jeudi, mai 22, 2008

Discussions finales sur le traité d’interdiction des bombes à sous-munitions

Les Etats devraient s’opposer à toute tentative d’affaiblir le traité
(Dublin, le 16 mai 2008) – Plus de cent pays vont se réunir à partir du 19 mai à Dublin, Irlande, pour négocier un nouveau traité international visant à interdire les bombes à sous-munitions, et ils devraient rejeter toute tentative pouvant affaiblir le traité, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les pays participants doivent adopter le texte final le 30 mai.
Il est probable que certains pays vont exercer des pressions pour faire exclure certaines armes du traité d’interdiction, pour inclure une période de transition repoussant l’interdiction de plusieurs années, ou pour garantir la possibilité d’aider d’autres pays utilisant des bombes à sous-munitions lors d’opérations militaires conjointes.
« Tel qu’il se présente, le projet de traité est une interdiction ferme et globale des bombes à sous-munitions. Toute tentative de l’édulcorer devrait être complètement rejetée », a affirmé Steve Goose, directeur de la division Armes à Human Rights Watch et co-président de la Coalition internationale contre les bombes à sous-munitions. « Ces modifications ne pourraient qu’amoindrir l’objectif recherché par l’interdiction, qui est de sauver des vies. »
Les bombes à sous-munitions sont des conteneurs qui s’ouvrent lors de leur largage et qui dispersent au hasard des dizaines ou des centaines de sous-munitions individuelles (ou « mini-bombes ») sur une zone étendue. Les pays sont d’accord pour les interdire parce qu’elles tuent et mutilent trop de civils au cours des combats du fait de leur large spectre d’action, et parce qu’elles continuent à représenter une menace longtemps après une attaque du fait que beaucoup n’explosent pas à l’impact mais restent dangereuses, fonctionnant comme des mines antipersonnel.
Le projet de traité interdit l’utilisation, la production et le commerce des bombes à sous-munitions, et il fixe un délai de six ans pour la destruction de tous les stocks existants de ces armes. Mais il va aussi bien au-delà de l’interdiction en exigeant que les zones contaminées soient dépolluées, en fixant une date limite, et en demandant une assistance aux victimes et aux communautés affectées.
« Le traité est une combinaison puissante du droit humanitaire et sur le désarmement, avec des exigences spécifiques relatives aux actions humanitaires sur le terrain », a expliqué Goose. « Il présente le potentiel de sauver un nombre incalculable de vies maintenant et pour les générations futures. »
Le processus du traité a démarré à Oslo, Norvège, en février 2007, quand 46 nations ont décidé de conclure d’ici la fin 2008 un accord interdisant les bombes à sous-munitions « qui causent des dommages inacceptables aux civils ». Le texte du traité a été élaboré au cours de réunions internationales au Pérou, en Autriche et en Nouvelle-Zélande, avec la participation de plus de 140 pays à une partie du processus au moins.
Il est probable qu’il y aura trois domaines principaux de désaccord au cours des trois semaines de négociations. Premièrement, certains Etats – essentiellement le Danemark, la France, l’Allemagne, le Japon, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni – essaient d’obtenir que soient exemptées de l’interdiction certaines armes se trouvant dans leurs propres arsenaux, en prétendant qu’elles sont encore nécessaires militairement et qu’elles ne causeront pas autant de dommages que d’autres bombes à sous-munitions.
Deuxièmement, certains pays voudraient obtenir une « période de transition » de plus de sept ans au cours de laquelle ils pourraient encore utiliser des bombes à sous-munitions interdites, affirmant qu’ils ne peuvent pas abandonner ces armes tant qu’ils n’ont pas développé d’alternatives militaires. Les demandes les plus pressantes d’une période de transition devraient émaner de la France, de l’Allemagne, du Japon, de la Suisse et du Royaume-Uni, qui tous reconnaissent que les bombes à sous-munitions causent des dommages inacceptables aux civils.
Troisièmement, certains Etats cherchent à supprimer ou à éliminer une clause du traité qui interdit aux Etats parties d’aider d’autres Etats qui tirent des bombes à sous-munitions au cours d’opérations militaires conjointes. Les pays qui se sont le plus fait entendre sur la question de « l’interopérabilité » sont l’Australie, le Canada, le Japon et le Royaume-Uni. Les Etats-Unis ont fait pression en coulisses sur nombre de leurs alliés à ce sujet.
Les pays participant aux négociations comprennent la plupart de ceux qui utilisent, qui produisent et qui stockent des bombes à sous-munitions. Parmi les absents les plus importants se trouvent les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et Israël, qui sont tous des producteurs et détenteurs de stocks importants de bombes à sous-munitions.
« Il est regrettable que les Etats-Unis ainsi qu’une poignée d’autres Etats continuent à insister sur leur nécessité d’utiliser une arme que le reste du monde interdit parce qu’elle cause des dommages inacceptables aux civils », a déploré Goose. « Mais nous pensons qu’un nouveau traité ferme stigmatisera les bombes à sous-munitions à un point tel qu’il sera difficile pour n’importe quel pays d’y recourir sans faire l’objet d’une condamnation internationale. »
Une fois que les Etats participants auront adopté le texte final du traité le 30 mai, aucune autre modification ne pourra être apportée. Le traité sera alors soumis à la signature de tous les pays, même ceux qui n’ont pas participé aux négociations, les 2 et 3 décembre 2008 à Oslo, Norvège. Après avoir signé le traité, les pays devront encore le ratifier, habituellement après qu’il ait été approuvé par le pouvoir législatif, avant qu’il devienne juridiquement contraignant.
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lundi, mai 19, 2008

