Pourquoi ne pas abolir l'OTAN, tout simplement ?
L'OTAN a pour objectif] «d'exclure les Russes, d'inclure les Américains et de tenir les Allemands sous la botte».
Lord Ismay, premier secrétaire général de l'OTAN
Mondialisation.ca, Le 19 aout 2008 / par Rodrigue Tremblay
The New American Empire
Lord Ismay, premier secrétaire général de l'OTAN
Mondialisation.ca, Le 19 aout 2008 / par Rodrigue Tremblay
The New American Empire
«Nous devons immédiatement convoquer une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord pour évaluer la sécurité de la Géorgie et passer en revue les mesures que l'OTAN peut prendre pour contribuer à stabiliser cette situation très dangereuse.»
Sénateur John McCain, (8 août 2008)
«Si nous avions travaillé de manière préventive avec la Russie, avec la Géorgie, en nous assurant que l'OTAN avait le genre de capacité, la présence et l'engagement idoines, nous aurions pu peut-être éviter ça» [L'invasion de l'Ossétie du sud par la Géorgie et la riposte russe subséquente ].
Tom Daschle, ancien chef de la majorité au Sénat et conseiller du sénateur Barack Obama, (17 août 2008)
«De tous les ennemis des libertés publiques, la guerre est peut-être le plus redoutable parce qu'elle comprend et développe le germe de tous les autres ennemis.»
James Madison (1751-1836), quatrième président des USA
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) est une relique de la Guerre froide. Elle a été créée le 4 avril 1949 comme une alliance défensive des pays d'Europe occidentale avec le Canada et les USA pour protéger ceux-ci des empiétements de l'Union soviétique.
Mais depuis 1991, l'empire soviétique n'existe plus et la Russie a coopéré économiquement avec les pays d'Europe occidentale, en leur fournissant du gaz et de pétrole, et des matières premières en tous genres tous. Ceci a accru l'interdépendance économique européenne et, par conséquent, considérablement réduit la nécessité d'une telle alliance militaire défensive au-dessus et au-delà de la défense militaire des pays européens eux-mêmes.
Mais le gouvernement US ne voit pas les choses ainsi. Il préférerait garder son rôle de protecteur paternaliste de l'Europe et d'unique superpuissance au monde. L'OTAN est l'outil qui convient à cet effet. Mais peut-être le monde devrait-il s'inquiéter de ces gens qui sillonnent la planète avec un bidon d'essence dans une main et une boîte d'allumettes dans l'autre, se faisant passer pour des vendeurs d'assurances contre les incendies.
En l'état actuel des choses, c'est un fait que le gouvernement américain et la nomenklatura spécialisée dans la politique étrangère américaine considèrent l'OTAN comme un outil important de la politique étrangère US d'intervention à travers le monde. Étant donné que de nombreux hommes politiques US ne soutiennent plus de facto l'Organisation des Nations Unies comme organisation internationale suprême pour le maintien de la paix dans le monde, une OTAN sous contrôle US semble être, à leurs yeux, un substitut attrayant à l'ONU pour fournir une couverture légale aux offensives militaires par ailleurs illégales qu'ils entreprennent à travers le monde. Ils préfèrent garder le contrôle total sur une petite organisation comme l'OTAN, même si elle est devenue une institution obsolète, que de devoir faire des compromis à l'ONU, où les USA ont néanmoins une des cinq voix de véto au Conseil de sécurité.
C'est la logique derrière les propositions visant à réorganiser, à réorienter et à élargir l'OTAN, afin de la transformer en un outil flexible de la politique étrangère US. C'est une nouvelle démonstration que des institutions devenues superflues peuvent avoir une seconde vie. En effet, lorsque leur vocation première n'existe plus, on leur découvre de nouvelles raisons de les garder en vie.
