vendredi, février 15, 2008

Assassinat d’Imad Mughniyé


L'assassinat de l'un des principaux chefs militaires du Hezbollah, Imad Mughniyé, mardi soir, a éclipsé tous les autres développements dans les médias libanais et arabes. La presse attend la réaction du Hezbollah à ce crime que devrait annoncer le secrétaire général du parti, sayyed Hassan Nasrallah, lors des funérailles, Presque au même moment, la coalition du 14-mars organise un grand meeting pour commémorer le troisième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri.
14 février 2008 / Réseau Voltaire / Livre noir

Tendances et événements au Liban
L'assassinat de Imad Mughniyé domine l'actualité
Les préparatifs pour le meeting organisé par le 14-mars pour commémorer le troisième anniversaire de la disparition de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, ont été éclipsés par l'annonce de l'assassinat de l'un des principaux chefs militaires de la Résistance libanaise, Imad Mughniyé, tué à Damas dans l'explosion d'une voiture piégée. Le Liban est partagé, ce jeudi, entre deux tableaux : le meeting du 14-mars et, presque au même moment, les funérailles de Mughniyé, dans la banlieue sud de Beyrouth. Tous ces développements suscitent un grand nombre d'observations et d'interrogations : 1. Sur le terrain, l'Armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure ont procédé à un déploiement massif pour organiser le déplacement des partisans du 14-mars et ceux de l'opposition afin d'éviter les frictions qui pourraient dégénérer en affrontements violents après les discours belliqueux des ténors du 14-mars ces derniers jours. Surtout que l'assassinat de Mughniyé est intervenu après des déclarations incendiaires contre le Hezbollah de la part de Walid Joumblatt et de Saad Hariri. 2. Les discours que seront prononcés à l'occasion de la commémoration de Hariri feront l'objet d'une grande attention, surtout que des informations sérieuses font état de médiations européennes dans le but de trouver un compromis susceptible de sortir le pays de sa crise. Mais les dernières interventions des loyalistes ne suscitent pas beaucoup d'espoir sur la réussite de ces médiations, ce qui laisse penser que les États-Unis ne sont toujours pas enthousiastes à l'idée d'une entente entre le 14-mars et l'opposition et œuvrent au pourrissement de la situation dans l'espoir qu'íl provoquerait une grande explosion. Certains analystes estiment que l'assassinat de Mughniyé vise à prouver au 14-mars que Washington et Tel-Aviv ont le bras long et peuvent frapper le Hezbollah n'importe où et à n'importe quel moment. De la sorte, la coalition au pouvoir serait encouragée à durcir ses positions. 3. Les observateurs attendent la position que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, devrait annoncer lors des obsèques de Mughniyé. Cela permettrait de mieux connaitre la nature de la riposte de la Résistance à l'assassinat de l'un de ses principaux chefs militaires. La presse libanaise a annoncé que sayyed Nasrallah a déjà nommé un successeur à Mughniyé et a pris toutes les mesures nécessaires pour combler le vide laissé par sa disparition, en partant du principe que chaque martyr qui tombe, aussi important soit-il, ne fera que renforcer la Résistance. 4. L'assassinat de Mughniyé a eu un impact très fort sur la scène palestinienne. Les organisations de la résistance palestinienne ont dénoncé le crime et qualifié de grosse perte la mort du haut responsable militaire du Hezbollah, qui a fait ses débuts de militant dans les rangs de la « Force 17 » de Yasser Arafat, dans les années 70 du siècle dernier. Israël a nié toute implication dans l'attentat, ce qui a été interprété par les analystes comme une volonté de ne pas embarrasser le 14-mars libanais dont la stratégie politique s'inscrit clairement dans le cadre des plans israélo-US concoctés pour la région.
