vendredi, juin 20, 2008

Le goulag israélien

Déjà contraints de vivre entassés les uns sur les autres, les habitants de Gaza sous blocus sont réellement des détenus dans un camp de concentration .
jeudi 19 juin 2008 - 05h:48 / Saleh Al-Naami - Al Ahram / Info-palestine

Après une année complète de blocus, Israël — sous les yeux de la planète — continue à priver de nourriture et à punir collectivement la population civile de Gaza, ostensiblement pour se venger du peuple de Gaza qui s'était démocratiquement exprimé et qui continue à faire le choix de la résistance à l'occupation plutôt que celui de l'humiliation, de la trahison et de la servitude.
Zahir Abu Shaaban a vécu dans l'incertitude ces sept derniers mois. Il a peur que le rêve de sa vie — achever ses études universitaires supérieures de génie informatique aux Etats-Unis — ne se transforme pas en réalité. Il avait pensé que son rêve était à portée de la main quand il s'est vu attribuer une bourse d'études par le programme Fulbright, que le département d'état des États-Unis attribue tous les ans à un certain nombre d'étudiants palestiniens. Abu Shaaban et six autres Palestiniens ont été selectionnés parmi des centaines de candidats, et Abu Shaaban avait imaginé que le département d'état garantirait son voyage et celui de ses collègues. Il a été douloureusement déçu lorsqu'Israël a bloqué son voyage. Les services israéliens de renseignements ont même essayé d'exercer un chantage à son égard, stipulant que pour pouvoir voyager il devrait se transformer en informateur et fournir des informations sur les mouvements de résistance.
Mardi dernier, Abu Shaaban s'est présenté au bureau du Shin Bet à la frontière d'Erez pour obtenir la permission de voyager à Jérusalem afin d'obtenir un visa d'entrée aux Etats-Unis auprès du consulat américain. Il a déclaré à « Al-Ahram Weekly » qu'il s'était étonné que l'officier du Shin Bet ait essayé de lui faire du chantage. L'officier a en effet demandé à Abu Shaaban de l'informer au sujet de tous les employés de l'université islamique affiliés au Hamas, juste parce qu'il y travaille en tant que maître-assistant.
Abu Shaaban a essayé de convaincre l'officier qu'il était indépendant et n'appartenait à aucune organisation, mais l'interrogateur était obstiné et cassant : soit Abu Shaaban acceptait de coopérer avec les services israéliens, soit il devrait abandonner l'espoir de poursuivre ses études aux Etats-Unis. Après qu'Abu Shaaban ait repoussé les menaces et le chantage de l'officier, lequel a essayé durant deux heures de le convaincre, il a été jeté hors du bureau et obligé d'attendre deux heures jusqu'à ce que les soldats lui rendent sa carte d'identité et lui ordonnent de retourner à Gaza.
Il y a actuellement 4000 Palestiniens qui étudient à l'étranger mais se languissent de Gaza en raison du siège et du refus des autorités israéliennes de leur permettre de réintégrer leurs universités. John King, directeur de l'UNRWA [United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees] était le premier à faire le rapprochement entre la vie dans la bande de Gaza sous blocus et la réalité d'une prison. Il avait estimé que du point de vue des services fournis, les conditions de vie des détenus en prison sont encore meilleures que celles des Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza.
Quiconque prend honnêtement en compte les conditions de vie dans Gaza trouvera frappant la ressemblance avec la vie en prison. Ce sont 178 Palestiniens qui sont morts jusqu'à maintenant parce qu'ils ont été empêchés de quitter la bande pour suivre un traitement médical à l'étranger. Rami abdu, porte-parole du Comité Populaire pour la Résistance au Siège, a indiqué au « Weekly » que 30% des patients qu'Israël a empêchés de se déplacer à l'étranger étaient des enfants de moins de 15 ans. Abdu a indiqué également que ce pourcentage n'incluait pas les centaines de malades et de blessés qui ne tentent même pas de quitter Gaza parce qu'ils sont certains que les occupants [Israël] rejetteront leurs demandes.
Farah Said Al-Sawaf, âgée de deux ans, souffre d'une tumeur à son rein droit. Ses parents veulent organiser un voyage à l'extérieur pour qu'elle suive un traitement mais les occupants n'a toujours pas accepté leur demande. La semaine dernière, la mère de Farah a participé à une conférence de presse organisée par les familles des enfants malades qui ont été empêchés de quitter le territoire. En pleurant, elle a demandé, « qui peut supporter tant de douleur ? Qu'est-ce que je peux faire alors que mon enfant meurt dans mes bras ? Seulement quelques heures nous séparent de son destin. »
Le cas de Mohamed Bulbul, lui aussi âgé de deux ans, n'est pas moins tragique. Il a une tumeur à l'estomac et son père explique qu'il doit suivre un traitement de radiologie dans les 10 jours, sinon il mourra.
Pour poursuivre l'analogie, des détenus en prison ne sont en général pas privés de lumière le soir, mais les Palestiniens qui vivent sous le siège dans la bande de Gaza se sont accoutumés à la vie dans l'obscurité quand l'électricité est interrompue pendant des heures. Israël limite la quantité du combustible entrant dans le territoire pour faire fonctionner l'unique station de production d'électricité. Par conséquent toutes les familles palestiniennes passent leurs soirées à la lueur de chandelles ou dans une profonde obscurité.
