vendredi, juin 01, 2007

L’écœurante odeur du pouvoir

Certains, au bout de cet article, voire juste après avoir lu le titre, penseront que je suis un anarchiste. Je n'en sais rien et, à vrai dire, ce que je suis ou ne suis pas ne me préoccupe pas du tout. Je cherche juste à comprendre, comme tant d'autres, pourquoi, alors que l'humain n'est pas fait pour la souffrance, il la subit aussi violemment et depuis toujours…
mercredi 30 mai 2007 par Jean Dornac / Altermonde-levillage

Je ne parle pas de la souffrance que la vie, sans l'intervention des humains, nous impose ; je ne parle donc ni des maladies, ni des cataclysmes naturels ni de la mort. Mais pour le reste, quelles sont les raisons de la souffrance humaine, de tous les humains ? Certains diront que c'est la faute à tel ou tel système de société, et c'est vrai ; d'autres diront que c'est la volonté de Dieu, et là, c'est de la fumisterie. Mais dans tous les cas, à la base de ces souffrances, si innombrables partout sur la surface de la terre, nous trouvons les pouvoirs et la volonté de certains de se l'approprier, de s'en assouvir et de l'exercer en oubliant ou en refusant de considérer que nul n'a le droit d'agir en être « supérieur » face au reste des humains. La « supériorité » des uns par rapport aux autres n'a tout simplement pas lieu d'être ; ce n'est qu'une nouvelle et tragique fumisterie.
Cette notion de supériorité est directement issue, et seulement issue de la volonté de pouvoir qui n'est jamais rien d'autre que le résultat d'un incommensurable orgueil, d'une lamentable prétention au regard de la réalité de l'humanité et d'une stupidité sans bornes ni limites.
De quel pouvoir s'agit-il ?
De tous les pouvoirs, sans la moindre exception, pas seulement du pouvoir politique ! En voici quelques-uns qui appartiennent à ce vaste et écœurant domaine.
Le pouvoir politique, bien sûr ;
Le pouvoir, le plus souvent des hommes, au sein d'une famille ;
Le pouvoir religieux ;
Le pouvoir scientifique ;
Le pouvoir médiatique ;
Le pouvoir policier ;
Le pouvoir militaire ;
Même le pouvoir que veut déjà s'arroger un gamin sur ses petits camarades…
Etc.
Dès qu'il y a recherche de pouvoir, il y a, inévitablement, recherche de domination sur les autres. Cela peut être relativement innocent, puisque cela dépend de l'intensité de l'orgueil, donc du caractère de celui qui prend ou « accepte » un pouvoir. Mais jamais, la prise d'un quelconque pouvoir n'est neutre, jamais ceux qui l'exercent et ceux qui le subissent n'en sortent totalement indemnes.
Dans les définitions les plus belles ou les plus naïves du pouvoir, celui-ci est présenté comme un service rendu . Il suffit d'écouter tous les discours de tous les milieux de pouvoir, politiques comme tous les autres, toujours vous entendrez le ou les élus dire combien cela représente une grande responsabilité, combien leur volonté est de rendre service à ceux qui leur ont fait confiance… Rendre service, oui, mais à qui ? Lorsque, avec du recul, on scrute la chose, le « service rendu » fut une chose vraie mais pour l'élu lui-même, ses amis, ses soutiens, ses commanditaires… C'est tellement commun qu'il devient difficile d'être crédible face aux citoyens ayant conservé un esprit critique suffisamment pointu.
