samedi, juillet 11, 2009

Riches et pas responsables !

En s’engageant sur un programme de 20 milliards de dollars destiné à lutter contre la famine en Afrique, le sommet du G8 a, sur un seul point, débouché sur une décision qui semble consensuelle.
Le montant sur lequel se sont engagés les pays les plus riches est d’un niveau satisfaisant, même si les experts estiment que les besoins nécessitent un effort encore plus substantiel.
La détérioration rapide des conditions climatiques, la progression démographique très soutenue - le continent passera de 900 millions d’habitants environ aujourd’hui à plus d’un milliard et demi en 2050 -, ainsi que les subventions occidentales à leur propre secteur agricole menacent directement des millions de personnes en Afrique. L’aide directe, dont une partie sera investie dans l’agriculture vivrière, compensera ainsi en partie les dégâts considérables infligés à la production africaine stérilisée partiellement par la concurrence des importations. Il s’agit donc incontestablement d’un pas vers la solidarité internationale de la part des pays les plus avancés. Un pas rendu nécessaire par la montée des périls liée aux conséquences de la crise mondiale et de la hausse des prix des produits alimentaires.
De fait, en agissant de la sorte, les pays les plus avancés reconnaissent aussi leur responsabilité en tant qu’acteurs décisifs d’une crise dont le prix sera payé le plus chèrement par les plus faibles. C’est également sur le terrain de la responsabilité des pays industrialisés que se situe le débat sur le réchauffement climatique et les mesures de réduction des gaz à effet de serre. Les plus grands - et les plus anciens - pollueurs souhaitent imposer des efforts aux pays émergents, sans s’engager eux-mêmes sur des objectifs chiffrés. La contribution de ces pays, à l’exception notable des BRIC, au réchauffement est marginale.
« Les investissements dans l’efficacité énergétique et dans les technologies propres doivent être multipliés par quatre pour maintenir l’augmentation moyenne de la température mondiale sous les 2°C », a indiqué l’AIE, estimant l’investissement nécessaire à « 400 milliards de dollars supplémentaires par an pendant les vingt prochaines années ».
L’impression générale qui se dégage est la volonté des Occidentaux de ne pas s’engager sur des dates précises et de maintenir en l’état le rapport inégal dans le domaine du réchauffement. L’attitude des pays riches est observée avec beaucoup de prudence, et une certaine causticité, par les pays du Sud. La position du G8 vis-à-vis des questions de sécurité alimentaire et de réchauffement ressemble beaucoup à celle qu’ils ont adoptée face à la crise économique. « C’est important d’accorder des moyens mais c’est encore plus important de tenir ses promesses », a déclaré le président mexicain, Felipe Calderon. Certains pays riches souhaitent « seulement que la crise se termine pour, au final, ne rien changer », a dit de son côté le dirigeant brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva.
Les vraies décisions sur le thème critique de l’environnement devront impérativement être prises dans des délais rapprochés et être entérinées par de nombreuses nations de la planète. A cette aune, malgré sa puissance économique et financière, le G8 n’est visiblement pas le forum adéquat.

11 juillet 2009 / Le Quotidien d’Oran - Editorial

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mardi, juillet 07, 2009

Mohammed VI, une décennie de règne

L’annonce, fin juillet 1999, du décès de Hassan II plonge le royaume du Maroc dans le deuil et l’inquiètude. Pour son successeur, son fils, Mohammed VI, la tâche s’annonce rude. 1999-2009, une décennie s’est écoulée. Mohammed VI a-t-il réussi comme il s’était engagé à le faire, à instaurer un véritable Etat de droit ? L’auteur livre, ici, aux lecteurs d’AGORAVOX l’introduction de cet ouvrage paru en juin 2009 aux Editions du Cygne.

