samedi, novembre 15, 2008

Pétition de soutien des MRE au journal Almassae



Nous, Marocains résidant à l'étranger, signataires du présent communiqué, avons reçu avec un profond regret et une grande tristesse le jugement prononcé, le 25 mars 2008, au tribunal de première instance de Rabat condamnant Monsieur Rachid Niny, directeur de publication du quotidien Almassae, à payer des dommages et intérêts de six millions de dirhams au profit de quatre vice-procureurs du roi à Ksar El Kbir. Le même tribunal a également condamné le directeur de publication à payer une amende de cent vingt mille dirhams à la trésorerie générale du royaume pour ce que le tribunal a qualifié de diffamation des quatre magistrats.
Cette décision choquante et injuste porte profondément atteinte à la liberté d'expression dans notre cher pays, touche gravement à la crédibilité du processus démocratique dans lequel le Maroc s'est inscrit depuis plusieurs années, nuit gravement à l'image de notre pays sur le plan international et menace sérieusement un journal populaire, crédible, sérieux et citoyen en l'entraînant par cette décision scandaleuse et inacceptable vers des difficultés financières sans remord ni souci pour l'avenir de ses employés.
Devant cet événement regrettable nous exprimons notre soutien à Monsieur Rachid Niny et au journal Almassae et demandons l'annulation dudit jugement car un jugement doit être en adéquation avec les préjudices subits

http://www.petition-almassae.info/
14.11.08 14:46

Diffamation : condamnation délirante pour un journal marocain
Rabat - le directeur du quotidien marocain arabophone indépendant al massae (le soir) rachid nini, a été condamné jeudi en appel à verser la somme de 6 millions de dirhams (800.000 dollars) en faveur de quatre substituts au ministère public pour délit de diffamation et d'injures, a appris apa dans la capitale chérifienne .
la cour d'appel de rabat a condamné , en outre, le journal à verser 120.000 dirhams au profit du trésor public.
les quatre substituts du parquet de la ville de ksar el kabir (nord) avaient porté plainte séparément contre le journal en question qui avait publié en novembre dernier une enquête sur une fête privée où des pratiques homosexuelles avaient eu lieu.
le journal avait même publié une liste de mis en cause comprenant le nom d'un substitut du procureur du roi près le tribunal de première instance de la ville.
dans sa chronique quotidienne, le directeur du quotidien al massae avait publiquement demandé des excuses aux substituts admettant l'erreur professionnelle liée à la nature du métier.
la cour d'appel de tanger (nord) avait condamné, en janvier dernier, sept personnes qui avaient pris part à cette soirée scandaleuse à des peines de 4 à 10 mois de prison ferme notamment pour délit de perversion sexuelle .
depuis sa parution , il y a deux ans , le quotidien al massae a gagné en notoriété , au point qu'il est devenu le titre le plus vendu avec plus de 100.000 exemplaires par jour, soit 30 pour cent des ventes de toute la presse marocaine.
le quotiden table , aux yeux de ses détracteurs, sur " le sensationnalisme" via un " discours populiste". le syndicat de la presse marocaine plaide pour l'abolition des amendes exorbitantes ainsi que les peines privatives de liberté du nouveau code de la presse qui peine à voir le jour.
http://www.musiqueray.org/actualite/amende-de-800-000-dollars-confirmee-contre-al-massae/2008002633.html

Actualités récentes
Diffamation : condamnation délirante pour un journal marocain Bakchich (Satire)http://www.bakchich.info/breve1309.html
Le premier quotidien arabophone du royaume lourdement condamné par ... http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29149
Reporters sans FrontièresSoutien
Rachid nini / Amende de 800 000 dollars confirmée contre al massae

Ecrire votre soutien :jesoutiensmonjournal@yahoo.fr

Du groupe : Soutien Rachid nini / Amende de 800 000 dollars confirmée contre al massae
http://www.facebook.com/group.php?gid=44742373851&ref=nf
Petition_de_soutien_des_MRE_au_journal_Almassae

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jeudi, novembre 13, 2008

Quand on veut, on peut

Enterrement de cinq combattants
Des Palestiniens assistent aux funérailles de cinq combattants du Hamas tués de nuit lors d'une opération de l'armée israélienne dans la Bande de Gaza, la plus grave violation de la trêve qui a été conclue en juin.

