lundi, septembre 18, 2006

Le désordre pour démocratiser



Coup sur coup, deux ouvrages traitant de la confrontation des Etats-Unis au Proche-Orient et ses réelles visées expansionnistes afin de mieux dominer cette région immensément riche en pétrole, matière stratégique vitale de premier ordre, viennent de paraître en Amérique.
Dans l’«Alliance contre Babylone, les USA, Israël et l’Irak», écrit par un brillant journaliste et correspondant d’ABC News, John K. Cooley, l’auteur s’insurge non seulement contre l’erreur stratégique ruineuse commise parson pays, mais révèle que l’occupation de la Mésopotamie a été dictée avant tout par des considérations religieuses et historiques datant de l’Antiquité. Il fait remarquer, au passage, que l’attaque de l’Irak et son occupation ont été ainsi décidées par les Israélo-conservateurs républicains bien avant le 11 Septembre 2001. Il s’agissait de venger les Juifs des mauvais traitements infligés de la part du monarque Nabuchodonosor entre 604 et 562 avant J.C.
Ce sont de pareils contes et légendes parfois rapportés dans la Torah qui ne cessent de guider, mais en mal, la droite évangéliste et fascisante américaine.C’est ainsi que Tel-Aviv est parvenue sans aucuns frais, sans tirer aucune balle —mais grâce à la contribution directe humainement et financièrement ruineuse de son suzerain Bush secondé par Blair— à foutre une terrifiante pagaille dans le pays du Tigre et de l’Euphrate. Alors que sous Saddam Hussein, avant son injuste et dramatiqueoccupation du Koweït, l’Irak était considéré à juste titre, comme l’Etat arabe le plus évolué dans la plupart des domaines, y compris dans celui de l’armement sophistiqué, ce dont Israël prenait ombrage, particulièrement eu égard à sa sécurité. Et maintenant «qu’une tête pleine mais forcenée est tombée», les sionistes lorgnent fort du côté de l’Iran de Ahmadinjad !

Le second livre «Never quit the fight» (Ne jamais abandonner le combat) est paru le 10 juillet 2006.Son auteur, le Colonel Ralph Peters, ancien spécialiste des renseignements et auteur de plusieurs écrits en matière de stratégie parus dans la revue militaire «Armed Forces Journal», traite, entre autres, de la feuille de route conçue par les faucons républicains en collaboration avec les ultra-sionistes pour un «nouveau Proche-Orient» délimité.
Ce projet stratégique US est l’œuvre d’un petit groupe néo-conservateur comprenant Horman Podhoretz, RichardPerle et l’Israélien Nathan Sharansky.Globalement rejetés par la majorité du monde arabo-musulman, ces «fondements de l’avenir» sont présentés aussi sous d’autres terminologies comme «Le Moyen-Orient élargi», le «Grand Moyen-Orient» ou «Partenariat pour l’avenir».
But recherché par le brain-trust guerrier américano-israélien : remodeler toute cette région du monde, selon leur propre vision mercantile, par un partage confessionnel dominé essentiellement par les chiites et les sunnites. Ceux-ci sont appelés à se mesurer, un jour, les uns contre les autres grâce ou à cause de leurs bombes nucléaires respectives, celles détenues déjà par le Pakistan, suite à un financement arabe provenant des pétrodollars et celles en préparation avancée de la part de l’Iran dont rien ne semble bloquer la marche allègre vers la maîtrise de l’atome à des fins pacifiques et militaires inavouées.
Ainsi, d’après les desiderata des ultra-conservateurs, de nouveauxEtats sont appelés à disparaître, à être redéfinis ou à être partagés, alors que d’autres doivent naître, fusionner ou s’agrandir.Cette nouvelle carte en gestation du monde arabo-musulman, faisant, toutefois, exception du Maghreb jusqu’à l’Egypte, est échafaudée «méthodiquement» pour aboutir à un partage confessionnel et ethnique. Ralph Peter «ne voit de salut pour le Proche-Orient qu’à travers sa désintégration en plusieurs Etats : sunnite, chiite et kurde.Pensant trouver un remède à la violence, il propose l’établissement d’un Etat islamique constitué de la Mecque et Médine, qui ressemblerait au Vatican et à qui reviendrait la gestion des mouvements et des écoles religieuses à travers le monde.Voici certaines des propositions relatives au découpage du Proche-Orient :
– Regrouper les trois plus grandes régions sunnites irakiennes dans un seul Etat libre de s’unir à la Syrie.
– Défaire la Syrie de son littoralpour l’intégrer à «l’Etat du Grand Liban», redonnant ainsi vie à l’Etat phénicien.
– Faire du sud de l’Irak chiite le noyau dur d’un Etat chiite arabe qui s’étendrait à l’est du Royaume saoudien.
– Créer un Etat kurde indépendant, le Kurdistan, qui s’étendrait de Dierbakir à Tabriz (incluant le Kurdistan irakien, des parties de la Syrie, de la Turquie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan), et dans lequel Peters voit l’Etat le plus favorable à l’Occident, de la Bulgarie au Japon».
Ce projet, qui reste dans son ensemble assez flou et tout en théorie, ne cesse de s’avérer inapplicable sauf par l’usage des baïonnettes, à l’instar du Sud Soudan, riche en pétrole. Ses populations chrétiennes en armes menées, des dizaines d’années durant, par le leader charismatique John Garang (tué dans un accident d’avion) et soutenues par le Pentagone, sont parvenues à faire, finalement, une sécession légalementpromise d’ici cinq ans après un référendum de pure forme.Il s’agit, avant tout, de tirer des prétextes afin de tenter d’éliminer toutes les résistances armées arabes en commençant par le Hamas et le Hezbollah.Toutefois, celui-ci s’est avéré être un os sur lequel Tsahal, le bras armé de Washington, s’est brisé les dents.Quel gâchis !
Voici ce que note à ce propos Mohamed Al-Sayed, un politologue égyptien : «Sous prétexte de démocratie, ce projet (le démantèlement du Moyen-Orient) est une sorte de néocolonialisme qui consiste à détruire puis à rebâtir des Etats pro-américains.Comment, à travers tous ces massacres, peut-on créer une région démocratique ?».Et Chaïma Abdelhamid, analyste, d’avancer de son côté : «Effectivement, toutes les destructions en Palestine, en Afghanistan, en Irak ou encore au Liban ne sont pour les Américains qu’un moyen d’appliquer leur théorie du chaos qui vise, selon les Américains, à créer un désordre pourdémocratiser».
Heureusement que les Taliban en Afghanistan ont repris du poil de la bête, que les Djihadistes au pays du Tigre et de l’Euphrate en font voir de toutes les couleurs à l’alliance du mal et les pertes anglo-américaines, après trois ans d’occupation, totalisent, selon des sources crédibles, près de dix mille tués auxquels il faut ajouter autant de déserteurs, dont cinq mille ayant fui au Canada.Une véritable catastrophe !
Quant au coup de tonnerre provoqué par la résistance héroïque des milices du Parti de Dieu, trente-trois jours durant, ce fut un véritable volcan ! N’ont-ils pas su et pu repousser les avancées, au Liban Sud, des faux-invincibles guerriers de Tsahal et cela, malgré les multiples féroces bombardements tous azimuts. Une victoire libanaise, morale aussi, est arrivée à temps. Elle est destinée à renvoyer, dare-dare, les maîtres penseurs de la droite orthodoxe américano-sioniste à leurs études pourplancher longuement sur leur très mauvaise copie.
M’Hamed BEN YOUSSEF
http://watchingamerica.com/tunishebdo000051.shtml
http://20six.fr/basta/art/1327593

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