samedi, avril 22, 2006

Robert Ménard


Quel bilan faites-vous de votre mission au Maroc ?
Un bilan en demi-teinte. C'est très bien d'avoir rencontré le ministre de la Communication, les représentants du syndicat des journalistes, les responsables des éditeurs de journaux, les patrons de presse. C'est aussi très bien qu'autant de personnes aient assisté à notre conférence de presse. J'ai pu m'expliquer sur un certain nombre de points et tordre le cou aux affirmations que l'on m'a prêtées. On a par exemple, dans le passé, dit que j'avais appelé à boycotter le Maroc comme destination touristique. C'est faux et en plus j'yviens en vacances !
Qu'est-ce qui justifie le "en demi-teinte" ?
La couverture de notre visite par une partie de la presse marocaine. Certains journaux n'ont retenu que les messages qui les intéressaient, les messages positifs… Ce n'est pas exactement ça le journalisme. Nous aurions aussi aimé rencontrer les responsables d'« Aujourd'hui le Maroc » mais ils ont refusé et écrit des choses stupides sur moi. Plutôt que d'écrire qu'ils n'étaient pas d'accord avec RSF -ce que j'aurais très bien compris- ils se sont livrés à des attaques minables. Comment peut-on être journaliste et refuser d'avoir des interlocuteurs ? ça veut dire qu'on n'est pas journaliste mais militant d'une cause. Ce journal n'est pas un journal mais un organe de propagande au service de je ne sais qui. Et ils desservent y compris les gens qu'ils pensent servir. Mais le pouvoir marocain est plus intelligent qu'eux. Eux, ce sont les "archaïques" au sein duMaroc.
Quel est votre diagnostic sur la liberté de la presse au Maroc ?
Le fait que les autorités reçoivent RSF pour la première fois témoigne d'une volonté de dialogue qui n'existait pas avant. Les lignes rouges ont reculé. On peut aborder des sujets comme le roi, le Sahara occidental et l'islam mais avec des précautions et en risquant de se faire taper sur les doigts. Des chantiers positifs sont en cours comme l'ouverture de l'audiovisuel à des acteurs privés ou la modification de la loi sur la presse. Je crois qu'une partie du pouvoir, la plus progressiste, réalise le tort considérable que font à l'image du Maroc des affaires comme les procès à répétition de ces derniers mois. Tout cela est fragile mais RSF tenait à venir au Maroc pour souligner ces avancées. Mais il y a une longue liste de choses qui ne vont pas.À commencer par… …. la loi sur la presse. Une vingtaine d'articles prévoient des peines de prison pour des délits de presse. Mesinterlocuteurs marocains pensent qu'après la modification de la loi, il en restera moins de cinq et qu'on ne met déjà plus les journalistes en prison. Autant supprimer ces peines : on peut punir les journaux qui mettent en cause l'honneur, la probité des gens par des amendes proportionnelles au délit. Ensuite la loi doit être plus précise. Quand on connaît le peu de professionnalisme d'une partie des magistrats marocains, il ne faut pas laisser de marges d'interprétation aussi larges. Si on est pour la libéralisation de l'économie, les articles limitant les aides ou les capitaux étrangers dans les médias doivent évoluer. Enfin, avec la loi en l'état, les imprimeurs sont tentés de s'autocensurer. Or, jusqu'à preuve du contraire, le rôle d'un imprimeur est d'imprimer. En matière de justice, RSF préconise la création d'une Chambre spécialisée pour la presse.
C'est-à-dire ?
En tant que porte-parole du gouvernement, le ministre Benabdellah m'adéclaré que ses propos engageaient l'ensemble du gouvernement. Il s'est montré dubitatif sur la crédibilité de la justice mais m'a dit qu'il n'était pas derrière les juges. Je pense qu'il n'approuvait pas les amendes et les dommages et intérêts invraisemblables imposés à certains journaux. Ils le sont d'autant plus que la règle de droit voulant que la sanction soit proportionnelle au délit n'est pas respectée. On le voit, ce sera difficile de former tous les magistrats aux problématiques de la presse… Par contre, on peut créer une Chambre spécialisée, comme il en existe dans de nombreux pays. Il suffit alors de former peu de magistrats maîtrisant bien les enjeux de ce type d'affaires.
Qu'est-ce qui ne va pas d'autre ?
Il y a un rapport anormal entre le tirage des journaux et la présence de publicité. Autrement dit, les plus gros tirages ne sont pas ceux qui ont le plus de publicité. Tout le monde sait que la presse vit de ses lecteurs et de la publicité.Peser sur elle est une censure déguisée et il faut rompre avec cette mauvaise habitude. Les entreprises publiques devraient donner l'exemple.Il y a aussi l'affaire Ali Lmrabet… Il faut supprimer son interdiction d'exercer sa profession. Si on n'est pas d'accord avec ce qu'écrit Ali Lmrabet, on peut l'attaquer en diffamation mais l'interdit professionnel est d'un archaïsme inouï !

Quel regard portez-vous sur la HACA, la Haute autorité de la communication et de l'audiovisuel ?
Si la HACA veut se donner une vraie crédibilité et montrer qu'elle joue son rôle d'instance de régulation, elle doit s'auto-saisir quand elle est troublée par une affaire. Elle doit le faire au sujet des manifestations qui ont été organisées en février devant « Le Journal Hebdomadaire » et sur la manière dont une partie de l'audiovisuel en a rendu compte. Concernant ces manifestations inacceptables, la justice doit aussi faire la lumière sur ce qui s'est passé etsanctionner les responsables.
Pour RSF, quelles sont les dernières lignes rouges du Maroc ?
Le roi. Je pense que Mohammed VI devrait rompre avec cette mauvaise habitude de ne pas recevoir la presse marocaine. Son père n'a jamais accordé d'interview à un média marocain alors qu'il l'a fait pour la presse étrangère. J'espère que ce n'est pas un signe de mépris de montrer qu'on ne donne pas d'interview à des sujets… J'ai proposé que Mohammed VI organise une conférence de presse. Ce geste montrerait le signal du respect donné à la presse marocaine. Il marquerait aussi une vraie rupture. La politique est souvent une affaire de symboles et là, Ça serait un symbole fort de vraie modernité.
Il paraît que RSF veut ouvrir un bureau de représentation au Maroc ?
Le Maroc est le seul pays du Maghreb où c'est possible. En Algérie, les autorités ne nous le permettraient pas. Ça fait des années qu'on n'a pas de visas pour y aller et dire que c'est unpouvoir autoritaire est un euphémisme. Quant à la Tunisie, c'est "Ceausescu-sur-Méditerranée". La dernière fois que je m'y suis rendu, ils m'ont mis dehors. Je n'ai pas demandé au ministre Benabdellah d'ouvrir un bureau au Maroc car je ne voulais pas lui faire une demande la première fois que je le rencontrais. J'espère qu'en lisant ces lignes il me dira que nous sommes les bienvenus. En tout cas, dès qu'on aura l'autorisation, RSF ouvrira un bureau au Maroc.

Catherine Graciet
http://www.lejournal-hebdo.com/article.php3?id_article=7897

http://20six.fr/nul

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vendredi, avril 21, 2006

“Le Dictateur”

Discours final du film “Le Dictateur” de Charlie Chaplin

Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, avec la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !
Schulz
Parle, c’est notre seul espoir.
Le barbier
Espoir… Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l’avons oublié.
L’envie a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent dans l’insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d’intelligence, nous ne ressentons pas assez et nous pensons beaucoup trop. Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d’humanité.
Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n’est plus que violence et tout est perdu.
Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain, que dans la fraternité, l’amitié et l’unité de tous les hommes.
En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde, des millions d’hommes, de femmes, d’enfants désespérés, victimes d’un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.
Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’habilité, de l’amertume de ceux qui ont peur des progrès qu’accomplit l’Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves, enrégimente toute votre vie et qui vous dit tout ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser, qui vous dirige, vous manœuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du bétail.
Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes machines avec une machine à la place de la tête et une machine dans le cœur.Vous n’êtes pas des machines.Vous n’êtes pas des esclaves.Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur.Vous n’avez pas de haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n’est pas fait d’amour.Soldats ne vous battez pas pour l’esclavage mais pour la liberté.
Il est écrit dans l’Evangile selon Saint Luc « Le Royaume de Dieu est dans l’être humain », pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains, mais en vous, en vous le peuple qui avez le pouvoir, le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur. Vous, le peuple, vous avez le pouvoir, le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure.
Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un monde nouveau, un monde humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité.
Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir : ils mentaient. Ils n’ont pas tenu leurs merveilleuses promesses : jamais ils ne le feront. Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais ils font un esclave du peuple.
Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, avec la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur. Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !

Hannah, est-ce que tu m’entends ?
Où que tu sois, lève les yeux ! Lève les yeux, Hannah !
Les nuages se dissipent ! Le soleil perce !
Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière !
Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité.
Lève les yeux, Hannah ! L’âme de l’homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler.
Elle vole vers l’arc-en-ciel, vers la lumière de l’espoir.
Lève les yeux, Hannah ! Lève les yeux !

