveil, de conscientisation et d'archéologie intime, ce que j’appelle un travail sur soi.

Nous le savons l’homme a toujours été un prédateur; un prédateur pour sa survie, unprédateur pour la conquête de son territoire, un prédateur pour imposer l’impérialisme de ses idées ou de ses croyances. Il est devenu aujourd'hui un redoutable prédateur non seulement pour l'ensemble du vivant de cette planète, mais surtout pour lui-même Car les violences les plus terrifiantes qu’il peut imposer, sont parfois celles qu’il va s’infliger à lui-même au présent et semer pour l’avenir de sa descendance.

La paix dans le monde ne peut résulter du seul équilibre des rapports de force, de la négociation ou des alliances entre les états. La paix dans le monde ne peut s’installer de façon durable qu’à partir d’un apaisement intérieur, aboutissant à la paix en soi.

Et la paix en soi ne relève pas du seul développement harmonieux d’un individu, ni de la réponse satisfaisante à ses besoins vitaux, maisde deux grands facteurs qui me semblent aujourd’hui sous estimés dans l'éducation familiale et scolaire) :

la satisfaction des besoins relationnels primaires.
l’ancrage de certaines valeurs posées comme des balises (points de repères fixes) pour permettre à tout enfant, à tout être humain de se relier aux autres dans une réciprocité, une mutualité qui n’aliène ni son autonomie, ni ses ressources, ni celles de l'autre.
Je vois la paix comme uneminuscule graine reçue en cadeau par chacun dans les premiers moments de la vie, dont la maturation supposera des soins, de l’attention, de la rigueur dans l’éducation, dans l’accompagnement d’un enfant.

Je vois la paix comme un ancrage central, liée à une reconnaissance essentielle, celle que la parcelle de vie que nous avons reçue en dépôt au moment de notre conception, fait partie du Tout primordial et qu’elle nous relie ainsi à la totalité de la présence du vivant.
Les fondements les plus archaïques, les plus profonds, les plus vitaux de la paix sur notre planète, sont la nécessité non seulement de maintenir vivante, la vivance de la vie, mais de l’agrandir, de l’embellir, de lui donner tout l’espace qu’elle mérite aux fins de la prolonger ainsi, bien au-delà de l’existence de chacun, dans un futurplus apaisé.

En ce sens, on pourrait dire que la recherche de la paix serait une des missions les plus essentielles qui incomberait à chaque être humain, pour donner un sens à son passage sur la terre. L’humanité, jusqu’ici n’a pas suivi cette voie, la voie de la paix qui consiste à protéger le vivant, sous toutes ses manifestations, des déviances du vivant.

Quelques individus, quelques sages, quelques prophètes se sont aventurés sur cette voie; quelques mouvements aussi, se sont mobilisés avec des modalités souvent réactionnelles, pour sensibiliser à la nécessité de la paix et pour lutter contre la violence, la guerre, la destruction.
Il y a eu souvent ce mouvement de balancier, de restauration nécessaire, mais qui ne devrait pas nous faire oublier qu’un seul jour de guerre laisse plus detraces et plus de dégâts dans un paysage, dans le cœur, le corps et l’esprit d’une nation, d’un individu, que cent jours de paix.
Il ne suffit pas de ne plus vouloir la guerre, aujourd’hui il faut rechercher et défendre la paix, il faut même être plus exigeant, il faut vouloir implanter les bases d’une éducation, d’un enseignement universel à la paix, qui puisse toucher chaque enfant, chaque être en devenir.
Nous sommes aujourd’hui, plus que jamais dans l’histoire de l’humanité, des êtres planétaires concernés, touchés, associés à tout ce qui surgit, à tout ce qui se passe en chacun des points de cette planète. La Terre nous a accueilli, il y a quelques millions d’années, elle nous a permis de grandir et aussi de l’exploiter, de la maltraiter, de la violenter avec des moyens et des efforts qui nesont plus aujourd’hui simplement manuels ou ponctuels, circonstanciels ou aléatoires pour répondre à notre survie, mais avec des outils technologiques d'une efficacité redoutable, avec des impacts qui sont devenus excessifs, durables et parfois irrémédiables.

Aujourd’hui, sommes-nous vraiment des êtres responsables quand nous acceptons de laisser en dépôt, en héritage au fond des océans, dans la couche d’ozone, dans des grottes ou des bunkers, de quoi polluer, de quoi assassiner la vie de nos arrières petits enfants et d'une foultitude d'espèces végétales et animales, qui disparaissent chaque année ?
Oui, je suis pour faire la paix avec chacune des parcelles de vie qui m’habite !

Oui, je suis pour une éducation à la paix (pour une éducation qui pourrait être) enseignée à l’école comme une matière à part entière, (mais qui pourrait faire aussi l'objet d'une transmission, d'un approfondissement tout au long de la vie.)

(Oui je me sens partie prenante pour m'engager à ne plus maltraiter la vivance de la vie. La vie, ce miracle permanent dont nous sommes chacun porteur à tout instant)

par Jacques Salomé – psychosociologue et écrivain
Posté par littlesun à:

Souffledevent

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