Les Néo-ismes
Fascisme, sionisme, libéralisme, comment ce que désigne ces mots contemporains peuvent-ils s’affranchir de leur époque afin de gagner en clarté et en évidence ?
mercredi 9 mai 2007 par 8119 / Altermonde-levillage /
9.5.07 14:53 BASTA
A chaque fois, que les opposants n’osent se montrer ou qu’ils soient décomplexés, ces mots ne sont jamais que des stimuli qui relancent à chaque fois une guerre de mots, une guerre des idéologies, une guerre intra-sociale passant à la moulinette de la redéfinition tout un spectre de thèmes de société.
En agissant sur les événements + propagation de thèmes populaires adaptés, on peut prévoir le tracé de ’l’évolution de la considération d’un thème. En 50 ans, on passe de la pitié pour "les pauvres" en de la haine. C’est vers eux que se tourne le nouveau racisme. Enfin, l’idéologie du pauvre dont seront porteurs "les ennemis de la liberté" qu’il suffira de montrer du doigt pour qu’on les grille sur un bucher.
Je veux dire que la discussion centrée sur des antagonismes possède au bout du compte la propriété de mieux définir les mots - ce qui constitue une culturation. Mais ces "discussions" sont imaginaires, à la limite c’est du bavardage mental, mais en réalité réussir à exprimer correctement le fond de ses pensées est toujours un exploit.
Alors en raison de l’incapacité à dire, à crier, hurler ce qu’on veut faire comprendre pour que les gens cessent de croire en une définition tronquée d’un mot ou d’un thème, pour que la connaissance soit plus grande, ce qui devrait normalement être facile si les gens sont de bonne volonté, ces lacunes construisent le contexte d’une résignation et puis d’une démence.
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Chacun de ces trois mots pris en exemple, ou en fait, les mots en "-imse". peut à son tour se voir préfixé des ’euphémismes’ suivants :
anti
néo
pro
ultra... (etc...)
Déjà en eux les mots en "-isme" ont comme la fâcheuse tendance de provenir d’une vision communautaire, c’est-à-dire ayant formé des groupes classés selon un mot-clef qui, en fait, est une fonction, "ce en fonction de quoi" un clivage net et compréhensible par tous est faisable.
On y décèle la volonté de trouver le clivage qui permettra d’effectuer le classement le plus "propre" possible, qui ne laissera que deux groupes majeurs face à face.
Par exemple si on clive avec la couleur des cheveux, et non de la peau, les deux groupes formés sont trop difficilement déchiffrables l’un de l’autre. (ce serait un vrai bordel)
Ainsi, "les blancs" et "les noirs" (Note pour les ET qui s’étonnent à chaque fois : ça parle d’un taux de pigmentation de l’épiderme, mais de là à y voir un rapport à quoi que ce soit, ça demande plus d’étude) sont "un clivage" (la couleur) qui permet une distinction, ensuite nommée "raciale" par abus de langage et par héritage d’une inculture scientifique, qui est clair et simple pour tout le monde.
Une vérité qui frappe est surtout quelque chose de très visible et dont on ne peut plus se défaire, qui reconfigure la façon qu’on a de voir les choses. C’est l’effet "Ah d’accord lui il est comme ceci bon bah ok alors".
Nul doute qu’avant un certain moment, cette histoire de "races" n’était même pas apparu, les gens savaient qu’il en existaient d’autres, qui habitaient très très loin, et quand ils en voyaient ils étaient curieux.
Mais en cohabitant, il y a plein de choses qui sont difficiles à dire, à exprimer, qui germent comme des acariens dans un nid d’amour, et qui pour resurgir, ont besoin de capter l’attention sur un clivage rapidement et facilement communicable à tous.
Après moulte faits historiques honteux, le racisme est assez bien catalogué comme étant "mal" mais par contre le fait d’envoyer à un cerveau l’instruction (au terme d’information activant une programmation préalable, une activation, un stimuli) qui consiste à faire dire "ah d’accord lui il est comme ceci bon bah ok alors", ça par contre, ça peut avoir cours tous les jours.
J’estime que l’absence forcenée de travail intellectuel confine le cerveau à produire l’événement simulé de la réflexion intellectuelle, non personnel car imposé de l’extérieur, afin d’indiquer la voie à suivre, en rappelant la joie que cela procure.
