samedi, septembre 27, 2008

La faim gagne du terrain

Le piège de la faim se referme sur davantage de pauvres
Impact de la flambée des prix
Nombre supplémentaire de sous-alimentés en 2007Asie/Pacifique: 41 millionsAmérique latine/Caraïbes: 6 millionsProche-Orient/Afrique du Nord: 4 millionsAfrique subsaharienne: 24 millionsTotal monde: 75 millions
La hausse des prix a plongé 75 millions de personnes de plus au-dessous du seuil de la faim, portant le nombre estimé de personnes sous-alimentées dans le monde à 923 millions en 2007, annonce aujourd'hui la FAO.
La faim gagne du terrain
Avec la hausse des prix, le monde se retrouve avec 75 millions d'affamés de plus


Les prix élevés des denrées alimentaires ont renversé la tendance précédemment positive vers la réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relatif à la réduction de moitié de la proportion de personnes souffrant de la faim dans le monde d'ici à 2015.
La FAO a publié les nouveaux chiffres de la faim à quelques jours de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les OMD.
La réalisation de l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim sera encore bien plus difficile à atteindre, selon la FAO.Pour la période 2003-2005, la FAO estimait à 848 millions le nombre d'affamés dans le monde, une hausse de 6 millions par rapport aux 842 millions de la période 1990-1992 (période de référence du Sommet mondial de l'alimentation). La flambée des prix des engrais, du carburant et des produits alimentaires a aggravé le problème, indique la FAO. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 52 % entre 2007 et 2008 et les prix des engrais ont presque doublé au cours de l'année dernière.

Tendances inquiétantes
"Les effets dévastateurs des prix élevés des denrées alimentaires sur le nombre de personnes souffrant de la faim aggravent les tendances de long terme déjà inquiétantes", selon M. Hafez Ghanem, Sous-Directeur général de la FAO responsable du Département économique et social. "La faim a augmenté alors que le monde s'est enrichi et a produit plus de nourriture que jamais au cours de la dernière décennie."Les acheteurs nets de nourriture - ce qui inclut presque tous les citadins et une grande partie des ménages ruraux - ont subi un impact négatif à court terme des prix élevés des denrées alimentaires.
Cela a affecté les revenus et le niveau de vie des ménages. Les plus pauvres, les sans-terre et les femmes seules à la tête d'une famille ont été les plus durement touchés.Ces tendances négatives dans la lutte contre la faim risquent de torpiller les efforts déployés pour réaliser également d'autres OMD, selon M. Ghanem.
Outre le coût social dévastateur de la faim sur les vies humaines, l'observation empirique montre l'impact négatif de la faim et de la malnutrition sur la productivité du travail, la santé et l'éducation, ce qui entraîne au bout du compte de faibles niveaux de croissance économique globale. "La faim est une cause de la pauvreté, pas simplement une conséquence", affirme M. Kostas Stamoulis, économiste à la FAO.
"Le coût économique de la faim en termes de ressources requises pour remédier à ses effets ainsi que son coût sur la valeur de la productivité et les pertes de revenus sont estimés à des centaines de milliards de dollars par an." L'effet débilitant de la faim sur la productivité de l'homme et sur le revenu conduit au piège de la faim, indique M. Stamoulis, à savoir que l'extrême pauvreté, tout en étant responsable de la faim, perpétue aussi la pauvreté.

Briser le piège faim-pauvreté
"Ramener le nombre de personnes souffrant de la faim à 500 millions au cours des sept années qui restent d'ici à 2015 exigera un effort mondial considérable et résolu ainsi que des actions concrètes", affirme M. Ghanem. Pour briser le piège faim-pauvreté, il est urgent d'agir immédiatement sur deux fronts, selon la FAO: rendre la nourriture accessible aux plus vulnérables et aider les petits agriculteurs à accroître leur production et leurs revenus.
Cette double approche de la FAO vise à créer des opportunités pour que les personnes souffrant de la faim améliorent leurs moyens d'existence grâce au développement agricole et rural. Cela implique également des politiques et des programmes, tels que les filets de protection sociale qui améliorent l'accès direct et immédiat à la nourriture.
En décembre 2007, la FAO a lancé son Initiative contre la flambée des prix des denrées alimentaires afin d'aider les pays vulnérables à mettre en place des mesures urgentes pour améliorer l'approvisionnement alimentaire et apporter un soutien en matière de politiques en vue d'améliorer l'accès à la nourriture.
L'Initiative comprend des projets d'urgence, en cours ou prévus, dans au moins 78 pays dans le monde. Les actions immédiates comprennent la distribution aux petits paysans de semences, d'engrais, de fourrage et d'autres intrants et outils agricoles essentiels."Des investissements urgents offrant tout un éventail de produits et à large échelle sont nécessaires pour aborder d'une façon durable le problème croissant de l'insécurité alimentaire qui touche les pauvres et les affamés", préconise M. Ghanem. "Aucun pays ou institution ne pourra, seul, résoudre cette crise."

Rendements élevés
Selon la FAO, les pays les plus durement frappés par la crise actuelle – la plupart d'entre eux en Afrique – auront besoin d'au moins 30 milliards de dollars par an pour assurer la sécurité alimentaire et relancer leur secteur agricole longtemps négligé.Cela dit, la réduction de la faim est payante et devrait être prioritaire en matière de développement, insiste M. Stamoulis."La réduction de l'incidence de la faim dans le monde entier améliorera considérablement les possibilités de réaliser les OMD relatifs à la réduction de la pauvreté, à l'éducation, à la mortalité infantile, à la santé maternelle et aux maladies", plaide-t-il. "Les dépenses publiques pour réduire la faim sont un investissement à forte rentabilité."

18 septembre 2008 / fao.org/index_fr.htm
26.9.08 23:56 / basta.20six.fr/basta/art/109189803/

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vendredi, septembre 26, 2008

Qui assassine l’Afrique... ?

L’Afrique n’a jamais été indépendante, même pas pseudo-indépendante ! Qu’on se le dise une fois pour toute ! Les éclairés le savent depuis très longtemps, même déjà avant les indépendances.
19 septembre 2008 / afrik.com/article15256.html
Qui_assassine_l_Afrique_
La « décolonisation » des années 60 n’a été qu’une sinistrissime continuation de la tragédie africaine. Les colonisés ont été systématiquement et profondément dépouillés de leurs critères pour une vie décente. Au 19ème siècle déjà, on envoyait les missionnaires qu’on avait chargé d’endormir la conscience du peuple, pour mieux l’assujettir et le soumettre. Voyez le discours du roi Léopold II aux missionnaires patriotes en partance. Lénine n’avait pas tort de déclarer que la religion c’est l’opium du peuple.
Leurs traditions si opposées de celles des occidentaux, ainsi que leurs croyances, noyées dans la soumission au Tyran par la terreur, les africains se retrouvent comme sous hypnose, aujourd’hui asphyxié par une dette qui ne leur appartient aucunement, à la botte de dirigeants qui ne sont que leurs pires ennemis, relégués dans une misère qui n’a pas de nom. Ils peinent aujourd’hui à rassembler leurs forces pour assurer la subsistance minimale quotidienne de leur famille. L’ajustement structurel décrété par les puissances extérieures soi-disant aidantes, est en train de tuer l’Afrique.
Pourtant, la dette, quelle qu’en soit le propriétaire, est déjà payée depuis longtemps, à travers les pillages systématiques du sous-sol africain. Qu’on se le dise. Aucun africain aujourd’hui ne doit accepter de payer cette fameuse dette ! Et pourtant il la paie, et en même temps ledit pillage continue de plus belle.
Les africains sont aujourd’hui délibérément affamés, et leur dignité piétinée, par l’Occident toujours plus insatiable, par l’intermédiaire de régimes installés par l’Occident, puisés dans la réserve de vautours nourris par la France notamment. Ce sont des gens avides, assoiffés de gloire, de femmes faciles et de voitures de luxe. L’Occident leur donne leur sucette de récompense, et le tour est joué. Leur immoralité n’est qu’une question d’offre et de demande, cultivée avec soin par les blancs de service.
Les intérêts matériels des uns et des autres – des français et des allemands en l’occurrence – se retrouvent dans les bureaux des FMI/BM/BAD. Aucun d’eux ne peut jamais avoir la moindre attention de trahir l’autre, puisqu’alors lui-même perdrait ainsi sa part du gâteau si juteux ! L’incendie de l’Institut Goethe à Lomé en est pour les allemands le prix à payer. Ce n’est qu’une peccadille à côté des bénéfices du pillage collectif, auquel participent d’ailleurs activement les Nations Unies sous le couvert grandiose de rapports rutilants et épurés, et d’ « aide humanitaire » à tout vent, et sous toutes les formes imaginables ! Pourquoi alors l’Afrique n’avance-t-elle pas, sauf dans ses « performances économiques » ? Pourquoi la qualité de vie en Afrique dégénère-t-elle depuis un temps, au nez et la barbe des africains hypnotisés ? Que de questions auxquelles seuls les Africains doivent répondre, si on leur laisse le pouvoir de s’exprimer bien sûr !
Non… même le monde occidental avec ses trois rangées de dents comme les requins blancs, méprisent ouvertement la dignité humaine des africains, croyant que ceux-ci sont trop bêtes pour comprendre. C’est vrai que l’anesthésie injectée agit déjà depuis longtemps. Mais quelques uns sont restés vigilant. C’est ceux-là donc qu’il faut arroser maintenant, par le biais de la jeunesse notamment, de manière consciente, attentive et intensive, pour leur permettre de multiplier leurs forces. Ils sont chargés d’une mission très importante : faire renaître une Afrique perdue, retrouver les vraies valeurs africaines, les traditions qui leur sont propres et qui leur conviennent, qui leur permettront de renouer avec une vie sereine, extrêmement riche sur le plan humain, solidaire, et avec la chaleur qu’ils se donnent si spontanément. La notion africaine du progrès n’est pas la même que celle des occidentaux, et elle a le mérite surtout de leur appartenir.
Les pays dit « riches » de l’Occident n’ont jamais eu de telles valeurs, puisque toujours uniquement concentrés sur le progrès technologique à outrance, oubliant les vraies valeurs de la vie et le véritable progrès social si vital dans une société.
L’Occident est très malade, et voué à la faillite tôt ou tard.. La course aux armements et aux technologies de pointe, qui servent tout juste à entretenir les oppositions internationales et la terreur entre les uns et les autres, est un cadre logique qui ne peut être que voué à l’échec. La seule chose qui leur réussit véritablement c’est le pillage développé avec finesse, et systématisé, du continent africain. Une telle agressivité ne servira à terme qu’à appauvrir l’esprit et les bras du perpétuel agresseur.