Dans cette prison, les gens se sont également accoutumés à faire de longues distances à pied à cause de la forte diminution du nombre de taxis qui roulent suite au manque drastique de carburant. N'importe qui se tenant près de la route de Salaheddin, qui relie la bande de Gaza du nord au sud, verra des centaines de personnes marchant à pied comme si elles suivaient un entraînement.
De plus, en raison des marchandises en nombre limités autorisées à entrer, beaucoup de magasins ont fermé leurs portes. Et les magasins qui ont une partie de ce dont les gens auraient besoin en ont réduits à fermer leurs portes tôt à cause du manque de clients — un effet de la détérioration des conditions économiques et de l'incapacité des voitures de rouler par manque de carburant.
Les conditions environnementales dans cette vaste prison se sont sérieusement détériorées en raison de la pollution provoquée par l'utilisation d'huile de cuisine comme carburant pour les voitures suite à la pénurie d'essence. Suleiman Al-Awawdeh, un mécanicien, a indiqué au « Weekly » que la pollution provient de l'incapacité des voitures de consumer entièrement l'huile de cuisine, qui se répand dans l'air en étant pollué avec du gaz oxydé. Les milieux médicaux dans la bande de Gaza ont confirmé que ceci contribuait au développement de maladies cancéreuses. Par conséquent, n'importe qui se déplaçant dans les rues de Gaza notera que beaucoup de personnes portent des masques afin de limiter la quantité de gaz oxydé qu'elles inhalent.
La vie dans cette prison a diminué les espoirs et les ambitions de chacun au point que l'on commence à considérer le minimum pour vivre comme un luxe dont on peut se passer. Osama Abu Sharaf, âgé de 44 ans, vit dans la ville de Deir Al-Balah. La semaine dernière, à l'insistance de ses quatre enfants, il a essayé de trouver un genre de melon qui est connu pour sa douceur. Il a dit au « Weekly » avoir vérifié tous les stands de fruits exposés le long de la section de la route Salaheddin qui relie Deir Al-Balah au camp de réfugiés d'Al-Nuseirat au centre de la bande de Gaza, mais qu'il n'a pas trouvé ce qu'il cherchait. Chaque année à cette saison ces stands sont remplis de ce genre de melons, mais les fournisseurs ont dit à Abu Sharaf qu'il n'en trouverait pas cette année. Ce melon est cultivé dans des serres chaudes dans les zones agricoles le long de la frontière à l'est de la bande de Gaza, près d'Israël. Les bulldozers israéliens ont détruit les serres chaudes, les mettant à terre.
Parmi les implications les plus sérieuses du siège se trouve la détérioration générale des conditions économiques. Maher Al-Taba, directeur des relations publiques à la chambre de commerce palestinienne, indique que les pertes subies par l'économie palestinienne dépassent le milliard de dollars. Un rapport qu'il avait préparé un an auparavant au moment où le siège a été imposé relève que les pertes directes dues à la seule fermeture des postes-frontières commerciaux représentaient environ 360 millions de dollars. Al-Taba indique que le siège a détérioré les secteurs de la production, de l'investissement, du commerce extérieur, de l'agriculture, de l'industrie et d'une façon générale du travail. Cette détérioration a produit des problèmes sérieux sur les plans sociaux et psychologiques, ainsi que sur le plan de la santé et de l'éducation. La décision d'Israël d'annuler les procédures douanières concernant la bande de Gaza a fait s'arrêter les importations directes dans Gaza, privant l'autorité palestinienne de recettes douanières substantielles.
Al-Taba ajoute que la décision israélienne de rouvrir le poste-frontière de Sufa au sud de la bande de Gaza pour l'entrée de l'aide humanitaire, de produits alimentaires, de fruits et de fournitures médicales n'est pas suffisante pour répondre aux besoins du territoire. Le poste frontalier n'est pas équipé pour recevoir des marchandises et dans le passé il a seulement été employé pour le passage de matériaux de construction, alors que le poste frontalier de Karam Abu Salem, à l'est de Rafah, était employé pour les marchandises et les fournitures de base. Al-Taba indique que les postes de Sufa et de Karam Abu Salem peuvent gérer 70 à 100 camions par jour, alors que les besoins quotidiens de la bande de Gaza nécessitent de 150 à 200 camions de marchandises pour simplement répondre aux nécessités de base.
Le siège a également un impact négatif sur les institutions d'enseignement par manque de fournitures scolaires. D'ailleurs, beaucoup de familles palestiniennes sont incapables de payer des frais d'inscription à l'université à leurs enfants ou d'acheter les sacs et uniformes pour l'école. Al-Taba s'attend à ce que cette réalité conduise les enfants et la jeunesse de Gaza « à un profond sentiment d'abandon » et au chômage dans le futur. Selon le Bureau central palestinien de statistiques, approximativement 20% de la jeunesse palestinienne veut émigrer à l'étranger et des milliers l'ont fait en 2006.
La bande de Gaza est considérée comme ayant la densité de population la plus élevée dans le monde. Un million et demi de personnes vivent sur une surface de 365 kilomètres carrés. Même sans blocus ce territoire peut être considéré comme une prison, mais le siège impose sa réalité à tous. Plus qu'une prison, la bande de Gaza est le propre camp de concentration d'Israël.