Pourtant, parlant cette fois plus précisément de la politique, à chaque fois, une large part du peuple se laisse prendre à « cette petite musique », ce refrain de « l'homme providentiel qui nous sauvera de tout ! » le plus constant de toutes les propagandes. On en a encore eu une preuve éclatante lors des présidentielles de 2007, même une preuve lamentable, à vrai dire…
Pouvoir et corruption
Distinguer deux cas à propos de la corruption :
1) Le premier cas, le plus commun, celui auquel un certain nombre de détenteurs de pouvoir, notamment dans les milieux politiques, de la grande finance ou du monde des affaires cède, est soumis, en principe, mais rarement dans les faits, à jugement et condamnation en Justice. Je n'ai nul besoin de m'étendre sur ce sujet bien connu, hélas. 2) La corruption dont je veux parler à propos du pouvoir est plus subtile. C'est la corruption de l'esprit. C'est la volonté, peu à peu, d'imposer ses vues y compris par la force, la ruse, la propagande, les menaces et tout l'arsenal des assoiffés du pouvoir, y compris, en politique, comme on l'a trop vu au cours des cinq dernières années, par la loi. Chose qui, malheureusement, en France, avec le nouveau pouvoir qui s'installe, n'est pas prête de s'achever, tout au contraire.
C'est un vice directement lié à la volonté de pouvoir et son corollaire, la domination sur le peuple. L'humain qui veut le pouvoir veut aussi le garder parce qu'il est convaincu de détenir la vérité, parce qu'il ne doute plus qu'il est au-dessus des autres humains, de la plèbe, et parfois, comme c'est le cas pour GW Bush, cela va jusqu'à croire que c'est Dieu lui-même qui l'a choisi et l'inspire, voire lui parle directement. Tout cela rend ces humains, pourtant pas plus dignes, pas plus valeureux que nous tous, extrêmement dangereux pour la paix lorsqu'il s'agit de politiciens, pour la justice la plus élémentaire pour les autres détenteurs de pouvoir.
Alors, oui, je considère que le pouvoir, par sa nature même, corromps inévitablement celui qui y goûte, celui qui en fait sa profession ou sa raison de vivre. Pour parler encore des politiciens, certains d'entre eux vivent cette corruption avant même d'exercer le pouvoir, d'autres subiront la corruption de l'esprit une fois qu'ils auront entre les mains la réalité du pouvoir… Dans tous les cas, cette tare est tragique et peut très mal finir.
La folie de ces gens de pouvoir ne serait pas bien grave si les individus formant les peuples ne s'obstinaient pas à « admirer » ces « puissants » ou si, ces citoyens bien trop nombreux réalisaient qu'un élu ne devrait pas se servir mais servir. Or, ce que nous voyons, à de très rares exceptions près, c'est précisément tout l'inverse. Mais on dirait que les peuples ne veulent pas comprendre, qu'ils préfèrent fermer les yeux et se boucher les oreilles. Un puissant qui n'a pas le soutien aveugle des citoyens est un impuissant ; le jour où chaque citoyen comprendra cela, des progrès humains pourront se réaliser, pas avant.
Pouvoir et violence, deux éléments indissociables
La nature même de ce qu'est le pouvoir réclame, tôt ou tard, l'usage de la violence. La raison en est d'une limpidité désarmante. Si on prend un petit pays comme la France, avec ses soixante millions d'individus, il serait illusoire d'imaginer que l'opinion et les volontés du détenteur du pouvoir seraient partagées unanimement. C'est rigoureusement impossible à cause des intérêts divergeant entre riches qui détiennent depuis toujours le pouvoir et les pauvres et plus évident encore, les pauvres n'ayant guère le moyen de se faire entendre, entre le pouvoir représentant d'une caste et l'opposition (aujourd'hui le PS, demain peut-être, à nouveau, l'UMP représentant d'une autre caste voulant le pouvoir, elle aussi. Cela tient de la jalousie, de l'orgueil frustré, et des rentes de situations qui ne s'accumulent pas ou plus…
Les différentes sortes de violences exercées
La violence du pouvoir Exécutif : A la fois physique et mentale.
L'exécutif ayant été « élu », même si c'est par une faible majorité, il estime avoir la légitimité et représenter la totalité du peuple. A partir de là, il n'admet pas d'opposition réelle ; l'opposition politique et politicienne ne peut le gêner puisque de toute façon, les partis qui ont « vocation à gouverner » ne se contenteront que de paroles et plus que rarement d'actes pouvant mettre en péril la possession du pouvoir par le locataire du moment à l'Elysée. Chacun joue sa partition en attendant l'échange de places...
