jeudi, août 05, 2010

Déclaration finale du Sommet des Peuples « Enlazando Alternativas Iv »


Nous, réseaux, plateformes et organisations d'Europe, d'Amérique Latine et des Caraïbes, réunis à Madrid du 14 au 18 mai, lors du Sommet des Peuples « Enlazando Alternativas IV », revendiquons notre droit à lancer des alternatives au modèle neolibéral et aux accords de libre échange, et croyons dans la capacité que nous avons de construire un dialogue politique et social entre les peuples.

Nous nous trouvons actuellement dans une crise de civilisation qui touche à toute la planète, et dont les groupes sociaux les plus vulnérables et les peuples du Sud supportent le poids le plus lourd. Alors que des millions de travailleuses et de travailleurs ont perdu leur emploi et se sont appauvris et précarisés, le système financier obtient des gains multimilliardaires avec le soutien des Etats du Nord.

La crise économique mondiale est loin d'être résolue et les plans de sauvetage ont été destinés à la défense des intérêts du Grand Capital, comme le démontrent les récentes mesures d'ajustement structurel exigées à la Grèce par l'UE, et les annonces dans le même sens émises par l'Espagne et le Portugal. L'histoire de l'Amérique Latine et des Caraïbes démontre l'impact dévastateur de ces politiques de réduction des dépenses publiques, des privatisations et de la dérégulation économique.
Juste au moment où l'on célèbre deux siècles depuis le début des luttes d'indépendance dans plusieurs pays d'Amérique Latine et des Caraïbes, l'UE propose une « alliance » stratégique qui suppose un retour au passé : la création d'une « Zone Euro-Latino-Américaine d'Association Globale Interrégionale », basée sur une série d'accords de libre échange afin de protéger les intérêts des multinationales européennes en Amérique Latine et dans les Caraïbes, et d'empêcher la possibilité d'une intégration régionale et bi-régionale sur de nouvelles bases.

En Amérique Latine et dans les Caraïbes sont apparus plusieurs gouvernements progressistes et de gauche, sensibles aux exigences des mouvements populaires, qui sont à la recherche de voies alternatives de développement mieux adaptées à leurs réalités locales, et qui défendent leur souveraineté nationale. La droite mondiale tente, à la fois de délégitimer et déstabiliser ces gouvernements, et de plaider pour les politiques néolibérales promues par les multinationales européennes - en particulier les entreprises espagnoles en Amérique Latine et dans les Caraïbes-, qui comptent avec le soutien de l'UE. Des stratégies telles que l' « Europe Globale : celle de la « concurrence dans le monde », et « Europe 2020 », continueront à générer de graves coûts sociaux et à aggraver les inégalités entre les Etats et à l'intérieur de chaque pays.

En Europe, avec le Traité de Lisbonne, a été renforcé un modèle d'intégration anti-démocratique et capitaliste. La privatisation des services publiques, conjointement avec l'atteinte aux droits sociaux et du travail, consolide une Europe forteresse, militaire, répressive et excluante, au détriment de l'Europe sociale.

