vendredi, mars 27, 2009

L’occupation de l’Irak par l’armée étasunienne et ses supplétifs vient d’entrer dans sa septième année.

L’occupation de l’Irak par l’armée étasunienne et ses supplétifs vient d’entrer dans sa septième année.
A cette occasion le TRIBUNAL BRUSSELS, constitué à l’image du TRIBUNAL RUSSELL qui avait organisé un procès contre les Etats-Unis pour tous les crimes commis pendant la guerre du Vietnam, s’est fixé comme mission de recenser, de décrire et de faire connaitre tous les crimes commis par l’armée d’occupation en Irak.
Il a tenu à Bruxelles les 18 et 19 Mars une nouvelle session destinée à faire le point de la situation et à tracer des perspectives d’avenir.
Pour tenir cette réunion il a été accueilli successivement par le parlement européen à l’invitation de LUISA MORGANTINI, Vice-présidente et par le Parlement belge à l’invitation du Vice-président DIRK VAN DER MAELEN.
Ont porté témoignage sur la situation irakienne :
M. ABDUL ILAN ALBAYATI, géopoliticien et spécialiste du mouvement national arabe.
L E DOCTEUR OMAR AL- KUBAISY cardiologue irakien renommé et excellent connaisseur de l’état de la santé publique en Irak occupé
LE DOCTEUR FALAH AL- KHAYAT directeur général du Ministère irakien du Pétrole jusqu’à l’invasion étasunienne.
LE DOCTEUR HASSIN AYDINLI représentant des populations turkmènes auprès de l’Union européenne, expert sur la question des minorités ethniques en IRAK et sur leur répression par le gouvernement d’occupation.
M. SHANNON MEEHAN expert en matière de réfugiés
Un bilan rapide de ces deux jours de travaux en séance publique et en présence d’élus européens et belges a été établi par le TRIBUNAL BRUSSELS. En voici la traduction française établie par COMAGUER .
En raison de sa position géopolitique et de ses importantes ressources (pétrole et gaz) la stabilité de l’Irak n’est pas simplement l’intérêt du peuple irakien mais celui de la région et du monde entier.Le projet US de division de l’Irak a échoué. En nombre, à la fois par intérêt et par culture, le peuple irakien rejette massivement l’occupation US. Par la terreur, l’occupation a engendré la plus vaste crise de réfugiés du monde actuel en provoquant le déplacement d’un cinquième de la population.

Le processus politique de l’occupation a créé le chaos et un Etat en faillite caractérisé par l’effondrement complet des services publics et les violations systématiques de tous les droits de l’homme, y compris le droit de vivre. Cet Etat ne peut être réformé.
La tragédie humanitaire concerne au premier chef les femmes et les enfants, exposés à toutes les formes de violence et d’exploitation.
L’occupation a visé consciemment à faire fuir la population formée et professionnellement qualifiée, rendant ainsi concrètement impossible le fonctionnement de l’Etat et favorisant la déstabilisation régionale.
Les irakiens déplacés ont le droit de retour mais les conditions concrètes de ce retour sont inexistantes tant que la stabilité et la sécurité ne sont pas rétablies.
L’occupation et son appareil perpétuent la violence. La sécurité ne peut être assurée que par le retrait inconditionnel d’Irak de toutes les forces d’occupation.
Seul un Etat garantissant l’égalité de tous ses citoyens après le départ des forces d’occupation peut garantir la paix, la stabilité et la démocratie pour l’Irak et son peuple.
Un Irak souverain non seulement refuserait d’aliéner ses richesses naturelles à des compagnies étrangères mais serait en droit d’exiger des réparations pour toutes les pertes et destructions qu’il a subies.
La résistance irakienne, sous toutes ses formes est la seule force capable, à la fois par sa réalité et sa légitimité, d’ouvrir la voie vers la paix, la stabilité, le bien-être et la démocratie en Irak.

