samedi, février 07, 2009

Un Djihad* de l'armée israélienne ?

Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël... écrit Jonathan Cook.
Les extrémistes religieux sortent du rang
Les rabbins extrémistes et leurs adeptes, voulant à tout prix faire leur guerre sainte contre les Palestiniens, prennent furtivement le pouvoir dans l'armée israélienne, selon des critiques.
Dans le même temps, un historien militaire parle de la « théologisation » rapide de l'armée israélienne, il y a maintenant des unités entières composées de soldats combattants religieux dont beaucoup sont basés dans les colonies de Cisjordanie. Ils répondent à la ligne dure des rabbins qui appellent à la création d'un Grand Israël comprenant les territoires occupés palestiniens.
Leur influence dans la formation des objectifs et des méthodes de l'armée commence à se faire sentir, selon des observateurs, alors que de plus en plus de diplômés des écoles d'officier sortent de la population religieuse extrémiste. « Nous somme arrivés au point où un nombre décisif de soldats religieux essaient de négocier avec l'armée comment et à quelles fins la force armée doit être utilisée sur le champ de bataille » dit Yigal Levy, sociologue politique à l'Université Open, auteur de plusieurs livres sur l'armée israélienne.
Ce climat a été évident dans « la force excessive » employée lors de la récente opération de Gaza, indique le Dr Levy. Plus de 1 300 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, des milliers ont été blessés et des quartiers entiers de Gaza ont été rasés. « Quand des soldats, dont certains laïcs, sont imprégnés d'idées théologiques, cela les rend moins sensibles aux droits humains et à la souffrance de l'autre partie. »
Le rôle accru des groupes religieux extrémistes dans l'armée est apparu clairement la semaine dernière quand on apprit que le rabbinat de l'armée avait remis une brochure aux soldats qui se préparaient pour les 22 jours d'offensive contre Gaza.
Selon Yesh Din, groupe israélien de défense des droits de l'homme, le matériel contenait des messages « à la limite de l'incitation raciste contre le peuple palestinien » et pourrait avoir encouragé les soldats à ignorer le droit international. La brochure cite abondamment Shlomo Avinrer, un rabbin d'extrême droite qui dirige un séminaire religieux dans le quartier musulman de Jérusalem-Est. Pour lui, les Palestiniens sont les Philistins, l'ennemi biblique des Juifs. Il conseille : « Quand vous montrez de la clémence à l'égard d'un ennemi cruel, vous vous rendez cruels à l'égard des soldats purs et sincères... Il s'agit d'une guerre contre des assassins. » Il cite également l'interdiction biblique de « rendre un seul millimètre » du Grand Israël.
La brochure a été approuvée par le grand rabbin de l'armée, le général de brigade Avichai Ronsky, qui serait déterminé à grandir les « valeurs de combat » de l'armée après son échec à écraser le Hezbollah au Liban en 2006.
Le général Ronsky a été nommé il y a trois ans dans une démarche qui devait conduire, selon les médias israéliens, à calmer les éléments religieux de la ligne dure au sein de l'armée et de la communauté des colons. Le général Ronsky, lui-même colon de la communauté d'Itamar en Cisjordanie, près de Naplouse, est proche des groupes d'extrême droite. Selon certains articles, il rend régulièrement visite à des membres emprisonnés des groupes terroristes juifs ; il a offert sa maison à un colon qui a été mis en résidence surveillée pour avoir blessé des Palestiniens ; et il a introduit des officiers supérieurs auprès d'un petit groupe de colons extrémistes qui vivent au milieu des 150 000 Palestiniens d'Hébron. Il a encore radicalement réformé le rabbinat, fondé à l'origine pour proposer des services religieux aux soldats religieux et leur garantir la possibilité d'observer le sabbat et de manger casher dans les cantines de l'armée.
Au cours de l'année passée, le rabbinat a en réalité repris le rôle des corps d'éducation de l'armée par le biais du Département de la conscience juive, qui coordonne ses activités avec Elad, une organisation de colons active à Jérusalem-Est. En octobre, le quotidien Ha'aretz citait sans le nommer un officier supérieur qui accusait le rabbinat de faire subir aux troupes un « lavage de cerveau » religieux et politique. Selon le Dr Levy, le pouvoir du rabbinat de l'armée se renforce en même temps que gonflent les rangs des soldats religieux.
Le groupe Briser le Silence, projet conduit par des soldats qui veulent faire connaître le comportement de l'armée à l'égard des Palestiniens, a déclaré que la brochure remise aux soldats dans la bande de Gaza avait vu le jour chez les colons d'Hébron. « Le document y existait depuis au moins 2003 » dit Mikhael Manekin, 29 ans, l'un des dirigeants du groupe, et lui-même pratiquant religieux. « Mais ce qui est nouveau, c'est que l'armée se soit faite le sous-traitant de la promotion des opinions des colons extrémistes auprès de ses soldats. »
Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël, dit le Dr Levy. Et il souligne que les coopératives rurales, connues sous le nom de kibboutz et qui étaient jadis le lieu de vie des classes moyennes d'Israël et produisaient la majeure partie de ses corps d'officiers, étaient en régression depuis le début des années 1980. « Le vide laissé par leur retrait progressif de l'armée a été comblé par les jeunes religieux et les enfants des colonies. Ceux-ci dominent aujourd'hui dans de nombreuses branches de l'armée. » Selon les chiffres cités dans les médias israéliens, plus d'un tiers de tous les soldats combattants d'Israël sont des religieux, ainsi que plus de 40% des diplômés des écoles d'officier.
L'armée a encouragé cette tendance en créant des yeshivas hesder, séminaires dans lesquels les jeunes peuvent combiner les études bibliques avec le service militaire dans des unités religieuses séparées. Beaucoup des yeshivas sont basées en Cisjordanie où les étudiants sont formés par les rabbins extrémistes des colonies. Ehud Barak, ministre de la Défense, en a très vite étendu le programme l'été dernier, approuvant 4 yeshivas, dont 3 sont basées dans les colonies. 10 autres seraient en attente d'approbation.
Mr Manekin, cependant, a déconseillé d'imputer la responsabilité de la violence contre les civils à Gaza à la seule influence des extrémistes religieux.
« L'armée en Israël reste toujours dirigée par des élites laïques et elles ont toujours été négligentes à l'égard de la sécurité des civils quand elles font la guerre. Le nationalisme juif qui justifie les morts palestiniens est tout aussi dangereux que l'extrémisme religieux. » * (Pris par l'auteur au sens de "guerre sainte"

