mercredi, novembre 22, 2006

Chronologie des assassinats politiques au Liban

Voici une brève chronologie des principaux assassinats politiques commis au Liban depuis 1975 : 22 Novembre 2006 / http://www.lorientlejour.com/
• Février 1975 : Maarouf Saad, chef d’une organisation nassérienne à Saïda, est abattu lors d’une manifestation dans la ville. Son assassinat est l’un des détonateurs de la guerre civile qui éclate en avril.
• Mars 1977 : le leader druze Kamal Joumblatt est tué dans une embuscade dans son fief du Chouf, à Moukhtara.• Juin 1978 : Tony Frangié, fils de l’ancien président Sleimane Frangié, est assassiné dans un raid contre son domicile à Ehden.
• Septembre 1982 : le président élu Béchir Gemayel est tué avant même son investiture dans l’explosion d’une bombe posée par un prosyrien. Son frère Amine devient président.• Juin 1987 : le Premier ministre Rachid Karamé est tué par une bombe dissimulée dans un hélicoptère militaire qui survolait Halate. Karamé accomplissait son neuvième mandat à la tête du gouvernement en 37 ans de carrière publique.
• Mai 1989 : le mufti Hassan Khaled, chef spirituel de la communauté sunnite du Liban, périt dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth. L’explosion fait au total 22 morts et 80 blessés.• Novembre 1989 : le président René Moawad est tué dans une puissante explosion à Beyrouth. Chrétien maronite soutenu par la Syrie, il avait été élu quelques jours plus tôt à la présidence.
• Octobre 1990 : un commando abat Dany Chamoun, président du PNL, en son domicile à Baabda.• Janvier 2002 : meurtre d’Élie Hobeïka, ancien ministre et ancien responsable des FL.
• 14 février 2005 : l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri meurt dans un attentat à la voiture piégée visant son cortège à Beyrouth.
• 2 juin 2005 : le journaliste Samir Kassir, opposé à la tutelle syrienne, est tué à Beyrouth par l’explosion d’une bombe dans sa voiture.
• 21 juin 2005 : Georges Haoui, ancien chef du Parti communiste, également antisyrien, est tué par l’explosion d’une bombe dans sa voiture.
• 12 décembre 2005 : le député libanais Gebran Tuéni, directeur du journal an-Nahar, hostile à l’influence syrienne, trouve la mort dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth qui fait trois autres morts et une trentaine de blessés.
• 21 novembre 2006 : le ministre de l’Industrie, Pierre Gemayel, fils de l’ancien président Amine Gemayel, est tué dans une fusillade contre son convoi dans le quartier de Jdeidé.

Notes les plus récentes

La Syrie bombardée...médi...Le ministre de l’Industrie libanais Pierre Gemayel vient d’être assassiné hier au courant de la journée près de Beyrouth. La presse ... basta / 12:18
Liban: assassinat du mini...Le ministre antisyrien Pierre Gemayel, 34 ans, abattu à bout portant [Keystone]Le député et ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, ... basta / 23:05

