lundi, juillet 14, 2008

Des doutes planent sur le nouveau “Club Med”

Plus il y a de poignées de mains, plus la situation empire dans les territoires occupés

Les dirigeants de plus de 40 pays se réunissent à Paris pour inaugurer l'Union pour la Méditerranée, une nouvelle union visant à resserrer les liens entre les pays membres dans des domaines tels que les affaires, l'économie et l'éducation.
14 juillet 2008 / Info-palestine

Lors du lancement de l'union, le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, a dit que les perspectives d'un accord de paix entre Israël et les Palestiniens n'ont jamais été meilleures.
Toutefois, Marwan Bishara, Analyste politique principal à Al Jazeera, parlant depuis l'extérieur du sommet, a dit qu'un accord de paix durable au Moyen Orient, ne peut se concrétiser qu'avec le soutien des États-Unis.

« Par le passé, on a vu des poignées de mains aux sommets et nous en avons vues aujourd'hui entre Olmert, Abbas et Sarkozy. Nous voyons ça depuis 15 ans et il semble que plus il y a de poignées de mains, plus la situation empire dans les territoires occupés.
« Il est évident que les Français essaient depuis un certain temps de participer aux efforts visant la conclusion d'un traité de paix au Moyen Orient, mais ils connaissent leurs limites et ils savent que ce sommet n'est que le prélude à des négociations qui démarreront dès que Washington sera prêt à les patronner.
« La présence du Président syrien à Paris est un progrès, mais depuis les années 80, à l'époque Mitterrand, il est évident que les dirigeants arabes passent par Paris bien avant d'aller à Washington.
« Je crois que le Président français joue un rôle catalyseur. S'il est vrai qu'il y a un vide stratégique et diplomatique au Moyen-Orient, il est évident que le Qatar a réussi à rapprocher les Libanais. La France tire maintenant parti du succès qatari pour amener les Syriens, les Libanais et les Israéliens à la table.
« Le Président syrien Bachar el-Assad a dit samedi qu'il ne compte qu'avec les garanties étasuniennes quand il s'agit de paix avec Israël. Je crois que les Syriens ne font pas confiance aux Israéliens dans les accords bilatéraux. Israël est le premier allié des États-Unis dans la région et il ne ferait pas fi de Washington s'agissant d'accords diplomatiques durables dans la région.
Le deal libanais
« Il semble qu'en mai, quand le Hezbollah a pris le contrôle de Beyrouth avant qu'un accord entre parties rivales ne soit finalement conclu à Doha, la Syrie et l'Iran ont joué un rôle positif dans les négociations. Et qui n'a pas participé au processus ? Les Français et les Américains. Michel Sleiman et el-Assad se dirigent actuellement vers l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays. « La Syrie a été invitée parce que Sarkozy a admis aujourd'hui qu'elle a un rôle à jouer au Moyen-Orient. Il sera très difficile de faire progresser quoi que ce soit sans la participation de Damas.
« Toutefois, la Syrie est d'avis que rien de positif ne se produira dans la région sans l'engagement de l'Iran. Nous en revenons donc au Groupe d'étude sur l'Irak qui a conclu il y a quelques années qu'il faudrait engager la Syrie et l'Iran dans le processus diplomatique au lieu de lancer des guerres contre ces deux pays.

2 La nouvelle union fait suite aux tensions entre Merkel et Sarkozy
« Tout ce que nous avons vu ici, y compris les fortes paroles de Sarkozy, reflètent une réalité qui est en fait beaucoup plus modeste. Il semble que d'après le compromis entre Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, la Commission européenne pour les affaires méditerranéennes sera chargée de cette nouvelle union. Pour l'instant la France n'est que le pays hôte.
« Cette idée d'un club méditerranéen a commencé quand Sarkozy souhaitait une union entre l'Europe et l'Afrique. Le projet a ensuite été ramené à une union méditerranéenne, mais ça n'a pas marché. Comme suite au compromis passé entre les Allemands et les Français, on est arrivé à une union pour la Méditerranée. Il ne s'agissait pas d'un compromis entre les Arabes, les Turcs et les Européens.
« Les Allemands ont dit « nous n'allons pas financer quoi que ce soit qui n'engage pas les pays de l'Europe du Nord ». Sarkozy voulait remplacer le processus de Barcelone de 1995 (qui visait la promotion du dialogue entre les nations européennes et méditerranéennes) par cette nouvelle union, mais il admet à présent qu'en raison de la pression des Espagnols, des Italiens et des Allemands, cette union prendra la relève du processus de Barcelone.
En revanche, les détracteurs du projet en Turquie disent que le but de cette union est d'éviter qu'Ankara ne devienne membre de l'UE. Dans le sud, les détracteurs disent que la France ne fait tout ça que parce qu'elle veut que les Arabes collaborent dans la lutte contre le terrorisme et l'immigration illégale en échange de l'aide qui serait apportée à leur développement ».

* Marwan Bishara est analyste politique principal à Al Jazeera
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