samedi, juin 10, 2006

Oublié, l'est est en proie à une crise pire que le Darfour

Les hélicoptères de combat tournoient dans le ciel de Kassala, dans l'est du Soudan, où une rébellion et une crise alimentaire acculent la population à une situation aussi dramatique qu'au Darfour, dans l'Ouest.

Alors que les médias et les organisations humanitaires se focalisent sur la crise du Darfour, rares sont les Occidentaux, et les journalistes qui peuvent se rendre dans cette région désertique, où la chaleur est extrême.
"Personne ne prête attention aux besoins humanitaires (dans l'Est), et donc la situation est déplorable", souligne Suliman Baldo, directeur Afrique de l'organisation International Crisis Group (ICG). "L'Est est l'une des régions les plus mal desservies" du Soudan, ajoute-t-il. "De nombreuses restrictions y sont imposées aux organisations non gouvernementales, pas comme au Darfour".
Une étude en 2005 a démontré que le taux de malnutrition aiguë dans l'Est atteignait 19 %, un chiffre largement supérieur au seuil d'urgence de 15 %. Le taux de mortalité y est deux fois supérieur à celui du Darfour.
Comme les rebelles du Darfour, les rebelles regroupés dans le Front de l'Est accusent Khartoum de marginaliser leur région. Les deux Etats du Kassala et de la Mer Rouge accueillent déjà 160.000 personnes déplacées, ainsi que 170.000 réfugiés d'Erythrée.
Dans le camp de réfugiés de Toglay, à la périphérie de Kassala, un convoi humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) est accueilli par des hommes brandissant des épées en signe de bienvenue.
Le PAM a récemment repris ses livraisons d'aide alimentaire dans la région, suspendues depuis deux mois à cause des restrictions gouvernementales, mais la population manque toujours d'une aide humanitaire de base.
Le manque d'intérêt des autorités et la pauvreté chronique ont poussé des mouvements rebelles tels le Congrès Beja, issu de l'éthnie majoritaire du même nom, à prendre les armes en 1996 contre Khartoum.
Un jeu d'alliances complexes dans ce pays multiethnique, le plus vaste d'Afrique, s'en est suivi.
Une alliance avait d'abord été contractée avec les rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), qui ont finalement conclu en 2005 une paix historique avec le régime du président Omar al-Béchir.
En 2004, après avoir reçu un appui des rebelles du Darfour pour créer le Front de l'Est, le Congrès Beja a intensifié ses attaques contre les forces gouvernementales à partir du nord de l'Etat de Kassala.
Avec la démobilisation attendue pour la fin juin des forces du SPLM, sur lesquelles s'appuyait le Front de l'Est, certains craignent que les forces gouvernementales n'intensifient leurs actions contre cette rébellion.
Si tel était le cas, ajoutent les travailleurs humanitaires, c'est encore la population qui essuiera le plus fort des affrontements et la situation se détériorera davantage.
"Augmenter l'instabilité dans la région aura un impact sur sa situation humanitaire déjà délicate", déclare Barbara Manzi, du bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
Une recrudescence de la violence dans cette région aurait toutefois aussi un effet négatif pour Khartoum. L'est du Soudan est le passage incontournable du commerce international car Kassala se trouve sur l'axe entre Khartoum et le grand port soudanais, Port Soudan.

SOUDAN - 8 juin 2006
Jeuneafrique

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Soudan. La situation au Darfour

Des villages ont été réduits en cendres. Des femmes ont été violées et des hommes et des enfants torturés et tués. Deux millions de personnes ont été déplacées de force et parmi elles, plus de 200 000 vivent actuellement dans des camps de réfugiés au Tchad, de l’autre côté de la frontière. Trois ans après le début du conflit, des civils continuent d’être pris pour cible et les tueries s’étendent au Tchad.

Le 5 mai 2006, un accord de paix a été signé entre le gouvernement soudanais et un des groupes politiques armés du Darfour. Le 16 mai 2006, le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU) a décidé de déployer au Darfour une force de maintien de la paix de l’ONU pour aider les troupes de l’Union africaine (UA) à faire appliquer l’accord de paix.
L’UA n’a jusqu’à présent pas réussi à protéger efficacement les civils contre les attaques de groupes armés (en particulier celles menées par les Janjawid, milices soutenues par le gouvernement), qui se poursuivent en toute impunité.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit déployer d’urgence une mission de l’ONU forte, autorisée à utiliser la force pour protéger les civils au Darfour.