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lundi, novembre 20, 2006

Jérusalem -est, symbole de l’impunité


J’ai décidé, en ces temps terribles, d’évoquer les questions de statut final à travers le prisme de Jérusalem afin que l’argument sécuritaire ne puisse plus servir de justification à la politique coloniale que met en oeuvre Israël et aux crimes commis, notamment à Gaza, contre notre peuple.
publié le dimanche 12 novembre 2006 / Hind Khoury / France-Palestine
Jérusalem est une de ces cinq questions clés que nous avons décidé de ne pas traiter lors de la conclusion des accords d’Oslo, les quatre autres étant les réfugiés, les frontières, les colonies et l’eau. Un regard rapide sur l’état actuel de ces cinq questions révèle à quel point le statut final est compromis : doublement du nombre de colonies en dix ans, annexion de la vallée du Jourdain (frontière orientale) représentant un tiers de la Cisjordanie, refus par Israël de reconnaître le droit au retour ou sa responsabilité dans l’exil des Palestiniens et leur Nakba (la catastrophe) en 1948, annexion de terres fertiles, de puits et de zones aquifères par le mur... Il est temps de traiter ces questions et de constater à la fois l’échec des négociations parcellaires et celui des solutions unilatérales ou militaires. Et si ce changement commençait à Jérusalem...
L’histoire de Jérusalem n’est pas seulement l’histoire d’une ville trois fois sainte, berceau des religions monothéistes, c’est avant tout l’histoire d’une cohabitation millénaire, de ce pluralisme tant de fois mis à mal, mais qui fait le caractère de cette ville. Israël a porté atteinte à ce pluralisme, notamment depuis l’annexion de la partie orientale de la ville en 1967, entérinée par la loi fondamentale du 30 juillet 1980 déclarant Jérusalem " capitale réunifiée et éternelle d’Israël ". Cette loi a été condamnée par la résolution 478 du 20 août 1980 du Conseil de sécurité, comme le rappelle l’avis de la CIJ sur le mur. Pourtant, Israël n’a cessé de multiplier les faits accomplis afin de rendre cette annexion irréversible. De nombreux médias utilisent le terme Jérusalem pour désigner Israël alors même que la quasi-totalité des Etats refuse de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, en l’absence d’une solution négociée avec les Palestiniens.
Des collectivités territoriales en Europe coopèrent avec la ville, reconnaissant de facto l’annexion de Jérusalem-Est, et entérinant les politiques discriminatoires conduites par la municipalité. Des entreprises, dont deux françaises, Alstom et Connex, construisent un tramway reliant deux colonies à Jérusalem-Ouest pérennisant leur existence. Ceux-là imaginent-ils qu’ils participent à la négation de notre existence au sein de cette ville ? Les Palestiniens ont vu leur capitale isolée, coupée de son environnement palestinien. Les villages avoisinants, qui avaient un lien existentiel avec la ville, son université, ses hôpitaux, ne peuvent plus y accéder. Le tissu socio-économique est rompu, le tissu national mis à mal.
Jérusalem concentre les différentes politiques de colonisation israéliennes. Les colons, qui sont au nombre de 200 000, sont désormais aussi nombreux que les Palestiniens au sein de la ville. Alors que ces derniers ne peuvent vivre et se développer que sur 9 % du territoire de la ville, les colons bénéficient de routes spécifiques, de terres expropriées et de tous les avantages facilitant leur extension. Le mur annexe ces colonies matérialisant l’encerclement et l’isolement de la ville. Les discriminations contre les habitants visant à leur faire quitter la ville se multiplient et concernent la fiscalité, les services rendus par la municipalité, le refus d’accorder des permis de construire et les démolitions croissantes des maisons...