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mercredi, septembre 24, 2008

Les maîtres de la défaite : l'empire états-unien en déconfiture, au milieu de force fracas belliqueu

Le sociologue marxiste James Petras développe depuis plusieurs années une analyse dialectique de l'empire siono-états-unien opposant une volonté d'hégémonie par l'expansionnisme militaire à une autre centrée sur l'économie. Il applique ici sa grille de lecture à la crise actuelle : l'accumulation de défaites militaires provoque une crise économique interne et l'instauration d'un régime policier aux États-unis mêmes ; simultanément les forces visant à l'hégémonie économique tentent d'infléchir la stratégie de Washington et entrent en collision avec les prétentions israéliennes.
La crise
Les maîtres de la défaite : l'empire états-unien en déconfiture, au milieu de force fracas belliqueux par James Petras* / Réseau Voltaire
18 septembre 2008
« Washington en est réduit à regarder d'autres puissances modifier le réel » Financial Times, 25 août 2008
Où que l'on porte son regard, la politique impériale des Etats-Unis subit des défaites militaires et diplomatiques de grande ampleur. Avec le soutien du Congrès démocrate des Etats-Unis, la poursuite par une Maison-Blanche républicaine d'une approche militaire du meccano de l'Empire a conduit à un déclin d'ampleur mondiale de l'influence de Washington, au réalignement d'anciens régimes-clients sur des adversaires de l'Empire, à l'émergence d'hégémons concurrents et à la perte de sources vitales de matières premières stratégiques. Les défaites et les pertes n'ont (pourtant) en rien douché l'enthousiasme des stratèges, ni mis un terme à une frénésie d'édification d'un empire.
Au contraire : tant la Maison-Blanche que les membres actuels du Congrès ont adopté un durcissement des positions militaires, réitéré un style agressif de politique et une dépendance accrue vis-à-vis de l'Outre-mer, ainsi qu'une posture belliqueuse visant à distraire le peuple états-unien de la dégradation de ses conditions de vie. Tandis que le coût économique et politique d'entretien de l'Empire ne fait que s'accroître ; tandis que le gouvernement fédéral alloue des centaines de milliards de dollars à un secteur financier mité par les crises et opère des coupes de plusieurs dizaines de milliards dans les taxes sur les profits des entreprises, afin d'essayer d'éviter les faillites et la récession ; c'est l'ensemble du fardeau économique qui est supporté par les salariés, sous la forme d'un niveau de vie déclinant, alors que douze millions d'ouvriers immigrés sont en butte à une sauvage répression de l'Etat.
Les échecs outre-mer et les crises à l'intérieur, toutefois, n'ont abouti à l'apparition d'aucune alternative progressiste : les bénéficiaires en sont les concurrents des Etats-Unis, outre-océan, et l'élite états-unienne. Dans une large mesure, là où des majorités de l'opinion publique ont exprimé un désir (voire, ont réclamé à cor et à cris) des alternatives progressistes, elles ont été rembarrées par des représentants politiques liés à des idéologues militaristes et aux élites entrepreneuriales.
Paradoxalement, les défaites et le déclin du meccano d'empire US sous emprise militaire se sont accompagnés du reflux des mouvements anti-guerre en Amérique du Nord et en Europe occidentale, ainsi que du déclin vertigineux des partis et des régimes politiques opposés à l'impérialisme US dans les capitales de tous les pays capitalistes avancés. Autrement dit, les défaites subies par l'Empire US n'ont pas été produites par la gauche occidentale, et elles n'ont par conséquent produit aucun « dividende de la paix », ni même des conditions de vie améliorées, pour les classes laborieuses ou pour les paysans. Pour autant qu'elles aient bénéficié à quelqu'un, c'est essentiellement à des pays aspirant depuis peu à l'impérialisme économique, comme la Chine, la Russie ou l'Inde, ou encore à de riches pays pétroliers du Moyen-Orient, mais surtout parmi à un vaste ensemble de pays exportateurs de ressources agro-minérales, comme le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Iran, qui se sont taillé de confortables « niches » économiques dans leurs régions respectives.
La croissance et l'expansion outre-mer des nouveaux pays bâtisseurs d'empire(s) économique(s), ainsi que leurs classes dirigeantes agro-minéralo-financières (à la possible exception du Venezuela) ont grandement bénéficié à une minuscule élite ne comprenant jamais plus d'un cinquième de leur population générale. Le déclin relatif de l'impérialisme militaire US et l'ascension de nouvelles puissances impérialistes économiques ont redistribué la richesse et les parts de marché entre pays, mais non pas entre classes, au sein des puissances montantes. Si ce sont les spéculateurs militaristes-sionistes-financiers qui dirigent l'Empire US, c'est, en revanche, les industriels nouveaux milliardaires, les spéculateurs de l'immobilier et les exportateurs de matières premières agro-minérales qui dirigent les nouveaux empires économiques en cours d'émergence.
Relevons un deuxième paradoxe dans le fait que les forces politiques qui sont en train de dézinguer l'empire US militaro-centré ne sont pas les mêmes que celles qui bénéficient de la guerre…
Si les résistances irakienne et afghane ayant imposé un coût s'élevant au minimum à trois milliards de dollars au Trésor états-unien et cloué au sol plus de deux millions de GI's en rotation dans ces contrées durant les six années écoulées, ce sont les Chinois, les Indiens, les Russes, les Européens, les classes dirigeantes et financières du pétrole du Golfe qui ont récolté les bénéfices d'énormes dépenses états-uniennes improductives. Si les nouveaux bénéficiaires sur le plan économique sont, dans une large mesure, laïques, impérialistes et élitistes, les forces politico-militaires qui sont en train de saper et de battre l'Empire militaire US sont des forces religieuses (islamiques), nationalistes et fondées sur l'adhésion des masses.
Les défaites actuelles du meccano de l'Empire militaire US ne sont pas le produit de mouvements occidentaux, laïques, de gauche, de masse. Elles ne se traduisent pas non plus dans une société progressiste ou égalitaire.
Non : en lieu et place, nous assistons à des inégalités économiques criantes se développant à très grande vitesse, dictées par des classes dirigeantes qui font la promo de leurs propres versions « nationales » des stratégies néolibérales à base de liberté des marchés et de stratégies maximisant les profits, à travers l'exploitation économique du travail, de l'extraction jusqu'à l'épuisement des ressources naturelles et du pillage de l'environnement. Tant que les mouvements de masses, les intellectuels et les militants de l'Occident ne se départiront pas de leur passivité et de leur allégeance aveugle vis-à-vis des plus grands partis politiques existants, la défaite du militarisme états-unien restera un fardeau coûteux, assumé par les masses du Tiers-Monde, tandis que les bénéfices afflueront vers les nouveaux impérialistes économiques nouveaux milliardaires, en pleine expansion.
Géographie des défaites et de la Berezina de l'empire
Le Moyen-Orient : l'Irak et l'Iran
L'ascension du meccano d'Empire à direction militaire aux Etats-Unis a, une fois de plus, mis en évidence son incapacité absolue d'imposer un nouvel ordre impérial. Après six ans et demi de guerre et d'occupation en Irak, les Etats-Unis ont subi des pertes militaires effroyables et des pertes économiques s'élevant à plus d'un demi-milliard de dollars sans avoir pu, pour autant, s'assurer un quelconque gain, ni en matière politique, ni en matière militaire, ni prosaïquement en termes de ressources naturelles. Les pertes entraînées par la guerre ont généré une opposition domestique à l'intervention militaire états-unienne qui ne cesse de saper la capacité militaire actuelle et future de l'Empire. Il n'est pas jusqu'au chef de pacotille installé par les Etats-Unis à la tête de l'Irak, Al-Maliki qui n'ait osé exiger une date ferme pour le retrait des Etats-Unis. L'autre client des Etats-Unis, en Afghanistan, cette fois, le président Kharzai, a réclamé un droit de regard accru sur les opérations militaires états-uniennes, qui ont tué des dizaines de non-combattants et de civils, ne faisant, de ce fait, qu'approfondir et étendre le soutien de la population afghane à la résistance nationale, qui opère désormais absolument partout en Afghanistan.
Pour ceux, aux Etats-Unis (et en particulier à « gauche » qui arguaient erronément du fait que l'invasion de l'Irak aurait été « une guerre pour le pétrole » (et non ce qu'elle était en réalité, à savoir une guerre visant à soutenir les ambitions hégémoniques d'Israël), la signature par l'Irak d'un contrat de fourniture de pétrole, pour un montant de 3 milliards de dollars avec la China National Petroleum Corporation, fin août [1], démontre le contraire, à moins que les tenants du « Pas de sang pour du pétrole ! » soient prêts à revoir leur slogan, pour en faire : « Non à une guerre états-unienne pour le pétrole chinois ! »… Tout au long des six années consécutives à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, les compagnies pétrolières états-uniennes n'ont jusqu'ici jamais réussi à obtenir le moindre marché pétrolier qui fût digne d'être mentionné.
Les 4 et 5 octobre, la Shell, une des plus grandes multinationales pétrolières du monde, et OMV, une firme énergétique australienne vont parrainer une conférence, à Téhéran, sous les auspices de la National Iranian Gaz Export Company, afin de promouvoir « les opportunités d'exportations de gaz et les potentialités gazières de la République Islamique d'Iran ». Cette conférence n'est qu'un exemple de plus du rôle joué par les majors du pétrole, qui s'efforcent, par des moyens pacifiques, de bâtir leurs holdings transocéaniques (l' « empire économique ». La plus importante opposition à cette initiative « pétrole contre la paix » de la Shell Oil est venue du principal promoteur judéo-sioniste de l'engagement états-unien dans les guerres moyen-orientales pour les beaux yeux d'Israël, j'ai nommé l'Anti-Defamation League, qui a fustigé « Big Oil », les « grossiums du pétrole »…
Selon ses deux principaux dirigeants, Glen Lewy et Abraham Foxman, « … ces deux firmes sont en train de sponsoriser une conférence avec la compagnie d'Etat du principal pays encourageant le terrorisme et grand violateur des droits humains devant l'Eternel. Mais en sponsorisant comme elles le font une des industries stratégiques de l'Iran – le gaz naturel -, OMV et Shell portent atteinte aux efforts déployés par les Etats responsables (sic) et par de nombreuses entreprises, afin d'isoler l'Iran ».
Le conflit entre Shell/OMV et la principale organisation sioniste états-unienne met en évidence le conflit fondamental opposant le meccano de l'Empire économique et celui de l'Empire militaire. Le fait que Shell et OMV aient poursuivi leur préparation de la conférence en Iran démontre que certains secteurs, tout au moins, de l'industrie pétrolière, commencent, enfin, à défier la mainmise des siono-militaristes sur la politique moyen-orientale des Etats-Unis. Après avoir perdu des dizaines de milliards de dollars en contrats pétroliers lucratifs, « grâce » aux politiques dictées par les sionistes, les compagnies pétrolières sont tout juste en train (enfin !) d'ébaucher de premiers pas en direction de la formulation d'une nouvelle politique.
En poursuivant l'agenda israélo/siono-US de guerres séquentielles et de sanctions contre de riches pays pétroliers musulmans, Washington a perdu l'accès, le contrôle et les profits qui en découlent, à l'avantage de concurrents économiques de taille mondiale, d'une une région particulièrement stratégique.
Afrique
En Somalie, Washington a opté pour l'intervention militaire via le régime éthiopien dictatorial comparse de Meles Zenawi, afin de soutenir le régime fantoche failli et pro-états-unien d'Abdullah Yusuf. Après près de deux ans, l'Ethiopie et le régime fantoche ne contrôlent qu'à grand-peine que deux pâtés de maisons de la capitale Mogadishu, tandis que le reste du pays est aux mains de la résistance somalie. D'après le Financial Times [2], le régime éthiopien a « exprimé un désir de réduire, voire de cesser, son engagement militaire en Somalie ». Le vassal des Etats-Unis a été défait tant militairement que politiquement, les Etats-Unis ont échoué à garantir un soutien de l'Union Africaine à son occupation par délégation. Dans l'ensemble de l'Afrique, la Chine, l'Union européenne, le Japon, la Russie, ainsi (dans une moindre mesure) que l'Inde et le Brésil ont, tous, réalisé de grandes percées vers la certitude d'obtenir des joint ventures dans le pétrole, les matières premières, les marchés d'exportation et des investissements de grande ampleur (et de très long-terme, dans les infrastructures), tandis que les Etats-Unis soutenaient des commandos séparatistes au Soudan et finançaient le régime corrompu de Moubarak en Egypte, pour un montant annuel de plus d'un milliard de dollars. Non seulement l'empire US a cédé le terrain, sur le plan économique, à ses concurrents mondiaux, mais il a subi une défaite militaro-diplomatique majeure en Somalie et il a très gravement affaibli son vassal éthiopien, tant politiquement que financièrement.
Asie du Sud
En Asie du Sud, le gouvernant fantoche stratégique des Etats-Unis, le dictateur pakistanais Musharraf a été contraint à la démission – et la coalition électorale, faible et divisée, qui le remplace, n'a pas été capable d'être au niveau de soutien militaire, diplomatique et informationnel qu'assurait Musharraf à la guerre états-unienne en Afghanistan. La frontière pakistano-afghane est virtuellement un territoire ouvert pour des attaques transfrontalières, pour le recrutement et pour la fourniture en armes des organisations résistantes afghanes. La perte de Musharraf par l'Empire US ne fait que saper davantage les efforts des Etats-Unis visant à imposer leur avant-poste en Afghanistan.
A travers de fréquentes attaques terrestres et aériennes contre des régions pakistanaises frontalières de l'Afghanistan, la « coalition » Etats-Unis-Otan a multiplié, approfondi et rendue massive l'opposition civile, politique, et aussi l'opposition armée et ce, dans l'ensemble du pays. La soi-disant « élection » du vassal des Etats-Unis, ci-devant seigneur de la guerre et malfrat Asif Ali Zadari, au poste de président du Pakistan, ne contribuera pas, quoi qu'il en soit, à la récupération par les Etats-Unis de leur influence, au-delà d'une élite politique extrêmement restreinte et de cercles militaires extrêmement limités. La recherche et l'extension de leur impérialisme militaire de l'Afghanistan vers le Pakistan par les Etats-Unis les a conduits à une défaite politique d'autant plus sévère dans la population de la quasi-totalité de l'Asie du Sud.
Des généraux et des officiers supérieurs de l'Otan ont reconnu que les ainsi dits « Taliban » ont réorganisé et étendu leur influence dans l'ensemble de l'Afghanistan, qu'ils contrôlent désormais la plupart des voies d'accès aux grandes villes et qu'ils opèrent y compris autour et à l'intérieur de la capitale Kaboul. Des bombardements et des frappes par missiles américains répétés ont généré une opposition quasi-unanime envers le gouverneur de pacotille Karzai. Les engagements de l'un comme de l'autre candidat à la présidence américaine de renforcer considérablement les forces d'occupation en Afghanistan dès qu'il se sera installé aux manettes du pouvoir ne font que prolonger la guerre et approfondir l'affaiblissement de l'empire et économique, ainsi que ses fondations internes.
Le Caucase
La tentative de Washington d'étendre sa sphère d'influence au Caucase, au moyen d'un larcin territorial par son vassal géorgien autoritaire, le président Mikheil Saakashvili, a abouti, en lieu et place, à une profonde défaite des ambitions régionales de ce satrape régional. La sécession politique et l'intégration à la Russie de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie représentent la fin de l'expansion illimitée des Etats-Unis et de l'Union européenne dans cette région du monde – ainsi qu'un recul considérable de ce terrain contesté. L'aventurisme dément de Saakashvili et la destruction de l'économie géorgienne qui en a découlé ont provoqué un désordre interne généralisé (en Géorgie).
Pire encore : la Géorgie, les Etats-Unis et ses clients est-européens en appellent à des « sanctions » contre la Russie, menacent de saper les pipelines stratégiques approvisionnant en énergie l'Europe de l'Ouest, et de mettre un terme à la collaboration de Moscou à la politique militaire des Etats-Unis en Afghanistan, en Iran et au Moyen-Orient. Si Washington poursuit son escalade dans ses menaces militaires et économiques contre la Russie, celle-ci pourrait fournir à l'Iran, à la Syrie et à d'autres ennemis des Etats-Unis de puissants missiles anti-aériens ultramodernes de moyenne portée. Tout aussi grave : la Russie peut très rapidement se débarrasser de 200 milliards de dollars qu'elle détient sous la forme de bons du Trésor américain, affaiblissant d'autant le dollar et initiant ainsi une débandade mondiale de cette devise.
En Géorgie, comme ailleurs, le meccano de l'empire économique US accorde la priorité à des larcins faillis d'avance de territoires par un pays vassal de troisième catégorie, au détriment de relations stratégiques, économiques et militaires fructueuses avec la principale puissance énergétique mondiale, qui est aussi son collaborateur crucial dans ses opérations en cours au Moyen-Orient. Tandis que les relations économiques des Etats-Unis avec la Russie s'effritent, en conséquence de leur politique militaire agressive d'encerclement de Moscou – avec des bases militaires étatsuniennes en République tchèque, en Pologne, en Géorgie, en Bulgarie, en Roumanie – les bâtisseurs de l'Empire ouest-européen s'abstiennent de proférer des menaces militaires, s'en tenant à une rhétorique virile et au « dialogue », en vue de renforcer leurs relations énergétiques stratégiques avec la Russie…
Moyen-Orient / monde arabe
Au Moyen-Orient, le soutien inconditionnel des Etats-Unis à l'agression militaire israélienne au Liban, en Palestine et en Syrie, ainsi que le soutien états-unien apporté à des vassaux arabes faibles et ineptes, ont entraîné un déclin vertical de l'influence US. Au Liban, depuis la défaite de l'invasion israélienne de 2006, le Hezbollah gouverne littéralement la moitié Sud du pays – et il détient un véto sur le gouvernement libanais, ce qui revient à dire qu'il est en mesure de renverser le gouvernement libanais actuel, vassal des Etats-uniens. 

