samedi, juin 26, 2010

Mavi Marmara, et après


Le siège de Gaza est plus insupportable et plus difficile à gérer que Tel Aviv ne l’avait prévu, après le meurtre d’internationaux, militants de la paix, qui essayaient de mettre un terme aux 3 ans de blocus de la bande de Gaza.
En tuant un nombre indéterminé de militants internationaux dans les eaux internationales, Tel Aviv a provoqué de graves tensions diplomatiques sur de nombreux fronts. Tel Aviv est maintenant pris dans des confrontations à la fois politiques et diplomatiques avec 37 pays.
663 militants internationaux originaires de ces pays se trouvaient à bord de la flottille de 6 navires qui faisait route en Méditerranée, et se dirigeait vers Gaza en apportant du matériel humanitaire, quand elle a été attaquée par les commandos d’élite israéliens aux premières heures du 31 Mai.
A l’heure de la mise sous presse d’Al-Ahram Weekly mercredi, Israël n’avait toujours pas communiqué le nombre de militants tués sur le plus gros navire de la flottille, le navire turc Mavi Marmara. Les rapports des témoins suggèrent que ce nombre pourrait aller jusqu’à 19. Il semble que la majorité des morts soient citoyens Turcs. La flottille à destination de Gaza transportait 10.000 tonnes de matériel médical et de nourriture.
Par cette attaque, qui a eu lieu à 65km de Gaza, dans les eaux internationales , Israël viole un certain nombre de lois internationales. D’après Ali El Ghateet, professeur égyptien de droit international , en attaquant un navire en haute mer Israël a commis un crime international. En tant que puissance occupante Israël viole aussi les lois humanitaires internationales qui prévoient que l’occupant est responsable du transport et de la délivrance de l’aide humanitaire et du ravitaillement au peuple occupé.
Les commandos israéliens - ainsi que leurs supérieurs dans la chaîne de commandement - qui ont envahi le navire, blessé et tué ses passagers, en ont enlevé d’autres et obligé la flottille à se rendre dans le port d’ Ashdod, relèvent officiellement de la juridiction turque : en effet la scène du crime - le Mavi Marmara - en tant que navire turc, est partie intégrante du territoire turc. Craig Murray, ancien ambassadeur et chercheur à la faculté de droit de Lancaster interprète l’attaque comme un « acte de guerre illégal. »
« Israël se positionne comme étant en guerre avec la Turquie et cet acte est pour la juridiction internationale, un crime de guerre » analyse Murray sur son site mardi.
Ce que seront les prochaines actions, légales, politiques ou diplomatiques que prendra la Turquie, au-delà du rappel de son ambassadeur, ne sont pas claires. Le premier ministre turc a qualifié l’attaque de « crime odieux » Le ministre des affaires étrangères est allé plus loin. Mardi, à New York, il a appelé la communauté internationale à « mettre un terme » aux violations de la loi et de la légitimité internationales commises par Israël.
Au moment où le Weekly était mis sous presse, le Comité national de sécurité turc allait se réunir, sur fond d’indignation populaire et d’énormes manifestations anti-israéliennes.
Mercredi les juristes turcs ont appelé le gouvernement à revoir ses liens politiques, militaires et économiques avec Israël. Dans une déclaration approuvée à main levée, ils ont aussi réclamé qu’Israël fasse des excuses officielles pour l’attaque, indemnise les victimes et traduise en justice les responsables de l’attaque.