En revanche, si la rue, la plèbe, les petits en somme, se permet de remettre en cause la réalité du pouvoir autrement que par la bien innocente et impuissante voie des urnes, alors, l'exécutif usera de toute la violence médiatiquement acceptable. Ce sera, dans la majorité des cas, par l'entremise de la police qui, ces dernières années, est devenue de plus en plus sauvagement répressive. Il n'est que le pouvoir qui fasse semblant de n'avoir rien vu et, pour cause, puisque c'est lui (celui de Chirac comme déjà celui de Sarkozy) qui donne les ordres. Comme il est probable que passé le délire actuel du peuple en faveur du nouvel élu les choses se gâteront sérieusement, il n'est pas exclu que ce nouveau pouvoir ne fasse rapidement appel à la violence instituée. On verra…
La violence du pouvoir législatif : Essentiellement mentale.
On pourrait être étonné en lisant ce sous-titre. Pourtant, s'il n'y a pas violence physique, il y a violence morale au travers des lois votées, je dirais plutôt imposées. Et puis, il y a l'impossibilité mathématique de l'existence d'une opposition sérieuse en raison du système majoritaire interdisant toute proportionnelle réelle. C'est très pratique pour assurer la pérennité et la stabilité d'un pouvoir, mais c'est tragique au vu de ce que devrait être la démocratie. En fait, l'Assemblée Nationale n'est plus rien d'autre qu'une chambre d'enregistrement des volontés de l'exécutif. Il est à remarquer qu'en dépit des prises de positions régulières de l'opposition (droite comme gauche lorsqu'elles sont dans cette situation) le système majoritaire convient très bien aux partis et nul n'a la réelle volonté de changer de système une fois arrivé au pouvoir.
La violence du pouvoir judiciaire : Essentiellement mentale.
Les liens entre le pouvoir judiciaire et l'exécutif ne peuvent pas être ignorés ou niés. D'abord, parce que les acteurs de ces deux pouvoirs sont, pour l'essentiel, issus des mêmes castes privilégiées et défendent donc, pour une large part, les mêmes intérêts, les mêmes convictions. Ensuite, l'exécutif, par le biais du pouvoir législatif, fait les lois et donc La Loi. Le pouvoir judiciaire applique La Loi. Certes, parmi les magistrats on trouve des gens qui gardent une certaine indépendance. Mais combien sont-ils ? Il suffit de voir ce qui se passe depuis cinq ans pour comprendre que la justice au travers d'un certain nombre de magistrats applique les ordres venus de l'exécutif. Combien d'innocents, accusés « d'outrage et rébellion » par des policiers ont été aveuglément condamnés ? Combien de pauvres hantent les sinistres couloirs et cellules des prisons, parce qu'ils sont pauvres ? A mes yeux, tout cela n'est qu'abominable violence contre des citoyens totalement démunis.
La violence du pouvoir pénitentiaire : A la fois physique et mentale.
Dernière roue du pouvoir des gouvernants, la prison. On sait, sauf à être d'une mauvaise foi absolue, que cette dernière, en France, est une tragédie pour tout condamné à y séjourner. On a vu qu'un tiers de « présumés innocents » sont broyés dans les prisons françaises ; on sait le nombre de suicides de détenus n'en pouvant plus ; on sait l'horreur qu'est la surpopulation carcérale. Mais nos gouvernants n'en ont cure : Par volonté d'autoritarisme, par volonté de domination absolue, seule justification de la « tolérance zéro », le pouvoir veut plus de condamnations, toujours plus… Cette violence n'est pas que mentale, elle est aussi physique, le nombre de morts en prison atteste de cette tragique vérité.
La violence médiatique : Mentale.