Pour le TRIBUNAL BRUSSELS le rejet de l’occupation US et de tous les maux qu’elle engendre doit devenir la position officielle des institutions à commencer par celles qui l’ont accueilli les 18 et 19 Mars : le Parlement européen et le Parlement belge.
La réussite de cette initiative est une étape importante dans la poursuite de cet objectif.
Plus généralement cette initiative est venue utilement rappeler
que l’occupation US continue dans une relative indifférence médiatique que l’agression US commencée en 1991 (Guerre du Golfe) poursuivie par un embargo très sévère (1991-2003) et par l’invasion du pays (2003…..) a détruit en profondeur une société qui avait entrepris une marche résolue vers le développement économique et social
que le gouvernement mis en place par l’occupant n’a aucune légitimité et qu’il devra disparaitre
que ce gouvernement est incapable d’assurer le fonctionnement normal de l’Etat et des services publics
que des forces politiques et sociales organisées en Irak même et parmi les réfugiés et exilés irakiens continuent d’agir pour la libération de leur pays.
que si, 64 ans après la fin de la seconde guerre mondiale les troupes des Etats-Unis sont toujours massivement présentes sur le territoire des pays vaincus : Japon, Allemagne (mais pas sur la partie du territoire libérée par l’armée soviétique), Italie, à l’inverse l’Irak n’a jamais été en guerre contre les Etats-Unis .

Quelques chiffres pour conclure
La destruction/ occupation de l’Irak dure depuis 72 mois
Cette activité brutale et meurtrière a coûté 607 milliards de dollars Le gouvernement irakien fantoche a, sans être inquiété détourné 13 milliards de dollars, prix de sa soumission
2 millions d’irakiens ont été déplacés à l’intérieur du pays
3 millions d’irakiens ont fui le pays
Au moins 1,3 millions d’irakiens sont morts du fait de l’occupation depuis 2003
2615 professeurs, scientifiques et médecins ont été tués de sang froid
338 journalistes sont morts
L’électricité est fournie en moyenne 3 heures par jour
7 mafias opèrent dans le pays
10 000 cas de choléra sont déclarés chaque année
4260 soldats US sont morts en Irak
Le coût de la reconstruction des principales infrastructures du pays (routes, distribution d’eau et d’électricité, bâtiments publics..) est estimé à 400 milliards de dollars.
Mais tout ceci est presque voué à l’oubli, puisque le Pentagone vient d’annoncer que la « guerre globale contre la terreur » était terminée !
Le Pentagone vient en effet, de mettre en circulation la nouvelle appellation de la guerre impériale. La formule « guerre globale contre la terreur » (global war on terror) utilisée à satiété par GW BUSH et son administration pour regrouper sous une seule expression l’ensemble de son activité guerrière impérialiste est remplacée par la formule « OPERATION EVENTUELLE OUTRE-MER » (OVERSEAS CONTINGENT OPERATION)
(note du traducteur : le qualificatif anglais CONTINGENT que nous avons rendu par EVENTUELLE est difficile à traduire car il est ambigu, il laisse simplement entendre que tout est possible en fonction des nécessités du moment , que l’armée US est « toujours prête » , on le savait !)
Comme on le voit, le changement sémantique est important. On passe de la version « hard » genre grand spectacle hollywoodien chère aux Républicains, à la version « soft » plus technicienne préférée des Démocrates, on passe du matraquage médiatique brutal au vocabulaire plein de bruit et de fureur à l’engourdissement cérébral de masse assisté, des rodomontades Bushiennes à la technocratie glacée.
La consigne écrite qui s’adresse à toute l’administration Obama va évidemment être suivie bien au-delà du cercle des porte-paroles et experts gouvernementaux puisque les poids lourds des médias et de la classe politique vont reprendre l’expression nouvelle et la mettre sans répit en circulation au nom du « sémantiquement correct ».
Elle a en outre le très grand avantage de permettre de nouvelles interventions militaires, n’ importe où et n’importe quand, sans avoir à utiliser le prétexte éculé du terrorisme.
DE BUSH A OBAMA
LES MOTS CHANGENT, PAS LA POLITIQUE !

Comaguer Mondialisation.ca, Le 26 mars 2009
27.3.09 20:49
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jeudi, mars 26, 2009

L’Irak à la veille du sixième anniversaire de l’invasion américano-britannique !