La Turquie, membre de l’OTAN , et jusque récemment , l’un des meilleurs alliés d’Israël dans la région, est devenue de plus en plus critique à l’égard de son allié. L’attitude d’Ankara envers Israël à la suit e du massacre va certainement avoir un impact sur toute la région, avec déjà des répercussions imprévues. Dès Mardi le parlement koweiti a poussé le gouvernement à se retirer de l’initiative de paix Arabe de 2002, à laquelle Israël n’a toujours pas répondu. Le jour suivant , en réponse à l’attaque, le Nicaragua a suspendu ses relations diplomatiques avec Tel Aviv.
Le massacre a attiré l’attention internationale sur la situation misérable de la Bande de Gaza, sous blocus israélien depuis Juin 2007. La guerre menée pendant 22 jours sur ce territoire en Décembre 2008, qui a causé la mort de 1400 palestiniens, en a estropié et blessé des milliers d’autres et détruit la plus grande partie des infrastructures de Gaza, a encore aggravé les terribles conditions de vie d’un million et demi des palestiniens. L’attention s’est aussi portée sur le poste frontière de Rafah, situé sur les 14 kms de frontière commune à l’Egypte et à Gaza, et qui est le seul passage non contrôlé par Israël, qui relie Gaza au reste du monde. Ces 3 derniers jours il y a eu en Egypte des manifestations pour exiger que le gouvernement ouvre la frontière et « mette fin au siège. »
Le Caire a subi des pressions arabes et internationales pour qu’il allège le siège en ouvrant la frontière.La réponse officielle de l’Egypte est qu’il existe un accord de 2005 entre Israël et l’Autorité Palestinienne pour gérer la frontière et que cet accord lui lie les mains depuis la prise de contrôle du Hamas en 2007. Les critiques font remarquer que cet accord est caduc depuis 2006, et que l’Egypte , état souverain, a le droit de gérer sa frontière avec Gaza comme elle l’entend.
Mardi, le président Mubarak a pris une décision surprenante en ouvrant la frontière pour « l’aide humanitaire » et....jusqu’à nouvel ordre. Les observateurs et les militants égyptiens ont accueilli cette décision avec un enthousiasme mitigé, tout particulièrement à cause de sa formulation imprécise.
Un convoi de matériel médical et de produits alimentaires est parti du Syndicat pharmaceutique d’ Alexandrie vers Rafah, à l’aube de mercredi, pour tester la décision.Ces derniers mois le syndicat a apporté du matériel médical à Gaza sans problème. Cette fois il a rajouté des produits alimentaires.
Ayman Abdallah, médecin qui accompagne le convoi a confié au Weekly que ses organisateurs ne sont pas certains que les autorités laisseront passer les produits alimentaires par Rafah. Le convoi a été arrêté plusieurs heures par les forces de sécurité, d’abord à Ismailia, puis dans le nord du Sinaï. Au moment où le Weekly était imprimé , Mercredi , le convoi avait été stoppé une troisième fois, à Beer Abad ,à 80kms d’ Arish, où il était censé passer la nuit avant de repartir pour Rafah aujourd’hui.
On ne sait pas quel impact aura la décision de Mubarak sur le siège de Gaza. Un grand nombre de journalistes locaux et internationaux sont partis vers Rafah mercredi pour voir comment la décision d’ « ouvrir la frontière » était mise en œuvre.
Le gouverneur du nord du Sinaï, Le général Murad Muwafi, annonce que 300 palestiniens sont allés en Egypte mercredi, par suite de la décision présidentielle. Treize générateurs électriques ont aussi pu entrer à Gaza.
S’adressant au Weekly par téléphone, Muwafi a précisé qu’avant cette dernière décision la frontière était ouverte, toutes les semaines, le mercredi et le jeudi pour les malades dans un état critique et une fois par mois pour ce qui n’était pas urgent. Elle sera maintenant ouverte pour tout tous les jours. Il a ajouté que si les personnes et le matériel médical seraient autorisés à entrer quotidiennement vers Gaza, les produits alimentaires seraient toujours contrôlés par les israéliens à la frontière d’Ouja qui est sous leur autorité.

