samedi, juin 20, 2009

Israël a-t-il réellement le droit d’exister ?

Flics et soldats israéliens en pleine action...
Suite au discours politique très attendu de Netaniyahou, politiciens et journalistes, comme des automates sans cervelle, se sont mis à seriner ce mantra israélien tant ressassé « que les Palestiniens devraient reconnaître le droit d’existence d’Israël ».
Alors que l’OLP et l’Autorité Palestinienne se sont pliées à cet appel grotesque non pas une fois, mais quatre. Et sans oublier qu’Israël a toujours dénié le droit d’existence de la Palestine, non seulement en tant que nation, mais en tant que personnes cherchant une vie digne dans leur propre patrie.
Qui s’intéresse au fait qu’Israël est le seul pays sur la planète à coltiner partout cette incessante exigence : que chacun reconnaisse son droit d’exister ! Etant donné que nous, Palestiniens, sommes ceux qui ont été dépossédés, occupés et opprimés, on pourrait s’attendre que nous soyons ceux qui posent une telle demande. Mais ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que notre droit d’exister en tant que nation va de soi. Nous sommes les autochtones de ce pays ! Nous savons que nous avons ce droit. Le monde le sait.
C’est pourquoi la Palestine n’a pas besoin qu’Israël ou tout autre pays reconnaisse son droit d’exister. Nous sommes les héritiers légitimes de ce pays et cela peut se vérifier juridiquement, historiquement, culturellement voir génétiquement. Et en tant que tels, la seule véritable légitimité qu’Israël aura jamais doit venir de nous, abdiquant notre héritage, notre histoire et notre culture en faveur d’Israël. C’est pour cela qu’Israël insiste pour que nous déclarions qu’il a le droit de s’emparer de tout ce que nous avons possédé un jour - depuis la maison et la propriété, les cimetières, les églises et les mosquées jusqu’à la culture, l’histoire et l’espoir.
Israël est un pays fondé par des Européens venant de Palestine et qui ont formé des bandes terroristes auteurs d’un nettoyage ethnique systématique des Palestiniens natifs chassés de leurs maisons, sur 78% de la Palestine Historique en 1948. Ces Palestiniens et leurs descendants dépérissent toujours dans des camps de réfugiés. Israël a tenté un scénario similaire en 1967 quand il a conquis le reste de la Palestine, mais là les Palestiniens n’ont pu être délogés aussi facilement de leurs maisons.
Cela reste vrai malgré les 40 années d’occupation militaire violente et opprimante par Israël de la Cisjordanie et de Gaza. Malgré les maisons détruites, les terres confisquées, les voraces colonies réservées aux seuls juifs, les interminables postes de contrôle, les assassinats ciblés, les écoles, hôpitaux, bâtiments municipaux et centres commerciaux bombardés, les barrières et les dénis ; malgré les abus massifs en termes de droits humains, l’emprisonnement et la torture d’hommes, de femmes aussi bien que d’enfants, la séparation de familles, les humiliations quotidiennes, malgré les assassinats massifs - les Palestiniens demeurent.
Nous résistons toujours. Nous vivons, nous aimons, nous avons toujours des bébés. Autant que nous le pouvons, nous reconstruisons ce qu’Israël détruit. Voilà des droits !
Les droits sont inhérents et justes en soi, comme le droit de vivre dans la dignité et d’être maître de sa propre destinée. C’est un droit humain que de ne pas être persécuté ni opprimé parce que le hasard vous a fait appartenir à telle religion et non à telle autre.
Que les Israéliens s’emparent de biens appartenant aux Palestiniens n’est pas un droit. C’est un vol.
Qu’Israël coupe la circulation des vivres, des médicaments et d’autres produits de base vers la Bande de Gaza, provoquant une malnutrition massive, un effondrement et une misère économique parce que les Palestiniens ont élu des dirigeants particuliers, ce n’est pas un droit. C’est un affront à l’humanité.
Qu’Israël fasse pleuvoir la mort tombant du ciel sur Gaza déjà exsangue et affamé, tuant plus de 3.000 êtres humains et mutilant des milliers d’autres en un seul mois, ce n’est pas un droit. C’est un crime de guerre.
Qu’Israël ait utilisé toutes les tactiques impérialistes pour soumettre, humilier, briser et chasser une nation entière, essentiellement des civils désarmés, en raison de leur religion, ce n’est pas un droit. C’est de l’obscénité morale.
Que tout juif d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Australie soit en droit d’avoir la double nationalité, une dans son pays d’origine et une en Israël, alors que les héritiers légitimes du pays végètent en réfugiés sans aucune nationalité où que ce soit, ce n’est pas un droit. C’est un outrage.
Je suis sûre que mes mots seront déformés pour laisser entendre que je plaide pour « pousser les Israéliens à la mer » ou autre revendication idiote. Alors permettez-moi d’être explicite : nous avons tous le droit d’exister, de vivre, d’être maîtres de notre propre destin. Nous avons tous le droit de ne pas être opprimés par les autres. De tels droits sont inhérents à toute personne vivant dans ce pays : juive, musulmane ou chrétienne.
Mais les Israéliens n’ont pas le droit de créer une démographie religieuse particulière en causant la mort des autochtones pour être un état juif (ou musulman ou chrétien), où les privilèges sont accordés à ceux qui sont d’une religion précise, aux dépens de ceux qui ne le sont pas, ce n’est pas un droit.
Une nation qui discrimine et opprime ceux qui n’appartiennent pas à un groupe religieux, racial ou ethnique particulier n’est pas une lumière parmi les nations. C’est une plaie. Et reconnaître un tel racisme comme un droit humain ou national va à l’encontre de toute la norme du droit international. Cela défie le sens commun, selon lequel la valeur d’un être humain ne devrait pas se mesurer à sa religion, pas plus qu’elle ne devrait se mesurer à la couleur de sa peau ou de la langue qu’il parle.