Israël cherche à organiser l’absence palestinienne. Cette politique passe par l’élimination du partenaire palestinien tout en se plaignant de son absence. Elle a connu son paroxysme avec la fermeture de la Maison d’Orient qui était le coeur battant de la Palestine à Jérusalem. La " feuille de route " qui recommandait la réouverture des institutions palestiniennes à Jérusalem-Est est restée lettre morte.
Jérusalem est à ce titre le reflet de l’absence de perspectives politiques et humaines qui rendent d’autant plus pénible l’engagement insuffisant de la communauté internationale et l’absence de pression à l’encontre du gouvernement israélien. L’écart entre paroles et actes est vertigineux. Tout le monde reconnaît dans les mots que Jérusalem-Est doit être la capitale de l’Etat de Palestine, mais dans les actes, rien n’est fait pour empêcher la destruction de cet objectif, alors même qu’aucun règlement du conflit n’est envisageable sans Jérusalem ? La contrainte, les pressions, les sanctions sont extrêmement rares dans le langage et dans la pratique diplomatique concernant Israël.
Ainsi, les trois conditions imposées au gouvernement palestinien suite aux élections législatives de janvier 2006 (reconnaissance d’Israël alors même que celle-ci fut effectuée par l’OLP, cessation de la violence, reconnaissance des accords passés) n’ont pas d’équivalent côté israélien. Pourtant, la politique israélienne détruit la Palestine ; non pas par une phrase dans une charte mais par un ensemble de mesures sur le terrain. La cessation de la violence est un objectif commun mais il doit être réciproque et ne peut être durable sans processus politique viable.
La trêve décidée par les factions palestiniennes il y a deux ans a ainsi été minée par les assassinats extrajudiciaires et les incursions quotidiennes. Depuis juin, plus de 350 Palestiniens ont trouvé la mort, dont plus de 70 à Gaza au cours de la semaine dernière, et deux Israéliens. Les roquettes qui servent de prétextes à Israël pour justifier ces centaines de morts ont fait 5 morts en six ans. De qui doit-on exiger la cessation de la violence ?
Israël continue à violer les accords passés : construction de colonies, mesures changeant le statut de Jérusalem, refus de respecter le calendrier des retraits prévus par les accords, renégociation permanente des accords négociés...
L’occupation, qui est la cause du conflit, peut entre-temps se poursuivre. La création de faits irréversibles sur le terrain, au mépris non seulement des droits du peuple palestinien dans son ensemble, mais aussi des droits individuels les plus élémentaires, ne peut constituer une réponse à la violence dont elle est le terreau. Le chemin qui mène à la paix, et donc à la sécurité, passe par la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Cette vérité élémentaire nous aurait permis de sauver de nombreuses vies.
Depuis son arrivée au pouvoir, Mahmoud Abbas a tenté d’élaborer une stratégie claire de rassemblement des Palestiniens, fondée sur la nécessité d’un processus politique et des négociations pour obtenir la libération de la Palestine. Le refus israélien de dialoguer, les agressions israéliennes sur le terrain, le manque d’engagement international, ont porté tort à ce projet. Les crimes commis à Gaza surviennent au moment où la formation du gouvernement d’union nationale devait être annoncée. Coïncidence ?
L’absence de perspective politique ne peut que conduire à plus de violence. L’impunité israélienne annonce le chaos. La destruction méthodique de l’Etat palestinien à naître ne peut que compromettre toute issue au conflit. Jérusalem doit être une ville d’ouverture pas d’enfermement, une ville de pluralisme pas d’exclusivisme, une ville de paix, pas d’occupation. Le refus du dialogue, l’exigence de conditions préalables et l’unilatéralisme ont trop longtemps permis d’éluder les vraies questions. Le colonialisme et le mépris de la légalité internationale sont les véritables obstacles à la paix, ceux qu’il nous faut désigner, ceux qu’il nous faut combattre.