Les américains et leurs alliés ont envahi le pays de la Mésopotamie sous le prétexte fallacieux de le libérer de la dictature et de le transformer en une oasis de prospérité. Des flots de sang, un million de morts, 5 millions d’orphelins, 4 millions de déplacés et de réfugiés, 3 millions de veuves et 25 millions de mines

Et voilà le résultat cinq ans après l’opération de libération de l’Irak : un million de morts irakiens, quatre millions d’émigrés et de déplacés qui ont dû quitter leurs maisons détruites par les explosions qui n’en finissent pas, cinq millions d’orphelins ayant perdu les leurs, trois millions de veuves, un chômage au taux dépassant les 50%, en plus des vingt cinq millions de mines représentant le quart des mines qui infestent la surface du globe.
Ainsi, après cinq ans d’occupation, les destructions, les meurtres et l’absence de sécurité constituent toujours le lot quotidien des irakiens. Les pertes humaines irakiennes avoisinent le million de personnes selon les sources les plus sérieuses, même si d’autres sources les minimisent sans aucun fondement statistique.
Ainsi, le dernier rapport publié par l’organisation Britannique « iraqbodycount », estime que ce chiffre ne dépasserait pas les 100.000 morts depuis le début de la guerre, dont 12.000 policiers et militaires irakiens. Ce chiffre ne convainc personne, pas même les sources américaines qui estiment que le chiffre des pertes irakiennes dépasserait le million d’âmes.
Un communiqué de l’agence de presse allemande, DPA, rappelle que « cinq après l’occupation de leur pays et les malheurs indélébiles qu’ils ont subis durant de longues années de violences inouïes après la chute du régime de Saddam Hussein, les irakiens n’ont d’autre souci que d’assurer leur propre sécurité ». Ajoutant que « les données actuelles sur le terrain, avec leur lot de conflits politiciens, sont de nature à faire perdurer cette tendance ».
Les irakiens qui n’ont pas quitté leurs foyers et se trouvent confrontés en permanence au spectre de la mort et de la violence, n’hésitent plus à parler de leurs conditions de sécurité. Ainsi cette jeune femme irakienne rappelle avec une profonde tristesse, le sort qui a été fait à son mari « qui a échappé à la mort par les américains mais qui a perdu la vie dans une attaque d’éléments armés, tout de suite après. Elle déclare que le souvenir de la chute de Saddam Hussein n’a aucun sens pour elle parce qu’elle vit toujours depuis l’occupation, une profonde angoisse suite à l’absence de sécurité ».
La violence permanente a fini par faire désespérer les irakiens que leur pays se transforme en quelque chose de différent, après que le régime de Saddam ait échoué au bout de trente cinq ans de pouvoir à faire de l’Irak un État doté d’institutions démocratiques. Et les irakiens estiment que leur situation n’est pas meilleure après l’occupation.
Et la même jeune femme d’ajouter « les américains ont fait de notre pays un champ de bataille pour la liquidation d’Al Quaida sans se soucier de notre sécurité, de nos intérêts et de notre souveraineté, si bien que nous nous sommes transformés en victimes des stratégies des deux belligérants. La pire conséquence de l’occupation américaine a été cette violence interconfessionnelle qui aurait pu se transformer en guerre civile par suite de l’échec des américains et des nouveaux dirigeants irakiens à lutter efficacement contre les origines de la violence ». Le plus dur commentaire sur ces cinq années d’occupation a été celui d’un chroniqueur français à l’AFP : « après cinq années d’occupation américaine, devrant conduire normalement à l’émergence d’un État moderne en Irak, les conflits ethniques et confessionnels continuent à dominer, au risque de conduire, selon certains observateurs, au démantèlement de ce pays stratégique aux confins du monde arabe, de l’Iran et de la Turquie. »
Des orphelins et des mines
L’une des conséquences de « la libération de l’Irak », que relève les organisations humanitaires, est la montée astronomique du nombre des orphelins à près de 5 millions ce qui a conduit des délégations arabes et étrangères à s’enquérir de la réalité auprès du ministère des affaires sociales. Le ministère ne s’est pas contenté des les éconduire mais a empêché leur porte parole, Hussein Echikhli, de pénétrer dans le ministère.