On pourrait penser que c'est la plus innocente des violences. Au niveau physique, c'est évident, il n'y a pas violence. Mais parce qu'une grande partie des médias appartient aux mêmes castes que celles des gouvernants, elle exerce depuis un certain nombre d'années une violence psychique grave au travers de la propagande continuelle qu'elle impose à ceux qui ont l'énorme tort de lui faire encore confiance. Par exemple, la « sarkolâtrie » en cours amène un grand nombre de citoyens à « être satisfaits » du nouveau gouvernement comme du nouveau locataire de l'Elysée alors que rien n'a encore été fait ! Les gens sont donc satisfaits du vide ! Soumis à l'intense propagande en images, en sondages, en flagorneries incessantes des commentateurs et experts, nos concitoyens, charmés par le « cinéma à l'américaine » de notre nouvel exécutif se bercent d'illusions fatales. Rappelez-vous aussi des insultes proférées par certains éditorialistes contre les électeurs après la défaite du « oui » au référendum… La répétition, tous les jours, de la propagande du pouvoir, c'est de la violence contre les consciences, et je pourrais même dire sans risque de me tromper, c'est un viol des consciences.
Conclusion
Compte tenu de tout ce que je viens d'écrire, je persiste et dis que le pouvoir traîne derrière et autour de lui une odeur écœurante, une odeur nauséabonde.
Au point où nous en sommes, la situation semble désespérée. Les peuples, on l'a vu en France au mois de mai, courent, volent, feraient n'importe quoi pour voter et offrir le pouvoir à des gens sans scrupules qui n'ont comme dessein que de dominer le peuple entier et à en écraser la part la plus pauvre. Ma déception de voir l'UMP au pouvoir est moins grande que de voir cette incroyable folie de la majorité d'un peuple qui a voté, puis a fêté, et est déjà satisfait du nouveau pouvoir avant même qu'il n'ait fait quoi que ce soit d'autre que de parader devant les écrans et les objectifs des appareils photographiques… Par moments, j'ai l'impression qu'un voile ténébreux s'est emparé des esprits pour qu'ils s'enchaînent eux-mêmes, pour qu'ils désignent eux-mêmes leurs juges et leurs futurs bourreaux…
Pour tous ceux qui refusent cette fatalité tragique, il est évident qu'il faut lutter contre ce pouvoir et, au-delà, malgré le temps qu'il faudra, contre l'essence même du pouvoir à quel que niveau qu'il soit.
Les moyens ne sont pas nombreux :
Le moyen « animal », c'est-à-dire la violence par la force, ce que je réprouve et rejette pour ma part ;
La désobéissance civile et la non-violence ;
La création patiente, nécessairement longue, d'alternatives à tous ces pouvoirs.
Il s'agit ni plus ni moins, et je mesure la complexité de cette véritable « œuvre », de trouver les moyens nécessaires pour rendre tout pouvoir inutile. Cette route est désespérément longue, mais ce sera le prix à payer si nous voulons que d'autres générations n'aient pas à subir ce que l'humanité subit depuis toujours, le prix à payer pour vivre libres et casser la tyrannie, quels que soient les habits dont elle se revêt.
30.5.07 15:43
http://20six.fr/basta/art/19886535/L_ec_urante_odeur_du_pouvoir

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lundi, mai 28, 2007

Palestine : c'est Pire que l'Apartheid d'Afrique du Sud

Afrique du Sud : rencontre de Gideon Levy (Haaretz) avec Ronnie Kasrils, ancien combattant juif contre l'Apartheid. Il dit que l'occupation israélienne est pire que l'Apartheid. « L'occupation me rappelle les jours les plus sombres de l'Apartheid, mais on n'a jamais vu des tanks et des avions tirer sur la population civile. C'est une monstruosité que je n'avais jamais vue auparavant… Ce que j'essaie de dire : ce n'est pas les juifs, c'est le Sionisme qui fait cela. Donc j'ai décidé de me lever et de parler. J'ai trouvé cela dans la tradition juive : ouvrir la bouche, au nom de sa conscience. » Action des architectes britanniques contre leurs confrères israéliens qu'ils accusent de collaborer activement à une occupation inhumaine, en violation des normes professionnelles internationales.
