mardi, juin 27, 2006

Armes légères, lourds tributs

L'Onu évalue son Programme d'action contre le trafic illicite des «petites armes» qui tuent beaucoup. Les défis restent entiers. La Belgique en pointe.

CORRESPONDANTE À NEW YORK
Les revolvers, les pistolets à chargement automatique, les fusils, les mitraillettes, les fusils d'assaut et les mitrailleuses légères, ces armes dites légères tuent, selon certaines statistiques, plus de 1 000 personnes chaque jour dans le monde. En 2001, une première réunion de l'Onu pour éradiquer leur commerce illicite était devenue encore plus pertinente avec le déclenchement de la lutte contre le terrorisme. Les engagements initiaux portaient sur la collecte et la destruction des armes illégales, l'adoption ou le renforcement des législations nationales, un contrôle strict sur les importations et les exportations de ces armes et une meilleure coordination internationale dans ce domaine.
Un commerce, un pactole
Cinq ans plus tard, l'Onu convie 2 000 représentants des gouvernements et de la société civile pour faire une première évaluation du Programme d'action adopté en 2001 et pour élaborer une stratégie destinée à accélérer son exécution. «Les problèmes n'ont pas perdu de leur actualité dans un monde inondé d'armes», a souligné lundi le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, à l'ouverture de la session de l'Assemblée générale sur les petites armes qui se tiendra jusqu'au 7 juillet.
Un quart des 4 milliards de dollars que représente annuellement le commerce des armes serait illégal, selon les estimations. «Il est facile de les acheter, de les utiliser, de les transporter, et de les détruire», a regretté Kofi Annan, pour qui ces armes engendrent des confits, des déplacements forcés de réfugiés et une culture de violence et d'impunité.
Selon l'institut de recherche basé en Suisse «Small Arms Survey», les armes légères utilisées dans les divers conflits dans le monde, ont fait en 2003 entre 80 000 et 110 000 morts. Mais ces armes sont encore plus dévastatrices lorsqu'elles sont utilisées pour des méfaits plus ou moins importants, des drames familiaux ou des suicides, car elles font quelque 200 000 morts par an.
«Il est difficile de savoir si les recommandations du Programme d'action de 2001 ont fait baisser la violence dans le monde», déclare Glen McDonald, chercheur au «Small Arms Survey». Parmi les actions concrètes, on note tout de même la récolte et la destruction d'armes légères par des équipes spécialisées de l'Onu après la fin d'un conflit, indique ce spécialiste.
Loi belge après Anvers
Karel De Gucht, le ministre belge des Affaires étrangères, a présenté lundi devant l'Assemblée générale les initiatives législatives belges, dont la toute récente loi du 9 juin 2006, par laquelle la détention d'armes par des particuliers est clairement réglementée. Parce que les risques de détournement surviennent surtout lors de l'exportation ou du transit des armes, la Belgique avait été, en 2003, le premier pays à avoir intégré dans sa législation nationale les critères du Code de conduite de l'Union européenne en matière d'exportation. Karel de Gucht a aussi rappelé que la Belgique a alloué plus de 5 millions d'euros à la coopération et l'assistance internationale dans le domaine de la lutte contre la prolifération des armes légères, un soutien qui vise en particulier l'Afrique centrale.
L'enjeu de la conférence sera de concilier les vues divergentes entre les pays les plus «novateurs» qui mettent l'emphase sur la mise en oeuvre du programme existant et les «conservateurs» qui freinent le processus en demandant certaines clarifications sur les engagements passés en 2001.
Aux Etats-Unis, par exemple, la puissante National Riffle Association bloque toute discussion sur le contrôle de la détention des armes par les civils.
© La Libre Belgique 2006
LISTE NOIRE

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