samedi, août 05, 2006

L’Etat hébreu élargit le champ de ses raids au Liban

Une quarantaine de civils ont été tués vendredi. Au moins vingt-six d’entre eux dans un bombardement près de la frontière syrienne. Un autre raid a tué une dizaine de personnes à Taïbé, dans la partie centrale de la zone frontalière entre le Liban et Israël. En retour, le Hezbollah a tiré trois missiles à quelque 80 km de la frontière vendredi soir.

Au 24e jour d’un conflit qui ne donne aucun signe de répit, l'armée israélienne a mis à exécution ses menaces d'étendre les bombardements. Ses attaques aériennes ont tué une quarantaine de civils au moins.
En début de soirée vendredi, un raid israélien a ainsi tué sept civils à Taïbé, dans la partie centrale de la zone frontalière entre le Liban et Israël. De violents combats opposent l'armée israélienne et le Hezbollah pour le contrôle de cette ville. Selon les forces de sécurité libanaises, les frappes auraient également détruit plusieurs maisons et 57 personnes seraient encore prisonnières des décombres.
26 ouvriers syriens sont morts
Dans l’après-midi, l’aviation israélienne a tué au moins vingt-six personnes en bombardant l'enceinte du bâtiment des douanes libanaises de Qaa, un village de l'est du Liban, à proximité de la frontière syrienne. Les morts sont en majorité des ouvriers syriens mais le bilan pourrait s'alourdir, selon les secours.
Plus tôt dans la journée, l’aviation avait mené une trentaine de raids, dont certains particulièrement violents, contre le fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Les quartiers de Roueiss et Haret-Hreik ont également été visés. Au préalable, la population avait été appelée à fuir par des tracts largués par les avions israéliens. Par ailleurs, les chasseurs-bombardiers ont franchi le mur du son à basse altitude au dessus de la capitale libaniase, semant la panique parmi la population.
Bombardement des ponts essentiels à l’acheminement de l’aide humanitaire
L’armée israélienne s’attaque aussi aux infrastructures. Une centrale électrique qui alimente le sud de la vallée de la Bekaa, dans l'est du Liban, et une grande partie du sud du pays, a été visée. Immédiatement, le courant a été coupé dans ces régions.
L'aviation a également bombardé quatre ponts, dont le pont dit du «Casino du Liban», l'un des plus importants ouvrages sur la voie rapide littorale, qui relie Beyrouth au nord du Liban. Une destruction qui a stoppé net un convoi de huit camions transportant 150 tonnes de vivres et de matériel destinées aux quelque 900.000 Libanais déplacés par la guerre.
Cinq personnes, dont quatre civils, ont trouvé la mort dans ce raid. La Commission européenne a immédiatement exprimé ses «regrets» puisque la destruction de ces ponts entrave de manière importante la circulation en direction de la frontière syrienne.
Menaces de Nasrallah
Jeudi soir, dans une déclaration télévisée, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait menacé de frapper Tel-Aviv si la capitale libanaise était bombardée. Il avait aussi affirmé que son mouvement arrêterait de tirer des roquettes sur le nord d'Israël si l’Etat hébreu arrêtait de «bombarder nos villages».
Un haut responsable militaire israélien non identifié, cité par la télévision publique, avait répliqué en affirmant qu'Israël anéantirait toutes les infrastructures du Liban si Tel-Aviv était touchée par une attaque. Jeudi soir, l’armée israélienne avait en outre reçu l'ordre du ministre de la Défense de se tenir prête pour une éventuelle prise de contrôle du Liban-Sud, jusqu'au fleuve Litani, situé à une vingtaine de kilomètres de la frontière israélienne.
Tirs de roquettes à 80 km de la frontière vendredi soir
Plusieurs roquettes se sont abattues vendredi soir sur Hadera et aux alentours. Située à 80 km de la frontière et à 40 km au nord de Tel-Aviv, il s’agit de la localité israélienne la plus lointaine atteinte jusqu’ici par le Hezbollah. Pour le moment, aucune victime n’est à déplorer.
Selon la télévision arabe al-Arabiya, cinq soldats ont été tués dans des accrochages avec des combattants du Hezbollah au Liban-Sud vendredi, tandis que Tsahal ne reconnaît que deux pertes. Environ 10.000 soldats israéliens opèrent actuellement dans la région avec pour objectif d'instaurer une zone de sécurité de 6 à 8 km au nord de la frontière israélienne et de neutraliser les secteurs à partir desquels sont tirées les roquettes de courte portée du Hezbollah. Vendredi, huit engins sont tombés sur le nord de l’Etat hébreu, tuant ainsi quatre Israéliens.
La résolution, une «question de jours»
La journée de jeudi a été sanglante pour Israël, avec la mort de huit civils, tués par des roquettes, dans le nord de l’Etat hébreu, et celle de quatre soldats dans les combats au Liban-Sud. En 24 jours de conflit, 41 militaires israéliens ont été tués. Côté libanais, 900 personnes sont mortes depuis le début de l’offensive et des milliers d’autres ont été blessées.
Les Etats-Unis ont affirmé être persuadés qu'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur le Liban était une question de «jours» et ont demandé à leurs diplomates de travailler tout le week-end si aucun accord n'était trouvé vendredi. Mais les dirigeants israéliens affirmaient en début de semaine avoir besoin d’encore plusieurs jours pour atteindre leur objectif, le ministre de la Justice, Haïm Ramon, évoquant les alentours du 12 août pour la fin de l'offensive. Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a affirmé sa volonté de voir se déployer une force internationale «solide» de 15.000 hommes dans le sud du Liban, avant un cessez-le-feu.
De leur côté, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe ont décidé de tenir une réunion extraordinaire lundi à Beyrouth afin de soutenir le Liban.

lefigaro.fr
Publié le 05 août 2006

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