Image du film Matzpen
28-05-2007
YABASTA
Pleure, Pays Bien Aimé – Gideon Levy

Pretoria, Afrique du sud – C'était comme si on était au cinéma. Seulement là on voyait une photo inerte qui se réveillait soudain à la vie. Nous étions debout au musée de la mémoire de Soweto, prés d'une photo d'un garçon mort entourés d'autres enfants, et notre guide Antoinette nous en parlait. Antoinette nous a dit que la jeune fille sur la photo c'était elle.
La photo est à l'entrée du musée, construite pour commémorer le combat des noirs contre l'Apartheid qui a commencé ici. De l'autre côté il y a la petite hutte de Nelson Mandela, à proximité la maison de Desmond Tutu, et en bas de la rue l'actuelle maison de Winnie Mandela. La photo nous était étonnement familière. Nous étions 4 : le parlementaire Ran Cohen (Meretz), Riyad Mansour, l'ambassadeur palestinien auprès des Nations Unies, Diana Buttu, ex conseillère juridique auprès de l'OLP; et moi-même. Nous faisions tous les mêmes associations. Hector c'est Mohammed Dura, les soldats blancs tirant sur des enfants c'est nous (israéliens ndlt).
Evidence que du temps s'était écoulé. Antoinette, la jeune fille de la photo est maintenant une femme fin quarantaine. Son frère aurait 44 ans mais une balle du fusil d'un policier blanc lui a enlevé la possibilité d'être le témoin du miracle qui a fait que le régime cruel raciste s'est effondré.
C'était une autre conférence de l'ONU sur la paix avec les palestiniens, mais cette fois elle se tenait dans un endroit particulièrement chargé »Nous étions seulement deux israéliens présents, mais les cartes de visite que j'ai ramassées étaient plutôt variées : des ambassadeurs arabes et africains, l'ancien ministre des affaires étrangères égyptien, des représentants de pays musulmans et des diplomates en poste à Pretoria. L'ambassadeur syrien a souri et n'a pas offert sa carte de visite, l'ambassadeur de Libye non plus. Mais ils nous ont écouté attentivement.
Le nouveau régime a été positif pour l'Afrique du Sud, aucun camp de réfugiés palestiniens n'est aussi attractif que Soweto 2007. Mais pas loin de là, il y a un bidonville appelé Alexandra et ce qu'on y voit est pire que dans n'importe quel camp de réfugiés palestiniens que nous avons vus. C'est là que les noirs sud africains qui n'ont pu s'extirper de la pauvreté vivent, ensemble avec des réfugiés du Zimbabwe voisin.
Il y a moins d'un Km séparant l'Alexandra pauvre du quartier luxueux de Johannesburg appelé Sandton. Là, derrière les clôtures électriques et les gardes du corps personnels se cachent les riches de la ville – beaucoup d'entre eux des juifs et un bon nombre d'ex israéliens. Le shabbat nous avons mangé du cholent. Vendredi soir nous avons dîné avec un ancien israélien de Nahalal. On est allé en voiture jusqu'à Alexandra avec un type originellement de Tivon, qui vit ici depuis 30 ans et possède une vaste entreprise agricole qui emploie 1800 travailleurs noirs qui gagnent 2$ de l'heure.
Impossible de ne pas admirer ce qui s'est passé sur cette terre de lutte depuis que le joug de la tyrannie blanche a été levé.
Pas en mon nom
Lors du buffet de la conférence, Ronnie Kasrils, le ministre sud africain pour les services de renseignement, s'est précipité pour occuper un siège auprès de nous. Kasrils, un juif, n'a jamais été en Israël (où il a de la famille) jusqu'à ce qu'il visite les territoires (occupés ndlt) en début de mois, quand il a invité le premier ministre palestinien Ismail Haniyeh à venir dans son pays. Il a alors fait un voyage express à Tel Aviv, vu la place Rabin et mangé du poisson à Jaffa. Il a reconnu que c'était « la plus agréable soirée que j'ai eu ».