Mais cette fausse réflexion intellectuelle provenant de l’extérieur, dont nos politiciens ne sont pas avares, (et leur sens de la comédie arrive presque à nous faire croire que ces idées viennent d’eux) est un symptôme d’une insuffisance, ainsi comblée.
C’est là qu’on peut avoir peur, quand la foule applaudit un orateur en raison des stimuli de fausse réflexion intellectuelle qu’il aura su activer en eux, car avec cette cadence d’idées, on parle d’idéologie, mais moi je parle de drogue intellectuelle, une source de bonheur dont on ne peut plus se passer, qu’on ne sait pas produire soit-même, et dont "l’orateur" verra vite que ce n’est pas dans son intérêt si jamais cela arrive.
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Là où ça devient intéressant c’est d’observer les conflits internes aux clivages. A un moment, il y a l’apparition du clivage comme regonflé d’une nouvelle énergie qui est une somme de frustrations subconscientes, fraîchement renommées, fraîchement réaffectées à des névralgies vivaces.
Encore une fois le choix du clivage dépend surtout du contexte social, tandis que le fait de dégueuler soudainement une somme de non-dits refoulés, cela par contre, appartient à la psychologie.
Mais ensuite au bout d’une génération autour du même thème, apparaissent les "anti-".
Ceux-là ont eu le loisir d’admirer l’impuissance du précédent clivage et se battent pour déscotcher l’attention populaire d’un clivage dont l’histoire aura prouvé qu’il était en fin de compte sans efficacité, à part pour son côté défoulant.
Note, "l’impuissance du précédent clivage" ne résout aucunement le questionnement sur le but sous-jacent. Par exemple en Israël les gens critiquent la guerre menée au Liban, mais en fait ils sont conduits par de faux-amis à critiquer "l’échec de la guerre au Liban". Mais la question sur la légitimité, elle, reste non soulevée (car très lourde).
Mais là où il y a eu un échec flagrant dans "l’antifascisme" ça a été dans la capacité à mettre des mots et des concepts plus forts et plus précis, plus puissants, dans la tête de leurs pères. A donner des arguments qui soient convaincants, eh oui.
Non au lieu de ça on s’est dit qu’ils allaient mourir avec leur frustration, mais voilà qu’elle réapparaît, plus vivace et fraîchement née, dont les effets néfastes sont encore très peu détectable.
Car à part une vindicte populaire qui dit "le fascisme c’est mal", je n’ai observé aucun argumentaire autour de cela. Tout, encore une fois comme dans tout totalitarisme, doit tomber sous le sens, l’évidence admise par tous : "le fascisme c’est mal".
En fait surtout le fascisme c’est encombrant, inutile, beaucoup d’énergie pour rien. Mais le lecteur pourra admirer toute l’ambiguïté de ces propos.
Et bah voilà le résultat : apparaissent les néo-fascistes, en contre-contre-réaction, dont le discours est variable - soit ce sont des fascistes purs et durs, et fiers de l’être, qui avancent des arguments de groupes sociaux hétérogènes dont l’existence est inaliénablement anthropologique - soit ce sont des fascistes qui s’ignorent, dénoncent le fascisme à tout bout de champ de façon compulsive, ceci afin d’exercer le sien propre, mais sans jamais pouvoir l’admettre, en raison de l’obsession de l’ancien clivage.
Ces derniers, eux aussi, avanceront des arguments bien plus palpables et concrets que des simples "antifascistes".
En fait je pense à l’image du méchant qui menace de frapper le juste et opprimé, s’il ne lui donne pas satisfaction, et là "le gentil" n’a aucun argument à donner, si ce n’est : "ne fais pas ça". C’est à dire "dégageons-nous de cet irréductible antagonisme". Mais bon dans le feu de l’action il n’y a plus que les mots d’urgence qui soient disponibles. Ce "feu de l’action" peut posséder une acception psychosociale.
On est donc au coeur d’un tournant historique où le "néo-" l’emporte sur "l’anti-", recevant le soutient des anciens "puristes", et tout cela sous les yeux de ceux à qui ces clivages échappent encore, dont certains grâce aux arguments nouveaux, comme jadis leurs grands-pères, se laissent séduire par des idées "qu’ils auraient aimé pouvoir exprimer aussi clairement", et donc deviennent des "pro-".
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Je crois que la principale erreur du mouvement "anti" est de n’avoir pour seules armes que celles de leurs pères, le reniement, et donc d’être très peu convaincants, et pire, sans le savoir, d’armer de "nouveaux arguments" (d’où "néo-" ceux qui se révolteront de cet "anti-", très vite devenu comme une chapelle très singulière et minoritaire.