Face à cette réalité, l'organisation, la résistance, la dignité, la solidarité et la mobilisation sociale sont et seront des facteurs essentiels pour donner un soutien aux conquêtes obtenues en Amérique Latine et dans les Caraïbes, pour empêcher un retour vers le passé, et conquérir de nouveaux espaces, tant en Amérique Latine et les Caraïbes et qu'en Europe. Notre stratégie de lutte et de résistance commune se base sur la solidarité entre nos peuples, dans le but de construire une société dans laquelle les droits économiques, politiques, du travail, syndicaux, sociaux, culturels et environnementaux soient la priorité et la raison d'être des politiques gouvernementales.
Dans ce sens :
1. Nous rejetons énergiquement les Accords de Libre Echange, les Accords d'Association (AdAs) et les Traités Bilatéraux d'Investissement (TBIs) - ou Accords de Promotion et de Protection Réciproque des Investissements (APPRIs) - pactés par certains gouvernements latino-américains et européens, qui ont été négociés dans le dos et contre les intérêts de nos peuples. En particulier, nous rejetons l'Accord d'Association UE - Cariforum, la signature des traités avec la Colombie, le Pérou et l'Amérique Centrale, ainsi que la réactivation des pourparlers avec le Mercosur.
2. Nous nous opposons à ce que l'aide au développement fasse partie de ces accords au service des intérêts économiques privés. Nous voulons une coopération qui renforce la capacité des acteurs sociaux et des Etats, afin qu'ils puissent définir et appliquer des politiques qui combattent l'injustice sociale.
3. Nous nous opposons à l'application des plans d'ajustement structurel et à l'intervention du FMI dans les pays d'Europe et d'Amérique Latine et des Caraïbes, pour faire face à la crise économique. Nous revendiquons un moratoire immédiat sur le paiement de la dette publique et la mise en place d'audits afin d'abolir les dettes illégitimes.
4. Nous poursuivrons notre tâche de chercher des solutions réelles à la crise écologique et climatique, basées sur la justice climatique et la nécessité de changer le système, qui détruit la planète. Afin de mettre un frein au changement climatique, il est nécessaire que l'UE réduise d'une manière conséquente ses émissions de gaz à effet de serre au niveau domestique. Nous réclamons aux gouvernements européens le paiement des dettes écologiques qu'ils ont accumulées vis-à-vis des peuples du Sud, y compris l'Amérique Latine et les Caraïbes, afin de financer la mitigation et la survie face au changement climatique. Face à l'échec du Sommet sur le Climat de Copenhague, nous nous engageons à soutenir les propositions émises lors du « Sommet Mondial des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère Terre », qui a eu lieu à Cochabamba en avril 2010, dont, par exemple, la création d'un tribunal de justice climatique.
5. Nous soutenons toutes les luttes des mouvements paysans d'Amérique Latine, des Caraïbes et d'Europe pour la Souveraineté alimentaire des Peuples, la réforme agraire, contre les transgéniques et pour la défense de leurs territoires. L'agriculture paysanne, familiale et de petite échelle alimente les peuples et refroidit la planète.
6. Nous continuerons notre lutte pour la démocratie participative, directe et plurielle, et nous nous opposerons à toutes les atteintes contre celle-ci. Nous soutenons les luttes contre l'impunité et pour la justice dans le cas des victimes des génocides. Nous rejetons la criminalisation des protestations sociales.
7. Nous exigeons la rupture des relations diplomatiques et financières avec le gouvernement de Porfirio Lobo au Honduras, rejeté par divers gouvernements. Ce Gouvernement provient d'un coup d'Etat, a été élu dans des conditions anti-démocratiques, et se maintient au moyen de la répression des mouvements sociaux et de la violation des Droits Humains. Nous soutenons la lutte du Front de Résistance Populaire du Honduras et sa lutte pour une Assemblée Constituante.