Amnesty International demande instamment :
QUE LES CIVILS SOIENT PROTÉGÉS

-Il faut que soit déployée le plus vite possible une force de maintien de la paix de l’ONU chargée de protéger les civils, de faire appliquer l’embargo sur les armes et de surveiller sa mise en œuvre, et d’intervenir en recourant à la force de façon appropriée pour mettre fin aux atteintes aux droits humains.
-Les forces de l’UA doivent recevoir un soutien continu pour protéger les civils et faire appliquer les dispositions de l’accord de paix relatives aux droits humains.
-La sécurité des personnes déplacées doit être garantie au Darfour et au Tchad. Toutes les parties doivent adopter des mesures pour mieux protéger les civils, pour garantir l’accès à l’aide humanitaire et pour apporter une assistance aux civils qui veulent retourner chez eux et retrouver leurs villages.

QUE SOIT APPLIQUÉ UN PROGRAMME RELATIF AUX DROITS HUMAINS POUR L’INSTAURATION DE LA PAIX

-Les auteurs d’atteintes aux droits humains doivent être désarmés. Les deux parties doivent présenter des plans et entreprendre la mise en œuvre du désarmement, sous la surveillance des forces de maintien de la paix de l’UA et de l’ONU.
-Les commissions du cessez-le-feu, de la terre et de la reconstruction et du développement, décrites de façon précise dans l’accord de paix, doivent être créées et rendues opérantes.
-Des procédures équitables et transparentes doivent être mises en place pour que les personnes déplacées soient indemnisées et pour que leurs terres leur soient rendues.

QUE LA JUSTICE SOIT APPLIQUÉE

-Les autorités soudanaises doivent pleinement soutenir le travail de la Cour pénale internationale pour que les auteurs d’atteintes aux droits humains soient traduits en justice.
-Les tribunaux d’exception du Darfour – institués par le gouvernement soudanais, mais qui ne sont manifestement pas efficaces – doivent être réformés ou supprimés.

Passez à l’action : défendez la cause des femmes du Darfour
/ Amnesty /

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vendredi, juin 09, 2006

Rafiah : 30.000 personnes assistent à l'enterrement de Samhadana

Environ 30.000 Palestiniens se sont rendus dans la ville de Rafiah, dans la bande de Gaza, vendredi après-midi, pour assister aux funérailles du leader des Comités de Résistance Populaire palestiniens, Djamel Abou Samhadana, éliminé par Tsahal dans la nuit de jeudi.
À la fin de l'enterrement, une prière spéciale sera tenue dans un terrain de football de la région. Des dizaines de terroristes se sont déployés à travers la ville, quelques temps avant de la cérémonie.

Djamel Abou Samhadana, un des terroristes les plus recherchés par les forces de sécurité israéliennes, a été abattu par Tsahal au sud de la bande de Gaza, peu avant minuit dans la nuit de jeudi à vendredi (9 juin 2006). Samhadana, qui avait appartenu à la branche armée du Hamas, les brigades Azzedine Al-Kassam, avait pris la tête d’une nouvelle organisation terroriste, les Comités de Résistance Populaire.
C’est dans un des camps d’entraînement de l’organisation, près de Rafiah, qu’il a été atteint par un des quatre missiles tirés par un avion de chasse de l’armée de l’air israélienne. Il avait échappé à au moins quatre tentatives d'assassinat et était recherché depuis la premier Intifada. Une source des brigades d'Al-Quds, l'aile militaire du Djihad islamique, a confirmé vendredi à Ynet, le site Internet du quotidien israélien Yédihoth Aharonoth, qu'Abou Samhadana s’était rendu au camp d’entraînement de son organisation, où il a été tué, afin de superviser les préparations pour un attentat, commandité en commun par plusieurs mouvements terroristes palestiniens.

La source a indiqué qu'Abou Samhadana s’y était également rendu afin de rencontrer trois terroristes palestiniens censés perpétrer un attentat contre une cible israélienne.
Selon cette même personne, il s’agissait de membres des brigades d'Al-Quds, des brigades de Salah al-Din, des Comités populaires de résistance et des brigades de Moujahidin, un sous-groupe des brigades des martyrs d'Al-Aqsa, l'aile militaire du Fatah.
La source a ajouté qu'avant chaque opération, dans laquelle son organisation était impliquée, Abou Samhadana avait l’habitude de rencontrer les terroristes qui devaient effectuer l'attaque. Le Djihad islamique a averti qu'il riposterait à ‘‘l'assassinat’’ d'Abou Samhadana. L’attaque de Tsahal a également provoqué une pléthore de réactions négatives de la part des hauts responsables de l’Autorité palestinienne.
Après le bombardement, le responsable du bureau palestinien de l'Information, Youssef Al-Rizka, a indiqué à la chaîne d’information arabe Al-Jazeera qu’«Amir Peretz montrait qu'il n’était pas moins un criminel que Shaul Mofaz.»
«Ce crime israélien est le résultat du silence et de l'approbation européenne et américaine à l’égard de l'ennemi, qui continue ses agressions contre les Palestiniens.
Tout cela, en plus du siège dans lequel ils tiennent les palestiniens,» a affirmé Al-Rizka. Le négociateur en chef de l'OLP, Saeb Erekat, a, quant à lui, déclaré que «ce crime ne profitait nullement aux efforts employés à atteindre la sécurité, la paix et la stabilité à la région.»