A Gaza, les tentatives états-uniennes et israéliennes de s'emparer du pouvoir et d'évincer le Hamas, via leur féal Abbas et leur marionnette Dahlan, ont été déjouées et elles ont fait long-feu, tandis que le mouvement indépendantiste nationaliste palestinien, sous la direction du Hamas, a renforcé son pouvoir.
La velléité de Washington de recouvrer son influence et d'améliorer son image de marque auprès des gouvernants conservateurs et modérés en assurant la « médiation » d'un accord de paix entre Israël et la 'Palestine', à Annapolis, en novembre 2007, a été totalement foutue en l'air par la répudiation effrontée et totale par Tel-Aviv de toutes les conditions fondamentales mises en avant par l'administration Bush. Washington n'a strictement aucune influence sur l'expansion coloniale sioniste. Au contraire, la politique moyen-orientale des Etats-Unis est totalement soumise à l'Etat israélien, à travers la configuration du pouvoir sioniste et son contrôle sur le Congrès, sur le choix des candidats à la présidence, sur les mass médias et sur les principaux 'think tanks' de la propagande.
Les sionistes ont apporté la démonstration du pouvoir qui est le leur en édictant qui pouvait, et qui ne pouvait pas, ne serait-ce que prendre la parole à la Convention nationale démocrate, qui a connu – cerise sur le gâteau – une censure sans aucun précédent à l'encontre du président James Carter en raison de ses critiques humanitaires contre la politique israélienne à l'encontre des Palestiniens. L'usurpation siono-israélienne de la politique moyen-orientale des Etats-Unis a entraîné la perte d'investissements, de marchés, de profits potentiels et de partenariats stratégiques pour l'ensemble de l'industrie multinationale du pétrole et du gaz. La fusion politique entre militaristes impérialistes confrontés à la Russie, au prix de relations économiques stratégiques et la poursuite par les militaristes sionistes de l'hégémonie régionale israélienne ont conduit à de multiples aventures militaires pitoyables et, ce, au prix de pertes économiques mondiales terrifiantes.
Le monde occidental
La mise en œuvre de cette stratégie militariste, ainsi que le déclin relatif de l'hégémonie économique ont conduit à des défaites stratégiques et à des échecs, dans le monde occidental. A la fin 2001, Washington défia et menaça de représailles le président vénézuélien Chavez qui refusait de se soumettre à la guerre de Bush contre « la terreur ». Chavez, à l'époque, fit savoir à un représentant particulièrement hargneux des Etats-Unis (Grossman) ceci : « Nous ne combattrons pas la terreur au moyen de la terreur ! ». Moins de six mois après, en avril 2003, Washington soutenait un coup d'Etat militaire foireux contre Chavez et, entre décembre 2002 et février 2003, un lockout économique (qui fit un flop total), à l'initiative des patrons vénézuéliens.
L'échec de la stratégie militariste états-unienne a dévasté l'armée et les clients de Washington au sein de la classe dirigeante vénézuélienne, et il n'a fait que radicaliser davantage le gouvernement Chavez. En conséquence, le dirigeant du Venezuela a nationalisé le pétrole et le gaz, et il a développé des relations stratégiques avec des pays en compétition, voire totalement opposés à l'Empire US, tels que Cuba, l'Iran, la Chine et la Russie. En Amérique latine, le Venezuela a conclu des accords économiques stratégiques avec l'Argentine, la Bolivie, l'Equateur, Cuba et le Nicaragua. Tandis que Washington déversait plus de 6 milliards de dollars d'aide militaire sur la Colombie, le Venezuela signait des investissements pétroliers et gaziers, ainsi que des accords commerciaux, avec la plupart des pays d'Amérique centrale et de la Caraïbe, remettant sérieusement en question l'influence de Washington dans ces régions du monde.
Des prix des matières premières exorbitants, des marchés asiatiques en plein boom, des taxes et des subventions états-uniennes inacceptables ont conduit à une relative indépendance des régimes « capitalistes nationaux » de l'Amérique latine, qui ont adopté le « néolibéralisme » sans les contraintes du FMI et sans les diktats de Washington. Dans ces circonstances, les Etats-Unis ont perdu le plus gros de leur influence – mis à part les menaces militaires du régime colombien – dont ils auraient besoin pour inciter l'Amérique latine à isoler Chavez – voire même Cuba. C'est la stratégie militaire adoptée par Washington qui est la cause de son propre auto-isolement.
Les conséquences, outre-mer, de stratégies militaires condamnées à l'échec
L'isolement états-unien en Amérique latine ne saurait être solutionné, car la poursuite de l'Empire par Washington, via son agression militaire incessante – dans le reste du monde, et en particulier en Amérique latine – ne saurait rivaliser avec les profits, la richesse, les opportunités d'investir et de faire du commerce offerts aux classes dirigeantes d'Amérique latine par les nouveaux marchés en Russie, au Moyen-Orient, en Asie, ainsi que par le Venezuela, un pays riche, grâce à son pétrole.
La stratégie impériale militariste de Washington apparaît très clairement dans sa politique duplice : mise en priorité de la dépense de 6 milliards de dollars en aide à la répression colombienne, tout en sacrifiant pour plus de 10 milliards de dollars en échanges commerciaux, en investissements et profits avec le riche pays pétrolier qu'est le Venezuela. Washington a gaspillé plus de 500 milliards de dollars dans ses agressions contre l'Afghanistan et l'Irak ; des milliards de dollars sont consacrés aux préparatifs d'agression contre l'Iran ; plus de 3 milliards de dollars sont gaspillés annuellement au profit de la soldatesque israélienne ; le tout, sans cesser un seul instant de perdre des centaines de milliards de dollars de commerce et d'investissements croisés avec l'Amérique latine.
L'aspect le plus frappant de cette contradiction historique réside dans le fait que les dépenses militaires inhérentes à un meccano d'empire centré sur l'armée ont échoué, y compris dans leur objectif minimaliste d'acquisition de contrôle politique, d'avant-postes militaires et de matières premières stratégiques du point de vue militaire. Par contraste, les concurrents des Etats-Unis sur le marché globalisé se sont assurés de l'accès à (suivi du contrôle sur) les ressources naturelles stratégiques, et ils ont signés de lucratifs accords de coopération politique sans aucun engagement militaire coûteux…
Les conséquences intérieures d'un meccano d'empire à dominante militaire
Le coût du meccano d'empire sous la houlette siono-militaire, pour l'économie états-uniene, a été dévastateur : la compétitivité a décliné, l'inflation ronge le niveau de vie, l'emploi en contrepartie de salaires stables et décents est en train de disparaître, le chômage et les licenciements suivent une courbe asymptotique, le système financier est totalement déconnecté de l'économie réelle, et il est sur le point de s'effondrer, les saisies de maisons atteignent des niveaux catastrophiques et les contribuables sont saignés à blanc afin de combler la dette des spéculateurs gagée sur les prêts immobiliers, qui atteint le millier de milliards de dollars. Le malaise politique est général. Au milieu d'une crise d'ampleur mondiale, un Etat policier a étendu son emprise : des milliers de travailleurs migrants, légaux et sans papiers ont été arrêtés sur leurs chantiers et dans leurs usines et détenus dans des camps militaires, loin de leurs enfants. Des associations musulmanes et des associations arabes font l'objet de perquisitions violentes ; elles sont poursuivies en justice sur le témoignage d'informateurs stipendiés, dont des « témoins » israéliens dûment cagoulés.
La police fédérale (étatique, sur l'ensemble des Etats-Unis) et la police locale (particulière à chaque Etat) pratiquent la « détention préventive » de militants et de journalistes avant les conventions en vue du choix des candidats à l'élection présidentielle, arrêtant des protestataires avant qu'ils aient pu exercer leurs droits constitutionnels et détruisant systématiquement les caméras, les appareils photo et les films réalisés par des citoyens essayant d'enregistrer les passages à tabac. L'impérialisme militaire failli amène lentement mais sûrement un Etat policier pléthorique – soutenu tant par les démocrates que par les républicains – afin de tenter de faire face à des crises économiques qui menacent les fondations politiques et sociales d'un empire aux pieds d'argile.
Conclusion
La crise économique, à quelques semaines des élections états-uniennes, n'a pas abouti à l'émergence d'un candidat alternatif progressiste qui fût susceptible de s'appuyer sur les masses. Les compétiteurs, tant démocrate que républicain, promettent de prolonger et d'étendre les guerres impérialistes, et ils se soumettent à un dictat militaire israélo-sioniste sans aucun précédent, en ce qui concerne le contentieux avec l'Iran.
Les crises gigognes et les multiples défaites militaires n'ont entraîné aucune reprise en considération des engagements globaux des Etats-Unis, tant économiques que militaires. En lieu et place, nous assistons à une radicalisation de la droite états-unienne, qui cherche à aggraver les confrontations avec la Chine, avec la Russie et avec l'Iran. Les Etats-Unis entraînent derrière eux les régimes qui leur sont liges en Europe orientale, au Caucase et dans les pays baltes afin de contrer l'accent mis par l'Europe occidentale sur la dominante « économique » de son propre meccano d'empire.
La réalité, qui est celle d'un monde économique multipolaire, toutefois, sape les efforts états-uniens visant à imposer une confrontation militaire bipolaire. La Chine détient 1,2 milliers de milliards de dollars de la dette extérieure états-unienne. L'Europe occidentale, de manière générale, dépend de la Russie pour plus d'un tiers de son énergie, pour ses foyers, ses bureaux et ses usines. L'Allemagne en dépend pour près de 60 % en matière de gaz naturel. Les économies asiatiques : Japon, Inde, Chine, Vietnam et Corée du Sud dépendent, toutes, du pétrole du Moyen-Orient et en aucun cas elles ne dépendent des projets guerriers des militaristes israélo-US au Moyen-Orient… Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, le Venezuela et l'Iran sont des pays absolument essentiels pour le fonctionnement de l'économie mondiale. Au moins autant que l'axe Etats-Unis-Israël-Royaume-Uni est tout-à-fait incapable de maintenir son empire sur les bases de stratégies militaires foireuses à l'extérieur et d'un désastre économique accompagné d'un état policier chez eux.