Il est possible de défier les Israéliens, mais il faut en avoir le courage, spécialement les pays arabes.
L'auditorium du centre culturel de Rashad Al-Shawwa a retenti d'applaudissements lorsque le ténor italien, Joe Fallisi, a fini de chanter. Fallisi est l'un des 27 militants étrangers et palestiniens qui sont arrivés à Gaza la semaine dernière à bord du « Dignity » avec un voyage organisé par le mouvement Free Gaza pour rompre le blocus.
Pendant les trois jours qu'ils ont passé à Gaza, les militants ont visité la Bande et inspecté les dommages causés par deux années de blocus et par les incursions israéliennes. Jeudi, ils se sont rendus au plus grand hôpital de Gaza, Dar Al-Shifaa, où des dizaines de patients risquent de mourir s'ils ne sont pas autorisés à se faire soigner à l'étranger.
Iman, épouse d'un patient cardiaque, a dit « je n'arrive pas à croire que mon mari va mourir uniquement parce qu'on ne l'autorise pas à voyager. Une simple procédure médicale pourrait lui sauver la vie ».
Les militants ont été très frappés par la vue des maisons détruites, des oliveraies ravagées, des orangeraies déracinées et des puits comblés. Hassan Bakr, dont la ferme a été détruite par les Israéliens, espérait que les militants relaieraient ce qu'ils ont vu au monde extérieur et « obligeraient Israël à mettre fin à sa conduite criminelle ».
Les militants étrangers ont assisté à plusieurs événements organises en leur honneur ; au cours de l'un d'eux, des Palestiniens ont chanté une chanson en anglais au sujet d'un malade qui ne pouvait pas se rendre à l'étranger pour recevoir des soins.
Avant de quitter Gaza, les militants ont rencontré des représentants des étudiants qui ne peuvent pas poursuivre le leurs études à l'étranger à cause du blocus. Huweida Arraf, porte-parole du mouvement Free Gaza, a dit aux étudiants que leur problème est absolument prioritaire et a elle promis de transmettre leurs difficultés au monde entier.
Ihab Al-Ghosein, attaché de presse du Ministère de l'intérieur du Hamas, a dit que plus de 400 patients attendaient de pouvoir se rendre en Égypte pour y être soignés. Depuis que le blocus a été instauré à Gaza il y a deux ans, 253 personnes, dont un nourrisson, sont décédées en attendant d'avoir l'occasion de se rendre étranger. Il a ajouté qu'il y a au total 4628 personnes, dont 1182 femmes, 270 personnes de plus de 60 ans, 786 et étudiants, 199 détenteurs d'un passeport égyptien et 244 enfants de moins de cinq ans qui souhaitent se rendre à l'étranger. Il y a plus de 1700 personnes dont le permis de séjour à l'étranger a expiré à cause du blocus et 300 détenteurs d'un passeport étranger qui n'ont pas pu quitter la Bande, a signalé Al-Ghosein .
Mairead Corrigan-Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix en 1976, à cause de ses efforts en faveur de la paix en Irlande, était parmi les militants qui sont allés à Gaza. Elle a dit que son objectif était de rencontrer les habitants et de connaître leurs soucis ainsi que de rompre le silence international sur ce qui se passe à Gaza en raison du blocus. « Je voulais également voir par moi-même comment les gens vivaient. Je veux faire connaître leur situation au monde entier et demander instamment à la communauté internationale de faire face à ses responsabilités » a-t-elle ajouté.
Mairead Corrigan-Maguire a demandé instamment aux Palestiniens de retrouver leur unité et de dépasser leurs divisions actuelles. « Les Palestiniens ont suffisamment souffert.... Nous ne pouvons pas accepter la confiscation par Israël des terres palestiniennes, les destructions de maisons, la construction de colonies, ou la manière raciste dont les Israéliens traitent les Palestiniens » a-t-elle dit. La lauréate irlandaise du prix Nobel a ajouté qu'elle reviendra à Gaza en cas de besoin. « Je n'aime pas la mer et le voyage m'a épuisée. Mais je reviendrai si le blocus continue ».
Jamal Al -Khodari, militant antiblocus, a dit que la prochaine étape consisterait à louer un avion et à atterir à Gaza, pour défier ainsi le blocus aérien tout comme cela avait été fait avec les blocus terrestre et maritime. « Les Palestiniens ont le droit d'utiliser leur espace aérien comme n'importe qui d'autre » a-t-il déclaré.
Al-Khodari a annoncé qu'une délégation internationale de parlementaires de pays arabes européens et asiatiques comptait se rendre à Gaza par le passage de Rafah. Il espérait que les autorités égyptiennes n'essayeraient pas d'empêcher la délégation de passer.
L'intrépide voyage du bateau a ravi le Hamas. Fawzi Barhoum, porte-parole officiel du Hamas, a dit que l'arrivée du Dignity prouvait que le blocus peut être défié. « Il est possible de mettre fin au blocus de Gaza si les Arabes prennent une position officielle et effective » a-t-il ajouté.
La rupture du blocus est un devoir humanitaire, éthique et national a dit Barhoum. Il a demandé à l'Égypte d'ouvrir le passage de Rafah et de témoigner de la sympathie pour « la souffrance d'un million et demi de Palestiniens ».
Initiative sans précédent, une banque alimentaire vient d'ouvrir ses portes au public pour aider la population à faire face au blocus. Adel Rizq , directeur exécutif de l'agence civile pour la santé familiale, a dit que la banque distribuerait de la nourriture gratuite aux personnes dans le besoin lesquelles seraient identifiées et aidées, a-t-il fait remarquer.

13 novembre 2008 / Info-palestine / Al-Naami - Al Ahram Weekly /
6 novembre 2008 - Cet article peut être consulté ici : http://weekly.ahram.org.eg/2008/921... Traduction : amg
13.11.08 15:29

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lundi, novembre 10, 2008

Novembre 2008 : Pourquoi la victoire d’Obama ne changera rien ou Se réjouir sans s’illusionner

Parce que la pensée unique sur ce sujet, entretenue par les grands médias, me semble bénéficier, comme à chaque fois, d’un panurgisme déconcertant, d’un effet de mode superficiel et d’un oubli irraisonné des nuances de l’histoire.