Il a continué en affirmant que «c'était encore un crime supplémentaire qui s’ajoutait à la série de crimes récemment effectués par Tsahal, dont le dernier était le massacre de trois employés palestiniens des forces de sécurité du nord de la bande de Gaza. Nous condamnons ce meurtre et invitons tous les groupes palestiniens à s’unir autour du document des prisonniers, qui peut représenter une bonne base à l'unité palestinienne. »
Un porte-parole des Comités de Résistance Populaire palestiniens a affirmé, au cours de l'enterrement du leader de l’organisation terroriste, Djamel Abou Samhadana, que son mouvement avait élu un nouveau secrétaire général.
Il a ajouté que l'organisation ne publierait pas le nom du remplacement pour des raisons de sécurité, étant donné que Tsahal avait ‘‘assassiné’’ Abou Samhadana dans la nuit de jeudi.

Yael Ancri
vendredi 9 juin 2006
a7fr.com

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mercredi, juin 07, 2006

"Mogadiscio n'est pas Kaboul"

Les tribunaux islamiques qui viennent de prendre la capitale de la Somalie, Mogadiscio, sont-ils pilotés par Al-Qaeda?

- Pas du tout. Les tribunaux islamiques sont nés en réaction aux problèmes de sécurité qu'a connu Mogadiscio où une véritable industrie du kidnapping s'était développée. A la création du gouvernement de transition en 2004, les dirigeants ont voulu abandonner la capitale aux fractions armées qui y régnaient. Les tribunaux ont refusé de délocaliser la capitale somalienne et ont donc décidé de rétablir un semblant d'ordre et de justice dans les rues de Mogadiscio. Des clans se sont ainsi formés, par lieu, par sensibilité religieuse aussi, pour tenter de régler ces problèmes de sécurité. Les tribunaux ne sont pas les djihadistes que l'on décrit. Si cette union s'est effectivement formée sur une base islamique, on ne peut absolument pas la réduire à une mouvance pilotée par Al-Qaeda. Les Somalis sont trop fiers pour se faire contrôler par des

arabes.Quelle a été l'implication des Etats-Unis en Somalie?

- Les Etats-Unis ont favorisé, à l'image du plan Phœnix pendant la guerre du Viêt-Nam, une campagne d'assassinats ciblés entre 2001 et 2005 qui a frappé des proches du mouvement djihadiste. Puis avec l'avènement des tribunaux islamiques, les Américains ont opté pour la "technique afghane": financer les seigneurs de guerre pour que ces derniers luttent contre les tribunaux, dans le cadre d'une alliance anti-terroriste chapeautée par l'Ethiopie. Mais Mogadiscio n'est pas Kaboul, et si les talibans n'étaient guère appréciés des Afghans, les Somalis n'ont rien contre les tribunaux islamiques qui n'ont aucune fonction gouvernementale. Les dernières déclarations du président américain sont ainsi très inquiétantes. Les Etats-Unis risquent de réarmer les Ethiopiens, les fractions armées, et revenir au modèle des années 2001-2005.

La victoire des tribunaux islamiques risque-t-elle d'emporter le fragile gouvernement fédéral de transition créé en 2004?

- Le gouvernement de transition est quoi qu'il en soit hors-jeu.Considéré par les tribunaux comme l'instrument des Ethiopiens qui en ont organisé la constitution, ces derniers n'accepteront jamais d'obéir aux ordres d'un gouvernement qui n'a pour eux aucune légitimité. Ceci étant dit, personne ne sait aujourd'hui ce qui va se passer à Mogadiscio, et les tribunaux eux-mêmes n'ont pas encore décidé de la suite des évènements. Il est tout à fait possible de voir une rébellion éclater si ces derniers décidaient de prendre le pouvoir. Les tribunaux se sont unifiées en réaction aux violences de la capitale somalienne, mais la structure de cette organisation reste clanique et territoriale. Des divergences éclatent déjà au premier jour de la prise de Mogadiscio pour savoir qui va récupérer l'armement des factions en déroute. La situation est fluide pour l'instant, de nouveaux rapports de force sont en train de se déterminer, tout est encore possible.

par Roland Marchal,chargé de recherche au CNRS, spécialiste de la Corne africaine .