8. Nous nous opposons à la militarisation et à une vision qui ne reconnaît pas la capacité du peuple d'Haïti de définir son propre destin, et prend pour prétexte l'aide humanitaire. Nous exigeons le respect de la souveraineté du peuple haïtien, l'abolition de la dette externe de ce pays et le paiement de réparations.
9. Nous exigeons à l'UE la dérogation de la Position Commune contre Cuba 10. Nous accusons l'UE, ses institutions et ses gouvernements de complicité flagrante avec la violation des Droits Humains, par exemple, en Colombie, en Honduras, au Pérou, au Guatemala et au Mexique, pays dans lesquels les leaders sociaux sont assassinés quotidiennement et la protestation sociale est réprimée.
11. Nous répudions les politiques appliquées par l'UE dans le domaine de l'immigration, car elles constituent une grave menace pour la démocratie et la paix entre nos peuples, en promouvant la xénophobie et le racisme. Nous participons à et nous soutenons les luttes des mouvements et des réseaux de migrants contre l'Europe Forteresse, avec ses camps d'internement pour étrangers (CIE) et sa « Directive du Retour », mieux nommée « Directive de la Honte ». Cette politique d'immigration représente l'autre visage de l'Europe du Capital.
12. Nous dénonçons la militarisation de nos continents et, en particulier, le caractère belliciste du gouvernement de Colombie. L'installation de 7 bases militaires des Etats-Unis dans ce pays représente une menace pour la paix et la stabilité de la région. Nous condamnons la politique belliciste de l'UE en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN, ainsi que l'utilisation de ressources millionnaires dans le but de maintenir une machine de guerre qui pourraient être destinées à d'autres priorités de caractère social.
13. Nous soutenons la lutte du peuple grec dans la défense de ses droits, qui représentent les droits de tous les peuples européens.
14. Nous nous engageons à travailler pour consolider un espace politique de solidarité auquel puisse participer une grande diversité de mouvements sociaux et politiques - qui luttent pour une intégration sociale, économique, de genre, politique, environnementale et culturelle, et qui soit alternative à celle proposée par la Union Européenne et divers gouvernements d' Amérique Latine et des Caraïbes.
15. Nous nous engageons à renforcer et consolider nos luttes face au pouvoir des transnationales et à ouvrir une nouvelle étape du travail du Réseau Enlazando Alternativas vers la constitution d'un instrument international qui soit en mesure de juger réellement des crimes économiques. La première Session du Tribunal Permanent des Peuples (TPP), « L'Union Européenne et les Multinationales en Amérique Latine. Politiques, Instruments et acteurs », a contribué à cette labeur.
16. Nous soutenons et nous sommes intégrés dans les luttes des communautés d'afro descendants, de femmes, de jeunes et d'exclus d'Amérique Latine et d'Europe, de ceux qui souffrent le plus durement des effets de la crise.
17. Nous faisons nôtres les luttes et les revendications des peuples originaires et les luttes pour le « Buen Vivir », la création d'Etats plurinationaux et la reconnaissance et défense des droits de la Terre Mère, qui contribuent à montrer la nécessité de développer des modes de consommation et de production qui soient soutenables, responsables et justes.
18. Nous saluons les engagements des gouvernements d'Amérique Latine et des Caraïbes dans le sens de briser des siècles de dépendance économique, de pillage des ressources naturelles et de spoliation des territoires.
19. Nous demandons aux peuples européens de se soulever pour construire une autre Europe. Nous remercions les membres des collectifs de l'Etat espagnol pour l'effort et le soutien qu'ils ont démontrés afin que le Sommet des Peuples « Enlazando Alterantivas IV » puisse avoir lieu, et nous donnons la bienvenue aux compagnes et compagnons disposé/es à initier les préparatifs du Cinquième Sommet des Peuples « Enlazando Alternativas », qui aura lieu en 2012.