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Pour Ahmed Ben Bella, la libération des peuples du Sud est inachevée


De la colonisation à l’ingérence

Alors que se développe en France un débat malsain sur les bienfaits de la colonisation et sur la responsabilité des Arabes dans le blocage de leurs sociétés, le président Ahmed Ben Bella rappelle quelques vérités historiques : l’illégitimité de la domination d’un peuple sur un autre -que ce soit hier en Algérie ou aujourd’hui en Palestine-, la réalité mondiale -et non pas arabe- de la colonisation et des luttes de libération nationale, l’ingérence occidentale pour renverser les gouvernements nationalistes et révolutionnaires du Sud et maintenir les séquelles de la colonisation. Il souligne qu’aujourd’hui, c’est le fondamentalisme évangélique qui exporte la violence.
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Ahmed Ben Bella est une des hautes figures du nationalisme arabe. Il fut l’un des neufs membres du Comité révolutionnaire algérien qui donna naissance au Front de Libération Nationale (FLN). Arrêté par l’occupant français en 1952, il s’évade. Arrêté de nouveau en 1956, avec cinq autres compagnons, il est détenu à la prison de la Santé jusqu’en 1962. Après la signature des accords d’Évian, il devient le premier président élu de l’Algérie indépendante. Sur le plan intérieur, il mène une politique socialiste caractérisée par un vaste programme de réforme agraire. Sur le plan international, il fait entrer son pays à l’ONU et l’engage dans le mouvement des non-alignés. Son influence grandissante dans la lutte contre l’impérialisme conduisent de grandes puissances à favoriser son renversement par un coup d’État militaire. Il est placé en résidence surveillée de 1965 à 1980. Depuis lors, il s’est tenu à l’écart des affaires intérieures de son pays, mais continue à jouer un rôle international, notamment en tant que président de la Campagne internationale contre l’agression en Irak. Acteur central de bouleversements historiques, il répond aux questions de Silvia Cattori pour le Réseau Voltaire.