Plan de l’enquête :
I - Entre les sirènes de l’illusion et le murmure de la lucidité II - Un nom qui sonne comme une exclamation et qui s’articule comme un sourire III - Un air de revanche IV - « Change », un mot SDF : sans destination fixe V - Ce qu’incarne John McCain aux yeux du monde VI - La stratégie d’Obama VII - Marketing politique et rôle digne d’Hollywood VIII - Barack, la baraka de l’Amérique (ou le candidat qui casse la baraque) IX - Les fantômes d’un gouvernement d’ouverture au centre et à droite X - Quand Philippe Val loue « la beauté de la démocratie américaine » XI - Mister America 2008-2012 XII - Finies les promesses hivernales XIII - Quand un candidat français et ses communicants empruntaient à Rimbaud son « changer la vie » XIV - Simple retour à la normale de la politique américaine XV - La vraie bonne nouvelle de cette élection est ailleurs.
I - ENTRE LES SIRÈNES DE L’ILLUSION ET LE MURMURE DE LA LUCIDITÉL
’être humain aspire au rêve autant qu’à la vérité. Il désire s’évader dans l’imaginaire autant que bâtir sur des fondations raisonnées. C’est pourquoi il est sans cesse tiraillé entre les sirènes de l’illusion et le murmure de la lucidité. Pour rendre le réel supportable, la conscience critique fatiguée se couche souvent dans le lit des promesses. Un lit de taille enfantine qui rappelle des souvenirs. Un lit dans lequel chacun se rassemble et se retrouve en se repliant, à l’étroit mais réconforté, bercé, apaisé. Ce lit s’appelle l’espoir.
II - UN NOM QUI SONNE COMME UNE EXCLAMATION ET QUI S’ARTICULE COMME UN SOURIRE
Durant ces premiers jours de novembre, partout à la surface du globe, l’espoir porte un même nom : Barack Obama. Sa silhouette s’étire et grandit au fur et à mesure que la majorité de l’humanité se réfugie et se blottit contre elle. Obama : un nom qui brille comme une étoile dans la nuit à la une de la presse du monde entier. Un nom qui sonne comme une exclamation et qui s’articule comme un sourire. Un nom qui se rapproche et s’amplifie comme la marche de ceux qui se sentent portés par un élan nouveau. Cet élan universel, c’est le désir de changer la mondialisation, jusqu’ici inquiétante, agressive, guerrière. Changer. Tel est le mot qui résume ce désir, cet élan, cet espoir. Changer.
III - UN AIR DE REVANCHE
Il y a une génération, durant l’irrésistible montée en puissance de l’idéologie libérale, Margaret Thatcher lançait son fameux There is no alternative qui semblait sonner le glas des points de vue divergents. L’américain Fujiyama publiait alors sa Fin de l’histoire. Les figures de l’économisme officiel le confirmaient à l’unisson et les gouvernements socialistes nouvellement élus renonçaient, les uns après les autres, à leurs programmes comme les dominos d’un jeu savamment orchestré.
IV - « CHANGE », UN MOT SDF : SANS DESTINATION FIXE
Change. Voilà le mot d’ordre aujourd’hui. Le mot qui s’échange et se répète d’un bout à l’autre de la planète mondialisée. Change. Un mot simple et court qui se comprend et se traduit aisément dans la plupart des langues. Change. Un mot vague cependant, dans lequel chacun peut placer sa propre vision de l’alternative désirable. Change. Un mot SDF : Sans Destination Fixe, que chacun peut prendre en supposant une direction plutôt qu’une autre. Change. Un mot libre d’usage que chacun peut interpréter comme il l’entend… au risque du malentendu et de la déception.
V - CE QU’INCARNE JOHN MCCAIN AUX YEUX DU MONDE
Ce mouvement d’opinion ne vient pas de nulle part. Il est l’écho de la voix qui s’est faite entendre, il y a six ans, dans le monde entier. La voix d’un consensus contre la guerre en Irak. La voix des millions de personnes qui ont manifesté un peu partout, y compris aux Etats-Unis, pour demander à Georges W. Bush et à ses faucons de ne pas partir en guerre une fois de plus, qui plus est dans un pays sans rapport avec les motifs invoqués pour le punir. Une foule incrédule devant les prétextes fallacieux et révoltée face à « la raison du plus fort ». Un mouvement de protestation mondiale qui rappelait alors celui qui s’était opposé à la guerre au Vietnam. Il aura fallu deux élections présidentielles pour que cet écho parvienne à se faire entendre suffisamment fort et clairement. Il aura fallu qu’adviennent les preuves irréfutables de l’échec et, surtout, celles du mensonge délibéré du pouvoir, sous couvert de raison d’État. Certes, le candidat républicain à cette élection n’est pas un proche du clan Bush. Mais il n’a échappé à personne que c’est un homme de guerre : un de ces pilotes de bombardiers qui ont déversé des millions de tonnes de bombes sur les populations civiles vietnamiennes, plus que tous les belligérants réunis durant la seconde guerre mondiale. John McCain incarne à l’envi l’agresseur américain, du Vietnam à l’Irak, usant de toute sa puissance pour imposer ses caprices et son hégémonie. Tout le monde sait que derrière les leçons de morale du bon père de famille et du militant pro-life – qui, sous prétexte de « droit à la vie », culpabilise les femmes voulant avorter – il y a un criminel de guerre qui a démembré des corps de tous âges, décimé d’innombrables familles, et anéanti des villages entiers. John McCain incarne précisément ce que le monde reproche le plus à l’Amérique. De plus, ce candidat refuse toute remise en question, examen et infléchissement de la dérégulation libérale. En ces temps de folie boursière et de violence économique, il est le candidat désigné d’un système qui marche sur la tête, inquiète presque tous, malmène la plupart, saccage l’environnement et accroît la misère. Son programme, c’est, encore et toujours, la guerre sous toutes ses formes. En d’autres termes, John McCain est le candidat de l’inhumanité.