Du même auteur :
Adieu le Fatah ? - 9 août 2009 Israël fait obstacle à l’enquête des Nations-Unies à Gaza - 16 juin 2009 « Le crime des crimes » - 1° février 2009 Nouvelle réalité et vieux dilemme - 9 février 2008 Définir qui est l’ennemi - 26 avril 2007
3 juin 2010 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à : http://weekly.ahram.org.eg/2010/100...Traduction de l’anglais : Jackie Hugret
25 juin 2010 - Info-palestine / Amira Howeidy - Al Ahram
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Comme des moutons à l'abattoir


Une ligne de front mouvante, toujours renouvelée. La publicité écrase tout sur son passage, cerveaux et planète. En face, peu d'opposition. Normal : remettre en cause le système publicitaire implique de formuler une critique radicale, férocement anti-consumériste. De La Misère humaine en milieu publicitaire, signé du Groupe Marcuse, rappelle les termes du combat.
Groupe Marcuse, "De La Misère humaine en milieu publicitaire. Comment le monde se meurt de notre mode de vie", 2004, réédition (augmentée) 2010, La Découverte
« La publicité est la morale de notre temps » (Jean Baudrillard)
Toujours, ego aidant, on croit ne pas être cible, on s'imagine à l'écart, au-dessus de la mêlée. Rengaine omniprésente : « Ça ne prend pas sur moi ; manquerait plus que des crétins de publicitaires parviennent à s'introduire dans ma psyché... » Fais le test sur ton entourage - tes potes, ta famille, ton barman - ; demande-leur s'ils se pensent perméables au discours pubard ; ou s'ils s'estiment immunisés. Réponses unanimes : toujours, ils seront persuadés d'échapper au grand ratissage publicitaire, de ne pas être une cible à marketing. Les autres, ces crétins, se font peut-être avoir, mais pas eux. Impossible, leurs neurones veillent au grain. Étrange déni de réalité qui, comme le souligne le Groupe Marcuse dans De La Misère humaine en terrain publicitaire [1], constitue un terrain fertile pour les décérébreurs de tous bords : « Il faut sortir de cette illusion d'invulnérabilité - si propice à l'influence publicitaire - liée au fait qu'il est difficile d'apprécier soi-même un effet inconscient. »
Bref, tu auras beau penser que la déferlante publicitaire que tu subis quotidiennement (sauf si tu vis dans le Larzac avec tes chèvres - et encore) ne s'imprime pas en toi, te laisse indemne, la réalité n'en reste pas moins accablante : comme tout le monde, tu es - plus ou moins - sous le joug d'un système embarqué, d'un ordinateur de bord te guidant vers des impulsions, des choix, des achats, tout en pesant lourdement sur la marche du monde. Sans tomber dans l'excès inverse - faire du système publicitaire une « seringue hypodermique » aux effet inévitables, déterminisme über alles -, reconnaitre la létalité de l'arme publicitaire paraît impératif. D'autant qu'évidemment, elle n'avance pas seule. À ses côtés, tout un système grignoteur d'humanité ravage tes environs. Les Huns, sauce 21e siècle.
Dans la postface à la présente édition (2010), le groupe Marcuse explique que lors de la première édition du livre, en 2004, le sous-titre choisi - « comment le monde se meurt de notre mode de vie » - avait suscité pléthore de critiques : trop catastrophiste, trop alarmiste. Et puis, coup de tonnerre, en six ans seulement, la doxa médiatique a rejoint cette position. Ils sont peu, désormais, à estimer que le monde n'agonise pas sous les coups de boutoir de la société de consommation hypertrophiée, à réfuter l'assertion du désastre en route. Sauf que, triste récupération, le cri d'alarme lui-même s'est fait illico allié du système, voire s'est réincarné en mode de gouvernance (à ce sujet, lire Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable [2], signé René Riesel et Jaime Semprun). La critique globale et radicale du système capitaliste marchand, celle à laquelle nous invite le Groupe Marcuse, reste aussi marginale que caricaturée.
« La pub est une charogne qui nous sourit ». Voilà ce qu'écrivait Oliviero Toscani, célèbre photographe de ces pub Benetton qui ont fait tant couler d'encre. Le vautour adepte du shockvertising, celui-là même qui il y a peu déclarait dans Télérama que la publicité existe depuis la nuit des temps (rhhhaaa), feignait de s'étonner de l'indécence du milieu qui l'avait nourri, dénonçait (gentiment, faut pas déconner) son ancien fond de commerce. Rien d'étonnant à cette pseudo-volte-face, posture avantageuse. Parmi les contempteurs les plus exposés de la publicité, on retrouve fréquemment des ex-publicitaires dégoûtés à force de fréquenter l'auge communicationnelle. Il y a eu Beigbeder et son 99 francs, ou Dominique Quessada et La Société de consommation de soi. Quant aux associations Adbusters et Casseurs de pub, en première ligne dans la résistance à l'agression publicitaire, elles ont toutes deux été fondées par des anciens publicitaires. Étrange. L'absence absolue de remise en cause des préceptes publicitaires aboutit à cette situation inversée : ce sont les publicitaires (plus ou moins repentis) qui, parfois, s'ingénient à soulever (en surface) les oeillères généralisées. Et quand une grande chaîne lance une campagne détournant sur ses affiches l'esthétique des anti-pub, la boucle est bouclée. La critique elle-même est cadenassée, en trompe-l'oeil.
C'est en grande partie pour ça que l'ouvrage du groupe Marcuse est précieux : il fonce droit au but, saccage l'édifice moraliste et bien-pensant sans s'embarrasser d'atermoiements. Surtout, il utilise comme socle à sa vitupération l'argumentaire même des publicitaires, les mots de ceux qui président à l'invasion. Du très célèbre « temps de cerveau disponible » de Patrick Le Lay à d'autres moins connus (« Notre image est mauvaise ; heureusement, on ne nous connaît par assez pour qu'elle soit exécrable »), pêchés dans des manuels spécialisés ou des déclarations publiques. Édifiant. Des techniques mises à jours (jouer sur l'inconscient, encourager la sacro-sainte frustration, matraquer encore et toujours), tu retiendras que la publicité, fer de lance de « l'avancée du front consumériste » et du « devenir invivable », fonctionne sur des principes encore plus malsains que ce que tu imaginais. Et que ces principes sont finalement revendiqués par ceux-là même qui sont aux marketingo-manettes. En fin d'ouvrage, ceux du groupe Marcuse expliquent : « Il n'y a presque rien de ce que nous avons dit de la pub qui ne l'ait déjà été par les pubards eux-mêmes. »