Silvia Cattori : Quand vous n’êtes pas en voyage, résidez-vous en Suisse ?
Ahmed Ben Bella : Non, je vis en Algérie, mais je viens souvent en Suisse. J’ai vécu ici durant dix ans, après mes démêlés avec le pouvoir des militaires algériens. En Algérie je suis assailli par les journalistes. Donc, quand j’ai besoin de prendre un peu de repos et de recul avec ce qui se passe là bas, je viens ici où j’ai gardé un petit appartement. Vous savez, j’ai quatre-vingt dix ans !
S.C.- Vous avez l’air d’un jeune homme ! Savez-vous, M. Ben Bella, que vous avez imprimé une très belle image dans le cœur des gens partout dans le monde ?
Ahmed Ben Bella : (Rire) J’ai eu une vie un peu spéciale, il est vrai. J’ai participé à la libération de mon pays. J’ai été l’un des organisateurs de sa lutte de libération. J’ai participé également de façon active à toutes les luttes de libération.
S.C.– Vous êtes d’origine arabo-marocaine. Quel lien gardez-vous avec vos racines rurales ?
Ahmed Ben Bella : Oui, je suis Algérien d’origine marocaine par mes parents, mais toute ma vie c’est l’Algérie. Je suis né là-bas. Je suis un fils de paysans pauvres venus très jeunes vivre en Algérie. Je n’ai vu que récemment l’endroit où ils sont nés, dans les environs de la ville de Marrakech.
S.C.– En venant à vous, j’ai l’impression d’aller à la rencontre des peuples et des causes pour lesquels vous vous êtes battu toute votre vie. C’est très émouvant de s’entretenir ici de votre combat pour créer un monde plus humain, plus juste. N’incarnez-vous pas tout cela ?
Ahmed Ben Bella : Oui, ma vie est une vie de combat ; je puis dire que cela ne s’est jamais arrêté un seul instant. Un combat que j’ai commencé à l’âge de 16 ans. J’ai 90 ans et ma motivation n’a pas changé : c’est la même ferveur qui m’anime.
S.C.- En 1962, vous accédez aux plus hautes charges de l’Algérie indépendante. Tous les espoirs sont ouverts. De l’Algérie colonisée à sa libération, de la scène politique internationale au combat altermondialiste, vous avez payé cher le prix de votre insoumission.
Ahmed Ben Bella : Oui j’ai payé très cher mon combat pour la justice et la liberté des peuples. Mais voilà, j’ai fait ce que j’ai ressenti comme un devoir, une obligation. Donc, pour moi le choix n’a pas été difficile. Quand je me suis engagé dans la lutte pour mon pays, j’étais très jeune. Mes horizons se sont ouverts. Je me suis très vite rendu compte que les problèmes allaient au-delà de l’Algérie, que la colonisation touchait quantité de peuples, que les trois quart des pays de la planète étaient colonisés d’une façon ou d’une autre. L’Algérie était alors, pour les Français, un département d’outre mer, c’était la France de l’autre coté de la méditerranée. La colonisation par la France en Algérie a duré longtemps : 132 ans. J’ai participé à cette lutte-là en Algérie. Tout de suite après l’indépendance, je me suis associé à tous ceux qui, dans le monde, se battaient eux aussi pour libérer leur pays. Il y a donc eu cette phase de la lutte de libération nationale à laquelle j’ai participé de façon totale. En Tunisie, au Maroc, au Vietnam, l’Algérie était devenue un peu la mère des luttes de libération ; les soutenir était donc pour nous une tâche sacrée. Quand quelqu’un venait nous demander de l’aide, c’était sacré. On ne réfléchissait même pas. On les aidait, alors même que nous n’avions que peu de moyens ; on leur offrait des armes, un peu d’argent et, le cas échéant, des hommes.
S.C.- En 1965, ce ne sont pas les Français qui vous emprisonnent, ce sont vos frères d’armes. Que ressentez-vous, aujourd’hui, à l’égard de ceux qui vous ont brutalement barré la route ?
Ahmed Ben Bella : Je ne ressens pas de mépris, je ne ressens pas de haine. Je pense qu’ils ont participé à quelque chose qui n’était pas très propre et qui a été très dommageable, non seulement pour le peuple algérien, mais également pour les autres peuples qui comptaient alors sur notre soutien. Mon combat pour apporter de meilleures conditions de vie aux Algériens, alors plongés dans une grande misère, et mon combat pour aider les autres peuples encore colonisés à recouvrer leur liberté, dérangeait fort certains pouvoirs. De leur point de vue j’allais trop loin. Je devais disparaître. Ceci pour dire que, si l’armée algérienne ne m’avait pas renversé, d’autres l’auraient fait. Je devais disparaître, parce que je devenais trop gênant. J’abritais pratiquement tous les mouvements de libération, y compris ceux venus d’Amérique latine.
S.C.- Etiez-vous déjà en contact avec Fidel Castro ?
Ahmed Ben Bella : Oui, le Che était venu à Alger m’apporter le message de Fidel Castro que j’avais rencontré deux fois. Il nous demandait de soutenir les luttes qui se développaient en Amérique du Sud, car Cuba ne pouvait rien faire ; elle était sous le contrôle des États-Unis qui occupaient la baie de Guantanamo. Rien ne pouvait donc sortir de Cuba, même pas une boîte d’allumettes, sans que les États-Unis le sachent. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est depuis l’Algérie, et avec la participation du Che, qui est resté chez nous durant six mois, que s’est créé l’État major de l’armée de libération de l’Amérique du sud. Je peux le dire maintenant : tous les combattants qui participaient à la lutte de libération en Amérique du Sud sont venus en Algérie ; c’est de là que tout ceux qui luttaient sont partis. On les a entraînés, on s’est arrangé pour que les armes arrivent chez eux, on a créé des réseaux.
S.C.- En quelle année Che Guevara est-il venu en Algérie ?
Ahmed Ben Bella : Le Che est venu en 1963, peu après mon arrivée au pouvoir. Avec mon gouvernement, nous nous sommes engagés à apporter notre aide aux luttes de libération nationale. À ce moment-là, de nombreux pays étaient encore colonisés ou sortaient à peine de la colonisation. Toute l’Afrique pratiquement était dans ce cas. Nous l’avons soutenue. M. Mandela et M. Amilcar Cabral sont venus eux aussi en Algérie. C’est moi qui les ai entraînés ; ensuite ils sont repartis mener la lutte de libération chez eux. Pour d’autres mouvements, qui n’étaient pas engagés dans la lutte armée ou qui n’avaient besoin que d’un soutien politique, comme le Mali, nous les aidions sur d’autres plans.
S.C.- Qui vous a écarté précisément en 1965 ? L’armée algérienne ou des forces extérieures ?
Ahmed Ben Bella : Je suis certain que, indirectement, il y a eu l’intervention de puissances étrangères. Nous avons vu ailleurs les mêmes mécanismes. Partout où les luttes de libération nationale ont triomphé, une fois le pouvoir constitué, il y a eu des coups d’État militaires qui ont renversé leurs dirigeants. Cela s’est produit maintes fois. En deux ans, y a eu 22 coups d’État militaires, essentiellement en Afrique et dans le tiers-monde. Le coup d’État d’Alger, en 1965, est celui qui a ouvert la voie. L’Algérie n’a donc été que le début de quelque chose qui était en germe : c’est pourquoi je dis que c’est le système capitaliste mondial qui finalement a réagi contre nous.
S.C.- Êtes-vous marxiste ?
Ahmed Ben Bella : Je ne suis pas marxiste, mais je me situe résolument à gauche. Je suis arabe musulman, orienté très à gauche dans mon action, dans mes convictions. C’est pourquoi, même si je ne partage pas la doctrine marxiste, je me suis toujours trouvé aux côtés de tous les mouvements de gauche dans le monde et des pays socialistes qui, comme Cuba, la Chine, l’URSS, ont mené le combat anticolonialiste et anti-impérialiste. C’est avec eux que nous avons constitué un front de libération et apporté notre appui logistique aux armées populaires pour aider leurs pays à sortir du colonialisme et instaurer un régime intérieur national. C’était la phase de liquidation du colonialisme. Le colonialisme est une idée qui est née en Occident et qui a conduit les pays occidentaux - comme la France, l’Italie, la Belgique, la Grande Bretagne - à occuper des pays hors du continent européen. Un colonialisme dans sa forme primitive, c’est-à-dire par l’installation à demeure de pouvoirs étrangers répressifs, avec une armée, des services, des polices. Cette phase a connu des occupations coloniales cruelles qui ont duré jusqu’à 300 ans en Indonésie.
S.C.- Après cette phase, n’étiez-vous pas actif dans le mouvement des pays non alignés ?
Ahmed Ben Bella : Il n’y a plus de pays non alignés. Ce mouvement a été créé par des hommes de très grande qualité tels Nehru, Mao Tsé-toung, Nasser et d’autres grands noms ; à une époque surtout où il y avait le risque d’une guerre atomique. C’était l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis. Nous étions au bord de la guerre nucléaire. Les pays non alignés ont joué un rôle important pour l’empêcher. Ce mouvement a duré un certain nombre d’années. Mais le système a fini par avoir raison de lui.
S.C.- Par la suite, n’avez-vous pas joué un rôle important dans le développement du mouvement altermondialiste ?
Ahmed Ben Bella : Le système mondial qui préside à tout ce dont nous avons parlé, a inventé une autre forme de domination : la « mondialisation ». « Mondialisation » est un mot très beau en soi. Un mot qui peut unir, amener la fraternité entre les peuples. Or, le mot « mondialisation » tel qu’il a été conçu, est un mot qui fait très mal. Un mot qui a amené à la mondialisation de la misère, de la mort, de la faim : 35 millions de personnes meurent de malnutrition chaque année. Oui, ce serait un très beau mot, si l’on avait mondialisé le bien, apporté le bien être pour tous. Or, c’est tout le contraire. C’est une globalisation perverse ; elle mondialise le mal, elle mondialise la mort, elle mondialise la pauvreté.
S.C.- La mondialisation n’a-t-elle eu que des effets pervers ?
Ahmed Ben Bella : Le seul avantage que nous en avons retiré est que nous sommes aujourd’hui mieux informés qu’hier. Nul ne peut plus ignorer le fait que ce système amène à l’extension de la faim. Des richesses ont été créées, mais ce sont des richesses factices. Ce sont des multinationales, comme General Motors et Nestlé, ce sont de grands groupes industriels qui pèsent, sur le plan monétaire, beaucoup plus que de grands pays comme l’ Égypte. Si on se base sur ses gains, General Motors, par exemple, est quatre fois plus riche que l’Égypte, qui est un pays de 70 millions d’habitants, le pays des Pharaons, un pays extraordinaire, le pays arabe le plus éduqué ! Cela vous donne une image de ce que signifie le mot « mondialisation ». Voilà pourquoi j’ai combattu ce système qui favorise des groupes qui représentent, sur le plan monétaire, beaucoup plus qu’un grand pays et génèrent tant d’inégalités. Voilà pourquoi nous devons, nous autres, favoriser une meilleure compréhension des problèmes, qui ont été compliqués à souhait, mais qui sont finalement l’expression d’une seule chose : la mise en place d’un système inhumain.
S.C.- Malgré la volonté clairement exprimée, en 2003, par les trois quarts des peuples de la planète, les mouvements progressistes n’ont pas réussi à empêcher la guerre. N’avez-vous pas, parfois, le sentiment, que ceux qui sont à la direction des mouvements, ont manqué une marche ; ou carrément fait fausse route pour n’avoir pas su identifier les vraies motivations de l’adversaire ?
Ahmed Ben Bella : Moi qui suis un homme du sud, je constate que quelque chose a changé dans le nord, qui est très important à relever. Ce qui a changé précisément dans cette aire dite avancée du nord, qui nous a fait la guerre, qui nous a colonisés, qui nous a fait des choses terribles, est qu’il y a aujourd’hui une opinion qui s’exprime, qu’il y a des jeunes qui disent « assez ». Ceci indique que ce système mondial pervers ne frappe plus seulement le sud mais aussi le nord. Par le passé on parlait de pauvreté, de misère uniquement dans le sud. Il y a maintenant beaucoup de misère, beaucoup de maux qui font des victimes dans le nord également. Cela est devenu manifeste : ce système mondial n’est pas fait pour servir le bien de tous, mais pour servir des sociétés multinationales.
Donc, à l’intérieur de ce nord, que nous avons tellement combattu, il y a maintenant un mouvement, il y a toute une jeunesse qui veut agir, qui descend dans la rue, qui proteste, même si la gauche n’a pas su donner, à ces jeunes qui veulent des changements, les clés de la solution. Cela s’est toujours passé ainsi : tout mouvement commence de cette façon. Le mouvement de libération que j’ai conduit en Algérie, l’organisation que j’ai créée pour combattre l’armée française, était au départ un petit mouvement de rien du tout. Nous n’étions que quelques dizaines à travers toute l’Algérie, un territoire qui représente cinq fois la France.
S.C.- Qu’ont-elles obtenu, ces générations de jeunes qui ont mis tant d’espoir dans Attac, par exemple, qui propose de « réformer la mondialisation » ! Mais n’eut-il a pas fallu refuser son principe même et adopter des mesures plus radicales, face à la radicalité du système dit libéral ?
