jeudi, décembre 10, 2009

Journée mondiale des droits de l’Homme : La lutte contre les discriminations doit se poursuivre


La Journée mondiale des droits de l’Homme est célébrée aujourd’hui dans bon nombre de pays.
Chaque année, ce jour particulier est l’occasion de commémorer la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée par les Nations unies en 1948 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » : le premier article de cette déclaration nous semble aujourd’hui idyllique voire utopique tant les disparités demeurent encore entre les différentes catégories sociales, et ce quels que soient les pays. C’est pourquoi l’ONU a placé cette année ladite Journée sous le thème de « La non discrimination ». Selon Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, « la discrimination prend pour cibles des individus et groupes vulnérables : les handicapés, les femmes et filles, les pauvres, les migrants, les minorités et tous ceux que l’on trouve différents. » Pour nous, cette journée est principalement l’occasion de dresser le bilan de tout ce qui a été accompli dans le Royaume en termes de lutte contre la discrimination, mais également de mesurer l’ampleur de ce qu’il reste à réaliser. Il est incontestable que des avancées considérables ont été accomplies. En termes d’égalité hommes-femmes notamment, l’on tend désormais à s’aligner sur la Convention internationale comme en témoignent à la fois la Moudouwana de 2004 et le nouveau Code de la nationalité. De même que dans la lutte contre la pauvreté, de nombreux plans ont été mis en œuvre, à l’instar du plan « Villes sans bidonvilles » qui a pour ambition d’éradiquer la présence de bidonvilles dans près de 83 villes à l’horizon 2010. S’il existe d’autres exemples prouvant que nous sommes sur la bonne voie, il y a également de nombreux domaines dans lequel la lutte contre la discrimination doit continuer de plus belle… Ainsi à titre d’exemple, des sources syndicales indiquent que les travailleurs agricoles que d’aucuns considèrent comme appartenant à la catégorie des personnes estimées pauvres sont lésés par rapport aux salariés ordinaires. Leur SMAG (Salaire minimum agricole garanti) est inférieur de 40% au SMIG (55 dirhams par jour dans le premier cas contre 85 dirhams dans le second). Pire encore, le SMAG n’est presque jamais appliqué puisque l’on estime en moyenne que les salariés agricoles touchent entre 30 et 40 DH par jour, et ce pour un travail quotidien d’une durée de neuf ou dix heures. En outre, plus sur plus d’un million d’ouvriers agricoles, seuls près de 70.000 sont déclarés à la CNSS. Et si, dans le meilleur des cas, le SMAG était respecté par tous les employeurs, cela signifierait que les salariés agricoles sont maintenus sous le seuil de pauvreté, ce qui soulève évidemment le problème de la discrimination contre les « pauvres », telle que Ban Ki-moon la définit. Un phénomène tend également à prendre de l’ampleur dans le Royaume. Selon un confrère paraissant à Casablanca, les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux sur le territoire national. En effet, quatre salariés sur dix déclarés à la CNSS gagneraient tout au plus 2000 dirhams par mois, ce qui laisse sérieusement songeur sur les conditions d’existence de tous ces salariés. Par ailleurs, la lutte contre la discrimination à l’égard des handicapés doit également se poursuivre et de nombreuses associations y veillent au grain. Rappelons qu’il n’existe aucune aide aux familles dont l’un des membres est atteint de handicap mental ou moteur. La présidente de l’Association Amali qui vient en aide aux familles de schizophrènes avait expliqué à Libé que «si les familles n’étaient pas présentes, les malades n’avaient aucune chance de s’en sortir ». Si le Royaume a ratifié le 8 avril 2009 la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, il s’agit aujourd’hui d’adapter cette Convention à l’échelle nationale et de promouvoir l’insertion des personnes handicapées dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui, la mendicité reste malheureusement le lot commun de bon nombre d’entre eux. Concernant la condition féminine, il semble que les avancées législatives ne soient pas encore appliquées partout et surtout connues de tous. Ainsi, dans les régions rurales notamment, une méconnaissance totale de la nouvelle Moudouwana combinée à une importante précarité entraînent des situations dramatiques pour de nombreuses femmes. Celles-ci sont encore trop souvent répudiées par leurs maris, mariées de force alors qu’elles sont mineures et mariées uniquement en vertu de la fatiha (loi religieuse). Les associations de défense des droits de la femme, à l’instar de la Fondation Ytto, n’ont de cesse de revendiquer un délai supplémentaire en vue d’inscrire les enfants à l’état civil et de légaliser les mariages. Un travail considérable de sensibilisation semble être nécessaire afin de faire connaître leurs droits aux femmes des régions les plus reculées du Maroc. « Nul ne peut dire qu’il n’y a pas de discrimination dans son pays », a déclaré Ban Ki-moon en vue de cette journée. Dès lors, il s’agit de prendre conscience des domaines où des efforts restent à fournir afin de lutter autant que faire se peut, contre toutes les disparités qui perdurent dans le monde. Le Royaume, en ratifiant les nombreuses conventions internationales, s’est incontestablement engagé sur la bonne voie. Il s’agit désormais de sensibiliser la société aux discriminations qui demeurent afin qu’un jour peut-être l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme fasse sens.
2009-12-10 / http://biladi.be/

Partager

Copenhague dans le désarroi après la fuite « du texte Danois »


Les pays en voie de développement ont réagi furieusement à l'ébauche d'accord ayant fait l'objet de fuite, qui remettrait plus de puissance aux nations riches, mettrait à l'écart le rôle d'arbitre de l'ONU et abandonnerait le protocole de Kyoto.
Les entretiens sur le climat du Sommet Onusien de Copenhague sont dans le désarroi aujourd'hui après que les pays en voie de développement ont réagi furieusement aux documents ayant filtrés, qui montrent que les leaders mondiaux seront invités la semaine prochaine à signer un accord qui remet plus de puissance aux pays riches et met à l'écart le rôle de l'ONU dans toutes les futures négociations sur le changement climatique.
guardian
Le document a également été interprété par les pays en voie de développement comme fixant des limites inégales sur les émissions de carbone par habitant pour les pays développés et en voie de développement pour 2050 ; signifiant que les populations des pays riches seraient autorisés à émettre presque deux fois plus sous les termes de ce texte.
guardian
Le soi-disant texte danois, une ébauche d'accord préparée en secret par un groupe d'individus connus sous le nom de « cercle d'engagement » (The Circle
Commitment)- mais connu pour inclure le R-U, les USA et le Danemark - a seulement été montré à une poignée de pays depuis qu'il a été achevé cette semaine.
guardian
L'accord, ayant fait l'objet de fuite et envoyé au Guardian, part sur le principe du protocole de Kyoto, stipulant que les nations riches, qui ont émis le gros du CO2, devraient prendre des engagements fermes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, alors que les nations plus pauvres n'étaient pas obligées d'agir. L'ébauche d'accord remet la mission du contrôle des finances ayant attrait au changement climatique à la Banque Mondiale ; abandonnerait le protocole de Kyoto - le seul traité légal dont le monde dispose concernant la réduction des émissions ; et fournirait l'argent pour aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique à condition qu'ils s'engagent sur tout une gamme d'actions.
guardian
Le document a été décrit la nuit dernière par un diplomate senior comme étant « un document très dangereux pour les pays en voie de développement.
Il repressente une retouche fondamentale au rôle d'arbitre de l'ONU. Il est censé être imposé sans discussion ».
Une analyse confidentielle du texte par les pays en voie de développement, également vue par le Guardian, montre le malaise profond concernant les détails du texte. En particulier, il consiste en:
* Forcer les pays en voie de développement à accepter des coupes et des mesures spécifiques d'émission qui ne faisaient pas partie de l'accord initial de l'ONU ;
* Diviser davantage les pays pauvres en créant une nouvelle catégorie de pays en voie de développement appelés « les plus vulnérables » ;
* Affaiblir le rôle de l'ONU dans la gestion des finances ayant attrait au climat ;
* Ne pas autoriser aux pays pauvres d'émettre plus de 1,44 tonne de Carbone par personne d'ici à 2050, tout en permettant aux pays riches d'émettre 2,67 tonnes par personne.
On comprend que les pays en voie de développement qui ont vu le texte soient furieux que ce texte soit soutenu par les pays riches sans qu'on les ait mis préalablement au courant et sans discussion.
« Il a été fait en secret. Clairement l'intention est d'obtenir de (Barack) Obama et des leaders des autres pays riches de le muscler tout au long de la semaine prochaine quand ils arriveront. C'est effectivement la fin du processus de l'ONU, » a dit un diplomate, qui a demandé à rester anonyme.
Antonio Hill, conseiller en politique du climat pour Oxfam International, a indiqué : « C'est seulement une ébauche mais il met en avant le risque que quand les grands pays viendront ensemble, les petits auront mal. A tous les niveaux, les coupes d'émission doivent être réévaluées vers le haut. Cet accord permet trop d'échappatoires et ne s'approche en rien des 40% de coupe recommandée par la science. »
Hill poursuit en disant : « l'accord propose un fonds vert géré par un conseil mais le grand risque est qu'il soit pris en charge par la Banque Mondiale et par le Service d'Environnement Global (une association de 10 agences comprenant la banque mondiale et le programme des Nations Unies pour l'environnement) et non pas par l'ONU. Ce serait un pas en arrière, et cela tendrait à mettre des contraintes sur les pays en voie de développement alors que rien de cela n'a été négocié dans les précédents entretiens sur le climat de l'ONU. »
gefweb
Le texte a été prévu par le Danemark et les pays riches pour délimiter un cadre de travail, qui serait adapté par les pays au cours de la semaine prochaine. Il est particulièrement explosif car il met à l'écart le rôle d'arbitre de l'ONU et suggère que les pays riches n'ont pas d'espoir que les leaders mondiaux aient un texte sur lequel travailler quand ils arriveront la semaine prochaine.
Peu de nombres ou de chiffres sont contenus dans le texte car ceux-ci seront complétés plus tard par les leaders mondiaux. Cependant, le texte veut limiter les élévations de la température à 2° C et mentionne la somme de $10 milliards par année pour aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique de 2012 à 2015.