James Petras est professeur émérite de sociologie à l'université Binghamton de New York.
[1] Financial Times, 28 août 2008.
[2 Ibid.


24.9.08 19:46
Les_maitres_de_la_defaite_l_empire_etats_unien_
en_deconfiture_au_milieu_de_force_fracas_belliqueu

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lundi, septembre 22, 2008

DROITS DE L’HOMME / Un monopole de l’Occident?

«Entre, mon Père, aujourd’hui avec moi en cette maison. Je te montrerai les écrits, le supplice de mon peuple, de l’homme persécuté. Je te montrerai les antiques douleurs.» Pablo Neruda (à la mémoire du père des droits de l’homme, Fray Bartolomé de Las Casas, Bouclier des Indiens)
22 Septembre 2008 - lexpressiondz.com/
Les droits de l’homme sont, dit-on en Occident, une préoccupation récente. On cite généralement l’Habéas Corpus, la Déclaration américaine d’indépendance, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et enfin la Déclaration des Droits de l’homme des Nations unies de 1948. Nulle trace d’une réflexion ou de textes concernant les Droits de l’homme dans les civilisations et les textes sacrés...Il est vrai que les grandes civilisations de l’humanité ont eu recours à l’asservissement des peuples vaincus.
C’est le cas de l’Empire perse et des dynasties pharaoniennes et des civilisations hellénique et romaine. Pendant que naissaient les premières organisations sociales que l’on appellera démocratie, tout en rappelant que la démocratie ne concernait que les patriciens, les aristocrates, et pas la plèbe.Par ailleurs, dans chaque religion révélée, l’esclavage, un fait social a graduellement été humanisé et même combattu. Cependant, il perdura dans les faits. En Europe, les serfs étaient véritablement des esclaves à la merci des seigneurs. Ce que la terminologie européenne a appelé «les grandes découvertes», entendons par là la conquête par le fer et par le feu du «Nouveau Monde», la Renaissance, et plus tard, ce qu’on appelle le «siècle des Lumières», qui fut, à bien des égards un siècle des ténèbres pour les pays colonisés, ont cherché, justement, les esclaves en dehors de l’Europe. Il faudra attendre l’an 2002, pour qu’à Durban, on déclare que l’esclavage était un crime contre l’humanité.
Deux grands génocides
On dit souvent que l’Amérique est un pays sans passé (le Nouveau Monde). Cette amnésie cache en fait un souvenir d’horreur: le continent américain moderne résulte des deux plus grands génocides de l’humanité; celui des Indiens et de la Traite des Noirs. L’inconscient collectif américain en est peut-être imbibé. Par contre, en Europe qui des siècles durant en a bénéficié pour son développement, l’oubli est profond et la reconnaissance niée au nom de l’oeuvre positive: Ce fut sous le prétexte de «libérer les terres de leurs sauvages» qu’on extermina les Apaches au XXe siècle, comme d’autres ethnies indiennes, en les chassant comme du gibier («Indian Hunt»). Cette sauvagerie de l’homme civilisé envers les Indiens commença au XVIe siècle. Déjà en décembre 1511, à Santo Domingo, le dominicain Antonio de Montesinos dénonce la réduction des Indiens d’Amérique à la servitude par le système de la encomienda imposé par les colons espagnols: «Ne sont-ils pas des hommes? N’ont-ils pas une raison et une âme? N’êtes-vous pas tenus de les aimer comme vous-mêmes?» Une controverse eut lieu entre le franciscain Zumarraga, évêque de Mexico, antiesclavagiste, et le dominicain Betanzos, qui mettait en doute l’humanité des Indiens.Ce fut au cri de «Je suis une voix qui clame au sein de la sauvagerie» que le père dominicain Anton de Montesinos fustigeait du haut de la Chaire de la Cathédrale de Saint-Domingue, au soir de l’Avent de 1511. Il s’adressait aux esclavagistes réunis autour du fils de Colomb Don Diego Colón, ahuris de l’entendre, car ils savaient que par «sauvages» il n’entendait pas les Indiens. Ce fut ce sermon qui parla à la conscience du conquistador Bartolomé de Las Casas, pour en faire, d’un conquistador de père en fils, le Bouclier des Indiens. Il leur consacra toute sa vie, développant le sermon de Montesinos en une Éthique au service des opprimés. Le père de cette Éthique fut donc Fray Don Bartolomé de Las Casas, évêque au Mexique. Les nouvelles lois de 1542 supprimèrent effectivement l’esclavage des Indiens, mais le débat rebondit, notamment entre le dominicain Bartolomeo de Las Casas (1474-1566) et son adversaire J.G. de Sepulveda. Las Casas, dans son Apologetica historia de las Indias, écrite entre 1555 et 1559, défendit l’égale dignité et l’unité du genre humain:
«Il n’y a point de nations au monde, pour rudes et incultes, sauvages et barbares [...] qu’elles soient, et même parfois proches des bêtes brutes, qui ne puissent être persuadées, amenées et réduites à un ordre policé, et devenir paisibles envers les autres hommes, à condition d’user à leur égard de moyens appropriés et de suivre la voie digne de l’espèce humaine, à savoir amour, mansuétude et douceur, sans jamais s’écarter de cette fin. Tous ont leur entendement, leur volonté et leur libre arbitre puisqu’ils sont formés à l’image et à la ressemblance de Dieu; [...] tous ont en germe les principes naturels qui leur permettront d’entendre, d’apprendre et de connaître les sciences et choses qu’ils ignorent, non seulement ceux qui ont une inclination naturelle, mais même ceux que leurs coutumes dépravées entraînent au mal; tous se réjouissent du bien et ressentent du plaisir à ce qui est agréable, et tous fuient et haïssent le mal et éprouvent du désagrément à ce qui est déplaisant et nuisible [...]. C’est ainsi que tout le lignage des hommes est un, et tous les hommes sont semblables par leur origine et leur nature, et aucun ne naît instruit; et ainsi nous avons tous besoin au début d’être guidés et soutenus par ceux qui sont nés avant nous.»(1)De ce moine castillan, historien, théologien, juriste et militant, on connaissait sa fameuse Controverse de Valladolid. Or son Histoire des Indes n’est pas seulement un plaidoyer humaniste en faveur de ses «protégés» et une chronique documentée des ravages opérés par Christophe Colomb et par ses successeurs. Las Casas montre comment les meilleurs esprits, les hommes politiques les plus éclairés deviennent comme fous et enragés dès qu’ils sont saisis par la fièvre du profit et de la domination.(1)L’une des certitudes assénée à la manière d’une incantation est l’exclusivité de l’émergence en Europe et uniquement en Europe de cette notion des droits de l’homme. On connaît le parcours officiel selon les pays. En Grande-Bretagne, on n’oubliera pas d’arrimer ces droits à l’Habéas Corpus et Thomas Moore en 1679. Aux Etats-Unis, ce sera la Déclaration d’indépendance de 1776, en France ce sera la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, qui reprend dans les grandes lignes les idées de la Déclaration américaine. Plus tard en 1947, fut annoncée la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations unies. Dans le discours sur la paternité des Droits de l’homme, une chape de plomb s’est abattue sur le passé et cette amnésie occidentale fait que les Droits de l’Homme sont devenus une marque déposée, notamment dans la «Patrie des Droits de l’homme!!!». Cela n’empêcha pas Jules Ferry de déclarer que «Les droits de l’homme ne sont pas valables dans nos colonies!». Traduit en clair: c’est la liberté du renard dans le poulailler! Qu’en est-il vraiment?Pour le professeur Amartya Sen, Prix Nobel d’économie, il n’y a pas de spécificité occidentale des Droits de l’Homme. Ecoutons le: «On se demande souvent s’il est vrai que les sociétés non-occidentales devraient être encouragées, voire poussées à se conformer aux "valeurs occidentales de libération et de liberté". N’est ce pas là de l’impérialisme culturel? La réponse, bien sûr, est que la notion de Droits de l’Homme repose sur l’idée d’une humanité commune. Ces droits ne dérivent pas de la citoyenneté propre à un pays quelconque, ou de l’appartenance à une nation, mais sont octroyés à chaque être humain. En ce sens, le concept d’universalité des Droits de l’Homme est une idée unificatrice.»«Y a t il réellement des différences aussi strictes au sujet des Droits de l’Homme entre les traditions et les cultures du monde? Il est sans doute vrai que les porte-parole gouvernementaux de nombreux pays asiatiques n’ont pas seulement contesté la pertinence et la force obligatoire des droits universels de l’homme, ils ont fréquemment émis cette opposition au nom de valeurs asiatiques», en les opposant aux valeurs occidentales.
Les Droits de l’Homme
dans l’histoireLa revendication porte sur le fait que dans le système de valeurs dites asiatiques, par exemple dans le modèle confucéen, on insiste davantage sur l’ordre et la discipline, et moins sur les droits et les libertés. De nombreux représentants politiques ont argumenté que faire appel à une acceptation universelle des Droits de l’Homme illustre l’imposition de valeurs occidentales à d’autres cultures Il y a une tendance en Europe et aux États-Unis à admettre, au moins, de manière implicite, que c’est en Occident - et seulement en Occident - que les Droits de l’Homme ont acquis leur valeur, et cela dès l’Antiquitété. En considérant la civilisation occidentale comme le lieu naturel de la liberté individuelle et de la démocratie politique, il y a déjà une tendance à déduire le passé à partir du présent. Toutefois, d’autres idées, telle que la valeur de la tolérance et l’importance de la liberté individuelle y ont été pensées et défendues depuis longtemps, et à de nombreuses reprises pour certaines. Par exemple, les écrits d’Aristote sur la liberté et la prospérité de l’espèce humaine représentent un important fondement pour les théories contemporaines des Droits de l’Homme. Néanmoins pour d’autres philosophes occidentaux (Platon et Saint Augustin par exemple) la prédominance de l’ordre et de la discipline sur la liberté n’était pas moins une priorité que pour Confucius lui-même (..). Il y a beaucoup de variété dans les traditions intellectuelles asiatiques. Ainsi, de nombreux écrivains ont souligné l’importance de la liberté et de la tolérance, quelques-uns les considérant comme ce qui revient de droit à chaque être humain. Pour donner un seul exemple, l’empereur indien Açoka, au IIIe siècle avant Jésus-Christ, réalisa de nombreuses inscriptions politiques en faveur de la tolérance et de la liberté individuelle.Des questions spécifiques se posent souvent à propos de la tradition islamique.(...) La civilisation musulmane est souvent dépeinte comme étant fondamentalement intolérante et hostile à la liberté individuelle. Mais autant pour l’Islam que pour les autres traditions, la diversité et la variété qui existent à l’intérieur d’un mode de pensée sont à prendre en considération. Les empereurs turcs étaient souvent plus tolérants que leurs contemporains européens. Les empereurs mogols en Inde, à une exception près, n’étaient pas seulement extrêmement tolérants en pratique, mais certains ont même théorisé la nécessité de tolérer la diversité. En Inde, les déclarations d’Akbar, le grand empereur mogol du XVIe siècle, au sujet de la tolérance, pourraient compter parmi les grandes déclarations politiques classiques et auraient dû recevoir davantage d’attention en Occident, si seulement les historiens occidentaux de la politique avaient conçu autant d’intérêt pour la pensée orientale que pour leur propre héritage intellectuel. A titre de comparaison, il est à remarquer que l’Inquisition faisait encore des ravages en Europe lorsque Akbar faisait une politique d’Etat que de protéger tous les groupes religieux. Un érudit juif tel que Maïmonide a dû fuir l’Europe intolérante du XIIe siècle et les persécutions contre les juifs pour la sécurité offerte au Caire sous la protection du sultan Saladin. Alberuni, mathématicien iranien, fut l’un des premiers anthropologues du monde. Il remarqua et s’indigna du fait que «la dépréciation de l’étranger est un trait commun à toutes les nations.»
(2)Pour aller dans le même sens, il nous a paru intéressant de verser au plaidoyer le fait que la notion des droits de l’Homme n’était pas étrangère à l’Afrique, le continent des ténèbres chers à Victor Hugo et à Hegel. Ecoutons l’historien Djibril Tamsir Niane: «La charte de Kurukan Fuga est un ensemble de décisions et de recommandations prises par l’assemblée des alliées de l’empereur Soundjata. C’était en 1236. Ces décisions et recommandations de fait constituent une loi fondamentale qui a servi d’assise à l’empire créé par Soundjata, l’empire du Mali. La charte du Mandé enseigne la tolérance, la fraternité entre clans et ethnies. Il est dit dans la charte du Mandé: Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique...Peut-on mieux dire pour garantir la sécurité de l’individu. Cela, la charte l’a exprimé avant la Déclaration des droits de l’homme de 1789, et même avant la Magna Carta des Britanniques de 1297; l’abeas corpus est le fondement historique des libertés civiles anglaises, qui dispose: aucun homme libre ne sera pris et emprisonné, ni dépossédé, ni exilé, ni ruiné, de quelque manière que ce soit, ni mis à mort ou exécuté, sauf à la suite d’un jugement loyal de ses pairs et par les lois du pays. Cette idée capitale qui fonde les droits de l’homme a été exprimée en 1236 à Kurukan au coeur du continent africain»
(3)Après la boucherie de la Seconde Guerre mondiale, il est apparu nécessaire de poser les règles d’un nouvel ordre mondial basé sur plus de justice. On parle alors des Droits de l’Homme, de tous les droits pour tous les hommes. Beaucoup des «droits» consacrés par ces dispositions, ont été perçus comme des idéaux plutôt que comme de réelles prérogatives ouvrant la voie d’un recours devant les tribunaux. Leur mise en oeuvre commanderait qu’on alloue des deniers publics. Elle imposerait aussi aux gouvernement concernés l’obligation de faire quelque chose alors que, pour les droits civils et politiques, la protection passe le plus souvent par la chasse à certains comportements notamment de ceux qui ne sont pas de souche.
(4)Depuis le 11 septembre 2001, les pays occidentaux ont mis entre parenthèses beaucoup de droits humains pour cause de terrorisme. Les Etats-Unis avaient donné le «la» avec le «Patriotic act», suivi par la France et les autres pays d’Europe. En Grande-Bretagne, les attaques en juillet 2005 ont encore plus durci les règles concernant les étrangers. La suppression de l’habeas corpus («Que tu aies ton corps») est généralisée à l’ensemble des habitants. On entre dans un état d’exception généralisée...Mieux encore, la forteresse Europe par la directive du 19 juin 2008 a déclaré la guerre à l’immigration illégale. Les rétentions sans procès peuvent aller jusqu’à 18 mois pour des individus, des familles et des enfants. Au besoin, on les tatouera d’une façon moderne en prenant leur ADN. En définitive, les droits de l’homme sont-ils les droits de tous les hommes? La question reste posée.