* Susan Abulhawa est l’auteur de « Les Matins de Jénine » (éditions Buchet-Chastel 2008), « Shattered Illusions » (2002) et « La Cicatrice de David » (2006) http://www.scarofdavid.com, et la fondatrice de l’ONG Playgrounds for Palestine, http://www.playgroundsforpalestine.org ligne-mediane
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19 Juin 2009 / Susan Abulhawa - Palestine Chronicle / Alterinfo
Journée mondiale des réfugiés : la feuille de route palestinienne de l’espoir
Lorsque Yasser Arafat était dans le bateau qui quittait Beyrouth l’été 1982, un journaliste lui a demandé où il allait : “En Palestine,” a répondu Arafat en souriant. Le journaliste l’a regardé sans comprendre ; Arafat prononçait les mots d’espoir cultivés par les Palestiniens pendant leur histoire tragique. Il n’est pas allé en Palestine pendant l’été 1982, mais il a fini par y revenir.
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vendredi, juin 19, 2009

De Lille, des Marocains demandent l'arrêt des tortures dans leur pays

Les manifestants dénoncent la torture et la répression contre tous ceux qui critiquent le pouvoir
Une dizaine de défenseurs des droits de l'homme manifestaient ce midi devant le consulat du Maroc à Lambersart, près de Lille. Ce rassemblement était organisé à l'occasion de la venue dans la région d'Ahmed Marzouki, détenu pendant plus de dix-huit ans dans le bagne secret de Tazmamart, rasé depuis.

"Les tortures reprennent", observe Ahmed Marzouki. Selon Abdellatif Imad, universitaire lillois et porte-parole du groupe de soutien à l'Association marocaine des droits humains (AMDH), "le système répressif se fait de plus en plus fort". Le défenseur des droits des l'homme dénonce des atteintes à la liberté d'expression et des actes de répression disproportionnés.
Abdellatif Imad cite quelques exemples récents, dont celui de la répression d'un village qui s'était "soulevé" contre le chômage des jeunes ou celui de l'arrestation d'un jeune homme, fan du club de foot de Barcelone, qui avait détourné la devise du royaume, "Dieu, la patrie et le roi", en "Dieu, la patrie et le Barça". "Cela ne peut plus durer", estime l'universitaire.
Dans la région, l'ADMH est soutenue par plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP)...
Un débat public a lieu ce vendredi soir à partir de 19 heures à Hellemmes (Espace des Acacias, centre-ville), près de Lille, autour du témoignage d'Ahmed Marzouki et de son livre "Cellule n°10", récit de ses années dans le noir des cellules de Tazmamart.