Nazareth, le 4 février 2009 - Counterpunch - (Image en-tête SIPA) - traduction : JPP
http://nul.20six.fr/nul/art/163164015/Une-Paix-sans-Justice
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jeudi, février 05, 2009

Le Commandeur de l’OTAN ordonne de massacrer des milliers de civils afghans

Flagrants délits
En bref, une image révélatrice, un fait marquant ou une déclaration décalée.

Le général Bantz Craddock, Suprême commandeur de l’OTAN, a ordonné aux troupes alliées présentes en Afghanistan de tuer, dans les zones insurgées, toutes les personnes impliquées dans la culture et le commerce des drogues, sans attendre de savoir si elles sont ou non liées à l’insurrection.
Le Commandeur de l’OTAN ordonne de massacrer des milliers de civils afghansSelon le site internet de Der Spiegel, qui a révélé les faits, l’ordre a été confirmé par écrit, le 5 janvier 2009, au général allemand Egon Ramms qui s’y opposait en qualifiant l’exécution de cette instruction de crime de guerre.
Ces révélations provoquent un vif émoi en Allemagne, mais pas dans les autres États impliqués militairement en Afghanistan.
Ces instructions s’appliquent à toute la zone insurgée, mais pas à la zone « pacifiée », c’est-à-dire placée sous l’autorité du président Karzaï, où son demi-frère exploite le pavot.
En clair, le général Bantz Craddock a ordonné de massacrer tous les paysans qui cultivent le pavot et tous les trafiquants dès lors qu’ils rivalisent avec le monopole de la famille Karzaï.
Le général Bantz Craddock est l’ancien chef du cabinet militaire de Donald Rumsfeld. En qualité de commandant du South Command, il installa le centre de torture de Guantanamo. Il participa activement à la planification de la guerre israélienne de 2006 contre le Liban et fut nommé à cette époque à la tête de l’OTAN en vue d’une possible mission de l’Alliance atlantique aupays du Cèdre (projet qui fut contrecarré par Jacques Chirac lors de la Conférence de Rome).
Rappelons que la drogue produite par les Karzaï est principalement acheminée par les avions US à Camp Bondstell (Kosovo) où elle est prise en charge par le Premier ministre Haçim Thaçi. Elle est alors distribuée par la mafia kosovare principalement en Europe occidentale. Les bénéfices servent à financer les opérations spéciales de la CIA hors contrôle budgétaire du Congrès.