Hind Khoury est la Déléguée générale de Palestine en France et ex-ministre chargée des affaires de Jérusalem.
Analyse publiée dans Le Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-833123,0.html
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dimanche, novembre 19, 2006

« Un territoire dans un état de dépression collective »


Bande de Gaza . Pierre Micheletti, président de Médecins du monde qui a rendu public hier un rapport sur la situation sur place, dénonce la détérioration extrême des conditions de vie.
http://www.humanite.fr/ Entretien réalisé par Pierre Barbancey /18 novembre 2006

Votre association vient de publier un rapport intitulé « Bande de Gaza : impact de l’embargo international et des attaques de l’armée israélienne sur l’état de santé de la population ». Qu’est-ce qui a prévalu à une telle enquête ?
Pierre Micheletti. Les informations que nous diffusons dans l’enquête datent de quelques semaines mais il nous a paru important de les mettre en lumière aujourd’hui parce qu’on a le sentiment qu’à la fois les événements au Liban et la reprise de façon discontinue des actions violentes occultent le problème de fond : depuis le début de l’année 2006, inexorablement, l’embargo fait son chemin. Celui-ci a une double conséquence : il contribue à fragiliser la santé de la population de la bande de Gaza et à détériorer le système de santé. Donc, ce rapport veut mettre en exergue ce problème qui demeure.
Quelles conclusions tirez-vous de ce travail mené par vos équipes sur le terrain ?
Pierre Micheletti. En dehors des considérations strictement chiffrées qui ont quand même le mérite de fournir des informations objectives (lire ci-contre), d’un point de vue plus global, notre sentiment est que la bande de Gaza est une zone volontairement maintenue sous respiration artificielle, dans un dosage subtil d’ouverture des frontières qui maintient la tête des populations hors de l’eau, mais au minimum du minimum, que, au fil des mois, l’embargo crée un déséquilibre qui se creuse entre l’état de santé de la population et la dégradation du système de santé. Aujourd’hui, la bande de Gaza est dans un état de dépression collective. Si rien n’est fait, si on ne restaure pas un peu d’espoir, s’il n’y a pas réouverture des frontières, toutes les conditions sont réunies pour que la population de Gaza n’ait d’autre alternative que la violence.
Qu’est-ce qu’une organisation comme Médecins du monde peut faire ?
Pierre Micheletti. Déjà, on peut se servir des informations spécifiques qui sont les nôtres : les effets sur la santé du manque d’eau, de la dégradation des approvisionnements alimentaires, le mauvais état de la santé psychologique de la population de Gaza. Cette proximité de soignants, d’ONG médicale, nous confère quand même de l’information objective qui nous permet d’attirer l’attention de la communauté internationale sur ce conflit et sur la situation de cette population qui est dans une véritable prison à ciel ouvert. Par ailleurs, nous essayons de maintenir nos activités, en particulier un programme de formation des ambulanciers qui reste pertinent et d’actualité dans ce contexte de violence régulière.
Est-ce que ce n’est pas un énième rapport qui risque de rester lettre morte ?
Pierre Micheletti. On ne maîtrise pas les effets qu’aura ce rapport. Mais nous considérons qu’il est de notre responsabilité aujourd’hui, compte tenu de la situation d’observateurs privilégiés de nos équipes, de faire des piqûres de rappel à la communauté internationale. Parce que, encore une fois, on ne parle de cette région et de la situation des territoires palestiniens qu’au détour des événements violents comme ceux qui se sont produits à Beit Hanoun récemment. Mais notre situation d’observateurs privilégiés nous donne le sentiment que nous devons continuer à communiquer sur le problème de fond qui est l’embargo économique et ses conséquences globales sur la totalité des 1,4 million d’habitants qui vivent dans la bande de Gaza.
En conclusion de votre rapport, vous lancez un certain nombre d’appels, vous vous adressez directement aux autorités israéliennes, palestiniennes et au « quartet » composé des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de l’ONU ?
Pierre Micheletti. Dans une situation aussi complexe , la solution n’appartient pas qu’à un des protagonistes. Sans prendre parti, en ayant pour seule préoccupation l’état de santé, en particulier mental, de la population de
la bande de Gaza, il nous semble que les différents
protagonistes ont leur part de responsabilité. Nous demandons aux autorités israéliennes de cesser leurs attaques indiscriminées contre les infrastructures et contre la population civile, de cesser les incursions, de garantir la protection des personnels de santé et de garantir lès des blessés aux structures de santé. Nous leur demandons aussi de restituer à l’Autorité palestinienne les versements financiers issus des droits de TVA et des droits de douane, parce que la suppression de ces recettes maintient l’asphyxie de
la bande de Gaza. Nous demandons aux autorités palestiniennes de mettre fin aux actions violentes contre les populations civiles du nord d’Israël et de faire en sorte que les militants armés ne puissent pas rentrer dans les structures de soins pour ne pas brouiller la situation, ainsi que de garantir la sécurité de nos équipes. Nous demandons au « quartet » de restaurer les flux économiques pour sortir la population de cette situation intenable.
19.11.06 22:15

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