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mercredi, juin 17, 2009

Pourquoi Israël veut être un Etat juif ?


Le 15 février 1896 apparaît dans la vitrine d’une librairie de Vienne un ouvrage mystérieux :« Der Juden staat » « L’Etat juif » d’un journaliste autrichien Theodore Herzl, le théoricien du sionisme codifié au Congrès de Bâle. Révolté par les manifestations de l’antisémitisme français- affaire Dreyfus-, Herzl estime absolument nécessaire la constitution d’un « abri permanent pour le peuple juif », thèse qu’il reprend dans son livre L’État des Juifs. Il y expose les trois principes fondamentaux du sionisme : l’existence d’un peuple juif ; l’impossibilité de son assimilation par d’autres peuples ; d’où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple. A ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s’installer en terre d’Israël, donc dans la région palestinienne de l’Empire ottoman. De là débute le sionisme et du même coup le malheur des Palestiniens. Voilà donc pourquoi Benjamin Nethanyahou - qui se revendique du sionisme pur et dur- remet au gout du jour la nécessité de faire reconnaitre Israël comme un Etat juif. Le 27 mai 2009, un projet de loi punissant d’un maximum d’un an de prison la négation du droit d’Israël à exister en tant qu’Etat juif, a franchi une première étape à la Knesset. Ce texte interdisant la publication de tout « appel à nier l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, lorsque le contenu d’une telle publication pourrait avoir comme conséquence de provoquer un acte de haine, de mépris ou de déloyauté » envers Israël doit encore être soumis à d’autres votes du Parlement et être revu par une commission avant d’être adopté définitivement. On l’aura compris, c’est la première phase d’une deuxième Nakaba, puisque les Arabes israéliens n’auront pas vocation à rester dans un Etat juif.