Introduction
Mohammed VI dirige le royaume du Maroc depuis le 23 juillet 1999. Cela représente une décennie au faîte du pouvoir. Selon les points de vue, dix années de règne, c’est déjà beaucoup ou encore bien peu.
Dans un système politique où le chef de l’État est élu pour un mandat dont la durée est fixée par une loi fondamentale, cela correspond à un double quinquennat ; plus que quatre années et le double septennat sera atteint. George W. Bush a administré les Etats-Unis Unis pendant deux mandats successifs, demeurant ainsi huit années à la Maison-Blanche. William Clinton et Ronald Reagan sont également restés huit ans à la tête de la première puissance mondiale.
Les États-Unis ne constituent pas le seul exemple de démocratie occidentale où le chef de l’État, élu au suffrage universel, préside pendant de longues années aux destinées du pays.
Mohammed VI n’est pas un chef d’État comme les autres : c’est un roi. Son action et son rythme de réformes ne lui sont dictés ou imposés par aucun calendrier électoral. Il dirige à sa guise, selon son bon vouloir et à sa propre cadence.
Né en 1963, monté sur le trône à l’âge de trente-six ans, jeune roi, Mohammed VI a de belles années devant lui. Son règne n’en est qu’à son commencement ; sauf cas de force majeure, il devrait diriger le Maroc pendant encore de nombreuses années.
Élisabeth II détient la couronne britannique depuis 1952 et Juan Carlos Ierest roi d’Espagne depuis la mort de Franco, en 1975. Évaluées à l’aune des durées de règne de ces deux souverains, respectivement cinquante-sept et trente-quatre ans, les dix années de pouvoir de Mohammed VI paraissent bien courtes, presque insignifiantes. Toutefois, de par ses prérogatives, le monarque alaouite ne peut être comparé à ces deux souverains européens qui ne disposent que de rôles protocolaires et honorifiques. Bien qu’ils soient des chefs d’État, ni la reine d’Angleterre, ni le roi d’Espagne ne sont les dépositaires du pouvoir exécutif. Élisabeth II et Juan Carlos Ier règnent mais ne gouvernent pas. Leurs pouvoirs sont purement nominaux et leur autorité exclusivement symbolique. Dans ces deux royaumes, ce sont les Premiers ministres qui dirigent les affaires de la nation.
Le régime politique marocain est une monarchie constitutionnelle où le souverain régnant jouit d’un pouvoir absolu. En vertu de l’article 24 de la constitution, « le Roi nomme le Premier ministre et sur proposition [de ce dernier], il nomme [également] les autres membres du gouvernement [et] peut mettre fin à leurs fonctions. » « Le gouvernement est [d’abord] responsable devant le Roi », avant de l’être devant le Parlement (article 60) ; la justice est rendue et les jugements exécutés en son nom (article 83).
Un élément essentiel contribue à faire de Mohammed VI un monarque à part. Le souverain alaouite ne détient pas son titre de roi et ne jouit pas du pouvoir temporel uniquement à la faveur d’évènements historiques et politiques. Son autorité se fonde d’abord sur une légitimité religieuse qui fait de lui un monarque d’origine divine. En effet, selon les historiographes, les souverains alaouites sont des descendants du Prophète. Grâce à cette lignée, le roi du Maroc porte le titre d’Amir Al Mouminine, le Commandeur des croyants. Mohammed VI est ainsi à la fois le roi des Marocains et le chef de la communauté des musulmans. En tant que responsable suprême de la nation, il dispose du pouvoir temporel ; en tant que Commandeur des croyants, il détient également le pouvoir spirituel.
En dotant, en 1962, le Maroc de la première constitution de son histoire, Hassan II, (1961-1999), a veillé à conserver cette double nature de son rôle de souverain et à lui conférer une légitimité juridique. Depuis, le roi du Maroc porte constitutionnellement le titre d’Amir Al Mouminine et il est le « garant de la pérennité et de la continuité de l’État [et] veille au respect de l’islam et de la constitution » (article 19). Aussi bien, et dès lors qu’il est le descendant du Prophète, le fondateur de l’islam, la religion de l’État et que la constitution le considère comme le protecteur des préceptes énoncés et décrétés sacrés par son ancêtre, il n’est guère surprenant que la personne du Roi soit « inviolable et sacrée » (article 23).
En 2009, Mohammed VI demeure un monarque absolu. Dès lors, il nous a semblé, au moment où le Maroc s’apprête à célébrer, avec le faste habituel, les dix années de règne de son souverain, opportun, voire nécessaire, d’apporter un éclairage particulier sur cette première décennie de pouvoir de Mohammed VI.
Le décès de Hassan II et l’intronisation de son fils aîné ont soulevé de nombreuses interrogations.
La monarchie alaouite allait-elle survivre au défunt monarque ? Quel allait être l’avenir du Maroc sans Hassan II, un chef d’État mondialement connu, reconnu, respecté et qui a dirigé le pays pendant plus de trente-huit années ? Comment allait se dérouler la succession ? Le nouveau et jeune monarque, tenu éloigné du pouvoir par son défunt père, allait-il se montrer à la hauteur de l’immense tâche qui l’attendait ?