guardian
Traduction Alter Info / 09/12/09

Partager

mercredi, décembre 09, 2009

Monnaie humaine

Jusqu’à présent, la politique de l’OLP basée uniquement sur des négociations n’a permis la libération que d’un nombre très symbolique de prisonniers.

Israël semble à deux doigts de céder une avancée majeure à leurs plus farouches ennemis du Hamas, avec la libération prévue d’un millier de prisonniers. Comment faut-il l’interpréter ?

« Nous ne négocions pas avec les terroristes » est un refrain longtemps repris par les démocraties occidentales. En réalité, toutes les grandes puissances ont à un moment donné été forcées de discuter avec des combattants, depuis l’Irlande du Nord jusqu’à l’Irak. Aujourd’hui, Israël semble à deux doigts de céder à leurs plus farouches ennemis du Hamas une avancée majeure avec la libération possible d’un millier de prisonniers. Comment faut-il l’interpréter ?
Bien évidemment, Israël gardera environ 10 000 Palestiniens derrière les barreaux, un grand nombre s’y ajoutant chaque semaine. Néanmoins, une libération massive de prisonniers « durs », une concession jamais accordée ni au chef de l’Autorité palestinienne [de Ramallah], Mahmoud Abbas - dont le mandat de président a expiré en Janvier 2009 - ni à l’Organisation de Libération de la Palestine [OLP], représenterait une rupture majeure par rapport à la politique qui a précédé.
En 2007 Israël a libéré 429 prisonniers, une initiative perçue comme un geste symbolique de soutien au président Abbas, la majorité de ces prisonniers purgeant de courtes peines pour des faits qu’Israël considère comme relativement mineurs. Depuis lors, Israël n’a fait preuve d’aucune inclination à relâcher sa poigne dans quelque domaine que ce soit.
La crédibilité d’Abbas a sombré dans le sillage de son comportement à l’égard du rapport Goldstone et pour son incapacité à limiter l’expansion des colonies, et il parait sur le point de démissionner. Sous sa direction, l’OLP a obstinément poursuivi une politique de négociation, plutôt que d’user de la force et de la menace, pour découvrir finalement que ses partenaires dans le processus de paix « ne prenaient pas leurs obligations au sérieux ».
Les échecs de M. Abbas, résultats de la politique du président américain Barack Obama, du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de leurs prédécesseurs, ont eu pour effet d’élargir le soutien dont dispose le Hamas. Il est en train de devenir rapidement le seul parti palestinien qu’Israël prenne au sérieux, pas par choix mais par obligation. Sous le gouvernement du Hamas, Gaza reste libre de points de contrôle et de colonies et est gérée selon des règles incontestées, d’une façon dont les autorités en Cisjordanie ne peuvent que rêver. S’il n’y avait pas eu les arrestations massives - soutenues par les Israéliens - de ses dirigeants en Cisjordanie, il est très probable que le Hamas y aurait pris le pouvoir également.
Les massacres commis par les Israéliens et le siège sur Gaza n’ont eu pour effet que de renforcer le leadership du Hamas ; l’opposition interne a été laminée et pour ceux qui ont voté massivement en leur faveur, les gens du Hamas sont la vraie voix de la résistance. Financièrement aidés, ils ont été capables de mettre en place progressivement un état de fait « à leur image islamique ». Ils disposent aussi de puissants alliés en Egypte qui les approvisionnent à travers le réseau de galeries souterraines et, surtout, offrent une cachette pour leur produit en or : le soldat israélien capturé.
Israël se voit de plus en plus dans l’obligation de faire des gestes de bonne volonté, comme l’ouverture des frontières pour permettre l’importation de 600 veaux pour la fête de l’Eid ainsi que de livres et d’aide humanitaire précédemment (et de façon criminelle) bloquée. Il existe aujourd’hui des lignes permanentes de communication entre Israël et les dits « terroristes » qui selon l’ancien premier ministre israélien Ehud Olmert « ne pourraient jamais être des partenaires. »
Que les cas du dirigeant du Front populaire pour la Libération de la Palestine, Ahmad Saadat, et du dirigeant du Fatah, Marwan Barghouti, soient discutés dans le cadre d’un échange de prisonniers est une reconnaissance du nouveau pouvoir du Hamas. Beaucoup de gens estiment que Barghouti emporterait facilement une élection présidentielle et qu’il serait capable de réconcilier les organisations concurrentes du Fatah et du Hamas. Si Israël était sérieux en disant vouloir un Etat palestinien stable et uni comme voisin, il y a longtemps que Marwan Barghouti aurait été libéré malgré les soit-disant « crimes » pour lesquels Israël l’a condamné.
Naturellement, les libérations envisagées de ces derniers et beaucoup d’autres « durs [de la résistance] » purgeant de longues peines pour des actes de violence, sont génératrices d’énormes controverses en Israël. Conscient du désastre potentiel du point de vue des relations publiques, le gouvernement n’a pas publié la liste des prisonniers en question, incitant ainsi à ce qu’une requête soit déposée par les proches des victimes devant la Haute Cour pour l’annulation d’une éventuelle décision. « Le gouvernement a décidé d’un accord [d’échange de prisonniers] à la dérobée », s’est plaint leur porte-parole Dan Sion et il est difficile de dire le contraire. Bien que Nétanyahou ait promis un débat public, selon toute vraisemblance le résultat sera défini à l’avance.
L’armée est déterminée à assurer par tous les moyens nécessaires le retour du soldat israélien capturé et si cela signifie transformer le mouvement Hamas en héros populaire, il semble que c’est le prix qu’ils soient prêts à payer. Pour l’OLP qui a perdu des années dans les discussions futiles, ce sera une pilule dure à avaler. Pour le monde, cela sera aussi un rappel que la force est la seule chose que les gouvernements israéliens comprennent.
* Kieron Monks est un journaliste indépendant de Londres, écrivant pour Ma’an News Agency, Palestine News Network et des publications en Europe.