Principaux développements et déclarations
• Imad Mughniyé, « Hajj Radwan », un des principaux chefs militaires du Hezbollah, a été tué mardi soir, vraisemblablement dans l'explosion d'une voiture piégée à Damas. La Résistance libanaise a immédiatement accusé Israël et le Mossad d'être derrière ce meurtre. « Un grand jihadiste a rejoint les grands martyrs. Le leader Imad Mughniyé est mort en martyr assassiné par les Israéliens sionistes », indique un communiqué du Hezbollah lu à la télévision Al-Manar. Avant le 11 septembre 2001, Imad Fayez Mughniyé était l'ennemi public numéro 1 pour la CIA. Il était recherché dans 42 pays depuis plus de 20 ans. Le FBI, en 2001, avait mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars. Homme énigmatique, vivant dans la clandestinité, Imad Mughniyé est né le 7 décembre 1962, dans le village de Tayr Dibba, au Liban-Sud. Dans les années 70 du siècle dernier, il rejoint le Fatah et devient membre de la Force 17 (la garde personnelle de Yasser Arafat). Lorsque l'OLP quitte le Liban en 1982, Imad Mughniyé rejoint le Hezbollah. Son rôle au sein du Hezbollah est entouré d'un grand secret. Il est décrit comme l'artisan de la victoire du Hezbollah contre Israël lors de la guerre de l'été 2006. Pour Robert Baer, un ancien agent de la CIA qui l'a pourchassé pendant des années, Imad Mughniyé est « probablement le plus intelligent et le plus opérationnel. Il entre par une porte, sort par une autre, change de voiture chaque jour, ne fixe jamais de rendez-vous au téléphone, il est totalement imprévisible ».
SEAN MCCORMACK, PORTE-PAROLE DU DEPARTEMENT DÉTAT
« Le monde est meilleur sans cet homme sur terre. C'était un tueur de sang-froid. D'une certaine manière, il a été traduit en justice. Washington aurait préféré la capture de Mughniyé et sa comparution devant un tribunal. Mughniyé et son organisation sont responsables d'attentats au Liban dans les années 80, dont une attaque de l'ambassade états-unienne à Beyrouth qui avait fait 20 morts, et un attentat à la bombe de barraquements militaires dans lequel 260 marines américains avaient été tués. Il était aussi responsable du détournement d'un avion de la TWA à la même époque dans lequel un plongeur de la US Navy avait été assassiné. »
PASCALE ANDREANI, PORTE-PAROLE DU QUAI D'ORSAY « Nous comprenons que M. Mughniyé faisait notamment l'objet d'un mandat d'Interpol. Il est regrettable qu'il n'ait pu répondre de ses actes devant la justice. »
MOHAMAD ALI HUSSEINI, PORTE-PAROLE DU MINISTERE IRQANIEN DES A-E
« Nous condamnons l'attentat terroriste qui a coûté la vie à Imad Mughniyé, l'un des grands responsables de la résistance islamique au Liban. Cet acte est le résultat clair et un exemple prégnant du terrorisme d'État pratiqué par l'entité sioniste, et de sa politique de crime organisé. La communauté internationale doit œuvrer pour contrer cette entité sioniste et l'empêcher de commettre de tels crimes, des violations patentes des lois et des résolutions internationales. »
SAMI ABOU ZAHRA, PORTE-PAROLE DU HAMAS « L'assassinat de Mughniyé offre un nouvel exemple du gangstérisme sioniste. Le monde arabo-musulman doit faire face à cette pieuvre sioniste dont les crimes commencent à dépasser les territoires palestiniens pour atteindre le monde arabe et islamique ».
Audiovisuel libanais
AL MANAR (CHAINE DU HEZBOLLAH)
Émission : Et après AMINE HOTEIT, GENERAL LIBANAIS A LA RETRAITE « Les Israéliens ont nié toute implication dans l'assassinat d'Imad Mughniyé de peur de la riposte du Hezbollah. Cette riposte sera à la mesure de l'importance d'Imad. Avec le retour d'Éhud Barak au ministère de la Défense, Israël a renoué avec la politique des assassinats. » ANIS NACCACHE, EXPERT EN QUESTIONS STRATEGIQUES « Après l'assassinat de ses chefs historiques, le Hamas est devenu plus fort, plus efficace et plus déterminé. L'assassinat d'Imad Mughniyé va provoquer un virage dans les développements au Moyen-Orient et sur la scène internationale. La région est maintenant ouverte à tous les scénarios. »
Agences et presse internationales
• Israël ne considère pas la Turquie comme un tremplin potentiel pour d'éventuelles attaques contre la Syrie ou l'Iran, a déclaré hier un haut responsable de la défense israélienne. La Turquie, pays laïc mais à majorité musulmane, est l'allié le plus important d'Israël dans la région et les deux pays organisent régulièrement des exercices militaires communs. La Turquie s'est néanmoins plainte l'an dernier de la violation de son espace aérien par Israël lors d'un mystérieux raid dans le nord de la Syrie. Israël a présenté des excuses à la Turquie, mais a refusé de donner des précisions sur la cible de cette attaque, donnant à penser qu'il pourrait s'agir d'un réacteur atomique en construction – ce qu'a démenti la Syrie – et que des installations nucléaires iraniennes pourraient être la prochaine cible.
WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Condoleezza Rice, secrétaire d'État US et Robert Gates, secrétaire à la Défense Il est clair que les forces US auront besoin d'opérer en Irak après la fin de cette année (2008) afin de poursuivre les progrès de stabilisation du pays, Le mandat de l'ONU expire à la fin de cette année et l'Irak et on ne souhaite pas le voir prolongé. Le pays préférerait plutôt un arrangement qui soit plus dans la lignée de ce qui régit habituellement les relations entre deux pays souverains. Cette année est celle d'une transition critique en Irak. Pour poursuivre les progrès enregistrés ces derniers mois, le peuple irakien et le gouvernement continueront à avoir besoin de notre aide. Les Irakiens ont demandé une normalisation de leurs relations avec nous, et une telle relation constituera une fondation sur laquelle la future Administration US pourra bâtir. Rien de ce qui sera négocié avec les Irakiens n'autorisera que nous continuions nos missions de combat. Rien ne fixera le niveau des troupes. Et rien n'autorisera de bases permanentes en Irak (ce que ni l'Irak ni nous-mêmes ne voulons). En bref, rien ne sera négocié dans les prochains mois, qui lierait les mains du prochain commandant en chef, quel qu'il – ou qu'elle – puisse être. • Le Parlement irakien a adopté trois mesures très attendues : la première sur l'organisation des élections législatives, la seconde sur le budget 2008, et la troisième sur une amnistie partielle. • George W. Bush a signé un nouveau décret présidentiel (Executive Presidential Order) pour étendre les sanctions à l'encontre de la Syrie et de ses dirigeants. Washington reproche à Damas de ne toujours pas avoir stoppé le flux de combattants vers l'Irak et de soutenir le Hezbollah et le Hamas.
LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
En marge du débat des Nations unies sur les enfants dans les conflits armés, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré à propos du jeune Omar Kadr à la chaîne saoudienne Al-Arabiya « ne faire aucune différence entre les prisonniers de Guantanamo ». Des propos qui contredisent la position officielle de la France et ont choqué les médias arabes. Omar Khadr avait 11 ans quand il a été enrôlé par al-Qaida et 15 ans lors de son arrestation en 2002. Mineur au moment des faits, il est néanmoins jugé comme un adulte. L'Unicef considère Omar Khadr comme un enfant soldat, donc comme une victime, et condamne la procédure d'exception engagée à son égard.
LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE ROTHSCHILD)
D'Imad Mughnié, on ne connaissait pas même le visage. Il aurait subi une, voire deux opérations de chirurgie esthétique. Même la photo diffusée par le FBI américain sur sa liste des most wanted date des années 80. Avant le 11-Septembre, il était la bête noire des services français, américains et israéliens : le terroriste le plus recherché de la planète. Il dirigea les services de renseignement du Hezbollah, puis la branche militaire. Mardi soir à Damas, sa Mitsubishi Pajero grise métallisée, préalablement piégée, a sauté vers 23 heures locales, dans le quartier résidentiel de Kafar Soussé. Sa mort est aussi un coup dur pour la Syrie et l'Iran. A moins, s'interroge une source occidentale bien informée à Beyrouth, que les Syriens ne l'aient « vendu ». Mais en échange de quoi ?
LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
A l'annonce de la mort d'Imad Mughnié, Al-Manar (la télévision du Hezbollah émettant à partir de Beyrouth) a interrompu ses émissions pour diffuser des sourates du Coran en mémoire du « martyr ». La station a par ailleurs promis de transmettre les obsèques ce jeudi en direct et de diffuser un message enregistré du leader de l'organisation Hassan Nasrallah. Quant aux grands réseaux satellitaires tels Al-Jazira et Al-Arabia, ils ont improvisé des émissions spéciales consacrées aux conséquences pour le Proche-Orient de la disparition du terroriste. Enfin, à Gaza, des sympathisants du Hamas ont manifesté de manière symbolique en promettant de « venger cette liquidation sioniste ».