Comme dans pareil cas, les avis divergeaient. Certains n’hésitaient pas à pronostiquer que Mohammed VI serait le dernier roi du Maroc. D’autres, au contraire, prétendaient que le nouveau souverain engagerait immanquablement le pays sur la voie de l’établissement d’un véritable État de droit qui respecterait les libertés fondamentales, rompant avec les méthodes dictatoriales et sanglantes qui caractérisaient le régime de son père. Les plus optimistes tenaient pour acquise l’instauration prochaine d’une meilleure justice sociale. Ils affirmaient que Mohammed VI, surnommé « le roi des pauvres » par les médias, allait assurer une redistribution plus équitable des richesses. Enthousiastes, ils annonçaient la fin prochaine et certaine du règne de la corruption, du clientélisme et des enrichissements illicites.
Dès les premières heures de son règne, conscient des attentes, Mohammed VI multiplie les gestes forts, autant de signes de rupture avec les méthodes de son prédécesseur. Dans son premier discours du trône prononcé le 30 juillet 1999, il déclare : « Nous sommes extrêmement attachés à la monarchie constitutionnelle, au multipartisme, au libéralisme économique, à la politique de régionalisation et décentralisation, à l’édification de l’État de droit, à la sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés individuelles et collectives, et au maintien de la sécurité et la stabilité pour tous. »
Les paroles sont rapidement suivies par des actes. Des proches de Mohammed VI négocient avec Abraham Serfaty, en exil en France depuis 1991.
Le 30 septembre, deux mois après l’intronisation du nouveau roi, le célèbre opposant retourne s’installer au Maroc. Un mois plus tard, le 9 novembre, Driss Basri, homme lige de Hassan II, indéboulonnable « flic numéro un du royaume », est démis de ses fonctions de ministre de l’Intérieur et écarté du pouvoir. À la fin de ce même mois de novembre 1999, la famille de Mehdi Ben Barka revient pour la première fois au Maroc depuis l’enlèvement et la disparition de l’opposant politique à Paris, le 29 octobre 1965.
Au niveau économique et social, la politique de privatisations et de libéralisation, initiée dès le début des années 1990 par Hassan II est poursuivie et même accélérée.
Les capitaux obtenus grâce aux opérations de privatisation sont davantage consacrés à la relance de l’investissement public, défaillant au royaume depuis des décennies.
Dix ans plus tard, où en est le Maroc ?
Le pays jouit plus que jamais d’une excellente image à l’étranger. Le royaume joue de ses atouts pour attirer toujours plus de touristes et d’investisseurs étrangers qui affluent déjà en nombre, assurément sous le charme. En Europe, et en France plus particulièrement – passé commun oblige –, il est impossible de parler du Maroc sans tomber dans les clichés et les raccourcis faciles. L’évocation du royaume chérifien renvoie de façon systématique à certaines images : un taux d’ensoleillement exceptionnel, de belles plages, les cités impériales, Marrakech et sa place Jamaa El F’na, Fès et sa musique sacrée, la gastronomie, les souks, les maisons à patio, les treks dans le désert, les montagnes et les vallées de l’Atlas, etc. Forts de leurs dollars ou euros, de plus en plus de retraités occidentaux, attirés par la qualité de vie que leur offre le royaume, s’y installent. Pour eux, le Maroc est définitivement un pays de cocagne. Les entrepreneurs et les investisseurs étrangers sont, quant à eux, séduits par les bas salaires, les faibles coûts de production et la stabilité du régime.
Depuis qu’il est au pouvoir, Mohammed VI a endossé le rôle du jeune monarque démocrate, moderne, sportif, vivant avec son temps et n’hésitant pas à « bousculer » le protocole. Fait nouveau, les portraits de Lalla Selma, l’épouse du roi, s’affichent dans les magazines. Elle accompagne le souverain dans certains de ses déplacements officiels et a pris une place inexistante jusqu’à lors dans le protocole. Avant l’intronisation de Mohammed VI, l’épouse officielle du roi n’apparaissait pas en public. Le nouveau souverain est ainsi considéré comme un réformateur, qualificatif qui, de prime abord, ne semble pas usurpé. N’est-ce pas sur décision et instruction royales que la Moudawana, le code de la famille, a été modifiée pour accorder de nouveaux droits aux femmes et consacrer davantage d’égalité entre l’époux et l’épouse au sein du couple ?
En 1999, le changement de monarque a provoqué autant de doutes qu’il a suscité d’espoirs.
Dix ans après, le Maroc a-t-il entamé, sous l’impulsion de son nouveau roi, cette transition démocratique maintes fois annoncée, tant espérée mais jamais réalisée ? Le royaume a-t-il enfin réussi son décollage économique ? Les citoyens marocains vivent-ils désormais dans un État de droit où les libertés fondamentales sont enfin respectées ? Au début de ce troisième millénaire, quelle place occupe le Maroc dans le concert des nations et le « village mondial » ? Quel rôle y joue-t-il ? À ces questions et à bien d’autres, cet ouvrage tente d’apporter des réponses.