4 décembre 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à : http://electronicintifada.net/v2/ar...Traduction : Naguib
[ 08/12/2009 - 17:03 ]
Kieron Monks - The Electronic Intifada / palestine-info.cc

Partager

mardi, décembre 08, 2009

La situation des droits de l'Homme s'aggrave dans le monde arabe (rapport)


La situation des droits de l'Homme et des libertés s'aggrave dans le monde arabe, avec l'Egypte en tête pour la pratique de la torture et la Syrie pour la répression des défenseurs de ces droits, selon un rapport publié mardi au Caire par un institut égyptien indépendant.
Ce "rapport sur l'état général des droits de l'Homme dans le monde arabe", rédigé par l'Institut du Caire pour l'étude des droits de l'Homme, estime que la situation s'est globalement "dégradée par rapport à 2008" dans la douzaine de pays passés au crible.

"L'Egypte continue d'être en tête de la liste des pays où la torture est pratiquée de manière systématique et routinière", ajoute le rapport. La Syrie quant à elle détient "le pire bilan" en matière de répression des défenseurs des droits de l'Homme.
"Les gouvernements arabes restent pris dans un vaste réseau de lois répressives qui sapent les libertés fondamentales", ajoute le document, qui dénonce la restriction des activités politiques et de la liberté de la presse dans la plupart des pays examinés.
"L'alternance du pouvoir par le biais d'institutions politiques représentatives et d'élections pluralistes et honnêtes reste un rêve dans la plupart de pays couverts par le rapport", précise-t-il.
Le rapport souligne également les discriminations dont souffrent les minorités religieuses dans plusieurs pays, comme l'Arabie saoudite et l'Egypte.
Le rapport étudie la situation en Egypte, en Irak, au Soudan, au Yémen, au Liban, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Syrie, en Arabie saoudite, à Bahreïn et dans les territoires palestiniens.
Bien que le Maroc fasse preuve depuis plusieurs années d'une "relative tolérance" pour les défenseurs des droits de l'Homme, les organisations et militants sahraouis "restent la cible d'arrestations, de tortures et de procès inéquitables".
En Algérie, "les autorités continuent d'imposer des restrictions aux activités portant sur les droits de l'Homme", et en Tunisie "la police poursuit sa sévère répression" envers les défenseurs de ces droits, souligne le rapport.
Dans les territoires palestiniens, le rapport dénonce les attaques contre la presse et les institutions provoquées par les forces israéliennes, mais aussi par le conflit entre l'Autorité palestinienne et le mouvement islamiste Hamas.
Jeremie Smith, le représentant de cet institut à Genève, où le rapport était également présenté mardi, a quant à lui accusé de nombreux pays arabes de chercher à "saper l'autorité" d'institutions internationales comme le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Il a également accusé certains pays de vouloir utiliser la notion de "diffamation des religions" pour "limiter les textes fondamentaux sur les droits et discriminer les minorités".
La reconnaissance du concept de "diffamation des religions" est réclamée avec insistance dans le monde musulman, mais il est rejeté par les pays occidentaux, qui font valoir que cela limiterait la liberté d'expression en légitimant la répression du blasphème.
Selon M. Smith, les soutiens américain et européen à Israël donnent des arguments aux adversaires de la notion universelle des droits de l'Homme.
"Les pays occidentaux ont largement affaibli le système des droits de l'Homme en cherchant à donner une immunité à Israël pour ses crimes de guerre. Cela est largement utilisé par certains gouvernements pour appeler à une sorte de solidarité pervertie entre pays en développement", a-t-il estimé.

08.12.09 / Le Monde.fr

Partager

Réchauffement planétaire : « Façonner les données climatiques pour concorder avec la politique »

Plus de 15 000 personnes se réuniront à Copenhague pour COP15 : la 15e Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Des délégations officielles de 192 pays se mêleront aux représentants de grandes sociétés multinationales, dont Royal Dutch Shell et British Petroleum. Les représentants d’organisations environnementales et de la société civile seront également présents. (Parties et observateurs).

Il est prévu que des chefs d’État et de gouvernement seront présents pour la dernière partie de l’événement. (Voir The essentials in Copenhagen - COP15 United Nations Climate Change Conference Copenhagen 2009)

Il convient de noter que les décisions et orientations clés du COP15 avaient déjà été conclues au Sommet mondial des affaires sur le changement climatique (SMACC) qui s’est tenu en mai à Copenhague, six mois avant COP15.

Le SMACC a réuni certains des plus éminents dirigeants d’entreprise et leader mondiaux, dont Al Gore et le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki Moon. (The World Business Summit on Climate Change, inclut une webémission)

Les résultats de ces consultations de haut niveau ont été transmis au gouvernement danois ainsi qu’aux gouvernements des États membres participants. Un soi-disant résumé sommaire pour les responsables a été rédigé par PricewaterhouseCoopers LLP pour le compte des dirigeants d’entreprise ayant participé à l’événement. Ce rapport a peu à voir avec la protection environnementale. Il consiste largement en un programme motivé par le profit, lequel utilise le consensus du réchauffement climatique comme justification. (Pour connaître les détails, voir Climate Council: The World Business Summit on Climate Change)

« L’ambition sous-jacente au Sommet était d’aborder les défis jumeaux des changements climatiques et de la crise économique. Les participants au Sommet ont examiné comment ces risques peuvent être transformés en opportunité si le milieu des affaires et les gouvernements travaillent ensemble et quelles politiques, quels incitatifs et quels investissements stimuleront le plus efficacement une croissance à faibles émissions de carbone » (Copenhagen Climate Council)

À la fois les gouvernements, les dirigeants d’entreprise et la communauté des organisations non gouvernementales (ONG) maintiennent que le programme de la Conférence sur le changement climatique (7-18 décembre 2009) est « l’un des rassemblements les plus significatifs de l’histoire. On dit de cette conférence qu’elle constitue l’accord le plus complexe et le plus crucial que le monde ait jamais vu ».

On proclame que les émissions de CO2 sont la seule et la plus importante menace pour le futur de l’humanité.

Le point central de la Conférence porte sur des questions strictement environnementales. On ne mentionne pas la « guerre » mondiale – c’est-à-dire la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN et ses conséquences environnementales désastreuses.

On ne mentionne pas l’usage préemptif d’armes nucléaires comme instrument d’« établissement de la paix ».

On n’en mentionne pas, à titre d’élément d’un débat environnemental, les retombées radioactives résultant des bombes nucléaires humanitaires du Pentagone. Les armes nucléaires tactiques, selon l’opinion scientifique commandée par le Pentagone sont « sécuritaires pour les populations environnantes »

On ne mentionne pas la « guerre météorologique » ou les « techniques de modification de l’environnement » (CNMOD), ni la guerre climatique.