En ce qui concerne l'OTAN, le plan est d'en faire une alliance politico-militaire impériale et offensive contre le reste du monde, en l'élargissant considérablement. Conformément au plan, l'OTAN serait élargie pour englober l'Europe centrale et orientale, afin d'inclure non seulement la plupart des anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Albanie et Hongrie) et bon nombre des anciennes républiques de l'Union soviétique (Estonie, Lituanie, Lettonie, Géorgie et Ukraine), mais serait aussi étendue jusqu'en Asie pour inclure le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, et peut-être, faire une percée au Moyen-Orient, en admettant Israël. Aujourd'hui, l'OTAN, qui comptait au départ 12 membres, est passée à 26 membres. À l'avenir, si les USA atteignent leur but, l'OTAN pourrait devenir une organisation de 40 membres.
Aux USA, tant les Républicains que les Démocrates voient la transformation de la vieille OTAN en cette nouvelle alliance offensive militaire comme une bonne idée (néocone) pour promouvoir les intérêts US partout à travers le monde, ainsi que ceux de leurs proches alliés, comme Israël. Ce n'est pas seulement une idée activement promue par l'administration néocone Bush-Cheney, mais aussi par les conseillers néoconservateurs des deux candidats à l'élection présidentielle US de 2008, le sénateur John McCain et le sénateur Barack Obama. En effet, les deux candidats sont d'enthousiastes partisans de l'interventionnisme militaire, et c'est essentiellement parce que tous deux s'appuient sur des conseillers provenant des même milieux néocons.
Par exemple, la précipitation avec laquelle les Bush-Cheney ont imprudemment promis à l'ancienne république soviétique de Géorgie l'adhésion à l'OTAN et fourni un appui et un ravitaillement militaire US est un bon exemple de la manière dont l'OTAN est perçue à Washington DC par les deux principaux partis politiques. D'une part, le candidat présidentiel républicain John McCain envisage un nouvel ordre mondial construit autour d'une «Ligue des démocraties» d'inspiration néocon qui remplacerait de facto les Nations Unies et par laquelle les USA gouverneraient le monde. L'autre, le sénateur Barack Obama n'a pas une position très lointaine des propositions de politique étrangère du sénateur McCain. En effet, le sénateur Obama préconise l'utilisation de la force militaire des USA et des interventions militaires multilatérales dans les crises régionales, pour "des raisons humanitaires", même si ce faisant, l'ONU doit être court-circuitée. Par conséquent, si jamais il obtient le pouvoir, il y a fort à parier que le sénateur Obama n'aurait pas de scrupule à adopter la vision du monde du sénateur McCain. Par exemple, les deux candidats à l'élection présidentielle seraient probablement favorables à la suppression de la clause « no first strike » (ne pas être les premiers à attaquer) de la convention de l'OTAN. On peut tenir pour acquis que quel que ce soit l'homme politique qui entrera à la Maison Blanche, le monde sera un endroit moins régi par les lois et moins stable, et la situation ne sera guère meilleure qu'elle ne l'est sous l'administration voyoute des Bush-Cheney.
Il est toutefois difficile de voir en quoi ce nouveau rôle offensif attribué l'OTAN serait dans l'intérêt des pays d'Europe ou du Canada. L'Europe de l'Ouest, en particulier, a tout à craindre d'une résurgence de la guerre froide avec la Russie, et peut-être avec la Chine. La transformation de l'OTAN d'organisation militaire de défense de l'Atlantique Nord en une organisation militaire offensive d'envergure mondiale sous direction US va avoir des répercussions géopolitiques internationales à travers le monde, mais surtout pour l'Europe. L'Europe a une forte attraction économique pour la Russie. Alors pourquoi adopter la politique agressive d'encerclement militaire de la Russie de l'administration Bush-Cheney par un élargissement de l'OTAN aux portes de la Russie et en plaçant des boucliers anti- missiles juste à côté de la Russie? Ne serait-il pas mieux pour l'Europe de développer des relations économiques et politiques harmonieuses avec la Russie? Pourquoi préparer la prochaine guerre?
Quant au Canada, sous le gouvernement minoritaire du Néocon Steven Harper, il est malheureusement devenu de facto une colonie US, en ce qui concerne les affaires étrangères, et cela, sans aucun débat sérieux ni référendum à cet effet au Canada même. La dernière chose dont le Canada ait besoin serait de poursuivre sur cette route minée.