Pour sa part, le journaliste britannique, Robert Fisk, écrit dans The Independent que « il est devenu tellement facilement de faire des orphelins en Irak dont on ne peut atténuer les souffrances et encore moins secourir, et c’est souvent le fait d’un attentat suicide dans un marché bondé de monde ou d’un aviateur américain qui bombarde une maison par erreur, dans un village par erreur. Fisk ajoute à ces deux catégories de fabricants d’orphelins, une autre catégorie, celle des mercenaires occidentaux ». Ainsi il est arrivé à l’un d’entre eux a tiré plus de 40 balles sur une femme, mère de 3 fillettes.
La victime est une veuve irakienne de 48 ans, criblée de balles par des mercenaires d’une « société de sécurité privée australienne », quand sa voiture s’est approchée d’un engin militaire américain. Les trois orphelines sont parties par la suite en Jordanie pour y obtenir des visas de l’ambassade Britannique afin de rejoindre leur oncle qui habitait l’Irlande du nord. Elles ont été refoulées par les autorités jordaniennes malgré l’insistance de leur oncle à les rencontrer.
Des champs semés de mort
Les mines aussi sèment la mort. La ministre irakienne de l’environnement, Nermine Othman, a révélé que les mines qui infectent le territoire irakien, de Zakho au nord à Basra au sud, représentent le ¼ de l’ensemble des mines dans le monde, sans compter les obus et les munitions qui n’ont pas éclaté.
La ministre s’est engagée à réunir les études et les informations relatives au déminage du territoire, en accord avec les Nations Unies et les ministères du transport et de l’électricité et de procéder à des études de terrain avant d’engager des travaux de déminage en accord avec des entreprises internationales spécialisées. Ajoutant que la pose d’une mine ne coûte pas plus de 5 dollars, mais que sa destruction coûterait plus de 300 $, sans compter les risques de blessures ou de mort qui l’accompagnent.
Les émigrés et les chômeurs.
L’invasion américano-britannique a eu pour autre conséquence l’émigration de plus de quatre millions d’irakiens hors de leur pays. A la fin de 2007, l’agence des nations unies pour les réfugiés a estimé que plus de 50.000 irakiens quittaient l’Irak chaque semaine par suite des explosions, des attentats et des massacres. Le plus grand nombre de ces émigrés se trouve en Syrie, plus de 1,5 million, en Jordanie, plus de 750. 000 et enfin en Egypte, plus de 100.000.
Les organisations humanitaires considèrent que la tragédie des émigrés irakiens est la plus grave parmi celles qui bouleversent le monde. La communauté internationale pour sa part s’est focalisée sur les bouleversements internes en Irak et quelque peu négligé les aspects humanitaires notamment à propos des millions d’émigrés et des déplacés qui vivent dans des conditions très précaires et même de dénuement total dans les pays d’exil : absence de structures scolaires et de santé.
Le journal The Guardian a publié un rapport sur une page entière sur l’Irak et ses millions de réfugiés et rappelé que les États-Unis n’en a accepté sur leur sol que quelques centaines. Il a fallu à ces chanceux, dont tous ont une grande maîtrise de l’Anglais et avaient servi comme traducteurs dans les troupes américaines, d’avoir de solides amitiés pour obtenir un visa et le droit de vivre en sécurité dans ce pays. En fait ce droit a été obtenu essentiellement pour service rendu.
Les conditions de vie sous l’occupation américaine peuvent être résumées dans ces quelques chiffres : le taux de chômage dans un pays qui compte plus de 26 millions d’habitants varie entre 25 et 50%, l’eau et l’électricité sont coupées régulièrement et nombre de quartiers de Bagdad en sont privés totalement, les services de santé et de l’éducation sont en panne et on n’enregistre nulle part des travaux de reconstruction, signe d’une reprise économique.
L’Irak se trouve toujours au milieu du gué au bout de 5 ans d’occupation américaine. Le citoyen irakien est privé de sécurité pour lui-même et les siens et surtout, comme le déclare l’un d’entre eux à l’agence de presse allemande « l’Irak manque de leaders politiques forts, capables d’aimer leur pays et son peuple et des les servir. Il n’a jusqu’ici que des politiciens véreux qui courent derrière les postes et les charges, détournent l’argent public par tous les moyens », mais en contrepartie, « les irakiens ont démontré qu’ils étaient plus unis que jamais et qu’ils aimaient leur pays bien davantage que leurs leaders qui donnent le plus mauvais exemple dans la défense de leur pays. Ceux-ci ont failli et il est temps qu’ils déguerpissent ! »