Propos recueillis par Raphaël Legendre
(Le mercredi 7 juin 2006)
Nouvel Observateur
Entretien (basta)

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mardi, juin 06, 2006

Nucléaire

Washington pourrait coopérer avec l'Iran en échange d'un arrêt de l'enrichissement

VIENNE (AP) -- Les Etats-Unis, partisans il y a encore quelques semaines de sanctions contre l'Iran, seraient désormais prêts à lui fournir des éléments de technologie nucléaire, à condition toutefois que le régime de Téhéran renonce à ses opérations d'enrichissement de l'uranium.

Cette concession de taille, révélée mardi par des diplomates en poste à Vienne sous couvert de l'anonymat, fait partie du plan présenté le même jour à Téhéran par le chef de la diplomatie de l'Union européenne Javier Solana. M. Solana, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), s'est entretenu à huis clos avec le principal négociateur nucléaire iranien, Ali Larijani, pour lui exposer le plan des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne.
S'exprimant à la télévision iranienne après avoir pris connaissance de cet ensemble de mesures, M. Larijani a qualifié son entretien avec Javier Solana de "constructif". Il a ajouté que Téhéran réagirait après avoir étudié ces mesures incitatives.
"Ces propositions contiennent des mesures positives mais aussi quelques ambiguïtés", a-t-il résumé sans autres précisions. "Nous espérons que des négociations et des délibérations se poursuivrons quand nous aurons attentivement examiné les propositions afin de parvenir à un résultat équilibré et logique", a-t-il ajouté dans un langage très diplomatique. Le plan des Six (Etats-Unis, Russie, Chine France, Grande-Bretagne, Allemagne) comporte des mesures incitatives, comme cette offre européenne de réacteurs à eau légère dans le cadre d'un programme civil, mais aussi une menace implicite de sanctions si Téhéran continue à défier la communauté internationale. La proposition européenne avait été révélée dès le mois dernier. Rien ne permettait toutefois de présager que les Etats-Unis iraient jusqu'à suggérer une coopération avec l'Iran, même s'ils s'étaient récemment déclarés prêts à lui fournir des pièces de Boeing pour rénover sa flotte et, fait exceptionnel, à participer à des discussions directes sur la question de son programme nucléaire.
"La volonté des Etats-Unis de participer à ce processus si l'Iran suspend l'enrichissement d'uranium est un élément déterminant", s'est félicitée la chancelière allemande Angela Merkel, qui recevait mardi le président français Jacques Chirac.
"On peut dire que nous avons tout fait pour manifester une nouvelle fois notre volonté de négociation avec l'Iran", a-t-elle ajouté, exprimant l'espoir que Téhéran réagisse "positivement" à ce plan. "Nous souhaitons vraiment qu'avec le débat qui vient de s'ouvrir (...) on puisse arriver à un accord qui soit respectueux des exigences de l'AIEA", l'Agence internationale de l'énergie atomique, a approuvé le président français. A son arrivée lundi soir à Téhéran, M. Solana avait expliqué qu'avec ce plan, l'UE3 (France, Grande-Bretagne, Allemagne) entendait commencer avec l'Iran "une nouvelle relation sur la base du respect et de la confiance mutuels". AP

Nouvel Observateur

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La misère

Ta robe de crasse
Leur colle à la peau
Quoiqu'ils fassent
Salis à nouveau
Misère tropicale
Misère hivernale
Amante vénale
Tu es la fleur du mal
Misère d'hier
Sera misère demain
Quand tu les étreints
Leur route un désert
Tu t'offres à tout venant
Comme une fille de rien
Deviennent mendiants
Ils tendent les mains
Misère cruelle
Tu étends tes ailes
Sur toute la terre
Leur vie un enfer
Misère volage
T'éparpilles au vent
Sur ton passage
Des enfants innocents
Sous leurs oripeaux
Rongés de vermine
Qu'il fasse froid ou chaud
Ils courbent l'échine
Misère d'injustice
Tu te fais complice
Des hommes trop nantis
A leur misère. Nourris
Misère. Demain
Si tous les humains...
Rêve Improbable
Les hommes sont misèrables
Ariel BOUCHER
Chants de révolte et d'espoir

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Les combattants islamistes ont conquis Mogadiscio en quatre mois

Un drapeau blanc, hissé en cours de matinée dans la capitale somalienne, a donné le signal de la fin de quatre mois de combats qui ont fait environ 400 morts et 2 000 blessés, et celle du règne des "seigneurs de la guerre" à Mogadiscio. La reddition, lundi 5 juin, de Musa Sudi Yalahow et de Bashir Raghe, Shiral, deux membres de premier plan de l'Alliance des chefs de guerre appuyés financièrement par les Etats-Unis, a également marqué le début d'une nouvelle ère incertaine, celle de la coalition réunie sous la bannière de l'islam rassemblant combattants de l'Union des tribunaux islamiques, opportunistes de tous bords et fondamentalistes.