Tom Segev a écrit de lui que « c'est le type avec qui je n'aimerais pas être coincé dans un ascenseur », mais je serais très heureux de l'être, à l'intérieur ou à l'extérieur. C'est un juif en conflit avec son peuple, peut être aussi avec son identité – un combattant de la liberté courageux et communiste, qui a rejoint la race opprimée dans son combat, a été exilé de son pays pendant 27 ans et est maintenant ministre.
Fils de juifs lithuaniens, qui a fait sa bar mitzva et appartenu aux mouvements de jeunesse juive, Kasrils est l'un des personnages les plus fascinants originaires de la communauté juive – qui actuellement l'accuse complètement. Il brandi sa judaïté ouvertement, peut être avec défiance, même lorsqu'il a fait une visite non officielle récemment en Iran et en Syrie. Il a autrefois fondé le mouvement « pas en notre nom » pour se dissocier des injustices commises par Israël dans les territoires. (occupés ndlt). Ronnie Kasrils hait l'occupation israélienne.
Quand nous discutons, il dit que l'occupation israélienne est pire que l'Apartheid. Les blancs n'ont jamais bombardé les quartiers noirs avec des tanks et à l'artillerie.
Tout comme les pogroms
Si cet homme chaleureux, de 69 ans est protégé personnellement, cette protection est invisible. Nous nous sommes assis dans une pièce vacante dans un immeuble du campus de l'Université de Pretoria et nous avons parlé. « Vous êtes un israélien et je suis un sud africain » a-t-il fait remarqué immédiatement, comme s'il voulait nier toute identité commune. « Je suis confiant que la boucle sera bouclée un jour et que les gens comprendront que je ne suis pas anti –juif ou anti- israélien… Cela me fait vraiment de la peine en tant que juif que dans ce pays une telle hostilité se soit développée contre Israël à cause des mauvais traitements infligés aux palestiniens. »
« Quand nous avons vu à la TV le drame qui se jouait dans votre pays, les images d'oppression des méthodes que vous utilisez envers les palestiniens, les déracinements d'arbres, les tanks entrant- dans Jenin, et la vieille femme pleurant sur les ruines de sa maison démolie et criant « les juifs, les juifs »- c'est tout à fait comme ce que ma grand-mère avait l'habitude de me raconter sur les pogroms. « Les Cosaques arrivent, les cosaques arrivent ». Ce que j'essaie de dire : ce n'est pas les juifs, c'est le Sionisme qui fait cela. Donc j'ai décidé de me lever et de parler. J'ai trouvé cela dans la tradition juive : ouvrir la bouche, au nom de sa conscience. »
« L'homme qui m'a salué quand je suis rentré en Afrique du sud après des années d'exil c'était le rabbin Cyril Harris… Il m'a donné une kippa rouge dédicacée : au combattant de la liberté. Quand j'ai commencé à exprimer ma critique d'Israël, je pensais que les juifs dénonceraient Ariel Sharon, mais je me suis rendu compte que j'étais naïf. J'ai été effaré de voir que pour la communauté juive ici cela n'avait pas d'importance qui était au pouvoir en Israël, et à quel point la politique envers les palestinien était extrémiste… Ils soutiennent aveuglément tout gouvernement. Le rabbin Harris est devenu mon ennemi. Il m'a appelé un juif marginal et ma réponse a été : nous étions les seuls a nous dresser contre l'Apartheid, et maintenant nous sommes la minorité contrez l'injustice. »
« Quand j'ai visité les territoires (occupés ndlt) j'ai traversé Israël et j'ai vu les forêts qui couvrent les ruines des villages palestiniens. Comme ancien ministre des forêts, cela m'a vraiment frappé. Je suis aussi allé dans quelques colonies. C'était dément. Des jeunes américains ont craché sur le drapeau qui se trouvait sur ma voiture. L'occupation me rappelle les jours les plus sombres de l'Apartheid, mais nous n'avions jamais vu des tanks et des avions tirer sur la population civile. C'est une monstruosité que je n'avais jamais vue auparavant. Le mur que vous avez construit, les check points et les routes pour les juifs seulement – cela donne mal à l'estomac même pour quelqu'un qui a grandi sous le régime d'Apartheid. C'est des centaines de fois pire. »