Dans le débat sur les changements climatiques, on ne fait aucune mention du projet 2025 de l’Armée de l’air étatsunienne intitulé « Owning the Weather » (Posséder la météo), à des fins militaires. (Voir FAS, AF2025 v3c15-1 Weather as a Force Multiplier: Owning... (Ch 1) et SPACE.com -- U.S. Military Wants to Own the Weather)

Malgré un vaste corpus de connaissances scientifiques, la question de manipulations climatiques délibérées à des fins militaires ne fait plus partie du programme de l’ONU sur le changement climatique. Elle était cependant à l’ordre du jour au Sommet de Rio en 1992. (Voir Michel Chossudovsky, Environmental Warfare and Climate Change, Global Research, 27 novembre 2005 et, du même auteur, Weather Warfare: Beware the US military’s experiments with climatic warfare, The Ecologist, décembre 2007)

Le CO2 est le logo qui décrit la crise mondiale. Aucune autre variable n’est examinée.

Par ailleurs, aucune politique antipollution atmosphérique significative visant les émissions de CO2 ne peut être formulée comme objectif à part entière, puisque la réduction des émissions de CO2 est subordonnée au consensus du réchauffement planétaire.

Les mots « pauvreté », « chômage » et « maladies » résultant d’une dépression économique mondiale ne sont pas une question d’emphase, car les sources financières officielles mentionnent sans équivoque que « la récession économique est terminée ».

Et la guerre au Moyen-Orient et en Asie centrale n’est pas une guerre mais « une opération humanitaire dirigée contre les terroristes et les États voyous ».

La vraie crise

Le sommet de Copenhague sert non seulement de puissants intérêts d’entreprises, lesquelles ont des intérêts dans le système mondial d’échange de droits d’émission de carbone valant plusieurs milliards de dollars, il sert également à détourner l’attention du public de la dévastation résultant de la « vraie crise » sous-jacente au processus de mondialisation économique et à une guerre sans frontières dictée par le profit, que le Pentagone appelle « la longue guerre ».

Nous sommes au carrefour de la crise la plus sérieuse de l’histoire moderne. La guerre et la dépression économique constituent la vraie crise. Pourtant, à la fois les gouvernements et les médias ont dirigé leur attention sur la dévastation environnementale causée par les émissions de CO2, que l’on affirme être la plus grande menace pour l’humanité.

Le très lucratif système d’échange de droits d’émission de carbone

Le système d’échange de droits d’émission de carbone est un fructueux filon de plusieurs milliards de dollars pour l’establishment financier. Les enjeux sont extrêmement élevés et les divers groupes de pression travaillant pour le compte de Wall Street se sont déjà positionnés.

Selon un récent reportage « le marché du carbone pourrait devenir deux fois plus important que le vaste marché du pétrole, d’après la nouvelle catégorie de joueurs de la City transigeant des émissions de gaz à effet de serre par le système d’échange de droits d’émission de carbone […] La rapidité de cette croissance dépendra de l’approbation ou non d’une économie à faibles émissions de carbone au sommet de Copenhague, mais Ager affirme que peu importe ce qu’il arrive, des projets tel l’ETS (Emissions Trading Scheme, marché du carbone) se développeront à travers le monde ». (Terry Macalister, Carbon trading could be worth twice that of oil in next decade, The Guardian, 28 novembre 2009)

Les grands conglomérats financiers impliqués dans le commerce des dérivés, dont JP Morgan Chase, Bank America Merrill Lynch, Barclay's, Citi Bank, Nomura, la Société Générale, Morgan Stanley et Goldman Sachs prennent part activement aux échanges de droits d’émission de carbone. ( FACTBOX: Investment banks in carbon trading Reuters, 14 septembre 2009)

La légitimité de ce système d’échange repose sur la légitimité du consensus du réchauffement climatique, lequel voit les émissions de CO2 comme la seule menace environnementale. Et pour Wall Street, le système d’échange de droits d’émission de carbone est un filet de sécurité profitable et opportun permettant le transfert de milliards de dollars dans les poches d’une poignée de conglomérats.

« Tous les établissements financiers de Londres et New York ont mis en place des opérations d’échange de droits d’émission de carbone. De très gros montants dansent dans leurs têtes et ils en ont besoin pour remplacer la "richesse" qui s’est évaporée dans l’effondrement immobilier. Louis Redshaw, chef des marchés environnementaux chez Barclays Capital a confié au New York Times que "le marché du carbone sera le plus grand de tous" Barclays croit que l’actuel marché du carbone d’une valeur de 60 milliards de dollars pourrait atteindre 1 billion de dollars en l’espace d’une décennie. Il y a quatre ans, M. Redshaw un ancien négociateur en électricité, n’arrivait pas à trouver personne pour lui parler du carbone ». (Mark Braly, The Multibillion Dollar Carbon Trading, RenewableEnergyWorld.com, 5 mars 2008)

La base de données du réchauffement climatique

Le consensus du réchauffement climatique est-il basé sur des données fiables?

Il existe des indices démontrant qu’à la fois les concepts et les données sur la température et les émissions de gaz à effet de serre incluant le CO2 ont été ajustés et modelés pour cadrer avec le programme du Groupe d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (GIEC).

Depuis plusieurs années on questionne les affirmations du GIEC, incluant la base données. (Voir Le dossier de Global Research sur les changements climatiques : Archive de plus de 100 articles en anglais)

Dans des reportages, de nombreux scientifiques éminents ont fait une analyse critique du consensus sur les changements climatiques.

À cet égard, on a résolument tenté de faire taire les critiques, comme le mentionne dans ses écrits le météorologue du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Richard S. Lindzen (Voir Richard Lindzen, Climate of Fear: Global-warming alarmists intimidate dissenting scientists into silence, Global Research, 7 avril 2007)

Les scientifiques qui ont une opinion différente de l’alarmisme ont vu leurs fonds de subvention disparaître, leur travail tourné en ridicule et se sont vus étiquetés comme étant des laquais des industries, des scientifiques ratés de seconde main ou pire encore. Par conséquent, les mensonges à propos des changements climatiques gagnent en confiance même s’ils contredisent la science qui leur sert supposément de base.

Le « Climategate » et le scandale des courriels

En novembre 2009 à peine quelques semaines avant l’inauguration du sommet de Copenhague, on a révélé une grande base de données de plus de 3000 échanges de courriels entre des scientifiques et des chercheurs clés étudiant les changements climatiques.

Bien que les courriels ne prouvent pas que la base de données en entier a été falsifiée, ils démontrent néanmoins une malhonnêteté scientifique et de la tromperie de la part de plusieurs éminents scientifiques directement liés au GIEC.

Les courriels suggèrent que les données ont été modelées dans le but de soutenir un programme de politiques prédéterminé. « Façonner les données climatiques pour concorder avec la politique » ("Fixing the climate data to fit the policy") est le modus operandi comme le révèlent les courriels des scientifiques haut placés en lien direct avec le travail du GIEC.

Les médias britanniques ont reconnu que les scientifiques étaient résolus à manipuler les données sur les changements climatiques et à exclure les critiques :

[Les commentaires en dessous des citations sont du Telegraph].

De : Phil Jones. À : Many. 16 nov. 1999
« Je viens de terminer le truc de Mike's Nature [le journal scientifique] consistant à ajouter les vraies températures à chaque série pour les 20 dernières années (c’est-à-dire à partir de 1981) et à partir de 1961 pour celui de Keith pour cacher le déclin. »

Les critiques citent ce qui précède comme étant une preuve que les données ont été manipulées pour masquer le fait que les températures planétaires baissent. Le professeur Jones affirme que la signification de « truc » a été mal interprétée.

De : Phil Jones À : Michael Mann (Pennsylvania State University). 8 juillet 2004
« Je ne peux imaginer aucun de ces deux documents dans le prochain rapport du GIEC. Kevin et moi les tiendront à l’écart d’une manière ou d’une autre – même si nous devons redéfinir ce qu’est la littérature évaluée par des pairs ! »

Le GIEC est l’organisme de l’ONU chargé de surveiller les changements climatiques. Les scientifiques ne voulaient pas considérer des études qui contestent la vision voulant que le réchauffement climatique soit réel et d’origine humaine.