(*) Ecole nationale polytechnique
1.Bartolomeo de Las Casas: Apologetica historia sumaria destas Indias occidentales y meridionales, Traduction: M. Roland Minnerath. éd. E.Gorman, tome1, Mexico, 1967.2.Amartya Sen: Les Droits de l’Homme et l’illusion occidentalisante. La République des Lettres, 04 mai 20083.Chérif Elvalide Sèye:Entretien avec Djibril Tamsir Niane.Les Afriques.com 25-08-20084.C.E.Chitour: La mondialisation: l’espérance ou le chaos? Editions Anep. Alger. 2003

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Jean-Philippe Walter : « Nous sommes entrés dans une société de surveillance »

Suédois manifestant contre la "Lex Orwell", en juillet 2008
Après sept années de campagnes visant à faire croire que les guerres meurtrières menées contre les peuples afghan, palestinien, irakien, libanais, étaient justifiées, les gens, en leur grande majorité, ont compris qu’ils ont été trompés. Et que, sous prétexte de « sécurité intérieure », ils ne sont plus suffisamment protégés en matière de droits et libertés fondamentales individuelles (*).

Les démocraties à l’ère du soupçon
par Silvia Cattori
Mondialisation.ca, Le 21 septembre 2008

En France il y a eu des protestations très vives contre le fichage politique [1], tout comme en Suède [2]. En Suisse, petit pays hors Union européenne, le fichage politique est interdit. Jean-Philippe Walter, Dr. en droit, Préposé fédéral suppléant à la protection des données [3], n’en engage pas moins, dans cet entretien, les citoyens à rester vigilants. La découverte que des taupes, mandatées par des officines privées, avaient infiltré des associations altermondialistes, à Genève et à Lausanne, a démontré qu’il peut y avoir des activités d’espionnage qui échappent au contrôle étatique.