Une évidence : pour être crédible, la critique de la publicité doit s'adosser à une critique plus large, d'ordre globale. De même qu'un discours écologiste réfutant en bloc l'idée de décroissance ne peut être que l'oeuvre d'un fumiste néfaste, un discours anti-pub s'axant uniquement sur des revendications esthétique (la pub est moche), féministes (la pub est sexiste) ou de bien-être (la pub m'agresse), ne rime pas à grand chose. Refuser la publicité, c'est refuser violemment l'industrie consumériste dont elle est le porte-voix autant que le voile impudique :
« La publicité n'est que la partie émergée de cet iceberg qu'est le système publicitaire et, plus largement, de l'océan glacé dans lequel il évolue : la société marchande et sa croissance dévastatrice. Et si nous critiquons ce système et cette société, c'est parce que le monde se meurt de notre mode de vie. »Voilà pourquoi les médias et leurs représentants castrés (les intellectuels à paillettes) ont toujours préféré les discours affadis, les déformations moralistes. D'une critique générale, ne garder qu'un bout isolé, une parcelle peu explosive : « Afin de ne pas remettre en question la légitimités de la publicité en général, il est toujours de bon ton de noyer le poison en se répandant en moraline convenue sur un thème politiquement correct : l'exploitation abusive du corps humain. On peut aussi évoquer en passant l'influence néfaste sur les enfants, laissant entendre par là que la publicité ne serait un problème qu'à l'égard de ces "petits êtres faibles" dont on prend alors la défense. C'est ce qu'ont fait nos "intellectuels" médiatiques en entrant dans le "débat " ». Ils ont beau jeu, alors, de se draper dans leur indignation, de taper du point sur la table en dénonçant l'inacceptable, la limite dépassée, de dénoncer ces excès qui font partie du jeu : « On ne peut pas séparer la publicité de ses excès, tout simplement parce que ce n'est que par ses excès que la publicité peut avoir de l'effet. Et tous les "dysfonctionnements abusifs" que nos moralistes dénoncent font en réalité partie du fonctionnement normal de la publicité. »