Ahmed Ben Bella : Les gens de gauche, une fois au pouvoir, ne sont pas différents de ceux des autres partis. En ce qui concerne l’Algérie, nous avons essayé de travailler avec la gauche française. Or nous n’avons pas connu de pire pouvoir que celui exercé par le parti socialiste français. La pire des choses qui nous soit arrivée ce fut avec les socialistes. Aucun pouvoir politique auparavant ne nous avait combattus aussi durement que celui du socialiste Guy Mollet. Je vous parle de faits précis. Je parle de ce que j’ai connu. J’étais à la tête du FLN quand le gouvernement de Guy Mollet - après avoir compris que la France ne pourrait se maintenir en Algérie – a contacté Gamal Abdel Nasser pour qu’il nous demande si nous étions prêts à discuter avec eux. C’est ce que j’avais toujours prévu ; qu’un jour il allait falloir s’asseoir autour d’une table et définir la meilleure façon pour l’Algérie de devenir totalement indépendante. C’était le but que nous recherchions : redevenir libres, ne plus vivre sous la férule d’un système oppressif. J’ai dit oui, que j’étais prêt à négocier, à condition que ce soit eux, les Français, qui en fassent la demande. C’était important, car c’est toujours celui qui est le plus faible qui demande à négocier. J’ai exigé que les négociations se déroulent en Égypte. Les négociations ont duré six mois. Nous sommes arrivés à une solution. Avec ce bout de papier en poche, en septembre 1956, je suis allé informer Mohammed V, le roi du Maroc. Il s’était impliqué dans cette lutte, il nous avait aidés, y compris militairement. Puis, alors que nous nous rendions en Tunisie, où nous voulions également informer les autorités, notre avion a été pris en chasse par l’aviation française. C’était le premier détournement d’avion de l’histoire. Il y avait, dans cet avion, les deux tiers des dirigeants de la révolution algérienne. Ils voulaient nous liquider tout de suite. C’est un miracle si nous avons échappé à la mort. Tout ceci pour vous dire ce que je pense des socialistes : c’était Guy Mollet qui, à peine avait-il signé un engagement, le trahissait. Je pourrais dire la même chose du gouverneur Lacoste, c’était un socialiste lui aussi. Non, les partis de gauche ne nous ont pas soutenus, au contraire. Quoi qu’il en soit, c’est la gauche qui nous intéressait et c’est avec elle que je continue de me battre. Je suis un homme de gauche.
S.C.- Alors quand vous côtoyez les représentants de l’internationale socialiste, sur les podiums des Forums sociaux, vous arrive-t-il de vous dire qu’ils sont là pour leur prestige personnel avant tout ?
Ahmed Ben Bella : Oui il m’arrive de penser qu’ils ne sont pas sérieux. Moi je veux vraiment le changer ce monde. Je veux que ce monde change. Pour changer les choses, nous avons besoin de gens sincères et désintéressés, avant tout.
S.C.- Vous croyez en la nécessité d’un changement ?
Ahmed Ben Bella : Oui, depuis ma prime jeunesse je crois en cette nécessité. Je reviens sur ce que vous disiez. Ce qui personnellement m’amène à avoir une certaine confiance en l’avenir. Je veux parler de ce que j’observe ici, en Occident. Je suis convaincu que le système libéral n’a pas d’avenir. Ces jeunes, ces lycéens que j’ai vu descendre dans les rues, qui n’ont rien que leur idéal de justice ; ces jeunes qui manifestent, qui sont en quête d’autres valeurs, j’aimerais leur dire : « J’ai commencé comme cela, quand j’avais votre âge, par de petits pas. Et peu à peu c’est tout un peuple qui m’a suivi. » Quand je vais à des manifestations, je les observe, je parle avec eux, je vois que ce sont eux qui ont les cartes en mains.
S.C.- La question se pose avec insistance : les dirigeants des mouvements anti-impérialistes n’ont-ils pas ménagé Israël, un État idéologiquement et législativement raciste qui mène depuis sa création une politique d’épuration ethnique en Palestine ? Par conséquent, ils ont mal orienté des générations de jeunes, faussé le débat, pendant qu’Israël était très actif aux côtés des États-Unis pour combattre le communisme, combattre Nasser et le nationalisme arabe, soutenir des régimes affreux ?
Ahmed Ben Bella : Ces questions sont aujourd’hui sur la table, elles font débat. Nous ne voulons pas d’une solidarité biaisée. Nous ne voulons pas d’un État qui, comme Israël, soit l’outil préféré de ce système global cruel conduit par les États-Unis, qui pratiquent une politique qui a déjà fait tellement de mal. Pour nous, il y a double trahison. La trahison, d’abord, de ceux qui, dans le camp de la gauche, auraient dû se trouver à nos côtés, loyaux à la cause palestinienne et arabe, et qui ne l’ont pas été. La trahison, ensuite, de tous ces juifs avec qui nous nous sentons proches, avec qui nous avons des ressemblances, et avec lesquels nous vivions en parfaite harmonie. Les Arabes et les juifs sont des cousins. Nous parlons la même langue. Ils sont sémites comme nous. Eux ils parlent l’Araméen, nous parlons l’Araméen. L’Araméen comporte plusieurs branches : l’Ethiopie parle Araméen, l’Erythrée parle Araméen, les gens de confession juive parlent l’Araméen, les arabes parlent l’Araméen. C’est cela qui nous fait très mal : c’est de nous savoir trahis par ceux qui sont si près de nous, par des gens qui sont nos cousins, qui nous ressemblent et qui parlent Araméen comme nous. L’antisémitisme, nous le connaissons ; nous sommes sémites. J’ajoute à cela que, même leur prophète est notre prophète. Moïse et Jésus Christ sont des prophètes chez nous.
S.C.- Depuis la fin du multilatéralisme, l’ONU est mise sous la coupe de Washington et des néo-conservateurs. Tout pays arabe qui ne se soumet pas à leurs diktats est mis au ban des nations. Comment jugez-vous cette situation ? Comment en sortir ? Aussi, confronté a l’unilatéralisme israélien, le Hamas n’est-il pas condamné à échouer, et à renoncer à ce pourquoi son peuple se bat depuis 60 ans ?
Ahmed Ben Bella : Je pense que le Hamas est caractéristique de ce qui se passe chez nous, de cette dimension qui maintenant prend une forte couleur religieuse, qui endosse l’Islam. Je suis un Arabe musulman, je ne voudrais pas vivre dans un pays dirigé par un intégrisme islamique. Mais je vous parle très franchement : je ne les blâme pas. Parce que ce besoin de religion a été créé par les distorsions du système capitaliste. C’est à force de nous faire du mal que, finalement, au lieu d’avoir face à eux un mouvement, oui, qui endosse l’arabité, qui endosse la culture et reste ouvert, les extrémistes, Israël et les États-Unis, se retrouvent face à cette dimension. Ce sont eux qui ont créé cette situation.
S.C.- Vous ne voulez pas de réponse religieuse ?
Ahmed Ben Bella : Je suis musulman, mais je ne souhaite pas que la réponse soit religieuse. Ce n’est pas le fait religieux en soi que je récuse, non, mais le fait que l’on puisse faire une lecture qui ne va pas dans le sens de la rénovation de l’Islam, que l’on puisse faire une lecture rétrograde de l’Islam ; alors que dans l’Islam nous avons l’avantage de croire aux deux religions : la religion juive et la religion chrétienne. Pour nous Mohammed n’est que le continuum de Jésus Christ et de Moïse.
S.C.- Les musulmans n’ont-ils pas pris la tête de la résistance anticoloniale aujourd’hui ? N’y a-t-il pas lieu de reconnaître que ce ne sont pas les valeurs de l’Occident que les arabo-musulmans combattent, mais sa politique agressive ? Le Hezbollah, par exemple, qui a si mauvaise presse chez nous, n’a-t-il pas fait reculer l’impérialisme américain et israélien au Liban ? Les progressistes ne devraient-ils pas surmonter leurs préjugés à l’égard des musulmans, les considérer comme un élément dynamique dans la lutte contre l’oppression et les soutenir ?
Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Là il y a un problème d’éducation. Il appartient à ceux qui sont à la direction des partis progressistes de répondre de façon correcte à des situations données. Or ce n’est pas le cas. Nous avons un drapeau, nous avons un hymne national, le reste ce sont les Occidentaux, toutes tendances confondues, qui le décident à notre place. Tout cela, enrobé avec de jolis mots, sous couvert de l’aide d’organismes comme la Banque mondiale et le FMI, qui ne sont rien d’autre que des instruments de torture créés par l’Occident pour continuer sa domination. Ce qui signifie que nous sommes sortis d’un système de colonialisme direct en échange de quelque chose qui parait meilleur, mais qui ne l’est pas. Toutefois, je vous le redis, j’ai cet espoir que dans ce nord qui nous a déjà fait tant de mal, sa jeunesse est en train de prendre la mesure de cette logique de domination qui crée de plus en plus de pauvreté aussi bien au nord qu’au sud. Même si ce n’est pas la même domination que celle qui s’applique au sud, c’est une situation d’indigence qu’aucun être libre ne peut accepter. Combien de gens ne sont-ils pas livrés au chômage, à la pauvreté, à la rue ? C’est cela, peut-être, qui finira par inciter les peuples du nord à changer d’optique et à s’associer de manière franche avec nous.
S.C.- Mais nous ne voyons pas aujourd’hui grand monde, en Occident, protester contre les atrocités commises en Irak, en Palestine, en Afghanistan. N’avez-vous pas l’impression qu’il y a tellement de préjugés, savamment entretenus, vis-à-vis des arabes et des musulmans - y compris dans les organisations anti-guerre - que soutenir leur résistance, est une idée très éloignée d’eux ?
Ahmed Ben Bella : C’est vrai, les partis de gauche que l’on attendait ne sont pas au rendez-vous ; ils se sont braqués là dessus. Dès que l’on parle de l’Islam, ils vous opposent Ben Laden. Je ne voudrais pas vivre dans sa république, mais je ne le critique pas. Quand je vois ce que Bush fait, je ne me permets pas de critiquer Ben Laden. Je vous le dis franchement : les attaques contre les tours de New York, je ne les ai pas condamnées. Je condamne Bush, je condamne le gouvernement américain, parce que je considère que Ben Laden est le fruit de leur politique. Ils ont fermé toutes les portes du dialogue aux arabo-musulmans. Ils leur ont fait croire durant des décennies que, s’ils faisaient ceci ou cela, l’Occident rendrait justice en Palestine. Or, Israël et ses alliés n’ont jamais voulu la paix chez nous. Israël n’a cessé de faire la guerre et de terroriser nos peuples. Ben Laden est indirectement la création de Bush et d’Israël. Ces deux États sèment la mort et la haine au Moyen-Orient et dans le monde : ils ne nous ont laissé aucune autre alternative que celle de la confrontation violente. Tous ces mouvements radicaux, qualifiés de « terroristes », « d’intégristes », sont nés pour répondre aux terroristes qui, à Tel Aviv et Washington, mènent des guerres de destruction des peuples arabes. Quels choix ont-ils, ces peuples qu’ils bombardent avec une telle sauvagerie ? Face aux armées modernes, ils n’ont d’autres armes que de sacrifier leur vie en se faisant exploser, voilà. Dans le Coran on appelle cela « shahâdah ». C’est une idée extraordinaire qui s’exprime dans ce mot. C’est un état de désespoir, où celui qui l’éprouve, en arrive à ne plus supporter de vivre. Il se sacrifie, non pas pour obtenir une vie meilleure pour lui-même, mais pour que les siens au moins puissent vivre mieux. C’est le plus grand sacrifice. On les appelle ici en Occident « des terroristes ». Or, je vous le dis en toute sincérité, moi je m’incline devant quelqu’un qui fait un pareil sacrifice, je vous assure.
S.C.- Si je comprends bien, vous dites que tout ce qui met en révolte les gens au Moyen-Orient a été généré par l’Occident. Que ceux qui se battent doivent se sacrifier, souffrir pour les autres ? Que les Arabes ont fait preuve de tolérance par le passé ?
Ahmed Ben Bella : Tout à fait. La violence qui s’exprime dans le monde arabo-musulman est le résultat de la culture de haine et de violence qu’Israël a engendré en s’imposant par la force sur les terres des Arabes. Ce sont les atrocités de cet État illégal qui contraint les plus valeureux à réagir. Je ne pense pas qu’il y ait combat plus noble que celui des Palestiniens qui résistent contre leur occupant. Quand je vois ce que ce peuple a enduré depuis plus d’un siècle, et qu’il continue de trouver la force de se battre, je suis admiratif. Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui massacrent ce peuple, sont en train de faire passer les gens du Hamas pour des fascistes, des terroristes. Ce ne sont pas des fascistes, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants !
S.C.- La Palestine est une nation emprisonnée. Comment en est-on arrivé, même à gauche, à parler de « terrorisme », au lieu de parler du droit de résister par les armes ? Voyez-vous des parallèles ou des différences majeures entre la colonisation de l’Algérie par la France et la colonisation de la Palestine par Israël ?