25 mars 2009 / Altermonde-levillage]
Traduction Ahmed Manai source : iraqirabita.org
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mardi, mars 24, 2009

Le monde occidental devrait avoir honte de sa collusion avec des tortionnaires

Prison d’Abu Ghraib : Charles Graner, soldat américain, tabassant des prisonniers irakiens

Espionné par les services secrets canadiens puis ensuite torturé en Syrie tandis que les autorités canadiennes ne levaient pas le petit doigt pour lui — si ce n’est envoyer à ses pervers tortionnaires les questions à poser — il a eu beaucoup à penser à ce propos. Il est une copie conforme de Binyam Mohamed, cet habitant la Grande-Bretagne qui a le pénis sectionné tandis que les Britanniques envoyaient les questions à ses tortionnaires marocains.
Dans le cas d’Abdullah Almalki, celui-ci n’a pas été pas transféré. Il a simplement pris un vol pour Damas pour voir sa famille syrienne, puis emmené de force au quartier général de la police secrète de la ville et ensuite battu jusqu’à soumission, ce qui n’est guère différent d’un cas bien plus célèbre, celui de Maher Arar, citoyen canadien transféré à Damas par les Américains tandis que les autorités des Etats-Unis envoyaient les questions à ses pervers tortionnaires syriens. Arar a obtenu des excuses de la part des sénateurs des Etats-Unis — mais cependant pas du héros de guerre George Bush (les champs de batailles étaient les cieux au-dessus du Texas durant le conflit du Vietnam) — et une compensation de la part du gouvernement canadien.
Les détails de chaque cas sont tout autant choquants les uns que les autres. Tim Hancock d’Amnesty International a livré une information semblable à propos de Khaled Al-Maqtari, un ressortissant yéménite qui a été apparemment menacé de viol et battu à coups de chaînes par ses tortionnaires américains. Les nations occidentales ont simplement aidé ce genre de pervers en leur fournissant des pages entières de questions tandis que leurs citoyens ou résidents agonisaient, regrettant d’être nés.
Dans le cas d’Abdullah Almalki, quatre interrogations par « le service secret » canadien (son acronyme - CSIS - inspire plus de rire que de crainte) ont précédé la faillite de son affaire et son départ du Canada puis son installation en Malaisie. Lui et son épouse avaient monté à Ottawa une affaire d’exportation de composants électroniques qui avait attiré les soupçons du CSIS. Selon celui-ci, ils envoyaient peut-être des fonds ou des composants à des « terroristes » (les guillemets sont naturellement obligatoires puisque le CSIS ne s’inquiétait pas des « terroristes » qui dirigent les services secrets syriens et qui ont plus tard torturé Abdullah Almalki pour le compte du Canada).
Pendant des mois, il a été retenu dans un cul de basse-fosse des services secrets à Damas et fouetté avec des câbles d’acier, les Syriens agissant sur la base d’une lettre canadienne qui leur avait été envoyée (datée du 4 octobre 2001) et qui disait que la police montée royale canadienne [RCMP] pensait que M. Almalki était en association avec Al-Qa’ida et engagé dans des activités représentant « une menace imminente » pour la sécurité publique au Canada. Les lecteurs qui doutent de la réalité de cette lettre indigne envoyée à la dictature syrienne peuvent vérifier à la page 400 du rapport d’Iacobucci qui a été rédigé avec l’aide du gouvernement après la libération d’Almalki. Le RCMP — les célèbres Mounties — a également envoyé des courriers aux responsables des bureaux canadiens de liaison à Islamabad, à Rome, à Delhi, à Washington, à Londres, à Berlin et à Paris, présentant Almalki comme un « membre important » d’Al-Qa’ida. Pour plus d’information, vous devez lire le brillant compte-rendu de Kerry Pither, « Jours sombres : l’histoire de quatre Canadiens torturés au nom de la lutte contre le terrorisme », qui est scandaleusement indisponible en Grande-Bretagne.