20.6.08 14:49
http://basta.20six.fr/basta/art/67047423/Le_goulag_israelien

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jeudi, juin 19, 2008

Publication du Rapport Annuel 2007 de l’Observatoire - L’Obstination du témoignage

Genève-Paris, le 19 juin 2008. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), qui accompagne, suit, et protège tout au long de l’année les défenseurs, publie aujourd’hui son Rapport 2007 consacré à une année entière de combat pour les droits de l’Homme à travers le monde. Ce Rapport, auquel ont contribué Hina Jilani, Desmond Tutu, Barbara Hendricks, José Ramos Horta, Adolfo Pérez Esquivel et Wei Jingsheng, célèbre l’obstination du témoignage de tous les défenseurs des droits de l’Homme.
Soixante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme par l’ Assemblée Générale des Nations unies, et dix ans après l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, de nombreux Etats continuent de violer ces deux textes fondamentaux.
Comme le souligne Eric Sottas, Secrétaire général de l’OMCT, « en 1998, à l’issue des difficiles négociations qui ont abouti à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, nous attendions des Etats qu’ils adoptent des mesures conformes à leurs engagements. Le bilan 2007 montre au contraire que cette année, plus que jamais les défenseurs ont été confrontés à des atteintes à leurs droits visant à les empêcher d’effectuer leur indispensable travail de défense et de protection des droits de l’Homme».
Un constat s’impose : l’obsession de “la sécurité” prend désormais le pas sur la nécessaire liberté des citoyens. Les arrestations arbitraires, les condamnations au terme de procès inéquitables, ou encore les placements en résidence surveillée se sont poursuivis cette année, et sont autant de freins à l’action de centaines de défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde. Certains défenseurs continuent en outre de payer de leur vie leur engagement.
« Il nous faut reconnaître, précise Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, que les défenseurs subissent aujourd’hui un retour de bâton sans précédent, contre lequel il nous faut plus que jamais être vigilants ».
Ce rapport est publié en versions française, anglaise et espagnole dans son intégralité, en russe pour la partie Europe et Communauté des Etats indépendants et en arabe pour la partie Maghreb/Mashrek.
Par ailleurs, plusieurs conférences de presse sont organisées tout au long du mois de juin et au début du mois de juillet, notamment en France (19 juin), en Suisse (19 juin), en Egypte (19 juin), en Afrique du Sud (23 juin), au Tchad (23 juin), au Maroc (27 juin), en Inde (juin), à Moscou (juillet), au Bélarus (juillet), au Népal (juillet), en Colombie (juillet) et au Pérou (juillet), grâce au soutien des organisations membres ou partenaires de l’OMCT et de la FIDH.

