Mahmoud Darwich : Les poètes ne meurent jamais
Mahmoud Darwish a chanté une douleur qu'il connaissait bien : celle de l'exil. Il était et reste le « poète national palestinien ». Malgré lui. Mais en l'assumant.
10 août 2008 / Juliette Prétière / Info-palestine
10 août 2008 / Juliette Prétière / Info-palestine
Le poète a une première patrie : la poésie. La mort d'un poète authentique endeuille tous les amoureux des mots. Mahmoud Darwich s'est éteint, à Houston, au Texas, à la suite d'une opération du cœur. Il était âgé de 67 ans.
Il a chanté une douleur qu'il connaissait bien : celle de l'exil. Il était et reste le « poète national palestinien ». Malgré lui. Mais en l'assumant.
Parce que le peuple palestinien se reconnaissait et se reconnaît dans ses mots et se sentait porté par ses ailes.
Parce que ses images, son lyrisme, son inspiration, ses hymnes à l'amour, ses vertiges devant le temps qui passe, ses interrogations sur sa propre identité permettaient et permettent toujours à ceux qui le lisaient ou l'écoutait de trouver consolations et encouragements.
Arraché à sa terre à l'âge de 6 ans, ballotté dans la tourmente politique et la guerre de libération, pris dans les cyclones des violences déchaînées, récupéré par des gens en qui il ne se reconnaissait pas toujours, il a longtemps transformé les mots en armes pour tenter de sécher bien des larmes. Il refusait à la fois les intégrismes et le « bradage » des terres palestiniennes occupées. Avec des mots souvent chargés de charges explosives. La guerre n'est pas un conte pour enfants...
Il fut attaqué à la Knesset au moment de la « révolte des pierres » le 28 avril 1988, par le premier ministre d'Israël, Ytzhak Shamir pour un poème mal lu et mal compris. « Passants parmi des paroles passagères » La même terre pour deux peuples et une guerre qui n'en finit pas entraîne forcément des mots qui font mal. Dans les deux « camps ».
« Vous qui passez parmi les paroles passagèresportez vos noms et partezRetirez vos heures de notre temps, partezExtorquez ce que vous voulezdu bleu du ciel et du sable de la mémoirePrenez les photos que vous voulez, pour savoirque vous ne saurez pascomment les pierres de notre terrebâtissent le toit du ciel »
Mais ses rêves étaient d'amour et de paix. Ses angoisses venaient surtout de la fuite du temps. Ses vertiges étaient ceux de tous les humains. Et son art était d'abord de peindre ce qu'il entendait, de mettre en musique ce qu'il voyait, de restituer ce qu'il sentait et ressentait. Le ciel, le soleil, les étoiles, le jour, la nuit, les oliviers, le sable et les rochers... Les femmes et les hommes, dans leur simplicité et leur complexité.
« Je suis Palestinien, un poète palestinien, mais je n'accepte pas d'être défini uniquement comme le poète de la cause palestinienne, je refuse qu'on ne parle de ma poésie que dans ce contexte, comme si j'étais l'historien, en vers, de la Palestine.(...) Je n'ai donc nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit. J'aimerais, au contraire, qu'on me libère de cette charge très lourde.(...) Dans notre vie contemporaine, le sens se meurt et disparaît, c'est pourquoi la poésie cherche à opposer son propos non-sens au non-sens extérieur.
J'ai aujourd'hui plus tendance qu'auparavant à proclamer notre droit à l'absurde et au ludique. C'est peut-être la réponse esthétique la plus adéquate au désordre ambiant, bien plus que la recherche du non-sens. Donner à la vie un sens absurde est une option philosophique, être nihiliste est un choix qu'on peut respecter ou non, mais là n'est pas la question.
Le sens est-il possible ? La poésie doit faire comme si cette possibilité existait réellement. L'être humain doit y croire, sinon nous sombrons dans un nihilisme absolu. S'il pense que le sens est impossible, cela signifie ma mort de la volonté, l'anéantissement physique et peut-être métaphysique. »
S'il a été traduit en de nombreuses langues, c'est parce que ses messages avaient (et gardent) une portée universelle.