Silvia Cattori : Suite au « scandale des fiches », en 1989, les services de renseignements suisses ont été réformés ; les citoyens se croyaient à l’abri de possibles dérapages. Aujourd’hui, après avoir appris que des personnes auraient été mises sous surveillance, à Bâle et à Zurich [4], les Suisses n’ont-ils pas raison de s’inquiéter !?
Jean-Philippe Walter : Je comprends l’inquiétude qui est née dans l’opinion publique. Toutefois, nos vérifications ne permettent pas de conclure à un dérapage. Les dispositions de la loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure ont été respectées.
Silvia Cattori : Plus de 100’000 personnes feraient l’objet d’un fichage !?
Jean-Philippe Walter : Je ne peux pas confirmer ce chiffre. Seul l’Office fédéral de la police peut éventuellement donner des informations à ce propos. Des personnes ou des organisations sont enregistrées dans le système de traitement des données relatives à la protection de l’Etat (ISIS) dans la mesure où ce traitement est nécessaire à l’accomplissement des tâches légales définies dans la loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure.
Silvia Cattori : Si ce chiffre devait se révéler exact, serait-ce là le signe qu’il y a une collecte de données disproportionnée ?
Jean-Philippe Walter : C’est difficile de dire si c’est disproportionné ou pas. Ce chiffre peut paraître surprenant. Il faut savoir qu’il y a des personnes enregistrées plusieurs fois, et pour différents évènements prévus dans la loi fédérale sur la sûreté intérieure : la prévention et la lutte contre la menace terroriste, le service de renseignement prohibé, l’extrémisme violent, la violence lors de manifestations sportives.
Silvia Cattori : Combien de personnes ont-elles voulu savoir si elles sont « fichées » depuis que cette affaire de fichage a été révélée ?
Jean-Philippe Walter : Je ne dirais pas « fiché » mais « enregistré dans la banque de données », car cela correspond mieux à la réalité du traitement des données tel qu’il se fait aujourd’hui par des moyens informatiques. Le terme « fiché » n’est pas incorrect mais il désigne plus précisément la gestion des fichiers manuels, avec des cartes dactylographiées, tel qu’il se faisait autrefois.
Actuellement [5], nous avons reçu environ 200 demandes. Comme la presse alémanique a davantage parlé de cette affaire, on n’est pas surpris de constater que la majorité des demandes proviennent de cette partie de la Suisse.
Silvia Cattori : Comment savoir si ce qui est collecté est toujours conforme à la loi puisque vous ne pouvez accéder à la banque de donnée qu’au cas par cas ?
Jean-Philippe Walter : Comme pour toute banque de données informatique, gérée par des administrations ou par des entreprises privées, nous n’avons pas la possibilité de contrôler systématiquement l’ensemble des traitements de données personnelles. Dans le cadre de la sécurité intérieure, nous ne pouvons faire des vérifications dans la banque de données qu’à l’occasion d’une demande d’accès. Nous effectuons des vérifications ciblées. Nous pouvons, dans une certaine mesure, vérifier si les entrées sont correctes ou pas, ou si elles sont pertinentes du point de vue de la sûreté intérieure.
Silvia Cattori : Le Service d’analyse et de prévention (SAP) n’est-il pas retombé dans les travers du passé ?
Jean-Philippe Walter : Je ne le pense pas. Depuis « l’affaire des fiches », à la fin des années 80, le législateur a adopté une loi sur la sécurité intérieure qui définit clairement les tâches et les compétences des organes de sûreté. D’autre part, différents mécanismes de contrôle ont été mis en place ; que ce soit les contrôles internes au Département fédéral de justice et police ; que ce soit le contrôle des Commissions de gestion du Parlement ; sans parler des contrôles que nous sommes appelés à effectuer. En ce qui concerne les cas bâlois, par exemple, il n’y a pas eu de dérapage des organes fédéraux de sûreté. C’est le sentiment que nous avons après avoir traité les demandes d’accès des personnes concernées.
Silvia Cattori : Y aurait-il des fichiers ailleurs, dans les Cantons, à votre insu ?
Jean-Philippe Walter : Il faut savoir que toutes les banques de données gérées par l’administration fédérale doivent être annoncées et doivent reposer sur une base légale. Là, nous n’avons aucun élément qui nous laisserait penser qu’il y a des banques de données secrètes qui ne seraient pas connues de nos services, et qui ne reposeraient pas sur une base légale, dans le cadre d’activités de lutte contre le terrorisme ou à des fins de sécurité intérieure. En ce qui concerne les cantons, cela relève des autorités cantonales compétentes.
Il est bien clair que des traitements de données personnelles sont également effectués dans le secteur privé et que, si des dérapages ne sont pas exclus, ils ne peuvent être confirmés tant que nous n’avons pas été confrontés à des informations précises.
Silvia Cattori : Qu’a-t-on fait des données récoltées dans les années 60-80 ? On parlait alors de 200 personnes considérées comme dangereuses et dont la fiche resterait active ?
Jean-Philippe Walter : Après la découverte du fichier géré par la police fédérale dans les années 80, un délégué aux fiches a été nommé. Toutes les données ont été soumises à examen et les fiches ont été sorties du circuit. Elles se trouvent dans les Archives fédérales et sont inaccessibles.
Il y a eu un tri qui a été fait sous la surveillance du délégué aux fiches, nommé par le Conseil fédéral. Certaines informations qui étaient pertinentes pour la sécurité intérieure, et qui répondaient aux critères légaux, ont été reprises dans la banque de données ISIS.
Bien sûr, le dérapage est toujours possible, on ne peut jamais l’exclure totalement, il faut être vigilant. Dans nos activités de surveillance, nous avons déjà été amenés à constater des violations des dispositions légales de la protection des données et avons émis des recommandations en vue de remédier aux manquements. En ce qui concerne les activités en matière de sécurité intérieure, nous n’avons, sur la base de nos informations, pas lieu de penser qu’un risque d’abus existe.
Silvia Cattori : Avez-vous constaté un développement de la surveillance préventive depuis les attentats du 11 septembre 2001 ?
Jean-Philippe Walter : Après le 11 septembre, il y a eu un certain nombre de mesures prises dans le monde ; spécialement aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et dans l’Union européenne. En Suisse, la prolongation de la conservation des données de trafic et de transaction sur internet mise à part, il n’y a pas eu de développements spectaculaires. Par contre, on peut dire que l’on est entré dans ce que l’on appelle communément la « société de surveillance ». On le voit notamment avec le foisonnement des caméras installées aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.
Silvia Cattori : Les caméras ne sont-elles pas ressenties comme moins inquiétantes qu’un fichage individuel ?
Jean-Philippe Walter : Non, je ne le crois pas. Les techniques de surveillance sont très diverses. Dès le moment où il y a une surveillance, il y a collecte d’informations. Il n’y a pas de garantie qu’il n’y ait pas de dérapage. Régulièrement, la presse se fait l’écho de violations de la vie privée. Dans le cas des activités des organes de sûreté, le nombre de personnes qui sont susceptibles d’être l’objet d’un enregistrement dans le système d’information reste relativement limité et ne peut se faire que dans les limites légales.
Silvia Cattori : N’avez-vous pas le sentiment que, sous couvert de prévention, il y a une propension à qualifier d’extrémistes des gens qui n’ont rien à voir avec l’extrémisme ? Des dizaines de milliers de musulmans n’ont-ils pas été séquestrés dans des prisons secrètes, torturés par les agents de la CIA, alors que c’étaient le plus souvent des gens ordinaires ? Du reste, nos agents ne sont-ils pas allés, en 2006, à Guantanamo interroger ces prisonniers ?
Jean-Philippe Walter : Il n’y a effectivement pas de définition légale du terrorisme. Toute personne a droit au respect des droits humains et à un procès équitable où qu’il se trouve.
Silvia Cattori : Berne n’a, apparemment, pas respecté ces droits quand elle a autorisé des avions de la CIA à faire escale sur son sol. Ne pensez-vous pas que les Service de renseignement suisse, sous la pression d’autres Etats, assimilent, eux aussi, des gens sympathisants de mouvements de résistance contre l’occupant, comme le Hamas, au terrorisme ?
Jean-Philippe Walter : Non, je ne le pense pas ; à moins que ces sympathisants aient des agissements ou des comportements qui laissent supposer qu’ils peuvent constituer un danger pour la sécurité intérieure.
Silvia Cattori : Depuis le 11 septembre 2001, les personnes de confession musulmane, ne vivent-elles pas une situation des plus difficiles, en Suisse aussi, [6] à cause des soupçons que l’on fait peser sur eux ? Ne pensez-vous pas que des gens d’origine arabes ont été soupçonnés, à tort, de lien avec le terrorisme en raison de leur ethnie ou de leur foi ? La police fédérale, en 2004, n’avait-elle pas placé une taupe dans le Centre islamique à Genève pour espionner son directeur, M. Hani Ramadan [7] ?
Jean-Philippe Walter : Je ne puis me prononcer ici car il y a une instruction en cours. Je n’ai pas d’informations qui me laissent supposer qu’il y ait eu quelque chose qui ait dysfonctionné.
Silvia Cattori : Cette affaire reste à éclaircir. Mais n’a-t-on pas perçu, alors, que les agents fédéraux considéraient, a priori, des gens de confession musulmane comme dangereux ?