LA VANGUARDIA (QUOTIDIEN ESPAGNOL DE CATALOGNE)
Le nom d'Imad Mughnié est associé aux carnages des soldats états-uniens et français de la force internationale au Liban et aux nombreux et sinistres enlèvements d'Occidentaux par le Hezbollah. Il était en réalité le numéro deux de l'organisation terroriste, moins connu qu'Hassan Nasrallah, mais beaucoup plus dangereux. Sa tête était mise à prix 25 millions de dollars par le FBI et le département d'État s'est publiquement félicité de sa liquidation. Elle est plus importante pour Israël que celle de Ben Laden notent les experts.
EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL, OPPOSITION)
Les services secrets occidentaux ne décolèrent pas contre les services espagnols après le démantèlement de la cellule terroriste pakistanaise de Barcelone, le 18 janvier. Ils reprochent à l'Espagne d'avoir « brûlé » un agent infiltré qui aurait pû remonter à la source au Waziristan.
THE INDEPENDENT (QUOTIDIEN BRITANNIQUE) L'Algérien Lofti Raissi, arrêté 10 jours après les attentats du 11 septembre 2001, avait été accusé d'avoir formé les pilotes de l'air. Il avait été détenu 4 mois et demi avant d'être relâché. Il demande devant la Haute Cour de Londres des dommages et intérêts.

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dimanche, février 10, 2008

Opération « Boucherie dans le Désert »

Méditation pour une Journée de l'Holocauste
Voilà dix-sept ans, aujourd'hui, que l'Amérique et la Grande-Bretagne se sont embringuées dans leur « Solution Finale » de la population irakienne.

Mondialisation.ca, Le 8 fevrier 2008 / par Felicity Arbuthnot
Operation_Boucherie_dans_le_Desert_


Les quarante-deux journées de bombardements en tapis, réjouissance à laquelle s'étaient joints trente-deux autres pays, contre un pays comptant tout juste vingt-cinq millions d'âmes, doté d'une armée de jeunes conscrits, une moitié de la population, en gros, âgée de moins de seize ans, et pas d'aviation, n'étaient que le début d'un siège total, sous l'égide de l'Onu, d'une férocité toute médiévale. Ayant réduit, comme James Baker s'étaient vanté qu'il le ferait, réduit l'Irak à l'« ère préindustrielle », ce pays se vit dénier toute normalité : ni commerce, ni aides, ni télécommunications, ni énergie, ni traitement des eaux usées, ni réparations de canalisations d'eau potable, ni semences, ni nourriture, ni médicaments, ni équipement médical… Dix-sept ans avant la date où j'écris ceci, l'Irak entrait dans la deuxième semaine de bombardements en tapis barbares, quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui, à l'époque, comme c'est toujours le cas aujourd'hui (je le rappelle, de crainte que nous ne l'oublions, à nouveau), violaient le protocole additionnel numéro 1 à la Convention de Genève de 1977, dont voici le texte :
« Il est interdit d'attaquer, de détruire, d'enlever ou de mettre hors d'usage des objets indispensables à la survie de la population civile, tels les aliments, les récoltes, le bétail, les installations de traitement de l'eau potable ou d'irrigation, afin d'en priver la population civile ou la Partie adverse au conflit… ce, quelque soit le motif. » Le blitzkrieg contre l'Irak visait délibérément tout ce qui était « indispensable à la survie ».
En l'espace de vingt-quatre heures, la plus grande partie avait été détruite. L'électricité fut coupée au bout de deux heures de bombardement, entraînant la mort des patients branchés à des machines de respiration assistée et tous les équipements vitaux, les bébés en couveuse, ou les personnes nécessitant une assistance respiratoire sous oxygène. Les réfrigérateurs se mirent à dégeler, tous les médicaments nécessitant d'être réfrigérés, ainsi que les poches de transfusion sanguine ou de solutions salines destinées aux blessés furent détruits. La nourriture commença à pourrir, et, entre bombardements et fermetures des banques (un peu plus tard, par crainte des pillages et mises à sac), les pièces de rechange se raréfièrent, jusqu'à devenir tout-à-fait introuvables. A Najaf, soixante-dix patients sous dyalise, « des amis de longue date », déclara l'infirmière responsable de ce service, moururent en raison de la coupure du courant électrique. Le réseau d'adduction d'eau potable fut délibérément détruit, les pièces de rechange étant, par la suite, refusées par le lamentable comité des sanctions dominé par les Anglo-Américains – un comité dans lequel aucun des responsables n'avait de colonne vertébrale – et l'eau du robinet est encore mortelle, à ce jour.
