mercredi, juin 28, 2006

Résistance légitime !

Une interview d’Eyad Sarraj

"La fin de la trêve est à mettre à l’actif des continuelles violences israéliennes et à leurs tueries contre les civils".


Bitterlemons : Après l’opération [de la Résistance] à Kerem Salem/Shalom, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré que l’époque où Isräel se réfrénait était révolue. Quelle est votre réaction ?
Sarraj : Nous avons déjà vu ces dernières années la face la plus laide d’Israël, une face qui n’a aucun respect pour la vie humaine ni pour la paix. Ce qu’il vient de dire n’est pas une surprise. Je pense que c’est le signe de la pression sous laquelle il se trouve après l’humiliation subie par son armée suite à la capture d’un soldat israélien.
Israël parle de retenue, mais l’armée israélienne a tué des enfants, à tué des familles, détruit des maisons et détruit des vies. La Bande de Gaza souffre depuis des mois des tirs d’artillerie constants. Israël s’est vraiment réfréné ! C’est une façon de se réfréner que nous connaissons bien. C’est un non-sens.
Bitterlemons : Pouvez-vous expliquer ce que ces barrages d’artillerie ont comme répercussions sur la population ?
Sarraj : C’est dévastateur. Des familles ont dû donner des comprimés somnifères à leurs enfants la nuit parce qu’autrement personne ne pouvait dormir. Beaucoup ont dû quitter les zones les plus touchées, et les conséquences économiques sont très dures pour les familles qui vivaient dans le nord [de la Bande de Gaza]. Les gens sont désespérés et sans secours.
Cette situation, en fait, est une des raisons de la pression exercée par la population sur les groupes Palestiniens pour qu’ils cessent de tirer des fusées à l’intérieur Israël.
Bitterlemons : Avez-vous été surpris par la décision prise par le Hamas ce mois-ci de rompre la trêve ?
Sarraj : Non, je ne suis pas surpris. Le Hamas s’est réellement retenu pendant toute une année. Il n’a pas mené une seule opération militaire. Mais Israël n’a pas répondu. Donc, après qu’aient été déclenchés le boycott et la conspiration au niveau international contre le gouvernement dirigé par le Hamas, et suite aux continuelles tueries perpétrées par les Israéliens, je pense que je comprends pourquoi le Hamas met un terme à la trêve.
Bitterlemons : Est-ce que le Hamas était sous une pression populaire pour mettre un terme à cette trêve ?
Sarraj : Le Hamas n’était pas vraiment sous pression. Au contraire, le sentiment général était en faveur de trêve et de la réconciliation, et la pression s’exerçait plutôt sur le Hamas pour qu’il abandonne son attitude trop défiante et qu’il descende de son perchoir pour que le processus de paix puisse être relancé et que nous puissions vivre tranquillement et en sécurité. La pression exercée sur le Hamas corrresponsait plutôt à cela.
Mais la fin de la trêve est à mettre à l’actif des continuelles violences israéliennes et à leurs tueries contre les civils.
Bitterlemons : Est-ce que l’opération [de la Résistance] de ce dimanche représente une escalade ?
Sarraj : Je ne considère pas qu’il s’agit d’une escalade. Je considère qu’il s’agit d’une action légitime de la résistance contre l’occupation. Cette action n’était pas contre des civils, et ce n’était aucune forme de terreur. Je pense que pour l’armée israélienne et pour ceux qui soutiennent Israël, c’est surprenant et traumatisant de constater que les Palestiniens peuvent mener des actions aussi héroïques.
Si le monde se soucie d’escalade, la communauté internationale devrait alors condamner Israël pour les continuels meurtres d’enfants et de familles. Mais elle ne le fait pas.
Bitterlemons : Est-vous inquiet d’une possible invasion par l’armée israélienne suite à la capture d’un soldat israélien ?
Sarraj : Oui, je suis inquiet. J’espère que le Hamas utilisera ce soldat pour négocier la libération de prisonniers Palestiniens. J’espère qu’ils pourront utiliser cette capture de façon efficace.
Israël sait très bien que s’il envahit des zones peuplées de Gaza, il y aura énormément de dégats et beaucoup de morts, y compris parmi les Israéliens eux-mêmes. Israël sera par conséquent très prudent. Par le passé nous avons beaucoup fait souffrir l’armée israélienne. Mais nous savons qu’Israël veut récupérer son soldat et qu’il peut aller très loin pour cela.
Bitterlemons : Y a-t-il un climat international qui empêcherait Israël de faire tout ce qui correspondrait à ses intérêts ?
Sarraj : Malheureusement la communauté internationale, dirigée par les Etats-Unis, fait pression sur les Palestiniens plutôt que sur Israël. En outre, les Palestiniens durant ces cinq dernières années n’ont pas fait ce qu’il fallait pour gagner l’appui de la communauté internationale, en particulier en raison de la terreur [les attentats-suicide] appliquée à l’intérieur d’Israël et en raison de la destruction du camp de paix en Israël, ce qui est aussi le résultat de cette terreur.
D’autres raisons sont la corruption qui régnait à l’époque d’Arafat et la paralysie du nouveau régime dirigé par Abu Mazen [Mahmoud Abbas].
Tous ces facteurs font que les Palestiniens restent sans l’appui international nécessaire. En outre la communauté internationale est sous l’influence des Américains, qui, comme nous le savons, ont une attitude tout à fait déséquilibrée en faveur d’Israël.

Le docteur Eyad Sarraj est le responsable du “ Gaza Community Mental Health Program.”
26 juin 2006 -
Vous pouvez consulter cet article à : http://www.bitterlemons.org/issue/p...

France-Palestine

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