Vous pouvez télécharger:

Le dossier de presse du rapport
Le rapport annuel 2007 de l'Observatoire (version complète)
The report by regions:
Afrique
Amériques
Asie
Europe et CEI
Maghreb / Mashrek
Une annexe sous forme de Cd-Rom, qui compile les cas traités par l’Observatoire en 2007, sera disponible ultérieurement
Pour plus d’informations, merci de contacter :
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 52 42
FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18
http://omct.org/
19.6.08 15:45

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mardi, juin 17, 2008

Le pragmatisme du marché ou la mort de l’homme

Disons-le d’emblée, nous abordons ici le pragmatisme comme mode de vie utilitaire de la société contemporaine. Il ne s’agit pas du pragmatisme gnoséologique qui cherche les meilleures méthodes d’accès aux connaissances ou du pragmatisme psychologique qui veut réduire les difficultés à l’approche d’un problème à résoudre mais de l’idéologie capitaliste avec son obsession du but et du profit économique qui doivent ponctuer toute action humaine sinon cette action ne vaudrait pas la peine d’être entreprise.

16 juin 2008 / par Camille Loty Malebranche / Altermonde-levillage

Le pragmatisme est la vision d’une société où prédomine l’idéologie de l’individualisme sauvage et déshumanisant qui sert la performance et la prospérité du vendeur et fait la réussite matérielle par la production du rentable.

Il s’agit, en effet, de la violence obsessive du rentable à tout prix, qui empreint l’idéologie sociale contemporaine jusqu’à la pathologie, jusqu’à la négation totale de l’homme aux dépens de qui se fait le succès aveugle du marché. Véritable pulsion morbide du lucre et de l’utilité immédiate, le pragmatisme altère toute l’action humaine qu’il prive de projection lointaine et transcendante. La réification systémique, haineuse de l’homme procède ainsi d’un mode de pensée pour qui tout est rentabilité et où le profit doit avoir la primauté. La haine de l’essence pluridimensionnelle de l’homme comme toute condition haineuse, est pauvreté d’être de qui hait. Le système économique haineux de l’homme constitue, dans ces conditions, un néant phagocytant l’être par toutes sortes d’ersatz, tout en proposant à l’individu un rictus mécanique des représentants de l’institution sociale sans se soucier de la personne humaine qu’elle pose et perçoit en tant que rouage biologique du devoir de performance et de consommation pour la prospérité de l’oligarchie ploutocratique. Oligarchie tyrannique qui, pourtant, singe la démocratie avec bruit et fureur. Là, le sens, cette attraction et impulsion de l’aventure humaine, se retrouve subverti dans la marche au supplice de toutes les dimensions non vendables de l’existence. Et le pire dans ce Babel où prévaut la manipulation, c’est la prétendue morale sociale conservatrice qui voudrait faire croire que des valeurs existent dans cette jungle d’agressivité matérialiste ! Cette attitude duelle de proxénète prêcheur d’une société gibbeuse et grossière de ses lourdeurs pragmatiques, assène la plus terrible manipulation à l’entendement et au bon sens collectif dont elle se fait l’ombre simiesque !

La société pragmatique, altération perverse du rapport à soiBehaviouriste et réificatrice, la société pragmatique taille l’homme à la mesure des besoins du profit de l’establishment. Idolâtrie du Mammon de la finance, simonie de l’être sacré de l’homme crucifié au pressoir du financiarisme, ce stade contemporain de prédominance de la virtuelle finance boursière dans l’économisme actuel, l’homme en devient la dernière chose qui importe au système social suspendu aux basques du marché des bourses.