C'était là le plan du commandement central US, semble-t-il, depuis le début. La destruction du réseau d'eau potable de l'Irak a été décrite par le professeur Nagy et Stéphanei Miller comme suit : « un Holocauste au ralenti ». Rares sont les témoins qui auraient pu mieux caractériser la situation. (voir : Comment les Etats-Unis ont délibérément détruit le réseau d'adduction d'eau de l'Irak [How the US deliberately destroyed Iraq's water], par Thomas J. Nagy :
http://www.globalresearch.ca/articles/NAG108A.html) La tour des télécommunications de Bagdad fut, elle aussi, une des toutes premières victimes. C'était une structure élégante, élancée, en bordure du quartier Mansûr. Elle gît, brisée et tordue, comme gisèrent les corps de ceux qui y travaillaient. L'Irak fut ainsi coupé du monde, l'étendue et les atrocités des bombardements restant ainsi très largement ignorées, durant un temps considérable. Les Irakiens vivant dans le monde entier n'avaient plus aucun moyen qui leur permît de savoir si leurs familles, leurs amis, leurs êtres chers, leurs fiancés et fiancées, leurs conjoints, étaient toujours vivants, ou déjà morts. Les stations de radio et de télévision, dans tout l'Irak, avaient été bombardés afin que nul avertissement ne puisse être donné aux civils (les journalistes, eux aussi, sont normalement couverts par des mesures spécifiques de protection, mais les décideurs, apparemment, non seulement sont des illettrés, mais ils ignorent les lois.)
Les hôpitaux, les dispensaires, les écoles et les jardins d'enfants furent bombardés, l'éducation fut éradiquée si totalement que les stocks de matériel éducatif, se trouvant dans des immeubles séparés des écoles (habituellement dans un point central de distribution, à quelques kilomètres des villes) furent, eux aussi, bombardés. L'agriculture, sous toutes ses formes, fut délibérément prise pour cible. Les élevages de poulets furent bombardés, les troupeaux de moutons et de chèvres furent mitraillés, environ la moitié de tous les buffles furent tués, et les produits de la ferme disparurent de la circulation. Les silos, les hangars agricoles, les usines agro-alimentaires furent réduits en ruines. Un crime guerre d'une immensité stupéfiante, pour lequel nul décideur, ni nul pilote assassin, génocidaire et infanticide n'a jamais été traîné devant un quelconque tribunal… Les usines pharmaceutiques y passèrent, les usines produisant des seringues furent laminées. Et, du fait une politique particulièrement psychotique, les pays qui étaient les partenaires commerciaux de l'Iark, et qui avaient construit des usines et des infrastructures dans ce pays, bombardèrent, chacun, essentiellement celles qu'ils avaient eux-mêmes construites ! Les de l'Amérique se mirent en piqué, pour bombarder les usines Pepsi et Coca-Cola. La « bravoure » militaire n'avait jamais atteint, jusqu'ici, un tel point de déviance, de débilité et d'arriération mentale.