Il faudrait revenir sur tous les points de l'ouvrage du groupe Marcuse, en détail. Rappeler que « Nestlé a acheté le mot bonheur, Pepsi Cola la couleur bleue ». Sangloter en relisant cette statistique fournie par Culture Pub et affirmant qu'un individu lambda reçoit en moyenne 7 000 messages publicitaires quotidiens. Dépiauter le discours hilarant des contempteurs du mouvement anti-pub (à lire, contrepoints, dont cet article de Robert Redeker joliment intitulé « L'anti-publicité, ou la haine de la gaieté » - rhhaa). Citer des chiffres, signaler des évolutions dans le matraquage, etc.
Mais l'objectif de ce billet n'est pas d'être exhaustif ou synthétique. Simplement d'attirer ton attention : avec De La Misère humaine en milieu publicitaire, tu as sous la main une des critiques les plus efficaces du système médiatico-consuméristes, synthétique et straight to the point. Je serais toi, je filerais en librairie pour y quérir l'objet. Ensuite seulement, tu pourras t'armer de bombes (de peinture, of course, de peinture...).

Notes
[1] Éditions La Découverte.
[2] Editions de l'Encyclopédie des nuisances, 2008. J'y reviendrai.article11
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lundi, juin 21, 2010

Des médias sont incendiés; il est devenu trop dangereux de couvrir la nouvelle

Des médias ont été fermés au milieu d’un massacre orchestré de la communauté ouzbek au Kirghizistan. Les survivants fuient vers l’Ouzbékistan.


Des médias sont incendiés; il est devenu trop dangereux de couvrir la nouvelle
Environ 2 000 personnes ont perdu la vie depuis le 10 juin dans des violences ethniques au Kirghizistan, disent les dépêches. En réponse à ces troubles, les autorités de la ville méridionale de Osh ont ordonné aux stations de télévision locales de cesser de diffuser, d’après ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). L’Association publique « Journalistes » du Kirghizistan (Public Association “Journalists”, PAJ), basée à Bichkek, s’efforce actuellement d’apporter de l’aide humanitaire aux journalistes dans la partie sud du pays.
Le gouvernement du Président Kurmanbek Bakiïev a été renversé le 7 avril par des manifestations de masse. À la suite de ces événements, la tension s’est accrue entre les Ouzbeks, qui pour la plupart appuient le gouvernement provisoire, et les Kirghiz, qui appuient surtout Bakiïev dans la partie sud. La violence récente est considérée généralement comme ayant été coordonnée pour des raisons politiques afin que Bakiïev puisse reprendre le pouvoir, disent les dépêches. Bakiïev est actuellement en exil au Bélarus.
La violence a d’abord éclaté entre jeunes ouzbeks et kirghiz à Osh le 10 juin, ce qui a entraîné des émeutes importantes. Des gangs armés circulant dans des véhicules ont traversé des quartiers de Osh et de Jalal-Abad, mettant le feu aux maisons et aux magasins et tirant sur les gens qui tentaient de s’échapper, rapportent Human Rights Watch et le CPJ. En réponse, le gouvernement a proclamé un couvre-feu et dépêché dans la région des forces de sécurité, avec pouvoir de tirer pour tuer. Selon les reportages, des dizaines de milliers d’Ouzbeks ont fui les deux villes et franchi la frontière de l’Ouzbékistan afin d’échapper à la violence.
Par ailleurs, les médias locaux sont bafoués par les retombées de la révolution. Les résidents de Osh n’ont plus accès qu’à la chaîne de télévision d’État KTR et à plusieurs chaînes de télévision russes, selon ce que rapporte l’agence de nouvelles indépendante Zpress. Mezon TV et Osh TV ont vu leurs émissions être interrompues, indique le site de nouvelles indépendant « Ferghana ». Les immeubles abritant Osh TV et JTR TV à Osh et à Jalal-Abad ont été incendiés, d’après ce que rapporte l’International Media Support (IMS).
Dans un épisode séparé, la police ouzbek de la ville de Andijan a détenu un éminent journaliste ouzbek, dit le CPJ. Le reporter indépendant Alekseï Volosevich se rendait à la frontière du Kirghizistan couvrir la crise humanitaire pour le compte de « Ferghana ».
Le PAJ et l’IMS travaillent à livrer de la nourriture et de l’équipement médical à environ 100 journalistes et à leurs familles dans les régions de Osh et de Jalal-Abad. La couverture médiatique des événements dans la partie sud du pays est limitée, les journalistes craignant les attentats pendant qu’ils rapportent la nouvelle dans la rue.
16 juin 2010 /ifex.org/fr/
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« Israël est un Etat imposteur et criminel »