Ahmed Ben Bella : C’est pire en Palestine. Avec l’apartheid en plus. Les Français ne pouvaient pas nous chasser hors d’un pays grand comme cinq fois la France. Ils ont bien essayé de créer au nord une zone tampon, avec le moins d’Algériens possible, mais cela n’a pas réussi. Ils n’ont pas mis en place un véritable apartheid comme les Israéliens en Palestine. L’État d’Israël a créé la plus terrible des dominations.
S.C.- À votre avis, les Palestiniens vivront-ils moins longtemps sous occupation que les Algériens ?
Ahmed Ben Bella : Je crois que oui. D’abord, le colonialisme est un phénomène qui est clairement établi et sanctionné par les lois internationales. Ensuite, s’il y a une question qui fait l’unanimité dans le monde arabe, c’est la Palestine. Aussi longtemps que les Palestiniens n’obtiennent pas justice, le monde arabe musulman ne pourra pas se sentir libre non plus. C’est comme une partie de leur chair qui reste captive.
S.C.- Autrefois, la politique n’était pas plus noble, mais il y avait encore un équilibre. Depuis la fin de la bipolarité, les principes moraux les plus élémentaires ont été balayés. Partout on parle de combattre le « terrorisme », mais on ne parle guère des 800 enfants tués en Palestine par les soldats israéliens depuis 2000 ; des millions d’enfants irakiens tués ou malades qui n’ont plus droit à un développement normal. Guantanamo, Abu Ghraïb, auraient-ils été possibles si la Communauté Internationale avait eu la décence de dire non à la violence de Washington ? Quel responsable étatique a encore les mains propres dans cette prétendue guerre contre « le terrorisme » ?
Ahmed Ben Bella : C’est énorme ce qui s’est passé à Guantanamo, à Abu Ghraïb et ailleurs. Et toute cette horreur continue de se propager et de générer de grandes souffrances. Nous apprenons que les États-Unis ont installé des prisons en Europe de l’Est pour échapper aux juridictions de leur pays et que l’Europe participe de tout cela. Il est même reproché à la Suisse d’avoir autorisé le survol de son territoire par ces avions qui transportent des prisonniers fantômes, kidnappés, soumis à des tortures.
S.C.- Quels sont, selon vous, les moyens de contrer la stratégie mise en place par Bush et les néo-conservateurs ?
Ahmed Ben Bella : C’est un mouvement intégriste, mais chrétien celui-là ! Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est celui-là : l’idéologie de Bush est le pire intégrisme que l’on puisse imaginer. Ce sont les fameux évangélistes protestants qui inspirent Bush. C’est un intégrisme terrible. Quels sont finalement les moyens que nous avons pour combattre ? Je vous ai parlé des espoirs que je mets dans la jeunesse, tout en sachant qu’elle n’a pas de vrais moyens pour combattre ce système effrayant. Je sais, il ne suffit pas de descendre dans la rue. Il faut passer à autre chose, inventer d’autres moyens d’action, mais il faut agir et non pas subir. Et quand on a le sentiment de ne pas avancer, il faut se dire que l’on passe par des phases, qu’il faut un certain temps avant d’atteindre la compréhension du grand nombre. On commence à agir avec ceux qui ont une compréhension claire, même si cela ne couvre pas la totalité des problèmes. Mais ensuite, on doit passer par-dessus les obstacles, et se dire que ce n’est ni le parti socialiste, tout socialiste qu’il se déclare, ni telle association qui va changer ce monde.
S.C.- Pour parvenir à un rééquilibrage, la solution peut-elle venir du côté de la Chine et de la Russie ?
Ahmed Ben Bella : Je pense qu’un espoir peut venir de la Chine. Par le passé, la Russie nous a aidés de façon extraordinaire. Mais pour l’instant, malheureusement, la Russie n’est pas dans une situation facile. Je ne mettrais pas d’espoirs en elle. Je compterais beaucoup plus sur la Chine. D’abord elle a des arguments que la Russie n’a pas. C’est un pays qui est en tête des pays en expansion. Même l’Occident va s’implanter en Chine pour vivifier son économie. D’ici 20 ans on verra la nouvelle carte politique.
S.C.- En attendant, que dire aux peuples laissés à l’abandon, en Palestine, en Irak ?
Ahmed Ben Bella : On n’agit jamais en pensant que c’est nous qui allons en être les bénéficiaires. On agit parce qu’il faut agir. Jamais les grandes conquêtes n’ont été le fruit d’une seule génération. On dit chez nous que celui qui mange n’est pas celui qui sert le plat. Il faut créer des réseaux de solidarité qui soutiennent sans conditions la lutte de ces peuples.
S.C.- Que dire aussi à cette jeunesse que vous avez mentionnée, témoin de tant d’abus ?
Ahmed Ben Bella : Il faut qu’ils aillent outre, qu’ils prennent des initiatives. S’il ne suffit plus de se réunir périodiquement à des grands rassemblements, si rien ne change, il faut passer à autre chose : inventer de nouvelles formes de luttes sans attendre.
S.C.- Mais le temps n’est-il pas venu que les Arabes prennent la direction du mouvement anti-guerre jusqu’ici entre les mains d’Occidentaux ?
Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Vu la gravité de la situation au Moyen-Orient, ce sont des Palestiniens ou des représentants des mouvements du monde arabe qui doivent bouger. Je pense que ce mouvement arabe, le mouvement palestinien, toutes ces forces, si elles se conjuguent et dépassent leurs différends, sont un espoir pas seulement pour les Arabes. Elles peuvent contribuer également à changer ce monde, le système mondial tel qu’il fonctionne.
S.C.- Vous semblez optimiste !
Ahmed Ben Bella : Oh vous savez, je ne suis pas rien qu’optimiste : je passe ma vie à agir. Je ne me contente pas de faire des discours, je consacre tout mon temps à agir par le biais de l’organisation Nord-Sud. Aussi je crois que, parfois, les forces de l’espoir viennent de là où on les attend le moins.
S.C.- Le premier congrès constitutif de l’Alliance Populaire Arabe de Résistance s’est tenu fin mars 2006 au Caire. Les participants ont appelé les peuples à se mettre « sous la bannière de l’internationalisme pour soutenir le peuple arabe dans sa lutte contre l’agression impérialiste ». N’est-il pas le point de départ d’une campagne qui, si les partis progressistes d’Occident s’y rallient, pourrait relancer le mouvement anti-guerre et aller dans le sens de vos souhaits ?
Ahmed Ben Bella : Oui, je suis personnellement favorable à cette initiative. L’essentiel est d’avancer. On n’avance pas si l’on doute, si l’on pense que c’est fini. Si l’on campe sur des dissensions. On avance et on corrige les défauts. La vie c’est cela. Il y a aussi, dans le camp arabe, beaucoup d’obstacles à surmonter. Nous devons faire un effort pour dépasser les dissensions. En effet, nous connaissons, dans le mouvement arabe, les mêmes faiblesses que connaît le mouvement anti-impérialiste en Occident.
S.C.- Il y a près de dix mille palestiniens emprisonnés arbitrairement dans les geôles israéliennes. Ils ne sont pas reconnus comme prisonniers politiques. Ahmed Sa’adat - kidnappé par Israël en mars 2006, à Jéricho, avec cinq compagnons - alors qu’il était sous garde américano-britannique - est depuis soumis à des tortures continues. Il a réaffirmé sa volonté de ne pas céder, en disant : « Peu importe l’endroit où je serai, je continuerai à combattre ». Vous devez vous reconnaître en cette affirmation, vous qui savez ce que cela veut dire vivre emprisonné ?
Ahmed Ben Bella : Oui, j’ai vécu 24 ans et demi en prison. Quand les Français m’ont enfermé à la Santé, ils m’ont mis là avec les détenus que l’on guillotinait. Je voyais la guillotine depuis ma cellule. C’est terrible ce qu’Israël fait subir comme mauvais traitements aux Palestiniens. Actuellement je n’ai qu’un seul projet : c’est la Palestine. Je ferai tout mon possible pour les aider. Pour parvenir à la paix, en Palestine et dans le monde, il faut que ce système de marchands s’en aille. Parce que les problèmes sont immenses, les dégâts sont immenses. Laisser le monde entre les mains de marchands et de tueurs est un crime. C’est cela le terrorisme. Ce n’est pas Ben Laden.
S.C.- Quand vous entendez des chefs d’État dire qu’ils font la guerre en Irak au nom de la liberté et de la démocratie, qu’avez-vous envie de leur dire ?
Ahmed Ben Bella : Je leur dis que le droit à la vie est le premier des droits humains. Les droits de l’homme c’est le droit de vivre. Tous les philosophes chez nous parlent du droit à la vie. Sauvegarder la vie, vivre, est la première des choses auxquelles chacun aspire. Or le système mondial ne s’embarrasse pas de garantir ce droit. Il exploite, il tue. Et quand il ne peut pas tuer, il construit des prisons sauvages, abus qui prétendent apporter la démocratie. Les États-Unis se sont mis à faire, en Afghanistan et en Irak, ce qu’Israël a toujours fait contre les Palestiniens. On nous parle de démocratie israélienne, américaine. Mais quelle démocratie ont-ils apporté en détruisant toute chance de vie ?
S.C.- Vous souffrez pour l’Irak ?
Ahmed Ben Bella : Ah oui l’Irak pour moi…je suis allé quinze fois en Irak, vous savez. (Un silence) J’ai failli être tué en Irak. C’est insupportable de voir ce que l’on a fait à l’Irak ! À ce pays qui est le berceau de la civilisation ! L’Irak, c’est là où on a commencé à cultiver la terre, c’est là où est née l’humanité, c’est là où se sont fondus les premiers principes, c’est là qu’est né l’alphabet, le premier code, est celui d’Hammourabi. Tout cela a été détruit par des dirigeants incultes, par une nation qui n’a pas plus de 250 ans d’histoire, qui était une colonie de la Grande-Bretagne. Ils ont liquidé le colonialisme anglais et ils ont instauré un colonialisme planétaire. Que sont devenus les 80 millions d’Amérindiens ? Jamais je ne retournerai en Amérique, c’est un pays de brigands.
S.C.- Ressentez-vous comme racistes les guerres menées en Afghanistan et au Moyen-Orient ?
Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Ce sont des guerres menées contre l’Islam, contre la civilisation arabe. Cela saute aux yeux. Sur les pays qui sont hors la loi, selon Bush, un seul n’est pas arabo-musulman, la Corée du Nord. Les autres, la Syrie, l’Irak, le Soudan, l’Iran sont tous musulmans. Les croisades visaient soi-disant à récupérer le tombeau de Jésus Christ. Parfois, pour taquiner les Occidentaux, je leur dis : Jésus Christ, quelle langue parlait-il ? Il parlait ma langue, pas la vôtre, il parlait l’Araméen comme moi ! Quand vous lisez la bible, Jésus Christ dit : "Eli, Eli, Lama sabakta-ni" Et nous disons en Algérie : "Ilahi limada sabakta-ni". Ce sont exactement les mêmes paroles qu’a prononcées Jésus. Jésus parlait comme moi. L’Islam tire beaucoup de choses de l’Évangile ou bien de la Bible, qu’il est venu compléter.
A force de voir ces abus, j’explose. On nous a fait tellement de mal. On nous a atteints dans notre dignité. Sans parler de ce petit peuple en Palestine. Combien de Palestiniens sont obligés de vivre sous la férule la plus abjecte ? Notre réaction n’est pas du racisme, Je vous assure. Nous en avons plus qu’assez. L’Occident nous a fait beaucoup de mal. N’est-ce pas en Occident que se sont produits les pires crimes contre l’humanité ? Le fascisme, où est-il né ? Le nazisme, où est-il né ? Le stalinisme, où est-il né ? La fameuse inquisition, qui a duré 400 ans, où s’est-elle déployée ? Franchement il faut beaucoup, beaucoup d’abnégation pour se dire chaque jour qui passe, je ne veux pas haïr l’Occident.
S.C.- Ne faut-il pas incriminer les tenants du « choc des civilisations », les pro-israéliens, comme les principaux instigateurs de la haine anti-arabe, anti-islam, qui se répand de façon inquiétante contre vos peuples ?
Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Le Lobby israélien aux États-Unis est quelque chose de terrible. Jusqu’ici il était interdit d’en parler sans se voir accusé d’antisémitisme. Récemment, plusieurs études sont venues attester par des exemples inattaquables le poids du lobby israélien dans les options politiques et militaires prises contre nous . Plus personne aujourd’hui peut nier l’importance, voire le danger, de ce lobby qui pénètre toutes les sphères stratégiques. Je suis donc très concerné par cet aspect des choses qui rend encore plus difficile le règlement de la question palestinienne.
Je vais vous dire, alors que l’Islam a connu beaucoup de misères, jamais l’Islam n’a fait du mal à d’autres pays. Dans l’histoire, l’Islam a montré une tolérance qui n’existe nulle part ailleurs, alors qu’Israël a réussi à s’implanter par la force dans un espace et dans un lieu qui était habité par les Palestiniens - l’un des peuples arabes les plus évolués - et à y créer, en les dépossédant de leur terre, un État raciste. Aussi longtemps qu’Israël refusera de reconnaître le droit des Palestiniens à exister et revenir sur leur terre, il n’y aura pas de paix dans le monde.