Jean-Philippe Walter : C’est votre sentiment. Les cas auxquels nous avons été confrontés ne nous permettent pas d’arriver à une telle conclusion. Nous n’avons jamais eu d’éléments qui nous laisseraient supposer qu’une personne appartenant à telle confession ait fait l’objet d’enregistrement pour appartenance à telle ou telle religion.
Nous n’avons jamais trouvé d’éléments laissant supposer qu’il y ait eu des surveillances pour des raisons politiques. Les enregistrements que nous avons vérifiés ont été faits pour des raisons liées au terrorisme ou à l’extrémisme ; ou à des manifestations violentes. Si, par hasard, il y a eu des informations qui ont été enregistrées de manière disproportionnée nous avons demandé à ce qu’elles soient corrigées.
Silvia Cattori : Reste à savoir dans quelle mesure, vous-mêmes, à la protection des données, prenez suffisamment en compte le fait que, depuis le 11 septembre, il y a eu un changement de climat et de mentalité ; climat qui pourrait conduire les agents fédéraux à des dérives !
Jean-Philippe Walter : Le changement de climat et de mentalité depuis le 11 septembre est clair. Je vous l’ai dit ; nous sommes entrés dans une société de surveillance, cela n’est pas contestable. Il y a un risque de déséquilibre et de non respect des droits fondamentaux. La lutte contre la criminalité et le terrorisme est absolument nécessaire ; mais elle ne doit pas se faire au détriment du respect des libertés et des droits fondamentaux, et notamment du droit à la protection des données, au risque de remettre en cause nos sociétés démocratiques.
En ce qui concerne le domaine de la sécurité intérieure, on n’a pas actuellement constaté d’abus de l’ordre de ce qui s’était passé lors de l’affaire des fiches. Je crois que, de ce côté-là, les autorités sont conscientes qu’elles ne peuvent pas dépasser certaines limites.
Il faut cependant demeurer vigilant. La Suisse n’est pas isolée et, de par ses engagements internationaux, notamment dans le cadre des accords Schengen/Dublin, elle devra mettre en place des mesures dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et de la coopération policière et judiciaire en matière pénale (données PNR, passeport biométrique, etc).
C’est aussi une constante de nos interventions que d’appeler à une certaine retenue, à une certaine vigilance et à ce que la sécurité ne se fasse pas au détriment des libertés individuelles. De ce côté-là, on n’est pas du tout léger ou naïf. Je puis vous dire que nous restons vigilants et que nous ne prenons pas tout pour du pain bénit. Mais nos ressources sont limitées et nous ne sommes pas en mesure d’intervenir sur tous les fronts.
La protection des données et de la vie privée est aussi de la responsabilité des individus qui doivent être prudents et exercer leurs droits. Les réactions qui se sont manifestées en France à propos du système Edvige montrent que les citoyennes et les citoyens peuvent se mobiliser pour faire valoir leurs droits et ne pas accepter toutes ces mesures répressives.
Silvia Cattori : Reste aussi à savoir dans quelle mesure les autorités politiques prennent suffisamment en compte le fait, qu’il y a un intérêt, de la part de certains services de renseignements étrangers, à exagérer la menace terroriste et à instrumentaliser les peurs ?
Jean-Philippe Walter : Cela n’a rien à voir avec la protection des données, mais il est vrai que la lutte contre le terrorisme est devenue un argument politique et qu’il y a des enjeux économiques.
Silvia Cattori : Ceux qui sont en charge de la sécurité intérieure ne sont pas forcément des stratèges avisés. Dans les années 70-80, n’ont-ils pas fait mettre en fiche, et selon des critères totalement aberrants, des gens qu’ils considéraient comme dangereux par le simple fait qu’ils étaient de « gauche ». Ne sont-ils pas, aujourd’hui, en train de faire surveiller, selon des critères tout aussi aberrants, des gens qu’ils considèrent comme dangereux parce qu’ils font un lien entre terrorisme et Islam ?
Jean-Philippe Walter : La situation est totalement différente. A l’époque de « l’affaire des fiches », la surveillance se faisait dans un cadre où il n’y avait pas de règles, pas de lois, aucun contrôle. Maintenant, on a défini ce qu’il n’est pas possible de faire. On a mis en place un certains nombres de garde-fous. Les erreurs sont toujours possibles. Mais c’est justement par le biais des mécanismes mis en place que l’on peut arriver à corriger ou à éviter les erreurs. Même si après le 11 septembre le contexte international n’est plus le même, il faut éviter de tomber dans la paranoïa et la crainte d’un « fichage » systématique, tout en restant vigilant et critique. Toute mesure qui limite les droits fondamentaux et les libertés individuelles doit être proportionnée et répondre à un intérêt légitime prépondérant. Elle doit être précédée d’un débat public.
On peut avoir un sentiment de surveillance. Il faut avoir des éléments concrets qui indiquent que quelqu’un est mis sous surveillance. Il faut que les personnes qui ont des éléments qui leur font penser qu’elles sont surveillées s’adressent aux autorités pour demander des justifications.
Puisque l’on est dans un système fédéral, la première chose est de s’adresser à l’autorité cantonale pour demander si, oui ou non, il y a mise sous surveillance. Si des organes fédéraux sont impliqués, la personne concernée peut s’adresser aux autorités concernées. Pour les traitements relevant de la sûreté intérieure, elle devra déposer une demande d’accès indirect auprès du Préposé fédéral.
Comme je vous l’ai dit, nous sommes entrés dans ce que l’on appelle une « société de surveillance ». Il faut savoir que la surveillance n’est pas seulement le fait de l’Etat. Les activités de surveillance de l’Etat ne peuvent intervenir que dans le respect de la légalité ; il y a des mécanismes de contrôle qui sont mis en place, et il y a des possibilités pour les individus de faire valoir leurs droits ou de faire intervenir des instances qui vont défendre leurs droits. On ne peut cependant pas ignorer que des instances privées exercent également des activités de surveillance. Ce n’est donc pas un phénomène qui se limite aux activités de l’Etat qui, elles, reposent sur un cadre clair. Les risques de violation de la vie privée sont ainsi plus souvent liés à des activités de surveillance déployées dans le secteur privé.
Silvia Cattori : Là où ce sont des agents de renseignements étrangers qui espionnent des gens, ou qui manipulent, cela échappe-t-il à tout contrôle ?
Jean-Philippe Walter : Si des services étrangers surveillent les gens, c’est illégal. Nous n’avons pas la possibilité d’intervenir. C’est le rôle du Ministère public de la Confédération et du Service d’analyse et de prévention de veiller à ce que des activités de renseignement prohibées n’aient pas lieu sur le territoire suisse.
Silvia Cattori : Les représentants de la police fédérale - M. Jean-Luc Vez, (directeur de l’Office fédéral de la police), et M. Urs von Daeniken, (chef du Service d’analyse et de prévention) – estiment, eux, que la menace terroriste est grande et demandent que les outils pour la combattre soient encore renforcés [8]. Or, votre supérieur, M. Thür, chef de la protection des données, estime que les nouvelles compétences proposées en matière de sécurité - qui permettraient la mise sous écoute, même s’il n’y a pas de soupçon d’une activité pénalement répréhensible - sont « dangereuses ».
Jean-Philippe Walter : Eux affirment, en effet, qu’il y a un risque. nous somme prêts à les croire. Mais, jusqu’ici, nous n’avons aucun élément qui nous paraisse justifier de nouvelles mesures. Le projet de loi en discussion au Parlement prévoit de donner des moyens supplémentaires aux organes de sûreté dans le cadre de leurs activités préventives ; notamment les écoutes ou l’intrusion dans des ordinateurs.
M. Thür estime, lui, qu’aussi longtemps que la nécessité de ces nouvelles mesures n’a pas été démontrée, les moyens actuels sont suffisants ; notamment les moyens qui sont prévus dans le cadre de la poursuite pénale. Dans le cadre de la poursuite pénale, avec l’autorisation d’un juge, il y a déjà la possibilité de mettre les gens sous écoutes. Mais cela se fait dans le cadre de la procédure pénale et encadré par la justice.
Silvia Cattori : Si, demain, je demande à savoir si je suis « enregistrée », recevrais-je une réponse claire et nette ?
Jean-Philippe Walter : Toute personne peut s’adresser au Préposé fédéral à la protection des données. Selon la procédure dite du droit d’accès indirect, nous allons vérifier sur place le traitement dans la banque de données. Nous vérifions si la personne qui en fait la demande est enregistrée dans le système ISIS ; et, le cas échéant, nous examinons toutes les inscriptions la concernant.
En règle générale, les personnes ne peuvent pas savoir si elles sont effectivement enregistrées et, le cas échéant, avoir connaissance du contenu des données qui les concernent. Elles reçoivent une réponse au libellé standard, selon laquelle aucune donnée les concernant n’a été traitée illégalement ; ou les informant que, dans le cas d’une éventuelle erreur dans le traitement des données, nous avons adressé à l’Office fédéral la recommandation d’y remédier.
Exceptionnellement, s’il n’existe pas d’autre moyen pour empêcher qu’une personne soit lésée gravement et de manière irréparable, le Préposé peut dire à la personne qui en fait la demande, qu’elle est enregistrée, et lui fournir de manière appropriée des informations qui figurent dans la banque de donnée, pour autant que cela ne constitue pas une menace pour la sûreté intérieure et extérieure. Mais, je le répète, ce sont des cas exceptionnels.