Juifs ultra-orthodoxes manifestant à Meah Shearim contre le déplacement de tombes près de l'hôpital Barzilai à Ashkelon. (Keystone)

Le mouvement sectaire juif « Toldot Aaron », à la pointe du combat contre l'« Etat sioniste impie », a réuni 100 000 personnes jeudi dernier. Après le feu vert de son rabbin, l'un de ses membres livre sa vision du monde.
« Ici, les photos et les enregistrements sont interdits. » C'est au cœur de Mea Shearim, le plus vieux des quartiers ultraorthodoxes de Jérusalem, que l'on trouve les dix mille membres du mouvement sectaire juif « Toldot Aaron ». Un courant minoritaire mais qui se situe à la pointe du combat contre l'« Etat sioniste impie » et dont les fidèles sont à l'origine des nombreuses manifestations violentes organisées en Israël depuis un an.
Jeudi dernier, ils étaient plus de 100 000 juifs pour fustiger l'« ingérence » de la Cour suprême is­raélienne, qui venait d'interdire la ségrégation entre enfants ashkénazes et séfarades dans une école religieuse de la colonie d'Immanuel, en Cisjordanie. On estime à au moins 400 000 le nombre de juifs ultraortho­doxes.
Rencontrer les « vrais juifs » de « Toldot Aaron » n'est pas facile. Parce qu'ils vivent en communauté et qu'il leur est interdit de quitter la « ville sacrée » de Jérusalem. Mais également parce qu'ils ne peuvent entretenir des contacts avec des « représentants du monde impie » sans autorisation de l'« Admor » (l'autorité suprême du courant) ou de l'un de ses rabbins influents.
Agé d'une quarantaine d'années (il ne sait pas exactement car il utilise le calendrier lunaire hébraïque et non le calendrier grégorien), Yoël Yeshiyahou Gross a toutefois accepté le jeu de l'interview en se déclarant « fier de ce qu'il est ». Vêtu d'une « yarmulke » (kippa tricotée blanche) et d'un caftan zébré de lignes noires et blanches sous lequel il porte encore un gilet noir, une chemise blanche et un châle de prière, notre interlocuteur a pris part à de nombreuses manifestations violentes ces derniers mois. Il le revendique d'autant plus fort que « Toldot Aaron » entraîne derrière lui les autres mouvances de l'ultraorthodoxie juive dans la contestation de l'Etat.
Le Temps : Que reprochez-vous à la Cour suprême israélienne ?
Yoël Yeshiyahou Gross : L'Etat sioniste est un Etat imposteur et criminel. Ses agents prétendent représenter le peuple juif mais nous n'avons rien à voir avec eux. Nous ne le reconnaissons pas plus que les lois de sa soi-disant Knesset et les jugements de ses tribunaux malsains. Beaucoup d'entre nous refusent les documents administratifs israéliens. Moi-même, je n'ai pas de carte d'identité et je ne suis pas inscrit à la sécurité sociale. S'il m'arrive quelque chose et que je suis hospitalisé ou lorsque ma femme accouche, je paie le prix plein et au comptant.
- Vous vivez donc en autarcie ?
Comme les autres courants de ce que vous appelez l'ultraorthodoxie juive, « Toldot Aaron » dispose de ses propres tribunaux rabbiniques et de son propre réseau scolaire. Nous avons des médecins, des dentistes, des épiceries. Bref, nous n'avons besoin de personne.
- Qui finance tout cela ?
Lorsqu'elles ont besoin d'argent pour financer un séjour à l'hôpital par exemple, les familles demandent au « rav » (rabbin), qui dispose de fonds envoyés par les communautés sœurs de l'étranger (Brook­lyn, Anvers, ndlr).
- Cela ne vous dérange pas de vivre de la bienfaisance ?
Non pourquoi ? La stricte application de la Torah prime sur le confort matériel. La loi de Dieu est supérieure à celle des hommes. Dès leur plus tendre enfance, nos enfants apprennent une chanson disant « Dieu est notre seigneur et nous sommes ses esclaves. Nous suivons le chemin de la Torah et nous marchons sur la voie tracée par nos pères. » Les valeurs matérielles n'ont aucune importance pour nous. A contrario, nous accordons la plus grande importance à l'éducation des enfants dans les vraies valeurs juives et à la vie familiale.
- D'autres courants ultraorthodoxes trouvent que vous allez trop loin.
Nous ne faisons pas de compromis. Lorsque j'étais petit, on nous poursuivait dans les rues de Mea Shearim à cause de nos vêtements particuliers et de notre mode de vie. Actuellement, il arrive régulièrement que des laïcs m'interpellent dans la rue pour me traiter de parasite.
- Vous ne vous sentez pas déphasé quand vous allez à Tel-Aviv ?
Je n'y suis jamais allé (la ville est située à 65 km de Jérusalem, ndlr), qu'est-ce que j'y ferais ? Il y a des filles impudiques, des enfants qui se droguent et des homosexuels qui s'embrassent dans les rues.
- Comment le savez-vous ?
Le « rav » me l'a dit.
- Vous préoccupez-vous du conflit avec les Palestiniens ? Comment voyez-vous l'avenir de votre pays ?
Nous sommes anti-sionistes mais nous ne faisons pas de politique contrairement aux « Natureï Karta » (un courant plus minoritaire) qui est en contact avec les Palestiniens et avec l'Iran. Pour le reste, Israël n'est pas mon pays. C'est une structure imposée à partir de l'étranger par des gens qui se prétendent juifs. Ces gens-là sont comme des « goyim » (non-juifs) et certains mangent du porc. Ils n'ont en tout cas rien à voir avec le monde de l'étude et de la tradition que nous représentons. D'une manière ou d'une autre, dans cinq ou dans cent ans, leur Etat finira par disparaître.
- N'avez-vous pas l'impression de passer à côté du progrès ?
Non, c'est vous qui ignorez la profondeur des textes. Nous sommes persuadés que la société moderne va droit dans le mur et tant mieux si l'on nous prend pour des fous. Moins nous entretiendrons de contacts avec la perversion et mieux nous nous sentirons.
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Onu : 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009