L’image perdue de l’humanité…D’un point de vue métaphorique, l’action qui se déploie dans l’histoire individuelle ou sociale est considérée comme le miroir de la conscience de l’homme et de la société. Cette conscience, faut-il le rappeler, se construit dans les contingences de l’histoire individuelle et sociale, et par les nécessités de réponses des individus et catégories sociales au conditionnement systémique et historique. Conscience actuellement en crise dans l’ordre axiologique où les valeurs oublient le primat que devrait avoir la personne humaine. Crise spéculaire qui est déchirement intérieur combien traumatique de l’homme privé de sa propre image ontologique méconnaissable et quasi inapte à assumer ses prétentions à l’humanité ! C’est un suicide systémique de l’humain qui ravage le traumatisé perdant toute balise et s’en remettant aux forces mêmes de son effacement dans la structure sociale dominante. C’est aussi une entraliénation car l’aliénation ici comme souvent, va du corrupteur au corrompu, du bourreau à la victime, puisque l’establishment ploutocratique - perdant toute humanité - définit une société monstrueuse par son matérialisme extrême qui s’identifie à lui, l’establishment bêtement pris au lasso du marché qu’il déifie. Vieille occurrence qui voit le maître esclave de son ordre esclavagiste ! Mais en même temps se profile la masturbation sur l’horreur du possédant chez le non possédant qui, semblable à un voyeur taré au trou de la serrure où il est spectateur des ébats malsains de sado-maso en action, crie qu’il a joui de la déviance qu’il contemple par dénaturation ! L’entraliénation est l’aliénation dominante des « grands » manifestant leurs propres tares ontologiques de prédateurs économiques esclavagistes et l’aliénation dominée qu’est la réponse positive au mal, réponse reproductive de la hideur pathologique et mortifère de l’ordre idéologique de la consommation chez les victimes !

L’allégorie du miroir commence, devons-nous le rappeler, dans l’histoire humaine par la légende. Le premier homme se serait pour la première fois miré dans la source coulant au paradis des origines et y aurait, émerveillé, contemplé son visage ! Chez les grecs, Narcisse, ébloui de son reflet, se noya dans la fontaine à force de perdre conscience du danger de l’eau qui le reflétait. Malgré l’apparente mort, le mythe hellénique nous rapporte que de cette noyade du mirant contemplatif, poussa la fleur Narcisse. Comme si la contemplation, même excessive, même maladive, en imprégnant un individu fut-ce en le submergeant, finit par l’esthétiser, le propulser au rang de fleur. Mais le pragmatisme contemporain enlève à l’homme l’estime autocentrée, la contemplation de sa nature. Car l’une des pires misères sociales de l’homme d’aujourd’hui est de devoir conquérir « son être » par le postiche de la possession de biens et la disposition de services offerts sur le marché. Terrible subordination de l’ontologique à l’économique ! Tout le mal social : mégalomanie, complexe d’infériorité, criminalité, suicide, frustration ou triomphalisme, tient hélas, en majeure partie de cette calamité existentielle du décentrage de l’homme dont le rapport à soi est exproprié par le système. Ainsi, le capitalisme porte la palme des expropriations… Après avoir exproprié les colonisés et les esclaves de leurs pays, de leurs terres de leurs biens, de leur nom, de leur force de travail ; après avoir exproprié l’ouvrier de son temps et de son corps ; le marché implacablement pragmatique et impassible quant à pluridimensionnalité humaine, exproprie « l’homme souverain et individualiste » d’aujourd’hui de son rapport à l’être en interférant infernalement jusque dans le rapport à soi de l’homme de la « Post modernité ». Ici, le pragmatisme post moderne - ce prédicat chronologique flou qui réfère à notre époque de discours écologique et communautaire où la société civile tente de jouer un rôle moralisateur dans la conscience sociale - procède d’un principe ancien voire primitif : celui de l’incitation à l’instinct de prédation qui est chez l’homme. Instinct haïssable parce que générateur de cette déviance originelle combien démente vis-à-vis de la propriété : l’irrationnel et illusoire désir de posséder autre chose que soi, de conquérir l’être par l’avoir !

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lundi, juin 16, 2008

L’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) dénonce l’intervention sauvage à Sidi Ifni