4 février 2009 / Réseau Voltaire
5.2.09 18:22

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mercredi, février 04, 2009

Pas d’oubli pour Gaza

Vous pouvez courir, presse et Média,
Avec vos manœuvres sous contrats,
Par le foot, la culture du doute,
Car, il n y’aura pas d’oubli, ni de répit,
Pour les enfants de Gaza,
Il n’y aura pas d’oubli pour Treblinka,
Pour les victimes d’Hiroshima,
De Sabra et Chatila.
Il n’y aura pas d’oubli pour Sétif,
Pour la Bosnie, les ghettos juifs.
Il n’y aura pas d’oubli pour Dir Yassine,
Pour les goulags de Staline,
Et pour Jenin en Palestine.
Il n’y aura pas d’oubli pour le lynchage,
Pour l’ethnocide et les carnages,
D’un capitalisme sauvage,
Qui vient droit du moyen âge.
Il n’y aura pas d’oubli pour les Mayas,
Les nez percés et les Incas,
Il n’y aura pas d’oubli mes amis,
Barricadés et insoumis,
A toutes les formes de violences,
Les guillotines et les potences,
Et résisterons en permanence,
Dans la colère du silence,
Et resterons debout dans la rue,
A débouter touts les abus,
A défier balles et obus,
Et tout ce qui blesse ou tue.
En citoyens murs et crédibles,
Témoins d’une ère pénible,
Gardiens de la sagesse des hommes,
Dont la mémoire reste vivante,
Et sa lumière illuminante,
Effective et palpitante.
Et cette fois c’est bien fini,
Ou plutôt bien commencé,
Il n’y aura plus d’oubli,
Pour les enfants de Gaza,
Pour que le mal soit maudit
Et la sagesse vaincra.

Lihidheb mohsen Eco artiste Zarzis Tunisie, 20.01.09
La Poésie est une arme
http://basta.20six.fr/basta/art/162880839/
Les-assassins-cel-bres-#comm

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lundi, février 02, 2009

Noms et photos de criminels de guerre israéliens à Gaza

J'ai décidé de publier certains noms et photos de personnels de l'armée israélienne qui ont participé à ce qu'on appelle l'opération « Plomb durci », l'offensive lancée par les Forces d'occupation israéliennes (FOI) sur la bande de Gaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Kawter Salam, journaliste palestinienne.