Selon un rapport de l'ONU, 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009.
La situation en matière de sécurité se dégrade en Afghanistan. Le secrétaire général des Nations unies en a tracé un sombre tableau, samedi.

Le nombre de civils tués connait ainsi une hausse de 14% par rapport à 2008, ce bilan est le plus lourd depuis le déclenchement de la guerre en 2001.
Un quart des pertes civiles en 2009 sont dues aux opérations des forces afghanes et aux soldats étrangers (596), soit une baisse de 28%.
Depuis trois ans, la rébellion menée par les talibans a gagné du terrain en dépit de l'augmentation régulière du nombre de soldats étrangers, qui atteint aujourd'hui 142.000 soldats.
La dernière bavure de l'OTAN a tué au moins cinq civils, dont deux enfants pas plus tard que samedi dans un raid aérien de l'Otan dans l'est de l'Afghanistan, ont indiqué à l'AFP le chef de la police locale et le représentant local du ministère de la Santé.
"Nous avons reçu les corps de deux jeunes filles de sept et huit ans qui comptent parmi les victimes. Un garçon de 14 ans a été blessé", a déclaré le représentant local du ministère de la Santé.
La population et le gouvernement afghan se plaignent régulièrement de frappes sans discrimination perpétrées par les forces internationales qui tuent des civils.
En avril dernier, l'Otan avait été obligé de reconnaître que ses avions avaient tué deux femmes, un enfant et un vieillard en bombardant une maison.
Et fin avril, des soldats de l'Otan avaient ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l'Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille.
La mort de civils afghans en marge du conflit armé est un sujet de vive tension entre le président Hamid Karzaï et les forces internationales, même si les frappes des talibans ont dépassé celles de l'Otan comme première cause de mortalité des Afghans selon l'ONU.
Washington est critiqué par le gouvernement afghan pour tuer sans beaucoup de discernement de simples habitants.
Le rapport de l'ONU trace un portrait qui ne coïncide pas avec celui du Pentagone, publié cette semaine, qui fait plutôt état de progrès en Afghanistan.
Le général américain David Petraeus a déclaré cette semaine devant le comité des forces armées du Sénat que la situation continuait de s'améliorer
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