De : Kevin Trenberth (US National Center for Atmospheric Research). À : Michael Mann. 12 oct. 2009
« Le fait est que nous ne pouvons pas justifier l’absence de réchauffement en ce moment et cette impossibilité constitue un travestissement […] Notre système d’observation est inadéquat. »

Le professeur Trenberth semble accepter un argument clé des sceptiques du réchauffement climatique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de preuve que les températures ont augmenté dans les 10 dernières années.

De : Phil Jones. À : Many. 11 mars 2003
« Je vais envoyer un courriel au journal pour leur dire que je n’ai plus rien à voir avec celui-ci jusqu’à ce qu’ils se débarrassent de cet ennuyeux rédacteur en chef. »

Le professeur Jones semble faire du lobbying pour le renvoi de l’éditeur de Climate Research, un journal scientifique ayant publié des articles minimisant l’importance des changements climatiques.

De : Phil Jones. À : Michael Mann. Date: 29 mai 2008
« Pouvez-vous supprimer tous les échanges de courriels que vous pourriez avoir eu avec Keith concernant AR4? Keith fera de même.

Les sceptiques des changements climatiques ont tenté de recourir aux Lois d’accès à l’information afin d’obtenir des données climatiques brutes soumises à un rapport du GIEC connu sous le nom de AR4. Les scientifiques ne voulaient pas que leurs échanges de courriels sur les données soient rendus publics.

De : Michael Mann. À : Phil Jones et Gabi Hegerl (University of Edinburgh). Date: 10 août 2004
« Phil et moi devront probablement réagir à davantage de foutues critiques de ces idiots dans un futur rapproché. »

Les scientifiques ne font aucun effort pour cacher leur mépris envers les sceptiques des changements climatiques qui demandent davantage d’informations sur leur travail.

(Courriels de University of East Anglia : les citations les plus controversées -- Telegraph, 23 novembre 2009).

La liste complète des courriels controversés peut être consultée au Alleged CRU Emails - Searchable publiés par eastangliaemails.com.

Ce qu’il y a de significatif est que les auteurs des courriels sont directement impliqués dans le GIEC :

« [Il s’agit] du petit groupe de scientifiques qui ont été, depuis des années, plus influents que quiconque pour sonner l’alarme dans le monde entier à propos du réchauffement climatique, surtout en raison du rôle qu’ils jouent au cœur du GIEC. »

Le professeur Philip Jones, directeur du Climate Research Unit (CRU), est en charge des deux séries de données clés utilisées par le GIEC pour la formulation de ses rapports. En raison de ses liens avec le Hadley Centre, qui fait partie du Met Office britannique (service national britannique de météorologie), lequel sélectionne la plupart des contributeurs scientifiques clés du GIEC, son registre des températures planétaires est le plus important des quatre séries de données de température sur lesquelles se fient le GIEC et les gouvernements—surtout pour leurs prédictions voulant que la planète se réchauffe jusqu’à des niveaux catastrophiques, à moins que l’on dépense des billions de dollars pour l’éviter.

Le Dr Jones est également un acteur principal du groupe tissé serré de scientifiques états-uniens et britanniques responsable de la promotion de cette représentation des températures planétaires véhiculée par le graphique du « bâton de hockey » de Michael Mann. Ce graphique a inversé l’histoire du climat il y a 10 ans en démontrant que, après 1000 ans de déclin, les températures mondiales ont récemment atteint leurs niveaux les plus élevés de l’histoire depuis que ces données sont enregistrées. (Prof. Christopher Booker, Climate Change: This is the Worst Scientific Scandal of our Generation, The Telegraph, 28 novembre 2009)

L’un des courriels controversés du Dr Jones (publiés par eastangliaemails.com) met en évidence la manipulation délibérée des données.

Chers Ray, Mike et Malcolm,
Lorsque Tim aura un diagramme ici nous l’enverrons soit plus tard aujourd’hui ou à la première heure demain.
Je viens de terminer le truc de Mike's Nature [le journal scientifique] consistant à ajouter les vraies températures à chaque série pour les 20 dernières années (c’est-à-dire à partir de 1981) et à partir de 1961 pour celui de Keith pour cacher le déclin. Les séries de Mike comprennent les valeurs terrestres et marines annuelles alors que les deux autres comprennent les NH de la terre de 20N (NH land N of 20N) d’avril à septembre. Les deux derniers sont réels pour 1999, alors que l’estimation pour 1999 pour les NH combinés est de +0.44C wrt par rapport à 61-90. L’estimation mondiale pour 1999 avec les données jusqu’en octobre est de +0.35C cf. 0.57 pour 1998.
Merci pour les commentaires Ray.

Aurevoir
Phil

Prof. Phil Jones
Climatic Research Unit Telephone +44 xxx xxxx xxxx
School of Environmental Sciences Fax +44 xxx xxxx xxxx
University of East Anglia
Norwich Email p.jones@xxxxxxxxx.xxx
NR4 7TJ
UK

Source: Alleged CRU Emails - Searchable publié par eastangliaemails.com

Enquête du Congrès des États-Unis

À peine deux semaines avant l’inauguration du sommet de Copenhague, le Congrès états-unien enquête maintenant sur les « courriels du réchauffement climatique » :

« Le Congrès des États-Unis a commencé à enquêter sur les scientifiques dont les courriels et les documents ont été piratés, afin de voir si leurs théories du réchauffement planétaire ont déformé la vérité derrière la cause des changements climatiques.

Les enquêteurs ont commencé à « étudier » les 1079 courriels et plus de 3800 documents que des pirates informatiques ont volé la semaine dernière au Climate Research Unit (CRU) à l’Université East Anglia au Royaume-Uni, a déclaré le représentant de la Californie Darrel Issa au Wall Street Journal.

Certains des courriels et des fichiers qui ont fui – mis en ligne sur des sites comme www.Wikileaks.org et www.EastAngliaEmails.com – démontrent des tensions croissantes entre les scientifiques et les sceptiques. D’autres sont des annonces triviales de futures conférences ou de voyages de recherche.

Selon son site web, le représentant James Inhofe de l’Oklahoma a dit lundi que la correspondance qui a coulé suggère que les chercheurs ont « truqué les données scientifiques pour donner l’impression que dans cette affaire, la science était établie, alors que tout le long, bien sûr, nous savions qu’elle ne l’était pas ».

Le Conseiller scientifique de la Maison-Blanche John Holdren a lui aussi fait l’objet d’une enquête, après qu’un de ses courriels écrit en 2003 à Michael Mann du Pennsylvania State University a été piraté.

« Je suis heureux de m’en tenir à ma contribution à cet échange. Je crois que quiconque lit en entier ce que j’ai écrit considérera qu’il s’agit d’un traitement sérieux et équilibré de la question du "fardeau de la preuve" dans des situations où la science relative à la politique publique est contestée »

Entre-temps, l’Université d’East Anglia a affirmé qu’elle coopérerait avec la police et procéderait à sa propre enquête interne. L’université a publié une déclaration qualifiant la révélation de « malveillante » et affirmant qu’elle aide la police dans son enquête.

La déclaration cite également M. Jones, le directeur du CRU, expliquant son courriel de novembre 1999, lequel disait : « Je viens de terminer le truc de Mike's Nature [le journal scientifique] consistant à ajouter les vraies températures à chaque série pour les 20 dernières années (c’est-à-dire à partir de 1981) et à partir de 1961 pour celui de Keith pour cacher le déclin. »

M. Jones a dit que le terme « truc » était utilisé de façon « familière en signifiant quelque chose de brillant » et qu’il est « ridicule de suggérer qu’il fait référence à quoi que ce soit d’inconvenant ».