VI - LA STRATÉGIE D’OBAMA
Face à lui, le candidat Obama n’a d’autre but que de se positionner en alternative, au moyen d’un slogan qui tient lieu, à lui seul, de programme. Ce faisant, il symbolise aussi par son âge et sa couleur de peau, cette jeunesse mondiale qui s’inquiète de l’héritage catastrophique que lui laisse l’actuelle gérontocratie. Une jeunesse qui, plus que ses aînés, se soucie de la planète et du Bien Commun et de son avenir. Une jeunesse qui peine à trouver un emploi et un logement au Nord et qui meurt de faim au Sud. Certes, Barack Obama présente une image et un discours différents. Mais qu’en est-il en réalité, au-delà de l’invitation au rêve, à l’espoir et, par conséquent, au vote for change ?
VII - MARKETING POLITIQUE ET RÔLE DIGNE D’HOLLYWOOD
Barack Obama est un pur produit de marketing politique. Ce qu’il donne à voir et à entendre est méticuleusement calculé comme aucune candidature politique ne l’a peut-être été dans l’histoire. L’apparence ne laisse rien au hasard. Aucun détail n’est négligé. Aucun procédé rhétorique. Aucune posture. Et surtout aucun symbole pouvant toucher la mémoire, les affects et l’inconscient du public. Tout est mis en scène. Le contenu du programme est complètement éludé par son titre emblématique et la personne charismatique qui le propose. Rien ne compte plus que l’image de l’acteur politique et le rôle qu’il interprète dans un scénario digne d’Hollywood. Un scénario qui l’oppose diamétralement à McCain, et pour cause : le film s’appelle Change, et doit convaincre que l’alternative est à portée de main.
VIII - BARACK, LA BARAKA DE L’AMÉRIQUE (OU LE CANDIDAT QUI CASSE LA BARAQUE)
Et pourtant, dans la réalité, les différences sont faibles et peu nombreuses. C’est même un numéro de trapéziste hors pair de la part de Barack Obama. Si ce n’est un numéro de magicien et, ce, avec l’aide de la plupart des médias. Et pour cause… Ce dernier point à lui seul aurait dû éveiller les soupçons de contrefaçon. Pourtant, l’obamania est générale en France comme ailleurs. Elle est rarement modérée par de sporadiques et discrètes critiques (se positionner ici en Cassandre est donc périlleux en pleine vague obamaniaque !). On ne cesse d’encenser son talent d’orateur, sa silhouette gaullienne, sa supposée indépendance, son sourire permanent, son charme ténébreux. Sa couleur est idéale : il est noir mais pas trop au goût de certains ! Gendre poli et propre sur lui, politicien différent puisqu’il le dit, vendeur d’un programme invisible mais vendeur sympathique et rassurant qu’on croit sur parole… et, surtout, incarnation « irréfutable » du fameux changement au moyen d’une flopée de symboles. En d’autres termes : c’est l’homme providentiel, peoplisé comme il se doit sur toute la surface du globe, à part peut-être le Kansas, le Texas ou l’Arizona, mais partout ailleurs reconnu comme il se doit en sauveur du monde. Barack, la baraka de l’Amérique ! Barack, le candidat qui casse la baraque ! Qu’importe si les obamaniaques deviendront obamaniaco-dépressifs puis obamécontents d’avoir été obamanipulés. Car on peut d’ores-et-déjà prévoir que l’enthousiasme actuel retombera à la fin de l’été 2009 et que la morosité reviendra comme l’hiver.
IX - LES FANTÔMES D’UN GOUVERNEMENT D’OUVERTURE AU CENTRE ET A DROITE
Prenons deux exemples clés, tout d’abord : celui de la politique économique puis celui de la politique militaire. Qui Barack Obama a-t-il publiquement envisagé pour assurer les fonctions de Secrétaire au Trésor (ministre de l’économie) et de Secrétaire à la Défense (ministre de la guerre) ? Pour ce qui est du Trésor, il a pensé au même Secrétaire que McCain ! Ils ont l’un comme l’autre convenu de proposer ce poste clé à l’homme le plus riche du monde : le milliardaire américain Warren Buffet [1], l’un des principaux actionnaires de la Coca-Cola Compagny et grand ami de Bill Gates. Obama rappellerait aussi le groupe poussiéreux d’économistes libéraux de l’ère Clinton. Bref, rien de bien nouveau dans le pays du billet vert. Au point, que les marchés financiers ne s’inquiètent certainement pas de la campagne des Présidentielles ni de son résultat ! Les programmes ? Ce sont les mêmes ou, pour mieux dire, il n’y a pas de programme : Obama a même convenu d’une différence minuscule voire négligeable sur le plan économique avec son adversaire et précisé qu’il souhaitait gouverner « au centre » sur ce plan-là, c’est-à-dire ni à droite ni à gauche [2].