Le napalm et les défoliants ayant été utilisés abondamment, la moitié des arbres de l'Irak, y compris les immenses palmiers ancestraux, moururent. Les palmiers survivant ne portèrent aucun de leurs fruits succulents durant près de cinq ans. Dans les fermes paisibles, familiales, au milieu des palmiers, les femmes et les bestiaux avortaient et, souvent, mouraient en couches. Les survivants décrivent tous une « vapeur », sortant des avions, puis les conséquences – horribles – affectant les gens vivant à l'ombre des palmeraies ou des bosquets, où des estivants s'installaient afin de goûter la fraîcheur toute relative, mais appréciable durant l'enfer des étés irakiens. Et, bien entendu, cette décimation venue d'en-haut, plus de bombes ayant été lancées, quotidiennement, que celles qui furent lâchées durant une journée moyenne de la Seconde guerre mondiale, c'est, au total, une puissance explosive cinq fois supérieure à celle d'Hiroshima qui dévasta l'Irak.Les armes utilisées comportaient de l'uranium appauvri, qui continue à irradier l'Irak et, au-delà de l'Irak, la région, les gens, la faune et la flore – et continuera à le faire durant quatre milliards d'annés et demi ! … « la protection de l'environnement naturel contre des dommages étendus, prolongés et sévères » est une autre stipulation absolue de la Convention de Genève. Elle proscrit absolument … « tout dommage à l'environnement naturel, au préjudice de la santé de la population et de sa survie. »
Les contraventions ne peuvent pas être pires que le fait de condamner d'inestimables générations encore à naître à la mort et à la difformité. Les principes de Nuremberg sont dépassée, par la manière dont sont traités tant les civils que les soldats : « … assassinat ou mauvais traitements… de prisonniers de guerre… de plus, l'extermination… et autres agissements inhumains à l'encontre de toute population civile. » Les 'agissements inhumains' commis contre le peuple irakien en 1991 sont constitutifs de crimes de guerre dont ont ne peut qu'espérer, du fait que personne n'a été traîné en justice, qu'ils hanteront leurs perpétrateurs jusqu'à leur mort.
Le massacre de l'autoroute de Basrah, perpétré après le cessez-le-feu, contre des civils en fuite et des troupes en déroute et se retirant, découpés en morceaux ou incinérés par le « tir au pigeons » du Général Schwarkopf. Mais toute la guerre, bien entendu, ne fut nullement différente. Saddam Husseïn avait proposé, et même, de fait, avait commencé de se retirer du Koweït avant que le carnage ne commence, maiss, comme tuojours, pour les Etats-Unis, il était « trop tard » pour une conciliation. Les autobus, les camions, les voitures particulières furent eux aussi pris pour cibles durant la totalité des quarante-deux jours de massacre non-stop. Des camions transportant des médicaments, de la viande, des produits de première nécessité, furent brûlés, avec leur conducteur. Des soldats occidentaux prirent leurs « photos de tableaux de chasse », horribles, avec les restes pitoyables des victimes calcinées et démembrées.
Quand l'Observer (un journal britannique) imprima, portons ça à son crédit, la photo qui devint le symbole des atrocités de l'an de disgrâce 1991 – ce soldat irakien, avec son visage comme fondu sur le pare-brise de son véhicule, il y eu un cri d'horreur. La sensibilité des lecteurs ne pouvait être confrontée à de telles atrocités. Maggie O'Krane, dans un article du Guardian Weekly (16 décembre 1995), décrit la réalité. Insupportable. Des parents, suppliant, espoir pour espoir, que ceux qu'ils avaient aimés avaient pu, on ne sait pas trop comment, survivre à l'enfer, à l'Hadès, que fut le massacre de l'autoroute de Bassorah. « Le jour où la guerre prit fin, à une station d'autobus, au Sud de Bagdad, la nuit tombait, et la route était pleine de femmes éplorées. Les survivants irakiens du « tir au pigeons » sur l'Autoroute de Bassorah se traînaient, rentrant chez eux, avec des plaies ouvertes et purulantes. Leurs épouses se jetaient littéralement sur les minibus et les camions cabossés, tirant des manches, suppliant, implorant : « Où est-il ? L'avez-vous vu ? Il n'est pas avec vous ? » Certaines d'entre elles tombaient, à genoux, sur l'asphalte de la chaussée, en entendant l'insupportable nouvelle.
D'autres ne cessaient de courir, d'un bus à un camion, d'un camion à un bus, d'un bus à une voiture, dans l'espoir d'entrevoir leurs fils ou leurs compagnons – les 37 000 soldats irakiens qui n'allaient jamais rentrer chez eux. Cela continua, toute la nuit, et ce fut la scène la plus désespérante et la plus navrante à laquelle je n'eusse jusqu'alors encore jamais assisté. » Il y eut pire. Pensez à ces excès d'horreur dont les médias occidentaux avaient littéralement bassiné leurs lecteurs, depuis des années, ces horreurs perpétrées par des gens d'autres cultures, présentant d'autres traits : Staline, Pol Pot, et bien sûr Saddam Husseïn, et prenez connaissance de ce passage, dans l'article de Maggie O'Kane : Retournant chez lui, dans sa ville natale de Bryson, en Caroline du Nord, après la guerre du Golfe, la première chose que vit le sergent Joe Queen, ce fut un grand calicot, devant le restaurant Hardees Burger, où l'on pouvait lire : « Bienvenue à la maison, Joe Queen ! » Joe Queen, qui avait reçu une étoile de bronze, voulait décompresser, après la guerre, mais la ville de Bryson ne l'entendait pas ainsi. Joe, dix-neuf ans, avait été, immédiatement après Tempête dans le Désert, le premier fantassin américain à franchir la frontière saoudienne à bord d'un bulldozer blindé. Son boulot consistait à enterrer vivants des Irakiens dans leurs tranchées, puis à bien combler lesdites tranchées, afin que le reste de la Grosse Rouge (the Big Red One), comme est surnommée la Première Brigade Blindée Mécanisée, puisse suivre, gentiment et aisément, derrière lui. Joe Queen ne sait pas combien de soldats irakiens il a ainsi enterrés vivants, sur le front.