Les noms de ces criminels appellent mon attention depuis le premier jour de leur agression criminelle contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza. Je considère chaque personne qui a pris part à cette opération des FOI et chacun de ceux dont les noms figurent à cet article comme un criminel de guerre qui doit être traduit devant une Cour internationale de Justice, comme tous les autres criminels de guerre qui ont été poursuivis auparavant...
Le procureur général israélien Menachem Mazuz est de mèche avec ceux qui ont commis les crimes de guerre dans la bande de Gaza. Ces autres, ce sont Ehud Barak, Ehud Olmert et son cabinet de criminels, et leurs homologues de l'armée, le général de brigade Avihai Mandelblit. Le chef d'état-major Gabi Ashkenazi est également impliqué dans les crimes de guerre à Gaza. Le procureur général d'Israël a demandé à son homologue militaire d'ouvrir une enquête rapide dans l'armée comme mesure « alternative » visant à faire obstacle aux « centaines » de procès internationaux potentiels auxquels il s'attend contre les responsables israéliens, pour crimes de guerre contre la population de la bande de Gaza lors de l'opération. La préoccupation grandit dans les bureaux des ministères de la Justice et de la Guerre israéliens car on s'attend à une vague massive de procès pour violations des droits de l'homme contre les officiers et dirigeants politiques israéliens.
L'intention criminelle de Menechem Mazuz, à savoir aider à étouffer les crimes de guerre de l'Etat d'Israël, en conseillant l'armée et en ouvrant une « enquête officielle et interne », est une fraude évidente organisée par le ministre israélien de la Justice. Ce genre de comportement n'est pas celui d'un Etat mais d'une organisation criminelle qui essaie d'échapper à sa punition bien méritée.
La censure militaire d'Israël empêche actuellement les médias d'identifier les officiers qui étaient dans les FOI sur la bande de Gaza, et de divulguer des informations à leur sujet qui pourraient être utilisées dans des procédures juridiques devant les tribunaux à l'étranger. L'inquiétude est grande dans les ministères de la Défense et de la Justice de voir des officiers israéliens faire l'objet d'une vague massive de procès pour violations des droits de l'homme.
Ces derniers jours, la censure a interdit la publication des noms et photographies des officiers jusqu'au niveau de chef de bataillon. Elle suppose que l'identité des commandants de brigade est déjà connue. La censure a également interdit tout article qui associerait un officier précis du niveau de commandant d'opération (lieutenant à lieutenant-colonel) aux destructions infligées sur une zone déterminée.
Le criminel de guerre israélien numéro un, Ehud Barak, a déclaré que l'Etat d'Israël portait la responsabilité de l'envoi des troupes des FOI en missions sur Gaza dans le but de défendre les civils, et à ce titre, il est obligé d'assurer son plein soutien à ces officiers et soldats qui étaient intégrés aux FOI à Gaza. Selon Barak, aucun problème ne devrait être posé aux officiers et soldats en raison de leur participation à l'opération.
Le criminel de guerre Barak a ordonné aux FOI de mettre en place une équipe de renseignements et d'experts juridiques pour recueillir des éléments de preuve relatifs aux opérations dans la bande de Gaza, aux fins de les utiliser pour la défense des commandants militaires dans des procès futurs à l'étranger.

Voici quelques noms des criminels de guerre israéliens qui ont opéré dans la bande de Gaza
Noms-et-photos-de-criminels-de-guerre-israeliens-Gaza

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dimanche, février 01, 2009

Israël-Palestine : Le cancer


Le cancer israélo-palestinien s'est formé à partir d'une pathologie territoriale : la formation de deux nations sur une même contrée, source de deux pathologies politiques, l'une née de la domination, l'autre de la privation. Il s'est développé d'une part en se nourrissant de l'angoisse historique d'un peuple persécuté dans le passé et de son insécurité géographique, d'autre part du malheur d'un peuple persécuté dans son présent et privé de droit politique.

La justification.