Pour ce qui est du Secrétaire à la Défense, les conseillers d’Obama lui ont carrément conseillé de garder l’actuel chef du Pentagone : le belliqueux Robert Gates [3], nommé par Georges W Bush en décembre 2006 en remplacement de Donald Rumsfeld. D’après lesdits conseillers, Gates serait utile pour « contrôler » les velléités russes. Et il permettrait à Obama de prouver l’amplitude de l’ouverture annoncée dans son gouvernement. En effet, Obama a promis de rassembler des démocrates et des républicains, en essayant de les faire cohabiter du mieux possible aux destinées des Etats-Unis. Est-ce cela, le changement ? Et Joe Biden, sénateur depuis 1972 et Président de la sinistre commission des Affaires Étrangères : est-ce le Vice Président du changement ? De plus, en Robert Gates, on reconnaît le mélange de genres propre à la plupart des hommes politiques américains de l’école de Chicago : membre du conseil d’administration de grandes entreprises, des sociétés d’investissements internationales, parmi lesquelles des lobbies, et même de VoteHere, le producteur de machines à voter électroniques ! Même s’il est possible, voire probable que ni Buffet ni Gates ne seront finalement Secrétaires d’État, ces effets d’annonces devraient nous inciter à un minimum de méfiance.
X - QUAND PHILIPPE VAL LOUE « LA BEAUTE DE LA DÉMOCRATIE AMÉRICAINE »
D’aucuns trouvent que la façon dont s’est déroulée la campagne est le signe de la bonne santé de la démocratie américaine. Même Philippe Val est allé jusqu’à louer « la beauté de la démocratie américaine » (dans Le Grand Journal de Canal +, le 31 octobre 2008) et d’autres de « démocratie participative » en faisant un parallèle Obama-Royal. La démocratie participative consisterait-elle à accumuler les amis sur facebook (un million pour Obama) et les inscrits sur son site (un million également) ? En terme de « participation », s’agit-il uniquement de faire voter Obama en harcelant de coups de fil son entourage et de malheureux inconnus sélectionnés au hasard dans le bottin ? À moins qu’il ne s’agisse de récolter des fonds pour la campagne électorale la plus chère de l’Histoire ? Est-ce vraiment ça la démocratie participative ? Je n’ose imaginer ce que serait la démocratie directe (chacun choisit et apporte lui-même son pique-nique à la convention démocrate ?). Les 650 millions de dollars dépensés dans cette campagne démocrate sont-ils également le signe de « bonne santé de la démocratie américaine » voire de sa fameuse « beauté » ?
XI - MISTER AMERICA
2008-2012Plus que jamais, la politique est un produit publicitaire [4]. Plus que jamais, les communicants pèsent dans les coulisses pour en tirer les ficelles. Plus que jamais le marketing promotionnel ne lésine pas sur les moyens pour arriver à ses fins, c’est-à-dire remporter le marché (l’élection et, par conséquent, les bonnes places qui en découlent). Plus que jamais, la politique se confine à la marchandise. L’élection américaine n’est qu’un concours de personnalités dont l’une est has been et l’autre tendy. Sauf qu’il ne s’agit pas de Miss América 2008, mais Mister América 2008-2012 !
Certes, me dira-t-on, Obama a proposé une forme de Couverture Maladie Universelle dans un discours s’adressant aux 60% d’afro-américains qui composent la frange de la population la plus démunie. Mais en a-t-il reparlé depuis le printemps ? Non. Pourquoi ? Pour la même raison que Bill Clinton en son temps (qui n’est jamais allé jusqu’au bout de son projet initial).
XII - FINIES LES PROMESSES HIVERNALES
Autre promesse : fermer Guantanamo. Très bien ! Mais que sont devenues les promesses de paix et de retrait des troupes en Irak ? Le « retrait rapide » est devenu « retrait en 16 mois » puis « pas de retrait sans consultation des chefs de l’Armée et du gouvernement irakien ». Sur la question afghane, Obama n’a pas envisagé de retrait, mais s’est engagé, au contraire, à y envoyer plus de troupes, notamment pour entrer si nécessaire dans la zone frontalière du Pakistan, même sans l’accord de ce dernier [5]. Finies les promesses hivernales de rencontrer les chefs d’États de « l’axe du mal », comme l’Iranien Ahmanidejad « pour essayer de mieux se comprendre » : plus de négociations sans pré-conditions [6]. De même, sur le plan économique, Obama est, depuis quelques mois, beaucoup moins critique envers les accords de libre-échange. Certes, il parle d’une politique de grands travaux qui fait songer au New Deal [7], mais il promet simultanément une importante baisse des impôts ! De même qu’il se dit favorable aux énergies renouvelables tout en promettant aux industriels américains une augmentation du parc nucléaire, emboîtant le pas à McCain sur ce sujet également. Interrogé sur une éventuelle abolition constitutionnelle de la peine de mort, Obama s’est déclaré hostile à la disparition de cette peine absolue et irréversible, la considérant « nécessaire pour punir certains crimes odieux » [8]. Certes, il n’est pas membre de la National Rifle Association, mais il se tait sur le second amendement qui autorise la possession d’armes, ainsi que sur l’influence des grands lobbies sur la campagne électorale et sur la politique américaine (industries automobiles, d’armements et pharmaceutiques, lobbies pétroliers, financiers, militaires, religieux…). Il est qualifié de « laïque » dans la presse française, mais il est favorable au serment du nouveau Président sur la Bible et à tous les aspects religieux du fonctionnement des chambres. Dans son discours du 18 août à Saddleback, entre deux réflexions de politique générale sur l’avenir du pays et du monde, il a précisé : « Je crois que Jésus est mort pour mes pêchés et que je connais la rédemption à travers lui » [9]. Le 2 juillet 2008, Barack Obama s’est déclaré finalement favorable aux lois antiterroristes [10] et en particulier aux écoutes des citoyens, à la surprise de son auditoire, au sein duquel Michael Moore s’est peut-être demandé s’il ne s’était pas trompé d’adresse !