La veille, les miliciens des tribunaux islamiques avaient mis en déroute Mohammed Qanyare Afrah, l'un des piliers de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), constituée en février. Qanyare avait du se réfugier à Johwar, 100 kilomètres plus au nord, précédant de peu l'adieu aux armes des derniers chefs de l'ARPCT.
L'Alliance soutenue par Washington a donc perdu la bataille de Mogadiscio, malgré les millions de dollars versés par les services secrets américains aux chefs de guerre. Le calcul qui consistait, pour les Etats-Unis, à "nettoyer Mogadiscio des islamistes pour quelques millions de dollars", selon un spécialiste de la région, s'est révélé un échec, sans doute inscrit dans ses divisions initiales. "Jamais un groupe de l'Alliance n'est intervenu pour en défendre un autre", note la même source.
En face, les miliciens des tribunaux islamiques ont bénéficié de fonds importants versés par des hommes d'affaires somaliens et par des organisations originaires de pays arabes, ainsi que de livraisons d'armes. Ils ont également tiré parti de l'expérience militaire de djihadistes étrangers et d'anciens officiers supérieurs de l'armée de Syad Barre, le président chassé du pouvoir en 1991. Au noyau initial de 3 000 miliciens des tribunaux islamiques, se sont joints de nombreuses recrues. Le groupe a été capable, selon les calculs des experts de l'ONU, d'enrôler plus de 11 000 hommes pour mener, comme l'a déclaré le président de l'Union des tribunaux islamiques, Sheikh Sharif Sheikh Ahmad, la "guerre sainte" à l'ARPCT.
Dans la galaxie des mouvements réunis sous la bannière des tribunaux islamiques, les tendances ne devraient pas tarder à apparaître. Les plus durs se trouvent dans les centres d'entraînement, à l'ouest du pays. Alors que certains combattants sont allés s'entraîner en Afghanistan ou en Irak, d'autres Somaliens reçoivent des formations sur leur propre sol, notamment dans la région frontalière avec le Kenya, sous le commandement de Hassan Al-Turki, un vétéran des groupes armés islamistes somaliens qui est également l'un des dirigeants de la coalition qui vient de prendre Mogadiscio.
"CE N'EST QU'UNE ÉTAPE"
L'Union des tribunaux islamiques va-t-elle se contenter de la capitale ou s'aventurer à prendre d'autres villes de Somalie ? Selon un spécialiste de la Somalie, l'expansion est inscrite dans le projet des têtes pensantes qui se dissimulent derrière les tribunaux islamiques. Il avertit : "La Somalie n'est qu'une étape. Ceux qui ont pris le pouvoir à Mogadiscio ont un projet beaucoup plus large. La prochaine étape visée, d'ici un ou deux ans, est le Yémen, puis l'Arabie saoudite."
Dans l'immédiat, la tourmente de la victoire des tribunaux islamiques et de leurs alliés risque-t-elle d'emporter le fragile gouvernement fédéral de transition créé en 2004 à Nairobi, au Kenya, après deux ans de négociations, et dont une partie des membres se trouve à Baidoa, à 250 kilomètres de Mogadiscio ? Une source gouvernementale affirme redouter la "tentation", parmi les plus durs des nouveaux maîtres de la capitale, de continuer les combats en direction de Johwar, dernier bastion de l'Alliance, dont le chef, Mohammed Dheere, s'est réfugié en Ethiopie en espérant y recevoir un soutien d'Addis Abeba en armes et argent.
Car un affrontement régional se joue en effet dans les combats en Somalie. L'Ethiopie et l'Erythrée, qui mènent depuis la fin de leurs propres affrontements en 2000 une guerre froide sans répit, soutiennent chacune un camp. L'Ethiopie a livré des armes aux chefs de guerre qu'elle soutient en Somalie, et l'Erythrée aux islamistes.


Jean-Philippe Rémy
Article paru dans l'édition du 07.06.06
© Le Monde.fr
INQUIETUDE A WASHINGTON
nul

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dimanche, juin 04, 2006

Europol dessine la carte des mafias en Europe

L'agence européenne de police a dressé la liste des groupes criminels en Europe. Albanaise, russophones, belgo-néerlandaises ou africaines, ces mafias sont actives dans la drogue, la traite humaine et la contrefaçon.