Dans l'opprimé d'hier l'oppresseur de demain disait Victor Hugo. Israël se présente comme le porte-parole des juifs victimes d'une persécution multiséculaire jusqu'à la tentative d'extermination nazie. Sa naissance attaquée par ses voisins arabes a failli être sa mort. Depuis a naissance, Israël est devenu une formidable puissance régionale, bénéficiant de l'appui des Etats-unis, dotée de l'arme nucléaire.
Et pourtant Sharon a prétendu lutter pour la survie d'Israël en opprimant et asphyxiant la population palestinienne, en détruisant des écoles archives, cadastres, éventrant des maisons, brisant des canalisations et procédant à Jenine à un carnage dont il interdit de connaître l'ampleur. L'argument de la survie n'a pu jouer qu'en ressuscitant chez les israéliens les angoisses de 1948, le spectre d'Auschwitz, et donnant à un passé aboli une présence hallucinatoire. Ainsi la nouvelle Intifada a réveillé une angoisse qui a amené au pouvoir le reconquistador Sharon.
En fait Sharon compromet les chances de survie d'Israël dans le Moyen-Orient en croyant assurer dans l'immédiat la sécurité israélienne par la terreur. Sharon ignore que le triomphe d'aujourd'hui prépare le suicide de demain. A court terme, le Hamas fait la politique de Sharon, mais à moyen terme, c'est Sharon qui fait la politique du Hamas.
Si, en deçà d'un certain seuil, l'Intifada a poussé Israël à négocier, au-delà elle a ranimé l'angoisse de la proie, exaspérée par les attentats suicides, et la répression impitoyable semble une juste réponse à la menace. Si rien ne l'arrête de l'extérieur, l'Israël de Sharon va au minimum vers la bantoustandisation des territoires palestiniens morcelés.

L'unilatéralisme
C'est la conscience d'avoir été victime qui permet à Israël de devenir oppresseur du peuple palestinien. Le mot " Shoah " qui singularise le destin victimaire juif et banalise tous les autres (ceux du goulag, des Tsiganes, des Noirs esclavagisés, des Indiens d'Amériques) devient la légitimation d'un colonialisme, d'une apartheid et d'une ghettoïsation pour les palestiniens.
La conscience victimaire comporte évidemment une vision unilatérale de la situation et des événements.
Au départ du sionisme la formule "un peuple sans terre pour une terre sans peuple " a occulté le peuplement palestinien antérieur. Le droit des juifs à une nation a occulté le droit des palestiniens à leur nation.
Le droit au retour des réfugiés palestiniens est vu aujourd'hui, non comme un droit symétrique è celui du retour de juifs qui n'ont jamais vécu en Palestine, mais à la fois comme un sacrilège et comme une demande de suicide démographique d'Israël. Alors qu'il aurait pu être considéré comme une réparation aux modalités négociables.
Il est horrible de tuer des civils selon un principe de culpabilité collective, comme le font les attentats-suicides, mais c'est un principe appliqué par Israël frappant, depuis le temps de Sabra et Chatila et du Liban Nord jusqu'à aujourd'hui et hélas probablement demain, des civils, femmes et enfants, et en détruisant la maison et les cultures des familles d'auteurs d'attentat. Les victimes civiles palestiniennes sont désormais quinze à vingt fois plus nombreuses que les victimes israéliennes. Est ce que la pitié doit être exclusivement réservée aux unes et non aux autres ?
Israël voit son terrorisme d'Etat contre les civils palestiniens comme auto-défense et ne voit que du terrorisme dans la résistance palestinienne.
L'unilatéralisme attribue à Arafat seul l'échec des ultimes négociations entre Israël et l'autorité palestinienne ; il camoufle le fait que sans cesse depuis les accords d'Oslo la colonisation s'est poursuivie dans les territoires occupés, et considère comme " offre généreuse" une restitution restreinte et morcelé de territoires, comportant maintien de colonies, et contrôle israélien de la vallée du Jourdain. L'histoire complexe des négociations est effacée par la vision unilatérale d'une " offre généreuse " reçue par un refus global, et l'interprétation de ce soi-disant refus global comme une volonté de détruire Israël.
L'unilateralisme masque la dialectique infernale repression-attentat, elle-même alimentée par les forces extrémistes dans les deux camps.
L'unilatéralisme masque le fait que la tournée de Sharon sur l'esplanade de la Mosquée n'a pu que renforcer le cercle vicieux infernal qui favorise le pire dans les deux camps. Le pourrissement de la guerre d'Algérie après 1957 a favorisé le pire du côté français, avec trois putschs militaires qui auraient pu instaurer une dictature durable en France, et le pire du côté algérien, en accroissant le caractère despotique du FLN, ce qui a conduit à une tragédie qui n'a pas cessé 40 ans plus tard.
Le cercle infernal où tout accroissement du pire de l'un accroît le pire de l'autre a donné le pouvoir au clan nationaliste-intégriste en Israël, a installé des officiers issus des colonies à la tête de Tsahal, a transformé des éléments de cette armée de réoccupation en soldatesque pillant et tuant parfois jusqu'au massacre (Jenine). Il a accru le rayonnement et l'emprise des mouvements religieux fanatiques sur la jeunesse palestinienne.
Certes il y a également un unilatéralisme palestinien, mais sur l'essentiel, depuis l'abandon par la charte de l'OLP du principe d'élimination d'Israël, l'autorité palestinienne a reconnu a son occupant l'existence de nation souveraine que celui-ci lui refuse encore. Sharon a toujours refusé, le principe " la paix contre la terre ", n'a jamais reconnu les accords d'Oslo et a considéré Rabin comme un traître.