Le but en relevant ces comptes-rendus terribles n’est pas d’uriner sur les Canadiens. Le Canada est une grande et véritable démocratie, quoique alourdie par trop de correction politique [politiquement correct]. Je me souviens d’un officier au service d’immigration à l’aéroport de Toronto expliquant à un visiteur asiatique qu’il ne devait pas tolérer d’être interrogé par la police sans la présence d’un avocat et qu’il était libre de dire ce qu’il voulait et de se déplacer là où il le voulait au Canada. Je me suis dit que c’était le meilleur gars dans des services d’immigration du monde. Les hommes et les femmes des services d’immigration à l’aéroport d’Heathrow ne correspondent pas à ce standard.
Non, je ne pense pas que le Canada en tant que nation soit à blâmer de tout cela. Mais l’Ouest oui. Car ce sont nos responsables dans les gouvernements et nos hommes de main dans les services secrets qui se sont ligués avec tous ces pervers autour de la planète. En effet, même lorsque Almalki a été libéré de sa prison syrienne, les fonctionnaires de l’ambassade canadienne à Damas ne lui ont pas permis de rester dans leur bâtiment en lui ordonnant de sortir à la fermeture de l’ambassade à 16 heures. L’un d’entre eux aurait dit à Almalki que le Canada accordait des passeports aux familles des dirigeants syriens. Ceci explique-t-il cela ?
Je sais que les Syriens se sont récemment plaints avec force auprès des Américains aussi bien que des Canadiens. Tout d’abord l’Ouest leur envoie à Damas ses prisonniers à torturer puis se plaint ensuite que la Syrie ne respecte pas les droits de l’homme ! Les choses se passent ainsi. Bashar Al-Assad a mis un coup d’arrêt à beaucoup de tortures en Syrie et maintenant que le Président Obama envoie ses cohortes courtiser les Syriens, ceux-ci ne seront vraisemblablement plus invités à faire les sales boulots de l’Amérique (ou du Canada).
Mais je veux savoir pourquoi ceux qui se sont rendus complices dans la torture d’Almalki — les auteurs de la lettre, ceux qui ont établi la liste des questions — ne pourraient pas être traduits devant un tribunal. Ils sont au minimum complices d’abus du point de vue des droits de l’homme. C’est le cas des Britanniques qui sont allés interroger les hommes soumis à la torture à Guantanamo.
C’est encore plus le cas des Américains pervers qui ont eux-mêmes directement pratiqué la torture en Afghanistan et en Irak — et oui... j’ai noté que notre cher président Obama autorise que se poursuive la détention illégale de prisonniers à Bagram en Afghanistan. Mais qu’attendre d’autre d’un homme dont la secrétaire d’état, madame Hillary, loin d’aller rendre visite aux Palestiniens dont les maisons allaient être démolies par les Israéliens dans Jérusalem et dénoncer ce crime, a juste déclaré que les démolitions de maisons étaient « inutiles ».
Ainsi on torture depuis longtemps des prisonniers. Abdullah Almalki m’a emmené à l’aéroport d’Ottawa, sous la neige, après notre déjeuner, avouant qu’il encore était trop affecté mentalement par ses mois de torture en Syrie pour trouver un travail.Le CSIS ne le prend plus en filature plus comme il m’a dit que c’était le cas avant qu’il ait quitté le Canada pour l’Asie puis l’enfer de la Syrie. Personne n’a suivi notre voiture. Personne ne dit plus plus qu’Almalki est coupable. D’un autre côté, personne ne dira qu’il est innocent. Mais il y a un grand nombre de gens dans les gouvernements occidentaux qui devraient être dans le box des accusés. Ils ne le seront jamais, cela va de soi. Et, oh oui ! juste au cas où vous l’auriez raté, le premier ministre canadien Stephen Harper a très récemment admis que les troupes canadiennes en Afghanistan n’y remporteront pas de victoire militaire là. Prenez juste le temps d’y penser. Toute cette torture... Pour en arriver là.