  • Les ministres de l'Intérieur ont reçu vendredi un rapport d'Europol évaluant la menace des mafias sur le territoire de l'Union européenne, plaque tournante et destination de tous les trafics, de drogue en particulier mais aussi d'êtres humains. Le degré d'organisation et la puissance financière de ces groupes plaident pour une centralisation des actions au sein d'Europol mais les différents Etats entendent laisser, pour l'instant, la maîtrise à leurs propres polices.
    L'agence européenne de police distingue quatre groupes:
    La mafia albanaise. Ses membres, originaires d'Albanie et de Turquie, sont actifs dans le sud-est du continent, via la route des Balkans. Trafic d'êtres humains, prostitution et filière d'immigration clandestine n'ont pas de secret pour eux. Ils se sont spécialisés dans l'héroïne.
    Les mafias de l'Est. Implantées dans les pays baltes, ces mafias sont les reines de la contrefaçon et de la fraude, notamment à la TVA ou à la carte bancaire. Avec elles, la route de la Soie est plus souvent parcourue de chargement de pièces automobiles ou d'euros contrefaits que de thé ou d'épices.
    Les groupes belgo-néerlandais. Les laboratoires clandestins de Belgique et des Pays-Bas font de l'Europe le premier producteur mondial de drogues de synthèse. Ces criminels entretiennent la route latino-américaine par laquelle ils font entrer la cocaïne mais aussi des prostituées. Ils sont passés experts dans le blanchiment de l'argent.
    Les groupes africains. Originaires du Maroc ou du Nigeria notamment, ces groupes sont présents essentiellement dans la péninsule ibérique, en France et en Belgique. Outre les trafics de cannabis et de cocaïne, ils alimentent l'Europe en immigrés clandestins.
    La mafia italienne active dans la police et le monde politique a été retirée du rapport à la demande de Rome.
    Voir le rapport en anglais en cliquant ici

Mis à jour le 04 juin 2006

© 2000-2006 TF1.

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Une enquête blanchit l'armée US en Irak

Capture d'écran de la vidéo (DR)
Washington assure que ses soldats, accusés d'avoir abattu des civils irakiens, ont "respecté les règlements".

A près le massacre de Haditha, où des Marines sont accusés d'avoir délibérement tué 15 civils irakiens en novembre dernier, les forces américaines en Irak sont de nouveau mises en cause dans la mort de civils, qui auraient été exécutés le 15 mars dernier à Ishaqi, à 80km au nord de Bagdad. Toutefois, une enquête militaire américaine "approfondie" n'a fait apparaître aucune faute, selon un porte-parole de l'armée, qui précisait vendredi 2 juin que les soldats concernés ont été innocentés. "On dirait que le meurtre de civils irakiens devient un phénomène quotidien", s'est cependant insurgé plus tôt le président de l'Association irakienne des droits de l'homme, Muayed al-Anbaki après la diffusion par la télévision irakienne d'une vidéo de civils, adultes et enfants, tués lors d'un raid américain à Ishaqi.
Victimes exécutées
L'état-major américain avait déclaré en mars dernier avoir procédé à un raid contre une habitation d'Ishaqi, affirmant qu'un militant d'Al-Qaïda s'y dissimulait, et avait fait état d'un bilan de quatre morts. Mais une vidéo filmée alors par un cameraman d'AP Television montrait les corps de cinq enfants et de deux adultes, enveloppés dans des couvertures.
Un des enfants portait une blessure provoquée par une balle. Les habitants d'Ishaqi ont pour leur part fait état de 11 morts, et accusé les forces américaines d'avoir exécuté les victimes avant de raser l'habitation. Un homme, non identifié, explique à la caméra que les enfants ont été regroupés dans une pièce. "Après les avoir menottés, ils les ont abattus. Plus tard, ils ont frappé la maison avec leurs avions. Ils voulaient cacher les preuves. Même un enfant de six mois a été tué. Même les vaches ont été tuées aussi", a-t-il affirmé.
"Conformément aux règles"
L'armée américaine avait alors annoncé l'ouverture d'une enquête, qui ne fait apparaître aucune faute ou manquement, selon deux responsables du Pentagone à Washington qui ont requis l'anonymat. Conclusions confirmées vendredi par le porte-parole William Caldwell de l'armée américaine, qui s'appuient sur "une enquête approfondie".
L'enquête "a révélé que le commandant de la force de terrain, en capturant et en tuant des terroristes, a opéré conformément aux règles de conflit gouvernant nos forces de combat en Irak", a déclaré le Général de division Caldwell. Les soldats américains concernés, selon les conclusions de l'enquête, ont suivi les procédures appropriées et aucun soldat ne s'est rendu coupable d'actes susceptibles d'entraîner des procédures disciplinaires. La Division d'enquêtes criminelles de l'Armée, après avoir examiné ces conclusions, n'a pas jugé bon de mener des investigations supplémentaires, a ajouté le Général Caldwell.
"Un crime horrible"
Jeudi, le gouvernement irakien avait annoncé mener sa propre enquête sur la tuerie d'Haditha, dénonçant un "crime horrible". Les autorités américaines procèdent également à des investigations sur cette affaire qui fait scandale aux Etats-Unis et dans le monde. Le commandant en chef de la coalition dirigée par les Américains en Irak, le général Peter Chiarelli, a ordonné à ses commandants sur le terrain d'organiser des formations sur la conduite à tenir dans cette guerre et les valeurs à y respecter. Ces formations devront avoir lieu dans les unités d'ici un mois. "Nous savons que 99,9% de nos forces se conduisent de manière exemplaire", a déclaré vendredi le ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld."Nous savons aussi que lors de conflits, des choses qui ne devraient arriver arrivent malgré tout. Nous n'attendons pas des soldats américains qu'ils se conduisent ainsi, et ils ne sont pas entraînés à le faire", a-t-il ajouté.
Nouvel Observateur
LISTE NOIRE

