dimanche, août 06, 2006

La ville martyre

Comment peut-on qualifier ces actes barbares sur des enfants, des femmes, des vieillards, des handicapés ? Comment peut-on assassiner impunément des civiles innocents ? Au nom de quel droit israël s’arroge le droit de massacrer à grande échelle tout un peuple ? Pourquoi ce silence des organisation internationales ? Pourquoi cette fuite en avant des dirigeants arabes qui sont calfeutrés dans leurs bureaux et qui n’osent même pas condamner ces tueries ?

L’Etat terroriste d’Israël n’est pas à son premier forfait. Quand il subit des revers sanglants, il se venge sur une population démunie en faisant fi des conventions internationales tout en narguant le monde. Tous ses crimes sont passés en silence et même les télévisions de l’Occident n’ont pas montré les images des corps mutilés des enfants, alors qu’il suffit qu’une roquette s’abatte sur ville de l’Etat sioniste pour en faire l’ouverture de leurs journaux télévisés.

ACTE I
Le premier massacre de Kana a eu lieu entre le 11 avril et le 27 avril 1996, lorsqu’Israël a lancé une campagne de bombardement appelée «opération raisins de la colère» contre des cibles situées sur le territoire libanais. Le but de cette opération était de détruire ou de fragiliser le Hezbollah qui menait une guérilla anti-israélienne dans le Liban-Sud, alors occupé par Tsahal.Le 18 avril, au cours de cette opération, un bombardement de l’armée israélienne tue 102 civils réfugiés dans un camp de Casques bleus situé près du village de Kana au Liban-Sud.Le bombardement a commencé aux alentours de 14 heures et duré un peu moins de 20 minutes. Israël a attribué le bombardement à une erreur de tir. Le gouvernement israélien a noté que des miliciens du Hezbollah se trouvaient dans le camp tout en précisant que ce fait n’est pas à l’origine du bombardement (à noter que l’ONU a confirmé cette déclaration tout en spécifiant que ces miliciens étaient désarmés et ont pu entrer avant comme après le bombardement). Les premiers témoignages ont indiqué qu’un drône israélien survolait le camp, tandis que 2 hélicoptères survolaient les entourages. Le gouvernement israélien a démenti alors la présence d’aéronefs dans le secteur.Quelques jours plus tard, un enregistrement vidéo amateur filmé par un Casque bleu fidjien montre qu’un drône se trouvait bien au-dessus du camp. Le film contredit les déclarations initiales du gouvernement israélien et le plonge dans l’embarras. Israël affirme alors que le champ de vision du drône était réduit et ne permettait pas de voir ce qui se passait dans le camp et que les premières déclarations officielles avaient eu lieu hâtivement alors que l’enquête interne de l’armée n’était pas achevée.Le rapport de l’ONU, très critique pour Israël, a suggéré que le bombardement a été perpétré en connaissance de cause. Sa rédaction a fait l’objet de pressions contradictoires afin de l’édulcorer ou d’en faire un élément à charge. La version rendue publique du rapport adopte un style «technique», c’est-à-dire limité aux faits avec peu d’analyses. Une des conclusions de la commission d’enquête de l’ONU a affirmé que «bien que la possibilité d’une erreur de tir ne peut être complètement écartée, le relevé des impacts rend improbable l’éventualité d’un bombardement dû à une erreur technique et/ou de procédure».Quelques semaines après les faits, un accord est signé entre le Hezbollah et Israël avec la participation de la France, des Etats-Unis d’Amérique, de la Syrie et du gouvernement libanais. Cet accord stipule que les deux parties doivent s’abstenir d’attaquer les civils.

ACTE II
Un raid aérien conduit par l’armée israélienne sur la ville de Kana s’est produit dans la nuit du 30 juillet 2006 au cours des affrontements entre le Tsahal et le Hezbollah au Liban-Sud. L’effondrement d’un bâtiment a fait 28 morts, dont 16 enfants (selon un premier bilan, la police libanaise avait annoncé plus de 62 morts civils dont 42 enfants dont une quinzaine de handicapés physiques ou mentaux). Certains parlent de massacre et établissent un parallèle avec les circonstances de la mort de civils au cours du bombardement de Kana de 1996, où une centaine de civils avaient trouvé la mort.

Contexte du drame
L’événement survient après plusieurs semaines d’affrontements entre le Tsahal et le Hezbollah, dans le contexte d’un nouveau conflit qui frappe le Liban et le Nord d’Israël. Le gouvernement israélien et certains médias accusent le Hezbollah d’utiliser la population civile comme des boucliers humains.Pendant deux semaines, Israël a prévenu les populations d’évacuer les régions qui servent de bases de tir de roquettes et de missiles vers le territoire israélien. Dan Gillerman, ambassadeur israélien aux Etats-Unis d’Amérique, a déclaré qu’«Israël a répété aux habitants de Kana qu’ils devaient partir et qu’il ne serait pas surprenant que le Hezbollah les ait fait rester», mais les routes qui relient Kana aux villages voisins étaient impraticables ou très dangereuses, étant soumises au pilonnage quotidien de l’artillerie israélienne.Le drame de Kana intervient après deux semaines de bombardements israéliens qui, d’après l’AFP, auraient fait au moins 548 victimes au Liban, dont 465 civils.