Qu’est ce qu’être juif ?
Pour le philosophe Armand Abécassis, le judaïsme est confronté aujourd’hui à une grave crise d’identité ! Le sionisme politique n’est pas synonyme d’Israël : Herzl, son fondateur, avait d’abord accepté l’idée d’installer les juifs en Ouganda ! Le sionisme religieux, c’est d’abord la volonté d’installer le monde juif, sa mémoire, sa culture, sa religion sur son territoire d’origine. (...) Israël doit rester laïc. Le prêtre au temple, le roi au palais. Mais ce n’est pas le judaïsme qui gagne en Israël, c’est un certain esprit religieux, recroquevillé sur lui-même par peur de la modernité.(1)
Alain Gresh et Dominique Vidal donnent différents sens au mot juif : nom (ou adjectif) dont la seule définition fait l’objet, depuis longtemps, de débats très complexes, tant sont nombreuses et souvent contradictoires les conceptions de la « judéité ». À la question : « Qu’est-ce qu’un Juif ? » les réponses sont en effet diverses. De longues polémiques se sont naturellement développées sur ce thème, en Israël. La Loi du retour, adoptée dès 1950, stipule que chaque Juif a le droit de venir en Israël. Ce droit a été complété par la loi sur la nationalité, votée en 1952, qui accorde automatiquement la nationalité israélienne à tout immigrant profitant de la loi du retour, donc juif. Mais qui considère-t-on comme tel ? Dans la Palestine antique, un groupe juif de type national s’était formé. Mais l’effondrement des royaumes juifs sous les coups successifs des Assyriens et des Babyloniens, la colonisation romaine, et surtout l’écrasement de la révolte de Bar Kokhba, en 135 ap. J.-C., le dispersèrent. Tandis qu’un petit noyau demeurait en Terre sainte, le gros des populations juives s’éparpillaient tout autour de la Méditerranée, souvent en s’assimilant à leurs pays d’accueil. D’autres, profondément imprégnés de leur identité, parvinrent même à convertir, parfois massivement, leurs hôtes.:l’État juif d’Arabie du Sud, au VIe siècle, ou bien encore l’État juif des Khazars en Russie du Sud-Ouest, au VIIIe siècle, se constituèrent par le ralliement des souverains et de leurs sujets. Arthur Koestler, dans La Treizième tribu, affirme ainsi que la plupart des Juifs d’Europe centrale descendent des Khazars, donc de Turco-Mongols convertis puis dispersés en terre slave...Il en alla de même en Afrique du Nord, en Espagne, en Gaule, en Germanie, en Asie, etc. Les Juifs d’aujourd’hui n’ont donc, vraisemblablement, aucune filiation avec les Hébreux
« C’est dire, du même coup, combien l’appel au concept de race relève à la fois de l’ignoble et de l’absurde. La vieille anecdote du Juif français parti en Chine pour y retrouver ses frères répond, sur le mode de l’humour, à cette pseudo-théorie. Arrivé enfin à Shanghai, notre homme, dans une ruelle obscure, découvre la synagogue, et y pénètre. Les Juifs chinois, qui y prient, d’abord étonnés, se font peu à peu menaçants. Alors il leur crie : Mais je suis juif, comme vous. Et eux, lui montrant leurs yeux bridés, de rétorquer : Mais tu n’as pas le type ! Une simple visite en Israël convaincra d’ailleurs le plus dubitatif des lecteurs de l’extraordinaire diversité des types « juifs, aussi vaste que celle des peuples des quelque cent cinquante pays dont sont issus les Israéliens... »
« Le concept même de « peuple juif » est, à cet égard, pour le moins discutable. À défaut d’une réalité ethnique et sachant que l’angle religieux s’avère restrictif, sur quels éléments s’appuierait-il ? (...)Et l’on connaît cette lettre dans laquelle Léon Blum, en 1950, s’associe à l’« effort admirable » d’Israël qui assure désormais une patrie digne de tous les Juifs qui n’ont pas eu comme moi la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal. Même assimilés, les Juifs, pourtant, existent. Soit qu’ils soient désignés comme tels : C’est l’antisémite qui crée le Juif, affirmait Jean-Paul Sartre... ».(2)
L’historien israélien Schomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv, auteur d’un ouvrage courageux « Comment le peuple juif fut inventé écrit : « Les Juifs forment-ils un peuple ? Contrairement à une idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David ». Shlomo Sand ne remet pas pour autant en cause la légitimité de l’existence et de la souveraineté de l’Etat d’Israël ; cependant celui-ci se discrédite, soutient-il, par son caractère exclusivement ethnique, engendré par le « racisme » des idéologues sionistes.