Les données divulguées arrivent seulement deux semaines avant le début de la conférence de l’ONU sur le climat à Copenhague qui se tient du 7 au 18 décembre et où 192 pays se rencontreront pour discuter d’une solution destinée à réduire les émissions planétaires de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre. (International Business Times, 24 novembre 2009)

Pendant ce temps, la « communauté internationale » (appuyée par les médias dominants) a lancé une contre-offensive, accusant les critiques de mener une campagne de diffamation :

La semaine dernière le président du GIEC, Rajendra Pachauri, a soutenu les conclusions de 2007 de son groupe d’experts. Cette étude constitue la base d’une réaction mondiale pour le climat, incluant les cibles d’émission de carbone proposées cette semaine par la Chine et les États-Unis.

Jusqu’à maintenant, les scientifiques travaillant sur le climat ne disent rien des courriels divulgués [qui] invalident le fait que les preuves du changement climatique sont solides. En fait, une nouvelle étude dans la revue Science démontre que la calotte glaciaire fond à un rythme plus rapide que ce qui avait été prévu il n’y a que quelques années.

Lors d’un appel téléconférence avec des journalistes cette semaine, un des scientifiques dont les courriels ont fuit, le paléoclimatologue du Pennsylvania State University Michael Mann, a déclaré que « peu importe comment les courriels sont sélectionnés » il n’y a « absolument rien dans aucun des courriels qui questionne le niveau élevé du consensus sur le changement climatique ».

Il s’agit d’une « campagne de détraction pour distraire le public », a ajouté M. Mann, un co-auteur du Diagnostic de Copenhague, le rapport sur les changements climatiques publié cette semaine avant le sommet de Copenhague. « Ceux qui s’opposent à une action pour le climat n’ont tout simplement pas la science de leur côté », a-t-il lancé.

Le professeur Trevor Davies du CRU d’East Anglia a qualifié les données volées du dernier exemple d’une campagne destinée « à détourner l’attention d’un débat rationnel » sur les changements climatiques avant le sommet de Copenhague. (As Copenhagen summit nears, ‘Climategate’ dogs global warming debate csmonitor.com, Christian Science Monitor, 28 novembre 2009, c’est l’auteur qui souligne)

Toutefois, ce qu’il y a de significatif à propos de cette contre-offensive est que l’authenticité des courriels n’a pas été contestée par les scientifiques du GIEC.

Les scientifiques ne disent pas « nous ne l’avons pas fait ». Ils disent que le consensus sur les changements climatiques tient, indépendamment des gestes qu’ils ont posés d’une part pour manipuler les données de façon sélective et d’autre part pour exclure les critiques du débat scientifique sur le changement climatique.
Quelle est la position des organisations environnementales et de celles de la société civile?

Les organisations de la société civile se mobilisent actuellement dans le but de faire pression sur les délégations gouvernementales officielles :

« Il y a deux ans, lors d’une précédente conférence à Bali, tous les gouvernements des Nations Unies se sont mis d’accord pour un calendrier qui garantirait une entente solide sur le climat avant la conférence de Copenhague. Le fait de ne pas atteindre cet objectif a des implications énormes, voire impensables. Tournez-vous vers le film de nos grands partenaires –L’Ère de la stupidité – si vous avez besoin de vous convaincre des raisons.

Lors de la rencontre – à laquelle les chefs des grands États devraient participer dans les trois derniers jours – les participants tenteront d’arriver à un accord extrêmement complexe sur la réduction des émissions de carbone, en fournissant du financement pour l’atténuation des impacts et l’adaptation, et appuyer le transfert de technologie du Nord au Sud.

Il s’agit d’une étape importante de l’histoire, une étape où la société civile doit s’exprimer d’une seule voix pour demander un accord juste, ambitieux et contraignant. Nous sommes prêts, mais nous devons faire savoir aux dirigeants que le monde, lui aussi est prêt. L’êtes-vous? (COP-15 Copenhagen Climate Conference TckTckTck)

Quelle position prennent les activistes de la société relativement au scandale des courriels sur les changements climatiques?

Ces organisations de la société civile, dont bon nombre d’entre elles sont financées par d’importantes fondations et des gouvernements, continuent-elles de cautionner sans réserves le consensus du réchauffement planétaire?

Le World Wildlife Fund (WWF) et Greenpeace font partie des diverses organisations civiles clés qui promeuvent le programme de Copenhague. Leur position demeure inchangée.

Les organisations environnementales demandent une réduction des émissions de CO2, non pas dans le but de s’attaquer à la pollution, mais comme instrument pour renverser le processus de réchauffement planétaire. Pour bon nombre de ces organisations, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est la « bible ». On ne peut la contester même si la base de données qui confirme le consensus du réchauffement planétaire s’avère discutable ou controversée.

Alors que les groupes de pression des ONG dominantes, dont Greenpeace et le WWF, continuent d’appuyer le consensus, il existe un petit mouvement grandissant qui conteste la légitimité du programme COP15 du sommet de Copenhague, tout en accusant le GIEC de manipuler les données. Cette manipulation sert également le système d’échange de droits d’émission de carbone, motivé par le profit.

Le Sommet Alternatif : le KlimaForum09

Les ONG se rencontreront lors d’un sommet parallèle, le KlimaForum09. Plus de 10 000 personnes par jour y sont attendues.

Les grandes ONG internationales et les groupes environnementaux y seront, incluant Les Ami(e)s de la Terre et Campaign against Climate Change, parmi d’autres.

Le Klimaforum09 servira à finaliser l’ébauche d’une déclaration qui « mettra en œuvre une vision d’une société mondiale plus juste, [tout en] mettant l’accent sur le besoin d’apporter des changements substantiels dans les structures économiques et sociales de la société afin de relever les défis du réchauffement climatique et de la souveraineté alimentaire ». (Voir Declaration · Klimaforum09)

Alors qu’il existe une opposition féroce au système d’échange de droits d’émission de carbone au sein de la communauté des ONG, le Sommet alternatif ne contestera pas le consensus du réchauffement planétaire et sa base de données sous-jacente. (All events·Klimaforum09).

Tandis que des voix critiques actives émergeront des diverses sessions du Forum alternatif, l’enveloppe organisationnelle du KlimaForum09 demeure conciliante avec le programme officiel. À plusieurs égards, la rhétorique des organisateurs danois du KlimaForum09 concorde avec celle du gouvernement hôte du sommet officiel, lequel finance aussi incidemment le sommet alternatif. (Political Platform · Klimaforum09"). Cela signifie que les frontières de la dissidence au sein du sommet alternatif ont été soigneusement définies.

Il ne peut y avoir de réel activisme à moins que les mensonges et les manipulations sous-jacentes aux activités du GIEC de l’ONU, dont la base de données et le système de plusieurs milliards de dollars d’échange de droits d’émission de carbone motivé par le profit soient révélés, débattus et compris. Article original en anglais « Global Warming: "Fixing the Climate Data around the Policy" », publié le 30 novembre 2009.
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur d'économie à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).
Mondialisation.ca, Le 7 decembre 2009 , par Michel Chossudovsky

