jeudi, avril 20, 2006

Un ancien policier relance l'affaire Ben Barka


PARIS (Reuters) - La police française savait qu'une équipe préparait le rapt de l'opposant marocain Mehdi ben Barka, enlevé en plein coeur de Paris le 29 octobre 1965, affirme l'ex-commissaire Lucien Aimé-Blanc.

Dans un livre intitulé "l'indic et le commissaire", l'ex-chef de la répression du banditisme estime que les services français ne sont pas intervenus pour empêcher cet enlèvement, "soit par négligence coupable, soit sur ordre".
A l'époque, les autorités françaises avaient démenti que le contre-espionnage ou la police aient été au courant de l'opération, menée par une équipe de truands français et de personnages troubles.
Lucien Aimé-Blanc, qui a pris sa retraite il y a quelques années, explique avoir retrouvé des transcriptions d'écoutes téléphoniques qui ne laissent aucun doute sur les intentions des personnes surveillées.
"A la lecture de ces 40 feuillets, j'ai été stupéfait de constater que c'était le point de ralliement de toute la bande identifiée comme étant les ravisseurs de Ben Barka", raconte-t-il dans Libération daté du 20 avril.
"Ils apparaissent tous sur ces écoutes, le chef d'escale d'Air France à Orly et indic du SDECE (ancienne DGSE, les services secrets, ndlr) Antoine Lopez, comme les truands Bouchesseiche, Figon, Palisse", ajoute l'ex-commissaire.
Pour Lucien Aimé-Blanc, il transparaît de ces conversations, enregistrées tout le mois précédant la disparition de Ben Barka, "que ces individus liés à un général marocain projettent l'enlèvement d'un homme qui doit arriver à Orly".
CONDAMNE PAR CONTUMACE
Le général évoqué s'est avéré être Mohamed Oufkir, qui était alors ministre de l'Intérieur du roi Hassan II.
"Il est donc clair que la brigade centrale de recherche criminelle", qui surveillait un hôtel de passe "sans avoir de compétence sur Paris, était au courant de ce projet", ajoute-t-il.
Ces rapports d'écoutes remontaient généralement jusqu'à la Sûreté nationale française, qui les avait autorisés, puis au cabinet du ministre de l'Intérieur, alors Roger Frey, ainsi qu'à Matignon, selon Lucien Aimé-Blanc.
Les extraits publiés cette semaine par le magazine L'Express rapportent, jour pour jour, les manoeuvres des assassins pour entraîner le fondateur de l'Union nationale des forces populaires (UNFP) à la célèbre brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris.
Cette affaire, symbolique de la répression des opposants au régime d'Hassan II, a longtemps terni les relations franco-marocaines. Le corps de Medhi ben Barka n'a jamais été retrouvé.
L'enquête judiciaire avait mené rapidement à des hommes politiques français, des policiers et des truands et fait apparaître que le général Oufkir, Ahmed Dlimi, directeur de la sûreté nationale marocaine, et un certain Chtouki, chef des brigades spéciales marocaines, se trouvaient à Paris au moment du rapt.
Lors du second procès tenu en France en 1967, Ahmed Dlimi et les protagonistes français ont été acquittés, à l'exception de deux comparses, condamnés à huit et six ans de prison.
De son côté, le général Oufkir a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité, ce qui provoquera le gel des relations franco-marocaines pendant deux ans.
La justice française enquête toujours, le dossier ayant connu, selon les parties civiles, une évolution favorable depuis la mort de Hassan II en juillet 1999.
© Reuters 2006
jeu. avr. 20, 2006 4:08 CEST

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