En fait, ce qui permet à Barack Obama de se faire passer pour très différent de John McCain, c’est tout simplement l’absence d’autres candidats vraiment différents dans le champ médiatique. Le poids du bipartisme à l’américaine fait quasiment passer à la trappe des candidats chevronnés comme l’écologiste Ralph Nader [11] sauf quand il s’agit de les critiquer. Ainsi, Nader a-t-il été accusé par les démocrates d’avoir fait perdre Al Gore en 2000, à cause des quelques voix manquantes en Floride [12]. De plus, l’immense budget des deux campagnes principales a aussi pour but d’écraser toutes les autres à grands coups de bombardements publicitaires.
XIII - QUAND UN CANDIDAT FRANÇAIS ET SES COMMUNICANTS EMPRUNTAIENT À RIMBAUD SON « CHANGER LA VIE »
Alors, est-ce à dire qu’il ne faut pas se réjouir de la victoire de Barack Obama ? Non, bien sûr, mais sans s’illusionner. Se réjouir d’un rajeunissement de la représentation politique, mais sans oublier que l’exemple Français ne garantit rien de bon. Se réjouir de la reconnaissance d’une catégorie de population oppressée dans l’histoire et encore sous représentée (femmes, personnes de couleur, membre de minorités sexuelles…), mais sans oublier que Margaret Thatcher est une femme, Colin Powel est noir, et Condolezza Rice les deux ! Se réjouir sans s’illusionner, c’est se prémunir d’une déception similaire à celle des années 1981-1983 en France. Quand François Mitterrand, décrit comme une « force tranquille » par ses communicants, promettait de « changer la vie ». Après avoir été usée jusqu’à la corde durant les années 70, la devise empruntée à Rimbaud allait tomber lettre morte dans le tiroir doré d’un ministère cossu, après un détour par le Panthéon en mai 1981.
XIV - SIMPLE RETOUR À LA NORMALE DE LA POLITIQUE AMÉRICAINE
Obama a choisit le 28 août 2008, 45ème anniversaire du discours J’ai fait un rêve de Martin Luther King, pour être officiellement investi par le parti démocrate à Denver. De même qu’il s’est entouré des survivants de la famille Kennedy. Deux grands symboles. Mais cela fait-il de lui l’homme providentiel du rêve de MLK et l’héritier de JFK ? Il a su rassembler également parmi les géants de la finance, les magnats des médias et même les célébrités militaires ! Par l’implication de ses sympathisants dans l’immense levée de fonds, sa campagne a été qualifiée de populaire. Mais n’y avait pas aussi dans le total une bonne moitié des millions de dollars gracieusement donnée par d’augustes hommes d’affaires qui souhaitent simplement un retour à la normale de la politique américaine ? Et que reste-t-il d’ailleurs du mot populaire quand on sait l’usage qui en est fait en France, par le mouvement du Président élu, dont l’une des premières décisions au pouvoir fut d’offrir un paquet fiscal en remerciement aux grandes richesses qui ont soutenu financièrement et médiatiquement sa fulgurante ascension ? Nicolas Sarkozy n’était-il pas d’ailleurs, aux yeux de beaucoup, un homme politique également jeune et ambitieux, issu de l’immigration, opportuniste et persévérant, promettant qu’ensemble tout serait possible, prêt à toutes les acrobaties dialectiques pour tirer son épingle du jeu au point de surprendre, parfois, jusqu’à son propre camp ? N’y a-t-il pas là suffisamment de signaux d’alerte et d’avertissements de l’histoire pour être un peu plus mesurés dans le regard que nous portons aux événements outre-Atlantique ?
XV - LA VRAIE BONNE NOUVELLE DE CETTE ÉLECTION EST AILLEURS
Le monde n’a pas seulement besoin de rêver, mais de changer, enfin, vraiment, profondément. Certes, le rêve précède parfois l’initiative. Certes, pour libérer l’action, il faut libérer l’imaginaire. Certes, du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas, un pas au-dessus d’un précipice parfois difficile voire impossible à enjamber. Mais au final, c’est l’action qui détermine le changement. Je crains que l’Amérique d’Obama soit un rêve planétaire qui ne sera pas suivi d’actes. Une illusion savamment entretenue à des fins électorales. Ainsi qu’une opportunité, saisie par l’élite américaine, d’améliorer son image dans un monde qui majoritairement la déteste.
Mais la vraie bonne nouvelle de cette élection est ailleurs. C’est tout simplement qu’à force de faire campagne sur le thème du changement, le désir qu’il advienne vraiment va peut-être persister et croître suffisamment pour qu’il devienne un jour réalité, du propre fait des gens eux-mêmes, où qu’ils se trouvent et quelle que soit l’alternative voulue.
3 novembre 2008, par Yannis Youlountas