Afrique du Sud: des milliers d'étrangers fuient les attaques racistes

Photo AP / Des sud-africains armés e bâtons et de couteaux à la recherche d'étrangers.

Des milliers d'immigrés, en particulier des Zimbabwéens, fuient leurs maisons dans la panique à Johannesburg après des attaques xénophobes qui ont gagné les quartiers pauvres de la ville, faisant au moins vingt-deux morts depuis une semaine.
Fran Blandy / Agence France-Presse / Johannesburg / 19 mai 2008 / Cyberpresse
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Des bandes de Sud-Africains écument les townships et les quartiers défavorisés de la capitale économique du pays. Munis de machettes et d'armes à feu, ils ont tué et blessé des étrangers, les forçant à fuir leurs masures en flammes et en immolant même certains par le feu.
Ces actes de violence xénophobe ont débuté le 11 mai dans le bidonville d'Alexandra, où deux personnes ont été tuées, et se sont étendues à tout Johannesburg ce week-end.
«La nuit dernière (de dimanche à lundi) a été relativement calme comparée aux précédentes. Nous avons eu quelques incidents et un meurtre a été signalé à Alexandra. La victime a été touchée par balles», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Govindsamy Mariemuthoo.
«Une actualisation du bilan montre que 22 personnes ont été tuées depuis le début des violences la semaine dernière, et 217 ont été arrêtées», a-t-il indiqué.Parmi les personnes interpellées figurent des auteurs présumés de pillages qu'il a qualifiés «d'activités purement criminelles».
Les forces de sécurité de Johannesburg devaient se réunir dans la journée pour examiner les moyens d'enrayer ces attaques survenues dans les townships et le centre-ville, selon Mariemuthoo.Les violences ont déplacé des milliers d'étrangers, accusés par beaucoup de Sud-Africains de prendre des emplois dans un pays où le chômage avoisine les 40%, et d'être responsables de la criminalité, l'une des plus élevées du monde avec une cinquantaine de meurtres par jour.Les médias locaux ont fait état de centaines de personnes réfugiées dans des centres sociaux et des postes de police.Dimanche, un immigré est mort brûlé: ses assaillants l'ont ficelé dans sa propre couverture avant d'y mettre le feu. L'image de cette torche humaine faisait la «Une» de plusieurs journaux sud-africains lundi.
A Reiger Park, dans l'East Rand, où l'homme a été brûlé, la violence a repris lundi matin, avec des habitants forcés de quitter leur maisons incendiées, selon un journaliste de l'AFP. Près d'une cabane, un homme gisait, ensanglanté et marqué de brûlures. Ses assaillants ont essayé de l'immoler.La police patrouillait lundi cette banlieue minière de Johannesburg, prise pour cible par des groupes qui lui jetaient des pierres et bloquaient les rues. Des étrangers serrant leurs maigres biens étaient assis au bord de la route ou cherchaient refuge au poste de police.
«Tout ça, c'est la faute des Zimbabwéens. Ils devraient partir», a lancé une Sud-Africaine déclarant s'appeler Noxolo, dont la masure a été détruite dans les saccages.La majorité des immigrants arrivés en Afrique du Sud ces dernières années sont des Zimbabwéens qui fuient la crise économique et politique de leur pays. Leur nombre est estimé à trois millions.Le président sud-africain Thabo Mbeki et Jacob Zuma, chef du parti du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), ont vivement condamné ces attaques.
Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a pour sa part accusé implicitement lundi le gouvernement de ne pas avoir pris la question de la xénophobie au sérieux.«Les problèmes ont commencé aux environs de 1999, quand deux étrangers ont été jetés d'un train à Pretoria», a déclaré le représentant local du HCR, Tseliso Thipanyane. «L'ampleur du problème est un vrai choc pour nous, même si nous avons prévenu que nous pouvions en arriver où nous en sommes aujourd'hui».
«Il y a sans aucun doute une compétition pour des ressources rares, maisons, emplois et autres services. Si vous regardez où les attaques sont majoritairement intervenues, c'est principalement dans les quartiers pauvres, où sont relégués les Noirs», a-t-il souligné.

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