Déroulement des faitsIsraël considère la ville de Kana comme un site de tir du Hezbollah. L’armée a donc décidé de bombarder Kana entraînant ainsi le pilonnage de la ville pendant plus de deux heures. Ce bombardement a détruit des dizaines de bâtiments dont un immeuble de 3 étages qui, d’après l’armée israélienne, était une base de lancement de missiles Katioucha. Ce bombardement a provoqué la mort de 28 des 63 habitants de l’immeuble bombardé. On compte 16 enfants et plusieurs femmes parmi les victimes (selon les secouristes libanais). 20 personnes bloquées sous les ruines d’un abri en sont retirées.

Responsabilités du drame
Le bombardement a entraîné de nombreuses protestations, ainsi que l’annulation de la visite de Condoleezza Rice à Beyrouth qui de source officielle libanaise, «n’est plus la bienvenue au Liban, tant qu’un cessez-le-feu n’aura pas été conclu». Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a exclu tout dialogue après le massacre et a indiqué qu’une enquête internationale doit avoir lieu sur le massacre. A Beyrouth, des milliers de Libanais ont manifesté, certains sont entrés dans le quartier général de l’ONU à Beyrouth, en cassant les vitres.D’après le gouvernement israélien, le nombre important de victimes civiles est imputable au Hezbollah qui se servirait de la population comme «bouclier humain». Les habitants ont affirmé qu’il n’existait aucun membre du Hezbollah à Kana et contestent, avec le ministre de la Défense libanais et Human Rights Watch, l’existence de quelque batterie de katioucha que ce soit dans le village. Selon des sources israéliennes également, l’immeuble en question aurait non seulement pu servir de cache pour des installations de lancement de missiles mais se serait effondré près de 7 heures après les bombardements. Un survivant infirme cette version des faits en affirmant que l’immeuble qui était bombardé à 1 heure du matin a subi 2 raids de la part de l’armée israélienne et un correspondant d’El-Djazira dit que l’immeuble s’est effondré tout de suite, les corps n’ayant pu être retirés que 7 heures après le bombardement à cause des bombardements intenses.Le chef d’état-major de l’armée de l’air israélienne, le général Amir Eshel, a, cependant, fait remarquer dans une conférence de presse à Tel-Aviv, dimanche soir, qu’il n’y avait pas forcément de rapport de cause à effet entre le raid de Tsahal sur Kana et l’écroulement d’un immeuble du village. L’officier a laissé entendre que des armes entreposées par le Hezbollah dans l’édifice ont pu exploser quelques heures après le bombardement et provoquer alors l’effondrement du bâtiment. Un média de l’extrême droite libanaise non lié au gouvernement israélien, Libanoscopie, rejoint l’idée d’une manipulation orchestrée par le Hezbollah pour utiliser le symbole de Kana et empêcher toute négociation israélo-libanaise.Une investigation ordonnée par l’ONU est en cours et doit rendre ses conclusions.

Crime de guerre ?
Louise Arbour, haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme, demande une enquête indépendante pour déterminer s’il s’agit d’un crime de guerre. Une des difficultés est qu’aucun des belligérants n’a signé la Convention instituant la Cour pénale internationale et il n’y a donc aucune juridiction internationale qui pourrait se déclarer compétente. Par ailleurs, en matière de protection des civiles en temps de guerre, la convention de Genève insiste sur la nécessité du strict respect de cette convention. Mais il faut reconnaître que l’hystérie sioniste veut, par n’importe quel moyen, tuer le maximum de civils sans pour autant respecter les différentes conventions internationales. On se demande alors qui va arrêter ces tueries ?

Historiquement, la codification du traitement réservé aux civils en temps de guerre constitue aussi une troisième étape dans la constitution du droit de Genève. On a voulu tenir compte des leçons de la Seconde Guerre mondiale et d’une évolution des conflits armés, dont les principales victimes sont, toujours plus, les civils.Cette Convention est un compromis entre les impératifs militaires de sécurité (pour l’occupant) et les droits fondamentaux des civils (subissant l’occupation). C’est donc un minimum réaliste, intangible, qui s’applique «quelles que soient les circonstances».
Ce consensus des Etats remonte à 1949 et tient compte des leçons de la Seconde Guerre mondiale.Avec cette Convention, les civils sont clairement protégés de tout acte hostile :n Ils ne peuvent être pris en otage pour, par exemple, servir de boucliers humains ;n Toutes les mesures de représailles visant les civils ou leurs biens sont strictement interdites ; n Les punitions collectives sont strictement interdites ; n L’armée, qui occupe un territoire où vivent des civils, doit assurer leur protection, n’a pas le droit de les déporter et d’implanter des colons civils dans le territoire concerné. Cette Convention est très détaillée et précise parmi toutes ses dispositions, la violation de certaines qui constituent un «infraction grave» correspond à un crime de guerre.
Ces violations sont : «L’homicide intentionnel, la torture ou les traitements inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé, la déportation ou le transfert illégaux, la détention illégale, le fait de contraindre une personne protégée à servir dans les forces armées de la puissance ennemie, ou celui de la priver de son droit d’être jugée régulièrement et impartialement selon les prescriptions de la présente Convention, la prise d’otages, la destruction et l’appropriation de biens non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire».

Mohamed El-Ouahed
lanouvellerepublique.com


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