jeudi, juillet 20, 2006

PROCHE ORIENT La Palestine laissée à elle-même

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le conflit entre Israël et ses voisins arabes, notamment la Palestine, reste le fil conducteur de la géopolitique au Proche-Orient.

Le Proche-Orient est un carrefour où les trois religions révélées sont nées : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. La semaine dernière, Israël a, de nouveau, agressé le peuple palestinien. Cet acte a été motivé, pour les dirigeants israéliens, par la tentative de libération du soldat israélien, Gilad Shalit, enlevé par un commando palestinien depuis plusieurs jours déjà. Le commando avait menacé de tuer le soldat si Israël ne se pliait pas à ses exigences, c’est-à-dire libérer, en échange, des prisonniers palestiniens. Une transaction refusée par le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ehud Olmert. Par ailleurs, les Israéliens veulent mettre fin aux tirs de roquettes qui leur sont destinés. C’est ainsi que dans la nuit du 5 au 6 juillet dernier, Tsahal a encore tristement fait parler d’elle en arrêtant 64 officiels dont des ministres, des députés et maires palestiniens en Cisjordanie. Au cours de cette même nuit, l’armée israélienne a lancé un raid contre le ministère de l’Intérieur palestinien, causant d’importants dégâts. Enfin, pour couronner le tout, l’Etat hébreu a frappé dimanche le bureau du Premier ministre palestinien, causant l’incendie des locaux en dehors de tout respect du droit international, puisque cela a entraîné l’arrestation de responsables palestiniens démocratiquement élus par leur peuple. Tsahal s’est attaquée aux symboles de l’entité palestinienne : le ministère de l’Intérieur et le bureau du Premier ministre.
Mais l’Etat hébreu, sans doute soutenu par de molles protestations, ne veut pas aller jusqu’à renverser le gouvernement palestinien. Pour Israël, « nous pouvons renverser le gouvernement du Hamas, mais cela nous fait courir le risque d'un effondrement total de l'Autorité palestinienne, car il est loin d'être certain que le Fatah soit capable de reprendre le pouvoir dans ces circonstances. Cette stratégie pourrait poser plus de problèmes à Israël qu'elle n'en résoudrait. Nous verrions alors se multiplier les groupes armés sans que nous puissions identifier un responsable à qui faire porter la pression. L'autre option consisterait à utiliser cette crise pour fixer les règles d'une coexistence avec le Hamas, comme nous les avions fixées avec le Hezbollah. Il faudrait, pour cela, qu'ils commencent par libérer notre soldat ; ce qui a un prix pour Israël, car nous devrons alors libérer des prisonniers qui ont du sang sur les mains. Nous pourrions aussi discuter des conditions d'un retour au calme ; ce qui suppose un arrêt des tirs de roquettes. Mais, là encore, Israël devra payer le prix par un arrêt des liquidations ciblées. Pour l'heure, les deux parties ont décidé d'attendre ».
Tout porte à croire qu'il s’agit, pour Israël, de déstabiliser le gouvernement palestinien, pourtant légitime, puisque issu des dernières élections législatives. D’ailleurs, un ministre israélien a déclaré de façon explicite : «l’attaque contre le bureau du Premier ministre palestinien s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à porter atteinte aux capacités du Gouvernement du Hamas à contrôler la situation et à gouverner ».
Le conflit Israélo-Palestinien qui dure depuis un demi-siècle n’en finit donc pas de faire des victimes de part et d’autre. A l’origine, une erreur historique qui a fini par provoquer une profonde injustice. Cette erreur a été la décision prise d’installer un foyer juif, puis de créer l’Etat d’Israël dans une Palestine sous mandat britannique. Or, la Palestine était habitée depuis des siècles par les Arabes et une minorité juive.
La responsabilité de l’Occident n’est donc pas étrangère à cette affaire. L’ةtat d’Israël a été proclamé le 14 mai 1948 et plusieurs facteurs conjugués expliquent sa création. D’abord, l’idée d’un retour à Sion, une colline de Jérusalem (rêve du retour) est entretenue depuis deux mille ans dans la prière quotidienne de toutes les communautés de la diaspora juive. Ensuite, le projet d’un ةtat juif en Palestine (sionisme) est précisé par Théodore Herzl à la fin du XIXe siècle, au moment où l’anti-sémitisme se développe en Europe.
Des colons de plus en plus nombreux achètent des terres dans la vallée du Jourdain, peuplée d’Arabes musulmans. Et enfin, la première guerre mondiale permet aux Juifs d’obtenir la promesse d’un soutien britannique - Déclaration de Balfour en 1917 -, puis international - Conférence de San Remo en 1922 -, pour la création d’un foyer national juif en Palestine. Cela a été accéléré par l’Holocauste et l’élimination de six millions de Juifs dans des conditions abominables. Face à cette horreur, l’organisation des Nations Unies se saisit du dossier et proclame l’ةtat d’Israël, le 14 mai 1948. Les conséquences de cette « implantation » sont incommensurables. Depuis lors, des millions de réfugiés palestiniens sont rejetés vers les pays arabes voisins, trois guerres ont été également enregistrées entre Israël et les pays arabes. De même qu’il y a eu la colonisation de terres arabes par Israël et une occupation policière et militaire humiliante, entravant toute liberté, et notamment celle de circuler. Face à cette situation, le peuple palestinien s’est révolté, d’une part par la résistance populaire comme l’Intifada, et d’autre part par les attentats avec les commandos suicide. Quant à la communauté internationale, elle a été incapable, jusqu’à présent, de résoudre ce problème qui alimente en partie le terrorisme international.
Toutes les résolutions de l’ONU favorables aux Palestiniens n’ont jamais été appliquées, comme la 242, juste après la «Guerre des Six Jours» en 1967. Ce qui fait que Palestiniens et Arabes continuent de dénoncer cette politique de « deux poids, deux mesures ».