« Nous savons de notre propre expérience que l'oppression motive la résistance et que plus la répression est sauvage, plus la résistance s'endurcit. A un certain moment vous pensez que la répression fonctionne et que vous contrôlez l'autre peuple, emprisonnant ses dirigeants et activistes, mais la résistance triomphera à la fin. » « Nous avons vu l'entrée de Qalqilyah, le mur, les gens debout pendant des heures en ligne aux check points. C'est un magnifique pays, j'aime les paysages, mais je sais que c'est suffisamment grand pour contenir plus de monde. Israël s'est développé de manière impressionnante. Mais combien ce serait impressionnant si vous trouviez une solution juste. Pour moi cela n'a pas d'importance si c'est deux états ou un – c'est à vous israéliens et palestiniens de décider. »
« J'ai pris le café avec le commandant du check point d'Erez. Cela m'a rappelé la prison centrale de Pretoria, un endroit que j'ai visité à maintes reprises. Et c'était tellement horrible de traverser cela pour pouvoir rentrer dans Gaza. D'abord j'ai dit que je ne voulais pas parler avec l'homme au check point, puis j'ai décidé que c'était stupide. Les israéliens ont en fait été très gentils avec moi. »
« Qu'est ce que le Sionisme pour moi ? Quand j'avais 10 ans cela voulait dire sécurité et un foyer national pour les juifs. J'ai agité le drapeau israélien à ma bar mitzva et j'étais très fier de mon judaïsme. Le premier livre que j'ai reçu pour ma bar mitzva c'était « la Révolte » de Menachem Begin. Mon plus grand héro c'était Asher Ginsberg, Ahad Ha'am…Plus tard j'ai commencé à lire non seulement Herzl mais aussi Ilan Pappe, Benny Morris et Tom Segev ( historiens) et j'ai commencé à voir 1948 sous un autre jour. J'ai compris que c'était un nettoyage ethnique. »
« L'Afrique du Sud m'a changé et a renforcé mon identité sud africaine. Et puis j'ai commencé à comprendre que le principal problème du Sionisme c'est l'exclusivité de l'établissement d'un foyer national et le concept du peuple choisi. Très vite j'ai commencé à m'y opposer. L'établissement d'un foyer national pour les juifs seulement me semblait un parallèle de l'Apartheid. Les dirigeants de l'Apartheid parlaient aussi du peuple choisi. En 1961, le premier ministre Hendrik Verwoerd a dit qu'Israël c'est comme l'Afrique du sud. Cela m'a ouvert les yeux. Pendant des années nous étions aussi au courant de la coopération militaire entre Israël et l'Afrique du sud- une force navale offensive conjointe, des bateaux transportant des missiles, les avions Cheetah, et le grand secret des armes nucléaires. Le premier ministre Johannes Voerster, qui avait un passé nazi connu, a reçu un accueil de héro de votre part. Cela s'est ajouté à mes sentiments concernant Israël. »
« Je suis très conscient de l'Holocauste et de l'anti sémitisme, mais mon expérience ici me conduit à la conclusion que toutes les formes de racisme doivent être combattues au moyen d'une lutte commune. J'ai un rêve. Que vous changiez votre aspect, comme cela est arrivé ici, et que le changement viendra. Quand les politiciens tombent d'accord, c'est étonnant comment les gens ordinaires peuvent changer leur manière de penser. Changer la direction et les conditions économiques et vous verrez comme le changement est facile. »
Gideon Levy Twilight Zone 24/05/07 http://www.haaretz.com/ Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org
28.5.07 14:14
Palestine_c_est_Pire_que_l_Apartheid_d_Afrique_du_Sud_Pleure_
Pays_Bien_Aime_Gideon_Levy

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