Voltairenet

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La police a fait feu sur des milliers de manifestants


Au Népal, la police a fait feu sur des milliers de manifestants dans la banlieue de Katmandou alors qu'ils se dirigeaient vers la capitale malgré un nouveau couvre-feu.
Certains rapports font état d'au moins trois morts et de nombreux blessés.
Selon des responsables de l'hôpital de Katmandou, une quarantaine de blessés seraient dans un état critique.
Quatre manifestants ont été tués lors de la journée de mercredi.
Contrairement aux autres jours, diplomates et journalistes n'ont pas été autorisés à circuler sur les lieux de certaines regroupements.
Les manifestations, qui durent depuis plusieurs semaines, visent à faire reculer le roi Gyanendra, qui a pris les pleins pouvoirs le 1er février 2005, et à faire rétablir la démocratie.
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jeudi, avril 20, 2006

Qui est terroriste ?


Qui est terroriste ?

Les scènes de Gaza sont déchirantes.
Déchirantes ? Pas sûr. L’image de la famille Aben, de Beit Laliya, qui a perdu une fille de 12 ans, Hadil, n’a pas provoqué d’émotion particulière en Israël. Même à la vue des petits frères et de la mère d’Hadil, blessés, étendus, hébétés, sur le sol de leur misérable maison, personne n’est descendu dans les rues, personne n’a protesté.
Le jour où Hadil Aben a été tuée, « Yediot Aharonot » rapportait l’histoire de la chienne « Nelly » morte d’un arrêt cardiaque dans le kibboutz Zikim, à cause du bruit des canons de l’armée israélienne.
Au lieu de se dire désolé que des enfants aient été tués, on a, au sommet de l’appareil de la Défense, déversé un flot de déclarations véhémentes.
Le Ministre de la Défense a dit qu’il n’y avait qu’à augmenter la pression sur les Palestiniens. Le chef d’état-major adjoint a parlé d’une possible occupation de Gaza et le chef du département des opérations a ajouté : « Ce que nous avons vu jusqu’ici, c’était seulement la bande annonce ».
L’armée israélienne a fait savoir qu’elle allait réduire encore la « distance de sécurité » établie pour tenter d’éviter de toucher à la population civile. Le chœur chante d’une seule voix, à vous glacer le sang.
Israël fait pleuvoir des milliers d’obus sur des villes et des villages, les « aires de tir » des roquettes Qassam, appellation douteuse créée par la Défense et adoptée, yeux fermés, par les médias. Mais seuls les Palestiniens qui lancent des roquettes Qassam - lesquelles n’ont tué personne depuis le désengagement [des colonies de Gaza - NdT] - sont considérés comme « terroristes ».
Même le soupçon que la langue de la Ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, ait fourché quand elle a dit, au cours d’une interview à la BBC, qu’à ses yeux il y avait une différence entre toucher à des civils et toucher à des soldats, n’a pas soulevé de débat sérieux dans la population.
Et même si ensuite, dans une interview à Canal 10, elle n’a pas fermement soutenu ces propos, Tzipi Livni a osé dire la vérité, à savoir que si toucher à des civils est le critère du terrorisme, alors Israël est un Etat terroriste. Avec 18 tués, dont trois enfants, en 12 jours dans la seule Bande de Gaza, pouvons-nous vraiment nous satisfaire de l’argument de l’absence d’intention ? Celui qui tire au canon sur des concentrations de population et déclare avec une effrayante insensibilité que ce n’est encore que la « bande de lancement », peut-il prétendre qu’il n’a pas l’intention de tuer des enfants ? C’est à juste titre que les responsables de semblables bombardements sont considérés, dans le monde, comme des criminels de guerre. Lorsque le terrorisme est le fait d’un Etat, sa gravité est plus grande encore que dans les cas où il est le fait d’organisations rebelles.
Israël déclare souhaiter exercer une pression sur la population palestinienne afin que celle-ci empêche les tirs de roquettes Qassam. Pauvre argumentation. Aucun dirigeant palestinien ne peut promouvoir un cessez-le-feu quand des dizaines de civils sont touchés. Aucun Palestinien, quelles que soient ses aspirations à la paix, ne peut faire obstacle de son corps aux tirs lancés depuis les territoires de l’Autorité Palestinienne.
Les parents de Hadil Aben pouvaient-ils faire quelque chose ? Et comment au juste, le fait de tuer leur enfant amènera-t-il un arrêt des tirs de roquettes Qassam ? Le siège imposé à Gaza relève d’une politique strictement inverse de celle qu’il faudrait adopter, même en fonction des intérêts d’Israël. La politique actuelle ne fait que renforcer le soutien au Hamas, exactement de la même manière que les attentats ont renforcé la droite en Israël. Un peuple assiégé, dont les dirigeants font l’objet d’un boycott, se montrera beaucoup plus résolu à lutter jusqu’à sa dernière goutte de sang. Seul un peuple qui apercevra une lueur au bout du tunnel pourra changer d’attitude.
Que se passerait-il si Israël s’adressait au monde et lui demandait, là maintenant, de venir en aide aux habitants de Gaza, de donner et d’investir afin de les aider à sortir de leur misère ? Un premier ministre israélien qui agirait ainsi et qui proposerait une rencontre avec son homologue palestinien élu, exercerait une pression beaucoup plus utile et positive que n’importe quel bombardement.
Si les Palestiniens voyaient, pour la première fois de leur vie, Israël se préoccuper de leur sort, ils auraient beaucoup plus à perdre et ils stigmatiseraient les lanceurs de roquettes Qassam. La seule voie est de semer l’espoir.
Si dans la situation actuelle, les tirs de roquettes Qassam cessaient, Israël lèverait-il le siège ? Permettrait-il le libre passage entre Gaza et la Cisjordanie ? Laisserait-il les Palestiniens travailler sur son territoire ? Permettrait-il la construction d’un port et d’un aéroport dans la Bande de Gaza assiégée ? Les déclarations israéliennes démontrent en fait que la réponse à toutes ces questions est négative. Au vu de cela, la politique israélienne actuelle ne conduira qu’à accroître la violence de leur côté.
Aucune roquette Qassam ne justifie de semer la mort et la terreur par des bombardements. Les canons sont destinés à la guerre contre une armée. Leur emploi contre une population civile impuissante doit être tenu pour illégitime. Un Etat ne bombarde pas des villes. Un point c’est tout. Exactement comme dans la lutte contre la criminalité qui, elle aussi, tue et menace la sécurité, aucune fin ne justifie les moyens.
Viendrait-il à l’esprit de faire évacuer par la police tout un quartier d’où sont issus des meurtriers ? Quelqu’un déciderait-il de bombarder un tel quartier, même si cela devait amener une réduction de la criminalité sur son territoire ? Celui qui veut vraiment mettre un terme aux tirs de roquettes Qassam, doit inverser du tout au tout la politique israélienne. Montrer de la retenue face aux roquettes Qassam, lever le siège, rencontrer sans attendre les dirigeants palestiniens élus et appeler le monde à verser de l’argent à l’Autorité Palestinienne.