Nous dédions ce Sommet des Peuples à la mémoire de la militante indigène Betty Cariño, assassinée à Oaxaca (Mexique), le 27 avril, à cause de sa lutte contre les multinationales minières. Nous étendons cet hommage à toutes les personnes assassinées à cause de leur lutte sociale et politique, et à toutes les victimes du modèle néolibéral injuste et excluant en Amérique Latine, dans les Caraïbes et en Europe.

Madrid, 16 mai 2010 Sommet des Peuples « Enlazando Alternativas IV »
Dernière entrée :

Partager

dimanche, août 01, 2010

Le nouveau Plan Directeur israélien d’annexion de terre

Le nouveau plan met à jour des plans antérieurs. Le premier d’entre eux a été le Plan D (Dalet en Hébreu) de Ben Gourion que l’historien israélien Ilan Pappe a décrit dans son livre de 2006, "Le nettoyage ethnique de la Palestine". Le plan D est le dernier plan de Ben Gourion et a suivi les plans A,B et C. Ce plan D, les Palestiniens l’appellent la Nakba, la Catastrophe et ils la commémorent chaque année pour ne jamais oublier.
Ce plan avait pour but, au moyen de bombardements et du siège des villages et des agglomérations urbaines, de la destruction des communautés, de l’expulsion et du meurtre de centaines de milliers de Palestiniens, d’instaurer un état exclusivement juif en excluant les Arabes par tous les moyens possibles y compris le meurtre de masse, la dépossession et la persécution qui se perpétuent jusqu’à aujourd’hui, en dépit de l’héroïque résistance des Palestiniens.
Cela a pris six mois pendant lesquels environ 800 000 citoyens ont été expulsés ou assassinés et 531 villages et 11 quartiers de Tel Aviv, Haifa, Jérusalem et d’autres villes ont été détruits. Ça a été un nettoyage ethnique barbare et sans merci des Palestiniens, femmes et enfants y compris, et pourtant ce n’était que le début, beaucoup d’horreurs étaient encore à venir, y compris de nouveaux plans de nettoyage ethnique.
Anciens et nouveaux Plans Directeurs
Le [Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (JCPA) est un organisme de recherche politique israélien. Son président, Dore Gold, est un extrémiste de droite notoire, hostile aux principes démocratiques et aux droits des Palestiniens. Dans son récent rapport intitulé "Démographie, géopolitique et l’avenir de la capitale d’Israël : le projet de Plan Directeur de Jérusalem", il explique que le 7 octobre 2008, la Commission de Planification et de Construction du District a proposé un Plan, approuvé par le Maire, Nir Barkat, puis revu dans le but "de créer et préserver une majorité juive stable dans une capitale unifiée" et de s’assurer que la ville demeure unifiée suivant le projet de Ben Gourion qui était de :
"Faire venir les Juifs à Jérusalem Est à tous prix. Nous devons installer des milliers de colons juifs en un temps record. Les Juifs seront d’accord pour s’installer à Jérusalem Est même dans des cabanes. Nous ne pouvons pas attendre la construction de beaux quartiers. L’essentiel est que les Juifs y soient installés".
En ce moment même, on déporte les Palestiniens en grand nombre, on détruit leurs maisons, et on s’approprie leurs terres, accomplissant ainsi le rêve de Ben Gourion de faire de Jérusalem la capitale d’un état exclusivement juif. Le Plan Directeur de 1968 de la ville recommandait d’y accélérer l’augmentation de la population juive ; en 1973, Golda Meir a décidé qu’elle y serait augmentée de 3,7% avant 1982. D’autres plans ont suivi. Le Plan Directeur de 2000 avait pour but de préserver une majorité juive car ses instigateurs avaient peur de l’accroissement de la population arabe. Ils ont donc proposé "les mesures d’interventions" suivantes pour empêcher son développement : Proposer suffisamment de maisons (aux Juifs NdT) en construisant de nouveaux quartiers pour renforcer et augmenter la densité d’habitations de Juifs anciens et développer des emplois et des services sur une base à la fois qualitative et quantitative.
Le Plan de juillet 2009 de Transports de Jérusalem révèle que 13 300 nouvelles unités d’habitation ont été approuvées et 15 000 autres sont planifiées démontrant l’urgence avec laquelle on construit et on programme de nouvelles constructions en se basant sur les prévisions de développement de la population. Les prévisions d’expropriation de terre n’étaient pas mentionnées. Cependant, dans le Plan Directeur de Jérusalem de 2000 il était écrit :