(*) Voir : « Jean-Claude Paye : les populations sous surveillance », par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 15 février 2008.[1] En France, des recours ont été déposés, considérant, à juste titre que le fichier Edvige - un système de surveillance organisé scientifiquement, hors du contrôle des juges et d’une autorité indépendante - était accessible à un nombre excessif de fonctionnaires, et que l’étendue et la nature des données était disproportionnée par rapport aux buts recherchés. Edvige devait se substituer aux RG, une police politique qui n’a son équivalent que dans des dictatures.

[2] Les Suédois protestent depuis juin contre la loi sur la surveillance électronique qu’ils ont baptisée « Lex Orwell ». Dès le 1er janvier 2009, l’agence d’écoutes militaires pourra intercepter tous les courriels et appels téléphoniques à destination et en provenance de Suède, sans autorisation judiciaire.
[3] Voir : http://www.leprepose.ch Le Préposé est nommé par le Conseil Fédéral et non pas par l’Assemblée fédérale. Son indépendance est donc limitée.
[4] Voir « Entretien avec M. Balthasar Glättli – La menace terroriste : un instrument pour limiter les libertés ? », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 28 août 2008.
[5] En 1990, lors d’un précédent scandale, 300’000 personnes avaient demandé à connaître le contenu de leur fiche en Suisse.
[6] Des journalistes « embarqués », par idéologie, ou de connivence avec des officines de propagande, se sont employés à désigner les musulmans comme une menace. Journalistes qui s’auto proclament « spécialistes en terrorisme », « spécialistes du Moyen Orient », asservis aux vérités officielles, raison pour laquelle ils ont la faveur des médias. Leurs livres et articles témoignent contre eux. Ils apparaissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont véritablement : des imposteurs au service des pouvoirs oppressifs et de la guerre.
[7] Le service de renseignement fédéral a été vivement critiqué, en 2006, quand les Suisses ont découvert que le Centre islamique de Genève, dirigé par M. Hani Ramadan, un intellectuel suisse de confession musulmane, avait été infiltré par un de leurs agents.
[8] Le projet de révision prévoit la surveillance des communications téléphoniques, du courrier postal et électronique, ainsi que des incursions dans la sphère privée. A ceux que ces mesures inquiétaient, l’ancien ministre de la Justice, M. Blocher, avait dit : « On ne fera jamais ce que fait le Mossad israélien ». (voir : « Pour une police fédérale mieux armée contre le terrorisme », swissinfo, 4 avril 2007. Un agent du Mossad avait été arrêté près de Berne en 1998 alors qu’il installait des écoutes sur la ligne de téléphone d’un Suisse d’origine libanaise).
Si on est prêt à croire que les agents secrets suisses n’outrepassent pas certaines limites, les agents de la CIA et du Mossad sont, eux, omniprésents pour espionner des opposants à leur politique criminelle et alimenter la peur par de fausses menaces d’attentats terroristes.

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