La fausse symétrie
En Occident, les médias parlent sans cesse de la guerre israélo-palestinienne ; mais cette fausse symétrie camoufle la disproportion des moyens, la disproportion des morts, la guerre de chars, hélicoptères, missiles contre fusils et kalachnikovs ; la fausse symétrie masque la totale inégalité dans le rapport des forces et elle masque l'évidence simple que le conflit oppose des occupants qui aggravent leur occupation et des occupés qui aggravent leur résistance. La fausse symétrie occulte l'évidence que le droit et la justice sont du côté des opprimés. La fausse symétrie met sur le même plan les deux camps, alors que l'un fait la guerre à l'autre qui n'a pas les moyens de la faire et n'oppose que des actes sporadiques de résistance ou de terrorisme. De même il y a fausse symétrie entre Sharon et Arafat, l'un maître d'une formidable puissance, capable de défier les Nations Unies et les objurgations (certes molles) des Etats-Unis, l'autre de plus en plus impuissant dans la séquestration dont il est victime. Une sinistre farce consiste à demander à Arafat d'empêcher les attentats tout en l'empêchant d'agir,

L'oppresseur d'aujourd'hui
Ce qu'on a peine à imaginer c'est qu'une nation de fugitifs, issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l'histoire de l'humanité, ayant subis les pires humiliations et le pire mépris soit capable de se transformer en deux générations non seulement en " peuple dominateur et sur de lui ", mais, à l'exception d'une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier. Les médias rendent mal les multiples et incessantes manifestations de mépris, les multiples et incessantes humiliations subies aux contrôles, dans les maisons, dans les rues. Cette logique du mépris et de l'humiliation, elle n'est pas le propre des Israéliens, elle est le propre de toutes les occupations où le conquérant se voit supérieur face à un peuple de sous humains. Et dès qu'il y a signe ou mouvement de révolte, alors le dominant se montre impitoyable. Il est juste qu'Israël rappelle à la France sa répression coloniale durant la guerre d'Algérie ; mais cela indique qu'Israël fait pour la Palestine au moins ce que la France a fait en Algérie. Dans les derniers temps de la reconquête de la Cisjordanie, Tsahal s'est livré à des actes de pillage, destructions gratuites, homicides, exécutions où le peuple élu agit comme la race supérieure. On comprend que cette situation dégradante suscite sans cesse de nouveaux résistants, dont de nouvelles bombes humaines. Qui ne voit que les chars et les canons, mais ne voit pas le mépris et l'humiliation n'a qu'une vision unidimensionnelle de la tragédie palestinienne.


Du terrorisme
Le mot terrorisme fut galvaudé par tous les occupants, conquérants, colonialistes pour qualifier les résistances nationales. Certaines d'entre, elles, comme du temps de l'occupation nazie sur l'Europe ont certes comporté une composante terroriste, c'est-à-dire frappant principalement des civils. Mais il est indu de réduire une résistance nationale à sa composante terroriste, si importante soit elle. Et surtout il n'y a pas de commune mesure entre un terrorisme de clandestins et un terrorisme d'Etat disposant d'armes massives. Au moment où le gouvernement sharonien a dénoncé la bombe humaine qui a fait six morts à Jérusalem, il a occulté la terreur pratiquée à Jenine. De même qu'il y a disproportion entre les armes, il y a disproportion entre les deux Terreurs.
L'horreur et l'indignation devant des victimes civiles massacrées par une bombe humaine doivent-elles disparaître quand ces victimes sont palestiniennes et massacrées par des bombes inhumaines ?