"Le problème le plus sérieux à Jérusalem Est est l’absence d’un système qui permette de gérer la propriété du sol. Ce problème, qui s’ajoute aux actions délibérées d’éléments nationalistes et criminels, a engendré une énorme quantité de constructions illégales (sans les permis requis) sur des terrains qui étaient destinés à des constructions publiques, ou des vols de terrains privés... Afin de résoudre ce problème, une juridiction spéciale devrait être établie dans la municipalité pour permettre l’enregistrement de la propriété des terres"et s’assurer que les Juifs reçoivent un traitement préférentiel.
Le Plan Directeur de Jérusalem de 2010
Le 28 juin, les journalistes de Haaretz, Akiva Eldar et Nir Hasson, ont publié un article intitulé : "Le Plan Directeur de Jérusalem : Expansion des enclaves juives de la ville" qui explique que le but de ce plan est de développer les quartiers juifs de Jérusalem Est, "en construisant sur des terres qui appartiennent principalement aux Arabes" ce qui signifie que les Arabes seront expropriés pour pouvoir les construire. Le 10 juin, le journaliste de Haaretz, Don Futterman, a publié un article intitulé "Le Plan Directeur de Jérusalem : destruction" dans lequel il dit que ce plan projette de "déplacer le plus d’Arabes possible aux frontières de la municipalité ; de provoquer le surpeuplement (dans leurs secteurs) dans l’espoir (qu’ils) quitteront la ville de leur propre chef" sous l’incitation de "l’accélération des expulsions et des démolitions de maisons".
Le plan répond à la fois à la campagne des colons pour ("désarabiser") la Vieille Ville, et aux efforts du gouvernement pour faire en sorte que Jérusalem ne devienne jamais la capitale des Palestiniens... Cela marchera-t-il ? Avant de mourir, Edward Said a dit : "les Israéliens n’arriveront jamais à se débarrasser des Palestiniens. (Ils) partagent la terre qui (les) a réunis et (ils doivent la partager ensemble) sur des bases vraiment démocratiques avec des droits égaux pour tous les citoyens", Juifs, Arabes, Chrétiens et autres. Aucun Plan Directeur ne l’empêchera.
Et cependant le nouveau Plan d’Israël comporte le projet d’accélérer la démolition des maisons et l’appropriation des terres. L’Attorney Général Yehuda Weinstein a dit à la Haute Cour que le gouvernement projette d’appliquer la Loi des Absents de leur Propriété (ABL) qui permet à l’État de saisir les propriétés abandonnées. Des milliers d’hectares appartenant à des Arabes et qui valent des millions de dollars de terres sont en danger. Le journaliste d’Haaretz, Akiva Eldar a écrit : "L’État a l’intention de prendre le contrôle des propriétés de tous ceux qui sont partis vivre dans un "état ennemi" pendant la Guerre d’Indépendance (et qui sont à l’heure actuelle des réfugiés interdits de séjour) ainsi que d’installations de Jérusalem Est" qui appartiennent à des résidents de Cisjordanie et de Gaza.
Ces terres et propriétés (saisies NdT) seront utilisées pour développer les quartiers juifs en plus de ceux qui sont en cours de réalisation ou déjà planifiés, provoquant une protestation qui sera réprimée au moyen d’attaques et d’arrestations, comme récemment à Silwan où des protestataires ont été attaqués (par les forces publiques NdT) avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des grenades à percussion. Un Palestinien a perdu un œil. Une femme a fait une fausse couche à cause des gaz lacrymogènes et une autre après que sa maison ait été prise d’assaut. Cinq Palestiniens ont été arrêtés y compris un enfant de 12 ans. Le Docteur Mustafa Barghouti, secrétaire général d’Initiative Nationale Palestinienne, a accusé Israël de vouloir judaïser Jérusalem Est à l’aide de "bulldozers, de l’expansion des colonies, (et) en changeant la composition démographique de la ville pour favoriser" les Juifs au détriment des Arabes, le but final étant de rendre Jérusalem exclusivement juive par n’importe quel moyen.