En conclusion, il semblerait que l'idée humaniste de faire la promotion de la paix, du libre-échange et du droit international comme fondements de l'ordre mondial a été écartée au profit d'un retour à la politique des grandes puissances et à la diplomatie de la canonnière. Il s'agit d'un retour en arrière de 100 ans.
Article original en anglais, Traduction Fausto Giudice, membre de Tlaxcala
Sénateur John McCain, (8 août 2008)
«Si nous avions travaillé de manière préventive avec la Russie, avec la Géorgie, en nous assurant que l'OTAN avait le genre de capacité, la présence et l'engagement idoines, nous aurions pu peut-être éviter ça» [L'invasion de l'Ossétie du sud par la Géorgie et la riposte russe subséquente ].
Tom Daschle, ancien chef de la majorité au Sénat et conseiller du sénateur Barack Obama, (17 août 2008)
«De tous les ennemis des libertés publiques, la guerre est peut-être le plus redoutable parce qu'elle comprend et développe le germe de tous les autres ennemis.»
James Madison (1751-1836), quatrième président des USA
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) est une relique de la Guerre froide. Elle a été créée le 4 avril 1949 comme une alliance défensive des pays d'Europe occidentale avec le Canada et les USA pour protéger ceux-ci des empiétements de l'Union soviétique.
Mais depuis 1991, l'empire soviétique n'existe plus et la Russie a coopéré économiquement avec les pays d'Europe occidentale, en leur fournissant du gaz et de pétrole, et des matières premières en tous genres tous. Ceci a accru l'interdépendance économique européenne et, par conséquent, considérablement réduit la nécessité d'une telle alliance militaire défensive au-dessus et au-delà de la défense militaire des pays européens eux-mêmes.
Mais le gouvernement US ne voit pas les choses ainsi. Il préférerait garder son rôle de protecteur paternaliste de l'Europe et d'unique superpuissance au monde. L'OTAN est l'outil qui convient à cet effet. Mais peut-être le monde devrait-il s'inquiéter de ces gens qui sillonnent la planète avec un bidon d'essence dans une main et une boîte d'allumettes dans l'autre, se faisant passer pour des vendeurs d'assurances contre les incendies.
En l'état actuel des choses, c'est un fait que le gouvernement américain et la nomenklatura spécialisée dans la politique étrangère américaine considèrent l'OTAN comme un outil important de la politique étrangère US d'intervention à travers le monde. Étant donné que de nombreux hommes politiques US ne soutiennent plus de facto l'Organisation des Nations Unies comme organisation internationale suprême pour le maintien de la paix dans le monde, une OTAN sous contrôle US semble être, à leurs yeux, un substitut attrayant à l'ONU pour fournir une couverture légale aux offensives militaires par ailleurs illégales qu'ils entreprennent à travers le monde. Ils préfèrent garder le contrôle total sur une petite organisation comme l'OTAN, même si elle est devenue une institution obsolète, que de devoir faire des compromis à l'ONU, où les USA ont néanmoins une des cinq voix de véto au Conseil de sécurité.
C'est la logique derrière les propositions visant à réorganiser, à réorienter et à élargir l'OTAN, afin de la transformer en un outil flexible de la politique étrangère US. C'est une nouvelle démonstration que des institutions devenues superflues peuvent avoir une seconde vie. En effet, lorsque leur vocation première n'existe plus, on leur découvre de nouvelles raisons de les garder en vie.
En ce qui concerne l'OTAN, le plan est d'en faire une alliance politico-militaire impériale et offensive contre le reste du monde, en l'élargissant considérablement. Conformément au plan, l'OTAN serait élargie pour englober l'Europe centrale et orientale, afin d'inclure non seulement la plupart des anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Albanie et Hongrie) et bon nombre des anciennes républiques de l'Union soviétique (Estonie, Lituanie, Lettonie, Géorgie et Ukraine), mais serait aussi étendue jusqu'en Asie pour inclure le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, et peut-être, faire une percée au Moyen-Orient, en admettant Israël. Aujourd'hui, l'OTAN, qui comptait au départ 12 membres, est passée à 26 membres. À l'avenir, si les USA atteignent leur but, l'OTAN pourrait devenir une organisation de 40 membres.
