8 MARS : Journée de la femme... En prison : des femmes oubliées
Le 8 mars est la journée internationale de la femme, qui a vocation à créer des changements, tant dans les faits que dans les mentalités. Le thème retenu cette année est "le temps des femmes". Au carrefour entre ce thème du temps et les problématiques associées à la place des femmes dans la société, la prison retient naturellement l’attention.
Le plus souvent, au croisement entre les femmes et la prison on pense aux "femmes de parloir". Ces femmes, qui, au fil du temps, parcourent la France pour aller visiter un fils, un mari, un compagnon.
Des femmes qui tentent de défier le temps en entretenant une relation avec un proche incarcéré.
Mais il y a une minorité souvent oubliée, celle des femmes elles-mêmes incarcérées.
Au 1er juillet 2006, 2232 femmes étaient en prison ; à la même date 59181 hommes étaient incarcérés (source : chiffres-clés de la Justice, octobre 2006).
Les femmes sont nettement moins souvent auteurs d’actes délictueux ou criminels.
Leur rôle au sein de la famille, et pas seulement en tant que mère, n’est évidemment pas étranger à ce constat.
Naturellement, ce rôle des femmes dans la société pourrait être de nature à inciter les magistrats à prononcer des sanctions moins lourdes. Si des sanctions moins lourdes sont parfois prononcées, c’est sans doute une façon de prendre en compte leur plus grande fragilité (notamment sociale). Même si en France la pauvreté est à peu près également répartie entre les femmes et les hommes, elle est plus concentrée sur les femmes dès lors que l’on dépasse nos frontières et la proportion de femmes étrangères incarcérées est élevée.
Or, la pauvreté est facteur aggravant de la délinquance et de la criminalité.
Ceci dit, lorsque les femmes sont nettement reconnues comme auteurs directs d’une infraction, et non pas comme complices, les sanctions prononcées sont équivalentes à celles prononcées pour les hommes, voire plus sévères.
Quoi qu’il en soit, une fois en prison, les femmes connaissent des conditions d’incarcération souvent plus difficiles que les hommes.
Tout d’abord, et au-delà de toute considération liée à la parité qui n’aurait ici aucun sens, l’incarcération n’est pas nécessairement perçue de la même façon par les hommes et par les femmes.
Il y a sans doute des altérités concernant notamment la perception de sa propre identité et le respect de l’intimité.
Ensuite, et de façon plus pragmatique, le faible nombre de femmes dans la plupart des établissements conduit à une quasi absence d’activités, qu’il s’agisse du travail, de la formation, du sport ou des activités culturelles.
Par exemple, à la MA de Limoges, il y a 10 places dans le quartier réservé aux femmes. Il ne s’agit pas de procéder à un regroupement dans quelques établissements car cela rendrait encore plus difficile le maintien des liens familiaux, amicaux et plus généralement sociaux. Il s’agit de créer les conditions pour que, -y compris lorsque l’effectif est très réduit-l’offre des différentes activités soit identique pour les femmes et pour les hommes.
En outre, se pose bien évidemment, dans certains cas, la question de la maternité.
Il semble d’un autre temps que des femmes puissent accoucher alors qu’elles sont incarcérées. Il semble également d’un autre temps que des nourrissons, durant les premiers mois de leur vie, aient comme environnement quotidien la prison. Il semble d’un autre temps de séparer une mère de son enfant lorsque celui-ci a 18 mois.
La journée de la femme est une occasion donnée de réfléchir à la situation des femmes, et notamment des femmes en prison, une minorité oubliée.
Marie-Paule Maugis
Ban Public
Publié le 8 mars 2007 par torpedo / E-torpedo / Droits de l'Homme
Le plus souvent, au croisement entre les femmes et la prison on pense aux "femmes de parloir". Ces femmes, qui, au fil du temps, parcourent la France pour aller visiter un fils, un mari, un compagnon.
Des femmes qui tentent de défier le temps en entretenant une relation avec un proche incarcéré.
Mais il y a une minorité souvent oubliée, celle des femmes elles-mêmes incarcérées.
Au 1er juillet 2006, 2232 femmes étaient en prison ; à la même date 59181 hommes étaient incarcérés (source : chiffres-clés de la Justice, octobre 2006).
Les femmes sont nettement moins souvent auteurs d’actes délictueux ou criminels.
Leur rôle au sein de la famille, et pas seulement en tant que mère, n’est évidemment pas étranger à ce constat.
Naturellement, ce rôle des femmes dans la société pourrait être de nature à inciter les magistrats à prononcer des sanctions moins lourdes. Si des sanctions moins lourdes sont parfois prononcées, c’est sans doute une façon de prendre en compte leur plus grande fragilité (notamment sociale). Même si en France la pauvreté est à peu près également répartie entre les femmes et les hommes, elle est plus concentrée sur les femmes dès lors que l’on dépasse nos frontières et la proportion de femmes étrangères incarcérées est élevée.
Or, la pauvreté est facteur aggravant de la délinquance et de la criminalité.
Ceci dit, lorsque les femmes sont nettement reconnues comme auteurs directs d’une infraction, et non pas comme complices, les sanctions prononcées sont équivalentes à celles prononcées pour les hommes, voire plus sévères.
Quoi qu’il en soit, une fois en prison, les femmes connaissent des conditions d’incarcération souvent plus difficiles que les hommes.
Tout d’abord, et au-delà de toute considération liée à la parité qui n’aurait ici aucun sens, l’incarcération n’est pas nécessairement perçue de la même façon par les hommes et par les femmes.
Il y a sans doute des altérités concernant notamment la perception de sa propre identité et le respect de l’intimité.
Ensuite, et de façon plus pragmatique, le faible nombre de femmes dans la plupart des établissements conduit à une quasi absence d’activités, qu’il s’agisse du travail, de la formation, du sport ou des activités culturelles.
Par exemple, à la MA de Limoges, il y a 10 places dans le quartier réservé aux femmes. Il ne s’agit pas de procéder à un regroupement dans quelques établissements car cela rendrait encore plus difficile le maintien des liens familiaux, amicaux et plus généralement sociaux. Il s’agit de créer les conditions pour que, -y compris lorsque l’effectif est très réduit-l’offre des différentes activités soit identique pour les femmes et pour les hommes.
En outre, se pose bien évidemment, dans certains cas, la question de la maternité.
Il semble d’un autre temps que des femmes puissent accoucher alors qu’elles sont incarcérées. Il semble également d’un autre temps que des nourrissons, durant les premiers mois de leur vie, aient comme environnement quotidien la prison. Il semble d’un autre temps de séparer une mère de son enfant lorsque celui-ci a 18 mois.
La journée de la femme est une occasion donnée de réfléchir à la situation des femmes, et notamment des femmes en prison, une minorité oubliée.
Marie-Paule Maugis
Ban Public
Publié le 8 mars 2007 par torpedo / E-torpedo / Droits de l'Homme
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