dimanche, juillet 23, 2006

Israël viole le droit humanitaire

Liban: pour l'Onu Israël viole le droit humanitaire, les raids continuent

BEYROUTH (AFP) - Un haut responsable de l'Onu a accusé dimanche Israël de "violer le droit humanitaire" dans son offensive au Liban soumis à des bombardements meurtriers pour le douzième jour consécutif, alors que les efforts pour un cessez-le-feu s'accélèrent mais sans succès.

Les diplomates européens ont afflué en Israël, avant une visite cruciale lundi de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice qui se refuse à envisager une trêve tant que le Hezbollah n'est pas neutralisé. Elle participera mercredi à Rome à une réunion du "groupe de contact" sur le Liban.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s'est dit favorable au déploiement d'une force "formée par des pays de l'Union européenne" au Liban pour contrôler la frontière avec Israël et la Syrie et désarmer le Hezbollah. Son ministre de la Défense Amir Peretz a proposé auparavant qu'une éventuelle force internationale opère dans le cadre de l'Otan.
Parcourant les quartiers détruits de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah chiite, le secrétaire général adjoint de l'Onu pour les affaires humanitaires, Jan Egeland, a indiqué que les frappes israéliennes constituaient "une violation du droit humanitaire".
Quelques heures après son passage, deux puissantes explosions ont secoué le secteur, et au moins deux immeubles dans des zones jusque-là épargnées de la banlieue sud ont été visés lors d'une offensive. Une épaisse fumée noire s'est élevée de leurs décombres en feu.
"Il s'agit d'un usage de la force excessif dans une zone avec autant de citoyens", a dit M. Egeland, qui doit lancer lundi un appel à l'aide internationale d'urgence en faveur du demi-million de Libanais déplacés par l'offensive israélienne, la plus importante depuis 10 ans au Liban.
Au 12e jour de l'offensive, déclenchée après la capture par le Hezbollah de deux soldats israéliens, douze personnes ont été tuées, dont neuf civils, et 66 blessées dans les bombardements israéliens de plusieurs objectifs au Liban, portant à 362 le bilan des tués, dont 319 civils et 26 militaires libanais.
L'armée isralienne a également bombardé dimanche soir pour la première fois depuis le début de l'offensive le camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé, près de Tyr (sud), faisant six blessés dont un bébé, a indiqué la police.
Deux combattants du Hezbollah ont par ailleurs été faits prisonniers par l'armée israélienne dimanche au Liban sud et ramenés en Israël, selon la radio militaire israélienne.
Une photographe de presse libanaise indépendante, Layal Nagib, 23 ans, a été tuée dans le tir d'un missile tombé près de sa voiture à proximité de Tyr, au Liban sud, la première journaliste en mission tuée au Liban depuis le début de l'offensive israélienne.

Tir de roquette du Hezbollah depuis la ville de Tyr, au sud du Liban, le 23 juillet 2006 (Photo: Hassan Ammar / AFP)
Une centaine de roquettes tirées du sud du Liban par le Hezbollah se sont abattues sur le nord d'Israël tuant deux civils à Haïfa, ce qui porte à 37 le nombre d'Israéliens tués depuis le 12 juillet, 17 civils et 20 militaires.
Le Hezbollah a reconnu que les troupes israéliennes avaient réussi à prendre position dans le village frontalier de Maroun al-Ras, après quatre jours de combats. C'est la première fois depuis son retrait de la région en mai 2000 que l'armée israélienne réoccupe un village au Liban sud.
Israël a engagé des unités d'élite et des blindés pour conquérir Maroun al-Ras, une localité stratégique à 900 mètres d'altitude, qui domine plusieurs régions importantes du Liban sud dont Tyr.
"J'admets avoir espéré mieux de l'armée", a déclaré le ministre israélien sans portefeuille Eytan Cabel, secrétaire général du Parti travailliste. C'est la première fois qu'un ministre exprime ouvertement des réserves sur les résultats de l'offensive.
Celle-ci devrait se poursuivra "plusieurs semaines", a estimé le général Udi Adam, commandant de la région militaire nord d'Israël.
"L'objectif est de vaincre. Combien de temps cela prendra ? A mon avis, plusieurs semaines", a déclaré le général Adam à la radio publique.

Carte de situation au Liban et en Israël au 12e jour du conflit
Dans le même temps, des responsables libanais ont appelé à des négociations indirectes pour un échange de prisonniers permettant la libération des deux soldats capturés par le Hezbollah.
Le président du Parlement, Nabih Berri, a assuré que le Hezbollah avait "accepté que ce soit le gouvernement libanais qui négocie par l'intermédiaire d'une tierce partie un échange de prisonniers" avec Israël. Ce dernier exige leur libération sans condition.
Mais l'enjeu est devenu plus large en raison de la volonté d'Israël, soutenu par les Etats-Unis, de saisir cette occasion pour en finir avec le Hezbollah, qu'ils considèrent comme une organisation terroriste, et pour réduire l'influence de la Syrie et de l'Iran, les deux bêtes noires de Washington.
Le ministre syrien de l'information Mohsen Bilal a averti que "la Syrie entrera dans le conflit si Israël envahit le Liban par voie terrestre", dans une interview au quotidien espagnol ABC. Mais Son collègue aux Affaires étrangères Walid Mouallem a insisté sur une solution passant par "un cessez-le-feu" et un "échange de prisonniers".
Le président américain George W. Bush a reçu le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal pour lui demander de faire pression sur la Syrie, véritable responsable pour Washington du conflit actuel.

Des Libanais fuyant la ville de Tyr, bombardée par les Israéliens, agitent un drapeau blanc, le 23 juillet 2006 (Photo: Hassan Ammar / AFP)
A l'issue de son entretien en présence de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice juste avant son départ au Proche-Orient, le prince Fayçal a déclaré avoir appelé à un "cessez-le-feu" immédiat au Liban.
"J'ai trouvé le président très conscient des destructions et du bain de sang" au Liban, a assuré le ministre saoudien, notant la volonté de M. Bush de "parvenir à la fin des hostilités". "Il me l'a dit personnellement et c'est pour cela qu'il envoie Mme Rice pour préciser les détails", a-t-il poursuivi.
Selon l'Onu, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'offensive, qui a imposé un blocus maritime, aérien et terrestre quasi-hermétique au Liban. Les organisations humanitaires y ont jugé la situation humanitaire "catastrophique" et appelé à l'ouverture de "corridors humanitaires" pour l'acheminement des aides.
Des milliers d'étrangers ont continué à fuir le Liban dans le cadre des opérations d'évacuation organisées par de nombreux gouvernements et qui arrive à son terme pour plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Au total, près de 4.000 Britanniques ont quitté le Liban et Washington a évacué quelque 10.000 ressortissants cette semaine.
La France en revanche veut continuer ses opérations "aussi longtemps qu'il y aura des Français désireux de partir", de même que la Suède qui a déjà évacué 7.000 ressortissants et entend continuer "tant qu'il y aura un besoin".

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