« Tout Israélien, écrit-il, sait, sans l’ombre d’un doute, que le peuple juif existe depuis qu’il a reçu la Torah dans le Sinaï, et qu’il en est le descendant direct et exclusif (...)D’où vient cette interprétation de l’histoire juive ? Elle est l’oeuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont l’imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. Les historiens sionistes n’ont cessé, depuis, de réitérer ces « vérités bibliques », devenues nourriture quotidienne de l’éducation nationale. Mais voilà qu’au cours des années 1980, la terre tremble, ébranlant ces mythes fondateurs. Les découvertes de la « nouvelle archéologie » contredisent la possibilité d’un grand exode au XIIIe siècle avant notre ère. (...) A défaut d’un exil depuis la Palestine romanisée, d’où viennent les nombreux Juifs qui peuplent le pourtour de la Méditerranée dès l’Antiquité ? De la révolte des Maccabées, au IIe siècle avant notre ère, à la révolte de Bar-Kokhba, au IIe siècle après J.-C, le judaïsme fut la première religion prosélyte". Les Asmonéens avaient déjà converti de force les Iduméens du sud de la Judée et les Ituréens de Galilée, annexés au « peuple d’Israël ». « Partant de ce royaume judéo-hellénique, le judaïsme essaima dans tout le Proche-Orient et sur le pourtour méditerranéen. De même, les chroniqueurs arabes nous apprennent l’existence, au VIIe siècle, de tribus berbères judaïsées : face à la poussée arabe, qui atteint l’Afrique du Nord à la fin de ce même siècle, apparaît la figure légendaire de la reine juive Dihya el-Kahina, qui tenta de l’enrayer. Des Berbères judaïsés vont prendre part à la conquête de la péninsule Ibérique, et y poser les fondements de la symbiose particulière entre juifs et musulmans, caractéristique de la culture hispano-arabe.(...) La conversion de masse la plus significative survient entre la mer Noire et la mer Caspienne : elle concerne l’immense royaume khazar, au VIIIe siècle. (...) Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens. Près d’un quart d’entre eux ne sont pas considérés comme des Juifs et, selon l’esprit de ses lois, cet Etat n’est pas le leur. En revanche, Israël se présente toujours comme l’Etat des Juifs du monde entier. (...)(3)
Imbu alors de l’idéologie de la race supérieure de droit divin, Israël pratique envers ses propres citoyens, juifs falasha, indiens et surtout arabes israéliens un apartheid qui n’a rien à envier au racisme le plus primaire et au langage zoologique dont parle Franz Fanon. Ainsi Brahim Senouci écrit : (...) Raciste, le rabbin israélien Yitzhak Ginsburg affirmant au Jerusalem Post le 19 juin 1989 que « le sang juif et le sang des goys (non-juifs) ne sont pas les mêmes » et en concluant que « tuer n’est pas un crime si les victimes ne sont pas juives » ? Raciste, Ehud Barak qui, le 28 août 2000 (Jerusalem Post du 30 avril 2000), ose cette comparaison : « Les Palestiniens sont comme les crocodiles, plus vous leur donnez de viande, plus ils en veulent » ? (...)(4)
Nous citons aussi l’analyse pertinente de Pierre Stambul, juif tolérant et qui brave l’ire de ceux qui pensent que tout ce que fait Israël ne doit pas être jugé. Retraçant le parcours de l’OLP et l’erreur de Arafat d’avoir reconnu Israël sans que celui-ci ne reconnaisse l’Etat de Palestine, il tente de démonter la mécanique israélienne. « Sur le fond, écrit-il, il n’y a pas de différence entre le nettoyage ethnique de 1948 (800.000 Palestiniens expulsés de leur pays au moment de la Naqba, la catastrophe) et la conquête suivie de la colonisation de 1967. (...) L’ONU a reconnu Israël, toutes grandes puissances confondues. elle a accepté qu’Israël se proclame État juif. Par contre, l’ONU n’a jamais reconnu les annexions de 1967 et a même voté plusieurs résolutions demandant un retrait israélien. (...) Les négociateurs palestiniens ont été naïfs à Oslo. Ils ont reconnu Israël, mais n’ont obtenu qu’une reconnaissance de l’OLP. Qu’ils soient exilés ou réfugiés au Proche-Orient, voire plus loin, la majorité des Palestiniens n’espèrent plus rien du processus politique d’Oslo. Du coup, ils en reviennent à la question de la Naqba, à l’illégitimité de la création d’Israël. La revendication qui était celle de l’OLP avant 1988 (un seul État, laïc et démocratique en Palestine) reprend de la vigueur. (...) »