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Iran : une autre lecture

Sans écarter ni minimiser de telles critiques, il est important de garder à l’esprit que ces gens ne représentent pas la majorité de la jeunesse mais plutôt la majorité de la jeunesse d’une classe déterminée.
L’Iran n’est pas un système socialiste : il y existe de nettes différences de classes, ainsi que de forts recoupements entre richesse et pouvoir, entre pouvoir et position dans la hiérarchie cléricale, écrit Azmi Bishara.

L’Iran n’a pas simplement un système de gouvernement autoritaire, mais aussi totalitaire. Il est puissant, hautement centralisé, avec des systèmes sophistiqués de maîtrise et d’administration, et il met en pratique une idéologie qui prétend avoir réponse à tout et cherche à pénétrer tous les domaines de la vie. Au lieu de s’appuyer sur un parti politique et des organisations de jeunesse, il se repose sur des organisations de masse, tels que le Basij, qui allient sécurité et idéologie et même profite de vastes secteurs de la population. Ce système compte aussi sur un réseau étendu et bien organisé de mollahs, sur un organisme de sécurité politisé et sur la Garde révolutionnaire. Cependant, il diffère des autres systèmes totalitaires de deux manières distinctes.
différences avec les autres systèmes totalitaires
Tout d’abord, aucun autre système totalitaire n’a incorporé un tel niveau de compétition démocratique, codifiée constitutionnellement, dans l’ordre dominant et son idéologie. La compétition politique est systématisée sous la forme d’élections qui se tiennent régulièrement, et dans lesquelles les concurrents font le choix de programmes différents mais dans le cadre de règles du jeu acceptées, tout comme les partis politiques dans le système capitaliste. La différence entre les Démocrates et les Républicains aux Etats-Unis n’est pas plus grande que celle existant entre les réformistes et les conservateurs en Iran. Naturellement, ces tendances en Iran ne représentent pas vraiment des partis politiques, mais pas plus que les Républicains et les Démocrates, du moins pas au sens conventionnel européen. Elles ont davantage la nature de ligues électorales.
La seconde différence entre le totalitarisme iranien et celui des autres systèmes totalitaires réside dans le fait que l’idéologie officielle - qui imprègne les institutions de gouvernement, la sphère publique et les systèmes d’éducation comme des autres formations, en tant que premier structurant de l’identité et de la conduite morale et éthique -, cette idéologie officielle est une vraie religion acceptée par la grande majorité du peuple. Il ne s’agit pas d’un athéisme ou d’une religion laïque, tel qu’adopté officiellement dans les systèmes communistes ou fascistes, et auquel ne croyait qu’une clique d’apparatchiks dont la conviction s’est transformée rapidement en une sorte d’intérêts acquis et fut rarement transmise à leurs descendants. En Iran, la doctrine religieuse est l’idéologie d’Etat, la hiérarchie cléricale définit et ancre la hiérarchie de l’Etat, et les échelons inférieurs du clergé sont les intermédiaires entre le peuple et l’idéologie régnante.
Ce sont ces distinctions importantes qui donnent au système iranien un dynamisme et une vitalité qui n’existaient pas dans les systèmes communistes ou fascistes d’Europe, même si ce système iranien a surgi d’une société « orientale » technologiquement moins évoluée que les sociétés européennes, et s’est regroupé hors du contexte du modernisme et de la modernisation de l’Europe que les autres systèmes ont exploités.
Le parti régnant en Chine, même à son stade plus ouvert et plus souple, autorise bien moins de diversité politique qu’en Iran, tant sous la forme de rivalités politiques systématisées que de critiques éventuellement violentes à l’égard du régime, de son président et de son gouvernement. Dans l’ancienne Union soviétique aussi comme dans d’autres systèmes totalitaires, la tolérance de la diversité politique était inconnue.
Regardons l’Iran sous l’angle de son degré de compétition démocratique, de sa tolérance de la critique et de ses changements d’autorité dans la non violence et le respect des règles établies, on constate alors qu’il est beaucoup plus proche des démocraties pluralistes d’Occident que d’un régime dictatorial. Mais le fait qu’il impose une idéologie qui recouvre tout et qu’il tente de l’utiliser pour contrôler tous les aspects de la vie publique et personnelle le met radicalement à l’écart des sociétés occidentales où la vie personnelle des individus est réglementée via l’intrusion tant des mécanismes du marché dans le domaine individuel privé que des médias dans la vie familiale. Il existe également une idéologie imposée aux Etats-Unis, qu’on appelle souvent le « mode de vie américain », mais elle laisse une grande latitude à la sphère privée et aux libertés individuelles, notamment à la liberté religieuse, même si elle pèse fortement dans ce domaine grâce aux mécanismes de la consommation et aux médias qui parfois s’en prennent à la liberté individuelle.
Il n’est pas utile d’aborder ici la question des libertés individuelles ou démocratiques dans les régimes autoritaires arabes, des systèmes dynastiques et clientélistes incapables de produire un ordre, qu’il soit totalitaire ou démocratique ; sauf à noter tout de même cette jubilation malveillante que certains Arabes ont affiché en réaction aux évènements en Iran, alors qu’ils feraient mieux d’observer ce qui se passe dans leur propre pays ce qui, on aurait pu le penser, aurait dû leur paraître plus important.
La jeunesse d’une classe déterminée