Partager

lundi, décembre 07, 2009

La conscience piégée



Intelligence du présent et perspectives d'avenir sont étroitement liées. Or tout est fait pour que ces deux pôles de la conscience politique soient méthodiquement dissociés afin de ne permettre aucune perspective politique.Plus grave encore, celles et ceux qui ont/avaient la prétention d'ouvrir les consciences s'enferrent – pour différentes raisons (bêtise, opportunisme, arrivisme,...) – dans la logique mortifère du système en place.
LA « DICTATURE DEMOCRATIQUE »
Il faut reconnaître que le système marchand a réalisé un tour de force que peu de systèmes dans l'Histoire ont réussi à imposer : il se veut, se présente et s'impose comme le « top du top » en matière de fonctionnement démocratique. Cette fois–ci plus besoin de Dieu, César ou tribun,... le Peuple fait l'affaire... Il suffit de le manipuler – ce qui n'est pas nouveau – pour lui faire avaler la farce... et c'est en son nom, et avec son consentement – ce qui est nouveau - qu'on l'exploite et le pressure.
Tout critique est considéré, évidemment, comme un anti démocrate ... au même titre qu'autrefois il y avait des hérétiques. Ne pas se plier à la règle (pipée) du jeu est considéré comme un outrage à la « démocratie »... autrement dit, l'équivalent du « pêché » dans la religion.
Avec le Peuple, au 20e siècle, tout a été possible... du meilleur, comme les communes rurales en Espagne républicaine, au pire avec le National Socialisme.. Tous les totalitarismes se sont fondés sur le Peuple directement ou indirectement. Avec le peuple, on peut faire tout et n'importe quoi... Il suffit de savoir s'y prendre, de le conditionner, de le manipuler.
Les politiciens ont transformé le système politique en une vaste entreprise d'escroquerie idéologique, de décervelage de masse où la séduction côtoie la culpabilisation. Monopolisant le débat, la manière de poser les problèmes, ils dévient toute critique qui pourrait remettre en question les fondements du système qu'ils gèrent et dont ils profitent. Le moule de la pensée est fixé, immuable, la verrouillant par là même dans une problématique qui ne laisse aucun espace à l'esprit critique sinon dans la mesure où celui-ci peut-être intégré au discours dominant et lui servir de faire valoir.
Ainsi la pensée, habilement enveloppée, aseptisée, tourne sur elle-même. S'auto justifiant à partir de ce qui l'empêche d'exister de manière indépendante, elle ne peut être originale que dans le cadre qui lui est, de fait, imposé. Sortir de ce cadre c'est verser dans l'utopie raillée par les « bonnes consciences, autrement dit être être dénoncé comme irrationnel et anecdotique.
On veut absolument nous convaincre, une bonne fois pour toutes, que le système est indépassable. En dehors de lui, point de salut !
A entrer dans ce moule, ce corset qui nous est imposé, et que l'on s'impose à force de se convaincre que le discours dominant, de droite comme de gauche est « juste », « réaliste », « responsable », ... il ne peut y avoir que de la désespérance.
Tout ce qui vient d'être dit est d'une extrême gravité. Est-ce le signe indubitable d'une pensée anti démocratique ? Oui diront les « penseurs officiels ».

UN COMPLEXE MEDIATICO-POLITIQUE EFFICACE
Ce qui tenait place autrefois de hiérarchie religieuse, détenant le monopole de la pensée, a été remplacé aujourd'hui par un complexe où s'entremêlent ambitions politiques, intérêts personnels, affairisme politico-financier et affaires sordides. Un milieu où règne politiciens, « experts » à géométries variables, bouffons de cour et de salons, faiseurs d'opinions, écolos mondains, sportifs et autres parasites... Un milieu dans lequel les passerelles sont multiples entre tous ces profiteurs du système.
Tous ces individus qui se fréquentent et/ou se haïssent, s'invitent et/ou s'évitent, sont tous en fait liés par leurs intérêts de caste profitant du système.
Ce sont ces mêmes individus que l'on retrouve systématiquement sur les chaînes de radio, les plateaux de télévision, les éditoriaux des grands quotidiens et hebdomadaires... qui ont toujours quelque chose d'original à dire au « bon peuple », et expriment ce que celui-ci doit/devrait penser... « les Français pensent que... » (?). Ce sont toujours les mêmes journalistes qui interrogent les mêmes politiciens, ou leurs laquais, dont on sait qu'ils n'ont rien d'essentiel à dire, sinon à faire les mêmes « analyses » et à marmonner les mêmes promesses. Le débat politique n'est qu'un long monologue d'auto-justification soi, ou de dénonciation de l' « autre »,... qui ne laisse aucune place à une quelconque alternative, à un quelconque espoir. Même, celles et ceux – il y en a - qui y sont allés en toute bonne fois sont devenus les cautions « critiques » de cette machine à broyer l'intelligence et la volonté.
Bref, un milieu où règne la médiocrité dans tout ce qu'elle peut avoir de plus inessentiel et de plus snob.
Cette logique médiatico politique pénètre jusqu'à notre inconscient. Il n'est qu'à voir l'engouement démesuré pour les émissions – souvent débiles - où se donnent en spectacles, politiciens, acteurs, chanteurs, sportifs,..., l'engouement pour les « Mémoires » et autres « révélations » de personnalités qui n'ont rien à dire, les commentaires sur des articles traitant de sujets totalement inessentiels mais portés au pinacle par les médias – rencontres sportives, affaires privées de « stars » et autres « attrapes gogos » !
Quant à l'implantation locale, si chère à nos élus elle n'est qu'un aspect de la mystification politique... la généralisation de la pratique des « parachutages » est là pour lui donner tout son sens... sauf dans les petits villages où les intérêts politiciens sont inexistants au regard des impératifs de la quotidienneté.
Le soit disant « maillage démocratique » du pays n'est en fait qu'un quadrillage, une mise en coupe réglée de l'économique et du social par les féodalités financières et politiques.
Toutes les féodalités locales sont les vassales des grandes seigneuries des partis... en France, parisiennes.
C'est toujours au travers du prisme déformant des partis politiques officiels que sont évoqués les problèmes de notre société.

CHANGEMENT DE CHAMPS D'ACTION
A peu près toutes les organisationnels politiques ont peu à peu cédé aux sirènes du complexe médiatico politique, voyant en lui un instrument de promotion politique, abandonnant le terrain concret sur lequel se joue le changement social. Le marketing politique a peu à peu remplacé l'analyse et la critique,(sans parler de la praxis aujourd'hui inexistante), que l'on a cantonnées dans un discours bien calibré, quand on ne les a pas carrément totalement dénaturées, voire supprimées.
Il est aujourd'hui évident que ce champ est un véritable piège,...à fuir comme la peste. Il donne l'illusion de l'accessibilité à une audience générale alors qu'il n'est qu'un filtre rendant insipide tout ce qui le traverse.
La vraie vie est ailleurs, loin des paillettes et des discours convenus.
La vraie vie, elle est dans les structures que l'on se crée, que l'on organise collectivement pour contourner l'absurdité et la gabegie des circuits commerciaux, pour recréer du lien social, de la solidarité, de l'humanité... permettre aux structures locales d'exister... bref en démontrant concrètement qu'un autre mode de fonctionnement économique est possible et souhaitable.
Le complexe médiatico politique nous ignore,... peu importe. Il n'est que l'écume de la société. Il n'est que la dimension spectaculaire de la non vie, la version inversée de la réalité sociale. Rien ne peut se faire avec lui et il ne fera rien pour nous... il s'effondrera lamentablement quand la pratique sociale alternative offrira des perspectives d'avenir et constituera une véritable stratégie de changement.
Alors, et seulement alors, la conscience sociale évitera et/ou sortira du piège qui lui a été tendu.