Mais, cinq ans après, dans sa base militaire, en Géorgie, il se souvient très bien de la façon dont cela fonctionnait :
« Le sable était si fin qu'une fois entamé par la lame du bull, il s'écartait immédiatement sur les côtés, si bien que nous n'avions jamais à faire des va-et-vient. Alors comme ça ; t'avances, à vingt-cinq, trente, trente-cinq kilomètres à l'heure, juste en longeant la tranchée… Tu les vois pas. T'as du sable jusqu'au-dessus des yeux, mais tu sais ç'que t'as à faire. Tu l'as fait tellement souvent qu'tu pourrais l'faire les yeux fermés… J'pense pas qu'y z'aient eu la moindre idée d'ç'qui leur arrivait, pacequ'la tronche qu'y faisaient quand on passait au-dessus d'la banquette d'la tranchée était rien qu'un air stupéfait. Tandis que je me retirais, j'ai vu certains des troufions qu'essayaient de se rendre, mais y z'y sont passés aussi : ils s'sont fait enterrer ! Y avait deux sortes de bull, des vrais, des classiques, quoi, et pis y'avait aussi des tanks, et y foutaient un truc dans l'genre lamed'bull devant. Y'avait des mecs qui marchaient à la rencontre des nôtres en tenant leurs armes en l'air, pour se rendre ; et les tanks les renversaient comm'des quilles pour les bousiller… Y z'ont creusé un gros trou dans l'sabl' ; y z'y ont foutu les bougnoules, et y z'ont aplani… » Un combattant irakien survivant a décrit la façon dont ses camarades ont été ainsi enterrés vivants, ses amis, qui avaient mangé avec lui, qui avaient plaisanté avec lui… « Je suis incapable de décrire ça. Nous étions amis. J'avais partagé des repas avec certains d'entre eux. Je parlais avec certains d'entre eux. Je ne puis dire ce que je ressens, en ce moment… J'ai vu un gars, il avait été coupé en deux par un bulldozer. Une moitié de son corps était d'un côté, et l'autre, de l'autre, à plusieurs mètres. » J'espère que vos cauchemars et que ceux de vos collègues hanteront à jamais Joe Queen. Puisse le spectre de ceux que vous avez ensevelis vivants, vous et vos collègues, vous suivent partout où vous irez, pour les siècles des siècles. Amen !
Les fosses communes portent d'ailleurs les noms des commandants qui ont ordonné la décimation de l'Irak en 1991, avec leurs commandants et leurs soldats – chacune d'entre elles est identifiée ainsi. Ironie de l'Histoire, les « fosses communes » de Saddam Hussein semblent, jusqu'ici, du bidon. On n'a trouvé seulement des cimetières militaires, et les tombes des insurgés encouragés par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, à la fin de la décimation des Irakiens, en 1991. La guerre, bien entendu, ne s'est jamais terminée. Les treize années d'embargo qui suivirent ont vraisemblablement causé la mort d'un million deux-cent-cinquante mille personnes.