« Il n’y a qu’une seule façon de régler cette guerre, c’est d’en revenir au droit. L’occupation, le nettoyage ethnique, l’interdiction faite aux réfugiés de revenir chez eux, les discriminations, les assassinats, les emprisonnements massifs sont des crimes. Au départ, il y a un crime fondateur, celui de 1948, et toute paix juste commencera par la reconnaissance de la Naqba. Toute négociation devra porter sur les moyens de "réparer" ce crime. Si les Juifs israéliens resteront, "l’ État juif" doit disparaître. Le droit international ne reconnaît que les États de tous leurs citoyens. Définir un Etat sur une base "raciale", ethnique, nationale ou religieuse est discriminatoire et les Israéliens ont fait la démonstration sanglante du caractère discriminatoire de l’ État juif vis-à-vis des Palestiniens. (...) Il faut contrer en permanence la propagande israélienne qui assimile la critique radicale de l’Etat juif à de l’antisémitisme ».(5)
Le premier test du président Obama vis-à-vis d’Israël s’est soldé apparemment par un échec. Benyamin Netanyahou est venu lui dire niet à toutes les propositions. Pas d’Etat palestinien, pas de gel des colonies., il introduit un nouveau concept celui de l’accroissment naturel des colonies.... Par contre, il demande l’aide des Etats-Unis pour démolir l’Iran. Au passage, il annonce qu’il faut que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un Etat juif. Cette affirmation lourde de sens, n’a soulevé en Occident aucun tollé, voire réserve. C’est le silence radio. La situation est pourtant favorable pour le président américain. On se souvient que le gouvernement Clinton ne portait pas dans son coeur Benyamin Netanyahou, considéré comme un menteur et un tricheur. De plus, il semble que le soutien à Israël de la part des Américains ne soit plus aussi monolithique, le Congrès américain et la communauté juive - ont désormais un nouveau visage. La semaine dernière, 64 députés américains ont supplié Obama de répondre le plus vite possible à la crise humanitaire qui sévit dans la Bande de Ghaza. Trente-deux membres du Congrès ont signé une proposition de résolution engageant le Congrès à soutenir l’administration américaine dans ses efforts en faveur d’une solution fondée sur deux Etats. Il est loin le temps où Martin Indyk, ancien ambassadeur américain en Israël, explique que si les hommes politiques américains tentaient de restreindre l’aide économique et militaire en vue d’obtenir des concessions de la part des Israéliens, « [ils recevraient] une lettre du Congrès avec pas moins de 87 signatures de sénateurs et 87% du Congrès disant ne vous avisez surtout pas de faire cela ! ». (...)
En fait, la stratégie de Benyamin Netanyahou est cohérente : un Etat juif ne peut abriter que des Juifs. Non seulement il n’y aura pas droit au retour des réfugiés de 1948 ou de leurs descendants, mais si Israël arrive à s’introniser Etat juif, les Arabes israéliens vont donc, par la force des choses aller dans ce banthoustan que sera - le piège de l’Etat palestinien. Le temps ne joue pas en faveur des Palestiniens et des Arabes car Israël ignore toutes les résolutions depuis 1948, même l’initiative saoudienne de 2002 est ignorée. Pour ce qui est de Jérusalem, la judaisation à marche forcée de la partie arabe est un réel motif d’inquiétude. Israël veut-il la paix ou est-ce la guerre qui lui donne une réelle existence ?
1.Armand Abécassis : « Qu’est-ce qu’être juif ? » Le Point N°1838, 22/12/2007
2.Alain Gresh, Dominique Vidal : Qui est « juif » ? quel sens donner à ce mot ? IDH Toulon
3.Shlomo Sand : « Comment le peuple juif fut inventé », IDH Toulon. mardi 27 janvier 2009
4.Brahim Senouci, - Mercredi 22 avril 2009
5.Pierre Stambul : Etat juif ou société de tous ses citoyens ?