Les bombes humaines
Il ne faut pas craindre de s'interroger sur ces jeunes gens et jeunes filles devenues bombes humaines.
Le désespoir, certes les a animés, mais cette composante ne suffit pas. Il y a également une très forte motivation de vendetta, qui dans sa logique archaïque si profonde surtout en Méditerranée, demande de porter la vengeance, non pas nécessairement sur l'auteur du forfait mais sur sa communauté. C'est aussi un acte de révolte absolue, par lequel l'enfant qui a vu l'humiliation subie par son père, par les siens, a le sentiment de restaurer un honneur perdu et de trouver enfin dans une mort meurtrière sa propre dignité et sa propre liberté. Enfin, il y a l'exaltation du martyre, qui par un sacrifice de sa personne féconde la cause de l'émancipation de son peuple. Évidemment derrière ces actes, il y a une organisation politico-religieuse, qui fournit les explosifs, la stratégie, et conforte par l'endoctrinement la volonté de martyre et l'absence de remords. Et la stratégie des bombes humaines est très efficace pour torpiller tout compromis, toute paix avec Israël, de façon à sauvegarder les chances futures de l'élimination de l'Etat d'Israël. La bombe humaine acte existentiel extrême au niveau d'un adolescent, est aussi un acte politique au niveau d'une organisation extrémiste.

L'affreux paradoxe
Et nous voici à l'incroyable paradoxe. Les juifs d'Israël, descendants des victimes d'un apartheid nommé ghetto, ghettoisent les palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés humilient, méprisent, persécutent les palestiniens. Les juifs qui furent victimes d'un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux palestiniens. Les juifs victimes de l'inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, bouc émissaire de tous les maux, bouc-émissarisent Arafat et l'autorité palestinienne, rendus responsables d'attentats qu'on leur empêche d'empêcher.

La course à l'abîme
Une nouvelle vague d'antijudaisme, issue du cancer israélo-palestinien s'est propagée dans tout le monde arabo-islamique, et une rumeur planétaire attribue même la destruction des deux tours de Manhattan à une ruse judéo-américaine pour justifier la répression contre le monde islamique.
De leur côté, les israéliens voisins crient " mort aux arabes " après un attentat. Un anti-arabisme se répand dans le monde juif. Les instances " communautaires " qui s'autoproclament représentantes des juifs dans les pays occidentaux tendent à refermer le monde juif sur lui-même dans une fidélité inconditionnelle à'Israël.
La dialectique des deux haines s'entretenant l'une l'autre, celle des deux mépris, le mépris du dominant israélien sur l'arabe colonisé, mais aussi le nouveau mépris anti-juif nourri de tous les ingrédients de l'antisémitisme européen classique, cette dialectique est en cours d'exportation
Avec l'aggravation de la situation en Israël-Palestine la double intoxication, l'antijuive et la judéocentrique, va se développer partout où coexistent populations juives et musulmanes. Le cancer israélo-palestinien est en cours de métastases dans le monde.
Le cas français est significatif. En dépit de la guerre d'Algérie et de ses séquelles, en dépit de la guerre d'Irak, et en dépit du cancer israélo-palestinien, juifs et musulmans coexistent en paix en France. Cependant une ségrégation commence. Une rancœur sourde contre les juifs identifiés à Israël couvait dans la jeunesse d'origine maghrébine. De leur côté, les institutions juives dites communautaires entretenaient l'exception juive au sein de la nation française et la solidarité inconditionnelle à Israël.
C'est l'impitoyable répression, menée par Sharon, qui a fait passer l'anti-judaïsme mental à l'acte le plus virulent de haine, l'atteinte au sacré de la synagogue et des tombes. Mais cela conforte la stratégie du Likoud : démontrer que les juifs ne sont pas chez eux en France, que l'antisémitisme est de retour, les inciter à partir en Israël. Ne devons-nous pas au contraire mobiliser l'idée française de citoyenneté comme pouvoir de fraternisation entre musulmans et juifs ?

