samedi, juillet 15, 2006

Proche-Orient

Proche-Orient: les étrangers quittent le Liban
Face à l'escalade de la violence au Proche-Orient, plusieurs pays évacuent leurs ressortissants. Une cinquantaine de Suisses ont aussi quitté le Liban vendredi.

Samedi, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans la Bande de Gaza et au Liban, faisant à nouveau de nombreuses victimes.

Un convoi d'habitants, qui fuyaient leur village au Liban sud, a été bombardé par l'armée israélienne samedi. Dix-huit civils, dont neuf enfants, ont été brûlés vifs, selon la Force intérimaire des Nations unies et des sources hospitalières.Les bombardements israéliens se sont aussi intensifiés sur la route Beyrouth-Damas, principal axe routier entre le Liban et la Syrie.De son côté, le Hezbollah aurait tiré des dizaines de roquettes contre les villes israéliennes de Nahariya et Tibériade.
Samedi, la communauté internationale a lancé un nouvel appel à toutes les parties impliquées dans l'escalade de la crise au Proche-Orient leur demandant de mettre un terme aux violences. Dans le même temps, plusieurs pays, dont la Suisse, évacuent leurs ressortissants.

54 Suisses évacués

«Cinquante-quatre Suisses et trente ressortissants allemands ont quitté Beyrouth vendredi en fin d'après-midi dans des bus mis à disposition par l'ambassade de Suisse au Liban en collaboration avec l'ambassade d'Allemagne», précise le porte-parole du DFAE Jean-Philippe Jeannerat.«Les passagers sont arrivés sains et saufs à 5h du matin à Damas, en Syrie, après un long périple par des routes détournées», ajoute le porte-parole, en soulignant que la route internationale Beyrouth-Damas avait dû être évitée en raison des bombardements.Arrivés en Syrie, les ressortissants helvétiques ont été logés dans des hôtels et seront rapatriés vers la Suisse, ou d'autres destinations, selon leurs souhaits, indique encore le ministère des affaires étrangères dans son communiqué.Actuellement, 838 citoyens suisses vivent au Liban, dont 713 ont la double nationalité, suisse et libanaise.Il y aurait aussi «plusieurs centaines de touristes suisses, en ce moment, au Liban, affirme Jean-Philippe Jeannerat, cité par «Le Matin». Nous n'avons pas d'évaluation plus précise car presque aucun voyagiste n'organise des séjours au Liban. Les touristes s'y rendent par leurs propres moyens».

Collaboration européenne

«Les Suisses qui désirent quitter le Liban peuvent s'annoncer à leur ambassade, note le porte-parole du DFAE. Des mesures sont actuellement prises afin de faciliter leur départ».«Pour des raisons de sécurité», le porte-parole ne souhaite pas donner plus de précisions sur les dispositions prises par Berne. «La Suisse collabore sur place avec les autres pays européens», ajoute-t-il simplement.Le ministère italien des affaires étrangères, en contact avec les instances de l'Union européenne, a pour sa part précisé samedi qu'il organisait l'évacuation du Liban d'environ 410 étrangers, dont de nombreux Italiens. Un convoi est parti de Beyrouth en début de matinée samedi à destination de la Syrie.La quinzaine de bus remplis de ressortissants européens se trouve pour l'heure stationnée à l'entrée nord de Tripoli, et poursuivra sa route vers la Syrie par le littoral lorsque les conditions de sécurité le permettront.Les abords de Tripoli, située à 90km au nord de Beyrouth, ont été bombardés samedi matin par l'armée israélienne. Les autorités helvétiques ont indiqué ne pas avoir connaissance pour le moment de la présence de Suisses parmi ces voyageurs.