À noter :
Ce texte est issu du site www.youlountas.net, ainsi qu’en lien à la une d’autres sites, notamment netoyens.free.fr, fondé et animé par Éric Jousse. Merci à eux et à toutes celles et ceux qui trouveront utile de faire connaître ce point de vue différent sur l’actualité. Publier ou envoyer des liens d’informations alternatives, c’est résister à la pensée unique qui nous piétine à longueur de journée.
Y.Y.

Notes
[1] Dont la fortune est évaluée à 62 milliards de dollars par le magazine Forbes.
[2] The Economist, 30 juin 2008.
[3] Entré en 1966 à la CIA, Robert Gates est un spécialiste de la Guerre Froide, titulaire d’un doctorat d’histoire de l’Union Soviétique, devenu membre de l’équipe rapproché de Reagan, puis de Bush père puis de Bush fils. Il a notamment été le Directeur de la CIA de 1991 à 1993, malgré son implication probable dans l’Irangate (ventes secrètes d’armes à l’Iran pour financer des « opérations noires », notamment au Nicaragua).
[4] Cf. Critique de la demoscopie, Du débat démocratique confisqué par son propre spectacle, éditions La gouttière 2005, dont voici un extrait ici judicieusement commenté par Minga.
[5] Reuters, 21 mai 2008.
[6] New-York Times, 29 mai 2008.
[7] Quelques mois après la crise de 1929.
[8] 25 juin 2008.
[9] Sans doute pour convaincre les 12% d’américains qui croient encore qu’il est secrètement musulman, sans oublier les sites Internet délirants qui voient en lui l’antéchrist annoncé dans L’Apocalypse ou la réincarnation de Saddam Hussein à cause de son second prénom !
[10] Dont certaines issues du scandaleux Patriot Act adopté au lendemain du 11 septembre 2001.
[11] Dont c’est la quatrième candidature.
[12] C’est un peu la même critique qui est souvent faite par la gauche gouvernementale à l’encontre de la gauche radicale en France.
Novembre_2008_Pourquoi_la_victoire_d_Obama_ne_changera_
rien_ou_Se_rejouir_sans_s_illusionner

