vendredi, juin 23, 2006

Un cameraman suédois a été tué à Mogadiscio

Un journaliste suédois a été tué par balles vendredi à Mogadiscio lors d'une manifestation islamiste organisée au lendemain de la signature d'un accord de reconnaissance mutuelle par le gouvernement somalien de transition et les tribunaux islamiques qui contrôlent la capitale.
Le journaliste Martin Adler, 47 ans, a été abattu de dos par un inconnu armé, alors qu'il filmait une manifestation d'environ 4 000 partisans des tribunaux islamiques dans le sud de la capitale somalienne. Il est mort sur le coup.
HAINE ENVERS LES ÉTRANGERS
"Ce n'est pas un accident, a précisé un témoin. C'est un meurtre délibéré par quelqu'un qui voulait tuer un journaliste."
Le ministère des affaires étrangères suédois a confirmé l'identité de ce journaliste qui était arrivé il y a unesemaine en Somalie pour le compte de la chaîne anglaise Channel 4. Martin Adler s'était rendu en Tchétchénie, en Afghanistan et en Irak, et avait reçu le prix Rory Peck Trust en 2004. Il travaillait notamment pour le tabloïd suédois Aftonbladet.
Malgré les pourparlers de paix engagés jeudi, la haine envers les étrangers reste forte en Somalie. Elle a été alimentée récemment par les informations affirmant que la CIA américaine finançait les chefs de guerre qui soutiennent le gouvernement intérimaire pour qu'ils traquent des membres supposés d'Al-Qaida en Somalie. Récemment, des journalistes ont plusieurs fois subi des jets de pierres lors de manifestations.
LES TRIBUNAUX ISLAMIQUES DÉPLORENT
En réaction à la mort de Martin Adler, le président des tribunaux islamiques de Mogadiscio, Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, a "condamné" un meurtre "barbare", affirmant : "Nous punirons lesresponsables." Pour l'heure, aucun suspect n'a été arrêté.
Martin Adler est le premier représentant de la presse étrangère tué en Somalie depuis plus d'un an. Le 9 février 2005, Kate Peyton, 39 ans, journaliste britannique de la BBC, avait été tuée quelques heures après son arrivée à Mogadiscio. De 1993 à 1995, au plus fort de la guerre civile, neuf reporters étrangers avaient été tués en Somalie.
Les tribunaux islamiques contrôlent depuis début juin une grande partie de Mogadiscio après que leurs milices ont défait les chefs de guerre dont l'emprise sur la capitale durait depuis le début de la guerre civile en 1991.
La semaine dernière, lors d'une manifestation à l'appel des islamistes, plusieurs milliers de manifestants avaient scandé à Mogadiscio leur hostilité aux Etats-Unis et à tout projet d'intervention étrangère en Somalie. Vendredi, ils ont brûlé des drapeaux de l'Ethiopie, accusée d'avoir massé des troupes à lafrontière à la demande du gouvernement de transition.
A Mogadiscio, les habitants se montrent sceptiques sur l'espoir que fait naître l'accord de reconnaissance mutuelle signé jeudi à Khartoum par les factions rivales, sous la médiation arabe. Certains pensent que le gouvernement cherchait surtout à toucher des fonds de la Ligue arabe. "L'accord a montré que les deux parties avaient besoin d'établir un contact. Ce n'est ni bon ni mauvais ; on verra au moment où l'accord sera appliqué", estime Ahmed Moalin, un homme d'affaires soutenant les tribunaux.
Les Etats-Unis et L'Union africaine, qui soutiennent le gouvernement de transition des chefs de guerre, comme les Nations Unies, se veulent optimistes.
Mis à jour le 23.06.06 21h02

© Le Monde.fr
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