14 mars 2009 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article ici :http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction : Claude Zurbach

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lundi, mars 23, 2009

La véritable conspiration d’AIG

Cela peut paraitre étrange mais le scandale des 135 millions de dollars de primes versées par AIG est un cadeau du ciel pour Wall Street, et pour les voyous d’AIG aussi. Comment les média peuvent-ils s’étonner de découvrir que la rapacité régne dans le secteur financier ? Ces deux derniers jours, ces primes on fait la une de toutes les chaines de télévision et tous les journaux du pays, de droite comme de gauche.

Qu’est-ce qui cloche dans cette histoire ? N’y a-t-il pas quelque chose de forcé dans les vociférations du Sénateur Charles Schumer et du Représentant Barney Frank, les principaux meneurs de cette fronde contre les banques ? Est-ce que cette histoire ne tombe pas à pic pour le président Obama qui peut enfin critiquer Wall Street ? Même le Wall Street Journal s’y est mis. La prise de contrôle d’AIG par le gouvernement, écrit ce journal, “sert de filière pour renflouer d’autres compagnies.” Ainsi donc, la rapacité ne se limiterait pas aux seuls employés d’AIG. Cette société devait beaucoup plus à d’autres compagnies – à l’étranger comme à Wall Street – une dette supérieure au montant total de ses actifs. C’est ça qui a provoqué sa faillite. Et une opposition populaire monte de plus en plus contre la manière qu’Obama et McCain se sont entendus pour soutenir le renflouement qui s’élève désormais à des milliards de milliards de dollars qui ont disparus. Qui n’ont pas disparu pour tout le monde, bien entendu, notamment pour ceux qui se trouvaient du bon côté des paris financiers d’AIG.
“Les gens de Washington veulent se focaliser sur les primes parce que cela détourne la colère du public vers le secteur privé,” accuse le Wall Street Journal dans un éditorial du 17 mars. Mais au lieu d’expliquer comment la colère est déviée d’un détournement mille fois supérieur à ces primes, le journal accuse sa bête noire habituelle : le Congrès. Là où la droite et la gauche ne sont en désaccord que sur le nom du coupable !
Le problème avec tout ce ramdam sur les 135 millions de dollars de primes d’AIG est le suivant : cette somme représente moins de 0,1 pour cent – un millième – des 183 MILLIARDS de dollars versés par le Trésor américain à AIG pour que cette dernière puisse rembourser ses dettes. Cette somme, plus de mille fois le montant des primes sur lesquels l’opinion publique est invitée à se défouler, n’est pas restée dans les coffres d’AIG. Pendant plus de six mois, les médias et les parlementaires ont tenté de savoir où cet argent était passé. Bloomberg a porté plainte. Sans succès.
Et puis finalement, dans la nuit du dimanche 15 mars, le gouvernement a communiqué les détails qui se sont révélés très embarrassants. Le principal bénéficiaire de cet argent se trouve être celle dont la rumeur colportait déjà le nom : la propre société de Paulson, Goldman Sachs. Cette société a reçu 13 milliards de dollars d’AIG. Voilà ce qui s’est passé : au mois de septembre dernier (2008), le secrétaire au Trésor Paulson, de Goldman Sachs, rédigea un document de trois pages sur les grandes lignes de son projet de sauvetage. Le projet prévoyait une immunité pour lui-même et les employés du Trésor (y compris donc pour ses subordonnés, de Goldman Sachs aussi), en toutes circonstances, et que leurs décisions ne pouvaient être ni contestées ni annulées, encore moins faire l’objet de poursuites devant la justice. Ces clauses ont provoqué la colère du Congrès qui rejeta cette première version.
Il s’avère aujourd’hui que Paulson avait de bonnes raisons d’insérer de telles clauses. C’est vers lui que la colère du public devrait se diriger.
Mais les principaux meneurs au Congrès du plan de sauvetage – y compris Obama qui s’est révélé, lors de son dernier débat électoral avec McCain, un fervent défenseur du plan Paulson, version courte – ne parlent que des sommes versées aux cadres d’AIG, mais pas de celles distribuées par AIG.
Il y a deux questions qu’il faut toujours se poser lorsqu’une opération politique est lancée. Premièrement, à qui profite-t-elle ? Deuxièmement, pourquoi maintenant ? L’expérience m’a montré que le timing était pratiquement toujours la clé à la compréhension des enjeux.en ce qui concerne le “qui profite”, qu’est-ce que le sénateur Schumer, le Représentant Frank et le président Obama et autres sponsors de Wall Street ont à gagner d’un scandale public ? Pour commencer, ça donne l’impression qu’ils s’opposent au secteur bancaire et financier, alors qu’ils ne sont que des lobbyistes qui se consacrent à leur obtenir des avantages, encore plus d’avantages. Ainsi, l’affaire des primes d’AIG a permis de camoufler leurs véritables loyautés. Elle leur permet d’adopter une posture trompeuse et ils pourront se feront passer pour “d’honnêtes courtiers” la prochaine fois qu’il distribueront de façon malhonnête des milliards à leurs sponsors et financiers.