Israël se comporte sauvagement, fait ce qui lui plaît sans aucun respect de la loi, ni des pressions internes ou internationales, ni des droits ou des besoins des Palestiniens autochtones qui sont systématiquement expulsés de Jérusalem pour permettre l’expansion juive. Comme dit un officiel palestinien il s’agit "d’éradiquer" l’identité arabe de Jérusalem Est en construisant des milliers de maisons et d’appartements réservés aux Juifs sur de la terre appartenant aux Arabes.
Ces derniers sont entassés dans des espaces toujours plus petits sur les 13% de la ville qui leur reste aujourd’hui, les 97% autres ayant été saisis en 1967 quand Jérusalem Est a été occupée. Ghassan Al-Khatib, un représentant de l’Autorité Palestinienne (PA) dit que c’est "plus que de la provocation. Ç’est en fait la décapitation du processus de paix. Il ne résistera pas au Plan en question pour développer la colonisation de Jérusalem." D’autres disent que c’est de l’incitation à la résistance et à la violence. Un plan détaillé récemment diffusé de l’expansion des quartiers juifs sur des terres appartenant à des Palestiniens le fait craindre surtout s’il s’avère que le programme de judaïsation de la ville se réalise dans sa totalité.
Le 20 juillet, Brian Ennis du Centre des Médias du Moyen Orient a écrit : "Les Palestiniens de Jérusalem Est se sentent abandonnés" devant "le spectre de l’augmentation des démolitions de maisons et de ’la judaïsation’ de Jérusalem Est" ; la communauté internationale ne fait rien pour empêcher cela ni pour aider les Arabes Israéliens [1] - qui sont les noirs et les Latinos (personnes originaires d’Amérique du Sud qui vivent aux USA, NdT) d’Israël et qui sont persécutés et privés de leur droits d’une manière aussi honteuse qu’illégale.
Les Arabes Israéliens dans le collimateur
Le 20 juillet, Harriet Sherwood a écrit dans le London Observer un article intitulé : "Le paradis de coexistence Arabe de Jaffa résiste à l’afflux des partisans israéliens de la manière forte" dans lequel elle dit : "Chaque pierre et chaque brin d’herbe" du quartier d’Ajami (de Jaffa NdT) au sud de Tel Aviv a fait l’objet d’amères contestations et a été "au centre d’une lutte qui touche aux questions sociales, économiques, nationalistes et légales et qui - quelle qu’en soit l’issue - conduira inévitablement à d’autres conflits".
Jusqu’à récemment c’était encore un des rares endroits d’Israël où les Juifs et les Arabes coexistaient depuis des dizaines d’années, même si ce n’était pas sans difficultés. Cependant la déstabilisation et les conflits menacent d’éclater si un projet de développement de 20 appartements est approuvé. La Haute Cour de Justice doit rendre incessamment son verdict sur un procès fait par l’Association pour les Droits Civils en Israël (ACRI) au motif que ce projet est discriminatoire à l’encontre des Arabes et des Juifs non religieux au profit des extrémistes sionistes qui veulent y créer "une communauté religieuse sans influences laïques ou non juives", une communauté fermée et exclusive.
L’historien Sami Abu Shehadeh dit que s’ils gagnent "le (quartier) sera coupé en deux (Juifs d’un côté Arabes de l’autre NdT). (Les gens qui) disent que Jaffa est un modèle de coexistence seront réduits au silence". La judaïsation détruira la coexistence et ce projet encouragera le développement de projets similaires en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Il dit également que le quartier entier est "un site de construction. Nous autres Arabes, nous sommes forcés de partir mais nous n’avons nulle part où aller. On ne nous accorde pas de permis de construire et les gens de Jaffa disent que 500 familles ont reçu des ordres d’éviction ou de démolitions. D’autres ont eu d’énormes amendes. L’avenir de toute la population arabe (de Jaffa NdT) est incertain comme celui d’autres Arabes israéliens qui sont rejetés, privés de droits et qui subissent de constantes pressions pour laisser la place aux Juifs."
Une autre méthode est cette proposition de loi exigeant qu’ils jurent loyauté à "un état juif et démocratique" surtout les Palestiniens [2] (25000 environ) qui épousent des citoyens israéliens (arabes NdT) puis demandent la nationalisation sur la base de la réunification des familles, cette dernière nécessitant déjà l’approbation du Ministère de l’Intérieur ce qui la rend impossible à obtenir pour la majorité.