Mort du nationalisme arabe
Du début de la guerre en 1948, jusque dans les années 1990, le peuple palestinien avait senti un soutien sans faille de ses frères arabes qui ont refusé de reconnaître l’ةtat hébreu. Ce refus d’Israël s’explique par la volonté de construire une unité arabe et la défense de l’Islam, deux thèmes mobilisateurs.
Paradoxalement, les facteurs de division l’ont toujours emporté, conduisant à l’échec de toutes les tentatives d’unité arabe entre les ةtats dits « progressistes » et « modérés ». Le premier clan est représenté par des pays comme la Syrie, l’Irak et l’ةgypte de Nasser alors que le second clan est celui des monarchies avec à sa tête l’Arabie Saoudite. Ce dernier groupe entretient de bonnes relations avec les grandes puissances occidentales comme les Usa, l’Angleterre ou la France qui se "battent" pour l’exploitation du pétrole. C’est ce qui expliquerait d’ailleurs le massacre des combattants palestiniens à Amman, en Jordanie, soupçonnés de vouloir renverser la monarchie du roi Hussein. Durant ces incidents, des combattants palestiniens chassés de la Jordanie et tenus en laisse en Syrie, avaient été parqués dans des camps au Liban avant leur massacre.
Puis, l’ةgypte, l’Irak, la Syrie et la Libye entreprennent de rompre avec le féodalisme par des coups de force. Du coup, ces pays dits « progressistes » se réclament du socialisme. Et c’est le début d’un long conflit avec l’ةtat hébreu, avec un nouveau nationalisme arabe après celui qui a été le fondement du conflit avec l’empire ottoman pour la renaissance de la langue arabe et de la religion musulmane. Ainsi, des courants politiques inspirés de Michel Aflak, originaire de Syrie, pour le Baasisme et du Nassérisme avec Gamal Abdel Nasser voient le jour. Les partisans de ces courants révolutionnaires vont affronter l’ةtat d’Israël à trois reprises, plus précisément en 1956 avec la Crise du canal de Suez ; en 1967 avec la « guerre des six jours » et, enfin, en 1973 avec celle du Kippour (fête religieuse juive).
Nasser n'aurait pas supporté la défaite de 1967 et ceci jusqu’à sa mort en 1970. Et Mouammar El Kadhafi, arrivé au pouvoir le 1er septembre 1969, après avoir renversé une monarchie, et se présentant en défenseur intransigeant de la cause palestinienne n’est pas allé au bout de ses ambitions. L’Occident le traite de terroriste avant de briser son envol avec un embargo économique et un bombardement encouragé par Ronald Reagan en avril 1986. Concernant la Syrie et l’Irak, ces deux pays à travers leurs dirigeants, en l’occurrence Hafez Al Hassad et Saddam Hussein, symbolisent le baasisme. Accusé de posséder des armes chimiques, Saddam Hussein fut la cible des Américains qui envahissent l’Irak avant de le chasser du pouvoir. Alors que Bachar Al Hassad n’a pu continuer l’œuvre de son père Hafez, préférant un jeu de cache-cache avec les Occidentaux pour ne pas subir le même sort que Saddam Hussein. Ce qui sonne donc le glas du nationalisme arabe. Avec comme conséquence le fait que depuis quelques années, les Palestiniens sont laissés à eux-mêmes face à une armée israélienne sans scrupules qui n’hésite, à aucun moment, à commettre des massacres. Comme ceux de Chabra et de Chatila, en 1982.

Yasser Arafat,
le symbole d’une nation

De leader de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à la présidence de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat aura sans doute été l’homme qui a farouchement lutté pour son peuple depuis les années 1950. Composée de plusieurs fractions comme le Fatah de Yasser Arafat, le Front populaire de la libération de la Palestine (FPLP) du Dr Georges Habache et du Front démocratique de la libération de la Palestine (FDLP) de Naïef Hawatmeth, l’OLP a toujours reçu de l’aide qu’elle soit militaire ou financière de la part de pays comme l’Irak, la Syrie, l’ةgypte et la Libye. De ces trois leaders, Yasser Arafat était le plus politique. Il a représenté l’OLP et le peuple palestinien à l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) le 13 novembre 1974. D’abord opposé, puis favorable à la création d’un ةtat palestinien à côté d’Israël entre 1974 et 1979, Yasser Arafat rejette les accords de Camp David de 1978 entre Anouar El Sadate, le président égyptien, et Menachem Begin, Premier ministre israélien, avec comme observateur, l’Américain Jimmy Carter.
Par contre, le Dr Georges Habache était le plus radical alors que Naïef Hawatmeth était d’une orthodoxie communiste affirmée. Ainsi, le FPLP de Habache fut, dans la décennie 1970, à l’origine de la plupart des détournements d’avions avec prise d’otages. Les intérêts occidentaux et israéliens étaient leurs principales cibles.
Tout pour dire que le moment est venu pour les Etats-Unis et l’Union Européenne de prendre leurs responsabilités pour solutionner définitivement ce conflit. Sinon, il va continuer à s’enliser, à entraîner des victimes innocentes, à alimenter le terrorisme international et empoisonner, ainsi, les relations internationales.

nouvelhorizon-senegal.com

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