Le soulèvement réformiste a surgi de la structure de l’establishment iranien comme des règles et principes reconnus de la République islamique. Les critiques adressées au régime par une grande partie de la jeunesse qui a rejoint les réformistes, spécialement la jeunesse de la classe moyenne qui est plus en contact avec le reste du monde, ces critiques nous rappellent les griefs exprimés par les jeunesses des pays d’Europe de l’Est qui estimaient que leur régime les privait de leurs libertés individuelles et personnelles, de la liberté de choisir leur mode de vie et de consommer à l’occidentale. Naturellement et comme d’habitude, certains de ces griefs sont sincères, d’autres ont été propagés par les médias occidentaux et certains proviennent d’un mécontentement général et d’une recherche d’une nouvelle signification à leurs modes d’expression politique.
Sans écarter ni minimiser de telles critiques, il est important de garder à l’esprit que ces gens ne représentent pas la majorité de la jeunesse mais plutôt la majorité de la jeunesse d’une classe déterminée. L’Iran n’est pas un système socialiste : il y existe de nettes différences de classes, ainsi que de forts recoupements entre richesse et pouvoir, entre pouvoir et position dans la hiérarchie cléricale, et entre richesse et position dans la hiérarchie cléricale (avec des cas de concentration du pouvoir, d’une position et de la richesse dans une et même personne). Différer les recoupements oeuvre à créer une diversité de tendances et d’états d’esprit politiques et intellectuels. La plus grande partie de la jeunesse des couches pauvres de la société soutient Ahmadinejad, tout comme les pauvres soutiennent Chavez au Venezuela. Rappelons-nous que voter Ahmadinejad en 2005 fut un vote de protestation - surtout de la part des jeunes - contre les conservateurs corrompus, pas seulement contre les réformistes. Rappelons-nous aussi, que certains réformistes sont des gens de principe qui luttent pour leur croyance, qu’ils aient participé à la révolution ou non, tandis que d’autres dans le camp réformiste associent la défense de leurs libertés à la défense de la corruption. (Le monde arabe regorge de gens qui combinent défense des privilèges économiques et défense des libertés civiles. Ils forment la classe des néo-libéraux qui se distingue pour n’être ni libérale ni démocratique).
L’état d’esprit de ceux qui estiment que leurs votes pèsent plus, qualitativement, que ceux quantitativement plus nombreux des pauvres, et qui croient en fait représenter la majorité parce qu’ils sont majoritaires dans leurs quartiers même s’ils sont minoritaires dans le pays, cet état d’esprit a un caractère arrogant, de classe. De toute évidence, cet état d’esprit ne reflète pas une attitude démocratique car, aussi sincèrement de gauche qu’il pourrait paraître, son altruisme disparaît sous un élitisme latent. Nous avons rencontré cet état d’esprit à diverses occasions.
Par leur sympathie en faveur d’une jeunesse engagée dans une politique de protestation, certains intellectuels (dont moi-même, au moins) sont devenus plus souples dans leur engagement envers la jeunesse. Il y a plusieurs années, dans une certaine capitale arabe, des dizaines de milliers de jeunes gens sont descendus dans la rue, scandant des slogans pour la démocratie et contre le sectarisme, au point que des gurus intellectuels les ont amenés à acclamer des dirigeants de milice, des chefs sectaires et des criminels de guerre comme si ceux-ci étaient des héros culturels, au prétexte qu’ils étaient « avec nous » et « contre eux ». Bientôt les gosses ont été emportés dans des débordements racistes contre d’autres sectes - alors que tous avaient un mouvement de recul devant leur propre façon de penser sectaire - et cela en dépit de leurs jeans, de leurs longs cheveux, de leurs serre-tête, et de tous ces attributs de progressistes à l’esprit ouvert qui ont attiré les journaux dirigés par des éditeurs vieux jeu, nostalgiques de leurs propres journées d’activisme d’étudiant. L’intellectuel doit conserver une distance critique quand il est appelé à exercer son devoir envers les jeunes, à les encourager vers des perspectives libératrices critiques et à ouvrir les yeux sur les préjugés, les mythes, les illusions et autres pièges réactionnaires.
Ahmadinejad : moins un représentant des conservateurs que leur opposant au sein de leur establishment
Si vous voulez critiquer le système électoral en Iran, vous devriez jeter un coup d’œil du côté du Conseil des gardiens et des nombreuses conditions auxquelles les candidats doivent répondre pour garantir leur engagement aux principes de la République islamique. Vous devriez aussi prendre en compte les amendements constitutionnels de 1989 qui ont supprimé le poste de Premier ministre et attribué ses pouvoirs au président, rien que pour transférer ensuite les pouvoirs présidentiels au guide suprême, lequel ainsi combine les pouvoirs temporels avec le spirituel et l’autorité judiciaire, une métamorphose du concept de gouvernement clérical. Aujourd’hui, cette question est sous la loupe des critiques, et elle mérite d’être critiquée. Mais là n’est pas l’origine des candidats. Tous les partis, les dirigeants et les forces politiques qui se sont engagés dans les élections ont accepté, ou prétendu accepter, les règles du jeu. Et il est ridicule de passer de la critique des règles du jeu à l’affirmation que les dernières élections auraient été truquées, contrairement aux neuf élections résidentielles précédentes.