L'Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) dénonce l'intervention sauvage à l'encontre des citoyennes et des citoyensde Sidi Ifni et revendique que les acteurs impliqués dans ce crime répondent de leurs exactions et la satisfaction des revendicationsdes habitants concernant le respect de leurs droits économiques et sociaux
Très tôt dans la matinée du 7 juin courant, les citoyennes et citoyens de la ville de Sidi Ifni ont subi l'intervention sauvage et musclée des forces publiques. Ainsi, le Bureau central de l'AMDH a suivi, tout en dénonçant les actes sauvages commis à l'encontre des citoyennes et citoyens, tant dans les rues qu'au sein de chez eux, alors qu'ils étaient en plein sommeil, par les forces publiques qui les ont battus avec de gros bâtons leur causant des fractures dans différentes régions du corps et les ont humiliés par leurs insultes. De même, les citoyennes et citoyens ont été victimes de harcèlement sexuel, de viols et de vols de leurs biens, de pillage d'ordinateurs, de téléphones portables, de bijoux et d'argent. Les forces publiques ont usé de bombes lacrymogènes, de balles de caoutchouc, de pierre et de bâtons contre des manifestations pacifiques enfreignant ainsi le code des libertés publiques. En outre, les détenus ont été gravement torturés et ont souffert de vengeance qu'ils ont dû subir en dépit de la prohibition par les chartes internationales de la torture et de tous les actes humiliants et dégradants qui portent atteinte à l'intégrité physique et à la sécurité personnelle.
Cette intervention sauvage des forces publiques fait penser aux événements douloureux durant les affrontements avec les autorités lors des soulèvements sociaux qu'a connus le Maroc des années dites de plomb. En dépit des discours officiels des dernières années sur le changement démocratique et la volonté de tourner la page du passé, la continuité de ces violations des droits humains et la primauté donnée à l'approche sécuritaire vis-à-vis des protestations du mouvement social montre clairement que l'Etat ne pense nullement à rompre avec son passé d'autant plus que ce sont les responsables sécuritaires des années dites de plomb qui ont supervisé les attaques à l'encontre des habitants de la ville de Sidi Ifni les 7 et 8 juin courant.
Exprimant sa solidarité avec les citoyennes et citoyens dont les droits essentiels ont été bafoués lors de l'attaque répressive, le Bureau Central dénonce aussi le blocus de la ville durant le samedi et l'interdiction aux représentants de l'AMDH d'accéder aux différents établissements, et notamment l'hôpital local le dimanche pour collecter les données concernant la situation des blessés à la suite de ces événements; de ce fait, il s'est avéré difficile de confirmer ou d'infirmer les informations de la presse qui ont fait état de morts; par ailleurs, comment peut-on croire au démenti du Gouvernement concernant l'existence de personnes décédées? Comme il est difficile d'identifier ces dernières dans l'attente de l'achèvement des enquêtes et surtout que des familles ignorent toujours le sort de certains de leurs membres qu'ils soient ou non détenus.
Considérant ce qui précède, le Bureau central:
- Condamne énergiquement les représailles perpétrées à l'encontre des habitants de la ville de Sidi Ifni et les violations graves des droits humains commises par les forces publiques en l'occurrence les agressions et les tortures des détenus qui ne peuvent aucunement être justifiées.
- Dénonce les arrestations arbitraires commises par les forces publiques et revendique la libération des détenus dont un bon nombre d'acteurs de la société civile et du mouvement social à Sidi Ifni.- Dénonce l'état de siège appliqué à la ville et les poursuites incessantes perpétrées à l'encontre des jeunes de la ville qui se sont vus dans l'obligation de quitter les lieux afin d'éviter les sévices des autorités et leur intervention sauvage et revendique l'arrêt immédiat des recherches et des poursuites menées à l'encontre d'un bon nombre de militants tout en réprouvant les tentatives de terroriser les journalistes et les acteurs de la société civile dans le but de les empêcher de démasquer les crimes perpétrés par les autorités à l'encontre des habitants.
- Revendique l'ouverture d'une enquête sur les événements et réclame que le Général Laânigri, le Gouverneur de la Province et le Ministre de l'Intérieur, en tant que premier responsable de l'action des forces publiques vis-à-vis des citoyens, répondent de leurs exactions; et que des excuses soient présentées aux victimes, aux habitants de Sidi Ifni et à tout le peuple marocain en ce qui concerne les agressions commises par ces fonctionnaires à l'encontre d'habitants sans défense.
- Réclame la satisfaction des revendications présentées par les habitants de Sidi Ifni depuis 2005 et qui se limitent au respect de leurs droits économiques, sociaux et culturels. Le bureau central conclut que les autorités locales doivent honorer les engagements pris devant leurs représentants en l'occurrence l'offre d'opportunités d'emploi et des services sociaux essentiels et le rapprochement de l'administration du citoyen…

Pour le Bureau central Le 9 juin 2008 / Amdh
16.6.08 14:34
http://basta.20six.fr/basta/art/65314623/
L_Association_Marocaine_des_Droits_Humains_AMDH_denonce
_l_intervention_sauvage_Sidi_Ifni

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