Lui rendre hommage, c'est le lire, ou le relire. Simplement. En tentant de le comprendre par ses textes et leur contexte.
Les vrais poètes ne meurent jamais.
Il a chanté une douleur qu'il connaissait bien : celle de l'exil. Il était et reste le « poète national palestinien ». Malgré lui. Mais en l'assumant.
Parce que le peuple palestinien se reconnaissait et se reconnaît dans ses mots et se sentait porté par ses ailes.
Parce que ses images, son lyrisme, son inspiration, ses hymnes à l'amour, ses vertiges devant le temps qui passe, ses interrogations sur sa propre identité permettaient et permettent toujours à ceux qui le lisaient ou l'écoutait de trouver consolations et encouragements.
Arraché à sa terre à l'âge de 6 ans, ballotté dans la tourmente politique et la guerre de libération, pris dans les cyclones des violences déchaînées, récupéré par des gens en qui il ne se reconnaissait pas toujours, il a longtemps transformé les mots en armes pour tenter de sécher bien des larmes. Il refusait à la fois les intégrismes et le « bradage » des terres palestiniennes occupées. Avec des mots souvent chargés de charges explosives. La guerre n'est pas un conte pour enfants...
Il fut attaqué à la Knesset au moment de la « révolte des pierres » le 28 avril 1988, par le premier ministre d'Israël, Ytzhak Shamir pour un poème mal lu et mal compris. « Passants parmi des paroles passagères » La même terre pour deux peuples et une guerre qui n'en finit pas entraîne forcément des mots qui font mal. Dans les deux « camps ».
« Vous qui passez parmi les paroles passagèresportez vos noms et partezRetirez vos heures de notre temps, partezExtorquez ce que vous voulezdu bleu du ciel et du sable de la mémoirePrenez les photos que vous voulez, pour savoirque vous ne saurez pascomment les pierres de notre terrebâtissent le toit du ciel »
Mais ses rêves étaient d'amour et de paix. Ses angoisses venaient surtout de la fuite du temps. Ses vertiges étaient ceux de tous les humains. Et son art était d'abord de peindre ce qu'il entendait, de mettre en musique ce qu'il voyait, de restituer ce qu'il sentait et ressentait. Le ciel, le soleil, les étoiles, le jour, la nuit, les oliviers, le sable et les rochers... Les femmes et les hommes, dans leur simplicité et leur complexité.
« Je suis Palestinien, un poète palestinien, mais je n'accepte pas d'être défini uniquement comme le poète de la cause palestinienne, je refuse qu'on ne parle de ma poésie que dans ce contexte, comme si j'étais l'historien, en vers, de la Palestine.(...) Je n'ai donc nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit. J'aimerais, au contraire, qu'on me libère de cette charge très lourde.(...) Dans notre vie contemporaine, le sens se meurt et disparaît, c'est pourquoi la poésie cherche à opposer son propos non-sens au non-sens extérieur.
J'ai aujourd'hui plus tendance qu'auparavant à proclamer notre droit à l'absurde et au ludique. C'est peut-être la réponse esthétique la plus adéquate au désordre ambiant, bien plus que la recherche du non-sens. Donner à la vie un sens absurde est une option philosophique, être nihiliste est un choix qu'on peut respecter ou non, mais là n'est pas la question.
Le sens est-il possible ? La poésie doit faire comme si cette possibilité existait réellement. L'être humain doit y croire, sinon nous sombrons dans un nihilisme absolu. S'il pense que le sens est impossible, cela signifie ma mort de la volonté, l'anéantissement physique et peut-être métaphysique. »
S'il a été traduit en de nombreuses langues, c'est parce que ses messages avaient (et gardent) une portée universelle.
Lui rendre hommage, c'est le lire, ou le relire. Simplement. En tentant de le comprendre par ses textes et leur contexte.
Les vrais poètes ne meurent jamais.
1 commentaires:
En effet, Mahmoud n'est pas mort
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