Depuis les élections de 2005, le mouvement réformiste iranien s’est affaibli et fragmenté, il ne s’est pas renforcé. Les résultats qu’il a obtenus ont constitué une surprise pour ceux qui connaissent l’Iran. Comment a-t-il pu renaître de ses cendres avec tant de force après sa désintégration à l’époque de Khatami et la répression qui a suivi contre ce qu’il en restait, dans les universités et ailleurs ? Certes, les récentes élections l’ont mis en vedette, pas comme autrefois mais plutôt comme un allié d’un large spectre de conservateurs. Les espérances pour une tendance réformiste puissante ne se fondaient pas sur des sondages de l’opinion publique, elles avaient été créées par l’Occident et les médias non occidentaux opposés à Ahmadinejad, lequel avait irrité tant de plumes dans ses conférences internationales et les salons diplomatiques. La rhétorique populiste d’Ahmadinejad a été une aubaine pour les politiques occidentales racistes envers les Arabes, les musulmans et les Orientaux en général. Son certificat de disculpation accordé à l’Europe pour l’Holocauste fut catastrophique quel que soit le sens où on l’entend. Mais Ahmadinejad a aussi choqué l’Occident par un ensemble de principes justes qui remettent en cause l’héritage colonialiste et dont on parle rarement aujourd’hui, alors que tout le monde a été dressé aux axiomes de l’arrogance raciste occidentale.
Ahmadinejad est moins un représentant des conservateurs iraniens que leur opposant au sein même de leur propre institution. Il s’est rebellé contre eux, y compris contre le clergé corrompu, utilisant les principes de la Révolution islamique comme des armes. C’est un conservateur de la veine fondamentaliste et il veut redonner à la révolution toute la vigueur et le brillant de sa jeunesse. Il a probablement rappelé à Mousavi sa propre jeunesse. C’est pourquoi sa rhétorique populiste est plus puissante que celle des réformistes. Il rappelle Khomeini et son austérité personnelle sensibilise la masse importante de pauvres. Il distribue les revenus pétroliers entre les pauvres et il les aide compensant ainsi l’échec de sa politique économique, et sa probité personnelle compense elle aussi le fait qu’il n’arrive pas à combattre sérieusement la corruption. Sa politique étrangère a réussi à raviver la fierté nationale en faisant de l’Iran un acteur central dans l’arène internationale, alors que le poids international de l’Iran avait fait un plongeon quand Khatami (un authentique réformateur) était devenu plus conciliant avec l’Occident.
Il n’y avait aucun partisan d’un quelconque régime arabe ou mouvement fondamentaliste du monde arabe parmi les manifestants descendus dans la rue à Téhéran. Par conséquent, l’émotion qui a pu submerger certains de nos frères arabes a moins à voir avec l’idéologie politique qu’avec une sorte de jubilation malveillante.
Les alternatives envisageables pour l’Iran
Ces alternatives sont :
Une élite corrompue financièrement dominante incarnée par Rafsanjani, une élite plus pragmatique sur les questions internationales et qu’Ahmadinejad a combattue aux dernières élections.
Une alliance conservateurs/réformistes dans le cadre d’une institution dominante, où les conservateurs corrompus s’appuieraient sur des personnalités comme Mousavi et Khatami pour retrouver une popularité et affaiblir l’emprise du guide suprême.
Cette alliance serait plus pragmatique dans ses relations avec l’étranger, elle irait vers un dialogue avec la nouvelle administration US et s’engagerait dans un accord avec l’Occident en échange d’une reconnaissance internationale de la République islamique et de son rôle régional. (Incidemment, pour les besoins de l’alliance, les conservateurs pourraient concéder certaines des exigences réformistes, mais comme il est de règle dans les flots tumultueux des périodes de transition dans les ordres révolutionnaires, cette alternative s’avèrerait n’être qu’une phase éphémère après que les réformistes aient perdu, une fois encore, l’initiative).
La troisième alternative, je l’appellerais, pour user d’une métaphore, l’ « Occidentale ». C’est le renversement de l’ordre lui-même, sur le modèle de ce qui s’est passé en Europe de l’Est et pour lequel prie une grande partie de l’opposition illégale, à l’intérieur de l’Iran et à l’étranger. Aux jeunes hommes et jeunes femmes aisés de Téhéran nord, cette alternative a été présentée comme porteuse de droits civils libéraux, d’un mode de vie consumériste, de liberté dans la façon d’agir et de se vêtir, et d’autres idées encore qui attirent les jeunes, comme elles ont attiré les fils et les filles des apparatchiks de Russie et d’Europe de l’Est. La majorité des classes moyennes et supérieures a moins voté pour Mousavi que contre Ahmadinejad. Cependant, en Iran, avant cette troisième alternative, il faudra d’abord passer par la seconde. A la différence des régimes communistes, le régime en Iran ne s’effondrera pas d’un seul coup.
Le régime iranien survivra à la crise actuelle, en utilisant les instruments mentionnés précédemment. Cependant, il lui faudra aborder une importante question. Tirera-t-il les leçons de cette expérience, sortira-t-il les bannières de la réforme hors de la corruption, s’alliera-t-il avec la gauche réformiste contre la droite pseudo réformiste ? Ou s’appuiera-t-il uniquement sur la répression, donnant ainsi des raisons à l’ingérence occidentale ? Cette dernière option mène tout droit à un avenir, et peut-être à des troubles, plus intense et tragique. Azmi Bishara est issu d’une famille chrétienne palestinienne. Il devient membre de la Knesset en 1996, et est l’un des membres fondateurs du parti Balad. Il défend l’option d’un « État de tous les citoyens » et la laïcité par opposition au concept d’« État juif » et critique dans cette optique l’idéologie sioniste d’Israël.