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dimanche, novembre 09, 2008

vous avez dit changement ? C’est Obama qui devra payer pour les huit années de délire de Bush

Il devra sortir d’Irak et dire ses quatre vérités à Israël

Barack Obama va-t-il réparer les dégâts titanesques que son prédécesseurvicieux et menteur a perpétrés partout dans le monde et même aux Etats-Unis ?

une audition d’habeas corpus à Washington ont appris d’étranges choses sur les services secrets étasuniens après le 11/9. Des millions de rapports "bruts" des espions américains et de leurs "actifs" un peu partout dans le monde, est sortie une alerte de la CIA au Moyen-Orient sur une possible attaque aérienne de type kamikaze contre une base navale des Etats-Unis à un emplacement insulaire du Pacifique Sud. Seul problème : aucune base navale américaine de ce type n’existe et aucun navire de guerre de la Septième Flotte des Etats-Unis n’a jamais croisé là-bas. Une enquête de l’armée américaine avait rapporté auparavant avec le plus grand sérieux qu’Oussama ben Laden avait été reconnu en train de faire des achats dans un bureau de poste sur une base militaire américaine d’Asie orientale.
Que cette absurdité ait été disséminée dans le monde entier par ceux qui avaient la tâche de défendre les Etats-Unis dans la "guerre contre la terreur" montre l’environnement imaginaire qui était celui du régime Bush pendant huit ans ! Si l’on peut croire que ben Laden se rend dans un centre commercial sur une base militaire américaine, alors on peut croire que quiconque est arrêté est un "terroriste", que les Arabes sont des "terroristes", qu’ils peuvent être exécutés, que les "terroristes" vivant doivent être torturés, que tout ce que dit un homme sous la torture peut être cru, qu’il est légitime d’envahir des Etats souverains et de mettre la main sur tous les enregistrements téléphoniques en Amérique. Ainsi que Bob Herbert l’a dit dans le New York Times, il y a environ deux ans, l’administration Bush voulait ces enregistrements "qui contiennent une documentation cruciale d’appels à un restaurant chinois à emporter à Terre Haute, dans l’Indiana, et d’appels pour souhaiter un bon anniversaire à grand-mère à Talladega, en Alabama, pour aider dans la recherche de ben Laden ". Rien n’a arrêté Bush lorsqu’il s’est agi de fouler la constitution des Etats-Unis. La nouveauté était qu’il appliquait désormais le même irrespect pour la liberté en Amérique que celui qu’il avait montré dans le reste du monde.
Mais comment Barack Obama va-t-il réparer les dégâts titanesques que son prédécesseur vicieux et menteur a perpétrés partout dans le monde et même aux Etats-Unis ? John F. Kennedy a dit une fois que "les Etats-Unis, tout le monde le sait, ne commenceront jamais une guerre". Après la peur semée par Bush et après "le choc et la terreur" [shock and awe] de Rumsfeld, Abou Ghraib et Bagram, Gantanamo et les enlèvements secrets, comment Obama va faire pédaler son pays pour refaire tout le chemin vers Camelot [l’administration de JFK] ? Même le propre enthousiasme de notre cher Gordon Brown à aspirer les courriels des Britanniques est un autre exemple de la relation malade entre Lord Blair et Bush qui infecte toujours notre propre corps politique. Quelques jours seulement avant que ce président démoniaque nous quitte enfin, une nouvelle loi étasunienne assurera que les citoyens de son allié britannique flagorneur ne puissent plus se rendre aux Etats-Unis sans une habilitation sécuritaire. Bush a-t-il d’autres surprises pour nous avant le 20 janvier ? Peut-on encore vraiment être surpris ?
Obama doit fermer Guantanamo. Il doit trouver un moyen de faire ses excuses au monde pour les crimes de son prédécesseur, ce ne sera pas une tâche facile pour un homme qui doit faire preuve de fierté en son pays ; mais dire qu’il est désolé est ce qu’il devra faire – sur le plan international – si le "changement" dont il s’est fait le champion chez lui doit avoir le moindre sens hors des frontières de l’Amérique. Il devra repenser – et déconstruire – toute la "guerre contre la terreur". Il devra sortir d’Irak. Il devra appeler à l’arrêt de la construction de bases aériennes massives en Irak et de son ambassade à 600 millions de dollars. Il devra mettre fin aux frappes aériennes sanglantes que nous perpétrons dans le Sud de l’Afghanistan – pourquoi, oui, pourquoi continuons-nous de perpétrés des massacres contre les banquets de mariage ? – et il devra dire ses quatre vérités à Israël : que l’Amérique ne peut plus rester muette face à la brutalité de l’armée israélienne et à la colonisation pour les Juifs – et les Juifs seulement – sur la terre arabe. Obama devra au moins se dresser contre le lobby d’Israël (qui est en fait le lobby israélien du Likoud) et retirer l’acceptation que Bush a faite en 2004 à propos de sa revendication sur une partie importante de la Cisjordanie. Les officiels étasuniens devront parler aux officiels iraniens – et aux officiels du Hamas, d’ailleurs. Obama devra mettre fin aux frappes aériennes à l’intérieur du Pakistan – et de la Syrie.
Les alliés de l’Amérique au Moyen-Orient sont vraiment de plus en plus préoccupé par la nécessité que l’armée américaine doit être ramenée sous contrôle – le fait est que la véritable raison au départ de la nomination de Petraeus en Irak était moins d’organiser le "surge" [la montée en force] que de ramener la discipline aux 150.000 soldats et marines dont la mission – et la moralité – était devenue complètement pervertie par la politique de Bush. Il y a des preuves, par exemple, que la frappe des quatre hélicoptères en Syrie le mois dernier, qui a tué huit personnes, était – sinon une opération véreuse – certainement pas autorisée par Washington, ni par les commandants étasuniens à Bagdad.
Mais Obama ne pourra pas voler de ses propres ailes. Il veut réduire sa présence en Irak afin de concentrer plus de puissance de feu en Afghanistan. Il ne s’opposera pas au lobby à Washington, ne stoppera la colonisation juive rampante des territoires occupés et ne parlera pas aux ennemis d’Israël. En prenant Rahm Emanuel, le fervent supporter de l’< title="la principale institution du lobby d’Israël à Washington"> AIPAC, comme nouveau secrétaire général – "notre homme à la Maison Blanche", ainsi que le quotidien israélien Maariv l’a appelé cette semaine – Obama marchera droit. Et il y a, bien sûr, cette terrible pensée que ben Laden – lorsqu’il ne fait pas ses courses dans les bureaux de poste de l’armée américaine – pourrait projeter une autre atrocité pour accueillir la présidence d’Obama.
Pourtant, il y a juste un petit problème : les prisonniers "manquants". Pas les victimes qui ont été torturées (qui le sont encore ?) à Guantanamo, mais les milliers qui ont tout simplement disparu en détention américaine à l’étranger ou – avec l’aide des Américains – dans les prisons des alliés des Etats-Unis. Certains reportages parlent de 20.000 hommes qui auraient disparu, la plupart Arabes, tous Musulmans. Où sont-ils ? Peuvent-ils être libérés maintenant ? Ou sont-ils morts ? Si Obama découvre qu’il hérite de charniers légués par George W. Bush, il y aura beaucoup d’excuses à faire.

Par Robert FiskThe Independent, publié le 9 novembre 2008
http://questionscritiques.free.fr/
article original : "Robert Fisk: Obama has to pay for eight years of Bush's delusions"
Traduit de l'anglais par [JFG/QuestionsCritiques]

9.11.08 12:22
http://basta.20six.fr/basta/art/119449347/

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