De plus, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne bombardèrent l'Irak (illégalement) jusqu'à l'invasion (illégale) de 2003. En 2002, ils mirent en œuvre leur destruction de toute vie, de tout être et de quartiers d'habitations entiers, avec les familles à l'intérieur, les enfants en train de jouer, les enfants en train de faire leurs devoirs, les troupeaux de moutons et de chèvres, avec leurs pâtres, bien souvent, là encore, des enfants. Cela, un an, environ, avant que les Etats-Unis n'entament leur opération Southern Focus, histoire de changer de sa stratégie de représailles, en augmentant le nombre global des missions et en sélectionnant des objectifs dans l'ensemble des zones interdites de survol aérien, afin de casser la structure du commandement militaire irakien. Le poids des bombes lancées augmenta, passant de zéro, en mars 2002 et 0,3 en avril 2002 jusqu'à entre 8 et 14 tonnes par mois, en mai-août, et atteignant un pic de 54,6 tonnes, préparatoire à la guerre de l'année suivante, en septembre 2002 (source : Wikipedia) » Une étude récente du Center for Public Integrity a, lui aussi, découvert des bobards de l'administration Bush, d'une stature telle qu'ils auraient dû provoquer la mise sur la touche de George Deubeuliou (impeachment), conduisant à l'invasion.
Cette étude a recensé 935 fausses déclarations, sur deux années. Elle avait trouvé ces déclarations fallacieuses dans des discours, dans des briefings, des interviews et autres circonstances. Bush et les responsables de son administration ont ainsi affirmé, de manière non équivoque, à au moins 532 reprises, que l'Irak possédait des armes de destruction massive, ou qu'il essayait d'en construire ou de s'en procurer, ou encore qu'il était lié à Al-Qa'ida, ou les deux. « Bush arrive en tête, avec 259 mensonges, dont 231 sur les armes de destruction massive en Irak, et 28 au sujet des liens prétendument entretenus par l'Irak avec Al-Qa'ida, a constaté l'étude. Il n'était coiffé au poteau que par le seul Powell, avec ses 244 assertions fallacieuses quant aux armes de destruction massive irakiennes, et ses 10 au sujet des liens fantasmatiques entre l'Irak et Al-Qa'ida. (http://www.publicintegrity.org/) L'excès des enfants en bas âge (moins de cinq ans) morts en Irak, dans la période consécutive à l'invasion (2003-2007) dépasse le million. En Afghanistan, après l'invasion, à un million neuf cents milles (2001-2007).
Mentionnons une autre abomination de notre époque : le siège, par Israël, de la bande de Gaza (depuis juin 2007, toujours en cours) ; les chiffres totaux des morts sont peu clairs. Les chiffres de la CIA en matière de mortalité infantile, toutefois, sont effrayants : en 2004, le taux des enfants morts en bas âge s'établit à 23,54 pour mille. En Suède (en 2007), c'est tout juste 2,76 pour mille. Etant donné la suppression des fournitures d'électricité et de la quasi-totalité de tous les produits de première nécessité depuis juin 2007, des données statistiques sérieuses font cruellement défaut – et des exigences incessantes et absolues que soient respectés les droits humains de nos voisins en mondialisation à Gaza, en Irak et en Afghanistan, ainsi que les oubliés de la décimation de l'opération « Pluie brûlante » au Liban. Respectés par 'nous, le peuple', 'we the people'… Commem les agissements génocidaires de Joe Queen, les atrocités perpétrées dans ces pays sont commises en notre nom. « Se taire, c'est être complice » (Pour plus d'information sur une complicité encore bien plus honteuse – depuis 1950 – voir « Body Count », du Dr Gideon Polya ; une étude académique, cruciale, indipensable, à l'URL ci-après :
http://www.globalbodycount.blogspot.com/) « Il n'y avait plus personne à tuer », déclara le Général Norman Schwartzkopf après le bain de sang de l'autoroute Koweït-Bassorah, où même les blessés agitant des drapeaux blancs et les médecins qui les accompagnaient furent liquidés.
« Moralement, nous avons vaincu », m'a dit un médecin irakien, peu après. « Nous sommes les nouveaux juifs », est un propos que l'on entend souvent tenir par des Arabes, désormais.
Au moment où j'écris ceci, en une Journée de commémoration de l'Holocauste, il est impossible de se dire qu'il n'est nul besoin de camps de travaux forcés, ni de déportations, ni de Zyklon B, pour faire un holocauste. Quand le chiffre des morts, en Irak, en Afghanistan et à Gaza atteindra les six millions, tandis que le monde reste sur la touche, à regarder, auront-ils aussi leur propre Journée du Mémorial de l'Holocauste ?
Allons nous, nous tous, quelle que soient la couleur de notre peau ou notre religion, jamais retenir une quelconque leçon, avant qu'il ne soit trop tard ?

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