Le 19 juillet, le journaliste Herb Keinon du Jérusalem Post a écrit que cette proposition de loi n’était pas encore passée, contrairement à ce qui avait été annoncé. Il a dit que c’était un moyen "de dissuader les Palestiniens de demander la nationalité". Le gouvernement a affirmé que cette mesure concernait seulement les "résidents illégaux" pas les Arabes Israéliens mais si les officiels du parti extrémiste Yisrael Beteinu y compris David Rotem, Président de la Knesset et Avigdor Liiberman, Ministres des Affaires Étrangères et Vice Premier Ministre, ont gain de cause, tous les Arabes Israéliens devront jurer fidélité à un "état juif, sioniste et démocratique", à ses symboles et ses valeurs et faire le service militaire ou un service équivalent pour obtenir la carte d’identité qui les fait citoyens et leur donne le droit de demeurer légalement dans le pays.
Conclusion
Les Palestiniens et les Arabes Israéliens ont raison de s’inquiéter. La journaliste d’Haaretz, Amira Hass en a encore apporté la preuve dans son article de 21 juillet intitulé "l’IDF (l’armée NdT) détruit un village de Cisjordanie après l’avoir déclaré zone militaire". Elle écrit que l’armée a démoli un village entier de la vallée du Jourdain après l’avoir déclaré zone militaire fermée, soit 55 installations, et 120 fermiers, ouvriers et leurs familles se sont retrouvés sans logement à Farasiya. Auparavant l’Administration Civile leur avait coupé l’eau et encore avant les militaires avaient détruit une canalisation que les résidents avaient construite pour l’irrigation et qui amenait l’eau d’un cours d’eau voisin.
L’année dernière ils ont reçu l’interdiction de se rattacher à des puits appartenant à Mekorot, la Compagnie Nationale des Eaux, les a forcés à utiliser de l’eau salée pour les besoins quotidiens et à acheter de l’eau minérale très chère pour boire, alors que la plupart n’en ont pas les moyens. Atef Abu, le photographe de B’Tselem est arrivé sur place après la démolition et a dit : "Il y avait au milieu des ruines des matelas, des tuyaux et des meubles cassés". Le 18 juillet, dix familles de Bardala (au nord de Farasiya) ont aussi reçu des ordres de démolition, un fermier qui a 300 moutons a été averti que "s’il ne quittait pas sa ferme dans les 24 heures son troupeau serait confisqué".
En Israël et dans tous les "Territoires" [3] des millions de Palestiniens sont en danger, leur vie et leurs moyens de subsistance sont menacés par le projet israélien de longue date de judaïser tout "Eretz Israël" (la terre d’Israël en Hébreu NdT), sans aucune considération pour les Arabes autochtones qui y vivent depuis des centaines d’années et qui ont des droits légaux sur leur maisons et leurs terres.
Il n’est pas étonnant que le journaliste d’Haaretz voit Israël "sombrer dans une atmosphère de nationalisme véhément, les ténèbres menaçant de tout recouvrir (comme le prouve) le déferlement actuel (et extrémiste) de brutalité et de vengeance". Selon Levy, les Palestiniens souffrent de ces émotions négatives et sont collectivement punis parce qu’ils sont musulmans sous domination juive - un impitoyable pouvoir raciste, sans foi ni loi. Pour Lévy cela montre "que nous avons perdu notre humanité et notre raison" et pour les historiens c’est un symptôme d’autodestruction.
Stephen Lendman vit à Chicago. On peut le contacter à : lendmanstephen@sbcglobal.net. Il tient aussi un blog et anime des émissions de radio sur RepublicBroadcasting.org de 11H du matin à 13H (heures USA). Tous les programmes sont archivés pour en faciliter l’écoute.
(Photo : Un palestinien assiste à l’arrachage de ses oliviers par des soldats israéliens pour laisser place à une route (AP Wide World/Nati Harnik, 1998) et dessin : Drapeau israélien par Large)
dissidencevoice.org Traduction D. Muselet legrandsoir.info

[1] ce mot désigne en Israël les Palestiniens qui ont la nationalité israélienne. Eux préfèreraient généralement être appelés Palestiniens Israéliens
[2] Ce mot en Israël fait toujours référence aux Palestiniens des territoires occupés
[3] Ce mot est utilisé en Israël pour désigner les territoires occupés
samedi 31 juillet 2010 / Altermonde-levillage

Partager