En ce qui concerne le moment, je crois que j’ai déjà répondu plus haut. Le scandale des primes a détourné l’attention des 183 milliards qu’AIG a redistribués. On dit que la somme “finale” qu’elle donnera s’élèverait à 250 milliards de dollars. Alors Schumer, Frank et Obama auront encore du pain sur la planche au service de leurs amis de Wall Street pendant un an ou deux.
Pour réussir – tout en contenant la colère du public contre ces sauvetages – ils doivent adopter précisément l’attitude qu’ils sont en train d’adopter. Un véritable exercice de style en matière de duperie.
La morale de cette histoire devrait être : plus grosses sont les larmes de crocodile versées sur les primes accordées à quelques individus d’AIG (qui, par ailleurs, ne semblent pas faire partie du secteur douteux des hedge-funds mais plutôt de celui des assurances classiques) et plus l’attention du public se détournera des 180 milliards redistribués et plus ils seront à même de distribuer encore plus d’argent public (bons du Trésor et dépôts de la Fed) à leurs organisations caritatives financières préférées.
Allons récupérer le véritable argent donné à AIG – les 183 milliards ! Je sais que cet argent a déjà été redistribué et qu’on ne pourra pas le récupérer auprès de ceux qui savaient qu’Alan Greenspan, George Bush et Hank Paulson étaient en train de mener l’économie américaine vers l’abîme, enveloppée dans les montages financiers garantis par AIG. Ils ont siphonné l’argent public en bonne et due forme, en plaçant leurs hommes aux postes clés du gouvernement afin de mieux se servir.
Alors allons les chercher, tous autant qu’ils sont. Le sénateur Schumer a dit aux bénéficiaires des primes d’AIG que le fisc pourrait les poursuivre et récupérer l’argent, d’une manière ou d’une autre. Ce qui serait possible aussi pour les 183 milliards restants. Tout ce qu’il faut faire c’est rétablir les taxes foncières et augmenter les taux (diminués par Clinton) des tranches les plus élevés de l’impôt sur le revenu.
On peut récupérer cet argent. Et c’est justement ce dont Schumer, Frank et compagnie ne veulent pas entendre parler. C’est pour cela qu’ils ont détourné l’attention du public. C’est ainsi que l’on évite que les gens ne parlent de ce qui est réellement important.
Mondialisation.ca par Michael Hudson / Le 22 mars 2009
Article original : The Real AIG Conspiracy, 18 mars 2009.Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info
23.3.09 19:09
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