Qui est terroriste ? par Gideon Lévy
© 2005 e-torpedo.net
http://20six.fr/basta/
De : che
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=26685

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Un ancien policier relance l'affaire Ben Barka


PARIS (Reuters) - La police française savait qu'une équipe préparait le rapt de l'opposant marocain Mehdi ben Barka, enlevé en plein coeur de Paris le 29 octobre 1965, affirme l'ex-commissaire Lucien Aimé-Blanc.

Dans un livre intitulé "l'indic et le commissaire", l'ex-chef de la répression du banditisme estime que les services français ne sont pas intervenus pour empêcher cet enlèvement, "soit par négligence coupable, soit sur ordre".
A l'époque, les autorités françaises avaient démenti que le contre-espionnage ou la police aient été au courant de l'opération, menée par une équipe de truands français et de personnages troubles.
Lucien Aimé-Blanc, qui a pris sa retraite il y a quelques années, explique avoir retrouvé des transcriptions d'écoutes téléphoniques qui ne laissent aucun doute sur les intentions des personnes surveillées.
"A la lecture de ces 40 feuillets, j'ai été stupéfait de constater que c'était le point de ralliement de toute la bande identifiée comme étant les ravisseurs de Ben Barka", raconte-t-il dans Libération daté du 20 avril.
"Ils apparaissent tous sur ces écoutes, le chef d'escale d'Air France à Orly et indic du SDECE (ancienne DGSE, les services secrets, ndlr) Antoine Lopez, comme les truands Bouchesseiche, Figon, Palisse", ajoute l'ex-commissaire.
Pour Lucien Aimé-Blanc, il transparaît de ces conversations, enregistrées tout le mois précédant la disparition de Ben Barka, "que ces individus liés à un général marocain projettent l'enlèvement d'un homme qui doit arriver à Orly".
CONDAMNE PAR CONTUMACE
Le général évoqué s'est avéré être Mohamed Oufkir, qui était alors ministre de l'Intérieur du roi Hassan II.
"Il est donc clair que la brigade centrale de recherche criminelle", qui surveillait un hôtel de passe "sans avoir de compétence sur Paris, était au courant de ce projet", ajoute-t-il.
Ces rapports d'écoutes remontaient généralement jusqu'à la Sûreté nationale française, qui les avait autorisés, puis au cabinet du ministre de l'Intérieur, alors Roger Frey, ainsi qu'à Matignon, selon Lucien Aimé-Blanc.
Les extraits publiés cette semaine par le magazine L'Express rapportent, jour pour jour, les manoeuvres des assassins pour entraîner le fondateur de l'Union nationale des forces populaires (UNFP) à la célèbre brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris.
Cette affaire, symbolique de la répression des opposants au régime d'Hassan II, a longtemps terni les relations franco-marocaines. Le corps de Medhi ben Barka n'a jamais été retrouvé.
L'enquête judiciaire avait mené rapidement à des hommes politiques français, des policiers et des truands et fait apparaître que le général Oufkir, Ahmed Dlimi, directeur de la sûreté nationale marocaine, et un certain Chtouki, chef des brigades spéciales marocaines, se trouvaient à Paris au moment du rapt.
Lors du second procès tenu en France en 1967, Ahmed Dlimi et les protagonistes français ont été acquittés, à l'exception de deux comparses, condamnés à huit et six ans de prison.
De son côté, le général Oufkir a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité, ce qui provoquera le gel des relations franco-marocaines pendant deux ans.
La justice française enquête toujours, le dossier ayant connu, selon les parties civiles, une évolution favorable depuis la mort de Hassan II en juillet 1999.
© Reuters 2006
jeu. avr. 20, 2006 4:08 CEST

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mercredi, avril 19, 2006

IRAN : le climat est explosif

La tension monte sur le dossier nucléaire iranien et le pire reste peut-être à venir.
Alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, plus l'Allemagne, réunis mardi à Moscou ne sont pas parvenus mardi à un accord, les Etats-Unis appellent la Russie et tous les autres pays à cesser toute collaboration nucléaire avec l'Iran, y compris en ce qui concerne la centrale de Bouchehr construite par les Russes.
Par ailleurs, la Russie a annoncé mercredi qu’elle ne participerait pas à un éventuel conflit en Iran, …mais n’en reste pas néanmoins pour autant son fournisseur d’armes …
1 – La réunion de Moscou n’a pas permis de trouver une solution
Les six représentants des états réunis à Moscou ne sont pas parvenus mardi à un accord sur le nucléaire iranien. Le sous-secrétaire d'Etat américain Nicholas Burns avait alors d’ores et déjà plaidé "pour la nécessité de sanctions" à l'encontre de Téhéran mais indiqué qu'aucune décision n'avait été prise et que les discussions allaient se poursuivre.
La Russie, les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France se disent "préoccupés" par le refus du gouvernement iranien de stopper l'enrichissement de l'uranium, le gouvernement iranien n'ayant toujours pas donné de réponse positive aux exigences notifiées dans la résolution du Conseil des gouverneurs de l'AIEA en date du 4 février et réitérées dans la déclaration du président du Conseil de sécurité de l'ONU en date du 29 mars, dont la suspension de tous les travaux liés à l'enrichissement et au traitement chimique.
Attachés, selon leurs dires, au règlement diplomatique du dossier nucléaire iranien, les participants ont convenu de poursuivre les consultations après la présentation du rapport du directeur général de l'AIEA. Mohammed ElBaradei doit présenter son rapport sur l'Iran le 28 avril prochain, le jour où expire l'ultimatum de 30 jours exigeant que Téhéran suspende tous les travaux liés à l'enrichissement de l'uranium.
La semaine dernière, l'Iran avait annoncé avoir réalisé lui-même un cycle nucléaire complet permettant d'enrichir de l'uranium. Si Téhéran insiste sur le caractère pacifique de son programme nucléaire, certains pays estiment que l'Iran, qui vient de tester avec succès un missile balistique indétectable, pourrait concevoir clandestinement une arme nucléaire. Les six estiment à l'unanimité qu'il est inadmissible que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, mais les avis sont partagés sur les méthodes à employer pour mettre cours à une telle stratégie iranienne. La Russie et la Chine estiment qu'il est prématuré de parler de sanctions.
Après trois ans de débats, les négociations de l’UE3 avec l'Iran ont été suspendues en août dernier. Elles n'ont pas apporté de résultats contrairement au cas de la Corée du Nord qui s'était retiré en 2003 du Traité de non-prolifération nucléaire.
2 – La Russie ne participera pas à un conflit en Iran … mais lui vendra des armes
Les forces armées russes ne participeront pas à un éventuel conflit en Iran, a déclaré mercredi à Moscou le chef des Forces armées russes au terme d'une rencontre avec le commandant en chef des Forces de l'OTAN en Europe. La Russie ne proposera à aucune partie d'utiliser ses Forces armées à un éventuel conflit, où pour le moins "je ne le ferai pas en tant que chef d'État-major général", a noté Iouri Balouïevski, le responsable militaire russe.
Selon lui, le conflit ne devrait pas passer cependant à un phase militaire. Il estime en effet que le règlement du problème iranien par la force serait une grande erreur politique et considère que l'emploi des moyens diplomatiques serait la seule bonne solution au problème. "L'Iran cherchera à montrer la puissance de ses forces armées, mais nous comprenons la différence entre l'armée iranienne et celle, par exemple, des États-Unis. Nous sommes convaincus qu'une solution musclée ne réglera pas le problème iranien", a conclu le général.
Lors de la même entrevue, la Russie a également annoncé qu’elle respecterait ses engagements concernant l'exportation de matériels de guerre en Iran. La coopération technico-militaire Russie-Iran prévoit l'exportation de matériels militaires, notamment des missiles Tor-M1. Mais, selon les Russes, il ne s'agit pas des matériels stratégiques. Sans pouvoir donner une date de livraison, la Russie précise néanmoins que les armes seront sûrement livrées à l'Iran sous le contrôle des organisations appropriées.
La Russie a signé un contrat de 700 millions de dollars sur la vente de 29 missiles sol-air Tor-M1 à l'Iran à la fin de 2005. Le contrat ne serait nénamoins aucunement lié avec le dossier nucléaire iranien, a indiqué en janvier le Service fédéral russe pour la coopération technico-militaire. Moscou affirme que le contrat a été signé conformément aux normes du droit international et qu’il porte sur les armes purement défensives qui ne peuvent pas servir pour l'attaque.
Les missiles modernisés de cinquième génération Tor-M1 sont capables de détruire les avions, les hélicoptères, ainsi que les missiles balistiques et les drones. Les Tor-M1 ont une portée plus étendue et peuvent atteindre des cibles à une altitude de 10 km. De plus, les missiles Tor-M1 ont été dotés d'un système anti-brouillage plus opérant. L'usine militaire "Koupol" d'Ijevsk faisant partie du consortium "Almaz-Anteï" a présenté les missiles sol-air Tor-M1 au Salon aérospatial MAKS-2005.
3 – Les USA appellent à cesser toute coopération nucléaire avec l'Iran
Les États-Unis appellent tous les pays à suspendre la coopération nucléaire avec Téhéran, a déclaré mercredi à Moscou le sous-secrétaire d'État américain aux affaires politiques Nicholas Burns. Les USA soutiennent toujours la proposition russe de créer une coentreprise russo-iranienne d'enrichissement de l'uranium sur le sol russe, mais invitent tous les pays à suspendre la coopération nucléaire avec Téhéran, même en ce qui concerne les projets nucléaires civils tels que la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, a indiqué M.Burns au terme d'une rencontre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, plus l'Allemagne, consacrée au nucléaire iranien.
Washington chercherait depuis longtemps à convaincre Moscou d'abandonner le projet de Bouchehr, dans le sud de l'Iran, estimant qu'il pourrait servir de couverture à un projet de nucléaire militaire. La Russie s’y est toujours opposée.
4 – Blair souhaite un "message de clarté et d'unité"
Il est temps pour le monde "d'envoyer un message de clarté et d'unité" à l'Iran, même s'il n'est "pas question d'invasion militaire", a déclaré mercredi le Premier ministre britannique Tony Blair, lors de la séance hebdomadaire de questions à la chambre des Communes. Selon lui, il est même "parfaitement raisonnable" de la part de George W. Bush de n'exclure aucune option,.
Alors que le président iranien (Mahmoud Ahmadinejad) parle de rayer Israël de la carte et que des jeunes s'engagent pour des attentats suicide sur des cibles américaines britanniques et israéliennes avec au moins l'acceptation tacite, voire l'instigation du régime iranien, selon lui, l’heure n’est pas à la démonstration de faiblesse mais bien au contraire à l’adresse d’un signal de clarté et d'unité au régime iranien.
Selon lui, le message de la communauté internationale, doit au contraire pousser Téhéran à "cesser d'enfreindre la légalité internationale sur la question nucléaire, cesser de financer des activités terroristes dans le monde entier et retourner à ses obligations internationales".
M. Blair répondait à la question de Michael Meacher, un député de son parti travailliste qui lui demandait "l'assurance absolue" que la Grande-Bretagne ne soutiendrait pas une attaque de l'Iran.
"A chaque étape, ils (les Iraniens) ont calculé qu'ils pourraient diviser la communauté internationale. A chaque étape, au prix de gros efforts, cela s'est terminé par une plus grande unité de la communauté internationale", avait un peu plus tôt déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw sur la BBC, depuis Ryad où il est en visite pour deux jours.
5 – L’Iran soutient une offre de pétrole "bon marché"
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a proposé mercredi que les pays producteurs de pétrole, en particulier ceux de l'Opep, offrent un pétrole "bon marché" aux pays pauvres.
"Les pays producteurs de pétrole, en particulier les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole peuvent définir un quota pour fournir le pétrole à un meilleur prix aux consommateurs pauvres", a déclaré le président iranien. Le gouvernement iranien propose pour cela la création d'une caisse afin que les pays producteurs y mettent une partie de leur surplus pétrolier pour compenser les pressions subies par les pays pauvres à cause de la hausse du prix du pétrole.