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"mensonge nécessaire"


Comment la CIA a utilisé la culture comme arme contre la gauche au sortir de la deuxième guerre mondiale.

Le "mensonge nécessaire" : la CIA et les grands écrivains
Compte-rendu du livre "Qui mène la danse ? Culture, guerre froide et CIA"Qui dit « guerre froide » pense course aux armements, rideau de fer, voire chasse aux sorcières, mais rarement à la culture, qui en a pourtant été un des principaux champs de bataille. La récente traduction française de « Who paid the Piper ? », de Frances Stonor Saunders nous montre comment la CIA a utilisé la culture comme arme contre la gauche au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Dans son ouvrage, Saunders fournit des preuves évidentes d’un plan soigneusement mûri par la CIA et dont le but était d’inféoder la vie culturelle et intellectuelle de l’après-guerre à l’impérialisme américain et aux conceptions de mise durant la guerre froide.
En fait, la CIA s’était transformée en mécène des arts d’une envergure qui aurait fait pâlir d’envie les Médicis eux-mêmes.Si j’écris cette critique, c’est parce je suis désemparée de me rendre compte que mon développement intellectuel, en apparence autonome, est en réalité le résultat d’un plan secret soigneusement mijoté par un service de renseignement étranger.
Une opération d’une ampleur considérable"La CIA s’était transformée en mécène d’une envergure qui aurait fait pâlir d’envie les Médicis eux-mêmes"« A l’apogée de la guerre froide, le gouvernement américain a investi des moyens gigantesques dans un programme secret de propagande culturelle en Europe occidentale. Nier l’existence d’un tel programme est devenu une composante importante du projet lui-même, exécuté dans le plus grand secret par la CIA.