Patrick MIGNARD / legrandsoir

Partager

La voix radicale


Extrême gauche. Le parti marxiste-léniniste Annahj Addimocrati s’apprête à rendre hommage aux martyrs qui ont marqué son histoire. Retour sur un courant politique qui a su faire entendre sa voix, malgré les intimidations des pouvoirs publics.
«Aujourd’hui, le Maroc est victime d’une crise politique très grave, parce que le peuple n’est pas représenté», déplore Abdellah El Harrif, secrétaire national d’Annahj Addimocrati (la Voie Démocratique). Avec tous les membres de son parti, cet ancien militant de l’organisation marxiste Ial Amam prépare activement «La journée des martyrs» qui aura lieu le 5 décembre prochain. «Nous avons beaucoup de mal à obtenir une salle afin de tenir ce meeting, les autorités nous mettent les bâtons dans les roues, se plaint El Harrif. Au pire des cas, la rencontre n’aura pas lieu dans une salle publique». Ce rendez-vous annuel aura pour thème central les martyrs d’Annahj et leur combat. Le cas de Abdelatif Zeroual sera tout particulièrement mis en avant. Ce dernier faisait partie des principaux dirigeants d’Ilal Amam. Arrêté et transféré à la prison de Derb Moulay Cherif en 1974, il a été torturé à mort. Jusqu’à présent, personne ne sait où se trouve son corps. Annahj compte une cinquantaine de sections éparpillées dans différentes villes du royaume. Mais «notre poids ne se mesure pas à notre nombre car nos militants sont très actifs», précise Mohamed Belatik, membre du secrétariat national du parti. Ce syndicaliste à la CDT (Confédération démocratique du travail) ajoute : «notre force, c’est que nos militants sont des hommes de terrain. Ils travaillent dans des organismes comme l’AMDH (Association marocaine des droits humains). Il y a beaucoup de fédérations que nous dirigeons». Ceci explique en partie que, lors des communales de 2009, Annahj avait fait entendre ses opinions politiques alors qu’il avait pourtant boycotté les élections.
Les islamistes et eux
A l’époque, ce parti de la gauche radicale s’était vu interdire l’accès à la télévision et aux médias officiels et avait distribué des tracts à tout va. «Cette année, nous avons fait une campagne plus active que les années précédentes. Nous avons appelé à des sit in qui se sont déroulés en même temps dans les différentes régions du pays», explique El Harrif. «Au début, les gens ne voulaient pas de tracts, ils pensaient que nous voulions les inciter à voter, mais lorsqu’on leur expliquait qu’on boycottait les élections, ils étaient très intéressés», poursuit celui qui est à la tête du parti depuis 2004 et en est à son deuxième mandat. Seuls les islamistes d’Al Adl Wal Ihssane (Justice et spiritualité) ont également boycotté les dernières élections. Mais ils n’ont entrepris aucune action pour faire entendre leur voix. «Nos idéaux sont radicalement opposés, mais Annahj a le mérite d’avoir maintenu ses idées, c’est pourquoi ils ont boycotté les élections», nous déclare Fathallah Arsalane, porte-parole d’Al Adl Wal Ihssane. Pour El Harrif, il n’y a pas suffisamment de forces capables de faire converger le champ politique vers un changement. «Al Adl Wal Ihssane a une idéologie bourgeoise qui n’est pas anti-capitaliste et où l’islam n’est qu’une couverture». Il pense donc qu’Al Adl Wal Ihssane ne représente pas les vrais intérêts des marginalisés. «C’est leur point de vue. Ils ne nous enlèveront pas que notre premier principe est l’équité», rétorque Arsalane. Pour résumer la situation, le militant Mohamed Belatik indique que les islamistes et les partis en général ne se soucient pas du problème de la lutte des classes qui est «le véritable enjeu de la démocratie, ce n’est pas eux la contradiction principale : au niveau politique, c’est le régime, au niveau économique, c’est le capitalisme.» A cause de leurs idées qui contrecarrent le régime, les membres d’Annahj sont de moins en moins tolérés. Plusieurs militants avaient été arrêtés puis relâchés, le 4 avril dernier lors d’un sit-in de protestation contre les grandes puissances capitalistes. Lors des élections, des membres du parti ont également été intimidés. «Nous ne sommes pas d’accord avec leur position aux élections. Le boycott n’est pas un choix politique envisageable dans la durée, c’est mauvais pour le pays», pense Sâadeddine El Othmani, président du Conseil national du PJD (Parti de la justice et du développement). Pour l’ancien secrétaire général, «un parti politique ne peut pas avoir une crédibilité en dehors des élections, même si elles sont biaisées.» Tout comme Al Adl Wal Ihssane, les doctrines du PJD et d’Annahj sont fondamentalement différentes. Toutefois, «la différence est un droit. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec eux», tempère El Othmani. Et pour cause, contrairement à des partis de l’Administration comme le PAM (Parti authenticité et modernité), Annahj n’a jamais eu pour but ultime d’éliminer les islamistes. Mais quels rapports entretient cette alliance marxiste-léniniste avec les principaux partis marocains ?
Divergences gauchistes
«Nous avons des rapports avec la gauche. Mais qu’est-ce que la gauche ?», se demande El Harrif, qui considère que «l’USFP (Union socialiste des forces populaires) et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) ne font plus partie de la gauche. Ils sont allés très loin dans le sens de devenir des partis liés à l’Administration comme le parti de l’Istiqlal.» Contacté par Le Journal Hebdomadaire, Ismaïl Alaoui, secrétaire général du PPS, assimile ces propos à des «insultes». Il réplique : «Ils ne font pas partie de la gauche, nous ne sommes la marionnette de personne, nous sommes un parti qui opère en toute objectivité et en toute indépendance. Leurs déclarations ne nous empêcheront pas de dormir». Ismaïl Alaoui rappelle qu’Annahj est un parti issu d’anciens du PPS qui avaient quitté le parti au moment de la grande crise du gauchisme au Maroc. «Il y a certainement eu un renouvellement de génération et ce sont des militants que je ne connais pas.» Et d’approfondir : «Ce sont des gauchistes déclarés, ils ont des attitudes extrémistes. Ils considèrent que le Maroc reste un pays de dictature et que tout ce qui se fait ne vaut pas la peine d’être fait. C’est un point de vue que nous respectons, mais auquel nous n’adhérons absolument pas.» L’ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement Youssoufi, ajoute tout de même qu’Annahj a sa place sur la scène politique car tous les partis ont droit à la parole. «Nous estimons que nous sommes des démocrates convaincus et nous essayons d’être des démocrates conséquents.» Hassan Tariq, membre du bureau politique de l’USFP, ne «peut pas imaginer une carte politique sans Annahj. Il existe une gauche de la gauche dans le monte entier, elle est très intéressante et aide à redéfinir la mouvance sociale démocrate», soutient, visiblement très convaincu, cet ancien secrétaire général de la Chabiba Ittihadia. Il affirme qu’en tant que socialiste et social démocrate «je n’ai définitivement pas de problème avec l’existence d’une gauche de la gauche aux discours de principes de valeurs humaines très importants.» De son côté, El Harrif estime qu’«il n’est pas exclu qu’il y ait des militants honnêtes au sein de l’USFP. Nous ne sommes pas sectaires dans la lutte. C’est le parti lui-même qui nous pose problème puisqu’il est très makhzénien.»Sans pour autant condamner Annahj, les principaux partis n’entretiennent aucune relation avec lui. Mais en quoi ses positions virulentes turlupinent-elles les grands partis ? En liberté depuis 1992 après avoir passé dix-sept ans derrière les barreaux, que pense El Harrif du système monarchique en place ? «Je me bats pour un régime démocratique. Je pense que le régime actuel n’est pas démocratique», se contente de répondre l’intéressé. Concernant l’épineuse question du Sahara, les positions d’Annahj n’ont pas bougé d’un iota : «La question du Sahara est importante. Mais elle détourne le peuple des vrais problèmes du Maroc, avance Mohamed Belatik, ce qui intéresse le peuple, c’est sa situation sociale, son pouvoir d’achat et l’Enseignement». Pour conclure, El Harrif préfère citer ses mentors : «Lénine disait que toutes les nations opprimées par l’empire tsariste avaient le droit à l’auto-dermination. C’est exactement notre position.»
Par : Hicham Bennani / Le Journal Hebdomadaire

Partager