http://www.leblogfinance.com

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136 prisonniers sans papiers entament une grève de la faim


Cent trente-six des cent quarante-six personnes en situation irrégulière enregistrées au centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne) ont entamé hier une grève de la faim. Ces détenus "entendent protester contre leurs conditions de détention, les lois sur l’immigration et l’absence de regard de l’administration sur leur sort", a déclaré hier une responsable de la Cimade, le service oecuménique d’entraide présent dans le centre.

Ce mouvement "est assez impressionnant, c’est assez rare qu’ils soient aussi nombreux", a-t-elle ajouté, soulignant que les chambres des détenus "étaient occupées par plusieurs personnes" et que ces derniers ne "profitent que très peu de l’espace extérieur".
Les détenus qui ont refusé leurs plateaux-repas hier sont de "toutes nationalités", selon la responsable, qui a précisé qu’ils venaient majoritairement d’Algérie, du Mali, de Chine, de Roumanie et de Turquie.

http://www.20minutes.fr/articles/20...
www.20six.fr/nul

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Angola: Le choléra fait plus de 200 morts à Benguela


Benguela
274 personnes sont mortes de choléra sur les 3 mille cas enregistrés par les services de santé de la province de Benguela (littoral) depuis le début de l'épidemie à la première quinzaine du mois de mars.
Au cours d'une conférence de presse donnée lundi, le directeur local de la santé, António Bento, a fait remarquer que la municipalité de Benguela a été frappée par 110 morts de 1585 cas notifiés, Lobito a connu 14 décès de 236 cas et enfin la commune de Catumbela avec 75 morts de 882 infectés.
D'autres zones, a-t-il dit, ont également été touchées, notamment Baia Farta, Dombe Grande, Ganda, Cubal, Balombo, Chongoroi.
Actuellement,il y a réduction graduelle du taux de mortalité de choléra après les mesures adoptées par l'exécutif provincial visant à acquérir urgemment des médicaments et à informer la population.

Allafrica

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lundi, avril 17, 2006

Le programme en quelques siècles


On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l'Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l'Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l'Esprit de Vérité
Au nom de l'Esprit critique,
Puis on supprimera l'esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots
.On supprimera le Sublime
Au nom de l'Art,
Puis on supprimera l'art.
On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le ProphèteAu nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l'Esprit
Au nom de la matière,
Puis on supprimera la matière.
AU NOM DE RIEN
ON SUPPRIMERA L'HOMME :
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L'HOMME :
IL N'Y AURA PLUS DE NOM :
NOUS Y SOMMES.
Armand ROBIN -
Le programme en quelques siècles
ClairObscur

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Procès Moussaoui : dernière phase

L es parties du procès de Zacarias Moussaoui doivent délivrer leurs derniers arguments, lundi 17 avril, début de la dernière semaine du procès du Français avant la délibération du jury.
Les jurés du tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, est) vont continuer à entendre les arguments de la défense avant de se retirer afin de décider si le Français doit être condamné à mort ou à la prison à vie.La personnalité du Français jugé pour complicité avec les auteurs des attentats du 11-Septembre sera plus que jamais examinée à la loupe.Jeudi, les avocats avaient dû céder le box des témoins à Moussaoui lui-même, qui a pris la parole contre leur gré en vertu de son droit constitutionnel à témoigner. Moussaoui a souhaité encore "plus de souffrance" aux Américains en précisant qu'il aurait espéré que les attentats continuent les jours suivants le 11-Septembre.Il a prétendu qu'il était sûr "à 100%" que le président George W. Bush ordonnerait un jour sa libération.
Schizophrénie
Les avocats vont désormais chercher à exploiter son témoignage, pour prouver qu'il est atteint d'une schizophrénie, une "circonstance atténuante", selon eux. Au moins deux médecins - un psychiatre et un psychologue - sont attendus de même que des témoins venus de France pour évoquer son passé.
L'audition de proches de victimes des attentats opposés à la peine de mort n'est pas exclue.Une fois la présentation des arguments de la défense terminés, l'accusation disposera d'un "droit de réponse" impliquant la possibilité de témoignages supplémentaires à charge. Puis les deux parties présenteront leurs réquisitions et plaidoiries finales.
"Vous pouvez vous attendre à ce que l'affaire soit remise au jury pour délibération la semaine prochaine", a indiqué jeudi aux jurés la juge chargée de l'affaire, Leonie Brinkema, avant de leur conseiller de se "reposer".
Moussaoui était en prison le jour des attentats du 11-Septembre. Ce membre d'Al-Qaïda avait été arrêté le 16 août 2001, mais avait nié être un terroriste et n'avait pas révélé les plans de ses complices, ce qui le rend "directement responsable" de la mort d'au moins une victime des attentats et "passible de la peine de mort", ont estimé les jurés lors d'un premier verdict.
Nouvel Observateur

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dimanche, avril 16, 2006

USA: Rumsfeld ne veut pas démissionner

Soutenu par le président Bush, le secrétaire américain à la Défense a rejeté vendredi les appels à sa démission

"Si à chaque fois que deux ou trois personnes n'étaient pas d'accord nous changions le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, ce serait comme un tourbillon", a déclaré Donald Rumsfeld.Plusieurs militaires américains à la retraite qui l'accusent d'être responsable des erreurs commises en Irak et lui reprochent son arrogance réclament sa démission.
Le président américain George W.Bush a affirmé vendredi son "entier soutien et sa plus profonde reconnaissance" à Donald Rumsfeld.

Appel à la démission
"M.Rumsfeld doit se retirer", a notamment lancé le général à la retraite Paul Eaton, dans une tribune publiée en mars dans le New York Times. Le général Eaton était chargé de la formation de l'armée irakienne de 2003 à 2004.Selon lui, le secrétaire à la Défense est "incompétent sur les plans stratégique, opérationnel et tactique" et est responsable "plus que quiconque" des difficultés américaines en Irak.

Donald Rumsfeld se défend
Dans une interview vendredi à la chaîne télévisée Al Arabiya, le chef du Pentagone s'est défendu et a soutenu que ses décisions sur l'Irak étaient en phase avec le général John Abizaid, chef du Commandement central américain et avec le général George Casey; haut officier de l'armée en Irak.Il a par ailleurs refusé de qualifier la vague de violences en Irak de guerre civile et s'est refusé à se prononcer sur la question d'un retrait américain d'Irak.

France Télévisions Interactive

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