Au coeur de ce programme se trouvait le CCF (Congress for Cultural Freedom), dirigé de 1950 à 1967 par Michael Josselson, un agent de la CIA.Ses résultats, et surtout sa durée, furent tout sauf négligeables. A son apogée, le CCF employait des dizaines de personnes dans 35 pays, il publiait plus de vingt revues prestigieuses, montait des expositions, possédait son propre service de presse, son propre service cinématographique, organisait d’importantes conférences internationales et récompensait musiciens et artistes par des prix et des performances publiques.
Sa tâche consistait à séduire les intelligentsias occidentales, demeurées longtemps sous le charme du marxisme et du communisme, pour leur faire adopter progressivement une attitude plus accommodante vis-à-vis des façons d’agir américaines. »
Pour les chevilles ouvrières du CCF, la guerre froide a été essentiellement une guerre culturelle. Afin d’assurer l’autocratie des Etats-Unis, il convenait de soutenir idéologiquement l’aide économique à une Europe exsangue, affamée et en ruines.En décembre 1947, Georges Kennan, l’architecte du plan Marshall, introduisait le concept du « mensonge nécessaire » en tant que pierre angulaire de la diplomatie américaine : on défendrait la vérité en recourant au mensonge, la liberté en recourant à la manipulation, la démocratie par le biais d’une oppression impitoyable, l’ouverture du régime par des opérations secrètes et sournoises.
La CIA embauche des socialistes et des ex-communistesLes soutiens principaux de ce renversement angoissant des valeurs n’étaient nullement des idéologues de droite ni des nazis réhabilités au lendemain de la guerre, mais bien des prétendus gens de gauche s’affirmant comme « non communistes ».
Le stratège le plus important fut Arthur Koestler.L’écrivain, admiré en Occident pour sa condamnation du stalinisme, avait été recruté afin de décider des intellectuels progressistes à surmonter leur confusion de pensée et à vaincre leur attitude distante vis-à-vis de la politique. Koestler allait convaincre la CIA que la meilleure manière de lutter contre le communisme était de recourir aux services d’anciens communistes, décrits comme « des personnes qui avaient été déçues par le communisme mais qui étaient restées fidèles aux idéaux du socialisme »..
"Afin d’assurer l’autocratie des Etats-Unis, il convenait de soutenir idéologiquement l’aide économique à une Europe exsangue, affamée et en ruines"C’est ce qui allait décider la CIA à tenter l’aventure avec les socialistes. Trois textes-clés témoignent de cette stratégie : The Vital Centre, d’Arthur Schlesinger, The God That Failed, d’Arthur Koestler et Nineteen Eighty-Four (1984) de George Orwell. Hormis ce trio, le philosophe Isaiah Berlin, l’homme politique Averell Harriman, le compositeur Nicholas Nabokov et l’écrivain et critique Melvin Lasky étaient les forces vives de tout ce projet. La plupart d’entre eux avaient des lettres de créance de gauche, censées conférer à leurs points de vue la crédibilité nécessaire.Une tentative de mise sur pied d’une section américaine du CCF allait tourner en eau de boudin en raison du tollé des intellectuels américains et de l’attitude intègre d’un certain nombre de personnes, parmi lesquelles le dramaturge Arthur Miller et la femme de lettres Mary Carthy (la philosophe sociale Hannah Arendt, par contre, en fut l’une des plus chaudes partisanes).
On n’allait pas connaître de tels remous en Grande-Bretagne, où des intellectuels, des artistes et des hommes politiques se bousculèrent dans une course effrénée aux cadeaux et firent la promotion de leur petite personne dans l’espoir de pouvoir séjourner quelques jours dans un palace ou de décrocher l’un ou l’autre petit voyage d’agrément outre-mer.La revue Encounter, éditée par le poète Stephen Spender, fut l’organe principal de la guerre froide. Sa carrière fut torpillée pour de bon par certaines révélations à propos du soutien apporté par la CIA. Par contre, George Orwell, lui, fut un agent très habile des services secrets britanniques.
Moyennant rétribution, il dressa des listes de noms de ses anciens camarades du Parti Communiste tout en menant une lutte rabique contre la gauche dans ses banales oeuvres de fiction à la réputation des plus surfaites.La guerre du Vietnam : un tournant"George Orwell, agent très habile des services secrets britanniques, a mené une lutte rabique contre la gauche dans ses oeuvres à la réputation des plus surfaites"La quasi-totalité des revues « radicales » ou de « gauche » publiées au cours de la guerre froide étaient financées par la CIA. Cela allait de Partisan Review aux Etats-Unis à Transition en Ouganda. La totalité des périodiques universitaires et culturels en provenance des universités américaines fut soutenue par la CIA par le biais de fondations qui servaient de façades.Le succès de la stratégie de la CIA était tributaire de la définition de l’art, telle que la formulait la classe dirigeante.
L’art non politique était mis sur un même pied que l’art anticommuniste. La liberté intellectuelle n’était autre que la liberté d’adopter une position procapitaliste.
La guerre du Vietnam et la faillite de la « gauche traditionnelle » allaient dégager la voie pour un mouvement révolutionnaire de gauche en Europe et aux Etats-Unis. Le tournant fut la période qui vit le retour du Vietnam des dépouilles mortelles des soldats américains et où les anciens « intellectuels de gauche », non contents d’avoir retourné leur veste, préférèrent se taire par crainte d’offenser les patrons qui les engraissaient. La montée de la « nouvelle gauche » compliqua grandement la politique de la guerre froide et signifia la fin des activités du CCF.* L’auteur enseigne la littérature américaine et collabore à la revue britannique Fight Racism, Fight Imperialism. Cet article est la version abrégée d’une critique parue dans cette revue en juin 2000, lors de la sortie du livre en anglais.
Qui mène la danse ?
La CIA et la guerre froide culturelle.
Frances Stonor Saunders, Ed. Denoel, collection Impacts, 510 pages, +/- 25 euros
Proposé par Denver
Oulala
Sources.
http://20six.fr/nul

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