samedi, juillet 01, 2006

Les marches à suivre contre les expulsions

Parents, élus et associations appellent à manifester ce samedi contre les lois Sarkozy visant de nombreuses familles de sans-papiers.

Contre le projet de loi Sarkozy sur l'immigration et l'intégration, mais surtout contre les expulsions de parents sans papiers d'enfants scolarisés. Ce samedi, le Collectif Uni-e-s contre une immigration jetable et le Réseau éducation sans frontières (RESF) organisent une journée nationale d'action contre le sort fait par le gouvernement aux étrangers. Deux manifestations sont prévues, à Paris et Marseille. Dans la ligne de mire des manifestants : le projet de loi de Nicolas Sarkozy, adopté vendredi par l'Assemblée et le Sénat, qui durcit les conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France. Malgré une belle bataille parlementaire, la gauche n'a réussi à amender cette loi qu'à l'extrême marge et sans changer sa philosophie, qui veut substituer une immigration «choisie» à une immigration «subie».

Fruits. L'autre objectif des manifestants sera de contraindre le gouvernement à reculer sur les expulsions de familles d'étrangers sans papiers dont les enfants sont scolarisés. En octobre, la mobilisation spontanée autour de quelques jeunes menacés avait porté ses fruits : Sarkozy avait publié une circulaire accordant aux familles expulsables un sursis jusqu'au 30 juin, fin de l'année scolaire. Les mois suivants, la vigilance des comités de soutien ne s'est pas relâchée, s'accentuant même à l'approche de la fin des cours. La force du mouvement a entraîné dans son sillage un nombre croissant d'élus locaux et de personnalités (Libération du 30 juin). Vendredi, un comité de vigilance parlementaire de vingt députés et sénateurs a été créé. Il veillera tout l'été. Dans les mairies, les parrainages républicains se sont multipliés. Et la protection de l'enfance maltraitée étant sans doute moins risquée politiquement que la défense des immigrés en général, les socialistes, très discrets sur le projet de loi Sarkozy, se sont lancés dans la bataille. Le 24 juin, Bertrand Delanoë a présidé un parrainage à Paris, et Martine Aubry fera de même mercredi, à Lille.
Bois. Le 13 juin, Sarkozy a fait un nouveau pas en arrière en publiant une nouvelle circulaire permettant des régularisations au cas par cas. Ce texte a provoqué une ruée dans les préfectures. Puis une polémique. Car il soumet la régularisation à certains critères dont on ne sait pas s'ils sont cumulables. Puis, le 27 juin, le ministre de l'Intérieur a nommé l'avocat Arno Klarsfeld «médiateur national». Il sera sollicité lorsque «l'application de la circulaire [suscitera] des interrogations», ou que l'intervention d'une «personnalité extérieure à l'administration [pourra] aider à résoudre des situations très délicates». Pour Arno Klarsfeld, comme d'ailleurs pour Sarkozy, le critère, absolu, sera l'existence «d'attaches fortes avec la France». Interrogé sur Sud Radio vendredi, le médiateur a assuré qu'«il n'y aura pas d'expulsions cet été» pour les familles ayant jusqu'au 13 août pour déposer leur dossier. A cela, une autre raison : quoiqu'il en dise, le ministère de l'Intérieur n'a aucune idée du nombre de familles concernées. RESF parle de 10 000 voire 50 000 personnes. Le chiffre de 720 familles, soit 2 500 personnes, avancé par la place Beauvau, correspondrait au nombre des étrangers connus des préfectures pour avoir fait l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Le chiffre des autres familles, celles qui vivent dans la clandestinité, n'est évidemment pas connu. Ces derniers jours, certaines sont sorties du bois. Rien qu'à Paris, la préfecture avait fixé, vendredi, 1 750 rendez-vous à des familles candidates à la régularisation. Et il y avait encore des files d'attente devant les quatre centres de réception des étrangers.
Caméras. Pour Sarkozy, cet afflux, qui se combine avec les départs en vacances des fonctionnaires, est une mauvaise nouvelle. Le ministre avait espéré pouvoir procéder à ses expulsions pendant l'été, loin des caméras et de la vigilance des comités de soutien, censés être partis en vacances. Et voilà qu'il risque de ne pas avoir bouclé l'affaire avant la mi-août. Dès la rentrée scolaire de septembre, la mobilisation risque de repartir aussi sec.
Dans le doute, et avant les vacances, les associations maintiennent la pression. Depuis des semaines, RESF égrène sur son site Internet un compte à rebours : «J-1» avant le début des «expulsions de jeunes sans-papiers», pouvait-on lire vendredi. Afin de frapper les esprits, le Réseau annoncera ce samedi «l'ouverture officielle de la chasse aux enfants».

libération.fr

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