L'issue
Y a-t-il une issue ? Une haine apparemment inextinguible est au fond du cœur de presque tous les palestiniens et comporte le souhait de faire disparaître Israël ; chez les israéliens, le mépris est de plus en plus haineux, et également semble inextinguible. Mais la haine séculaire entre Français et Allemands, aggravée par la seconde guerre mondiale, a pu se volatiliser en vingt années. De grands gestes de reconnaissance de la dignité de l'autre peuvent, surtout en Méditerranée, changer la situation. Des sémites (n'oublions pas que plus de 40 % des israéliens d'aujourd'hui viennent de pays arabes) peuvent bien un jour reconnaître leur identité cousine, leur langue voisine, leur Dieu commun,

L'énormité de la punition qui s'abat sur un peuple coupable d'aspirer à sa libération vont-il enfin provoquer une réaction dans le monde, autres que de timides objurgations ? l'ONU sera-t'elle capable de décider d'une force d'interposition ? Sharon ne peut qu'être contraint à renoncer à sa politique.
Il y eut le 11 septembre un électrochoc qui au contraire l'a encouragé. La " guerre au terrorisme" américain lui a permis d'inclure la résistance palestinienne dans le terrorisme ennemi de l'Occident, de façon à ce que le tête-à-tête Israélo-Palestinien devienne un face à face non entre deux nations mais entre deux religions et deux civilisations, et s'inscrive dès lors dans une grande croisade contre la barbarie intégriste
L'électrochoc inverse est en fait advenu. C'est l'offre saoudienne de reconnaissance définitive d'Israël par tous les pays arabes en échange du retour aux frontières de 1967 conformément à toutes les résolutions des Nations Unies. Cette offre permettrait non seulement une paix globale entre nations mais une paix religieuse qui serait consacrée par le pays responsable des lieux saints de l'Islam. On peut donc envisager une conférence internationale pour arriver à un accord comportant une garantie internationale.
. De toutes façons, les Etats-Unis, dont la responsabilité est écrasante disposent du moyen de pression décisif en menaçant de suspendre leur aide, et du moyen de garantie décisif en signant alliance de protection avec Israël.

Le problème n'est pas seulement moyen-oriental ; le Moyen-Orient est une zone sismique de la planète où s'affrontent est-ouest, nord-sud, riches-pauvres, laïcité-religion, religions entre elles.. Ce sont ces antagonismes que le cancer israélo-palestinien risque de déchaîner sur la planète. Ses métastases se répandent déjà sur le monde islamique, le monde juif, le monde chrétien. Le problème n'est pas seulement une affaire où vérité et justice sont inséparables. C'est aussi le problème d'un cancer qui ronge notre monde et mène à des catastrophes planétaires en chaîne.

Edgar Morin. Sami Naïr. Danièle Sallenave
publié dans le Monde du 4 juin 2002,
1.2.09 17:46
http://basta.20six.fr/basta/art/162928719/


« Le crime des crimes »
Ancien juge au Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie, Fouad Riad déclare à Amira Howeidy qu'Israël s'est rendu coupable de génocide lors de sa guerre de 22 jours contre Gaza.
Au cours des 60 années de son histoire, jamais auparavant Israël n'avait fait l'objet de condamnations aussi intenses et vigoureuses pour ce qu'il a fait depuis le début de son existence : génocide, guerre, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Tandis que la plupart des critiques pointent du doigt ses « crimes de guerre », certains, comme l'Egyptien Fouad Riad, ancien juge au Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), ont le courage d'abandonner le langage diplomatique et de nommer les choses par leur nom.
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