* Azmi Bishara publie également des ouvrages en langues arabe, anglaise, allemande et hébraïque, sur les sujets de la démocratie et de la société civile, sur les droits des minorités nationales en Israël, sur l’islam et la démocratie et sur la question palestinienne, au sein de la société israélienne, dans les Territoires occupés et dans les autres États.

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dimanche, juillet 05, 2009

Solidarité avec la lutte des réfugiés au Maroc

Les citoyens et citoyennes africainEs, jeunes et moins jeunes, fuient la misère, le despotisme. C'est la ruée vers "l'eldorado" européen. La plupart sait que cet "eldorado" n'est que mirage, mais l'Europe reste pour les travailleurs un enfer moins "brûlant" que l'enfer national.

Les chefs d'Etat africains, les hauts fonctionnaires, les généraux, les campradors et autres seigneurs locaux se sont accaparés les richesses nationales. On est jamais mieux servi que par soi même!. La misère, la famine, l'analphabétisme...restent le lot des peuples africains.
Les réseaux mafiosistes à "mains longues" exploitent ce désir irrésistible de claquer la porte de "la patrie", pour se faire, sans scrupule aucun, du pognon.
Nos frères subsahariens traversent des milliers de km à pied. Les cadavres de beaucoup d'entre eux servent de repas pour les vautours et autres charognards du désert. Ceux et celles qui arrivent par miracle au Maroc, doivent graisser les pattes, payer des passeurs...les plus chanceux s'embarquent vers l'autre rive de la Méditerranée avec moins de 50% de chance d'y arriver, et une probabilité de plus de 50% de laisser leur vie au fond de la mer. Ne parlons pas du calvaire que vivent les miraculeux et les miraculeuses chez Sarkozy et ses semblables.
Le Maroc pays d'hospitalité ! mon oeil !
le peuple marocain comme tous les autres peuples sont certes hospitaliers, avec toute la relativité qu'exigent les sciences sociales.
Mais l'Etat marocain et l'hospitalité font deux. C'est comme deux droites parallèles.
Nos frères africains n'ont droit (comme leurs frères marocains) qu'à la bastonnade makhzanienne.