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lundi, juin 15, 2009

"Ouvrez les portes !" Un appel de 56 Prix Nobel et 202 eurodéputés contre le blocus de Gaza

58 Prix Nobel, 202 eurodéputés, mais aussi Michel Rocard, Yasmina Khadra, Martin Gray, Noam Chomsky... cosignent l'appel "Ouvrez les portes" pour demander la levée définitive du siège de Gaza. "Un million et demi de personnes restent enfermées, soumises à l’arbitraire le plus total".
Israël doit mettre fin au blocus de Gaza, à toutes les tueries, et permettre à Gaza de s'ouvrir au monde, de façon à assurer la possibilité d'une économie viable.
Les Palestiniens doivent mettre fin à toute attaque de roquettes sur Israël et les Israéliens.
Les êtres humains ne sont pas une monnaie d'échange.
En conséquence :
Les Palestiniens doivent libérer le sergent Shalit qu'ils gardent prisonnier depuis presque trois ans.
Les Israéliens, qui détiennent plus de dix mille personnes dans leurs prisons, doivent libérer un nombre significatif de femmes détenues, de malades, ceux qui sont les plus âgés, au terme de longues condamnations, ainsi que les prisonniers en détention administrative, y compris tous les membres élus de la législature palestinienne.

56 Prix Nobel
Prix Nobel de la Paix : Mgr Carlos Belo, le Dalaï Lama, Shirin Ebadi, John Hume, Mairead Maguire, Adolfo Pérez Esquivel, Mgr Desmond Tutu, Cora Weiss (Représentante des Nations Unies, Le Bureau international de la paix), Betty Williams, Jody Williams.
Prix Nobel de Chimie : Peter Agre, Paul Berg, Thomas Cech, Elias Corey, Robert Curl, Johann Deisenhofer, Manfred Eigen, Richard Ernst, John Fenn, Herbert Hauptman, Alan Heeger, Dudley Herschbach, Roald Hoffmann, Robert Huber, Sir Harold Kroto, Yuan T. Lee, William Lipscomb, Jens Skou.
Prix Nobel de Médecine : Baruj Benacerraf, Günter Blobel, Arvid Carlsson, Christian de Duve, Martin Evans, Edmond Fischer, Roger Guillemin, Louis Ignarro, Erwin Neher, Marshall Nirenberg, Paul Nurse, Richard Roberts, E. Donnall Thomas, Torsten Wiesel, Eric Kandel.
Prix Nobel de Physique : Zhores Alferov, Albert Fert, Donald Glaser, John Hall, Brian Josephson, Tony Leggett, Jack Steinberger, Gerardus 't Hooft, Daniel Tsui, Martinus Veltman, Douglas Osheroff.
Prix Nobel de Littérature : Dario Fo, Elfriede Jelinek, Wole Soyinka.
Prix Nobel d’Economie : James Mirrlees.
202 parlementaires européens
France : Kader Arif, Catherine Boursier, Françoise Castex, Madeleine Jouye de Grandmaison, Harlem Désir, Hélène Flautre, Nicole Fontaine (ex Présidente du Parlement européen), Jean-Paul Gauzès, Marie Anne Isler Béguin, Anne Laperrouze, Alain Lipietz, General Philippe Morillon, Elisabeth Morin, Gérard Onesta (Vice-Président du Parlement), Béatrice Patrie, Martine Roure, Tokia Saïfi, Margie Sudre, Bernadette Vergnaud, Francis Wurtz.
Allemagne : Alexander Alvaro, Angelika Beer, Hildrud Breyer, André Brie, Daniel Cohn-Bendit, Michael Cramer, Evelyne Gebhardt, Rebecca Harms, Milan Horáček, Gisela Kallenbach, Jo Leinen, Helmut Markov, Cem Özdemir, Tobias Pflüger, Horst Posdorf, Heide Rühle, Frithjof Schmidt, Feleknas Uca, Sahra Wagenknecht, Gabriele Zimmer.
Grande-Bretagne : Christopher Beazley, John Bowis, Sharon Bowles, Chris Davies, Bairbre de Brún, Andrew Duff, Jill Evans, Sajjad Karim, Jean Lambert, Caroline Lucas, Elizabeth Lynne, David Martin, Linda McAvan, Malcolm Harbour, Claude Moraes, Bill Newton Dunn, John Purvis, Alyn Smith, Diana Wallis (Vice-Présidente du Parlement)