Aux USA, tant les Républicains que les Démocrates voient la transformation de la vieille OTAN en cette nouvelle alliance offensive militaire comme une bonne idée (néocone) pour promouvoir les intérêts US partout à travers le monde, ainsi que ceux de leurs proches alliés, comme Israël. Ce n'est pas seulement une idée activement promue par l'administration néocone Bush-Cheney, mais aussi par les conseillers néoconservateurs des deux candidats à l'élection présidentielle US de 2008, le sénateur John McCain et le sénateur Barack Obama. En effet, les deux candidats sont d'enthousiastes partisans de l'interventionnisme militaire, et c'est essentiellement parce que tous deux s'appuient sur des conseillers provenant des même milieux néocons.
Par exemple, la précipitation avec laquelle les Bush-Cheney ont imprudemment promis à l'ancienne république soviétique de Géorgie l'adhésion à l'OTAN et fourni un appui et un ravitaillement militaire US est un bon exemple de la manière dont l'OTAN est perçue à Washington DC par les deux principaux partis politiques. D'une part, le candidat présidentiel républicain John McCain envisage un nouvel ordre mondial construit autour d'une «Ligue des démocraties» d'inspiration néocon qui remplacerait de facto les Nations Unies et par laquelle les USA gouverneraient le monde. L'autre, le sénateur Barack Obama n'a pas une position très lointaine des propositions de politique étrangère du sénateur McCain. En effet, le sénateur Obama préconise l'utilisation de la force militaire des USA et des interventions militaires multilatérales dans les crises régionales, pour "des raisons humanitaires", même si ce faisant, l'ONU doit être court-circuitée. Par conséquent, si jamais il obtient le pouvoir, il y a fort à parier que le sénateur Obama n'aurait pas de scrupule à adopter la vision du monde du sénateur McCain. Par exemple, les deux candidats à l'élection présidentielle seraient probablement favorables à la suppression de la clause « no first strike » (ne pas être les premiers à attaquer) de la convention de l'OTAN. On peut tenir pour acquis que quel que ce soit l'homme politique qui entrera à la Maison Blanche, le monde sera un endroit moins régi par les lois et moins stable, et la situation ne sera guère meilleure qu'elle ne l'est sous l'administration voyoute des Bush-Cheney.
Il est toutefois difficile de voir en quoi ce nouveau rôle offensif attribué l'OTAN serait dans l'intérêt des pays d'Europe ou du Canada. L'Europe de l'Ouest, en particulier, a tout à craindre d'une résurgence de la guerre froide avec la Russie, et peut-être avec la Chine. La transformation de l'OTAN d'organisation militaire de défense de l'Atlantique Nord en une organisation militaire offensive d'envergure mondiale sous direction US va avoir des répercussions géopolitiques internationales à travers le monde, mais surtout pour l'Europe. L'Europe a une forte attraction économique pour la Russie. Alors pourquoi adopter la politique agressive d'encerclement militaire de la Russie de l'administration Bush-Cheney par un élargissement de l'OTAN aux portes de la Russie et en plaçant des boucliers anti- missiles juste à côté de la Russie? Ne serait-il pas mieux pour l'Europe de développer des relations économiques et politiques harmonieuses avec la Russie? Pourquoi préparer la prochaine guerre?
Quant au Canada, sous le gouvernement minoritaire du Néocon Steven Harper, il est malheureusement devenu de facto une colonie US, en ce qui concerne les affaires étrangères, et cela, sans aucun débat sérieux ni référendum à cet effet au Canada même. La dernière chose dont le Canada ait besoin serait de poursuivre sur cette route minée.
En conclusion, il semblerait que l'idée humaniste de faire la promotion de la paix, du libre-échange et du droit international comme fondements de l'ordre mondial a été écartée au profit d'un retour à la politique des grandes puissances et à la diplomatie de la canonnière. Il s'agit d'un retour en arrière de 100 ans.
Article original en anglais, Traduction Fausto Giudice, membre de Tlaxcala
20.8.08 17:15
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