C’est terrible de voir que le "anti-" soit si minoritaire, car par opposition du coup, le "non-anti-" serait majoritaire, du moins de façon implicite et superficielle ; mais c’est déjà suffisant.
Et par contre le "néo", lui, n’est pas organisé, il est spontané et vivace, et donne à son tour tous les arguments et les fondements logiques dont leurs grands-pères (les puristes) ont besoin.
En fait les "anti-" ont laissé un héritage aux "néo-" qui consiste en "le déni". En réalité les "anti-" n’osaient pas s’avouer à eux-mêmes ce que signifie en profondeur le préfixe "anti".
"Ma" définition de l’"anti-", c’est un terme que je n’aime pas ou que j’emploie à mon propos parfois mais à contre-coeur, ne doit pas consister spécifiquement en une vocation.
Car en réalité ceux qui ont vocation à être "anti-" quelque chose, le possède en eux, et désirent s’en défaire.
Pour que le message soit porteur il aurait fallu que les antiracistes soient eux-même capables de dire "en quoi" ils possèdent en eux des comportement racistes, et en quoi consiste leur action pour se défaire de cette aliénation, que la raison, la logique, la science et la morale peut combattre, à condition de s’y efforcer.
L’antiracisme n’aurait pas dû être présenté comme une chose qui allait de soi et sur laquelle il n’y avait aucune discussion à avoir. Il eût fallu que des gens se fassent porteurs du message d’une volonté de transformation intérieure afin qu’au final, et c’est là tout l’intérêt de la science, "la spontanéité du comportement finisse par ne plus révéler les caractères du fascisme", à savoir ce que l’étude définit avec le terme d’autoritarisme, par exemple.
Encore une remarque, je n’ose qu’à peine la dire mais allons-y, si vraiment l’antirascisme avait une légitimité morale indubitable et clairement créatrice d’un clivage clair et net, et facilement adoptable par tous en raison du bon sens, qu’elle impression ça aurait fait de voir apparaître ces gens, par exemple dans une émission de Delarue, "Je suis raciste mais je me soigne" ?
Quelle est la légitimité morale d’une telle mise en exergue ? Il y a bien des cures pour ne plus fumer, se désintoxiquer, alors pourquoi n’y aurait-il pas des cure de désintoxication idéologique ? (rhétorique sophiste néo-objectiviste)
Simplement parce que cette seule idée, est carrément bien plus effrayante que la précédente qui consiste, tout benoîtement, à n’être qu’un crétin de la terre qui parle fort dans les bars mais qui est toujours bien content quand un arabe lui livre sa pizza...
Le premier, le raciste de base, est surtout impuissant et frustré, mais pas dangereux tant qu’il vit dans son coin, et que son vocabulaire limité l’empêche de trop bien transmettre son idéologie autour de lui, de ne pas trop être "contaminant".
Le second, le néofasciste, celui qui pousse les principes jusqu’au bout pour bien voir si ça marche, est par contre très capable d’envoyer dans des camps de rééducation morale des milliers de personnes sans craindre un instant la colère de Dieu ni encore moins les marges d’erreur...
Cela déjà serait une exagération du principe précédent qui consiste à confronter son opinion personnelle à l’opinion publique.
Car il y a aussi de "néo-" le fait que l’idéologie dominante se doit d’être partagée numériquement par le plus grand nombre et opposable à des conversations privées. En fait toute discussion doit être pensée comme si elle devait être révélée au grand public sans en avoir honte. Est-ce un mal ou pas, en tous cas c’est une propriété emmenée par ce qui est "néo-".
Si jamais le néo-truc échouait lamentablement, peut-être que dans la confusion ce principe également, celui de l’universalisme, serait aussi brûlé.
Mais les uns comme les autres, reproduisent toujours les mêmes procédures de façon inadéquates, les accusant par la suite d’être en elle-mêmes défectueuses, c’est à dire "mal".
Ce n’est pas tout de posséder la connaissance de concepts et de fonctionnements, en savoir faire usage nécessite une intelligence au moins égale à celle qu’il a fallu pour les découvrir.
Si on traite, avec des clivages dogmatiques, des sujets qui dépassent notre entendement, il en résulte mathématiquement qu’on ignore la marge d’erreur à laquelle on s’expose.
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