Belgique : Ivo Belet, Frieda Brepoels, Philippe Busquin, Giovanna Corda, Jean-Luc Dehaene, Véronique de Keyser (Chef de mission d'observation de l'Union européenne pour les élections législatives de Palestine, Vice-Présidente du groupe de travail sur le Moyen-Orient), Gérard Deprez, Mia de Vits (Quaestor), Saïd El Khadraoui, Mathieu Grosch, Alain Hutchinson, Pierre Jonckheer, Annemie Neyts-Uyttebroeck, Bart Staes, Dirk Sterckx, Johan Van Hecke, Anne Van Lancker.
Espagne : Maria Badia i Cutchet, Barbara Dührkop Dührkop, Josep Borrell Fontelles, Juan Fraile Cantón, Vicente Miguel Garcés Ramón, Martí Grau i Segú, Ignasi Guardans Cambó, David Hammerstein, Mikel Irujo Amezaga, Miguel Angel Martínez Martínez (Vice-Président du Parlement), Emilio Menéndez del Valle, Willy Meyer Pleite, Raül Romeva i Rueda.
Irlande : Liam Aylward, Colm Burke, Brian Crowley, Proinsias de Rossa, Avril Doyle, Marian Harkin, Jim Higgins, Mary Lou McDonald, Mairead McGuinness, Gay Mitchell, Sean O Neachtain, Eoin Ryan, Kathy Sinnott.
Italie : Vittorio Agnoletto, Giuletto Chiesa, Fabio Ciani, Luigi Cocilovo (Vice-Président du Parlement), Monica Frassoni, Donata Gottardi, Umberto Guidoni (astronaute), Sepp Kusstatscher, Luisa Morgantini (Vice-Présidente du Parlement), Pasqualina Napoletano, Vittorio Prodi.
Suède : Jan Andersson, Göran Färm, Hélène Goudin, Anna Hedh, Jens Holm, Maria Robsahm, Carl Schlyter, Inger Segelström, Eva-Britt Svensson, Åsa Westlund, Anders Wijkman.
Hollande : Emine Bozkurt, Dorette Corbey, Jan Cremers, Elly de Groen, Lily Jacobs, Joost Lagendijk, Kartika Tamara Liotard, Jules Maaten, Erik Meijer, Jan Marinus Wiersma.
Lituanie : Laima Liucija Andrikienė, Arūnas Degutis, Jolanta Dičkuté, Gintaras Didžiokas, Eugenijus Gentvilas, Vytautas Landsbergis, Eugenijus Maldeikis, Justas Vincas Paleckis, Aloyzas Sakalas.
République Tchèque : Richard Falbr, Věra Flasarová, Jaromir Kohliček, Jiri Mastalka, Miloslav Ransdorf, Vladimir Remek, Daniel Strož, Tomas Zatloukal, Jaroslav Zvěřina.
Portugal : Maria da Assunção Esteves, Edite Estrela, Armando França, Ana Maria Gomes, Ilda Figueiredo, Jamila Madeira, Miguel Portas.
Grèce : Costas Botopoulos, Giorgios Dimitrakopoulos, Dimitris Papadimoulis, Antonios Trakatellis, Nikolaos Vakalis, Ioannis Varvitsiotis.
Chypre : Adamos Adamou, Panayiotis Demetriou, Ioannis Kasoulides, Marios Matsakis, Yiannakis Matsis, Kyriacos Triantaphyllides (Président, Délégation pour Relations avec le Parlement Palestinien).
Pologne : Adam Gierek, Urszula Krupa, Wiesław Stefan Kuc, Leopold Rutowicz, Tadeusz Zwiefka.
Roumanie : Cristian Silviu Busoi, Gabriela Creţu, Magor Imre Csibi, Renate Weber.
Finlande : Satu Hassi, Piia-Noora Kauppi, Reino Paasilinna, Sirpa Pietikäinen.
Slovénie : Mihael Brejc, Mojca Drčar Murko, Jelko Kacin, Alojz Peterle
Danemark : Margrete Auken, Johannes Lebech, Soren Sondergaard.
Lettonie : Guntars Krasts (ex Premier Ministre de Lettonie), Tatjana Zdanoka.
Luxembourg : Erna Hennicot-Schoepges, Claude Turmes.
Autriche : Harald Ettl, Karin Resetarits.
Bulgarie : Mariela Velichkova Baeva.
Slovaquie : Árpád Duka-Zólyomi.
Hongrie : Magda Kósáné Kovács.
Estonie : Toomas Savi.
Malte : Louis Grech.

Auteurs
Yasmina Khadra, Franca Rame, Noam Chomsky, Martin Gray (résistant survivant du ghetto de Varsovie), David Grossman, Amos Oz, Michel Rocard (ex-Premier ministre) 15.06.2009 / tempsreel.nouvelobs.com
15.6.09 20:38 /
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