Grands moyens

La France a annoncé samedi par la voix de son Premier ministre Dominique de Villepin qu'elle avait mis en œuvre des «moyens maritimes et aériens, civils et militaires» pour évacuer ses ressortissants.Des autocars et des voitures ont été mis à leur disposition pour se rendre vers Damas ou vers Amman et prendre ensuite des vols commerciaux.La France prévoit aussi de recourir à un ferry de 800 à 1'000 places pour évacuer des personnes vers l'île de Chypre. Elle va également engager deux avions de transport de troupes, trois hélicoptères Cougar, une frégate et un bâtiment maritime pouvant accueillir 1'800 personnes à son bord.
swissinfo et les agences

Liban : au quatrième jour des combats, Israël intensifie ses frappes
Un raid mené par l’armée israélienne dans le Sud-Liban a tué au moins dix-huit civils, dont neuf enfants, et pour la première fois, des chasseurs israéliens ont bombardé le no man's land à la frontière libano-syrienne. Le Hezbollah, lui, a tiré des roquettes sur la ville israélienne de Tibériade. Il n’avait jamais frappé aussi loin dans le territoire de l’Etat hébreu. Par ailleurs, le corps sans vie d’un des quatre marins israéliens disparus vendredi a été retrouvé.

«Vous avez voulu une guerre ouverte, vous l’aurez», a déclaré vendredi soir le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à la télévision de son parti, al-Manar, juste après avoir échappé au raid visant son quartier général dans la banlieue sud de Beyrouth.
Nasrallah reste donc la cible prioritaire de l’Etat hébreu. Samedi matin, le ministre israélien Zeev Boïm, un proche d’Ehoud Olmert, a affirmé qu'Israël le « liquidera ». « Il ne peut bénéficier d'aucune immunité. A la première occasion, nous le liquiderons. C'est pour ça qu'il a intérêt à prier Allah », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio publique israélienne.
Premiers raids dans la région de Tripoli
Sur le terrain, les affrontements entre le parti chiite libanais et Israël se poursuivent. Selon la Force intérimaire des Nations unies, dix-huit civils, dont neuf enfants, ont été brûlés vifs par un bombardement israélien alors qu’ils fuyaient leur village de Marwahine au Sud-Liban.
Parallèlement, l’armée israélienne a mené un nouveau raid sur la banlieue sud de Beyrouth, repère du Hezbollah. L’immeuble de neuf étages abritant le quartier général d’Hassan Nasrallah a été entièrement détruit.
Un peu plus tôt, l’aviation israélienne a bombardé Masnaa, le principal poste frontalier libano-syrien. Trois personnes ont été tuées. Le poste frontière est désormais impossible d'accès en raison d'un immense cratère qui barre la route internationale. L’aviation israélienne a récidivé un peu plus tard, bombardant le no man's land entre le Liban et la Syrie, dans l'est du Liban, selon la police libanaise. Israël poursuit ainsi son objectif d’isolement du Liban : les passages par la montagne sont désormais les dernières voies possibles pour fuir les combats.
Samedi matin, l'aviation israélienne a pour la première fois visé la région de Tripoli, la deuxième ville du pays. Trois civils ont par ailleurs été tués dans un raid aérien dans la région du Hermel, à l’est du Liban. Trois ouvriers égyptiens ont été blessés et un quatrième a été tué après l’explosion d’une station essence à Saïda, au Sud-Liban. Les avions israéliens ont également mené deux raids sur les collines de Mssaylih, où se trouve la résidence du président du Parlement, Nabih Berri.
Des missiles iraniens ?
Samedi matin, le corps de l’un des quatre marins disparus la veille a été repêché en mer. Les recherches se poursuivent pour retrouver les trois autres marins. Leur bateau a été touché vendredi soir et a pris feu, a expliqué une porte-parole israélienne. Le Hezbollah dit avoir touché le navire avec un drone bourré d'explosifs, mais un général israélien affirme que le mouvement chiite libanais a tiré sur le bâtiment un missile de fabrication iranienne. « Cela fait apparaître l'empreinte très profonde de l'implication iranienne au sein du Hezbollah », a déclaré le général Ido Nehushtan. Selon un responsable du renseignement israélien, une centaine de soldats iraniens se trouveraient actuellement au Liban afin d’aider le mouvement chiite dans sa lutte.
Tibériade touchée pour la première fois
Le premier ministre israélien, Ehoud OImert, a donné vendredi soir son feu vert à la poursuite de l’offensive et fixé trois conditions à la fin des opérations au Liban : la libération des deux soldats enlevés mercredi, l’arrêt des tirs de roquettes contre le territoire israélien et l’application d’une résolution des Nations unies exigeant le désarmement du Hezbollah.
Mais le Hezbollah continue à défier l’Etat hébreu. Pour la première fois, la ville de Tibériade, lieu sacré du christianisme situé au nord-est d’Israël, a été visée samedi. Le mouvement chiite libanais a revendiqué ce tir qui a fait plusieurs blessés. A l’aube, le Hezbollah a tiré une dizaine de roquettes sur plusieurs localités du nord d'Israël, dont la ville côtière de Nahariya, sans faire de victime. Vendredi, deux Israéliens, une grand mère et son petit fils âgé de 5 ans, avaient été tués et cinq autres membres de la même famille blessés par un tir similaire. Selon un responsable israélien, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, le Hezbollah possède des roquettes capables d’atteindre Tel-Aviv, la capitale économique d’Israël.
Face à cette escalade de la violence qui fait craindre un conflit régional,
le Conseil de sécurité de l’Onu a tenu une réunion d'urgence à New-York mais celle-ci s'est achevée sans demande de cessez-le-feu, comme le réclamait le Liban.
lefigaro.fr (avec AFP, Reuters et AP).
Actualisé le 15 juillet 2006 : 15h47