Cela fait maintenant plus de 4 ans que le Haut Commissariat aux Réfugiés a ouvert un nouveau bureau à Rabat, répondant avec empressement et dans la précipitation aux sollicitations des Etats européens, soucieux d´éloigner les demandeurs d´asile, provenant en particulier de l´Afrique subsaharienne, de leurs frontières.
Ayant dû lui-même attendre plusieurs années avant que le Maroc n´avalise officiellement sa présence au Maroc, le HCR n´avait aucune garantie préalable de la coopération du gouvernment marocain pour rendre le statut de réfugié qu´il allait délivrer opérationnel dans la vie quotidienne des réfugiés au Maroc.
En effet, malgré le fait que le Maroc soit signataire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, il refuse de valider la carte délivrée par le HCR et de reconnaître à ceux qui sont en sa possession les droits y afférants, notamment en matière de séjour, de travail, d´accès aux services publics, de liberté de circulation.
Après tant d´années d´attente dans la précarité la plus absolue et l´incertitude des lendemains, les réfugiés provenant d´un certain nombre de pays africains (Côte d´Ivoire, Congo, Rwanda, etc.) désespérant de voir reconnaître leurs droits et évoluer leur situation, ont organisé un sit-in permanent devant le siège du HCR afin d´obtenir leur réinstallation dans des pays respectueux du statut de réfugiés et des droits y afférents.
Dispersés par la force par différents corps de répression dans la nuit du 27 juin 2009, après une semaine de sit in continu, la seule promesse qu´ils ont finalement obtenue est celle de l´ouverture de négociations avec le responsable du bureau marocain du HCR, Mr Johannes Van der Klauw, à partir du 2 juillet prochain.
Nous, organisations membres du Réseau euro-africain sur les migrations, ayant soutenus les réfugiés et demandeurs d´asile tout au long de ces dernières années,
exprimons notre compréhension de leur désespoir
condamnons les violences dont ils ont été victimes de la part de forces de l´ordre
demandons que la HCR prenne toutes ses responsabilité s et assure sa mission qui est de protéger les réfugiés et de leur offrir la garantie d´une vie sûre et décente
déclarons notre entière solidarité avec leur mouvement et leurs revendications et les assurons de toute notre vigilance afin que leur soient reconnus l´ensemble de leurs droits.
réclamons l´octroi systématique à tous les réfugiés statutaires d´une complète liberté de circulation et d´installation et d´une protection à travers le monde.
Après la bastonnade musclée qu'ont subie les réfugiés le jeudi vers midi à l'issue d'une première session de négociations qui n'a pour l'instant abouti à aucun accord,- quatre personnes au moins ont été transportées aux urgences en début d'après-midi (dont la dame enceinte qui avait déjà été frappée vendredi dernier). Il semblerait que l'une d'entre elle soit dans un état critique.Deux d'entre elles, que j'ai vues, avaient des blessures à la tête et diverses contusions. Ceux-là ont pu regagner leur domicile;- il y a 6 Réfugiés qui ont été arrêtées, ils sont dans un commissariat du quartier Hassan.
PV réunion du Comité de suivi du Manifeste auro-africain sur les migrations.
Tenue à Rabat, le vendredi 3 juillet au local d'Attac.
Après un retour sur les évènements du 2 juillet, constat est fait
- du recours de plus en plus systématique aux forces de police pour intervenir dans le dossier réfugiés/ HCR
- de la violence des matraquages qui vont au-delà d'une simple opération visant à disperser des manifestants et de la fréquence des coups sur la tête lors de ces matraquages
- de l'intervention de la police dans le périmètre réservé de l'Ambassade des Etats-Unis ce qui pourrait constituer soit une violation de l'extra-territorialité de l'Ambassade soit une réponse à un appel de cette même Ambassade à faire évacuer ses abords. Dans les deux cas, on note que rien n'a été entrepris par cette Ambassade pour protéger les réfugiés des exactions policières
- 30 heures après les faits, au moins 3 personnes sont encore détenues.
Perspectives de travail
1- La première priorité nous semble de localiser les personnes détenues et d'en obtenir la libération. Il semblerait qu'elles se trouvent dans un commissariat situé non loin de l'ancien siège du HCR. Nous proposons donc qu'un groupe de personnes se retrouve à 15h30 devant l'école Camus (rue de Fès) pour constituer une délégation qui se rende dans le commissariat le plus proche. La présence de tous ceux qui le peuvent est souhaitée.
2- Proposition est faite de rédiger une lettre ouverte d'interpellation du Responsable du bureau du HCR à Rabat afin de lui rappeler que sa mission est de protéger les réfugiés et non de les faire matraquer, envoyer dans les commissariats ou à l'hôpital. Un premier projet vous sera envoyé dès que possible
3- Rester en contact avec le Rassemblement de tous les réfugiés au Maroc qui décidera des modalités de poursuite de leur mouvement et nous mobiliser pour accompagner leur mouvement

Afin d'appuyer leurs revendications et montrer qu'ils ne sont pas isolés
Ali Fkir (4 juillet 2009 / Envoi groupé n° 3875 PresseMaroc /
http://basta.20six.fr/basta/art/169087911/
La marine israélienne a kidnappé son équipage de 21 personnes, en provenance de 11 pays, notamment l’ancienne membre du congrès étasunien, Cynthia McKinney et Mairead MaGuire, prix Nobel. Elle a également confisqué les fournitures médicales, les oliviers, les matériaux de construction et les jouets d’enfants acheminés vers la côte méditerranéenne de Gaza. Le « Spirit of Humanity » est remorqué vers Israël en ce moment même.
On a décrit Gaza comme « le plus grand camp de concentration du monde ». Un million et demi de Palestiniens y ont été poussés par la force, au moyen des armes israéliennes fournies par les USA, après avoir été expulsés de leur maison, de leur ferme et de leur village pour qu’Israël puisse voler leurs terres pour le compte des colons israéliens.

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