Irresponsabilités
Le Liban bombardé par Israël pour la quatrième journée ; la Syrie et l'Iran sur la défensive ; l'opinion arabe mobilisée ; une partie des Israéliens sous le feu de roquettes tirées depuis la frontière nord : tous les ingrédients d'une escalade incontrôlée sont réunis au Proche-Orient. Or, n'étaient une vaine tentative de résolution esquissée vendredi 14 juillet par l'ONU et quelques propos lénifiants entendus à Saint-Pétersbourg, en Russie, où se tient un sommet du G8, la communauté internationale paraît plus impuissante que jamais. Elle paie des années d'indifférence et de passivité devant le pourrissement du conflit israélo-palestinien.

Car c'est ce conflit qui déclenche le drame actuel : le parti chiite libanais extrémiste Hezbollah a choisi de défier Israël en enlevant deux de ses soldats dans la région frontalière pour apporter son soutien au parti islamiste palestinien Hamas, lui-même sous les coups de Tsahal à Gaza depuis qu'il a kidnappé le caporal Gilad Shalit, le 25 juin... La crise de Gaza a conduit à celle du Liban, qui, elle-même, n'a été possible que parce que la Syrie et l'Iran ne sont pas opposés au coup de force de leur protégé libanais, le Hezbollah. Tout est lié, et les engrenages les plus dévastateurs sont à craindre.
Au Proche-Orient, l'administration Bush a inventé une sorte de coquille vide tenant lieu de cadre de négociation : le Quartet. Il réunit les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'ONU et a pour objet de faire semblant de favoriser un dialogue israélo-palestinien. Le Quartet ne sert à rien. Qui sait quand il s'est réuni pour la dernière fois ? Ses membres ont choisi d'être impuissants, pour des raisons diverses.
Depuis l'arrivée de George W. Bush à la Maison Blanche, les Etats-Unis ont abandonné leur rôle d'" honnête médiateur" et collent à la politique d'Israël, quelle qu'elle soit. Les Russes n'ont pas de stratégie particulière, sinon celle de rendre la vie difficile aux Américains. Les Européens ont du mal à se faire entendre, faute d'exister politiquement. Et, comme l'a montré une pathétique prestation vendredi soir au Conseil de sécurité, l'ONU est impuissante : elle est le reflet de la mauvaise volonté de tout le monde.
"Ne nous laissez pas face à face avec les Palestiniens", confiait un ancien haut diplomate israélien. Il appelait à une intervention de la communauté internationale, comme dans les Balkans, où, disait-il, Américains, Européens et même Russes finirent par agir de concert. On les a "laissés face à face". On a laissé dégénérer une situation où l'Autorité palestinienne a succombé à ses tendances autodestructrices et aux coups des Israéliens. On a laissé les protagonistes cultiver leurs vieux démons. Au bout de cette chaîne d'irresponsabilités, il y a l'affrontement, sur le champ de bataille préféré des uns et des autres : le Liban.
Article paru dans l'édition du 16.07.06
© Le Monde.fr

16:10 basta Multiples bombardements i...

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